NUMÉRO 16
G R AT U I T.
O C & Y L L O B IS 2010 INÉMA INDIEN DEPU U R L’ U N I V E R S D U C VOTRE MAGAZINE S
AY U S H M A N N K H U R R A N A & BHUMI PEDNEKAR
le duo gagnant
NOUVEL ESPOIR
S C È N E C U LT E
APARSHAKTI KHURANA, Μ
PLONGEZ AVEC
DOUCEMENT MAIS SÛREMENT
BILAN KARTIK AARYAN ET NUSHRAT BHARUCHA, IL FAUT DU TEMPS ?
LUMIÈRE SUR VISHAL-SHEKHAR, INCONTOURNABLES
JAB WE MET
DÉCOUVERTE KANAN GILL ET BISWA KALYAN RATH, ROIS DU RIRE
EN ACTION FESTIVAL DES CINÉMAS INDIENS DE TOULOUSE, ÉDITION 2019
MODE. .RETOUR SUR LE.; 72ÈME FESTIVAL DE CANNES.;
UN FILM,. TROIS VISIONS. KEDARNATH.;
I N S TAG R A M . .;SIDDHANT CHATURVEDI,; PETIT NOUVEAU.;
LE MOT D E L A R É DAC
NOUVELLE ÉDITION À THÈME DU MAGAZINE, SOUS LE SIGNE DES DUOS. Numéro unique qui célèbre la dualité, les œuvres binaires et les tandems. Vous l’aurez compris, pour cette seizième parution de Bolly&Co, tout se multiplie par deux ! Mais pour cet éditorial, je sors du carcan que m’impose le magazine afin d’évoquer un sujet qui a encore marqué les derniers mois à Bollywood : le lancement des carrières d’enfants de stars. De Pranutan Bahl (Notebook) à Ananya Pandey (Student of the Year 2), en passant par Karan Kapadia (Blank), le fameux népotisme a atteint son paroxysme dans l’industrie, largement soutenu par des têtes influentes comme Salman Khan et Karan Johar.
CAR ON PEUT CLAIREMENT SE DEMANDER S’IL EST ENCORE POSSIBLE D’EXISTER À BOLLYWOOD SANS AVOIR LE MOINDRE LIEN DE PARENTÉ AVEC SON INDUSTRIE. Bien heureusement, des exceptions comme Irrfan Khan, Nawazuddin Siddiqui ou encore Rajkummar Rao viennent démontrer que c’est possible. Mais combien d’années leur a-t-il fallu pour atteindre la notoriété et la reconnaissance d’un enfant de la balle ? Et c’est là que le bât blesse. Puisque les outsiders doivent être patients et confirmer l’essai sur la durée pour enfin être reconnus par leurs pairs. Un Karan Johar ne misera pas sur un Rajkummar Rao malgré son talent démentiel, là où il investira sur une Janhvi Kapoor dès son premier métrage.
Il y a quelques mois, j’ai fait la rencontre d’Adil Hussain, un autre grand monsieur du septième art indien qui oscille habilement entre seconds rôles dans des films populaires et prestations engagées pour le cinéma d’auteur. C’était au Festival des Cinémas Indiens de Toulouse. Et son cas vient consolider mon propos. Comment un comédien de son envergure n’est-il pas devenu une immense star ? Peut-être parce qu’il ne joue pas au jeu de la célébrité ? Ou peut-être parce qu’il n’avait tout simplement pas le bon nom de famille. Et permettezmoi de vous dire que je trouve cela particulièrement affligeant. De façon très inconsciente, c’est peutêtre pour cela que, dans le cadre de cette nouvelle parution, notre choix s’est porté sur Ayushmann Khurrana et Bhumi Pednekar, deux personnalités montantes du cinéma hindi qui ne doivent leur succès qu’à leur talent.
SANS ASCENDANCE PRESTIGIEUSE NI MENTORS BIEN PLACÉS, ILS SONT PARVENUS À SÉDUIRE L’AUDIENCE PAR LEURS PRESTATIONS PRÉCISES ET BOULEVERSANTES. Et c’est le cinéma indien dans lequel nous avons envie de croire, chez Bolly&Co. Celui de la sincérité et de la persévérance. Celui qui fait la part belle aux histoires fortes et non aux têtes d’affiche bankable...
Asmae Benmansour
RÉDACTRICE EN CHEF
édito
PHOTO G RAP HI E P UBLI ÉE SUR LE COM PT E INSTAGRAM DE BHUMI P EDN EK A R (@BHUMIPEDNEKAR)
édito
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FOC US Un peu de lecture (008) INVESTIGATION La romance toxique (010) À LA DÉCOUVERTE DE Kanan Gill et Biswa Kalyan Rath (016) LE COUP DE COEUR DE Sakina (018) ILS ONT DIT SUR Leurs enfants (020) NOIR ET BLANC Bharat Bhushan (022) BOLLY&CO AWARDS 2018 Le palmarès (024)
E N ACTION FESTIVAL Mon journal du FCIT, édition 2019 (040) INTERVIEW Discussion avec Adil Hussain, praticien de l'art (054) L'AVENTURE BOLLY&CO Écrire pour exister (062)
NOUVE L ES P OIR Aparshakti Khurana : le talent dans le sang (066) CRITIQUE Stree (072)
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DERRIÈRE LA CAMÉRA Le caméraman (076) BILAN Kartik Aaryan et Nushrat Bharucha, il faut du temps ? (080) UN FILM, UN VOYAGE New-York (086) POURQUOI Namaste England (090) 3 FILMS QUI DISENT TOUT SUR Meghna Gulzar (096) LUMIERE SUR Vishal-Shekhar (102)
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L’ALBUM DU FILM (106) Kalank FILM VS LIVRE (110) Fitoor VS Les Grandes Espérances SCÈNE CULTE (115) "Le grand plongeon" dans Jab We Met ET SI ON COMPARAÎT LES REMAKES ? (119) Praktan VS Jalebi
À LA U N E
ayushman n et bhumi
AYUSHMANN KHURRANA ET BHUMI PEDNEKAR (126) Rétrospective de leurs destins croisés... (140) Ayushmann Khurrana, sa voix par 4 fois. (142) Bhumi Pednekar : Le meilleur est à venir.
C RI T IQ U ES N O R D FLASHBACK (146) Mohabbatein (hindi) (154) Saheb Biwi Aur Gangster 3 (hindi) (156) Ek Ladki Ko Dekha Toh Aisa Laga (hindi) (159) Bucket List (marathi) (162) Baazaar (hindi) UN FILM, TROIS VISIONS (164) Kedarnath (hindi)
C RI T IQ U ES S U D (170) Maari & Maari 2 (tamoul) (174) Malli Malli Idi Rani Roju (télougou) (178) Majili (télougou) (181) Samsaaram Aarogyathinu Haanikaram (malayalam)
MO D E
g s a e p 8 1 2
(186) Les looks de Raja & Aarti dans Raja Hindustani TENDANCE (180) Le satin, le faux ami ? (193) Best of Cannes
RÉSEAU X S O CI AU X (206) Twitter : #priyankametgala (210) Instagram : @siddhantchaturvedi Crédits
FOCUS LECTURE & DÉCOUVERTE
FOCUS U N P E U D E L E C T U R E
Un peu de lecture MOT S PAR ASM AE BENM ANSOUR
1.
BOLLYWOOD ET LES AUTRES de Ophélie Wiel
? LE SAVI EZ -VOU S ? Michel de Grèce, auteur de La Femme Sacrée, est membre de famille royale de Grèce et du Danemark, mais aussi descendant de la dynastie des Romanov (à laquelle appartenait la fameuse princesse russe Anastasia).
008
Un livre riche, nourri par des images fortes de l’Inde et de ses cinémas. Car cet ouvrage ne se limite pas à Bollywood, bien qu’il en évoque largement l’histoire. On y parle du cinéma dans l’économie et dans la culture locales, de l’influence de grands noms comme Rajinikanth et de la nouvelle vague indienne, portée par Anurag Kashyap.
POUR LES NÉOPHYTES, C’EST L’ACQUISITION IDÉALE AFIN DE SAVOIR OÙ VOUS METTEZ LES PIEDS !
2.
LA FEMME SACRÉE de Michel de Grèce JAMAIS LE RÉCIT DE LA REINE DE JHANSI N’AURA ÉTÉ RACONTÉ AVEC AUTANT DE JUSTESSE. Le roman de Michel de Grèce est devenu un incontournable des bibliothèques et a rencontré un immense succès lors de sa première publication, en 1984. Entre fresque historique et portrait de femme, voilà un livre que vous devez découvrir sans plus attendre...
3.
MOI, SAMPAT PAL, CHEF DE GANG EN SARI ROSE de Sampat Pal Retour à la réalité avec ce livre biographique sur le destin unique de Sampat Pal, fille de basse caste qui décide de monter un gang de femmes afin de défendre enfin leurs droits, leurs intérêts et leur dignité. Ce gang des sarees roses inspirera l’Inde entière, jusqu’à son cinéma, où le film Gulaab Gang (avec Madhuri Dixit et Juhi Chawla) restitue de façon très libre son combat. 009
FOCUS I N V E S T I G AT I O N
Badrinath Ki Dulhania
LA ROMANCE
T O X I Q U E M OTS PA R FAT I M A Z A HRA EL A HMAR
LA ROMANCE. L’AMOUR, LE VRAI. CELUI AVEC UN GRAND A. Les relations enchantées que les mots ne peuvent pas décrire. Pour plusieurs admirateurs du cinéma, surtout du cinéma indien, l’aspect romantique est primordial pour un film. Cette importance est telle que dans la majorité des œuvres, le héros se retrouve impliqué dans une histoire d’amour. Même quand cela n’est pas nécessaire à l’histoire ou au scénario. C’est une mode, qui peut se justifier par une explication très simple : l’amour, ça fait rêver. Et c’est le but ultime du cinéma. Peindre des tableaux somptueux qui font vibrer les cœurs et qui donnent au spectateur une occasion de s’échapper de son quotidien. Cependant, cette tendance à sur-valoriser les relations affectives à caractère romantique a un effet néfaste qui est peu remarqué : celle de glorifier la romance toxique. 010
C’EST QUOI, L’AMOUR ? L’amour décrit avec de belles chansons, des ballades romantiques et des décors à couper le souffle. L’esthétique soignée et la musique de fond qui rajoutent une couche émotionnelle. Ce sont tous ces éléments qui enjolivent plus qu’il ne le faudrait ces relations que nous devrions pourtant éviter dans la vie. Je sais, je ne suis peut-être pas la mieux placée pour aborder le sujet, étant donné que la romance est probablement le genre cinématographique que j’affectionne le moins. Cependant, il ne faut pas nier le fait que certains films nécessitent d’être revus à bien des niveaux !
ET ICI, JE SÉPARE BIEN LA ROMANCE QUE JE TROUVE - À TITRE PERSONNEL - RIDICULE PAR SA NIAISERIE, ET LA ROMANCE QUI NE DEVRAIT MÊME PAS ÊTRE DÉCRITE EN TANT QUE TELLE POUR COMMENCER. Dans la première catégorie, je place les histoires d’amour dans lesquelles deux meilleurs amis d’enfance se rendent compte plusieurs années plus tard qu’ils sont faits pour être ensemble. Les péripéties sur-dramatisées accentuent le caractère absurde du tout. Ou encore, les amoureux qui se séparent sous un prétexte fallacieux uniquement pour le ressort dramatique, avant de réaliser que rien n’est plus fort que leur amour. C’est joli à croire, c’est poétique. Et parfois, quand c’est finement réalisé, ça nous laisse même une belle leçon de morale sur la pureté du sentiment amoureux.
AIMER, C’EST... STALKER !
De l’autre côté du spectre, il y a des récits plus toxiques, avec des personnages néfastes que le public a tendance à valoriser. L’ampleur de cette adoration démesurée n’est pas perceptible sur le coup. Ce que le spectateur retient après sa séance, c’est à quel point l’acteur était hilarant, et l’actrice magnifique. L’alchimie qu’ils dégagent tous les deux est palpable, surtout durant la séquence musicale chantée par untel ou untel. Personne ne se pose les bonnes questions, tout le monde en rigole ou en pleure, avant de passer à autre chose.
LA RÉALITÉ, C’EST QU’IL EXISTE UN CLIVAGE ÉNORME ENTRE LES COMPORTEMENTS ILLUSTRÉS DANS LES MÉTRAGES ET LES RÈGLES APPLICABLES EN SOCIÉTÉ. ET PARFOIS, CETTE DIFFÉRENCE FAIT PEUR. Ces réactions qu’une personne normale juge complètement flippante dans la vraie vie, deviennent une preuve d’amour dans les films. Le héros qui suit de loin la femme qu’il aime, au beau milieu de la nuit, c’est soudainement romantique ?
IMAGINEZ VOUS FAIRE SUIVRE À 2 HEURES DU MATIN JUSQU’À CHEZ VOUS PAR UN PARFAIT ÉTRANGER... EST-CE VRAIMENT ROMANTIQUE ? C’est d’autant plus inquiétant quand ces agissements dépassent les films. Tous les spectateurs ne sont pas capables de dissocier la fiction de la réalité. Le plus souvent, ils sont même influencés par ces exemples romancés et les reproduisent dans leur quotidien ! > 011
Saviez-vous qu’un homme résidant en Australie, accusé de traque furtive (ou stalking) à l’égard de plusieurs femmes, a été acquitté de toute charge ? Son avocat a présenté une seule ligne de défense : l’accusé a appris ça des films de Bollywood, voyons ! Il s’appelle Sandesh Baliga, il est âgé d’une trentaine d’années et il est agent de sécurité. Il a accepté l’accusation en expliquant simplement que les films indiens lui ont appris à se comporter ainsi : il ne peut pas avoir la femme qu’il désire, sauf s’il la poursuit partout et sans arrêt.
SON AVOCAT A INSISTÉ SUR LE FAIT QUE CE SOIT UN COMPORTEMENT HABITUEL POUR UN HOMME ISSU DE LA COMMUNAUTÉ INDIENNE, ET LE JUGE A ADHÉRÉ. Il a validé le fait que la culture dans laquelle Baliga a grandi ait largement influencé son comportement. Ceci n’est qu’un exemple médiatisé, parmi tant autres.
D’OÙ VIENT LA TOXICITÉ ? Ce qui est récurrent, c’est le fait que les personnages masculins des films d’amour ne soient pas pour autant cruels, méchants ou l’incarnation du mal. C’est pour cela que leurs agissements font l’objet d’une certaine compassion, qui mène à une véritable normalisation du phénomène. Vu que ces jeunes hommes ne sont pas systématiquement violents, le spectateur trouvera leur harcèlement attendrissant. Vu qu’ils agissent par amour, cela en devient normal. Faux ! Cette banalisation est indéniablement à remettre en cause. Une fois que la jalousie, 012
l’obsession, le stalking ou la possessivité deviennent associés au sentiment de l’amour, cela floute les notions de ce qui est acceptable en société.
IL EST VRAI QUE CETTE OBSESSION PEUT PROVENIR DU SENS INVERSE, C’ESTÀ-DIRE DU PERSONNAGE FÉMININ. Je prends l’exemple du film Bajirao Mastani de Sanjay Leela Bhansali. Ici, je ne vais pas débattre de la véracité des faits historiques. Je vais plutôt me concentrer sur les grandes lignes de cette saga amoureuse décrite comme « épique » par le plus grand nombre. Oublions d’abord l’esthétique éblouissante et la musique captivante. Ce qui nous laisse avec les faits suivants : Bajirao offre une dague à Mastani, sans connaître la signification de ce geste dans la culture de la demoiselle. Mastani considère, dans son esprit et uniquement dans son esprit, que cet acte symbolise le fait qu’ils soient désormais mariés. Elle fait tout pour suivre cet homme à l’autre bout de la terre. De fait, face à l’audace de la femme, Bajirao réalise qu’il en est fou... amoureux. Bollywood veut vraiment me faire croire que si la jeune femme ne ressemblait pas à Deepika Padukone, il aurait réellement craqué ? Crédibilité zéro.
REVENONS MAINTENANT AU SUJET PRÉCITÉ : LE HARCÈLEMENT. C’est problématique dans la mesure où certains films populaires communiquent le fait que la femme n’ait pas le droit de dire non. Et si elle verbalise ouvertement son refus, il faut poursuivre ses efforts jusqu’à ce qu’elle change d’avis. Parce qu’il ne faut jamais trop prendre au sérieux
Raanjhanaa
ce que dit une femme, elle est juste indécise. Ainsi, le héros la poursuit où qu’elle aille, lui demande un rendez-vous et cherche à tout prix à obtenir son numéro de téléphone. Quand rien ne fonctionne, il passe au chantage émotionnel. «Accepte, sinon je me jette par la fenêtre.» Peu importe le moyen employé, au bout d’une heure de film, la protagoniste se rend compte qu’elle est amoureuse du mec. N’est-ce pas troublant ?
COMBIEN D’ENTRE VOUS ONT TROUVÉ BADRINATH À CROQUER DANS BADRINATH KI DULHANIA, PAR EXEMPLE ? ALORS QUE PERSONNELLEMENT, IL ME TAPAIT JUSTE SUR LES NERFS.
LE RETOUR À LA RÉALITÉ. Parmi les spectateurs, il y a ceux qui seront sceptiques. Selon eux, un film ne peut pas influencer la réalité. Faux ! Et cette influence ne se limite pas aux films indiens. L’université Heriot-Watt d’Edimbourg a étudié l’impact des 40 meilleurs films hollywoodiens sur un panel de personnes et ce sur la période allant de 1995 à 2005. Les participants à l’étude ont rempli un questionnaire, pour qu’ils décrivent ce qu’ils attendent d’une relation amoureuse, et ce qu’ils croient être l’amour. La conclusion était édifiante ! Les métrages ont effectivement réussi à influencer la perspective des spectateurs. Ils ont des notions irréalistes des relations amoureuses, et cela en a > 013
empêché plusieurs de trouver l’amour dans la vraie vie. Avec Bollywood, c’est encore pire. Parce que les acteurs y sont vénérés comme des formes divines. Ce qu’ils font, même dans un récit fictif, marque les esprits de leurs adorateurs.
NON, UNE RELATION TOXIQUE N’EN EST PAS UNE UNIQUEMENT QUAND L’UN DES DEUX PARTENAIRES EST EXPLICITEMENT NOCIF.
Quand nous parlons d’amour toxique, nous pensons presque systématiquement au fait que l’un des partenaires soit méchant. Qu’il (ou elle) ait des intentions impures, et qu’il soit forcément mauvais de manière criante. Grossière erreur. Dans la vraie vie, nous avons tous des défauts et des qualités. Ce n’est pas parce que Kundan de Raanjhanaa (interprété par Dhanush) est adorable, que son comportement est justifiable. Il n’arrête pas de suivre Zoya (Sonam Kapoor) partout où elle va. Il flirte lourdement et s’impose, jusqu’à ce qu’elle craque, avec pour seule explication sa nature... insistante.
Tous les hommes qu’une femme devrait éviter dans la vie ne ressemblent pas forcément à Rahul de Darr. La toxicité est souvent plus nuancée. C’est l’idée que l’envie d’une personne, souvent une femme, n’a aucune importance si sa réponse est « Non. Arrête de me suivre ». La toxicité, c’est le fait de vendre cela comme une preuve tangible que la femme ne sait pas ce qu’elle veut, parce qu’au final, après quelques minutes de film, son « non » initial se transforme comme par magie en un « Oui, jaanu. Je t’aime et je ne peux pas vivre sans toi. »
Tere Naam
ILS NE SONT PAS UN MODÈLE À SUIVRE... Asmae et Elodie vous font également part de ce personnage dans un film hindi populaire qui représente pour elle un aspect néfaste de l’amour.
TERE NAAM, 2003. Drame romantique avec Salman Khan et Bhumika Chawla Asmae pense... Je me souviens avoir été particulièrement perturbée par ce film et par la facilité de son scénariste à normaliser le harcèlement sexuel, en le présentant même comme une cour romantique. Radhe (incarné par Salman Khan) voit ses sentiments (très excessifs et par conséquent toxiques) glorifiés comme le symbole de l’amour entier et jusqu’au-boutiste. Sauf que dans la vraie vie, Radhe aurait juste un casier judiciaire plus long que le bras et plusieurs mesures d’éloignement sur le dos !
KABHI ALVIDA NAA KEHNA, 2006. Drame romantique avec Shahrukh Khan, Rani Mukerji, Abhishek Bachchan, Preity Zinta, Amitabh Bachchan Elodie pense... Après un accident qui empêche Dev (Shahrukh Khan) de jouer au foot, celui-ci est tout bonnement exécrable. Colérique, égoïste, père indifférent, son ego de footballeur en prend un coup et face au succès professionnel de sa femme Rhea (Preity Zinta), les choses empirent et par conséquent, ses sentiments aussi. Je me souviens avoir été très peinée par cette relation, car malgré tout, Rhea s’accroche. Les disputes s’enchaînent, mais elle ne lâche pas l’affaire. Et lorsque Dev finit par la tromper, il se retrouve à manipuler ouvertement son épouse, à jouer avec ses sentiments. Cette dépendance sentimentale est aussi valable pour Maya (Rani Mukerji), car Dev est complètement un autre personnage avec elle. C’est une femme mariée et pourtant, il fait tout pour la séduire, la rendre jalouse (en utilisant Rhea, au passage) et pour lui apporter ce que son mari Rishi (Abhishek Bachchan) ne lui donne pas. Il profite de sa vulnérabilité et devient l’amant qu’elle fantasmait secrètement d’avoir.
POURTANT, EST-IL RÉELLEMENT CELUI DONT ELLE A BESOIN ? NON. Car le problème entre Maya et Rishi, c’était clairement la communication et sans doute auraient-ils fini par se séparer d’une autre manière sans l’intervention de Dev. Le sujet de l’adultère était une bonne idée, puisqu’il est réel et toujours d’actualité. Mais le personnage de Dev n’avait pas besoin d’être aussi malsain pour aborder cette thématique. Ainsi, selon moi, on retrouve dans Kabhi Alvida Naa Kehna une romance toxique.
Kabhi Alvida Naa Kehna
015
FOCUS À L A D É C O U V E RT E D E
Kanan
Biswa
L’INDE NE SE RÉSUME PAS À BOLLYWOOD... Tel est notre leitmotiv depuis le lancement du e-magazine Bolly&Co, en 2010. C’est ainsi que nous y parlons également de littérature, de mode tout en mettant en avant les cinémas indiens régionaux, notamment au travers de nos multiples critiques. Mais l’Inde est si riche, si complexe que nous passons tout de même à coté de nombre d’acteurs, de chanteurs, de métrages et d’autres œuvres qui ne relèvent pas nécessairement du septième art. En ce sens, nous vous proposons de partir à la découverte de ces artisans indiens quelque peu différents, et ce qu’il s’agisse de fiction, de musique, de danse ou de télévision...
À LA DÉCOUVERTE
1. DE
KANAN GILL ET BISWA KALYAN RATH...
M OTS PA R AS M A E B E NMAN SO UR
QUI SONT-ILS ? POURQUOI VOUS INTÉRESSER À EUX ? Voici 4 raisons de devenir complètement fan des deux humoristes... 016
Parce q u ’ i l s fo rm ai ent u n d u o i nco nto u rnab l e d u net . Les deux comiques animaient effectivement une émission sur Youtube : les Pretentious Movie Reviews. Le concept était très simple et en même temps assez brillant : mettre en avant le caractère involontairement hilarant de films hindi ratés. De Prem Aggan à Rudraksh, en passant par une bonne partie de la filmographie de Mithun Chakraborty, les deux compères s’amusent des écueils de ces métrages oubliés. Un régal !
3. Parce q u ’ i l s o nt s u évo l u er. En effet, Kanan et Biswa ont décidé de mettre fin à leur collaboration afin de se centrer sur des projets plus personnels. Pas de séparation dans la douleur, les deux amis ont su s’arrêter à temps plutôt que de s’accrocher à un concept qui risquait de s’essouffler. Dans l’une de ses interviews, Kanan invite d’ailleurs les fans à reprendre le format des Pretentious Movie Reviews à leur manière !
2. Parce qu’ i l s d é n on ce nt . Oui, parce qu’au-delà de rire des aspérités de films tombés en désuétude, ils mettent en avant l’un des gros problèmes du cinéma hindi populaire : son traitement des sujets de société. Kanan et Biswa n’hésitaient donc pas à critiquer ouvertement le harcèlement sexuel ou la pratique de la dot, complètement banalisés par certains métrages.
ET ÇA, ON ADORE !
AUSSI, LES DEUX AMIS NE FERMENT PAS LA PORTE À UN RETOUR DE L’ÉMISSION LORSQU’ILS SERONT DE NOUVEAU INSPIRÉS... ON PRIE POUR QUE ÇA ARRIVE !
4. Parce q u ’au jo u rd ’ hu i , i l s carto nnent ! Chacun de leur côté, ils ont fait du chemin ! Tous deux devenus artistes de stand-up et engagés par la plateforme Amazon Prime Video, leurs spectacles respectifs font un carton. Kanan s’est également essayé au cinéma en donnant la réplique à Sonakshi Sinha dans Noor, sorti en 2017. De son côté, Biswa a créé et co-écrit la web-série Laakhon Mein Ek, dont la deuxième saison a été lancée en mai dernier, toujours sur Amazon Prime. 017
FOCUS L E C O U P D E C O E U R D E
SAKINA
Mera Rangla Punjab. Il me faudrait mille et un mots pour t’expliquer l’amour et la tendresse que je lui voue. Mais on me dit à l’oreillette que je ne dispose pas d’autant de temps que je le souhaiterais. Alors écoutemoi (ou plutôt lis-moi) attentivement, très cher(e) lecteur(rice). En réalité, cela relèverait de l’impossible de te conter les raisons pour lesquelles mon cœur s’avoue complètement vaincu. Car ne dit-on pas que le cœur a ses raisons que la raison ignore ? Alors aussi têtue que je puisse être, j’ai poussé les portes de cette logique et je t’emmène en terre colorée.
JE T’EMMÈNE LÀ OÙ LE SOURIRE TE SERVIRA DE PASSEPORT. BIENVENUE AU PUNJAB !
018
Même si Bollywood caricature sans vergogne les punjabis, c’est quand même grâce à cette industrie que j’ai découvert leur culture. Et mon œil les a repérés en un rien de temps. Ensuite, c’est Google qui a joué un rôle primordial puisque ma curiosité ne connaissait aucune limite. Et oui. Au fil des années, je me suis imprégnée des traditions punjabis car je leur ai trouvé un charme inégalable. Le Punjab m’a d’abord bluffée par sa musique entraînante, par la danse bhangra mais aussi le jhoomar et le giddha.
Que ce soient des mélodies plongées dans le folklore ou certaines beaucoup plus modernes, on retrouve toujours cette touche pleine de charisme inhérente au Punjab.
FORCÉMENT, LA MUSIQUE A ENCLENCHÉ EN MOI CE TOURBILLON DE PASSION POUR CELLE QU’ON APPELLE THE LAND OF FIVE RIVERS. Ensuite, mes yeux se sont posés sur ces magnifiques ensembles qu’on appelle les suits, portés régulièrement là-bas. Pour une fille comme moi, tu comprendras que parmi toutes les magnifiques tenues indiennes, le suit reste une des plus confortables sans perdre un gramme de féminité. Le phulkari est même devenu une obsession pour moi, et je compte bien en acquérir toute une collection. Le phulkari est une broderie traditionnelle du Punjab principalement utilisée pour des dupatta et autres chawl. Et ne parlons pas de la classe des kurtas que les hommes portent si bien en s’enroulant la moustache. Oui oui, c’est signe de virilité !
OK SAKINA. DONC ON S’HABILLE, ON DANSE ... ET APRÈS ? Bah on reprend les calories perdues et on se jette sur le paneer. Car oui, la cuisine aussi y est délicieuse. Au Nord, ce n’est pas le biriyani, la star des cuisines. On mange tout avec le roti (ou chapati). Le lait et tout ses dérivés sont aussi très appréciés. Ça me rappelle un peu mes origines maghrébines, mais en version indienne.
ON A BIEN MANGÉ ET DONC MAINTENANT, ON FAIT QUOI ?
Et bien on digère devant un bon film. Oui, je suis d’abord une cinéphile dans l’âme et pourtant, le cinéma punjabi a suscité mon intérêt sur le tard. Je pourrais te faire un Top 5 de mes films préférés, mais ce sera pour une prochaine fois. Les films punjabis sont moins populaires car moins adressés au grand public. Ce n’est pas pour autant que de belles œuvres ne s’y trouvent pas. Pour celles et ceux qui rêveraient de retrouver la pudeur des films hindi d’antan, sachez qu’au Punjab, cette qualité perdure !
J’AIME LES CHAMPS DE BLÉ, LES MAGNIFIQUES ARCHITECTURES DES TEMPLES SIKHS ET AUTRES MONUMENTS RELIGIEUX... J’AIME LA LANGUE QUI A À LA FOIS UN ÉNORME CARACTÈRE MAIS QUI REGORGE DE POÈMES AUSSI DOUX QUE DU MIEL. J’AIME L’HISTOIRE ET ÉCOUTER AVEC GRANDE ADMIRATION TOUS LES SACRIFICES QUI EN DÉCOULENT. Mais par-dessus tout, j’aime les gens de cette région. Leurs valeurs, leur hospitalité pleine de chaleur. J’ai fait la rencontre d’amis d’origine punjabi et grâce à eux, même si je ne suis pas née au Punjab, le Punjab est né en moi. Et je ne suis pas prête de freiner l’affection que je lui porte.
VOILÀ. EN L’ESPACE DE QUELQUES MINUTES, JE T’AI EMMENÉ AU FIL DES MOTS DÉCOUVRIR MON PUNJAB CHATOYANT... MERA RANGLA PUNJAB. 019
FOCUS I L S O N T D I T S U R . . . Nous les admirons pour leurs œuvres, nous les admirons pour leur vie glamour, nous les admirons même pour leurs personnalités. Les célébrités ont une place importante dans les médias, parce qu’elles peuvent communiquer des messages importants en quelques mots. Parfois, leur discours sont futiles, mais parfois, ils mettent en lumière des thèmes peu abordés.
Découvrons ce que les stars ont à dire au sujet de leurs enfants. M OTS PA R FAT I M A Z A HRA EL A HMAR P H OTO G RA P H I E I N STAG RAM (@I AMSR K )
Quand une personne devient une figure publique, il nous arrive parfois d’oublier qu’elle est humaine, avec une vie privée et des valeurs familiales qui comptent plus que tout pour elle. Certaines célébrités n’étalent pas leur affection pour leurs progénitures dans les médias, là où d’autres n’hésitent pas à y exprimer leur amour profond pour leurs bambins sans détour.
POURQUOI CE SUJET ? Parfois, la fascination des médias pour les enfants de stars est mal placée. Quand leur intimité est dérangée à longueur de temps, et quand leur quotidien est scruté sans relâche. Au même titre que leurs parents, ils sont jugés et critiqués, et ce à tout âge. Il est important de rappeler qu’ils restent des enfants ! Et qu’ils ont besoin d’espace pour vivre leur enfance de manière relativement normale. Alors quoi de mieux que d’entendre les paroles de leurs parents pour rappeler cette idée de base ? 020
Shahrukh Khan et ses enfants Aryan et Suhana
ILS ONT DIT... Soha Ali Khan, à propos de sa fille Inaaya Naumi Kemmu « Elle m’a appris à ne pas stresser. Les
enfants sont très forts et déterminés. Ils grandissent pour devenir des êtres individuels. Ils ont leur propre personnalité, et ça se voit. Quand on essaie de les forcer, ils se rebellent. Avec elle, j’ai appris à rester calme. »
Shahrukh Khan, à propos de ses enfants Aryan, Suhana et AbRam Khan « Aryan est plus posé que Suhana. Il
parle souvent de ses ambitions et de là où sa vie le mène. Suhana est plus douce, elle est définitivement la plus adorable à la maison. AbRam est protecteur à mon égard, il est extrêmement attaché à moi. »
autour de moi. C’est elle qui m’a changée, moi. C’est ma vision de ce monde qui a changé. Le quotidien que je mène avec ma fille est ma réalité. Tout le reste passe après. »
Rani Mukerji, à propos de sa fille Adira Chopra « Je n’ai jamais réalisé que je pouvais
aimer quelqu’un encore plus que moi, jusqu’à la naissance de ma fille. J’ai enfin senti ce qu’était le véritable amour. Avec Aditya (Chopra, son époux, ndlr), nous essayons de la maintenir loin des médias. Nous tentons du mieux que nous pouvons de le faire. Mon mari est quelqu’un de réservé, et il veut qu’Adira puisse grandir dans un environnement normal. »
Saif Ali Khan, à propos de son fils Ibrahim. Shahid Kapoor, à propos de sa fille Misha Kapoor « Quand je remarque l’impact de
l’attention des médias sur elle, je me dis que j’aurais dû faire une carrière différente. Ce n’est pas idéal pour les enfants de traverser tout cela. Ils méritent d’avoir une enfance normale. »
« Ibrahim, Aarav (fils d’Akshay Kumar,
ndlr) et les autres garçons de leur groupe ont déjà l’ambition de devenir des superstars. Je ne sais pas s’ils veulent tous devenir acteurs, mais j’avoue que cela me préoccupe un peu. Tout le monde n’y arrive pas.»
Akshay Kumar, à propos de son fils Aarav. Aishwarya Rai Bachchan, à propos d’Aaradhya Bachchan « Je me demande comment je vivais
avant, sans elle dans ma vie. Mon monde a changé le jour où Aaradhya est née. Je réalise que tout est exactement pareil
« Il n’a que 16 ans. Il doit être en mesure
de profiter de sa vie sans la pression de devoir choisir une carrière. Certains parents poussent leurs enfants vers une voie en particulier. Mes enfants sont libres de choisir la profession qu’ils souhaitent . »
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FOCUS N O I R E T B L A N C …
L’époque du noir et blanc. Une époque qui évoque une certaine nostalgie, même si nous n’y avons pas vécu. Avec ses films qui inspirent à ce jour les cinéastes, entre reprises de grands classiques ou hommages rendus à des vedettes qui ont fait chavirer les coeurs. Des artistes talentueux ont marqué cette ère du cinéma indien, et pour ce numéro, Bolly&Co vous présente...
Bharat Bhushan M OTS PA R FAT I M A Z A HRA EL A HMAR P H OTO G RA P H I E D U SI T E MEDI UM.CO M
Selon les sources, Bharat Bhushan est né le 14 juin 1920 dans l’Etat indien d’Uttar Pradesh, au sein d’une famille appartenant à la caste des banian.
LES BANIAN SONT UNE SOUS-CASTE DE COMMERÇANTS, DE MARCHANDS OU DE BANQUIERS, CE QUI FAISAIT DE BHARAT BHUSHAN UNE ICÔNE PARTICULIÈRE D’ASCENSION ET DE RÉUSSITE. 022
Son père s’opposait grandement à son choix de carrière, et sa mère est morte alors qu’il n’avait que 2 ans. Bharat n’avait qu’un frère, Ramesh Chandra. Ce dernier était producteur de films, et il collaborera par la suite avec Bhushan à de multiples reprises. Peu d’informations détaillent cette partie de sa vie, notamment concernant la source de son attrait pour la comédie. Il a obtenu un diplôme supérieur (dont la nature est inconnue) avant de rejoindre la ville de Calcutta. L’ambition plein la tête de rejoindre le cinéma à ce moment-là.
SA CARRIÈRE COMMENCE EN 1941 AVEC LE FILM CHITRALEKHA, DEVENU UN HIT À L’ÉPOQUE. L’acteur y est particulièrement prometteur. Pourtant, ce succès ne change pas la donne pour lui. Durant une décennie, Bhushan continuera de se battre pour obtenir des rôles, sans jamais marquer les esprits. Jusqu’au jour où le métrage qui le propulsera arrive enfin à sa porte. Baiju Bawra, sorti en 1952, fait de lui une star. Instantanément, il devient un acteur légendaire et partage l’écran avec des personnalités talentueuses des années 1950 et 1960 : Mohammed Rafi, Meena Kumari ou encore Naushad Ali font partie de ses prestigieux partenaires... Ces années de gloire l’ont tout de même stigmatisé, parce que Bharat a souvent interprété le même type de personnages : un artiste meurtri au destin tragique. Cela a fait de lui un visage associé aux plus belles chansons de l’époque. Des titres interprétés par les grands noms de l’industrie musicale d’alors, de Manna Dey à Mohammed Rafi, en passant par Kishore Kumar. Parmi ces titres devenus incontournables, il y a notamment « Do Ghadi Woh Jo Paas Aa Baithe » de Gateway of India, « Duniya Na Bhaye Re »
de Basant Bahar et « Tum Bin Jaoon Kahan » de Pyar Ka Mausam. Certains lui accordent même le surnom de Chocolate Boy du cinéma hindi. En 1955, Bharat Bhushan remporte le Filmfare Award du Meilleur Acteur pour son rôle dans le métrage Chaitanya Mahaprabhu. Il est d’ailleurs le deuxième acteur à avoir remporté cette distinction, les Filmfare Awards de 1955 constituant la seconde édition de la désormais fameuse cérémonie. Côté coeur, il s’est marié avec Sarla, jeune fille d’une importante famille de la ville de Meerut. Les détails sur leur vie privée ont rarement été partagés, et ils ont tous deux vécu un mariage manifestement sans encombre. Ils auront 2 filles, Sarla décèdera d’ailleurs des suite de complications liées à son second accouchement. Sept ans plus tard, l’acteur épouse Ratna, l’actrice qui lui donnait la réplique dans Barsaat Ki Raat, en 1960.
BHARAT BHUSHAN AVAIT TOUT POUR LUI. Une carrière construite par passion et conviction, une indéniable célébrité, l’amour de ses fans fidèles... Il était apprécié pour son intellect et sa passion pour les livres. Mais comme plusieurs autres célébrités, il s’est laissé emporter par sa richesse et sa gloire. Il enchaîne les dettes et les problèmes financiers, suite à son addiction aux jeux et à l’alcool. Il était pourtant au sommet de sa carrière. Il possédait des bungalows dans de multiples régions de l’Inde, plusieurs voitures et menait un style de vie enviable. Seulement, il a graduellement tout perdu. C’est un sort triste qui l’attend, car après avoir passé ses dernières années à vivre dans la rue, il s’éteint en 1992, à l’âge de 71 ans, sans un sous. Cependant, sa légende et son oeuvre demeurent encore à ce jour dans les mémoires des amoureux de l’âge d’Or du cinéma indien. 023
F O C U S B O L LY & C O A W A R D S
le palmarès
CETTE ANNÉE ENCORE, L’ÉQUIPE DE BOLLY&CO VOUS A PROPOSÉ DE VOTER EN LIGNE POUR VOS FILMS ET ACTEURS FAVORIS DANS LE CADRE DES BOLLY&CO AWARDS 2018 SUR LES MÉTRAGES DE 2017.
La nouveauté de cette année : une partie régionale pour englober davantage les différentes industries de l’Inde ! Vous avez été nombreux à faire entendre votre voix, permettant ainsi de belles surprises dans les résultats qui vont suivre...
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MEILLEUR FILM
Hindi Medium Surprise de l’année 2017, Hindi Medium est la comédie moderne et réaliste qui a su se faire une place au box-office indien tout en séduisant le public français. A la fois drôle et saisissant, ce film mérite largement son prix.
M E I L L E U R R É A L I S AT E U R
Abhay Chopra pour Ittefaq Le travail visuel d’Abhay Chopra a fait l’unanimité auprès des votants. Avec Ittefaq, le réalisateur réussit à créer une ambiance propre aux thrillers, tout en apportant un côté élégant et intime. 025
MEILLEUR ACTEUR
Irrfan Khan En père excentrique au grand cœur, Irrfan Khan est excellent sous les traits de Raj Batra. Il charme sans problème en donnant vie à ce personnage aussi maladroit que touchant.
MEILLEURE ACTRICE
Sridevi Largement en tête des votes, Sridevi a conquis les avis de chacun avec le rôle de Devki dans son dernier film, Mom. Un personnage bouleversant qui a marqué le public français. 026
MEILLEUR SECOND RÔLE MASCULIN
Suraj Sharma Avec Phillauri, Suraj Sharma se retrouve dans l’univers de la comédie. Il y campe Kanan, un jeune punjabi du Canada qui retourne en Inde pour se marier. Et il est à la fois convaincant et hilarant !
MEILLEUR SECOND RÔLE FÉMININ
Meher Vij C’est la révélation du film Secret Superstar et elle mérite largement ce prix ! Meher Vij a touché le cœur du public français dans le rôle de Najma, avec un jeu d’actrice impeccable. 027
MEILLEUR ESPOIR MASCULIN
Kanan Gill Le comique, surtout connu pour ses vidéos sur Youtube, signe avec Noor son premier rôle. Une tentative réussie puisqu’il est très juste dans le rôle de Saad et, apparemment, il vous a beaucoup plu !
MEILLEUR ESPOIR FÉMININ
Parvathy Dans le sud, Parvathy a largement fait ses preuves et avec cette petite comédie romantique, elle débarque tranquillement dans le Nord ! Jaya est une femme, une vraie, et ça fait plaisir ! 028
MEILLEURE BANDE-ORIGINALE
M i t h o o n , Ta n i s h k Bagchi, Rishi Rich, Farhan Saeed, Ami Mishra et Rahul Mishra pour Half Girlfriend Pour cette adaptation du livre de Chetan Bhagat, l’équipe est plutôt nombreuse, mais l’album en vaut largement la peine ! De « Baarish » à « Thodi Der », certaines chansons sont devenues incontournables.
MEILLEUR CHANTEUR
Arijit Singh pour « Enna Sona » Arijit Singh gagne son deuxième prix du Meilleur Chanteur aux Bolly&Co Awards, après « Tum Hi Ho » en 2014 ! « Enna Sona » est la chanson favorite des français et on comprend pourquoi ! 029
MEILLEURE CHANTEUSE
Shreya Ghoshal pour « Rozana » C’est aussi la seconde victoire de Shreya Ghoshal, après l’excellent « Deewani Mastani » en 2016. « Rozana » est bourrée d’émotion, parfaitement maîtrisée par la chanteuse et marque ainsi ses auditeurs.
MEILLEURE SÉQUENCE DANSÉE
« Mon Amour » de Kaabil Deux aveugles qui font du tango, voilà le pari de cette séquence dansée du film Kaabil, avec des sonorités hispaniques et un Hrithik Roshan au top de sa forme ! Un must-watch. 030
MEILLEUR DUO
Rajkummar Rao & Ayushmann Khurrana Ils étaient le duo du film Bareilly Ki Barfi, faisant presque de l’ombre à la relation entre Bitti (Kriti Sanon) et Chirag (Ayushmann Khurrana). Absolument hilarante, cette bromance aurait mérité un film qui lui soit consacré !
MEILLEUR FILM RÉGIONAL
Baahubali 2 : The Conclusion (télougou) Impossible pour vous de passer à côté du phénomène Baahubali qui, avec ce second volet, frappe encore plus fort ! C’est donc sans surprise que le film remporte près de la moitié de vos suffrages. 031
MEILLEUR ACTEUR RÉGIONAL
Vijay Sethupathi Plus rien n’arrête le ‘Makkal Selvan’ ! Avec Vikram Vedha, il livre une prestation irréprochable, séduisant bien au-delà des frontières du Tamil Nadu. Un plébiscite de votre part que l’on comprend donc tout à fait !
MEILLEURE ACTRICE RÉGIONALE
Sai Pallavi Pétillante dans Fidaa, la jolie doctoresse de profession Sai Pallavi marque les esprits. Sa fraîcheur comme son naturel ont su vous cueillir. 032
MEILLEUR SECOND RÔLE MASCULIN RÉGIONAL
Rana Daggubati Déjà remarquable dans la première partie du diptyque, Rana Daggubati est littéralement monstrueux dans Baahubali 2, dans lequel il crève l’écran. Sa victoire ne fait donc aucun doute tant il excelle dans ce rôle négatif saisissant.
MEILLEUR SECOND RÔLE FÉMININ RÉGIONAL
Ramya Krishnan Grande dame du cinéma du sud, Ramya Krishnan vient rappeler avec ce rôle que les producteurs doivent davantage s’appuyer sur son talent démentiel. A la fois valeureuse et vulnérable dans la peau de la reine Sivagami, Ramya a su faire de ce rôle secondaire un personnage emblématique de la franchise. 033
MEILLEUR CHANTEUR RÉGIONAL
Sid Sriram pour « Adiga Adiga » Un timbre éraillé empli de sensibilité sur une ballade romantique magnifiquement composée par Gopi Sundar, et la magie opère ! Sid Sriram persiste et signe dans le sud du pays en livrant des prestations mémorables, à tel point que vous l’avez choisi pour ce prix. Bravo à lui !
MEILLEURE CHANTEUSE RÉGIONALE
Madhu Priya pour « Va c h i n d e » Dans un registre léger et dynamique, « Vachinde » vient exprimer la candeur et l’énergie de l’héroïne de Fidaa, campée avec brio par votre Meilleure Actrice Régionale Sai Pallavi ! Et pour rendre justice à la belle, il fallait une voix unique : celle de Madhu Priya, qui a su vous séduire. 034
BOLLY&CO AWARDS 2018 PRIX DU JURY
MEILLEUR FILM
Hotel Salvation Découvert à l’occasion du Festival du Film d’Asie du Sud en 2017, cette pépite d’émotions nous a toutes cueillies par son humilité et par les prestations de son casting. Impossible donc de ne pas lui délivrer ce prix qui vient saluer le travail précis de son jeune réalisateur, Shubhashish Bhutiani.
MEILLEUR ACTEUR
Adil Hussain pour Hotel Salvation et Rajkummar Rao pour Newton Pour la première fois, nous ne sommes pas parvenues à trancher. A titre exceptionnel donc, nous sacrons deux comédiens pour notre prix d’interprétation masculine. L’un excellait dans Hotel Salvation quand l’autre nous clouait à notre siège dans Newton. Deux gagnants pour cette édition spéciale duo, un amusant coup du sort !
MEILLEURE ACTRICE
Z a i ra Wa s i m p o u r Secret Superstar Révélation démentielle de ce film touchant sur une jeune fille qui rêve de réussir dans la musique, Zaira nous a mises une vraie claque par l’impressionnante maturité de son jeu. Jamais excessive, la comédienne donne vie à l’histoire d’Insia avec une justesse qui ne peut laisser indifférent.
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BOLLY&CO AWARDS 2018 NOS MENTIONS SPECIALES
MENTION S P É C I A L E D ’A S M A E
MENTION SPÉCIALE D’ELODIE
MENTION SPÉCIALE D E FAT I M A - Z A H R A
Qarib Qarib Singlle
Ta k e O f f
Suresh Tr i v e n i
JE SUIS TRÈS BONNE CLIENTE DU GENRE DE LA COMÉDIE ROMANTIQUE. Mais parce que j’en raffole, je suis d’autant plus sensible aux romcom qui tentent de se démarquer. De raconter des idylles atypiques, ou qui ont le mérite d’être authentiques et de parler au commun des mortels. Qarib Qarib Singlle est de celles-là.
UN IRRFAN AU SOMMET DE SON ART, UNE PARVATHY LUMINEUSE ET UNE RÉALISATION AÉRIENNE SIGNÉE TANUJA CHANDRA... Que demande le peuple ?
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PREUVE ULTIME QUE DANS LE SUD DE L’INDE, LE CINÉMA SE FOCALISE SUR DES HISTOIRES VRAIES ET LES NARRE AVEC AUTHENTICITÉ ET SIMPLICITÉ. Pas de décor flamboyant, pas de corps huilés bodybuildés ou de musique de boîte de nuit. Take Off charme à chaque séquence, ouvre une porte vers une réalité poignante et ne lâche pas le spectateur. Avec ce métrage inspiré de faits réels, le réalisateur Mahesh Narayan réussit le pari de trouver le parfait équilibre entre vérité et fiction. Une caméra forte, une bandeson qui accompagne le métrage tout en finesse et surtout d’excellents acteurs, dont notamment l’unique Parvathy, qui porte ce film sur ses épaules avec brio.
Tumhari Sulu est le premier film de son cinéaste, habitué aux courtsmétrages. L’oeuvre m’a marquée par sa fraîcheur, son casting, son scénario, mais également sa réalisation. La vision qu’il apporte est particulière, et sans que je ne sache expliquer pourquoi, il m’a accrochée dès les premières minutes. Probablement parce que pour qu’un film soit aussi léger et agréable, il faut une mise en scène unique afin que l’ensemble soit fluide et naturel. Suresh Triveni mérite un futur brillant dans l’industrie, car de jeunes réalisateurs avec un souffle frais, c’est quelque chose qui manque cruellement, à mon sens. Surtout ces dernières années.
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EN ACTION F E S T I VA L & I N T E RV I E W
EN ACTION F E S T I VA L
MON JOURNAL DU FESTIVAL DES CINEMAS INDIENS DE TOULOUSE,
ÉDITION 2019
Pour la deuxième année consécutive, je prends mon avion en partance de l’aéroport de Lille, direction la ville rose afin d'assister au Festival des Cinémas Indiens de Toulouse. Et ce toujours avec ma compagne d'aventure, Elodie ! Sauf qu'en prenant ma valise fuchsia, en enroulant mon turban coloré sur mon crâne et en vissant mes écouteurs dans mes oreilles sur le dernier tube de Zack Knight, je ne savais vraiment pas ce qui m'attendait...
Avant toute chose, il va vous falloir identifier plusieurs personnages centraux de ce festival ! Oui, je parle de personnages, car c’est peu dire qu’ils sont hauts en couleur ! Surtout, ils ont donné une saveur particulière à cet événement. Dans ce récit, vous risquez donc de voir les noms suivants de façon récurrente, alors retenez-les bien !
DISTRIBUTION : Frédérique, la présidente de festival au cœur d’or Sarah, la vice-présidente pétillante Sharad, le réalisateur malicieux
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Saleem, le producteur délirant Rajveer, l'acteur charismatique Adil, le gentleman incarné Kanwal, le cinéaste attachant
Le Festival des Cinémas Indiens de Toulouse de cette année n’était pas comme les autres. Comparable à aucun autre événement auquel nous avons pris part avec Elodie par le passé. Car jusque-là, nous étions restées dans notre posture de partenaires et de fans. Et nous n’étions clairement pas à plaindre ! Rencontrer les artistes invités lors d’interviews de manière privilégiée était pour nous le Graal, le summum ! Mais cette année, nos aventures sur le terrain ont pris une nouvelle dimension.
Merc re di 1 0 av r i l 2 0 1 9. JOUR 1.
IL FAUT D'ABORD SAVOIR QUE LE FESTIVAL DE TOULOUSE A POUR PARTICULARITÉ DE NOUS FAIRE MARCHER ÉNORMÉMENT ! En effet, les diverses projections qui ponctuent cette semaine culturelle sont éclatées dans plusieurs endroits de la ville. Pour ce premier jour, direction donc le centre culturel Bellegarde ! Nous y retrouvons une partie de l'équipe de bénévoles que nous avions déjà croisé l'an dernier. Surtout, nous voyons sur place Frédérique Bianchi, présidente et programmatrice du festival. Et accessoirement chercheuse indépendante spécialisée dans la distribution de films indiens en France... Autant vous dire qu'en matière de cinéma, on n'a pas affaire à une petite joueuse ! Frédérique m'a toujours impressionnée. J'ai pourtant un tempérament très loquace et volubile. Mais face à elle, j'ai les yeux qui brillent comme une enfant. Probablement parce que j'admire son travail, aussi bien dans le cadre de ce festival qu'en dehors. Car Frédérique a réussi à créer sa
boîte de distribution, après avoir fait de l'Inde (et de ses festivals locaux) sa deuxième maison. Bref, si vous me demandez sur quel acteur du cinéma indien en France je souhaiterais prendre exemple, c'est elle que je citerai sans aucune hésitation.
LE FESTIVAL S’OUVRE SUR UN APRÈS-MIDI CONSACRÉ AUX COURTS-MÉTRAGES. Et surprise ! Elodie fait partie du jury ! Vous ne l’aviez pas vu venir ? Moi non plus ! Je suis en tout cas ravie et fière d’elle, comme une maman devant son petit… Nous découvrons 6 films courts, tous très différents les uns des autres. Ce format me fascine tant il permet, sur un temps limité, de faire passer le spectateur par une multitude d’émotions. C’est aussi l’occasion de découvrir les visions de cinéastes aux sensibilités diverses, aussi bien dans les histoires qu’ils nous racontent que dans leur travail visuel. Après des échanges animés avec les autres jurés, Elodie me retrouve afin que nous nous dirigions vers le cinéma Gaumont Wilson, et ce pour la projection suivante de la journée. Il s’agit de Taking The Horse To Eat Jalebis, œuvre singulière d’Anamika Haksar. Le visionnage est éprouvant tant le métrage est dense. Mais il en vaut tout de même la peine par son image riche et surtout grâce au travail sonore de Tyrax Ventura, mixeur du film qui nous a d’ailleurs fait l’honneur de sa présence.
L'ULTIME MÉTRAGE DE LA JOURNÉE EST PROBABLEMENT L’UN DE CEUX QUE J’ATTENDAIS AVEC LE PLUS D’IMPATIENCE. Vous connaissez l’amour que porte notre équipe au cinéma malayalam, n’est-ce pas ?> 043
C’est donc avec grand bonheur que nous nous apprêtons à voir Ee.Ma.Yau., œuvre de l’industrie de Mollywood ! Lijo Jose Pellissery, le metteur en scène, est alors annoncé parmi les invités de prestige. Hélas, il ne sera finalement pas présent. Frédérique nous annonce la nouvelle, non sans déception. Ce qui ne nous empêche pas d’apprécier son film, qui constitue une véritable réussite par son réalisme et sa galerie de personnages. Une façon idéale de conclure cette journée d’ouverture !
Jeu d i 1 1 avr i l 2 0 1 9. JOUR 2. Elodie et moi nous dirigeons cette fois vers le centre culturel Albin Minville, qui se trouve non loin de la résidence de ses parents. Nous sommes accueillies par les bénévoles de l'établissement, avec un thé vert et de larges sourires. Tout cela sur des mélodies indiennes que nous connaissons par cœur (et oui, c'est ça quand on lance tout l'album de Mohabbatein...). Nous nous installons ensuite dans la salle de projection pour découvrir le métrage kashmiri Half Widow. Lors de la projection, je remarque trois hommes indiens dans la rangée qui nous précède. Et je l’avoue, je n’ai absolument pas la moindre idée de qui ils sont ! Juste après le film, la lumineuse Sarah (que l’on retrouve par la même occasion) fait les présentations : ce sont les membres de l’équipe du film Souvenirs de mes nuits blanches. Le courant passe immédiatement entre nous tous, de l’hilarant producteur Saleem Javed au malicieux réalisateur Sharad Raj, en passant par l’acteur charismatique Rajveer Verma. A ce moment-là, Elodie et moi n’imaginons pas que cette rencontre va grandement chambouler le déroulement de ce festival. 044
Spontanément (et dans l’attente de la séance suivante), nous allons boire un thé tous ensemble. Un temps privilégié qui nous permet de faire plus ample connaissance. Nous prenons tellement de plaisir que nous manquons la séance suivante : celle du documentaire Machines... Tant pis pour nous, il faut aussi profiter de l'instant présent, n'estce pas ? En discutant avec nos interlocuteurs, je réaffirme mon admiration pour l’acteur Adil Hussain, qui doit arriver à Toulouse le soirmême… Ni une ni deux, Rajveer n’en loupe pas une et moque gentiment mon attitude de groupie ! La taquinerie est ici bon enfant, il y a des personnes avec lesquelles on se sent à l'aise dans l'immédiat... Rajveer est de ceux-là. Nous arpentons les rues toulousaines comme une bande de vieux potes qui se retrouvent. Comme si nous étions amis depuis des années... Les questions fusent sur les expériences de chacun, sur nos sensibilités en matière de cinéma, sur nos vies... « Et c'est quoi, ton film préféré ? » « Mais comment t'as signé ce film ? » « Comment ça, tu connais personnellement Tiger Shroff ? » Elodie me calme... « Asmae, garde ta curiosité pour les interviews de dimanche, s’il te plait... », me lance-t-elle en ponctuant son propos d’un clin d’œil. Je sais, mais je ne suis pas dans ma posture journalistique, là ! Je suis une fan de cinéma qui parle à des faiseurs de films. Alors forcément, j'ai des tonnes d'interrogations... Nos allocutaires sont heureusement très réceptifs et semblent apprécier notre spontanéité. Lorsque nous arrivons tous ensemble à l’institut Goethe pour la projection du très attendu Once Again, je vois Adil arriver au loin, accompagné de Frédérique. Mon rythme cardiaque s’accélère, j’admire tellement cet acteur que cette rencontre sonne pour moi comme un rêve... Attendez la suite. Rajveer décide de « briser la glace » (je le cite…) >
DE GAUCHE AÌ€ DROITE : SALEEM JAVED, SHARAD RAJ, ADIL HUSSAIN ET RAJVEER VERMA.
à sa manière en me présentant à Adil, insistant (pas très) subtilement sur le caractère ridicule de ma réaction précitée… Je tente de faire bonne figure, mais mon agacement du moment a vite fait de s’évanouir tant Adil est un gentleman. « Ne m’appelez pas Monsieur, s’il vous plaît… ». L’échange est fluide, on sent toute l’équipe de Souvenirs de mes nuits blanches ravie de se retrouver. Elodie et moi nous lançons de temps à autres des regards émerveillés. De l’air de dire : « pincez-moi ! »
NOUS NOUS INSTALLONS ENSUITE POUR LA SÉANCE DE ONCE AGAIN, DRAME ROMANTIQUE QUE J’AVAIS ÉGALEMENT TRÈS ENVIE DE VOIR. Une fois de plus, j’admire le travail de programmation de Frédérique, qui mise sur la qualité et la diversité. Le réalisateur Kanwal Sethi nous fait l’honneur de sa présence. Il semble réservé, mais très heureux d’être ici. Son film est d’une sensibilité retenue captivante. Nous aurons l’occasion de nous entretenir avec lui dimanche, mais en sortant de la salle, nous retrouvons Adil. « Vous avez aimé le film, Mesdames ? » nous demandet-il. « Absolument, » lui avons-nous répondu. Et là, c’est la révélation. « Vous saviez que je devais tourner ce film ? Mais je n’ai pas pu me rendre disponible, hélas… » QUOI ?! Je ne sais pas ce qui m’a le plus abasourdie. L’anecdote en elle-même et mon envie soudaine de retrouver Adil dans un film de cet univers, ou le fait qu’il nous en parle avec une telle décontraction, alors que nous l’avons rencontré il y a à peine deux heures… Voilà ce qu’est Adil Hussain, Mesdames et Messieurs. Un grand monsieur du cinéma, et une personnalité incroyablement humble et sympathique.
Vend red i 12 av ri l 2019 . JOUR 3. Nous entamons cette nouvelle journée avec la découverte du film bengali Runanubandha, œuvre singulière sur la quête identitaire d'une jeune femme. Doit normalement s'en suivre la projection de Pariyerum Perumal, qui sera finalement annulée à cause de problèmes techniques. Nous sommes déçues, mais on nous rassure dans la foulée : le film sera projeté dès le lendemain matin. Je confirme à Frédérique ma présence et mon enthousiasme à la perspective de découvrir cette œuvre, qui constituait l'une de celles que j'attendais le plus de visionner. Nous avons du temps, notre pote Saleem nous demande par téléphone si nous sommes en mesure de les rejoindre dans Toulouse. Nous répondons par l'affirmative et nous le retrouvons, avec tous les invités, sur le toit des Galeries Lafayette... Quel cadre magnifique, avec une vue unique sur la ville rose ! Nous parlons tous ensemble, rions des blagues des uns et des autres... L'atmosphère est détendue, et tout ça sous le soleil... Un régal pour la nordiste que je suis ! Nous avons ensuite la joie de partager un repas avec les invités ainsi qu'avec Frédérique, moment où l’on parle de cinéma du monde. Dans la foulée, Adil nous gratifie d'un accent français impeccablement imité... J'éclate de rire avant de regarder Elodie qui susurre un « C'est surréaliste ! » auquel je ne peux qu'acquiescer ! On se sent si bénies d'être là.. D’autant que c’est le grand soir pour nos amis ! En effet, la projection toulousaine de Souvenirs de mes nuits blanches représente la première mondiale du métrage ! Énorme enjeu pour Sharad, dont c’est la première réalisation ainsi que pour Rajveer, qui y fait ses débuts d’acteur… Ils sont profondément émus à la perspective de présenter leur > 047
travail au public, en particulier en France, pays des frères Lumière… L'univers de Sharad est hors-norme. Son film est un voyage dans son esprit tortueux. C'est fascinant. Et perturbant. Les échanges avec le public sont animés, les spectateurs ont adoré. Il faut dire que l'œuvre est riche, et qu'il y a matière à analyser, décortiquer, débattre...
DE QUOI RAVIR L'ÉQUIPE, VENUE EN NOMBRE POUR DÉFENDRE LE MÉTRAGE. Après tant d'émotions, nous ressentons tous le besoin de décompresser. S’en suit donc la Bollywood Party, qui arrive à point nommé afin de célébrer l’accueil dithyrambique du film. La soirée s’improvise sur le pouce, où les invités, l’équipe du festival et nousmêmes partageons une soirée en musique. C’est l’occasion idéale de passer un moment convivial. Nous dansons, chantons et buvons… Et oui, Adil est également là, assis juste à côté de moi… Instant de grâce, bonjour ! Ce soir-là, nous rentrerons un peu dans la douleur (maudite soit l’application Uber, qui décidera de se mettre en grève sans aucune raison…), mais avec le sourire et la satisfaction d’avoir passé une excellente soirée.
Sam e d i 1 3 av r i l 20 1 9. JOUR 4. Le réveil est difficile. Il faut dire que nous sommes rentrées tard, la veille. Pourtant, je dois trouver la motivation de me réveiller tôt afin d'assister à la projection de Pariyerum Perumal, dont la séance a été annulée hier. Et impossible pour moi de louper ça, car le réalisateur de l'œuvre Mari Selvaraj est présent à cette occasion ! Je prends mon courage à deux mains et me dirige donc vers le Gaumont Wilson. Elodie ne m'accompagnera pas, elle a promis de retrouver un de ses amis. 048
ET BIEN, TANT PIS POUR ELLE, PUISQUE PARIYERUM PERUMAL EST UN JOYAU ! Clairement mon film favori de cette édition, ce drame tamoul m'a saisie par son réalisme et la force de ses protagonistes. Je suis bouleversée et mes larmes n’ont eu de cesse de couler. Je passe mon tour pour la séance suivante, celle de Turup, à laquelle Elodie assistera seule. L'occasion pour moi de retrouver mes comparses Saleem, Sharad et Rajveer. Il fait un soleil de plomb, et nous profitons de ce temps magnifique afin de nous poser en terrasse. Nos discussions animées tournent autour du cinéma, de la musique et de la nourriture... Que demande le peuple ? Elodie nous rejoint ensuite, et nous nous dirigeons tous ensemble vers le cinéma ABC, où est projeté La Mauvaise Réputation. Nous avons déjà vu le film il y a deux mois, nous irons donc uniquement assister à la session de questions-réponses menée par Adil.
C'EST L'OPPORTUNITÉ POUR NOUS DE COMPRENDRE DAVANTAGE CE FILM COUP DE POING QUI NOUS AVAIT TANT MARQUÉ, LORSQUE NOUS L'AVONS DÉCOUVERT LORS DU FESTIVAL DU FILM D'ASIE DU SUD DE PARIS, EN FÉVRIER DERNIER. Les questions restées sans réponse trouvent leur conclusion à l'occasion de cette rencontre entre Adil et le public. Je souris béatement. Vous l'avez désormais compris, je suis une fan absolue de l'acteur. Me retrouver face à lui est donc un honneur monumental dont je prends conscience à cet instant. >
La journée se conclut sur la projection de Manmarziyaan, film romantique d’Anurag Kashyap que j'avais adoré. Elodie a attendu le festival pour le découvrir. Mais avant cela, nous retrouvons la jolie Pyrène, danseuse qui nous avait éblouie lors du festival de l'an dernier. Cette année, elle remet le couvert et se déhanche sur des titres que nous adorons, de "First Class" de Kalank à "Aankh Marey" de Simmba, en passant par "Sweetheart" de Kedarnath. Et si Saleem, Sharad et Rajveer n'avaient pas prévu de rester pour le film, ils tenaient absolument à voir la jeune femme danser. Autant le dire clairement : ils ont été conquis !
Dim a nc he 1 4 av r i l 20 1 9. JOUR 5.
C'EST LE DERNIER JOUR DU FESTIVAL. Cette ultime journée est d’abord ponctuée par les différentes interviews que nous devons mener. Nous rejoignons l’équipe de Souvenirs de mes nuits blanches à l’hôtel où elle réside. Sharad est déjà sur place, l’occasion pour nous de discuter avec lui de son passé en tant que membre de l’équipe créative d’une chaîne de télévision indienne. D’anecdotes en secrets de tournage,Elodie et moi sommes abasourdies par les révélations que nous fait notre interlocuteur sur les dessous du petit écran indien. Heureusement, j’apprends que mon crush Karan Wahi (avec lequel Sharad a travaillé sur la série Dill Mill Gayye) est un jeune homme adorable… L’honneur est sauf ! Saleem, Rajveer et Adil nous rejoignent. L'interview de l'équipe de Souvenirs de mes nuits Blanche peut enfin commencer ! Un échange riche que vous retrouverez prochainement sur notre site ! Nous avons ensuite eu le privilège de nous entretenir seules avec Adil afin de revenir avec lui
sur son immense carrière. Cette interview est par ailleurs disponible dans ce numéro, alors ne manquez pas de la consulter ! Mais vous n’imaginez pas toutes les choses que nous n’avons pas été en mesure de retranscrire. Les fous rires, les blagues et les imitations… Irréel ! Enfin, nous concluons la série d'entrevues avec Kanwal Sethi, dont le film Once Again est sorti en France en avril dernier. Cet échange est déjà en ligne sur notre site, au passage… Suite à cela, Kanwal, Elodie et moi-même rejoignons nos amis sur une terrasse de café, où chansons et références au cinéma hindi fusent... Tous ensemble, nous nous dirigeons doucement vers le cinéma ABC, où se tiendra plus tard la cérémonie de clôture du festival. Sur le chemin, Adil et Rajveer chantent. Soudain, ils se tournent tous deux vers moi, me consacrant une sérénade... Non, je ne rêve pas !
PALMARÈS Lors de la cérémonie de clôture, le film Pariyerum Perumal fait un carton plein en remportant 3 distinctions : prix du public, prix de la critique indienne ainsi qu'une mention spéciale du jury. Le prix du jury est quant à lui attribué à Ee.Ma.Yau., réalisé par Lijo Jose Pellissery, tandis que le trophée du meilleur court-métrage est remis (par ma chère Elodie) à Unlock de Nirmalan Nadarajah. Enfin, une mention spéciale est également remportée par le film court The Demon, de Tathagata Ghosh.
Le cinéaste tamoul Mari Selvaraj repart donc tout sourire en ayant conquis le public toulousain. > 051
Il remerciera d’ailleurs chaleureusement l'audience d’avoir accepté son film. Inutile de vous dire que cette victoire m'a ravie, puisque Pariyerum Perumal constitue mon œuvre favorite de cette édition.
IL EST TEMPS POUR NOUS DE PARTIR. Nous quittons nos amis, certains avec plus de difficulté que d'autres. Kanwal, Saleem ou encore Rajveer insistent pour que nous restions. Mais il est tard et surtout, nous avons à faire pour notre départ le lendemain. Elodie retourne à Paris tandis que moi, j’ai un avion à prendre. Et nos bagages sont loin d’être prêts ! Nous profitons toutes les deux de nos dernières heures à Toulouse pour arpenter tranquillement les rues de la ville… (Et faire accessoirement une petite photo avec Dean Cain ! Je sais, improbable !) Je prépare ma valise, avec le sentiment d'avoir vécu une semaine de pur bonheur. L'état de plénitude dans lequel je me trouve est absolument exaltant.
JE ME RENDS D'AUTANT PLUS COMPTE QUE MA PLACE EST SUR LE TERRAIN, AU CŒUR DE MA PASSION POUR LE CINÉMA INDIEN. C'EST LÀ QUE JE ME SENS LA PLUS HEUREUSE. ET CETTE ÉDITION DU FESTIVAL DE TOULOUSE N'EST VENUE QUE LE CONFIRMER. Lorsque je prends mon avion le lendemain, j'emporte avec moi tout ce qui a fait cette semaine hors du temps : les éclats de rire de Saleem, la passion de Sharad, le charme d'Adil, les pas de danse de Rajveer, la gentillesse de Kanwal, le triomphe de Mari, la réussite de Frédérique et Sarah et l'amitié 052
inébranlable d'Elodie. Hélas, le soleil radieux de Toulouse refusera de me suivre jusqu'à mon Pas-De-Calais résidentiel...
Le m ot d e l a fi n. L’édition 2019 du Festival des Cinémas Indiens de Toulouse occupera toujours une place particulière dans mon cœur, car c’est la première fois que nous avons pu nous autoriser à sortir de notre posture de partenaires médias pour créer de très beaux instants de partage avec les invités présents, devenus nos compagnons de rires, de musique et d’expériences cinématographiques durant cette semaine.
LES SUITES DE CE FESTIVAL ONT ÉTÉ ASSEZ INATTENDUES POUR NOUS. SURTOUT POUR MOI… Les amitiés que nous avons nouées avec l’équipe de Souvenirs de mes nuits blanches se sont inscrites bien au-delà du cadre de l’événement. Nous nous sommes appelés. Pour certains, nous nous sommes même revus lors de leurs passages parisiens. Un grand merci à chacun d’entre eux pour leurs sourires, leur bonne humeur et leur humilité.
PLUS QUE TOUT, JE TIENS À REMERCIER FRÉDÉRIQUE ET SARAH DE LEUR CONFIANCE ET DE LA BIENVEILLANCE DONT ELLES ONT FAIT PREUVE À NOTRE ÉGARD. Nous les savions stressées par l’organisation de cette édition, là nous n’avons fait que profiter de chaque instant. Elles ont été les artisanes de ces rencontres, de ces amitiés et de ces moments magiques que nous avons vécus tout au long de cette semaine.
elodie
asmae
Enfin, et comme à chaque fois, merci à Elodie. GPS humain, guide Michelin du pauvre, bon public à mes vannes douteuses et sœur de cœur... Autant dire, la femme idéale (Aditya Roy Kapur, si tu me lis...). Vivre chaque festival à ses côtés est une bénédiction ! Merci à sa famille de m'avoir accueillie si chaleureusement, de m'avoir fait aimer Toulouse encore plus fortement et de m'avoir permis de vivre cette édition inoubliable.
LE SAVIEZ-VOUS ? Souvenirs de mes nuits blanches, le film de Sharad Raj, sortira en France ! Si l'on attend une date officielle de sortie, sachez que vous aurez bientôt l'occasion de découvrir le jeune Rajveer Verma et le taulier Adil Hussain dans vos salles de cinéma, grâce au distributeur Les Films de la Haute-Vallée.
Une tentative de photo ratée !
COUP DE FOUDRE CINÉMATOGRAPHIQUE ! C’est LE film qui a provoqué un torrent de larmes chez moi : Pariyerum Perumal. Ce drame social de Kollywood a clairement eu un effet immédiat sur moi. La narration est efficace, les comédiens sont époustouflants et la mise en scène de Mari Selvaraj sublime le tout. Un métrage génialissime à ne pas manquer.
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EN ACTION I N T E R V I E W
DI S CUS S I ON AVEC
ADIL HU S SA I N, P RAT I CI E N D E L’A RT... MOTS PA R ASMA E BENM ANSOUR
En février dernier, j’écrivais sur notre site un article à l’occasion du Festival du Film d’Asie du Sud afin de déclarer ma flamme (et mon admiration sans limite) pour l’acteur Adil Hussain, dont les œuvres sont systématiquement mises à l’honneur lors de l’événement parisien. Qui aurait cru alors que, moins de deux mois plus tard, Elodie et moi aurions l’immense honneur de l’interviewer pour le Festival des Cinémas Indiens de Toulouse ? Pas moi, en tout cas !
EN PLUS D’UNE CARRIÈRE FASCINANTE ET D’UNE SENSIBILITÉ ARTISTIQUE UNIQUE, NOUS AVONS ÉTÉ CUEILLIES PAR LA SIMPLICITÉ DE CET ACTEUR PRODIGIEUX... Petite mise au point... B O L L Y & C O : Monsieur Adil ! Pardon, je veux dire Adil ! Je vais arrêter de vous appeler Monsieur. A D I L H U S S A I N : Oui, s’il te plaît. B & C : Comprenez bien que je suis impressionnée, et que je veux vous signifier mon immense respect. A H : C’est inutile (rires).
Commençons par le commencement. B & C : Pour débuter cette interview, je vais revenir quelque peu sur les prémices de votre parcours. Vous avez fait vos armes au théâtre, n’est-ce pas ? Pourriez-vous nous expliquer comment votre carrière d’acteur a démarré et ce qui vous plaît particulièrement dans le fait de vous produire sur scène ?
A H : J’ai commencé le théâtre quand j’étais enfant. Puis, je suis allé étudier à Guwahati, dans l’état de l’Assam, avec le désir de devenir acteur comme Monsieur Bachchan (Amitabh, ndlr). J’ai fait quelques films, pleins de petits rôles par-ci par-là. J’ai participé à beaucoup de téléfilms, de séries, de documentaires... Je me suis saisi de tout ce qui était à ma portée. Ensuite, je me suis posé la question de savoir, en tant que spectateur, pourquoi j’étais davantage touché par un acteur que par un autre. Tu sais, il y avait un acteur assamais qui attirait mon attention de la sorte. Je me demandais « Que fait-il de plus que les autres ? ». Ainsi, je suis allé le rencontrer, nous avons même fait un film ensemble. Et je lui ai posé la question. « Comment faites-vous ? » Il m’a alors parlé des théories de la comédie, de gens comme Grotowski et Stanislavski ou encore du père de la comédie moderne, Lee Strasberg... Et je me suis dit : « Mais qui sont ces gens ? » (rires)
IL M’A CONSEILLÉ DE M’INSCRIRE À LA NATIONAL SCHOOL OF DRAMA DE DELHI ET C’EST EN INTÉGRANT CET INSTITUT QUE JE SUIS TOMBÉ AMOUREUX DU THÉÂTRE. Parce que j’ai pris conscience que le théâtre était extrêmement engageant et fascinant, puisqu’on y interprète un personnage sans prise, sans coupure. On le joue pendant des semaines, parfois des mois et on le fait grandir. C’était beaucoup plus profond que mes expériences passées pour des films. J’avais donc décidé de ne plus faire de cinéma ! >
Après 3 ans, j’ai obtenu mon diplôme mais je n’étais toujours pas satisfait de moi en tant qu’acteur. J’ai donc poursuivi ma formation à Londres pendant 6 ans. J’avais appris pendant 9 ans, arrivant à un point où j’étais terrifié à l’idée de jouer ! Je pensais toujours que mon professeur viendrait me voir et qu’il n’aimerait pas mon travail. Après ces 9 années, j’ai finalement joué dans ma première pièce, devenue un succès international. Nous avons été sacrés lors de festivals internationaux, notamment en France. Ma performance dans le rôle d’Othello a été décrite par un critique comme la meilleure interprétation de Shakespeare qu’il avait vu de sa vie, en incluant le travail de Peter Brook (grand metteur en scène anglais, ndlr). Et je me suis dit « Sérieusement ? ». J’en ai donc conclu que je suivais le bon sillage. C’était alors en 1999. J’ai continué à faire du théâtre jusque 2008 où l’un de mes amis m’a dit qu’un directeur de casting voulait m’auditionner pour un film. Je lui ai dit que je n’étais pas intéressé par le cinéma.
J’AVAIS UNE VIE ASSEZ SIMPLE, MA FEMME AVAIT UNE PETITE VOITURE, NOUS ÉTIONS TRÈS HEUREUX ET SATISFAITS DE NOTRE EXISTENCE. Mais j’ai quand même fait ce film dans lequel je tenais un petit rôle. C’était Ishqiya. Suite à ce métrage, les propositions se sont multipliées.
Tournant au cinéma. B & C : C’était d’ailleurs ma question suivante ! Car vous avez tourné dans beaucoup de films à partir de 2010. Vous avez joué dans des productions populaires comme Agent Vinod ou Force 2 mais vous avez aussi pris part à des projets tels que 056
English Vinglish, La Saison des Femmes, Umrika... Mais quelle est la raison principale qui vous amène à accepter un film ? A H : Je n'ai pas adopté de stratégie particulière. Pour les films qui sont venus à moi, j'ai juste pensé à une chose : est-ce que ce rôle me plaît ? Si c'est le cas, je le fais. Des films comme La Saison des Femmes, Umrika sont arrivés par la suite ainsi que d'autres tels que English Vinglish, Lootera et L'Odyssée de Pi. Mais je ne les ai pas choisis, ce sont eux qui m'ont choisi.
DEPUIS ENVIRON 3 ANS, JE DIRAIS QUE J'AI DAVANTAGE L'OPPORTUNITÉ DE SÉLECTIONNER ET D'ORIENTER MES CHOIX. Je fais toujours un ou deux films dans l'année qui vont me permettre, ainsi qu'aux gens qui travaillent avec moi, de générer de l'argent. Par la suite, je me fais plaisir et je peux me permettre de faire des films comme Souvenirs de mes nuits blanches pour lequel je ne suis pas payé car le budget y est très modeste. Je dirai donc qu'aujourd'hui, c'est devenu ma stratégie. Et l'idéal serait que ces deux univers cinématographiques puissent se rencontrer un jour. Un bon film qui me rapporterait également de l'argent ! Mais ce n'est pas aussi simple que ça, hélas ! (rires) B & C : Vous avez besoin de cet équilibre. Vous savez, Manoj Bajpayee m'a dit la même chose en 2016. A H : C'est la même affaire ! Lui et moi avons fait un film ensemble, Aiyaary, et nous en avons beaucoup discuté alors que nous attendions de tourner comme deux âmes en peine (rires). Mais oui, c'est une réalité contre laquelle on ne peut pas lutter. C'est probablement la raison pour laquelle je ressens le besoin de revenir à mes premières
amours pour quelques temps, c'est-àdire le théâtre. Parce que je commence à m'ennuyer... B & C : Vraiment ? A H : Oui, parce que les films ne sont pas aussi exigeants que le théâtre. Même parmi les meilleurs métrages de ma filmographie comme Sunrise, Hotel Salvation ou encore La Mauvaise Réputation. Ce sont d'excellents films, mais je suis presque frustré en ressortant d'un tournage comme ceux-là. Je me dit « Ça y est ? C'est déjà fini ? » (rires). Car en trois prises maximum, c'est plié. B & C : C'est parce que vous êtes excellent ! A H : Non, même pas ! (rires) C'est juste le début pour moi, tu sais. Moi, j'aurais envie d'aller plus loin, d'explorer plus profondément l'histoire et ses protagonistes, comme j'ai pu le faire au théâtre. Et en creusant, tu t'amuses car il n'y a pas de fond.
C'est d'une richesse saisissante. Quand on me parle de théâtre, je m'anime ! Je me dis « Là, on passe aux choses sérieuses ! » (rires). Je travaille actuellement sur ce projet à Atlanta ce mois-ci (l'interview date d'avril dernier, ndlr). Puis, je vais tourner un nouveau film avec Anil Kapoor. Mais après cela, je ferai davantage de théâtre pendant un certain temps.
Identités. B & C : Vous avez aussi tourné dans plusieurs films assamais, et vous êtes originaire de l'Assam. Vous êtes d'ailleurs l'un des rares acteurs de cette région à avoir travaillé sur des métrages à échelle internationale. Vous considérez-vous comme représentant de l'Assam, et vous qualifieriez-vous même d'acteur assamais ? A H : Je ne vais certainement pas nier le fait que je sois né en Assam. Jusqu'à mes 27 ans, je n'ai connu que l'Assam. >
C'EST UN LIEU VIBRANT, EN PARTICULIER POUR TOUT CE QUI TOUCHE AU THÉÂTRE ET À L'ART EN GÉNÉRAL. Donc la fondation de mon amour pour l'art vient de là. Bien sûr, je suis assamais ! Mais je ne suis pas que cela. Car en tant que praticien de l'art, je crois en notre capacité à franchir toutes ces limites identitaires. Et je me considère avant tout comme un être humain. Car le jour où je suis né, personne n'a dit « Ô mon Dieu, un chien est né ! » La première identité que l'on m'ait attribué, c'est celle de l'humanité. Puis, je suis effectivement né en Assam, et je me sens très chanceux d'y avoir vu le jour. C'est ainsi que ma seconde identité m'est attribuée. Ma troisième identité sera liée au fait que je sois né en Inde. Ainsi, le procédé d'être humain, rien que dans le choix du verbe "être" signifie beaucoup. Je crois profondément dans notre capacité en tant qu'humain à nous défaire des étiquettes et à explorer notre être profond. Quand un enfant naît, il a le physique d'un humain mais son fonctionnement est très instinctif, à la manière d'un animal. C'est avec le temps qu'il grandit et qu'il développe son identité véritable. Tout cela pour dire que je suis fier et reconnaissant d'être né en Assam, mais j'essaye de grandir pour dépasser cette identité-là qui peut être assez réductrice.
La technique du caméléon. B & C : Vous avez travaillé dans plusieurs langues, du norvégien au tamoul, en passant par le malayalam. Je présume que vous parlez ces langues ? A H : Absolument pas ! B & C : Alors, comment appréhendez-vous un personnage quand vous devez l'interpréter dans une langue que vous ne maîtrisez pas ? A H : J'ai un attrait pour les langues, pour commencer. Ensuite, je pense que ce qui 058
vous plaît dans un film, ce n'est pas la langue qui y est parlée, mais le personnage que vous y incarnez. Car une langue est juste un outil pour communiquer. Cela dit, toutes les langues sont l'expression d'une communauté et de l'histoire d'une région. Le vocabulaire, le ton, la prononciation, le langage corporel quand certains mots sont employés... Tout cela joue un rôle dans la manière d'appréhender un personnage.
MON TRAVAIL EST DE DONNER VIE À CE QUELQU'UN D'AUTRE QU'ON ME DEMANDE D'INTERPRÉTER ET DE COMPRENDRE COMMENT, DANS SA LANGUE, IL VA EXPRIMER CES ÉMOTIONS.
Je dois adopter sa posture, sa façon de parler avec les mains, son allure, par exemple... (Adil adopte l'accent français, ce qui suscite notre hilarité tant il le maîtrise à la perfection). Tu vois, mon langage corporel est différent alors que je viens de dire la même chose, n'est-ce pas ? Chaque langue a son propre tempérament, cela te donne certaines vibrations quand tu l'entends. Cela te fait ressentir les choses d'une certaine manière qui serait différente dans un idiome différent. C'est tout l'art de l'acteur. D'être en mesure d'intérioriser toutes ces nuances et de les jouer.
L'idée serait de partir d'un personnage. Chacun arriverait avec un personnage bien précis en tête et ensemble, nous créerions une histoire dans laquelle tous ces protagonistes seraient amenés à se rencontrer et à former un tout.
Direction ?
B & C : Je suis désolée... (rires) Vous pouvez prendre votre temps, on oublie le côté rapide.
B & C : Avec votre compréhension de l'art et du cinéma, aimeriez-vous un jour diriger un film ou une pièce de théâtre ?
A H : Je préfère ça !
A H : Oui, il y a une histoire que j'ai écrite il y a 25 ans. Celle d'une femme et de sa relation avec un éléphant. C'est une histoire courte mais c'est la seule que j'aurais vraiment envie de raconter. J'y travaille doucement et j'en ai déposé les droits. Les producteurs sont prêts à me suivre mais je n'ai pas encore eu le courage de me poser pour écrire profondément cette trame. Donc effectivement, j'aimerais faire ce film. Au moins celui-là. Je ne pense même pas au second, d'ailleurs ! (rires) B & C : Et au théâtre ? Parce que vous semblez si passionné par le théâtre, pourquoi ne pas passer un jour à la mise en scène ? A H : Je n'aime pas l'idée de diriger une pièce. Ce mot, diriger, ne me plaît pas, au demeurant. Mais j'aimerais être un facilitateur dans le processus de création et d'écriture d'une pièce de théâtre. Mais c'est un procédé très long et fastidieux. Et pour ça, j'ai besoin de temps. Il faudrait aussi que je trouve des acteurs qui seraient intéressés par ce genre de travail, par l'idée de construire et d'étoffer, en équipe, un projet théâtral.
Rapid Fire Round, au ralenti. B & C : Je vais finir cette interview en plagiant lamentablement Karan Johar, j'en suis navrée ! On va partir sur un Rapid Fire Round ! A H : Pitié... (rires)
B & C : Ce ne sera pas controversé, ne vous inquiétez pas. Ce sera même plutôt drôle ! A H : D'accord. B & C : Pour commencer, qui est votre partenaire favori à l'écran ? Et surtout, soyez honnête, Adil ! A H : C'est tellement injuste... (rires) B & C : Si vous avez plusieurs noms en tête, n'hésitez pas... (Adil se tient le visage entre les mains.) B & C : On vous a perdu. (rires) A H : En effet. Question suivante ! B & C : Un film dans lequel vous auriez aimé jouer ? A H : Il y en a tellement ! Récemment, j'ai vu un film français, Les enfants du paradis. Il y a aussi ce film japonais, Herbes Flottantes, réalisé par Yasujiro Ozu... J'aurais adoré jouer dans de tels films... C'est incroyable qu'ils aient faits ces métrages à cette époque-là (l'un est sorti en 1945, l'autre en 1959, ndlr). Sans les moyens techniques > 059
dont on dispose aujourd'hui. Et pourtant, on reste attentifs et bouleversés. B & C : Il y a effectivement des cinéastes en avance sur leur temps. A H : C'est vrai. B & C : En particulier quand on connaît le contexte de leur création. On se demande qui a bien pu soutenir ce film ? Qui a eu l'audace de le produire ? A H : J'aurais adoré travailler avec de tels cinéastes. B & C : Je vous comprends... Ensuite, quel est votre film préféré ? A H : Il y a ce film bengali, On A Lonely Beach, qui n'est pas aussi connu que certains des travaux de Satyajit Ray mais qui est sûrement l'un de mes films favoris, en effet.
EVIDEMMENT, IL Y A AUSSI LE CINÉMA FRANÇAIS QUE J'ADORE... B & C : On tient donc une place dans votre cœur... A H : En effet ! (rires) B & C : Un acteur avec lequel vous rêveriez de travailler ? A H : J'adorerais travailler avec Anthony Hopkins et Ben Kingsley. Ils sont tous deux d'excellents acteurs. Et puis, il y a aussi des acteurs russes dont j'ai oublié les noms, hélas... J'ai récemment vu ce film russe, Le Retour, et j'ai été impressionné par la sincérité de son casting. B & C : Votre meilleur souvenir de tournage ? A H : Gérard Depardieu ! C'est en tout cas mon souvenir le plus drôle ! (rires) Il est hilarant ! C'était à Taïwan pour L'Odyssée 060
de Pi. (Adil se met à imiter à la perfection Gérard Depardieu et provoque un fou rire général). B & C : Alors c'est peut-être lui, votre partenaire préféré ? A H : Oui, effectivement ! Il est venu jusqu'à ma loge pour se présenter, comme si je ne le connaissais pas... (rires) Qui ne connait pas Gérard Depardieu ? (rires) Sur le tournage, nous n'arrêtions pas de rire. Tabu (actrice de L'Odyssée de Pi, ndlr) aussi était hilare ! C'était formidable. B & C : Enfin, Adil, un dernier mot pour décrire votre parcours ? A H : Deux mots me viennent à l'esprit. Reconnaissant et fantastique. Je n'ai rien à redire, tout est superbe ! Je n'aurais jamais pensé être ici, à parler de mon art.
J'AI TOUJOURS VOULU ÊTRE ACTEUR, CERTES. MAIS TOUTES CES OPPORTUNITÉS ET CETTE RECONNAISSANCE QUE JE REÇOIS, C'EST FABULEUX. JE NE PEUX PAS EN DEMANDER PLUS. JE SUIS SIMPLEMENT TOUCHÉ PAR LA BEAUTÉ DE LA VIE.
? L E SAVIE Z-VO US ? Vous pouvez retrouver Adil Hussain à la distribution de la série indienne Delhi Crime, disponible sur la plateforme Netflix.
E N A C T I O N L ’ A V E N T U R E B O L LY & C O # 2
Écrire pour exister. MOTS PA R ASMA E BENM ANSOUR
LA VALEUR ÉCOLE A TOUJOURS ÉTÉ CENTRALE DANS MON ÉDUCATION. Il fallait que j’aie de bonnes notes pour réussir, trouver du travail et être sécure financièrement. C’est la moelle épinière de mon instruction. Le fer de lance de ma mère. Il n’y a jamais vraiment eu de place pour quoique ce soit d’autre. Ni loisirs, ni amis. Tout tournait autour de la scolarité. A tel point qu’à 16 ans, je ne savais même pas définir ce que j’aimais. Encore moins qui j’étais.
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A la maison, on a eu accès à Internet assez tard, l’année de mes 17 ans. C’est d’ailleurs à ce moment-là que ma vie a changé.
L’ANNÉE DURANT LAQUELLE J’AI REGARDÉ MON PREMIER FILM INDIEN, KUCH KUCH HOTA HAI, ET QUE JE ME SUIS PRISE UNE CLAQUE DONT J’ENTENDS ENCORE LE RETENTISSEMENT AUJOURD’HUI.
EN DÉCOUVRANT LE CINÉMA INDIEN, J’AI EU LE SENTIMENT D’AVOIR ACCÈS À UNE PORTE OUVERTE SUR LE MONDE. Sur sa grandeur et sa richesse. Pour la première fois, j’avais les yeux ouverts et l’envie de découvrir. J’avais faim du monde, et j’étais insatiable. Cinéma indien, films de l’âge d’or américain, littérature anglaise, théâtre shakespearien... Je vivais pour apprendre.
ET EN APPRENANT, JE GRANDISSAIS. JE DEVENAIS MOI. Très vite, j’ouvre mon blog. Parce qu’enfin, j’ai des choses à dire. Et surtout, je me sens légitime. Alors certes, je n’ai vu que 15 films indiens. Je suis donc loin d’être une experte en la matière. Nous sommes alors en 2008. Mais je me sens animée par une passion folle, comme si je découvrais l’ampleur de l’existence à ce moment-là.
COMME SI JE NAISSAIS DE NOUVEAU. Cette passion me réveille autant qu’elle me consume, car ma réalité me rappelle souvent qu’il n’y a que peu de place pour les rêves.
IL ME FAUT UN ESPACE D’EXTÉRIORISATION, UN ENDROIT OÙ MON ÉNERGIE ET MA CURIOSITÉ SERONT ENTENDUES.
Internet sera ma porte de sortie, et le blog mon journal de bord. Sur la toile, je pose mes mots sur ces films qui m’ont bouleversées, sur ces artistes qui me touchent en plein cœur.
ET JE DÉCOUVRE QUE MA PLUME PLAÎT, QU’ELLE TOUCHE DES GENS. Ce blog était un espace pour moi, que j’avais presque investi égoïstement. Mais des lecteurs se le sont appropriés et me congratulaient sur mes écrits.
EN PLUS DE PARLER AVEC MON ÂME, JE PRENDS CONSCIENCE D’UNE CHOSE ESSENTIELLE ET DÉTERMINANTE POUR LA SUITE DE MON PARCOURS : LE FAIT QUE J’AI DU POTENTIEL. Ce blog aura surtout été vecteur de lien, de rencontres et de longues amitiés. Certaines durent encore à ce jour. Et oui, comment croyez-vous que l’équipe Bolly&Co s’est formée ?
NOUS NOUS SOMMES TOUTES CONNUES GRÂCE À NOS BLOGS RESPECTIFS. Et me voilà en 2019, à écrire encore. Parce que c’est ce que je sais faire de mieux. Et que je vis pour ça.
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NOUVEL ESPOIR A PA R S H A K T I K H U R A N A
NOUVEL ES P O I R
A PA R S H A K T I K H U R A N A , le talent dans le sang. MOTS PAR FATI MA ZAHRA EL AHM AR P HOTO G RAP HI E I N STAG RAM (@APARSHAKT I_KHURANA)
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SON NOM DE FAMILLE VOUS RAPPELLE PROBABLEMENT QUELQU'UN. Ses traits font directement penser à son grand frère, Ayushmann Khurrana. Pourtant, Aparshakti Khurana suit son propre parcours. Il est là pour durer, mais il est surtout là pour construire sa carrière à son rythme et selon ses propres inspirations. Contrairement à son aîné, qui a fait son entrée à Bollywood avec un rôle principal dans Vicky Donor, Aparshakti adopte une approche différente.
CAR C'EST AU TRAVERS DE RÔLES SECONDAIRES QU'IL S'ILLUSTRE, ET ÇA NE LE DÉRANGE PAS LE MOINS DU MONDE ! Plus encore, cela ne l'empêche pas de se faire remarquer, tantôt par la sensibilité de ses prestations, tantôt pour son timing comique impeccable.
S e s prem i e r s p a s d a ns l a v i e . Le trentenaire est né le 18 novembre 1987 à Chandigarh. Son père, P. Khurrana, est politicien, astrologue et écrivain, tandis que sa mère Anita est femme au foyer. Avec son frère Ayushmann, ils vivent une enfance normale, sans contact dans l'industrie du cinéma. Si l'aîné de la famille Khurrana s'est toujours imaginé acteur, Aparshakti ne savait pas vraiment quoi faire de sa vie. Sans quitter sa ville natale, il suit un cursus dans le droit et devient avocat. Métier qu'il exerce pendant un certain temps dans la ville de Delhi. Seulement, en s’intéressant de plus en plus aux émissions radiophoniques, il saute le pas et change de carrière.
C'est ce premier pas qui marque le début de son ascension jusqu'aux portes de Bollywood. D'animateur radio à présentateur de télévision, le jeune homme se fait remarquer petit à petit, et ce sans jamais utiliser la popularité grandissante de son frère aîné.
EN 2016, IL SIGNE LE MÉTRAGE DANGAL, SON PREMIER RÔLE, DANS UN FILM PORTÉ PAR NUL AUTRE QUE LE GRAND AAMIR KHAN ! « Quand les gens me croisent dans la rue,
il m'appelle Omkar de Dangal ou Bittu de Stree. Je ne pense pas que beaucoup d'entre eux savent qu'Ayushmann est mon frère, » révèle-t-il dans une des
nombreuses interviews qu'il livre suite au succès de Stree. L'acteur parle à coeur ouvert de ce changement de vie assez soudain. Mais aussi de la relation qu'il partage avec son frangin. « Et quand ils le découvrent
(sa filiation, ndlr), certains sont choqués de l'apprendre, et d'autres nous disent que nous avons la même voix, » dit-il à un journaliste de PTI News. Le fait est que les deux hommes ont emprunté des sillages différents. Et si les frères Khurrana ont le talent dans le sang, Aparshakti semble prendre plus de temps afin de choisir ses rôles et de s'affirmer. Chose qu'il relève également en ajoutant : « Je crois que le
public ne nous associe pas l'un à l'autre parce que nous évoluons dans deux espaces distincts. Jusqu'ici, mon aventure est différente de la sienne. »
Il veu t se fai re u n p réno m . Le népotisme à Bollywood n'est pas un sujet nouveau. Des opportunités s'offrent à des > 067
débutants parce qu'ils ont de bons contacts et des nouvelles chances se multiplient pour ceux parmi eux qui accumulent les faux pas, tout simplement parce qu'ils sont les enfants d'untel. Quelque part, le plus jeune des frères Khurrana ne s'en préoccupe pas. « En y repensant, mon parcours est
différent de ceux de ces frères, soeurs, fils ou filles de stars. C'est peut-être une des raisons pour lesquelles les médias ne me remettent pas en question, ils ne me mettent pas dans le bateau du népotisme. » Car là où les personnes liées à des célébrités commencent leur carrière avec un rôle principal, Aparshakti préfère quant à lui opter pour des personnages qui mettent son potentiel en valeur.
PEU IMPORTE QU'IL Y INCARNE LE COUSIN, LE MEILLEUR AMI OU MÊME L'ENNEMI DE LA TÊTE D'AFFICHE. En ce sens, il me rappelle les débuts au cinéma d'Aditya Roy Kapur. Animateur à la télévision, il débarque à Bollywood avec un rôle secondaire dans London Dreams, en 2009. Son frère, Sidharth Roy Kapur, est l'un des producteurs de films les plus influents de l'industrie. Pourtant, Aditya a préféré mener son chemin par lui-même.
ET APARSHAKTI KHURRANA PARTAGE CETTE CONVICTION. Tout semble aller à merveille pour lui. Ses performances sont largement appréciées et il se fait de plus en plus remarquer. Son rôle de cousin des soeurs Phogat dans Dangal lui vaut un Star Screen Award du Meilleur Espoir en 2018. Et en 2019, c'est pour le rôle de Bittu dans Stree qu'il remporte le Lions Gold Award du Meilleur Acteur dans un rôle comique, en plus d'une nomination aux Filmfare Awards. 068
« Personne n'est venu me voir pour me
dire que j'ai été lancé par untel ou untel. J'en suis encore au stade où j'interprète l'ami du héros. Beaucoup de fils de stars n'ont pas joué ce rôle, mais je l'ai fait sans problème. » Après Dangal et avant Stree, c'est dans d'autres rôles de second plan qu'il brille : dans le méconnu Saat Uchakkey avec Manoj Bajpayee et Kay Kay Menon, le populaire Badrinath Ki Dulhania avec Varun Dhawan et Alia Bhatt ou encore le second volet de Happy Bhag Jayegi avec Sonakshi Sinha et Jimmy Shergill. Sa filmographie inclut également un métrage face à Rishi Kapoor et Anirudh Tanwar, intitulé Rajma Chawal, et plus récemment Luka Chuppi avec Kartik Aaryan et Kriti Sanon.
QUOIQU'IL EN SOIT, LE JEUNE ACTEUR NE SE PRÉOCCUPE PAS DE PLANIFIER CHAQUE ÉTAPE DE SA CARRIÈRE. Il fait partie de ceux qui se fient à leur intuition au moment de signer un nouveau projet. « Durant mes années d'études, je
calculais au moindre détail chaque mouvement. Je planifiais autant ma vie personnelle que professionnelle et ça n'allait pas toujours dans le bon sens. Je pense que lorsque l'on se force à baliser son avenir, on a le coeur brisé quand ces plans ne se matérialisent pas, » affirme le jeune acteur, qui réaffirme son mode de pensée. « Je ne me dis pas que "je vais
faire ça maintenant". Je me contente simplement de faire ce que je veux, de la manière dont je le veux et selon ce qui vient à moi. »
Une carri ère et u ne v i e p ri vée
qu i fo nt bo n mén a g e . Aparshakti Khurrana n'a peut-être pas tort. Ses débuts dans Dangal, suivi de rôles discrets et efficaces jusqu'au succès de Stree, sont des événements qui lui ont ouvert des portes. Sa vie professionnelle est à l'image de sa vie personnelle, fleurie d'amour et d'épanouissement. Pour ceux qui ne le savent pas, le petit frère d'Ayushmann Khurrana est un homme marié ! Cela fait 4 ans qu'Aakriti Ahuja et lui se sont dits oui. Ils se sont rencontrés dans leur ville natale, et l'acteur n'hésite pas à lui démontrer son amour, notamment via ses posts Instagram.
POUR LEUR QUATRIÈME ANNIVERSAIRE DE MARIAGE, APARSHAKTI A PUBLIÉ UN MESSAGE DESTINÉ À SON ÉPOUSE. « Merci Kuckoo d'avoir dit OUI à MON
IDEE de mariage. Jamais je ne me suis senti autant aimé et spécial. Merci infiniment pour tous ces merveilleux souvenirs. Créons-en plus encore dans les années à venir. » Actuellement étudiante
pour compléter un master en gestion d'entreprise (le fameux MBA), Aakriti Ahuja est également une audacieuse femme d'affaire. Elle a fondé une entreprise qui porte le nom >
L'ÉQUIPE DU FILM LUKA CHUPPI
SUR LE TOURNAGE DU FILM KANPURIYE
de La Feria Events. Sa rencontre avec Aparshakti s'est faite durant un cours de danse de Shiamak Davar.
ET DEPUIS, LES TOURTEREAUX SONT INSÉPARABLES. ILS LE SONT D'AUTANT PLUS AUJOURD'HUI, ALORS QUE L'ACTEUR SE PRÉPARE À SES PROJETS FUTURS.
Po ur l a s ui te ...
La vedette de télévision Karan Wahi y tiendra le rôle principal.
QUANT À APARSHAKTI, IL Y INTERPRÉTERA LE PREMIER RÔLE NÉGATIF DE SA CARRIÈRE. « J'aimerais choquer tout le monde avec
ce rôle de méchant. Avec mes sourcils denses, je pense que je peux yarriver,
» dit-il en parlant de l'oeuvre. Pour l'heure, le jeune acteur préfère se faire discret. Il accepte les opportunités qu'on lui propose, tout en gardant son réalisme. « Saat
En plus d'être le présentateur de l'émission musicale Om Shanti Om, diffusée sur la chaine Star Bharat, Aparshakti Khurrana enchaîne les contrats de tournage.
Uchakkey, produit par Neeraj Pandey, est le tout premier projet qu'on m'a proposé. Je ne pouvais pas le refuser. C'est le tout premier rôle que j'ai décroché avec mérite. »
IL SE JOINT AU CASTING DE STREET DANCER, PROCHAIN FILM DE REMO D'SOUZA AVEC VARUN DHAWAN, SHRADDHA KAPOOR ET PRABHU DEVA.
IL SEMBLE VOULOIR RESPECTER SA VOLONTÉ DE BÂTIR SON ÉDIFICE À BOLLYWOOD, UNE PIERRE À LA FOIS.
Il intègre également la distribution du film de Prashant Singh, Jabariya Jodi, dans lequel Parineeti Chopra et Sidharth Malhotra se donneront la réplique pour la seconde fois depuis Hasee Toh Phasee. Il a également le métrage Kanpuriye sur sa liste, réalisé par Ashish Aryan et avec un casting composé de Divyendu Sharma et Harshhita Gaur.
TOUTEFOIS, LE PROJET LE PLUS INTÉRESSANT QUI L'ATTEND EST PROBABLEMENT BABBU KI JAWANI, MENÉ PAR UN RÉALISATEUR DÉBUTANT, AMRITPAL SINGH BINDRA.
? LE SAVIEZ-VOUS ? Aparshakti est aussi chanteur, tout comme son frangin ! En mai dernier, il est d'ailleurs dirigé par sa belle-soeur Tahira Kashyap pour le clip de la chanson "Kudiye Ni", qu'il interprète en duo avec Neeti Mohan. Dans la vidéo, c'est l'actrice punjabi Sargun Mehta qui lui fait face.
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NOUVEL ES P O I R
Stree
M OTS PA R FAT I M A Z A HRA EL A HMAR
LE FOLKLORE INDIEN REGORGE DE CONTES ET DE LÉGENDES, AUXQUELS CROIENT ENCORE BEAUCOUP DE GENS. LA LÉGENDE DE STREE EN EST UN PARFAIT EXEMPLE. Pendant une période festive qui dure 4 jours et 4 nuits, aucun homme ne doit s’aventurer hors de chez lui lorsqu’il fait noir. S’il est seul, l’esprit d’une femme s’attaque à lui, l’enlève en ne laissant derrière lui que ses vêtements. Le film se déroule dans la petite ville de Chanderi, dans l’Etat du Madhya Pradesh. Tous ses habitants croient profondément en cette légende. Chaque année, quand le festival s’approche, ils inscrivent à leur porte une phrase avec du sang de chauve-souris, pour éloigner l’esprit maléfique. « Stree, reviens demain. » De son côté, Vicky (Rajkummar Rao) n’y croit pas. Il se positionne comme un homme moderne, et estime que ces histoires ne sont que des sottises. Le métrage montre la superstition inscrite dans les mœurs et les coutumes de toute une communauté. C’est une image réelle qui, malgré l’humour du film, fait un peu froid dans le dos, quand on y réfléchit bien. 072
Dans une scène qui fait suite à la disparition d’un jeune homme, tous ses amis se retournent contre Vicky. A leurs yeux, il en est responsable parce qu’il a effacé la réplique protectrice. Même si le but initial du métrage n’est pas de pointer l’effet que la superstition a sur ses croyants, je trouve que c’est ce message qui en ressort. Quand Vicky rencontre une mystérieuse jeune femme (Shraddha Kapoor) dont il pense être amoureux, l’un de ses meilleurs amis commence à se poser des questions. Bittu (Aparshakti Khurana) se rend effectivement compte des similarités entre la belle et Stree. Car personne ne l’a jamais vu à l’exception de Vicky, elle n’est dans le village que durant les 4 jours du festival et elle formule des demandes particulières au jeune homme.
EN METTANT DE CÔTÉ LA LONGUEUR DU FILM ET SON RYTHME ASSEZ LENT, STREE EST UNE BELLE EXPÉRIENCE CINÉMATOGRAPHIQUE. Les comédies horrifiques sont rares. Elles sont même rarement réussies. Le dernier dont je garde un agréable souvenir reste Pizza 3D, sorti en 2014 avec Akshay Oberoi dans le rôle principal. Pour ce qui la concerne, l’oeuvre d’Amar Kaushik se défend bien. Le cinéaste n’en fait pas trop et adopte une approche simple quoique suffisamment efficace pour accrocher le spectateur. Même si le caractère d’épouvante ne fait pas vraiment peur, l’intrigue est bien menée. Cela dit, ma notion de l’horreur n’est pas similaire à d’autres, je le conçois. Je me suis notamment retrouvée à pouffer de rire devant des films du genre qui ont fait frémir nombre de spectateurs à travers le monde, donc...
EN CE QUI CONCERNE LE CÔTÉ HUMORISTIQUE DE STREE, JE TROUVE QU’IL EST EN GRANDE PARTIE PORTÉ PAR APARSHAKTI KHURANA. A l’exception de Shraddha Kapoor que je trouve encore une fois très fade, le reste du casting tient ses promesses. Je ne remets pas en question les scènes père-fils entre Atul Srivastava et Rajkummar Rao, sur les besoins des jeunes hommes et leur trop plein d’énergie. C’était particulier, mais drôle. Pankaj Tripathi est tout aussi excellent dans son rôle. Pourtant, si je devais choisir l’acteur au meilleur timing comique, ce serait sans doute Aparshakti. Bittu n’a pas besoin de parler pour marquer l’humour. Il suffit de voir les expressions sur son visage pour avoir le sourire. Il est naturel, jamais excessif, et sa prestation a réussi à m’accrocher dès les
premières scènes. Le « Vicky, pleaaaase! », je risque de m’en souvenir pendant un moment ! Et il maintient son humour jusqu’au bout. Même quand le film arrête de le faire et commence à se prendre un peu trop au sérieux. C’était également agréable de le voir autant à l’écran. En lisant qu’il n’était que le pote du héros, je m’attendais à ce que ses scènes soient plus limitées. C’est vrai, Bittu n’est pas le centre de l’attention et personnellement, j’aurais bien aimé en voir encore plus. Mais il y est suffisamment pour mettre son talent comique en évidence.
JE PEUX M’ÉTALER BIEN PLUS ENCORE SUR L’ADMIRATION QUE J’AI POUR LE MESSAGE QUE STREE ESSAIE DE DÉLIVRER. Le conseil donné aux hommes de ne pas sortir seul à partir d’une certaine heure, de toujours être accompagnés, c’est un miroir des mêmes règles imposées aux femmes pour leur sécurité. Pourtant, difficile d’y croire jusqu’au bout quand la première heure du film contient un item number de Nora Fatehi. J’aime bien la chanson, le rythme est accrocheur, la mise en scène n’est pas entièrement dégueulasse, mais le clip est ce qu’il est : des hommes qui dansent lascivement autour de la femme qu’ils ont payé pour se divertir. Cette maladresse mise de côté, Stree reste agréable à regarder. Le genre est respecté sans en faire trop, et la majorité des acteurs collent très bien à leurs rôles respectifs. L’humour y est, l’intrigue également. Je ne dirais pas que la peur et l’horreur y sont aussi. Mais si ça se trouve, d’autres personnes flipperont durant le visionnage...
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CINÉMA DU NORD AU SUD
CINÉMA DERRIÈRE LA CAMÉRA
Dans toutes les industries cinématographiques, ce sont les acteurs à l’affiche des productions qui obtiennent la plus grande part du gâteau. Leurs noms sont placardés partout, et ils ont droit aux chèques les mieux garnis. Pourtant, sans les personnes qui travaillent dans l’ombre, un film n’en serait pas un. Le septième art est une passion que nous partageons, nous spectateurs, avec les cinéastes. Pour faire un bon film, il faut avoir plus que de simples acteurs : un réalisateur avec le bon œil, un scénariste imaginatif, un chef opérateur avec une touche artistique, et bien d’autres artisans indispensables… Avec « Derrière la caméra », découvrez grâce à Bolly&Co un métier lié au cinéma (avec ce qui fait sa spécificité dans le sous-continent) à chaque nouvelle édition du magazine.
SILENCE… MOTEUR… ACTION !
LE CAMÉRAMAN MOTS PAR FATI MA ZAHRA EL AHM AR P HOTO G RAP HI E DU FI LM 96 ( 201 8)
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Un caméraman, c’est quoi ? Les termes techniques pour qualifier le caméraman peuvent différer. Cadreur ou opérateur de prise de vue, les trois appellations précitées désignent le même métier. C’est le technicien qui se trouve aux commandes de la caméra.
IL EST LE RESPONSABLE PRINCIPAL DU CADRAGE DE LA SCÈNE, PARFOIS DE SA PROPRE INITIATIVE, MAIS SOUVENT SOUS LES DIRECTIVES DU RÉALISATEUR. Courts-métrages, longs-métrages, aussi bien au service de productions télévisées qu’au cinéma, la responsabilité des angles et des prises de vue lui incombe. En d’autres termes, c’est à lui de s’assurer que le cadre décidé par le réalisateur soit respecté. Selon les diverses prises, il doit suivre le mouvement des acteurs, les déplacements des différents objets, garder le focus sur un élément, zoomer, s’éloigner... Le tout en respectant la vision que le cinéaste souhaite capturer.
LE CAMÉRAMAN EST LE RESPONSABLE DE L’IMAGE, SURTOUT D’UN POINT DE VUE QUALITATIF. Le cadre qu’il choisit doit répondre à un besoin particulier. Selon les situations, les équipes impliquées et le type de vidéo qu’il tourne, il doit toujours faire preuve d’une grande capacité d’adaptation. Le métier de caméraman peut s’exercer dans des situations distinctes et être dans l’une et/ou l’autre des catégories suivantes. La première concerne un environnement stable, comme un plateau de tournage. 078
Le caméraman, avec son casque sur la tête et son œil sur l’écran de contrôle. Il répond aux exigences, mais peut tout de même émettre ses propositions, ou suggérer des cadres pertinents de par son expérience. Tout cela au service d’une oeuvre de fiction qui suit un script prédéfini. La deuxième concerne le caméraman de reportage. Il est mobile, dynamique. Il accompagne un journaliste ou une petite équipe. Et sa caméra capture sa vision des choses en s’adaptant à une réalité qu’il ne peut prévoir.
SON MÉTIER DOIT TOUTEFOIS ÊTRE EN HARMONIE AVEC D’AUTRES DE SES COLLABORATEURS : LE DIRECTEUR ARTISTIQUE, LE TECHNICIEN D’IMAGE, LES TECHNICIENS CHARGÉS DE L’ÉCLAIRAGE... Tous ensemble, ils forment une équipe qui se complète pour aboutir à un résultat satisfaisant. Une image bien cadrée ne vaut rien si elle est mal éclairée. Un design capturé à travers la caméra ne vaut rien s’il n’est pas en mesure de refléter le message artistique que le réalisateur cherche à émettre. D’ailleurs, rien n’empêche qu’un cameraman porte également la casquette de directeur artistique, et inversement. Il est important de souligner que le travail sur l’image nécessite un effort collectif. Plusieurs métiers convergent pour qu’une oeuvre visuelle porte ses fruits.
Le caméraman, vu par l’industrie du cinéma. C’est peut-être l’un des métiers les moins récompensés dans l’industrie
Ranbir Kapoor dans le film Yeh Jawaani Hai Deewani
cinématographique. Pourtant, nous pouvons tous admettre qu’un film sans cameraman ne verrait pas le jour.
Meilleure Direction Artistique, Meilleure Photographie, Meilleurs Costumes, Meilleurs Effets Spéciaux...
MALHEUREUSEMENT, COMME BEAUCOUP D’AUTRES MÉTIERS TRÈS TECHNIQUES, UN CAMÉRAMAN N’A PAS DROIT À SA PROPRE CATÉGORIE DE PRIX LORS DES CÉRÉMONIES DE RÉCOMPENSES.
LE CAMÉRAMAN EN RECHERCHE DE RECONNAISSANCE PEUT DONC ESPÉRER GRIMPER LES ÉCHELONS, PASSER UN JOUR AU POSTE DE DIRECTEUR PHOTO OU DE DIRECTEUR ARTISTIQUE, ET CE DANS L’ESPOIR DE VOIR SES EFFORTS ENFIN RECONNUS.
Certaines d’entre elles contiennent pourtant des catégories techniques. Cela dit, elles se limitent uniquement à l’aspect artistique :
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CINÉMA BILAN
KARTIK AARYAN & NUSHRAT BHARUCHA Il faut du temps ? M OTS PA R AS M A E B E N M AN SO UR IL LU STRAT I O N PA R E LO DI E HA MI DOV I C 080
POUR CE NUMÉRO SUR LA THÉMATIQUE DES DUOS ICONIQUES, IL ÉTAIT INCONTOURNABLE POUR MOI D'ÉVOQUER UN COUPLE POPULAIRE À L'ÉCRAN, QUI A SU SÉDUIRE PAR SA FORMIDABLE COMPLICITÉ ET SON PANACHE.
était largement antérieur à leur actuelle popularité. Puisqu'au moment de travailler sur ce numéro, ils étaient partout. Enfin, surtout Kartik. Et soudainement, ce choix ne nous semblait plus pertinent. Nous pensions que le succès de Sonu Ke Titu Ki Sweety l'amènerait à nous surprendre. Mais non, il s'enferme d'ores et déjà dans le carcan du jeune premier niais et insipide.
On ne citera pas les inénarrables Shahrukh Khan et Kajol. Parler d'eux aurait largement relevé de la facilité. L'équipe et moi-même voulions d'un couple frais et moderne, qui s'inscrive parmi la nouvelle génération d'acteurs en vogue à Bollywood. Nous nous sommes creusées les méninges, pour arriver à la conclusion qu'aujourd'hui, la tendance des 'jodis' était amenée à disparaître.
dépend de votre conception de la jeunesse, mais ce n'est pas le débat !
ET PUIS, J'AI PENSÉ À KARTIK AARYAN ET NUSHRAT BHARUCHA. Parce qu'à l'époque, ils signaient un nouveau succès avec la comédie Sonu Ke Titu Ki Sweety. Et moi, j'avais beaucoup aimé leur complicité dans les Pyaar Ka Punchnama, mais surtout dans le drame romantique Akaash Vani. Je vous entends d'ici...
" Ouais, bah je suis sûre qu'Asmae, elle les a choisi parce que Kartik, c'est trop un beau gosse et qu'on le voit partout en ce moment..." Pauvre de vous. Parce qu'il faut savoir que notre planning et le choix des personnalités en couverture de nos éditions se décident sur deux années. Alors autant vous dire que le choix de mettre en avant Kartik et Nushrat
" Elle commence déjà à râler, la vieille... " Je ne suis pas vieille. Enfin, ça
TOUT COMMENCE EN 2011, ANNÉE DE SORTIE DE LA COMÉDIE PYAAR KA PUNCHNAMA. Succès surprise de l'an, le métrage s'appuie sur un casting d'acteurs inconnus, dont Kartik Aaryan et Nushrat Bharucha. C'est le premier film de l'acteur, tandis que la comédienne a déjà donné de sa personne dans des films comme Love Sex Aur Dhokha ou encore Kal Kisne Dekha. Bon, autant vous le dire tout de suite, le film est d'une misogynie sans nom (ce qui deviendra par ailleurs le fer de lance de son réalisateur, Luv Ranjan, mais on y reviendra...).
COMME SOUVENT À BOLLYWOOD, UN PLÉBISCITE COMMERCIAL N'ASSURE PAS UNE CARRIÈRE, ET IL FAUDRA ATTENDRE DEUX ANS AVANT DE RETROUVER LES DEUX COMÉDIENS. Et il faut le dire, avec cette seconde collaboration, ils me clouent le bec ! En effet, Luv Ranjan se départ de son sexisme habituel et livre un drame romantique bouleversant > 081
sur la condition de la femme, dans lequel il associe de nouveau Kartik à Nushrat...
AVEC AKAASH VANI, JE ME PRENDS UNE CLAQUE. COMMENT VOUS DIRE QUE J'AI ADORÉ ? " Mais comment il est trop beau, ce film ! De l'émotion, des personnages forts et attachants, un casting qui sait y faire... Le ciel soit loué ! #Jesuisuneguimauve " C'est avec ce métrage que la complicité entre Kartik et Nushrat me saute aux yeux. Ils sont alors méconnus du public indien et totalement inexistants pour le public français. Malgré la qualité d'Akaash Vani et du travail de ses vedettes, leurs carrières continuent de stagner. Quel injustice !
CAR LE FILM NE RAPPORTE PAS VRAIMENT D'ARGENT ET NE REPRODUIT PAS LE CARTON DE PYAAR KA PUNCHNAMA. Luv Ranjan se dit alors qu'il doit retourner à ses vieilles affaires : écrire des comédies qui présentent les femmes comme des idiotes capricieuses et sur des hommes à plaindre tant ils essayent de les comprendre... Mais nous n'en sommes pas encore là ! En attendant la prochaine idée brillante (point de sarcasme ici, non...) du cinéaste, il faut bien que les acteurs mangent ! Du coup, Kartik joue dans Kaanchi - The Unbreakable, film de Subhash Ghai dont la qualité est très douteuse. Une mise en scène semblable à un film des années 1980, une distribution en roue libre... Rien de bien intéressant. Suivant ! De son côté, Nushrat donne la réplique à Jimmy Shergill dans le film d'horreur Darr @ 082
the Mall. Puis, dans un registre plus douloureux, elle est au casting de l'oubliable (et oublié) Meeruthiya Gangsters. C'est nul mais ça paie les factures. Le film suivant de Luv Ranjan, Pyaar Ka Punchnama 2, sort en salles en 2015, ce qui permet aux deux acteurs de se retrouver pour leur troisième association et (au passage) de renouer avec le succès... Mais pas avec la magie.
" Oui enfin bon, il est bien gentil, Luv Ranjan, mais c'est quand, qu'il se remet à écrire une histoire acceptable comme il l'avait fait avec Akaash Vani ? "
IL N'EN A CURE, D'AUTANT QUE CETTE SUITE DU MÉTRAGE DE 2011 RÉALISE DE TRÈS BONS SCORES AU BOX-OFFICE. Ce qui ne permet toujours pas à ses acteurs de percer...
VOUS L'AUREZ COMPRIS, JE SUIS CONTRARIÉE. Parce qu'on n'a pas le droit de me faire kiffer avec un film aussi beau qu'Akaash Vani (dont l'un des atouts majeurs est clairement son duo vedette) pour ensuite exploiter Kartik et Nushrat au service d'une pauvre comédie sans saveur !
NON, C'EST INTERDIT PAR LA LOI ! PAR LA MIENNE, EN TOUT CAS ! Et comme la quittance de loyer ne va pas se payer toute seule, Kartik est le héros de Guest Iin London, une comédie sympathique mais pas franchement mémorable dans laquelle il fait face à la belle Kriti Kharbanda. De l'autre côté, Nushrat galère un peu. Faut dire qu'elle a déjà 30 berges, la pitchoune, dépassant ainsi la date de péremption des actrices indiennes bankable...
J'aimerais que ce soit ironique, je vous jure. Mais c'est malheureusement l'un des milles travers qui réside dans l'industrie de Bollywood. La belle a beau avoir la même tête depuis 10 piges (syndrome de Siddharth Narayan*, bonjour...), ça ne change rien. Son film tamoul Vaaliba Raja, après 3 ans de postproduction, sort en 2016 dans l'indifférence générale.
EN DÉBUT D'ANNÉE 2018, LE DUO FAIT SON GRAND RETOUR AVEC SONU KE TITU KI SWEETY. Ce qui me semble être un triangle amoureux au ton très léger est de bien meilleur augure que leur dernier métrage commun. Sans éprouver une impatience folle, je me réjouis tout de même de cette nouvelle.
" Enfin un registre différent pour mes chouchous ! Ô joie, ô bonheur ! #AsmaeCalmeToi "
PUIS, JE VOIS LE FILM... ET JE SUIS ENNUYÉE. Dans un sens, je suis agréablement surprise par la trame qui n'est PAS DU TOUT un triangle amoureux ! Et de l'autre, je suis déçue par Kartik, qui propose une redite des rôles qui ont fait sa gloire dans les deux Pyaar Ka Punchnama... Aucune surprise !
EN REVANCHE, NUSHRAT EST IMPÉRIALE EN ANTAGONISTE CALCULATRICE. Elle brise l'image de jeune fille douce que je lui connaissais dans Akaash Vani et prouve > *Siddharth Narayan est un acteur du sud de l'Inde âgé de 40 ans, mais dont le visage est le même depuis ses débuts au cinéma en 2003 dans Boys. 083
ainsi qu'elle est capable de prendre des risques, même au service d'un personnage à l'écriture très caricaturale ! C'est donc elle qui aurait dû voir son potentiel révélé au plus grand nombre grâce au succès du film, qui devient l'un des premiers 'hit' de l'an... Et bien, non ! Parce que c'est Kartik qui attire davantage l'attention. Pourquoi ? J'en n'ai pas la moindre idée !
DEPUIS, IL EST PARTOUT. VRAIMENT PARTOUT. A L'EXCÈS. ET C'EST PÉNIBLE. Pas parce qu'il n'est pas talentueux, mais parce qu'il s'enferme dans un registre qui risque de littéralement me les briser : celle du Chocolate Boy superficiel. Parce qu'après 084
Sonu Ke Titu Ki Sweety, Kartik s'illustre (ou pas, plutôt) dans Luka Chuppi, comédie de moeurs sur le concubinage...
POURQUOI PAS ? SAUF QUE J'AI L'IMPRESSION QU'IL CAMPE LE MÊME PERSONNAGE QUE DANS LE FILM DE SES DÉBUTS. ENCORE. ET CE N'EST PAS TOUT ! " Hélas... #Dépit " Il jouera dans deux autres films romantiques, qu'il s'agisse du remake de Pati Patni Aur Woh ou du prochain film d'Imtiaz Ali avec...
(surprise)... Sara Ali Khan ! Non je n'ai rien contre elle, bien au contraire ! Mais l'acteur doit beaucoup à Sara concernant le buzz qui existe aujourd'hui autour de lui. Car la belle l'a cité lors de son passage dans le talk-show (très commenté) de Karan Johar. Internet s'emballe, et les producteurs s'intéressent enfin à lui, comme si soudainement, Kartik Aaryan apparaissait sur la mappemonde de l'industrie !
POURTANT, LE GAILLARD FAIT DU CINÉMA DEPUIS PLUS DE 7 ANS, ON NE PEUT CLAIREMENT PAS DIRE QUE C'EST UN AMATEUR... De fait, l'intérêt qu'il suscite me semble faussé. Non, ce n'est parce qu'il est doué qu'on s'intéresse à lui, mais parce qu'il devient une star grand public. Quelqu'un qui sera susceptible de générer du profit rien qu'avec son nom.
ET C'EST SOUVENT LÀ QUE CERTAINS COMÉDIENS SE PERDENT . Qu'ils préfèrent signer des films qui maintiendront leur côte de popularité au détriment de leur sensibilité d'artiste.
SI VOUS TAPEZ SON NOM SUR GOOGLE, VOUS VERREZ QUE NOMBRE D'ARTICLES ÉVOQUENT DAVANTAGE SON HYPOTHÉTIQUE VIE AFFECTIVE (EST-IL EN COUPLE AVEC SARA ? OU BIEN AVEC LA JEUNE ANANYA PANDEY ?) QUE SES PROJETS CINÉMATOGRAPHIQUES.
JE CROIS DAVANTAGE EN L'AVENIR DE NUSHRAT, DONT LES MÉTRAGES À VENIR (TURRAM KHAN AVEC RAJKUMMAR RAO ET DREAM GIRL AVEC AYUSHMANN KHURRANA) SEMBLENT REPRÉSENTER DE VÉRITABLES PRISES DE RISQUE. Pour conclure, je dirai que Kartik est l'illustration d'un succès soudain qui ne prend pas sens, en comparaison avec sa co-star de prédilection qui, de son côté, aurait bien plus mérité d'être sous les feux des projecteurs...
MAIS SI LA POPULARITÉ ÉTAIT PROPORTIONNELLE AU MÉRITE, ÇA SE SAURAIT, N'EST-CE PAS ?
? LE SAVIEZ-VOUS ? Le véritable patronyme de Kartik n'est pas Aaryan, mais Tiwari. Il a d'ailleurs utilisé son nom de naissance pendant les deux premières années de sa carrière, avant d'adopter le nom de scène Aaryan à partir de la sortie du film Kaanchi, en 2014. Nushrat fera un item number dans le film Marjaavaan de Milap Zaveri, qui compte à son casting Sidharth Malhotra, Tara Sutaria, Riteish Deshmukh et Rakul Preet Singh. Sortie prévue pour octobre 2019.
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C I N É M A U N F I L M , U N V O YA G E A un moment ou un autre, nous avons tous besoin de nous évader de notre quotidien. Le cinéma nous offre un ticket pour voyager vers un monde différent. A travers les films, le spectateur laisse toute la place à son imagination et se laisse emporter dans un autre univers, ne serait-ce que pour quelques heures. Les films deviennent ainsi une escapade qui nous fait visiter le monde, sous tous ses angles. Beau et magique, si l’envie nous prend de rêvasser et de rire. Cruel et rigide, si nous voulons garder un pied ancré dans la réalité. Peu importe notre besoin du moment, un film que nous regardons, c’est un voyage que nous acceptons de vivre.
Le séjour de ce numéro de Bolly&Co se déroulera dans les rues de NewYo r k , a u x E t a t s - U n i s . LA VILLE
NEW YORK
M OT S PAR FAT IM A ZAHRA EL AHM AR
En pensant à New-York, plusieurs adjectifs me viennent à l’esprit. Une description marquante de toutes les séries télévisées qui ont bercé mon enfance, comme F.R.I.E.N.D.S. et Spin City, ou des films hollywoodiens à n’en plus finir qui comptent la vie quotidienne des New-Yorkais.
NEW-YORK, C’EST LA MODERNITÉ, LA VITESSE, LA DIVERSITÉ, LE BRUIT, LA CULTURE, LE CRIME ET BIEN D’AUTRES CHOSES. Dans les films indiens, New-York reflète également un certain luxe et le rêve de réussir sa vie à l’américaine. 086
C’est également la ville la plus peuplée des Etats-Unis. Elle porte plusieurs appellations dont « la Grosse Pomme » (Big Apple en anglais), « Gotham » parce que New-York a servi d’inspiration directe à cette ville du monde des comics, « La ville qui ne dort jamais », « La ville debout »...
ELLE A ÉTÉ FONDÉE EN 1624 ET ÉTAIT ALORS APPELÉE LA « NOUVELLE-AMSTERDAM », DU FAIT DE LA COLONISATION NÉERLANDAISE. Ce n’est qu’en 1664 qu’elle fût rebaptisée « New York », suite à la conquête anglaise. Ce nom rend hommage à Jacques, duc d’York et frère du roi Charles II. Sa croissance augmente de manière exponentielle à partir des années 1790, et s’étend sur les siècles à venir. Au fil de son histoire, la ville traverse pourtant de mauvaises passes, notamment après la seconde guerre mondiale, où sa population diminue de manière conséquente. Mais également à cause de la crise économique des années 1960-1970, qui a laissé derrière elle des friches industrielles dans les quartiers du Bronx et du Queens, deux des arrondissements les plus défavorisés de New-York.
CE QUI FAIT DE NYC UNE VILLE SI ATTRACTIVE, C’EST SA DIVERSITÉ CULTURELLE. Plusieurs quartiers ethniques qui y sont implantés (Little Italy, Chinatown), elle compte par ailleurs plusieurs centres culturels et musées reconnus, comme le Metropolitan Museum of Art, le Brooklyn Museum ou le Museum of Modern Art, en plus d’un nombre incalculable de multinationales, de sièges d’institutions mondialement connues ainsi que des monuments historiques iconiques. Le plus connu de tous : la Statue de la Liberté. New-York est également une ville vivante, malgré les malheurs qu’elle a pu vivre par le passé. Les attentats du 11 Septembre 2001 s’inscriront à tout jamais dans l’histoire.A savoir, New-York est le deuxième centre de production cinématographique des ÉtatsUnis, après Hollywood. Sa richesse culturelle, son architecture, sa modernité et sa diversité en font un endroit idéal pour tout cinéaste.
C’EST D’AILLEURS UNE DES RAISONS POUR LESQUELLES CETTE VILLE AMÉRICAINE ATTIRE MÊME LES RÉALISATEURS INDIENS. >
New-York, au cœur de ces films…
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KAL HO NAA HO (2003) D E N I K K H I L A DVA N I
Ce n’est pas le premier film indien dont les événements se déroulent à New-York, mais c’est sans doute l’un des plus populaires. Au début des années 2000, la tendance pour les destinations étrangères au cinéma hindi, c’était davantage Londres ou la Suisse. Les villes des Etats-Unis n’étaient pratiquement pas exploitées.
POUR LES AMOUREUX DU CINÉMA INDIEN, KAL HO NAA HO N’A PLUS À ÊTRE PRÉSENTÉ. C’est une histoire d’amour qui se voulait innovante. Avec un triangle amoureux comme base, le métrage a également mis en avant plusieurs types de relations humaines, aussi bien familiale qu’amoureuse. C’est émouvant, drôle et rythmé.
ET NEW-YORK SE TROUVAIT AU CŒUR DE L’ACTION. Les locaux du tournage étaient divers : la fontaine Bethesda de la Bethesda Terrace, le Bow Bridge et d’autres parties de Central Park, Wall Street, l’Union Square, le restaurant Water’s Edge, le Brooklyn Bridge Park...
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Malgré le fait que sa maladie se soit étalée sur 6 mois, les producteurs ont insisté pour le garder au casting. Afin de gagner du temps, Saif Ali Khan et Preity Zinta ont tourné leurs scènes communes à Toronto, au Canada, y compris le clip de la chanson «Kuch To Hua Hai».
Cependant, Kal Ho Naa Ho n’a pas été entièrement tourné dans cette ville.
PLUS TARD, KARAN ADMETTRA QU’IL A HÉSITÉ À TERMINER LE FILM, POUR ÉVITER LES DÉPASSEMENTS DE BUDGET.
Shah Rukh Khan, tombé malade au bout de 4 jours de tournage, a demandé au producteur Karan Johar et au réalisateur Nikkhil Advani de l’exclure du projet, parce qu’il ne voulait pas retarder les équipes.
Il s’est rétracté, en se disant que New-York était un choix plus original, et qui en valait la peine. Les scènes finales du film, y compris la chanson «Maahi Ve», ont été tournées en studio, à Mumbai.
JAAN-E-MANN (2006)
NEW YORK (2009)
DE SHIRISH KUNDER
DE KABIR KHAN
LE CASTING ÉTAIT PROMETTEUR, LES PREMIÈRES IMAGES ÉGALEMENT.
La liste des films se déroulant à New York est longue. J’aurais pu en citer tellement, comme London Paris New-York, Kabhi Alvida Naa Kehna ou encore Anjaana Anjaani. Cependant, après mûre réflexion, le film de Kabir Khan avait sa place dans cet article.
Même si le film a été initialement écrit pour Salman Khan et Shahrukh Khan, ce dernier a refusé le rôle qui sera finalement interprété par Akshay Kumar. Deux hommes amoureux d’une même femme depuis l’université et qui se retrouvent tous dans la même ville. Suhaan (Salman Khan) tente d’aider Agastya (Akshay Kumar) à conquérir Piya (Preity Zinta). Ils s’installent dans un appartement en face de chez elle, afin de pouvoir suivre le moindre de ses mouvements, et analyser chacun de ses gestes.
CE QUI RESSORT LE PLUS DU FILM, C’EST NEWYORK, AVEC UNE MISE EN SCÈNE PARTICULIÈRE DE MANHATTAN. Les passages tournés en extérieur, autant de nuit que de jour, sont vifs et captivants. Un petit tour de shopping au centre commercial Columbus Circle. Une bagarre comique en plein Times Square. Des moments solitaires à l’autre bout du Brooklyn Bridge. Sauf que, comme beaucoup de films à gros budgets filmés dans des pays occidentaux, une partie du métrage a été tournée à Mumbai également. En studio, pour les scènes dans des endroits clos, où quand les héros retournent en Inde.
Comme le nom du film l’indique, NewYork est un personnage à part entière du métrage. Ici, la trame est focalisée sur le terrorisme et sur la vie des minorités musulmanes suite aux tragiques événements du 11 septembre 2001. Le tournage a duré 100 jours, et la majorité des scènes a été tournée dans plusieurs endroits de New-York. Autant les spots touristiques que l’on a également pu voir dans les films précédents, que les campus universitaires de la Grosse Pomme. Cependant, le métrage de Kabir Khan a une autre particularité. C’est le premier film indien à avoir été tourné partiellement à Philadelphie ! Des hélicoptères, des gens armés et des scènes d’action avaient alors captivé l’attention des riverains dans la zone centrale de cette ville de Pennsylvanie. Tout ça pour les besoins du film, évidemment.
UN DERNIER MOT « Londres est satisfaite, Paris est résignée, mais New-York est toujours optimiste. » - Dorothy Parker. Et vous, chers lecteurs, quels sont les films indiens qui représentent au mieux la ville de New-York, selon vous ?
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CINÉMA POURQUOI
NAMASTE ENGLAND MOTS PA R ASMA E BENM ANSOUR
« Mes bébés ! Il faut absolument POURQUOI ? MAIS QUOI les réunir dans un prochain film ! DONC ? UNE QUESTION #GrosseGroupie » OUVERTE QUI VIENT SIGNIFIER En 2017, ils sont d’abord annoncés au casting MON INCOMPRÉHENSION DE du film Sandeep Aur Pinky Faraar, réalisé par SPECTATRICE. Ouverte à tous les films, à toutes les interrogations. Des questionnements qui peuvent aller dans le bon sens comme dans le mauvais. Pour cette édition consacrée à la thématique des ‘jodi’ au cinéma, j’ai décidé de me faire du mal et de vous parler de Namaste England...
OUI, JE SAIS. Lorsque le film Ishaqzaade est sorti en 2012, le duo formé à l’écran par Arjun Kapoor et Parineeti Chopra m’avait largement séduite. Je n’étais d’ailleurs pas la seule, puisque le drame romantique deviendra l’un des succès inattendus de l’an, les fans sollicitant massivement une nouvelle collaboration entre les deux acteurs tant leur complicité avait fait l’unanimité. J’étais de ceux-là, attendant le jour béni où Arjun et Parineeti officialiseraient leur second métrage commun. 090
Dibakar Banerjee. Pour cette satire, ils sortent littéralement du registre qui a fait leur gloire avec Ishaqzaade, ce qui n’est pas pour me déplaire. Mais la post-production prendra du temps, à tel point que le métrage n’est toujours pas sorti à ce jour.
DANS L’INTERVALLE, ILS SONT CONFIRMÉS COMME TÊTES D’AFFICHE DU PROCHAIN MÉTRAGE DE VIPUL SHAH. ET SURPRISE, C’EST UNE ROMANCE ! « Enfiiiiiiiiiin ! Mes prières ont été entendues ! Dieu bénisse Vipul Shah ! #AppelezUnExorciste »
DE QUOI ME RÉJOUIR ! C’EST PAR LA SUITE QUE LES CHOSES SE GÂTENT... >
Namaste England, remake marketing de Namastey London (un film que j’adore, avec Akshay Kumar et Katrina Kaif), s’annonce comme une romcom sympathique sans être très intelligible. Je suis un peu déçue, puisque j’attendais mieux pour les retrouvailles de ce couple qui m’avait tant marquée. Mais je me dis qu’au fond, Namaste England peut tout de même faire partie de ces films du dimanche que je regarde sans déplaisir par profonde tendresse bien plus que par attrait pour leur qualité (ici trèèèèès relative).
manichéenne du monde (l’Orient est arriéré, l’Occident est avancé), des personnages sans aucune profondeur dont la psychologie tient en une phrase (ce qui fait vachement maigre pour tenir sur 2 heures de bobine), une réalisation désastreuse (on dirait que ça a été mis en scène par un enfant de 7 ans)...
LORS DE SA SORTIE EN SALLES EN DÉCEMBRE 2018, LES CRITIQUES DU FILM SONT MASSACRANTES.
J’avais adoré son Namastey London et, dans un registre plus mélodramatique, son Waqt - The Race Against Time (avec Amitabh Bachchan et Priyanka Chopra, notamment). Mais depuis, il n’a eu de cesse de signer des films catastrophiques.
Je fais d’abord le choix de ne pas les écouter, jusqu’à ce que mon amie (et votre rédactrice) Elodie enfonce le clou : elle n’a pas été au bout du métrage. De quoi m’inquiéter puisqu’en matière de romance, nous avons des sensibilités assez semblables.
« Donc si elle a pas aimé, c’est sûr que je vais me faire chier... #Pourquoitantdehaine » Finalement, je le regarde sans grande conviction, presque à reculons. Et dès la première demi-heure, je fais un constat sans appel : l’histoire est pompée sur celle de Badrinath Ki Dulhania (avec nettement moins de pertinence). Et pourtant...
« J’avais pas aimé Badrinath Ki Dulhania. C’était mal écrit et à la limite de la misogynie. Alors, pour que Namaste England s’apparente à un Badrinath au rabais, c’est que vraiment, le film est mauvais ! #médiocrité » Namaste England a de multiples problèmes. Une vision prosaïque et presque 092
MA THÉORIE, C’EST QUE VIPUL SHAH NE SAIT PLUS COMMENT ON RÉALISE UN FILM.
«Je crois qu’il a oublié comment faire... #GhajiniIRL #JasonBournesorsdececorps »
LES VARIATIONS DE TON CASSENT LE RYTHME. On passe de séquences dramatiques à l’excès (où on apprend notamment de la mort d’une petite fille) à des scènes comiques où Arjun tente de faire le guignol... Il n’y a aucune transition, aucun fil conducteur et on ressent de fait un profond malaise face au résultat final.
DANS L’ÉCRITURE DES PROTAGONISTES, IL Y A AUSSI UN GROS SOUCI DE CONGRUENCE ! Par exemple, le grand-père de Jasmeet (Parineeti Chopra) refuse que sa petite-fille ne travaille car c’est selon lui à l’homme de survenir aux besoins de sa famille. Mais que fait concrètement son époux Param (Arjun Kapoor) pour gagner sa vie ? Aucune idée. Bonjour, l’incohérence ! Puis, un peu plus tard, on voit Param quitter l’Inde illégalement, dormir dans des containers, traverser des mers déchaînées et risquer sa vie pour arriver en Angleterre... Pourtant, sa veste en daim n’a pas une tache et ses cheveux sont impeccablement coiffés... Plus crédible, tu meurs ! #Prendsmoipouruneconne
EN MÊME TEMPS, JE SAVAIS QUE LE FILM ÉTAIT DÉCEVANT. ON M’AVAIT PRÉVENUE. Ainsi, pourquoi est-ce que la médiocrité de ce métrage m’interpelle tant ? J’irai même plus loin. Pourquoi (et par quel miracle) un film aussi mauvais que Namaste England a-til vu le jour ?
«C’est comme si, juste après Dilwale Dulhania Le Jayenge, Shahrukh Khan et Kajol avaient choisi de jouer dans Race 3 ! #ZéroRespect #VipulRendsLargent »
Il faut comprendre une chose concernant le fonctionnent de l’industrie cinématographique indienne (bien que le point que je m’apprête à évoquer soit transposable à échelle mondiale). Si l’on omet les producteurs plus modestes, les films commerciaux tournent autour des stars qui y figurent. On vend la personnalité publique d’un métrage avant une histoire. Ce qui compte, c’est le nom qui figurera sur une affiche bien plus que son propos. J’en parlais déjà dans mon article portant sur Jab Harry Met Sejal. Certains acteurs pensent que leur seul présence à l’écran est un argument de vente, à tel point que la cohérence du scénario ou la qualité de la mise en scène en deviennent négligées.
CAR FAIRE UN BON FILM N’EST PAS UNE PRIORITÉ. CE QU’IL FAUT EN REVANCHE, C’EST FAIRE UN FILM QUI RAPPORTE. Arjun Kapoor comme Parineeti Chopra ne disposent pas de la popularité d’un Shahrukh Khan qui, à lui tout seul, peut amener les foules à se déplacer en salles obscures. D’autant que Namaste England arrive après des périodes compliquées dans leurs parcours respectifs. Ils ne se suffisent pas à eux-mêmes et ont besoin d’un bon film pour susciter de nouveau l’intérêt de l’audience. Mais vu les résultats décevants de leurs derniers métrages et les critiques très mitigées sur leur jeu d’acteur, aucun bon script n’est semble-t-il venu à eux. Et comme le dit l’adage, « ensemble, on est plus forts ». Ils se sont probablement dits qu’ils allaient pouvoir remonter la pente en signant leurs retrouvailles, et par conséquent berner les cœurs de guimauve de mon acabit... > 093
« Arjun, tu te rappelles la belle époque où le public nous aimait ? - Ah oui ! T’as même gagné un National Award pour Ishaqzaade ! - Et toi, t’es devenu le nouveau Golden Boy de l’industrie... - Ah, c’était le bon temps... - Attends, j’ai une idée ! On va refaire un film ensemble ! - Quel film ? - Aucune importance ! L’essentiel, c’est qu’on retravaille ensemble, les gens vont se dire que notre couple est de retour et vont donc venir voir ce qu’ils pensent être un film aussi réussi qu’Ishaqzaade. - Enfin, Parineeti ! J’ai reçu aucun scénario qui soit aussi bon que celui d’Ishaqzaade ! Comment tu veux qu’on fasse ? - Mais on s’en fiche ! On appelle un réalisateur raté qui n’aura rien de mieux à faire que de nous diriger, on tourne ça vite fait et c’est dans la boîte ! - Et tu crois que ça va marcher ? Tu penses que les gens sont assez stupides pour venir voir un mauvais film juste pour nous y retrouver tous les deux ? - T’inquiète. »
JUSTEMENT, JE M’INQUIÈTE. Je m’inquiète de la fainéantise de certains cinéastes et de l’autosuffisance de ces acteurs qui sont des figures médiatiques bien avant d’être des artistes.
« Car non. Ça ne suffit pas. » La preuve en est que Namaste England a fait un bide retentissant au box-office. Je ne suis pas en colère puisque je savais à quoi m’attendre. Mais je suis davantage déçue de voir ce qu’Arjun et Parineeti sont devenus.
CAR APRÈS ISHAQZAADE, 094
AU-DELÀ D’AVOIR ADORÉ LEUR COMPLICITÉ, J’AVAIS VU EN EUX UN INDÉNIABLE POTENTIEL. Qu’ils n’ont pas su exploiter, guidés par le star-system et la facilité. L’un a oscillé entre les projets brouillons qui ne faisaient aucune place à l’audace, l’autre s’est enfermée dans une image de girl next door au point de devenir fatigante dans son côté répétitif. Aujourd’hui, leurs carrières en souffrent assez cruellement. Et si Arjun a fait un retour gagnant avec le récent plébiscite de India’s Most Wanted, Parineeti est réduite à jouer les faire-valoir dans des films comme Golmaal Again ou Kesari.
ALORS NON ! DES BOUSES COMME NAMASTE ENGLAND NE TRIOMPHERONT PLUS DE L’INTELLIGENCE DES SPECTATEURS. Des spectateurs qui méritent qu’on les traite avec plus de respect et d’égard en leur livrant des métrages qui soient dignes de leur attention...
Si je vous suggère de ne pas vous infliger Namaste England, en revanche, je vous recommande vivement sa bande-originale ! L’album du film (composé conjointement par Mannan Shah, Badshah et Rishi Rich) est une véritable réussite. En tête de liste, les morceaux romantiques « Tere Liye » et « Tu Meri Main Tera », magistralement interprétés par les artistes pakistanais Atif Aslam et Rahat Fateh Ali Khan respectivement.
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CINÉMA MEGHNA GULZAR Sur le tournage du film Raazi
3 FILMS QUI VOUS DISENT TOUT SUR : MEGHNA GULZAR M OTS PA R FAT I M A Z A HRA EL A HMAR
Le réalisateur, c’est le chef d’orchestre. Il est l’esprit qui dirige une oeuvre et assure la collaboration des différentes équipes. Il mène les techniciens et les artistes pour arriver à transmettre une vision concluante au travers de son film. Au cinéma indien, les réalisateurs se multiplient au fil des années. Leurs noms s’inscrivent dans les mémoires du public, selon la portée de leur message, leur style et le résultat commercial de leurs métrages. Et si nous nous focalisions davantage sur ces génies du cinéma que nous avons tendance à oublier ?
LE TEMPS D’UN ARTICLE, DÉCOUVREZ MEGHNA GULZAR, SI VOUS NE LA CONNAISSEZ PAS DÉJÀ... 096
Meghna Gulzar, en bref Pour les connaisseurs, son nom rappelle celui d’une légende. En effet, son père n’est autre que le poète Gulzar, à qui les fans doivent les paroles d’un grand nombre de chansons inoubliables. Meghna voit le jour le 13 décembre 1973. Si au début de sa carrière, elle ne s’est pas lancée dans le cinéma tête baissée, elle s’est tout de même découverte une première passion : l’écriture. En effet, sa carrière d’écrivaine a commencé avec le Times of India où, en tant que freelance, elle participait à des publications portant sur le cinéma. Comme plusieurs autres réalisateurs ou acteurs, les études de Meghna Gulzar
n’étaient en aucun cas liées au cinéma. En effet, elle a obtenu un diplôme en sociologie avant même de s’intéresser réellement au métier de cinéaste.
ELLE SIGNE SA PREMIÈRE CONTRIBUTION À BOLLYWOOD EN TANT QU’ASSISTANTERÉALISATRICE AUPRÈS DE SAEED AKHTAR MIRZA. Les informations exactes sur les films auxquels elle a pris part sont peu nombreuses, mais on les situe entre la fin des années 1980 et le début des années 1990. Suite à cela, la jeune femme s’est envolée pour New-York afin d’y poursuivre un nouveau cursus. En 1995, elle mène à leur terme des cours accélérés sur l’art de la réalisation, au sein de la Tisch School of Arts.
A SON RETOUR EN INDE, C’EST AVEC SON PÈRE QU’ELLE SE LANCE RÉELLEMENT. POUR MAACHIS ET HU TU TU, RÉALISÉS PAR GULZAR, MEGHNA ENFILE À NOUVEAU SA CASQUETTE D’ASSISTANTE. Le tout en commençant à écrire les scripts de ses futurs projets et en tournant plusieurs projets, de documentaires en clips vidéo.
L’ANNÉE 2002 MARQUE SON ENTRÉE OFFICIELLE DANS LE RANG DES RÉALISATRICES DE CINÉMA. Avec la reine de beauté Sushmita Sen et la précise Tabu en têtes d’affiche, son film Filhaal est bien reçu par les critiques comme par une partie du public.
Il vaut même le Zee Cine Award du Meilleur Second Rôle Féminin à l’ex-Miss Univers.
LA PARTICULARITÉ DU FILM, C’EST QU’IL S’AGIT AUJOURD’HUI DE LA SEULE HISTOIRE ÉCRITE PAR MEGHNA GULZAR. Ses réalisations suivantes incluent des métrages comme Just Married (en 2007, avec Fardeen Khan et Esha Deol), le film à sketches Dus Kahaniyaan (en 2007 également), Talvar (en 2015, avec Irrfan et Konkona Sen Sharma) et plus récemment Raazi (en 2018, avec Alia Bhatt et Vicky Kaushal).
AVEC CES DIFFÉRENTS PROJETS, LA RÉALISATRICE S’ESSAIE À DES GENRES DISTINCTS. Cela dit, un point commun en ressort à chaque fois : même quand le personnage féminin n’est pas au centre de l’attention, Meghna essaie de lui donner un maximum d’aplomb face au rôle masculin principal. Depuis le succès de son dernier film, la fille de Gulzar semble de plus en plus encline à diriger des films dits ‘woman centric’. Aussi, son prochain projet est un autre métrage basé sur des faits réels.
PAR AILLEURS, CERTAINS DE SES POÈMES ONT ÉTÉ PUBLIÉS. Elle a d’ailleurs écrit un livre sur son père, Gulzar, intitulé « Because He Is.... », sorti en langue anglaise.
Ces 3 films qui disent tout sur elle> 097
Just Married (2007) R É A L I S AT R I C E . Avec ce second film en tant que réalisatrice, Meghna Gulzar tente de trouver ses marques dans le genre de la comédie romantique. Le thème qu’elle choisit est réaliste. Et même sans être innovant, il possède ce qu’il faut de justesse pour se démarquer un minimum.
SI À L’ÉPOQUE DE SA SORTIE, JUST MARRIED EST PASSÉ COMPLÈTEMENT INAPERÇU, IL EST L’UNE DES PREUVES DE L’HABILETÉ DE LA RÉALISATRICE. Elle manipule les émotions qui peuvent ressortir de son histoire de manière efficace. Abhay (Fardeen Khan) vit à l’étranger. Il rentre en Inde pour assister à un mariage, où il rencontre pour la première fois la jeune Ritika (Esha Deol). Ils ne se connaissent pas et ne savent rien l’un de l’autre. Ce n’est que plus tard qu’ils découvrent que leurs familles respectives ont décidé d’arranger leur union. Un mariage qu’ils acceptent malgré tout, avant de partir en voyage de noces.
ET C’EST LÀ OÙ LEUR VÉRITABLE HISTOIRE COMMENCE. Ils sont confrontés à toutes les problématiques qu’un couple d’inconnus peut rencontrer : découvrir les habitudes de l’autre et réaliser à quel point leurs personnalités, leur manière de penser ou d’être ne sont pas forcément compatibles. A première vue, le métrage a une intention semblable à celle du film Honeymoon Travels Pvt. Ltd. Les personnages 098
secondaires représentent plusieurs types de couples, différents les uns des autres.
LA PARTICULARITÉ DE JUST MARRIED REPOSE SUR LE COUPLE PHARE SUR LEQUEL IL DÉCIDE DE SE FOCALISER. Si le scénario du mariage arrangé a souvent été utilisé dans les films indiens, il l’a rarement été de manière si terre-à-terre. Ils ne tombent pas amoureux au bout de 10 minutes de vie commune. Ils se découvrent l’un l’autre et essaient de trouver leurs marques au milieu de ce chaos qu’est le mariage. Meghna arrive à explorer une zone rarement visitée par le passé, et elle le fait avec finesse.
Ta l v a r ( 2 0 1 5 ) R É A L I S AT R I C E . 8 ans après son dernier film (Dus Kahaniyaan, sorti en 2007), Meghna Gulzar revient au cinéma. Talvar est particulier.
C’EST LE PREMIER MÉTRAGE BASÉ SUR DES FAITS RÉELS QUE NOUS LIVRE LA RÉALISATRICE. En 2008, une affaire de double meurtre a remué la ville de Noida, en Inde. Un drame qui demeure irrésolu à ce jour. Une adolescente de 13 ans et le domestique de sa famille âgé d’une quarantaine d’années, sont tous deux retrouvés morts. Le métrage ne cherche pas à élucider le mystère et se focalise plutôt sur l’avancée de l’enquête. Trois visions différentes sont présentées sur qui est innocent et qui ne l’est pas. Avec un scénario signé Vishal Bhardwaj et accompagné d’un casting magistral, Meghna fait ressortir d’une manière fluide et efficace l’effet Rashōmon de l’histoire.
L’effet Rashōmon, c’est le nom donné à cette forme narrative : quand des faits sont interprétés de manière contradictoire, par plusieurs individus et que chacune de ses perceptions a le potentiel d’être fondée.
L’IDÉE DU FILM EST VENUE À VISHAL BHARDWAJ QUAND IL A DISCUTÉ AVEC DES POLICIERS EN CHARGE DE L’ENQUÊTE À L’ÉPOQUE. Après avoir exprimé à Meghna son désir de travailler avec elle, il lui a présenté l’affaire. Les deux ont mené leurs propres recherches deux années durant et ont découvert plusieurs contradictions. Chacune étant plausible, jusqu’à un certain degré. Talvar est l’un des films les plus recherchés de Meghna Gulzar. Elle a pris le temps de construire ses éléments et de se plonger dans l’histoire réelle pour mieux la détailler. Le résultat prend vie à travers Irrfan Khan l’inspecteur, Konkona Sen Sharma, la mère de l’adolescente assassinée mais également grâce à tous les acteurs secondaires. >
Raazi (2018) R É A L I S AT R I C E E T S C É N A R I S T E . Dans son film suivant, Raazi, la cinéaste tente de changer à nouveau de registre, tout en s’accrochant au concept « inspiré de faits réels ». Car cette phrase affiliée à un métrage est accrocheuse pour le spectateur. Avec un casting notamment composé d’Alia Bhatt et de Vicky Kaushal, le métrage promettait des merveilles. Si la majorité de l'audiance a été conquise, j’avoue que je suis restée particulièrement sur ma faim.
CETTE FOIS-CI, MEGHNA S’INVESTIT DANS LE SCRIPT EN PLUS DE LA RÉALISATION. J’AI POURTANT TROUVÉ QUE LE TOUT MANQUAIT CRUELLEMENT DE DÉTAILS ET DE SUBTILITÉ DANS L’EXÉCUTION. Présenté comme un thriller et un film d’espionnage, Raazi s’apparentait davantage à un drame, pour moi. Ceci étant, la tentative est à applaudir. La cinéaste tente de sortir de sa zone de confort, et surtout d’offrir au public des histoires ancrées dans une certaine réalité. Raazi raconte l’histoire de Sehmat (Alia Bhatt). Les faits se déroulent juste avant la guerre indo-pakistanaise de 1971. A la demande de son père, cette espionne accepte d’épouser un officier pakistanais. Elle utilise cette union pour sous-tirer à son époux toutes les informations possibles. Le métrage, inspiré du roman Calling Sehmat de Harinder Sikka, a tout de même su convaincre un large public, en collectant un bon nombre de distinctions durant la saison des cérémonies de prix indiennes. 100
Mot de la fin Le constat que l’on peut faire en regardant la filmographie de Meghna Gulzar, c’est qu’elle fait partie de ces réalisateurs qui prennent du recul. Elle travaille ses projets sur la durée. Même si le résultat final n’est pas toujours parfait, elle laisse tout de même son empreinte, et on remarque son oeuvre.
ELLE DIRIGE D’UNE MAIN DE MAÎTRE SON CASTING POUR EN OBTENIR LE MAXIMUM D’ÉMOTIONS.
Chhapaak. Avec Deepika Padukone dans le rôle principal, le métrage s’inspirera de la vie de Laxmi Agarwal, jeune femme victime de vitriolage. Alors qu’elle avait 15 ans, deux hommes s’en prennent à elle en lui balançant de l’acide en plein visage. L’attaque est une vengeance, parce que Laxmi n’a pas répondu aux avances de l’un des deux agresseurs. Vikrant Massey fait également partie de la distribution. Le second projet, en partenariat avec Vishal Bhardwaj, sera quant à lui basé sur un livre de Neelesh Misra. Il raconte les faits d’un détournement d’avion qui a eu lieu en 1999 sur le vol 814 de la compagnie Indian Airlines. Peu d’informations sont disponibles au sujet du film, à part ce que le cinéaste Vishal Bhardwaj a bien voulu en dire. Après leur collaboration pour Talvar, il lui a offert le script comme cadeau d’anniversaire. Il admet être persuadé qu’elle saura transmettre sa vision, car c’est un scénario qui lui tient à cœur, et qu’il a mis 7 ans à rédiger.
A mon sens, c’est un critère important, surtout quand on voit son univers de prédilection. Elle a tenté la comédie romantique et le drame.
AUJOURD’HUI, MEGHNA GULZAR SEMBLE AVOIR UN PENCHANT POUR TOUT CE QUI EST BASÉ SUR DES FAITS RÉELS. Talvar et Raazi partagent ce goût du détail, en plus des deux projets qu’elle s’apprête à développer. Le premier est intitulé
CINÉMA LUMIÈRE SUR...
La musique indienne occupe une place primordiale dans le cinéma indien et constitue une composante essentielle du succès d’un film. Elle a évolué, au même titre que le cinéma lui-même, et incarne le syncrétisme culturel dû à la globalisation. Cependant, l’Inde reste l’un des rares pays à avoir su sauvegarder son folklore, phénomène notamment remarquable à travers la musique.
Par le biais de cette rubrique, vous découvrirez les grands artisans de la musique indienne d’hier et d’aujourd’hui. Chanteurs, paroliers et compositeurs, les classiques comme les jeunes révélations...
LUMIÈRE SUR... VISHAL-SHEKHAR
MUSICIENS MULTIDIMENSIONNELS... MOTS PA R ASMA E BENM ANSOUR P HOTO G RAP HI ES : FACEBO O K (@VISHALANDSHEKHAR)
V is ha l et S h e kh a r, e n duo . Actifs à Bollywood depuis 1999 et l'album de Pyaar Mein Kabhi Kabhi, Vishal Dadlani et Shekhar Ravjiani sont devenus parmi les compositeurs les plus productifs de leur génération, insufflant un vent de modernité sur les bandes-originales de Bollywood. En 2003, ils reçoivent leur première distinction, à savoir le RD Burman Award du Nouveau Talent Musical pour leur contribution à la bande-son du film Jhankaar Beats. Et ce n'est que le début !
CE QUI MARQUE EN PREMIER LIEU DANS LES MÉLODIES CRÉÉES PAR LES DEUX COMPARSES, C'EST LEUR PROPRETÉ. La mélodie est nette, le choix des différents instruments n'est jamais brouillon ou diffus. Leurs travaux sont efficaces et rafraîchissants. Pour autant, ils ne sont jamais répétitifs ni étriqués dans un style particulier.
CAR VISHAL ET SHEKHAR POSSÈDENT ÉGALEMENT UNE AUTRE CAPACITÉ NOTABLE : LEUR ADAPTABILITÉ. Ils épousent les univers cinématographiques des films dont ils composent les mélodies sans faux pas. Ainsi, ils servent des univers rugueux pour les chansons des films Kaante (2002), The Dirty Picture (2011), Kahaani (2012) ou encore Shanghai (2012). Ce qui ne les empêche pas de créer des albums pétillants pour les métrages Bluffmaster (2005), Honeymoon Travels Pvt. Ltd. (2007), De Taali (2008), Break Ke Baad (2010) ou encore pour le cultissime Dostana (2008).
ILS DEVIENNENT ÉGALEMENT LES COMPOSITEURS DE PRÉDILECTION DES STARS, DE SHAHRUKH KHAN À SALMAN KHAN. Pour l'un, ils dirigent les bandes-sons des films Om Shanti Om (2007), Chennai Express (2013), Happy New Year (2014) et Fan (2016), notamment. Pour l'autre, ils officient sur les musiques des métrages Sultan (2016), Tiger Zinda Hai (2017) et Bharat (2019). Aussi, les compères s'inscrivent comme les chouchous de la maison de production Yash Raj Films, qui les propulse avec les albums de Salaam Namaste (2005), Tara Rum Pum (2007), Tashan (2008), Bachna Ae Haseeno (2008) ou encore Befikre (2016).
LE DUO TOTALISE PAR AILLEURS 9 NOMINATIONS DANS LA CATÉGORIE DE LA MEILLEURE BANDEORIGINALE ENTRE 2005 ET 2016. Et s'ils n'ont pas encore remporté cette distinction, l'avenir nous dit que cela ne devrait plus tarder...
V i shal , en so l o . Vishal Dadlani débute sa carrière musicale en 1994 avec le groupe de rock Pentagram, dont il est le chanteur. Le groupe remporte plusieurs festivals de rock et sort son premier album, We Are Not Listening, en 1996. Si leur talent est salué par de grands noms comme Shankar Mahadevan et Javed Akhtar, le caractère politique et engagé de leurs titres ne plaît pas à tout le monde. > 103
S'en suivront tout de même trois autres opus : Up (sorti en 2002), It's OK, It's All Good (sorti en 2007) et Bloodywood (sorti en 2011).
POUR VISHAL, LA MUSIQUE SE VOCIFÈRE. Elle sert à extérioriser des émotions et à exprimer fortement des idées. Il pose sa voix sur des titres très divers, toujours avec l'énergie et la générosité qui le caractérisent. Vishal ne fait pas dans la demi-mesure, et ça s'entend ! Il sait notamment faire vivre des titres endiablés, aussi bien au service de la tonitruante "Rada" de Banjo (2016) que de l’entraînante "Malhaari" de Bajirao Mastani (2015). Parmi d'autres exemples, on retrouve "Chokra Jawaan" de Ishaqzaade (2012), "Aao Na" de Haider (2014), "Selfie Le Le Re" de Bajrangi Bhaijaan (2015) ou encore "Bharat Mata Ki Jai" de Shanghai (2012). Dans cet exercice, son timbre rauque et puissant prend le dessus sur une instrumentation chargée qui pourrait dévorer d'autres vocalistes aux grains plus timides.
IL EXCELLE ÉGALEMENT DANS LA COMPLAINTE, OÙ SA COULEUR VOCALE ÉRAILLÉE APPORTE UNE TOUCHE MEURTRIE ET BOULEVERSANTE. On a pu l'entendre sur des morceaux comme "Saiyaan Ve" de Tara Rum Pum (2007), "Oh Penne" de Vanakkam Chennai (2013) et "Jee Le Zara" de Talaash (2012), pour lesquels il est tout bonnement poignant. Vishal donne aussi de la voix sur des chansons pop sulfureuses et modernes, en l’occurrence "Thug Le" de Ladies VS Ricky Bahl (2011), "Sheila Ki Jawani" de Tees Maar 104
Khan (2010) et "Dhoom Again" de Dhoom 2 (2006), parmi tant d'autres.
ET CE N'EST PAS TOUT ! CAR LES MORCEAUX DANSANTS ET CISELÉS SIÉENT PARFAITEMENT À SA VOIX TOUT TERRAIN ! Des mélodies telles que "Gulaabo" de Shaandaar (2015), "Ziddi Dil" de Mary Kom (2014), "Bezubaan Phir Se" de ABCD 2 (2015), "Vashmalle" de Thugs Of Hindostan (2018), "Tu Meri" de Bang Bang (2014), "Athiloka Sundari" de Sarrainodu (2016) et "Tune Maari Entriyaan" de Gunday (2014), le prouvent. Des titres très différents mais qui viennent révéler la précision de la voix de l'artiste. Ses contributions lui valent par ailleurs deux nominations aux Filmfare Awards dans la catégorie du Meilleur Chanteur, en 2009 pour "Dhan Te Nan" de Kaminey (avec Sukhwinder Singh) et en 2011 pour "Chammak Challo" de Ra.One (en duo avec Akon). Egalement parolier, Vishal sera pressenti par trois fois, toujours aux Filmfare Awards pour les titres "Ankhon Mein Teri" de Om Shanti Om (2007), "Bin Tere" de I Hate Luv Storys (2010) et "Chammak Challo" de Ra.One (2011).
S hekhar, en so l o . Formé à la musique classique indienne par Ustad Niaz Ahmed Khan, Shekhar Ravjiani a ainsi développé une approche plus subtile et moins frontale de la chanson. En 1997, il participe au télé-crochet indien Sa Re Ga Ma Pa qui contribue largement à le révéler.
POUR SHEKHAR, LES ÉMOTIONS S'EXPRIMENT
LORS D'UN CONCERT AU BIRLA INSTITUTE OF TECHNOLOGY AND SCIENCE DE LA VILLE DE PILANI.
EN MUSIQUE AVEC DÉLICATESSE ET SUAVITÉ. La voix de Shekhar est plus douce et gracile, moins agressive que celle de son binôme.
CE QUI NE L'EMPÊCHE PAS DE LA METTRE AU SERVICE DE SONS TRÈS DIVERSIFIÉS. Du titre sexy ("The Hookup Song" de Student of the Year 2, sorti en 2019) à la ballade romantique ("Tujhe Bhula Diya" de Anjaana Anjaani, sorti en 2010 et "Meherbaan" de Bang Bang, sorti en 2014) en passant par la mélodie intense ("Jogi Mahi" de Bachna Ae Haseeno, sorti en 2008), son timbre passe partout ! Et s'il est moins caractériel que celui de Vishal, il est particulièrement appréciable dans le registre de la chanson douce, comme avec "Ishq Wala Love" de Student of the Year (2012), "Zehnaseeb" de Hasee Toh Phasee (2014) et "Bin Tere (Reprise)" de I Hate Luv Storys (2010).
EN 2016, IL S'ESSAIE À LA COMÉDIE AVEC LE FILM NEERJA, DANS LEQUEL IL DONNE LA RÉPLIQUE À SONAM KAPOOR ET SHABANA AZMI.
En co ncl u si o n VISHAL ET SHEKHAR SONT SUR TOUS LES FRONTS ! Auteurs, compositeurs et interprètes, ces hommes-orchestres font aujourd'hui partie intégrante du paysage musical indien, et ce qu'il soit en hindi, en tamoul ou en télougou. Leurs mélodies rassemblent autant qu'elles ne surprennent, et restent surtout en mémoire pour longtemps.
Leur contribution au cinéma indien est dantesque, en espérant qu'elle leur vaudra prochainement les distinctions qu'ils méritent tant... 105
C I N É M A L’A L B U M D U F I L M . . . Avant la sortie d’un film, c’est sa bande-son qui est disponible. Ces chansons permettent de donner un aperçu du métrage, sans pour autant trop en dire. Retour sur ces albums que l’on dévore en boucle et qui nous plongent dans un univers bien particulier, avant même qu’on ait vu quoi que ce soit en dehors de quelques clips... M OTS PA R E LO D I E H A M I DOV I C
LE PITCH DU FILM La femme de Dev est mourante et pour préserver son mari de la solitude, celle-ci lui demande d’épouser son amie Roop. Mais après le mariage et des débuts compliqués, Roop rencontre Zafar...
Kalank hindi Sortie au cinéma le 19 avril 2019, musique composée par Pritam. Paroles des chansons écrites par Amitabh Bhattacharya.
L’AMBIANCE Μ C’est la troisième fois que Pritam travaille pour la bande-son d’un film signé Karan Johar (et ce aussi bien à la réalisation qu’à la production). Les albums de Ae Dil Hai Mushkil et Yeh Jawaani Hai Deewani ont conquis les coeurs, mais font partie d’un univers jeune et moderne. Kalank, de son côté, est contextualisé durant la partition du vieux Delhi, dans les années 1940. C’est une autre époque et c’est donc un exercice nouveau pour l’artiste.
POUR LA CRÉATION DE CET ALBUM, IL EST ÉVIDENT QUE PRITAM EST ALLÉ PIOCHER DANS LES CLASSIQUES DES CHANSONS DE L’ÂGE D’OR DE BOLLYWOOD, DE MUGHAL-EAZAM À DEVDAS. Les percussions sont prédominantes, avec parfois quelques rythmes familiers. Pourtant, il n’est pas impossible que dans certaines de ces chansons, Pritam ait utilisé des sons plus modernes et plus propres aux compositions du XXIème siècle, à savoir synthétiques. Kalank s’inscrit donc dans un entre-deux, comme l’époque de son histoire : entre le Pakistan et l’Inde, entre la religion musulmane et hindoue, entre la particularité des sons d’autrefois et la magie de ceux d’aujourd’hui.
NÉANMOINS, CETTE BANDESON N’EST PAS PARFAITE ET, MALHEUREUSEMENT, SEMBLE DAVANTAGE OFFRIR DES TUBES À LA CHAÎNE QUE DES MORCEAUX DE MUSIQUE QUI VONT TOUCHER LE PUBLIC
ET PRENDRE UNE VÉRITABLE PLACE DANS LA NARRATION.
1 . Gha r More Pa rd es iya Dans une ambiance festive, la chanson commence avec un dicton affirmant qu’il n’y a pas de meilleure qualité chez une personne que la confiance. La voix de Shreya Ghoshal raconte une histoire, celle d’amants et d’optimisme, de tradition et de connexion. Une mélodie idéale pour danser le kathak. Seul bémol : le timbre de Vaishali Mhade Bhaisane, qui passe bien trop inaperçu. Elle avait déjà chanté en duo avec Shreya pour le morceau « Pinga » du film Bajirao Mastani, où la distinction entre les deux voix restait très légère. Elles sont si semblables que leur association ne créé pas de réel dynamisme...
2 . Firs t Cla s s SOUVENT COINCÉ DANS LES CHANSONS ROMANTIQUES, ARIJIT SINGH EXPLOITE ICI SON GRAIN DE VOIX AU SERVICE D’UNE MÉLODIE PLUS ENTRAÎNANTE. « First Class » est une combinaison de plusieurs influences, dont celle des item number classiques. Un mélange plutôt réussi et addictif, mais hors thème malgré tout (trop moderne pour la période de l’histoire). La chanson atteint son pic lorsque la voix de Neeti Mohan s’impose, ce qui permet ainsi de balancer le solo du chanteur principal et d’offrir un rythme encore plus endiablé. Le but de « First Class » : nous faire bouger, et tant pis si c’est anachronique. > 107
3. Kalan k
5 . A ira Ga ira
Cela commence comme une ballade. C’est romantique et léger, avec un fond de tristesse qui n’est pas sans rappeler « Channa Mereya » dans sa composition. Rien de difficile pour Arijit Singh qui maîtrise ce type de mélodies. Plus on avance, plus « Kalank » tente de prendre de la profondeur. Le sentiment premier s’étire sans jamais arriver à atteindre son summum. On est loin du drame, de la tristesse qui nous prend aux tripes. Pas de larme, là où « Tum Hi Ho » restera unique en son genre. Il y a donc quelque chose d’incomplet dans les arrangements, ce qui laisse un goût d’insatisfaction.
Avec la voix particulière de Antara Mitra, accompagnée de Javed Ali et Tushar Joshi, les influences soufies sont évidentes, et donc très facile à apprécier.
4 . Tab aah Ho G a ye C’EST LA CHANSON CLASSIQUE DE L’ALBUM, MAGNIFIQUEMENT PORTÉE PAR UNE SÉQUENCE DANSÉE À LAQUELLE LA BELLE MADHURI DIXIT DONNE LITTÉRALEMENT VIE. La voix cristalline de Shreya Ghoshal est pleine d’émotion, parfois nostalgique d’une ancienne époque, parfois véritablement triste et poignante. Certains passages sont purement musicaux et laissent ainsi le temps de savourer la beauté de la composition. Sans aucun douce mon morceau préféré tant il apporte du souffle et accentue l’univers dans lequel se déroule Kalank. Cependant, malgré mon adoration pour Shreya, je me demande ce que ce titre aurait donné avec une couleur vocale plus emblématique encore, comme celle de la grande Alka Yagnik. 108
MALHEUREUSEMENT, IL Y A UNE VÉRITABLE IMPRESSION DE DÉJÀ-VU. Je pense notamment à « Munni Badnaam Hui Darling » du film Dabangg par exemple, ou encore à « Senti Wali Mental » du film Shaandaar. Après « First Class », on se demande la place que ces chansons ont dans la narration de Kalank...
NÉANMOINS, « AIRA GAIRA » FONCTIONNE ET RESTE UN TITRE DIVERTISSANT.
6. Ra jva a d i Od hni « Rajvaadi Odhni » s’écoute aussi facilement que les chansons précitées, et exploite la magnifique voix de Jonita Gandhi !
CETTE FOIS, LA MÉLODIE EST AUTHENTIQUE ET NOUS EMPORTE. SAUF QUE ÇA RESTE UNE MUSIQUE QUI DONNE ENVIE DE DANSER, TOUT COMME « AIRA GAIRA » ET « FIRST CLASS ». Certains passages, cependant, apportent un peu de tension dans la joie de vivre communicative des refrains. Comme si un drame était sur le point d’arriver...
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CINÉMA FILM VS LIVRE
Les films racontent une histoire, tout comme les livres. Cela n’a rien de nouveau, que ce soit en Inde ou dans n’importe quelle autre industrie cinématographique. Beaucoup de scripts sont effectivement basés sur des récits déjà écrits par des auteurs littéraires.
MAIS QUE SE PASSE-TIL QUAND CES HISTOIRES SE TRANSFORMENT VISUELLEMENT ? COMMENT L’ADAPTATION SE FAIT-ELLE ? OÙ LES CINÉASTES ONT-ILS ÉCHOUÉ OU, AU CONTRAIRE, RÉUSSI LEUR PARI ? Bolly&Co a décidé de se pencher sur ces projets officiellement inspirés d’ouvrages...
Fitoor
vs
Les Grandes Espérances
M OTS PA R E LO D I E H A M I DOV I C 110
ATTENTION ! CET ÉCRIT CONTIENT DES SPOILERS ! FITOOR Réalisé par Abhishek Kapoor Noor (Aditya Roy Kapur) a 13 ans lorsqu’il tombe amoureux de Firdaus (Katrina Kaif). Il est pauvre, elle est riche. Des années plus tard, il retrouve la jeune femme à Delhi, grâce à une bourse... Il est persuadé que cette opportunité lui a été donnée par la mère de Firdaus, Begum Hazrat Jaan (Tabu) pour garder la main sur ce garçon qu’elle veut à tou prix éloigner de sa précieuse fille...
LES GRANDES ESPÉRANCES Ecrit par Charles Dickens Pip rêve de devenir quelqu’un et lorsqu’un donateur anonyme lui paye son éducation à Londres, il pense enfin découvrir le monde. Jusqu’à ce qu’il réalise ce qui se cache véritablement derrière ce geste...
L’ hi s to i re gé n é ra l e
Les p erso nnag es
Pas de secret, Fitoor reprend les grosses ficelles de l’oeuvre de Dickens, tout en accentuant davantage sur la relation entre Noor/Pip et Firdaus/Estella. Le Kent devient le Cachemire et Londres devient Delhi. L’adaptation est évidente, mais teintée d’une ambiance complètement différente.
Noor/Pip (Aditya Roy Kapur)
SI DICKENS EST BRUT DANS SA MANIÈRE DE CONFRONTER LES RICHES AUX PAUVRES, ABHISHEK KAPOOR OFFRE DE SON CÔTÉ UN UNIVERS PLUS POÉTIQUE. Il utilise les magnifiques paysages de la région du Cachemire, explique la mort des parents de Noor par les conflits terroristes du pays et ajoute plus de subtilité et de modernité à ses personnages pour créer une histoire plus contemporaine.
ON SENT QUE FITOOR EST TRAVAILLÉ POUR NOUS RACONTER UNE HISTOIRE DÉJÀ CONNUE, MAIS DANS UN STYLE PLUS FAMILIER AU CINÉMA INDIEN. Ce qui est appréciable, c’est le fait que le métrage ne parte pas dans tous les sens. L’histoire de Noor fait naturellement son chemin sans se perdre dans des trames annexes. Ainsi, l’entièreté de l’écrit de Dickens n’est pas reprise, et heureusement ! Il est si dense que le film serait devenu lourd inutilement. D’une certaine façon, j’ai noté davantage de similitudes avec le téléfilm en 3 parties réalisé par Brian Kirk pour la BBC en 2011, qu’avec le roman. Dans Fitoor, tout est d’abord dans l’émotion...
Aditya Roy Kapur a déjà prouvé qu’il était capable de jouer les amoureux intenses. Pourtant, il est bien plus séduisant que le Pip de Dickens ! En grandissant, Noor est clairement très attirant, mais c’est surtout à travers son regard qu’il s’exprime. Ce n’est pas quelqu’un de très communicatif, ce n’est pas quelqu’un qui partage ce qu’il ressent. Il est même, au fond, aussi froid que l’est Firdaus/Estella. Sa rencontre avec le terroriste/prisonnier (merveilleux Ajay Devgn) est similaire à la version originale. Noor comme Pip ont été élevés par leur grande sœur et leur beaufrère. Cela dit, dans Fitoor, la sœur périt dans une attaque terroriste et le beau-frère n’est pas forgeron, mais menuisier. D’ailleurs, celui-ci s’avère être un homme compréhensif, généreux et toujours présent pour Noor, alors que dans les Grandes Espérances, il finit par en vouloir à Pip d’être parti à Londres et d’être devenu un « noble ». >
CE QUI EST INTÉRESSANT DANS FITOOR, PUISQU’ICI LA ROMANCE EST AUSSI IMPORTANTE QUE LES RÊVES ET LES AMBITIONS DE NOOR/ PIP, C’EST LA PASSION POUR L’ART DU PROTAGONISTE. Noor est modeste. Et ses sentiments, il les exprime à travers ses œuvres. Noor est un passionné, un romantique. Là où Pip est plutôt un rêveur naïf. Le personnage est le même, mais ses priorités diffèrent légèrement. L’ascension rapide, comme la vérité qui brise ses espérances est assez justement décrite dans Fitoor pour ne pas dévier de ce qui fait l’essence de l’oeuvre de Dickens. Dans le roman, c’est Pip qui raconte l’histoire. Dans Fitoor, la deuxième partie sort de son point de vue pour mieux saisir ce qui lui a échappé.
Firdaus/Estella (Katrina Kaif) Quelle surprise de retrouver Katrina Kaif (dont l’accent british prend sens au travers du fait que Firdaus ait passé une bonne partie de sa vie à Londres) dans un si joli rôle !
CELA DIT, FIRDAUS ET ESTELLA NE SE RESSEMBLENT PAS TANT QUE ÇA. Si elles sont toutes les deux des beautés froides, distantes et plutôt captivantes, Estella est bien plus effacée. Aussi, puisque Fitoor laisse bien plus d’espace au personnage de Firdaus, on comprend plus facilement ses sentiments, son comportement et sa relation avec sa mère. Il est facile de s’attacher à Firdaus, car Katrina Kaif apporte à son personnage une certaine sensibilité et surtout, beaucoup de cœur. Estella est si froide 112
qu’on ne sait interpréter ni ses remarques, ni son comportement. Elle lutte davantage que Firdaus, ce qui nous la rend potentiellement sympathique, mais cela ne nous donne aucune certitude sur ses sentiments. Firdaus, elle, ressent clairement quelque chose pour Noor, mais c’est ce qu’elle subit qui nous est caché. Des révélations qui prennent plus de place au fil de l’histoire.
DANS LE ROMAN COMME DANS LE FILM, ESTELLA/ FIRDAUS CHOISIT UN AUTRE PLUTÔT QUE PIP/NOOR. Si Estella passe de nombreuses années à souffrir de sa relation avec Mr Drummle, Firdaus finit par se libérer de ses fiançailles avec Bilal. Aussi, le fait qu’il soit fils de ministre pakistanais et que le film utilise cela pour parler du conflit indo-pakistanais au Cachemire (mais dans le but de tendre vers une situation de paix) est particulièrement louable ! Firdaus est très terre à terre, pragmatique. Pourtant, elle finit par laisser ses émotions la guider. Elle n’attend pas que Noor vienne à elle, elle s’émancipe par elle-même.
Begum Hazrat/Miss Havisham
C’EST LE PERSONNAGE MYSTÉRIEUX DE L’HISTOIRE. CELLE QUE L’ON CROIT RESPONSABLE DE L’OPPORTUNITÉ QUI CHANGERA LA VIE DE NOOR/PIP. Si elle ne traîne pas toujours dans sa vieille robe de mariée, les looks de Begum Hazrat sont très détaillés, luxueux, parfois lourds. A son image. C’est sur son visage qu’on lit tout son malheur. Fidèle à la version de Dickens, Begum Hazrat/Miss Havisham veut briser le cœur des hommes et a élevé sa fille pour qu’elle en fasse de même. Noor/Pip est la victime idéale. Elle vit dans un château hors du temps, pas en décomposition comme dans le roman,
mais effectivement très ancien. Riche, mais en même temps complètement recluse, Begum Hazrat/Miss Havisham se cache et cache au passage son passif dramatique. Cependant, Fitoor a ajouté son petit grain de sel, car Firdaus/Estella n’a jamais su qu’elle a été adoptée. La tragédie est poussée à l’extrême, et est parfaitement portée par Tabu, absolument divine et envoûtante. On ne peut qu’avoir pitié pour cette femme, de ses problèmes et de sa peine.
AUSSI, LA MANIÈRE DONT ELLE SE REND COMPTE QU’ELLE A BRISÉ LE CŒUR DE NOOR/PIP TOUT COMME LE SIEN L’A ÉTÉ PAR LE PASSÉ EST DÉVOILÉE DE FAÇON TRÈS FINE DANS UNE SCÈNE PLEINE DE RÉVÉLATIONS. >
L’am bi ance g l o b a l e On est loin des adaptations shakespeariennes presque transformistes de Vishal Bhardwaj, qui a su noyer les trames évidentes des pièces dans ses films à la patte si singulière. Avec Fitoor, on part sur l’adaptation visible, celle où la comparaison se fait automatiquement.
FITOOR ARRIVE POURTANT À NOUS EMBARQUER DANS SA VERSION DES GRANDES ESPÉRANCES, ET MÊME À NOUS SÉDUIRE.
c’est le jodi que forment Aditya Roy Kapur et Katrina Kaif, qui fonctionne tellement bien !
MENTION SPÉCIALE AUSSI AUX SCÈNES DE FLASHBACK SUR LA VIE DE BEGUM HAZRAT, PARTICULIÈREMENT SAISISSANTES AVEC UNE ADITI RAO HYDARI SUBLIME ET UN JEUNE AKSHAY OBEROI QUI MÉRITERAIT QU’ON LE VOIT DAVANTAGE SUR GRAND ÉCRAN.
Il y a comme un enchantement dans la photographie d’Anay Goswamy. Chaque personnage possède une aura particulière, si enivrante. Il est très facile de saisir les émotions, les désirs et les conflits qui envahissent les protagonistes. D’être en colère avec eux, d’aimer avec eux.
LE MÉTRAGE D’ABHISHEK KAPOOR PARVIENT À SE DÉMARQUER, À ÊTRE UNIQUE EN SON GENRE. Peut-être, cependant, que ce n’est pas assez rythmé et que, comme l’histoire est connue, il aurait fallu surprendre davantage. La transposition des faits est bien pensée et facile à identifier - ce qui n’est pas désagréable même lorsqu’on connait l’oeuvre originale. Pourtant, certains pourraient être ennuyés par le côté prévisible. En tout cas, un soin particulier a été donné pour que tout nous paraisse réaliste, des œuvres de Noor à la vie mondaine de Delhi. L’un des points positifs, outre la prestation sans faute de Tabu, véritable star de l’oeuvre, 114
LA NOTE D’ADAPTATION 4/5
C I N É M A S C È N E C U LT E
Scène Culte La scène d’un film peut avoir de multiples résonances. Qu’il s’agisse de son propos, de sa mise en scène ou de sa place dans la narration, une scène peut magnifier par sa pertinence un film comme le gâcher lorsqu’elle est superflue ou dénuée de sens. Dans cette rubrique, Bolly&Co se propose d’analyser les séquences incontournables du cinéma indien pour justement dégager ce qui fait toute leur singularité...
«Le Grand Plongeon» de Jab We Met
Réalisé par Imtiaz Ali MOTS PAR ASMA E BENM ANSOUR
Acteurs de la scène : Kareena Kapoor (Geet Dhillon) et Shahid Kapoor (Aditya Kashyap) Μ>
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LE SET Les montagnes de verdure du Rajasthan, une barque sur l’eau... Dans ce cadre idyllique proche de la ville de Mandawa, au bord d’un cours d’eau, les héros sont perchés (dans tous les sens du terme pour ce qui concerne Geet) sur une sorte de plongeoir en bois. C’est littéralement et métaphoriquement un instant suspendu, durant lequel les deux protagonistes savourent le moment présent en oubliant leurs différences... Jusqu’à ce que Geet en fasse des siennes !
LES COSTUMES Tenue décontractée mais sage pour le mesuré Aditya. Le jeune homme se sort de son étouffant costume de chef d’entreprise pour arborer une chemise et un pantalon plus confortables. Ensemble casual mais coloré pour l’excentrique Geet. Le rouge occupe une place centrale dans son look, de son teeshirt à ses ongles vernis. Car Geet est aussi criante que cette couleur, alors attention les yeux ! En toute modestie, le but est ici de mettre en avant l’opposition entre les deux protagonistes et la différence manifeste entre leurs personnalités. 116
LA CAMÉRA La scène s’ouvre sur un plan d’ensemble, qui pose le contexte. Les deux protagonistes y font face à l’immensité d’un paysage luxuriant. La caméra zoome sur nos héros pour mieux capter leur échange. Puis, on alterne brièvement les points de vue d’Aditya et de Geet. La caméra qui se centre sur Aditya est en hauteur et ne fait de place qu’à lui. Car la scène tourne autour de son introspection. Celle qui s’oriente vers Geet est en contre-plongée, avec une amplitude plus large pour qu’Aditya puisse également y exister. Juste avant la chute, l’objectif se positionne en face, en plan rapproché épaule, afin de capturer les expressions tantôt d’amusement (pour Geet), tantôt de surprise (pour Aditya) des acteurs.
L’OBJECTIF EST ENCORE UNE FOIS DE METTRE EN EXERGUE LE CONTRASTE ENTRE LES CARACTÈRES DES PROTAGONISTES. L’ENJEU Décoincer Aditya ! Parce qu’il sort d’une grosse déprime et que sa rencontre avec la lumineuse Geet va d’abord l’agacer, puis l’aider à s’ouvrir. Le jeune homme se retrouve à vivre de folles expériences et apprend surtout l’importance du lâcher-prise. On sort tout juste de la chanson « Aao Milo Chalo », durant laquelle le héros donne de la voix avec tout son cœur, et ce alors qu’il avait abandonné son amour pour la musique. On le comprend donc, son processus de deuil est bel et bien enclenché ! >
LE CARACTÈRE / LE TON DE LA SCÈNE ON RIT DE BON CŒUR, RIEN N’EST FORCÉ. Geet est hilarante et même Aditya ne peut s’empêcher d’esquisser un large sourire après avoir plongé (au sens propre) dans cette eau. Le message est clair : Aditya doit prendre des risques et plonger la tête la première dans les aventures exaltantes qui jalonneront sa vie. Pour mieux tomber amoureux de Geet...
LES HÉROS Geet Dhillon, c’est la romantique enjouée. Elle a toujours quelque chose à dire et on pourrait aisément la qualifier d’adorable emmerdeuse ! Rien n’est nuancé chez elle, et c’est ce qui fait son charme. Ce qui bouleverse chez Geet, c’est sa sincérité comme son entièreté. Elle dit ce qu’elle pense et pense ce qu’elle dit. De l’autre côté, il y a Aditya, archétype de l’écorché vif aux idées suicidaires. Sa rencontre avec Geet opère comme un choc, qui mue ensuite en révélation. 118
LES RÉPLIQUES La phrase finale « you need a psychiatrist » (« t’as besoin d’un psychiatre », en français) est prononcée avec ce large sourire, qui vient signifier qu’Aditya apprend de nouveau à être heureux. Car la vraie thérapeute de l’histoire, celle qui aide le jeune homme à se défaire de ses démons et de sa souffrance, c’est Geet. D’où la double connotation de cette réplique à la fois drôle et forte en symbolique.
POURQUOI C’EST CULTE ? POUR LA CHUTE FINALE ! Car les héros se jettent à l’eau (Geet avec plus d’envie que son compagnon de voyage, cela dit) afin de marquer un tournant dans leur cheminement. D’une certaine façon, cette séquence me fait écho à la scène du lac d’Orgueil et Préjugés (dans sa version télévisée de 1995), où le héros plonge dans l’eau pour en ressortir plus neuf. En ce qui le concerne, Aditya n’expie pas ses pêchés mais se débarrasse définitivement de sa douleur avec ce bain forcé.
C I N É M A E T S I O N C O M PA R A Î T L E S R E M A K E S ?
P r a k t a n v s Jalebi MOTS PA R ASMA E BENM ANSOUR
L’Inde a pour habitude de miser sur les remakes, qu’ils soient régionaux ou internationaux. En effet, réadapter une oeuvre aux coutumes nationales voire régionales fait office de véritable tendance dans les industries indiennes, à Bollywood comme dans les capitales dravidiennes. En 2018 sort en Inde Jalebi, film hindi avec Rhea Chakraborty et le débutant Varun Mitra en têtes d’affiche. Le métrage séduira le grand public pour sa romance touchante et dramatique.
Pourtant, Jalebi n’est pas un film original. En effet, il s’agit du remake officiel du métrage bengali Praktan, sorti en 2016 avec Rituparna Sengupta et Prosenjit Chatterjee dans les rôles principaux.
ALORS, JALEBI CONSTITUE-T-IL UNE ADAPTATION RATÉE ? QUELS SONT LES ATOUTS DE CETTE VERSION ‘MADE IN BOLLYWOOD’ ?
L’H I STO IRE Dipa/Aisha (Rituparna Sengupta/Rhea Chakraborty) embarque pour un long trajet en train. La loquace Malini/Anu (Aparajita Auddy/Digangana Suryavanshi) partage sa cabine. Cette rencontre va bouleverser Dipa/Aisha bien plus qu’elle ne le croit, et va lui rappeler son idylle déçue avec Ujaan/Dev (Prosenjit Chatterjee/Varun Mitra)... >
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Praktan
Jalebi 120
PRAKTAN EN 3 POINTS Duo harmonieux.
En effet, le couple formé à l’écran par Rituparna Sengupta et Prosenjit Chatterjee fonctionne à merveille. On croit dur comme fer dans les sentiments passionnels qui les unit dès leur rencontre, dans les enjeux qui jalonnent leur vie commune et dans les différends qui mènent à leur séparation. Ce n’est pas un cliché esquissé du couple d’amoureux au cinéma. Dipa et Ujaan sont de vraies personnes, auxquelles le public est tout à fait en mesure de s’identifier tant ils sont dépeints avec sagacité.
Réalisation minimaliste.
Le travail de mise en scène mené par le binôme de réalisateurs Nandita Roy et Shiboprasad Mukherjee est assez représentatif de toute une partie de la production bengalie. Pas de grandiloquence, tout est très ancré dans le réel. Les séquences à enjeu sont aussi filmées avec beaucoup d’humilité et ne tirent pas sur la corde lacrymale (et on ne va pas s’en plaindre !).
LES DEUX CINÉASTES SEMBLENT AINSI REPRÉSENTER À LA FOIS LES POINTS DE VUE FÉMININ (CELUI DE DIPA) ET MASCULIN (CELUI D’UJAAN). Aucun des deux n’est diabolisé en faveur de l’autre. On sent un respect profond des réalisateurs pour leurs personnages, auxquels ils donnent de l’attention et de la pertinence
Galerie de portraits.
Les autres passagers du train tiennent une place centrale dans la narration et
contribuent à instaurer l’atmosphère nostalgique de Praktan. Du jeune couple d’époux qui se découvre au travers de ce trajet aux musiciens romantiques, ils sont une part essentielle du film et lui insufflent ce petit truc en plus qui fait toute la différence.
JALEBI EN 3 POINTS Musique magistrale.
On doit la bande-originale de Jalebi à une brochette d’artistes, de Jeet Gannguli à Tanishk Bagchi, en passant par les duos Samuel-Akanksha et Javed-Mohsin. Si la plupart des mélodies s’inscrivent à merveille dans la narration, deux morceaux sont particulièrement réussis. « Tum Se » en tête, magistralement interprété par Jubin Nautiyal ! Cette complainte est clairement le point d’orgue du film et représente parfaitement les sentiments tourmentés d’Aisha. Le second titre, « Pal », s’appuie sur le mariage des voix d’Arijit Singh et de Shreya Ghoshal, et ce afin d’illustrer l’amour naissant entre Dev et Aisha.
UN BIJOU DE SENSIBILITÉ ! Rhea Chakraborty, surprenante.
C’est l’incontestable révélation du métrage. Jusque-là cantonnée à des rôles plutôt oubliables, la jeune femme trouve avec Jalebi un personnage à la hauteur de son potentiel. Parfaite en écorchée vive, elle est l’âme de Jalebi, qui trouve sa force dans la prestation puissante de la belle. On ne voit qu’elle et on entre immédiatement en empathie avec cette écrivaine qui demeure blessée par son chagrin d’amour.
Visuellement hasardeux.
Parmi les défauts de ce remake, il y a l’image. Le travail de photographie de Monoj Soni déçoit, en particulier après avoir découvert le film qui l’a inspiré. Le montage > 121
de Devendra Murdeshwar n’est pas concluant non plus. Dans son esthétique, Jalebi s’enferme dans l’archétype des productions de Vishesh Films, livrant un résultat brouillon et quelque peu bâclé.
DE FAIT, LE MÉTRAGE DANS SA GLOBALITÉ PERD EN IMPACT. 3 POINTS DE CONVERGENCE La trame principale.
Une jeune femme qui ne respire pas la joie de vivre se confronte à une autre, enjouée et verveuse. Il se trouve qu’un seul et même homme les lie : Ujaan/Dev. Rien de nouveau sous le soleil puisque Jalebi ne vient pas réinventer l’histoire écrite à l’origine par la bengalie Nandita Roy. C’est le cœur des deux films et le remake respecte l’histoire de base avec rigueur.
La narration.
Nourrie de flashbacks au fil du trajet, la construction de Jalebi est également calquée sur celle de Praktan. On embarque avec Dipa/Aisha dans ce trajet ferroviaire pour ensuite découvrir ce qui l’unit à sa compagne de voyage, Malini/Anu. Le montage alterne les conversations entre les protagonistes et les séquences de souvenirs de Dipa/Aisha et Ujaan/Dev.
DE NOUVEAU, PAS D’INNOVATION NI DE PROPOSITION DE LA PART DU REMAKE, QUI REPREND PRESQUE À LA LETTRE LE STORY-BOARD DE PRAKTAN. Le propos.
Un couple qui s’est séparé dans la douleur se retrouve des années plus tard à bord d’un train. Ce voyage va les aider à comprendre 122
ce qui a dysfonctionné dans leur relation et surtout, à tourner la page. Ce résumé s’applique aussi bien à Jalebi qu’au film dont il s’inspire. Aucune surprise, donc.
3 POINTS DE DIVERGENCE L’écriture du personnage féminin.
Dipa est davantage désabusée que meurtrie, là où Aisha a encore mal. Dipa a déjà entamé son travail de deuil, qu’elle n’a pas achevé tant elle est restée avec des questions sans réponse. Aisha est encore envahie par la douleur, elle aime toujours Dev, c’est criant. Dipa a davantage un regard amer sur sa relation avec Ujaan.
LEURS BESOINS SONT DONC TOTALEMENT DIFFÉRENTS, CE QUI EXPLIQUE PAR AILLEURS LA POSTURE PLUS OUVERTE DE DIPA LORSQU’ELLE RÉALISE QUE MALINI EST LA NOUVELLE ÉPOUSE D’UJAAN. Le ton.
Le caractère de Praktan est beaucoup moins poussif et mélodramatique que celui de son remake. L’original est un film sur une relation qui s’effrite. Alors que dans Jalebi, on peine même à comprendre ce qui pousse le couple à se séparer. En revanche, dans Praktan, on voit graduellement le lien entre les protagonistes se déconstruire. Ils grandissent, leurs envies évoluent et malgré leur amour, ils réalisent qu’ils n’aspirent plus aux mêmes choses. Il n’y a pas de coupable. Il n’y a pas de coups bas. Aussi, l’avalanche de larmes de Jalebi nous est épargnée dans la version originale. Jalebi est un mélodrame romantique où tout est jusqu’au-boutiste. L’approche de Praktan est plus mesurée et donc d’autant plus réaliste.
La relation entre les deux femmes.
Dès le départ, Aisha est très froide avec Anu, là où Dipa apprend davantage à connaître Malini, pour finalement s’attacher à elle. Aisha ne créé pas de lien avec Anu, qu’elle juge sans même connaître son histoire. Dipa, au contraire, veut découvrir qui est la femme qui a épousé son ex-mari. Elle échange avec elle ainsi qu’avec sa fille. Une réelle amitié naît entre les deux femmes.
AINSI, BIEN PLUS QU’UJAAN, C’EST MALINI QUI AIDE DIPA À DÉFINITIVEMENT CLORE LE CHAPITRE DE SA RELATION AVEC SON ANCIEN ÉPOUX. Praktan
En co ncl u si o n Si vous êtes amateur de drames romantiques intenses, Jalebi est en capacité de répondre à vos expectatives.
EN REVANCHE, SI VOUS SOUHAITEZ FAIRE L’EXPÉRIENCE D’UN FILM PLUS FIN ET ÉTAYÉ, PRAKTAN SERA DAVANTAGE FAIT POUR VOUS. Dans les deux cas, l’histoire qui est racontée vaut le coup d’être visionnée...
C RIT I Q U E : P E R IO D. E N D O F S E N TE NC E .
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À LA UNE AY U S H M A N N K H U R R A N A & BHUMI PEDNEKAR
À L A U N E AY U S H M A N N K H U R R A N A E T B H U M I P E D N E K A R
AYUSHMANN KHURRANA ET BHUMI PEDNEKAR Rétrospective de leurs destins croisés… MOTS PA R ASMA E BENM ANSOUR P H OTO G RAP HI ES : I N STAG RAM D'AY USHMANN KHURRANA ( @AYUSHM ANNK) E T I NSTAG RAM DE SAMI KSHA P EDN EKAR ( @ SAM IKSHAPEDNEKAR)
A l'occasion de ce numéro exclusif sur le thème des duos (et après de multiples tergiversations), le choix de notre équipe s'est porté sur deux comédiens désormais très populaires, mais que rien ne destinait à un tel succès : Ayushmann Khurrana et Bhumi Pednekar. Ensemble, ils ont travaillé par deux fois sur des films complètement atypiques. Mais surtout, ils sont parvenus à exister chacun de leur côté en livrant des prestations uniques et mémorables.
AU DÉTOUR DES ANNÉES MARQUANTES DE LEURS VIES RESPECTIVES, BOLLY&CO VOUS PROPOSE DE FAIRE UN VOYAGE DANS LE TEMPS AFIN DE COMPRENDRE DAVANTAGE QUI SONT CES DEUX COMÉDIENS LUMINEUX…
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1 9 84 Nishant Khurrana voit le jour le 14 septembre à Chandigarh, dans l'Etat du Punjab. Il grandit dans un environnement où la littérature est fondamentale. Son père est un astrologue punjabi tandis que sa mère est une femme au foyer aux origines birmanes. Son existence est simple, basée sur l’importance du savoir et de l’apprentissage. Trois ans après sa naissance, ses parents le renomment Ayushmann. Avec ce nouveau nom vient un petit frère, Aparshakti (dont notre rédactrice Fatima-Zahra vous parle plus amplement dans les pages de ce numéro). En 1988, le garçonnet assiste à une projection du film Tezaab, bouleversant sa vision de la vie à jamais. Il n’a alors que 4 ans. « Quand j’y
pense, ce film est mon premier souvenir lié à Bollywood. »
1 9 89 Bhumi Pednekar naît le 18 juillet à Mumbai, capitale du cinéma hindi située dans l’Etat du Maharashtra. On en sait peu sur son enfance, si ce n’est qu’elle a une petite sœur, Samiksha, de laquelle elle est très proche. Dès l'âge de 13 ans, elle sait qu'elle veut faire de la comédie une carrière. « À l'école,
j'étais attirée par les activités artistiques, le théâtre et les concours d'éloquence. » Pendant ce temps, Ayushmann est toujours dans son Punjab natal, où il poursuivra plus tard des études de littérature anglaise et de journalisme à la Panjab University de Chandigarh. Dans l’intervalle, il s’investit dans les troupes de théâtre Aaghaaz et Manchtantra, pour lesquelles il développe des pièces de rue et des minstrel shows.
SA SENSIBILITÉ ARTISTIQUE SE MANIFESTE DÉJÀ À L’ÉPOQUE. IL EN EST
DÉSORMAIS SÛR : IL DEVIENDRA ACTEUR. En 2001, Ayushmann a 17 ans. Il passe alors le casting de la version indienne du télécrochet Popstars. Il faut dire que le jeune homme est également doué pour la musique, possédant un timbre de miel absolument délectable. Après avoir passé les différentes phases de qualification avec succès, il est éliminé quelques semaines avant la finale du programme. Il rentre donc chez lui afin de poursuivre son cursus universitaire. Car ce n’est pas cet échec qui va l’arrêter, ni l’empêcher de vivre.
2 0 04 Ayushmann participe à la deuxième saison du jeu d'aventure MTV Roadies, présenté par Rannvijay Singh. Ce dernier lui signifie par ailleurs qu'il n'a pas le look adéquat pour percer. « Rannvijay m'a dit que j'avais un physique de radio. » Ce qui ne l'empêche pas de remporter le programme, à seulement 20 ans. Pourtant, il ne capitalise pas sur cette victoire et retourne de nouveau à Chandigarh. Il souhaite avoir son diplôme pour assurer son avenir. Plus que tout, il veut attendre la bonne opportunité, celle qui lui permettra réellement de percer.
AUSSI, IL EST IMPORTANT POUR SA FAMILLE DE LE SAVOIR DIPLÔMÉ. Pour autant, le jeune sera bouleversé par un geste de soutien de son père, le jour même de l’obtention de ses examens. « En
2006, juste après avoir fini mes études de journalisme, mon père a préparé ma valise, payé mon billet en me disant que désormais, je pouvais poursuivre mon rêve de devenir acteur. » > 127
Ce coup de pouce familial lui permet de démarrer une carrière d'animateur, d’abord à la radio puis à la télévision. Sa voix plaît, tout comme son énergie communicative. Il anime en 2006 une émission de radio dans la ville de Delhi. Mais déjà, son esprit est ailleurs. « Je me souviens de la première fois
où je suis venu à Bombay, en 2007. Je contemplais l'affiche d’Om Shanti Om en rêvant qu'un jour, ce serait le poster d’un de mes films qui serait placardé de la sorte. » En 2008, il épouse Tahira Kashyap, sa petiteamie de longue date qu’il a rencontré dans son Punjab natal. Le jeune homme n'est alors pas stable financièrement, mais la belle n'en a cure. « Je me souviens que lorsque
j'ai épousé Tahira, je n'avais que 10 000 roupies (environ 130 euros, ndlr) dans mon compte en banque. »
20 09 Bhumi est employée en tant qu'assistante de la directrice de casting Shanoo Sharma au sein de la boîte de production Yash Raj Films. « Un de mes amis m'a parlé d'un
poste d'assistant chez Yash Raj Films et je m'en suis saisie. Mes parents n'étaient pas rassurés car ils souhaitent que je poursuive mes études. J'ai donc obtenu mon diplôme à distance tout en continuant à travailler. » Six années
durant, elle forge son expérience en observant activement des milliers d’aspirants acteurs auditionner. Son souhait profond est également de faire ce métier, mais la belle demeure patiente.
PENDANT CE TEMPS, AYUSHMANN DEVIENT L'UN DES ANIMATEURS PHARES DE LA TÉLÉVISION HINDI. 128
Comme un coup du sort, il remplace Rannvijay Singh à la présentation de la saison 7 (puis plus tard de la saison 8) de MTV Roadies. Il est également maître de cérémonie de grosses marques comme India's Got Talent (version locale de La France a un incroyable talent) et Just Dance. Son naturel et son sourire font ici tout le travail. A tel point qu'il remporte pas moins de 4 prix pour ses prestations, dont l'Indian Television Academy Award du Meilleur Animateur de télé-crochet pour Just Dance.
2 0 12 LA CARRIÈRE AU CINÉMA D'AYUSHMANN KHURRANA EST LANCÉE AVEC LE SINGULIER VICKY DONOR. C’est le débutant que personne n'attend. Il faut dire que cette année-là, des enfants de stars comme Arjun Kapoor et Varun Dhawan sont également propulsés à Bollywood. De son côté, Ayushmann tape dans l'œil d'un certain John Abraham, qui produira Vicky Donor, dirigé par Shoojit Sircar. Dans ce métrage, il incarne un jeune homme paresseux mais attachant, qui décide de devenir donneur de sperme. Pour lui faire face, il y a une jeune comédienne qu'il connaît bien : Yami Gautam, vedette de la télévision et amie de longue date de son épouse Tahira. Le sympathique animateur montre sa polyvalence car en plus de tenir le rôle principal principal du métrage, il y interprète un morceau pour sa bande-originale : « Pani Da Rang ». Les critiques sont unanimes sur le potentiel du jeune homme, tandis que sa chanson tutoie les sommets des charts. Ayushmann remportera donc sans surprise le Filmfare Award du Meilleur Espoir Masculin. Plus étonnant cela dit, il sera également sacré Meilleur Chanteur lors de la >
VICKY DONOR (2012)
DUM LAGA KE HAISHA (2015)
cérémonie, et demeure à ce jour le seul comédien à avoir remporté cette distinction. C'est également l'année de sa plus grande réussite, avec la naissance de son fils Virajveer, qui sonne comme la plus belle des bénédictions. En 2013, il doit retrouver Yami Gautam dans le film suivant de Shoojit Sircar, Agra Ka Daabra, qui ne verra jamais le jour. Cependant, il sort un premier single cette année-là, « O Heeriye », surfant sur le succès du titre « Pani Da Rang ». En collaboration avec le compositeur Rochak Kohli, Ayushmann joue de son image de chanteur romantique avec ce titre enlevé et poétique. Par la suite, les mauvais choix artistiques se multiplient hélas pour lui, de la décevante comédie Nautanki Saala (fort agréable, mais qui n'a fait que souffrir de la comparaison avec Vicky Donor) aux tout à fait dispensables Bewakoofiyan (romcom fade avec Sonam Kapoor) et Hawaizaada (biopic douteux dans lequel il incarne l'inventeur Shivkar Bapuji Talpade).
LE PUBLIC LE SENT PRISONNIER SON PREMIER RÔLE, DUQUEL IL DOIT PARVENIR À SE DÉPARTIR. « Certaines personnes pensaient que
j'étais juste moi-même dans Vicky Donor, un garçon punjabi qui se cherche dans la vie. » Aussi, l'acteur doit composer avec l'éloignement familial. En effet, sa femme Tahira et leur fils aîné sont restés à Chandigarh là où l'acteur s'est installé à Mumbai pour les besoins de sa carrière. A l’époque, il se livre sur le manque de ses proches. « J'aimerais que ma femme
et mon fils soient avec moi. Mais elle poursuit son doctorat à Chandigarh, je n'ai donc pas l'occasion de voir notre fils autant que je le voudrais. »
Malgré l’échec commercial qu’il a constitué, Bewakoofiyaan lui permet tout de même de signer un contrat de 3 films avec la bannière de production Yash Raj Films. De quoi augurer des perspectives plus positives pour le comédien ?
D'AUTANT QU'AYUSHMANN A TOUTES LES RAISONS DE SOURIRE. En 2014, sa femme donne naissance à leur second enfant, une fille du nom de Varushka. L’acteur continue aussi de chanter, cette fois pour la complainte « Mitti Di Khushboo », dans le clip duquel il joue face à la belle Huma Qureshi.
2015 Et alors que la carrière de l'artiste est en perte de vitesse, sa collaboration avec Bhumi Pednekar va lui donner un nouveau souffle. Car il faut se l'avouer : on le croyait fini, Ayushmann ! Pourtant, il fera taire toutes les mauvaises langues avec le métrage qui va suivre. « Je me souviens que Nautanki Saala
venait de sortir, et j'étais en plein tournage pour Bewakoofiyaan lorsque j'ai reçu le script de Dum Laga Ke Haisha. J'ai tellement aimé que j'étais prêt à commencer le tournage immédiatement ! »
De son côté, Bhumi travaillait toujours en tant qu'assistante et auditionnait les jeunes femmes qui tentaient alors de décrocher le rôle principal de la prochaine production de Maneesh Sharma (connu pour avoir notamment réalisé Band Baaja Baaraat). La mission de la jeune femme est de guider les personnes qui se présentent au casting. Elle figure ainsi dans des "auditions témoins" qui servent d'exemple aux acteurs novices. Cela dit, convaincu par son >
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potentiel, Maneesh lui proposera d'être l'héroïne du métrage en question, dirigé par Sharat Katariya.
CE FILM, C’EST DUM LAGA KE HAISHA. ET LORS DE SA SORTIE, IL FAIT L'UNANIMITÉ. Car en plus de repositionner Ayushmann sur le devant de la scène, il permet à la jeune Bhumi d'attirer l'attention des producteurs. La jeune femme n'hésitera pas à prendre du poids pour incarner Sandhya, une enseignante généreuse dans les années 1990. Son jeu est salué de toutes parts et le film résulte en succès commercial incontestable en plus de charmer la presse. A juste titre, Bhumi recevra donc le Filmfare Award du Meilleur Espoir Féminin pour ce métrage.
L'ALCHIMIE QUI LIE LES DEUX COMÉDIENS EST ÉVIDENTE ET TRANSPARAÎT MERVEILLEUSEMENT À L'ÉCRAN. Bhumi se confie d'ailleurs sur ses impressions lorsqu'elle a commencé à travailler avec Ayushmann : « Je connaissais Ayushmann
avant de tourner le film. C'est un homme aux multiples talents, à la fois acteur, musicien et présentateur. C'est un véritable artiste. » Elle admet
d'ailleurs avoir été impressionnée par son jeu d’acteur. « Il a mené certaines scènes
avec tellement de facilité… Je ne m'étais pas vraiment rendue compte pendant le tournage du fait qu'il soit si sousvalorisé. Mais quand j'ai vu le film, j'étais bouche-bée ! » Toujours en 2015, Ayushmann et sa femme Tahira coécrivent le livre Cracking The 132
CODE - My Journey To Bollywood, ouvrage autobiographique qui revient sur le parcours atypique du trentenaire. Enfin, il sort un nouveau morceau, « Yahin Hoon Main », et fait appel à sa première partenaire à l’écran Yami Gautam pour son clip vidéo. On ne les voit ni l'un ni l'autre en 2016, si ce n’est au travers d’un single pour le jeune homme, « Ik Vaari », co-composé avec son frère Aparshakti. Car Ayushmann a retenu la leçon et prendra le temps de choisir des projets qui feront honneur à son talent. Il forge une amitié solide avec Bhumi, qui suit cet exemple et se centre sur des métrages dans lesquelles elle pourra faire valoir son potentiel. « J'aime donner du temps à
chaque personnage que j'incarne. Si à l’avenir, je suis amenée à faire moins de films, j'en serai très satisfaite. Je veux que chacun de mes personnages soit mémorable. » Aussi, la jeune femme souhaite prendre du temps pour elle : « J'ai mis un an pour prendre 23 kilos
et le même temps pour les perdre afin de revenir à ma silhouette d'origine. » Le duo est ensuite annoncé au casting de Manmarziyaan, drame romantique dirigé par Sameer Sharma (qui a réalisé par le passé Luv Shuv Tey Chicken Khurana). Ayushmann raconte : « Bhumi et moi avons tourné à
Amritsar pour le film durant une dizaine de jours. » Mais des désaccords entre les producteurs et le cinéaste mettent le projet en pause. La réalisatrice Ashwiny Iyer Tiwari (à laquelle on doit les films Chanda, une mère indienne et Bareilly Ki Barfi) est annoncée pour prendre le relais, mais Bhumi comme Ayushmann ne sont plus disponibles.
Finalement, l’œuvre renaîtra de ses centres sous la houlette d'Anurag Kashyap avec un nouveau casting, composé d'Abhishek Bachchan, Taapsee Pannu et Vicky Kaushal. >
B H U M I P E D N E K A R E T AY U S H M A N N KHURRANA SUR LE TOURNAGE DU F I L M M A N M A R Z I YA A N , À S H I M L A .
S H U B H M A N G A L SA AV D H A N ( 2 0 1 7 )
20 17 Ayushmann tourne le troisième film de son contrat avec Yash Raj Films : Meri Pyaari Bindu. Dans cette romance musicale, il pose sa voix sur le plus beau titre de l'album : « Hareyaa ». Pourtant, l'accueil est mitigé malgré le grand retour de Parineeti Chopra, que vient marquer cette production. Qu'à cela ne tienne, le comédien a d'autres trucs dans sa manche... Quant à Bhumi, elle donne la réplique à Akshay Kumar dans Toilet - Ek Prem Katha, satire sociale portant sur le thème de l'accès aux sanitaires pour les femmes. Un rôle dans lequel elle croyait beaucoup. « J'ai vu une
certaine force chez Jaya (son personnage dans le film, ndlr). »
VÉRITABLE CARTON EN SALLES, LE FILM CONTRIBUE PAR AILLEURS À ÉVEILLER LES CONSCIENCES, À TEL POINT QUE LE GOUVERNEMENT ALLOUERA DES BUDGETS À LA CONSTRUCTION DE TOILETTES PUBLIQUES DANS DES ZONES RURALES. « Grâce à ce film, je crois que certaines choses ont bougé. » Avec ce second projet, la belle martèle surtout sa sensibilité artistique et son appétence pour les métrages qui s'engagent. Elle retrouve finalement Ayushmann dans Shubh Mangal Saavdhan, remake hindi du film tamoul Kalyana Samayal Saadham dans lequel ils évoquent la problématique de l'impuissance sexuelle. Une thématique audacieuse pour un métrage qui touchera le public par la sincérité de ses personnages. Ayushmann en tête, particulièrement
attendrissant en homme amoureux mais démuni. Pour lui faire face, Bhumi campe une jeune femme aussi franche que bienveillante. Ensemble, ils déploient l'alchimie qu'on leur connaît au service d'une œuvre radicalement différente de leur premier essai commun. Ils seront tous deux pressentis aux Filmfare Awards, dans les catégories du Meilleur Acteur et de la Meilleure Actrice respectivement.
SI BHUMI PERSISTE ET SIGNE AVEC DEUX FILMS DIFFÉRENTS, AYUSHMANN SEMBLE QUANT À LUI S'ENFERMER DANS DES RÔLES DE GENTILS GARÇONS TENDRES ET ROMANTIQUES. Il le sait et il ne souhaite pas répéter l'écueil qui a fait suite au plébiscite de Vicky Donor. La suite sera donc déterminante pour lui…
2 0 18 C'est l'année de la reconnaissance pour Ayushmann avec le film Andhadhun, qui l'illustre en aveugle saisissant. Cette comédie noire mêlée de suspense le sort totalement de sa zone de confort tant l'acteur y est des plus sombres et énigmatiques. Il avoue pourtant que Sriram Raghavan était sceptique à l’idée de travailler avec lui. Car le cinéaste avait plutôt en tête le jeune Harshvardhan Kapoor pour le rôle. « C’est moi qui ai démarché Sriram
pour Andhadhun. Je l’ai appelé en lui expliquant que je souhaitais travailler avec lui. Mais il avait quelques doutes, dans le sens où je n’avais jamais travaillé dans un film qui soit proche de son univers très noir. » Nommé pour le Filmfare Award du Meilleur Acteur, il remporte ce prix dans la catégorie de la critique lors de >
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cette même cérémonie, ex-aequo avec Ranveer Singh (sacré pour le film Padmaavat). La même année, il revient à un rôle plus convenu au service de la comédie Badhaai Ho, qui porte sur le thème des grossesses tardives. À la fois hilarante et tellement pertinente, cette production sans prétention devient l'un des films les plus rentables de l'an, consolidant au passage le statut d'étoile montante d'Ayushmann.
POURTANT, SA VIE PERSONNELLE SUBIT UN CHOC. Sa femme Tahira souffre d'un cancer et doit entreprendre une chimiothérapie. L'acteur ne communique pas sur la maladie de son épouse, et ne révèle l'information qu'à la fin des traitements. Il ne manque cependant pas de rendre hommage au combat de sa belle via un post Instagram, illustrant le dos nu de Tahira marqué par les interventions chirurgicales. « Tes cicatrices sont belles.
Tu es une pionnière. Continue d'inspirer des millions de gens à mener leurs propres batailles personnelles. Et sois plus vivante que jamais ! » De son côté, Bhumi est beaucoup plus discrète. Elle joue sous la direction de Zoya Akhtar pour le film à sketches de Netflix Histoires Sensuelles (Lust Stories en version originale). Bhumi y campe une employée de maison qui entretient une liaison avec son patron. Sur les quelques 20 minutes du film, elle surprend par son émotion et sa retenue. « Histoires Sensuelles m'a appris
qu'il n'y avait pas une seule façon de transmettre des choses. Les mots ne sont pas toujours nécessaires. Même si nous ressentons tous des émotions en tant qu'êtres humains, nous avons également cette capacité à les communiquer de 136
différentes manières. Cette expérience m'a vraiment beaucoup apportée en tant qu'actrice. » Ayushmann ne cesse jamais de poser sa voix sur de douces mélodies, que ce soit pour les bandes-originales des films qu’il sert qu’en dehors. En 2018, il interprète la chanson « Chan Kitthan », son dernier single. Pour ce nouvel essai musical, il retrouve le compositeur de ses débuts, Rochak Kohli. Dans l'intervalle, Bhumi et lui sont invités ensemble sur le plateau du talk-show BFFs With Vogue, animé par Neha Dhupia, où leur complicité est de nouveau frappante. Les deux acteurs se connaissent très bien et partagent une amitié solidifiée par le temps. Lorsqu'on lui demande laquelle de ses partenaires au cinéma il préfère, la réponse d'Ayushmann est évidente. « C'est de Bhumi dont je suis le proche. »
Et d ep u i s ? BHUMI DÉBUTE L'ANNÉE 2019 AVEC UN RÔLE SURPRENANT DANS L'AUDACIEUX SONCHIRIYA, FACE À SUSHANT SINGH RAJPUT ET MANOJ BAJPAYEE. Dirigé par Abhishek Chaubey (auquel on doit notamment Ishqiya et Udta Punjab), ce film d'action contextualisé dans l'Inde rurale des années 1970 donne à Bhumi l'occasion de se grimer et d'incarner un personnage complètement "deglam". Sonchiriya représente donc une opportunité supplémentaire pour la jeune femme de prouver sa polyvalence. Dans les pages suivantes de ce numéro, vous retrouverez un article citant la totalité de ses projets en cours de production. Car la concernant, le meilleur est clairement à venir… >
S U R L E P L A T E A U D E L' É M I S S I O N VO G U E ' S B F F, AV E C N E H A D H U P I A .
PREMIÈRE AFFICHE DU FILM BALA.
ON RETROUVERA ÉGALEMENT AYUSHMANN DANS NOMBRE DE FILMS PROMETTEURS. Ce mois-ci, il sera le héros de Article 15, un thriller dans lequel il incarne un policier engagé. On le retrouvera ensuite à l’affiche de Dream Girl, une comédie satirique qui l’opposera à Nushrat Bharucha. Comme rien ne l’arrête et que l’acteur a toujours affirmé son goût pour les films qui font bouger les mentalités, il sera aussi à la distribution de Shubh Mangal Zyada Saavdhan, qui constituera une histoire d’amour entre deux hommes. Enfin, il donnera la réplique à nul autre que la légende Amitabh Bachchan dans Gulabo Sitabo, sous la direction de Shoojit Sircar.
SURTOUT, IL RETROUVERA BHUMI DANS BALA, LE PROCHAIN MÉTRAGE D’AMAR KAUSHIK (RÉALISATEUR DE STREE) QUI TRAITERA DE LA CALVITIE PRÉCOCE. Il s’agira de leur troisième collaboration. À propos de leur relation, Bhumi déclare : « C'est un mec génial et nous sommes
très bons amis. Nous nous comprenons, il est comme une meilleure copine pour moi et je suis comme un meilleur pote pour lui. » Les deux acteurs ont développé
une relation solide de confiance. Il se sentent en phase l’un avec l’autre, aussi bien humainement qu’artistiquement. « Avec le
temps, nous sommes devenus de plus proches amis et de meilleurs collègues l’un pour l’autre. Nous nous sentons suffisamment à l’aise l’un avec l’autre pour nous dire si ce que nous faisons ensemble professionnellement fonctionne ou pas. Nous travaillons nos scènes ensemble mais travaillons
également à améliorer nos performances respectives. »
EN QUELQUES ANNÉES DE CARRIÈRE, BHUMI PEDNEKAR ET AYUSHMANN KHURRANA ONT RÉUSSI À PRENDRE L’INDUSTRIE DE COURT PAR LEURS CHOIX AUDACIEUX, LA NUANCE DE LEUR JEU ET LEUR DÉSARMANTE SINCÉRITÉ. Dans les mois à venir, il sera impossible de les manquer tant ils ont signé une multitude de films alléchants qui risquent fortement de marquer le grand public. L’un comme l’autre ont réussi le tour de force d’être à la fois surprenants et fédérateurs.
DU NATUREL ET DE LA POLYVALENCE À REVENDRE, VOILÀ LA RECETTE DU SUCCÈS POUR CES DEUX ACTEURS QUE RIEN N’ARRÊTE !
? L E SAVIE Z-VO US ? Le rôle principal du film Hichki a d'abord été proposé à Ayushmann Khurrana. Face à l'indisponibilité de l'acteur, l'équipe créative du métrage a changé son fusil d'épaule en faisant appel à Rani Mukerji, transformant le héros du film en héroïne.
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À L A U N E AY U S H M A N N K H U R R A N A
AY U S H M A N N K H U R R A N A
Sa voix par 4 fois... M OTS PA R AS M A E B E NMAN SO UR
AYUSHMANN KHURRANA EST UN ACTEUR QUI MONTE. MAIS EN PLUS, C’EST UN FORMIDABLE CHANTEUR À LA COULEUR VOCALE EXCEPTIONNELLE. Il m’était donc impossible de ne pas vous proposer une sélection (évidemment non exhaustive) de mélodies interprétées par cet artiste complet. Alors, on met ses écouteurs, on appuie sur le bouton « play » et on se laisse porter... 140
La première. « PANI DA RANG » de Vicky Donor (2012) COMPOSÉ PAR ROCHAK KOHLI Ayushmann Khurrana a un grain de miel, un timbre chaud et tendre qui se marie parfaitement avec l’exercice du guitarevoix. Pour son premier film, il ne se contente pas de pousser la chansonnette comme le feraient certains acteurs. Il interprète littéralement cette ballade romantique avec une aisance désarmante. C’est d’ailleurs sans surprise qu’il remportera le Filmfare Award du Meilleur Chanteur pour cette mélodie délicate.
La complainte. « MITTI DI KHUSHBOO » (2014) COMPOSÉ PAR AYUSHMANN KHURRANA ET ROCHAK KOHLI Après la sortie du titre « O Heeriye » en 2013, Ayushmann sort un second single empli de caractère. L’orchestration est ici plus riche, moins modeste que celle d’un « Pani Da Rang », par exemple. Le titre vient narrer l’histoire d’un amour inassouvi et est donc empreint de cette profonde tristesse. Une chanson au charme indéniable.
La mélodie pop. « IK VAARI » (2016) COMPOSÉ PAR AYUSHMANN KHURRANA ET APARSHAKTI KHURANA Tout en restant fidèle à un style très intimiste, Ayushmann Khurrana et son frère Aparshakti composent cette fois un morceau plus enlevé et rythmé que ce soit à quoi le chanteur est habitué. Mais l’instrumentation est taillée sur mesure pour lui tant « Ik Vaari » ne sonne pas comme un contre-emploi.
La chanson rock. « HAREYAA » de Meri Pyaari Bindu (2017) COMPOSÉ PAR SACHIN-JIGAR Le registre du rock requiert généralement une grande puissance vocale afin de ne pas être dépassé par des instruments très imposants. Impossible pour le frêle Ayushmann, vous vous dites ? Pas du tout, puisqu’en plus de dominer le morceau grâce à sa voix, le chanteur reste fidèle à son interprétation mesurée et ne tombe pas dans l’écueil du cabotinage. Il existe donc un équilibre savoureux entre la mélodie généreuse de Sachin-Jigar et le timbre nuancé d’Ayushmann. 141
À LA UNE BHUMI PEDNEKAR Sonchiriya
BHUMI PEDNEKAR :
Le meilleur est à venir !
M OTS PA R AS M A E B E NMAN SO UR
DEPUIS SES DÉBUTS EN 2015, BHUMI PEDNEKAR A DONNÉ LE TON DE SA CARRIÈRE. Actrice à la fois engagée et fédératrice, aussi authentique que bankable. Si sa filmographie compte d’ores et déjà plusieurs films de qualité, ses projets futurs annoncent probablement la montée en puissance de la comédienne.
ET SI ON S’Y ATTARDAIT DAVANTAGE ? 142
1. DOLLY KITTY AUR WOH CHAMAKTE SITARE de Alankrita Srivastava Peu d’éléments ont filtré concernant ce métrage. On sait en tout cas qu’il est dirigé par l’audacieuse Alankrita Srivastava, à laquelle on doit le courageux Lipstick Under My Burkha. Surtout, ce film représente l’occasion pour Bhumi de donner la réplique à une actrice de talent : Konkona Sen Sharma. Cette comédie satirique sera produite par Ekta Kapoor.
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SAAND KI AANKH
TAKHT
de Tushar Hiranandani
de Karan Johar
Notamment financé par l’inénarrable Anurag Kashyap, Saand Ki Aankh l’oppose également à une comédienne puissante : Taapsee Pannu. Basé sur les vies de Chandro et Prakashi Tomar, deux tireuses d’élite de l’Uttar Pradesh, le métrage devrait sortir en octobre 2019. Le formidable Vineet Kumar Singh (révélation du film Mukkabaaz) fera également partie de l’aventure.
Énorme casting pour cette fresque historique de Karan Johar, dont la sortie est pour l’instant annoncée en 2020. Face à elle, on retrouvera Kareena Kapoor Khan, Ranveer Singh, Vicky Kaushal, Alia Bhatt et Jahnvi Kapoor. De son côté, Bhumi prêtera ses traits à Dilras Banu Begum, épouse de l’empereur Aurangzeb. De quoi espérer le meilleur !
3.
6.
PATI PATNI AUR WOH
BHOOT PART ONE – THE HAUNTED SHIP
de Mudassar Aziz Remake du drame romantique du même nom sorti en 1978, Bhumi Pednekar incarnera une épouse trompée dans ce triangle amoureux face à Kartik Aaryan et Ananya Pandey. Au service d’un registre plus populaire que ses autres projets en production, l’actrice compte bien émouvoir dans ce rôle initialement tenu par Vidya Sinha.
4. BALA de Amar Kaushik Nouvelle association avec Ayushmann Khurrana, Bala comptera l’histoire d’un jeune homme qui souffre de calvitie précoce. Un autre sujet de société auquel la belle se frotte après avoir parlé d’impuissance sexuelle dans Shubh Mangal Saavdhan ou encore de l’accès aux commodités dans Toilet - Ek Prem Katha. Elle campera manifestement une femme brillante dont le teint hâlé lui vaut d’être discriminée. Le tournage a démarré en mai dernier.
de Bhanu Pratap Singh Il s’agira d’une franchise en plusieurs parties qui s’inscrira dans le style de l’horreur. Dans ce métrage, la belle Bhumi donnera la réplique à Vicky Kaushal. Le projet sera notamment produit par nul autre que Karan Johar. La sortie du film est prévue pour novembre prochain.
À SOULIGNER ! En plus de Saand Ki Aankh, Taapsee Pannu devait jouer aux côtés de Bhumi Pednekar dans Pati Patni Aur Woh, mais a été finalement remplacée par Ananya Pandey. Cet incident l’a d’ailleurs beaucoup contrariée puisqu’elle a découvert par la presse qu’elle était écartée du métrage.
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CRITIQUES
NORD
CRITIQUE FLASHBACK
MOHABBATEIN MOTS PA R ASMA E BENM ANSOUR
MOHABBATEIN FAIT PARTIE DE CES FILMS DOUDOU QUE J’AFFECTIONNE TOUT PARTICULIÈREMENT. Pourtant longuet, pas forcément très bien interprété et assez poussif dans son avalanche de mélodrame, j’ai tout de même le souvenir d’avoir été marquée au fer rouge par ce métrage. Dans mes souvenirs, Mohabbatein est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai commencé à écrire. Le premier film indien sur lequel j’ai eu envie de poser des mots. La première fois où je me suis autorisée à verbaliser mon ressenti par la prose. Alors forcément, même si j’ai conscience de ses défauts, difficile pour moi de dire du mal d’un film qui m’avait à l’époque tellement 146
touchée. Encore aujourd’hui, j’éprouve un immense plaisir à le visionner tant il me renvoie à des émotions fortes dans ma découverte du cinéma indien.
DE FAIT, ET DANS LE CADRE DE LA THÉMATIQUE DES DUOS QUI JALONNE CETTE ÉDITION DE BOLLY&CO, JE VOULAIS RÉCOLTER VOS AVIS, VOS EXPÉRIENCES ET VOS ANALYSES DE CE FILM DEVENU CULTE, MAIS QUI NE FAIT POUR AUTANT PAS L’UNANIMITÉ AUPRÈS DES CINÉPHILES. La parole est à vous, chers lecteurs…
Hani s s Tout d’abord, Mohabbatein est un film que j’ai découvert par hasard en 2003, alors que j’étais en classe de seconde. Je me suis retrouvé devant ma télévision à zapper, et je suis tombé sur la chaîne ARTE (ne me demandez pas pourquoi j’ai tapé une fixette sur cette chaine à ce moment-là…) Comment une chaine qu’un adolescent fan de foot et de mangas ne songerait même pas à regarder, a pu le figer à ce point ? A vrai dire, j’étais captivé par la scène du début qui introduit les 3 protagonistes, en passe d’intégrer l’université de Gurukul, réputée pour sa rigueur, sa discipline et sa sévérité. De plus, le directeur Narayan Shankar (interprété par le légendaire Amitabh Bachchan) annonce très vite la couleur, avec son regard sombre et impénétrable lors de la réunion d’accueil des élèves. Et là, on voit débarquer notre légendaire Shahrukh Khan, dans le rôle de Raj Aryan. Raj Aryan est un modeste professeur de musique qui cherche à convaincre le directeur qu’il serait utile d’enseigner la musique pour détendre un peu l’atmosphère et libérer un peu les esprits. Et là, on se dit : pourquoi il débarque ? C’est limite un acte suicidaire, non ? On prend une gifle émotionnelle, et ça nous captive. On se dit qu’il n’arrivera jamais à raisonner Narayan pour qu’il soit moins radical et moins sévère. On a même l’impression que le suicide de sa fille (ancienne amoureuse de Raj) l’a encore plus endurci et que l’acceptation de l’amour sur Gurukul deviendra impossible… Ce que j’ai vraiment aimé, c’est l’innocence des 3 jeunes amoureux, vraiment. Certes, le niveau de l’acting n’est pas démentiel non plus mais pas mal pour la période des années 1990 et 2000, et ça apporte de la fraicheur. On apprécie presque les acteurs à travers leurs défauts…
Par exemple, pour ce qui concerne l’histoire entre Sameer (Jugal Hansraj) et Sanjana (Kim Sharma), on dirait vraiment des amis qui transforment leur amitié en sentiment amoureux, en étant complices, drôles et authentiques.Je regrette qu’il n’y ait pas eu plus de musique, car je les trouve tout simplement magnifiques ! « Soni Soni » et « Chalte Chalte » sont même devenues incontournables.
UNE MENTION SPÉCIALE POUR SHAHRUKH KHAN QUI A VRAIMENT UN RÔLE QUASI PATERNEL. J’aime bien, ça fait un peu le « tuteur ». Par contre, beaucoup d’acteurs du film sont tombés dans l’anonymat, et on n'a plus entendu parler d’eux. Jugal Hansraj et Preeti Jhangiani par exemple, qu’on ne voit plus du tout. En gros, ce film je trouve qu’il a réussi son coup, sans avoir une histoire mirobolante et un scénario ambigu, il est pour moi un culte de Bollywood, qu’on aime ou pas. Beaucoup de personnes de mon entourage, complètement HS du monde Bollywood, l’ont vu. Ce qui veut dire qu’il s’est réellement bien exporté. Je dirais que c’est un bon premier film à voir pour ceux qui découvrent l’univers de Bollywood.
O rnel l a Mohabbatein... C’était l’un de mes tout premiers films indiens, il y a des années... Du coup, mon souvenir en étant assez flou, je l’ai revisionné. C’était long. Très long. Plus de 3h30 au compteur. Mohabbatein est un film qui prend son temps, qui se met en place et s’installe tranquillement. 147
FATALEMENT, LE FILM SOUFFRE DE LONGUEURS, C’EST INÉVITABLE. IL AURAIT GAGNÉ À ÊTRE PLUS COURT. Mohabbatein, évidemment inspiré, et même honteusement pompé à bien des égards, du Cercle des poètes disparus, présente tous les clichés made in Bollywood, tous les ingrédients du grand mélodrame de l’époque. Tout un tas d’histoires d’amour imbriquées entre elles, un Shahrukh Khan larmoyant qui fait semblant de savoir jouer d’un instrument de musique (mais en fait, les notes qu’il fait ne sont pas raccord avec la mélodie...), un humour un peu lourd dans la première partie, une petite musique mièvre et un ralenti pour présenter les personnages principaux, un casting parfois digne d’une série B, un sens du théâtral démesuré, des incohérences dans le scénario (on est en Inde ou en Angleterre... ? À part Raj, il y a d’autres profs dans cette université ? C’est un prof de musique ou un prof de philosophie amoureuse ?), et le bon vieux conflit entre tradition et modernité.
ET ATTENTION ! ON N’OUBLIE PAS LA LEÇON DE MORALE, S’IL VOUS PLAÎT ! ET OUI, L’AMOUR PLUS FORT QUE LA HAINE, PLUS FORT QUE LA MORT, TOUT ÇA, TOUT ÇA… VOUS VOYEZ ? Bon, vous en concluez, j’en suis sûre, que je n’aime pas Mohabbatein. Et bien, en fait, si, j’aime ce film. C’est comme si j’étais parfaitement consciente de ses défauts, mais que je n’arrivais pas vraiment à lui en vouloir. Car Mohabbatein n’est pas tout à fait mauvais : les chorégraphies et la photographie sont très belles, la bande148
originale est magistrale. Encore aujourd’hui, comment envisager de fêter Holi sans passer ce bon vieux « Soni Soni » ?
AMITABH EST IMPÉRIAL DANS SA RIGIDITÉ ET SA DISCIPLINE, ET SHAHRUKH CRÈVE L’ÉCRAN. La confrontation de ces deux géants donne parfois des petits frissons de plaisir, surtout quand Shahrukh ose défier les principes austères du Big B. Je ne suis probablement pas très objective car je fais partie de ces personnes qui trouvent que la seule présence de Shahrukh Khan dans un film, son seul charisme, ont PARFOIS le pouvoir de transfigurer un navet en chef-d’œuvre.
Le scénario est naïf, mais en même temps si sincère qu’on pardonne, comme on pardonne, avec bienveillance, aux enfants d’être encore insouciants. La mise en œuvre est sans doute un peu superficielle, mais le message reste sympathique.
POUR MOI, MOHABBATEIN, C’EST UN PEU UN PLAISIR COUPABLE, UN MARSHMALLOW TROP ROSE ET TROP SUCRÉ, ÇA COLLE UN PEU AUX DENTS, ET ON S’EN REND COMPTE. Mais on se surprend à l’aimer quand même, même si on en a un peu honte.
Re gi na Il faut préciser que j’ai vu le film Mohabbatein en pensant que les rôles principaux étaient tenus par Aishwarya Rai, Amitabh Bachchan et Shahrukh Khan (logique, vu la couverture du DVD que j’avais acheté). En réalité, j’ai assez vite déchanté car cette histoire n’est que le second plan d’un film choral mettant en avant 3 couples, plus ou moins attachants, et leurs histoires d’amour compliquées. Ce film m’a beaucoup fait penser au Cercle des poètes disparus. Le thème du suicide y est abordé comme une preuve d’amour ici, ce qui m’a un peu mise mal à l’aise. Aishwarya n’apparaît que très peu et j’aurais aimé que son histoire avec Shahrukh prenne tout le temps du film, qui a été à mon sens gaspillé avec Uday Chopra... Le vrai côté positif du film reste quand même la guerre froide entre Shahrukh et Amitabh, qui nous font passer de beaux moments d’émotion, notamment la musique où Shahrukh débarque avec son tambour et ses yeux pleins de larmes...
Le film a de belles mélodies qui restent dans la tête mais d’autres auraient vraiment pu être supprimées (le film dure plus de 3 heures : âmes sensibles, préparez-vous psychologiquement). L’histoire de Jimmy Shergill est peut-être la seule que j’aurais conservée car elle est assez touchante, également. Je me demande si un parallèle passé/présent avec un couple de chaque époque n’aurait pas été plus simple, finalement... Bref, vous l’aurez compris, je ne fais pas partie des fans de Mohabbatein même si je suis contente d’avoir vu ce film, il ne figure pas sur ma liste des métrages que je revois avec plaisir chaque année.
Fat i m a Ce film peut vraiment être considéré comme une des pépites de la boîte de production Yash Raj Films. En effet, il réunit selon moi tous les ingrédients d’un film de la bannière : scènes musicales à foison, histoire d’amour épique, tragédie, amour et haine qui s’affrontent, espoir nouveau, amour interdit… Tout est vraiment réuni pour passer un excellent moment. Je ne parle même pas du casting, bien porté avec l’ancienne génération et la nouvelle génération. Un beau mélange qui permet de mettre en exergue les perpétuels problèmes de générations avec leurs points de vue différents et leurs répercussions. Mohabbatein fait partie de ces films qui nous font vivre pleins d’émotions à la fois et qui marquent les esprits. C’est grâce à son bon casting. Shahrukh Khan excelle dans ce genre de rôles. Il apporte cette étincelle dans les yeux que dégage le personnage. On aurait tous aimé avoir un professeur comme Raj. Shahrukh Khan a vraiment su apporter la substance nécessaire pour incarner > 149
ce personnage à la grande richesse de cœur. Il porte le film sur ses épaules. Mais il n’est pas seul. Malgré ses courtes apparitions, Aishwarya Rai m’a captivée durant tout le film. C’est comme si on ne sentait jamais son absence. Elle est juste sublime à chacune de ses apparitions et représente l’élément déclencheur de l’histoire. Amitabh Bachchan ou comment transmettre une peur palpable en un regard... Ça a toujours été un de ses points forts. Son personnage était écrit pour lui.
Enfin, ce film n’est pas sans rappeler la trame du Cercle des poètes disparus. Mais là, je dois dire que je préfère de loin la version bollywoodienne car elle est pour moi plus magique et plus épique.
LA SCÈNE FINALE EST JUSTE ÉMOUVANTE.
Mohabbatein, c’est 3h30 de pur bonheur ! Ce film est un must. Un hymne à l’amour. Les acteurs sont talentueux, les chorégraphies et les costumes vont du traditionnel au très moderne sans choquer. Les chansons donnent envie de danser, surtout qu’elles sont bien longues. Parlons un peu de l’histoire, une histoire de jeunes à la recherche d’eux-mêmes et du grand amour, aidés par un Shahrukh Khan toujours aussi émouvant et talentueux, avec à ses côtés un Amitabh Bachchan toujours aussi bluffant.
Côté nouvelle génération : le trio masculin est juste épatant. Certes, Uday Chopra tombe dans le cabotinage mais ça le rend tellement touchant d’une certaine manière. De leur côté, Jimmy Shergill et Jugal Hansraj sont vraiment des acteurs qui monopolisent la caméra de par leur interprétation tout à fait louable. J’ai vraiment apprécié leur bromance et comment ils essaient d’allier les 2 types d’enseignements opposés que leur prodiguent Raj et Narayan. Le trio féminin est assez décevant, exceptée Preeti Jhangiani. Passons maintenant à la bande-son : un pur plaisir pour les oreilles. Aucune chanson n’est moins réussie que les autres. Elles restent gravées dans vos têtes longtemps après avoir vu le film et sont désormais INDÉMODABLES !
VOILÀ POURQUOI MOHABBATEIN EST UN DE MES FILMS PRÉFÉRÉS DE TOUS LES TEMPS. Car il me vend du rêve à chaque fois. Pendant 3h30, on est transporté dans cette ode à l’amour. L’histoire est tellement belle et pleine d’espoir, c’est plus qu’il n’en faut pour figurer sur ma liste des classiques de Bollywood. 150
En conclusion : TEAM MOHABBATEIN FOREVER !
K h ad i ja
S a naa Mohabbatein est pour moi un classique du cinéma bollywoodien. On y retrouve tout ce qui fait son charme : chant, danse, romance contrariée, une réalisation à la limite du kitsch mais qu’on adore quand même. Mon passage favori restera indéniablement celui où le professeur Raj Malhotra pourfend la foule en battant énergiquement du gros tambour, les yeux au bord des larmes, fixant avec insistance un Amitabh à la fois plein de rage et de respect lorsqu’il voit cet homme s’élever contre ses méthodes militaires. La présence de la somptueuse Aishwarya Rai en apparition romantique ajoute beaucoup d’émotion. Si certains trouveront le film un poil répétitif et trop long, ceux qui sont
rentrés dans l’intrigue et sa magie n’y prêteront aucune attention et en redemanderont même !
B rice L’amour triomphe toujours de la haine. Certes. Mais il y a une chose qui me titille dans le film, si effectivement l’amour ne se rompt pas avec la mort, l’œuvre nous vend le suicide comme une chose anodine. Et là, je dis NON ! Aditya Chopra s’essaye à une combinaison reliant de multiples personnages, mais n’a au final pas eu l’audace de nous faire suffisamment croire en ses personnages, ni la capacité de nous faire adhérer à cet ensemble qui devait être harmonieux. Si bien que par moments, j’ai eu envie de faire des avances-rapides du film...
Bien entendu, il ne s’agit pas de revoir toute la copie dans son ensemble, mais certains points auraient pu être travaillés davantage.
J’AI PAR EXEMPLE EU UN COUP DE CŒUR ÉNORME POUR L’ALCHIMIE ENTRE KARAN ET KIRAN. Leur histoire finit d’ailleurs par faire beaucoup d’ombre aux autres couples. Et c’est bien dommage, car j’ai l’intime conviction qu’eux aussi auraient pu être mis en valeur s’ils avaient été mieux écrits. Une voix grave qui émane d’un endroit religieusement silencieux, un regard qui laisse exprimer une inflexibilité ultime, une carrure qui permet à l’homme d’imposer du respect en un clin d’œil… > 151
Le choix d’un homme aussi charismatique qu’Amitabh Bachchan relève presque de l’évidence. L’acteur s’impose tellement qu’il est difficile d’imaginer qui d’autre aurait pu se mettre si facilement dans la peau de ce principal souffrant du manque de son unique fille, et qui noie son chagrin dans la noirceur.
Mo u ni a
Shahrukh Khan m’a presque attendri pour le coup, le voir servir une cause aussi noble que celle-ci rend le personnage de Raj des plus attachants. Je me suis surpris aussi à vouloir qu’il obtienne gain de cause. Je crois fermement qu’il s’agit d’une de ses performances les plus brillantes, les plus authentiques et les moins « cul-cul la praline », pour servir un vrai message d’espoir aux plus jeunes. Le plus grand point fort reste selon moi la bande-originale du film, tout bonnement magistrale. Les producteurs de chez Yash Raj Films savent faire appel à d’excellents musiciens qui composeront pour eux des musiques qui ne vieilliront jamais. En conclusion, je vous dirais que ce film est à voir. Nous sommes loin du chef-d’œuvre ultime, mais c’est une œuvre qui se regarde, ou du moins qu’il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie.
J’AIME LA DÉTERMINATION DONT FAIT PREUVE SHAHRUKH KHAN POUR AIDER SES TROIS ÉLÈVES À FAIRE FACE AU DIRECTEUR DE L’ÉCOLE, QUI INSPIRE TERREUR, SOUMISSION ET AUSTÉRITÉ.
Mohabbatein représente pour moi un film qui réunit émotion, courage, rédemption et amour avec un soupçon de mystère. Le fil conducteur du film repose sur le « fantôme » d’une femme qui dirige la base de l’histoire.
Je suis admirative face au lien fraternel qui se créé entre le professeur et ses étudiants, qui ne veut pas que sa propre histoire se reproduise. On apprécie les chansons qui viennent colorer les séquences à la fois tristes et gaies du film. Une mention spéciale pour la chanson « Humko Humise Chura Lo » qui est forte en symbolique. On aime également les personnages différents joués par le casting de jeunes acteurs. On s’attache vite à eux et on tombe sous leur charme. Eux, ces étudiants perdus sur le chemin de l’amour... En bref, l’amour défie la peur et en sort triomphant. Vous l’aurez donc compris, j’ai adoré ce film !
S herra D’aussi loin que je me souvienne, Mohabbatein fait partie des films que j’ai vu tellement de fois que je ne les compte même plus... Alors, mon avis ne sera pas très objectif car il s’agit de mon film préféré. Mais je vais faire un effort. Voilà un film riche en
émotions où on nous montre que l’amour triomphe toujours ! Shahrukh Khan nous a livré l’un de ses meilleurs rôles pour moi... Un homme endeuillé, qui a tout perdu en l’espace d’une nuit : sa bien-aimée et sa future carrière, à cause d’un seul homme. Mais face à ces épreuves de la vie, il s’est relevé et a juré qu’aucun autre ne vivrait ce que lui a enduré... J’admire le courage et la bravoure de Raj. Il a su se relever de la plus belle des manières et c’est le seul qui a osé tenir tête à un homme redoutable. Et ce n’est nul autre que la légende Amitabh Bachchan qui joue ce rôle négatif de façon aussi marquante ! Pour moi, Raj l’a sauvé et l’a libéré d’un poids lourd en lui tenant tête. Je ne vais pas m’attarder sur les autres personnages car sinon, ça vous prendra 3h pour me lire ! Je dirai juste que Sameer était mon premier crush d’enfance. Cela dit, mon histoire préférée reste celle entre Karan et Kiran, le talentueux Jimmy Shergill est au passage le seul qui ait su s’imposer au cinéma de manière régulière. Même si, entre nous, il reste sous-coté ! VIVE MOHABBATEIN ! Et merci à Bolly&Co de lui rendre hommage dans ce numéro !
Elod i e Le premier mot prononcé dans ce film, c’est « parampara » (tradition). Comment je le sais ? C’est ce qui arrive quand on regarde un film une vingtaine de fois (voire plus, j’ai perdu les comptes, en réalité). Mohabbatein fait partie de ces classiques du cinéma indien, pas forcément exceptionnel dans le genre, mais naturellement feel-good pour ceux qui l’on vu à un jeune âge et qui ont d’une certaine façon grandi avec.
Alors du coup, quand on veut juste regarder un film sympa, un peu rétro mais pas forcément éloigné de notre temps (le métrage est sorti en 2000, quand même), c’est cette réalisation d’Aditya Chopra que l’on choisit. Je connais absolument par cœur les 216 minutes de Mohabbatein, des chansons aux rebondissements dans l’histoire. Des duos formés, aux gestes de certaines scènes. Avec Mohabbatein, il ne faut pas réfléchir. Il faut se laisser porter par ces jeunes étudiants qui tombent amoureux. D’ailleurs, que c’est appréciable de regarder un film dans lequel Shahrukh Khan fait face à Amitabh Bachchan ! Où chaque personnage est travaillé, parfois de façon caricaturale mais jamais dans l’excès. On s’attache à eux, à ce qu’ils vivent et à la manière dont cette jeunesse fait écho au passé de leur professeur... Subtil ! Je pourrais faire une analyse plus complète sur les raisons pour lesquelles ce film est à voir tant son côté « old Bollywood » fonctionne à merveille. Je pourrais aussi dire qu’il y a des incohérences, qu’Uday Chopra, Jimmy Sheirgill et Jugal Hansraj n’étaient pas si jeunes que ça, que certaines scènes auraient pu être raccourcies et moins mélodramatiques... Et oui, c’est propre, de l’argent y a été investi, c’est agréable à visionner et c’est loin d’être vraiment honnête sur les universités privées en Inde. Mais c’est tellement sympathique et attachant qu’on s’y perd volontiers.
SA PARTICULARITÉ, C’EST QUE MALGRÉ SON CÔTÉ SUPERFICIEL ET SES DÉFAUTS, LES PERSONNAGES ONT UNE CHOSE ESSENTIELLE EN EUX : DU CŒUR. 153
CRITIQUE N O R D
SAHEB BIWI AUR GANGSTER 3 MOTS PA R FAT I M A-Z A HRA EL A HMAR
SAHEB BIWI AUR GANGSTER EST SELON MOI L'UNE DES MEILLEURES FRANCHISES DE FILM HINDI DE CES DERNIÈRES ANNÉES. Son univers est particulièrement raffiné. Une saga sur le pouvoir, la politique et l'argent comme j'en ai rarement vu à Bollywood. Et quelle tristesse de voir que ses trois volets soient passés presque inaperçus dans le monde, alors qu'en Inde, ils ont rencontré un certain succès. Moins que ces métrages signés Tigmanshu Dhulia ne le méritent, certes, mais un succès tout de même. Avec Saheb Biwi Aur Gangster 3, le réalisateur et co-scénariste revient avec un de ses acteurs fétiches, Jimmy Shergill. Ce dernier tient le personnage qu'il a interprété pour les deux films précédents, accompagné de Mahie Gill 154
et Soha Ali Khan qui reprennent également leurs rôles respectifs. A ce casting initial s'ajoutent deux nouveaux membres, Sanjay Dutt et Chitrangada Singh.
IL EST RARE QUE DES SUITES DE FILMS MAINTIENNENT LA MÊME QUALITÉ QUE LEURS PRÉDÉCESSEURS. C'était l'une de mes craintes principales, sans que cela ne m'empêche d'attendre le film avec impatience. Le premier Saheb Biwi Aur Gangster était à mes yeux une agréable surprise, c'est même le film qui m'a poussée à mieux apprécier le talent de Randeep Hooda. Le deuxième, bien que légèrement moins entichant, était globalement très bon, autant dans le jeu de ses acteurs que dans sa réalisation et son histoire. Voyons voir ce que le troisième a à nous offrir...
L'histoire de cette troisième partie reprend là où la seconde s'est arrêtée. Saheb Aditya Pratap Singh (Jimmy Shergill) se pose comme objectif de sortir de prison. Il a un pouvoir politique à réclamer, et à récupérer ! Sa femme, Biwi Madhavi Devi (Mahie Gill) voit le pouvoir lui monter à la tête, et ne l'entend pas de cette oreille. Puis arrive Uday Pratap Singh (Sanjay Dutt) dans leur vie, ce gangster londonien qui a son propre agenda à mettre en place. Leur vie n'est que chaos, et chacun des protagonistes se prête à un jeu de dupes pour se proclamer grand vainqueur...
IL EST CLAIR QUE POUR UN FILM PAREIL, IL Y A DU BON ET DU MAUVAIS. L'avantage, c'est que le mauvais n'a en rien gâché mon expérience de visionnage. Le premier de ces problèmes s'appelle Sanjay Dutt. Non pas pour sa performance convaincante ou son personnage, mais davantage parce que j'avais l'impression que le réalisateur forçait sa présence, ou qu'il tentait de le valoriser plus que de raison. Je conçois qu'ajouter un acteur avec une certaine stature est compliqué, peut-être que c'était l'une des exigences de Sanjay avant de signer le film.
problématique avec les métrages de cette envergure... Plus on ajoute de personnages secondaires, plus on s'y perd. Le rôle de Chitrangada n'amène rien de spécial à l'histoire, et Soha est presque invisible également. Si je rajoute l'insertion inutile d'item numbers et de ballades romantiques au métrage, mes problèmes avec Saheb Biwi Aur Gangster 3 s'arrêtent là.
IL NE ME RESTE PLUS QUE DU BON À ÉVOQUER. La réalisation est encore une fois excellente, et Tigmanshu mène d'une main de maître ses acteurs principaux. L'histoire est tout aussi bonne que les précédentes. L'intrigue, les retournements de situation et l'aspect narratif général sont parfaitement maintenus. Le métrage en fait suffisamment pour accrocher, et n'en fait pas trop pour autant. Encore heureux que ce ne soit pas un film d'Abbas-Mustan ! Avec le nombre de twists incalculables qu'ils mettent en un seul métrage, je pense que je n'aurai pas survécu à leur version de Saheb Biwi Aur Gangster ! Pour conclure, je ne peux pas en dire plus sur Saheb Biwi Aur Ganster 3.
QUI PEUT LE BLÂMER D'ESSAYER DE REVENIR À SES ANNÉES DE GLOIRE, APRÈS SA SORTIE DE PRISON ET LE SUCCÈS DE SON BIOPIC ?
LE GENRE NE LE PERMET PAS, ET L'EXPÉRIENCE DE LE REGARDER EST PLUS AGRÉABLE QUAND ON NE SAIT PAS VRAIMENT À QUOI S'ATTENDRE.
Toutefois, cela semblait excessif. Heureusement, la prestation de Jimmy Shergill ne laisse en rien à désirer, et il arrive à briller envers et contre tout, suivi de près par Mahie Gill qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Quant au reste du casting, il est grandement sous-utilisé. Encore une
Tout ce que je dirais, c'est que pour moi, le pari est gagné. A voir pour les amoureux des films de gangster et des films d'intrigue avec une pincée de drame. Mais avant, je vous conseille déjà de découvrir les deux premières parties, si vous ne les avez jamais expérimenté ! 155
CRITIQUE N O R D
Ek Ladki Ko Dekha Toh Aisa Laga To l é r a n c e e x i g é e . M OTS PA R E LO D I E H A M I DOV I C
A l’annonce de ce projet, tout le monde pensait à une comédie romantique entre Rajkummar Rao et Sonam Kapoor. Le projet était d’autant plus intéressant qu’Anil Kapoor, père de Sonam, allait interpréter son père sur grand écran pour la première fois. Et puis la bande-annonce est sortie, révélant ainsi que l’actrice Regina Cassandra incarnerait le grand amour du personnage de Sonam, et non Rajkummar... Ce n’est pas le premier film indien qui parle d’homosexualité. Pourtant, Ek Ladki Ko Dekha Toh Aisa Laga n’est pas une comédie romantique, mais plutôt un drame familial qui tente de viser toute une population indienne hérétique. Pour être honnête, j’étais impatiente de visionner cette réalisation de Shelly Chopra Dhar. Je trouvais prometteur le fait d’utiliser un genre populaire pour un sujet encore sensible en Inde, mais qui devrait être accepté et normalisé. Car oui, l’homosexualité, c’est normal.
MAINTENANT, LE FILM N’A PAS TENU TOUTES SES PROMESSES. 156
QUAND VOTRE BANDEANNONCE DIT DÉJÀ QUE L’HISTOIRE PARLE D’UNE RELATION ENTRE DEUX FEMMES, POURQUOI NE PAS ENTRER DIRECTEMENT DANS LE VIF DU SUJET ? Ek Ladki Ko Dekha Toh Aisa Laga est terriblement long à démarrer. La scène de révélation perd donc de son impact. Surtout, la narration tient d’abord à mettre en avant l’entourage de Sweety, mais il y a beaucoup trop de scènes répétitives : est-ce qu’on a besoin de 6 scènes où la grand-mère refuse que son fils cuisine ? Non. En une seule fois, on aurait compris qu’elle l’a empêché de réaliser son rêve de jeunesse. Que de génération en génération, il y a des interdits. Est-ce qu’on a besoin de préciser 10 fois que le frère de Sweety est coincé dans sa vision des choses et qu’il est prêt à tout pour qu’elle rentre dans le moule ? Non, parce que ses actions le prouvent. Aussi, toute la relation entre Sahil Mirza (le personnage de Rajkummar Rao) et ses parents n’apporte pas grand chose à l’histoire... >
C’EST PEUT-ÊTRE UN CHOIX, UN MOYEN DE BIEN RAPPELER QU’INTERDIRE QUELQU’UN DE RÉALISER SES RÊVES, C’EST AUSSI IDIOT QUE D’INTERDIRE QUELQU’UN D’AIMER CELUI OU CELLE QU’IL DÉSIRE. Malheureusement, je trouve que l’approche est tellement timide, que lorsqu’il faut enfin trouver un moyen de convaincre l’entourage que Sweety a le droit d’aimer Kuhu, et bien... ça va trop vite et c’est facile. Ainsi, on a l’impression que ce n’est pas assez travaillé, ou que la réalisatrice avait peur d’être plus directe - ce qui est à mon sens compréhensible, d’une certaine façon. C’est encore un sujet tabou en Inde et dans l’idée de « bien faire », la réalisatrice a cherché à trouver les mots justes et/ou à trouver les éléments qui pourraient toucher un maximum la population. Ainsi, Ek Ladki Ko Dekha Toh Aisa Laga reprend plusieurs éléments majeurs des films indiens : le coup de foudre, les mariages, le théâtre...
EST-CE QUE ÇA FONCTIONNE VRAIMENT ? JE N’EN SUIS PAS CONVAINCUE. Sonam Kapoor a toujours montré son soutien à la communauté LGBTQ, c’est donc sans surprise qu’elle participe à ce projet, et avec son propre père ! Le personnage de Sweety est assez différent de ce qu’elle a joué jusqu’ici : car Sweety est timide, elle ne parle pas beaucoup, elle fait ce qu’on lui demande et, depuis longtemps, elle se bat contre elle-même. Sonam est juste, mais très vite dépassée par ses co-acteurs, de Rajkummar Rao, toujours aussi efficace, à Regina Cassandra qui, en quelques scènes, capte le regard de l’audience (ce qui, du coup, 158
me déçoit d’autant plus qu’on ne la voit pas davantage).
MAIS MES FAVORIS RESTENT ANIL KAPOOR ET JUHI CHAWLA, TOUS DEUX SAVOUREUX DANS LEURS RÔLES RESPECTIFS. On devrait s’intéresser à Sweety et Kuhu. Pourtant, j’étais davantage captivée par ce qu’il se passait entre l’excentrique Chatro et le gentil Balbir. Anil Kapoor est impeccable en gérant d’une usine de vêtements passionné de cuisine. Il est drôle et si charmant ! Et lorsque son caractère se retrouve à faire face à Chatro, l’excellente cuisto de sa propre entreprise de traiteur, qui veut secrètement devenir actrice... Et bien, ça fait des étincelles ! Juhi Chawla arrive à donner beaucoup de bons sentiments à un personnage qui aurait pu être ridiculement comique.
JE PENSE QU’EK LADKI KO DEKHA TOH AISA LAGA AURAIT MÉRITÉ UN TRAVAIL SUPPLÉMENTAIRE, NE SERAITCE QUE POUR ÉVITER LES CLICHÉS, LES RÉPÉTITIONS, ET APPORTER PLUS D’ÉLÉMENTS AU SUJET PRINCIPAL DU FILM QUI N’EST PAS LA ROMANCE, MAIS L’ACCEPTATION D’UNE COMMUNAUTÉ ENVERS DEUX PERSONNES QUI S’AIMENT. Un premier pas qu’il ne faut pas négliger, cependant. Ce n’est pas mauvais, mais ça aurait pu être beaucoup mieux.
CRITIQUE N O R D
BUCKET LIST Erreur de destinataire ?
M OTS PA R AS M A E B E NMAN SO UR
Bucket List vient marquer le grand retour de Madhuri Dixit, mais aussi son premier film dans sa langue natale : le marathi. De quoi me mettre en joie ! Parce que Madhuri Dixit est une icône, et une actrice assez exceptionnelle. le métrage représente également l’occasion pour moi de poursuivre mon incursion dans le cinéma marathi, après avoir été notamment bouleversée par le poignant Sairat. Le voyage continue ! L’idée de base était très intéressante : celle d’une mère de famille (Madhura, campée par Madhuri) qui, suite à une transplantation, apprend à se découvrir et à s’écouter.
HÉLAS, ELLE EST TERRIBLEMENT MAL EXPLOITÉE TANT LA NARRATION EST PLATE. Ça manque de souffle, de rythme et surtout d’enjeu dramatique réel. Bref, on s’ennuie très vite. Même Madhuri Dixit est une déception. Je crois pourtant n’avoir eu le souvenir que de deux films dans lesquels je ne l’avais pas trouvé à la hauteur (et j’ai bien avalé 80% de sa filmographie) : Gulaab Gang et Dil To Pagal Hai (oui, je vais me faire des ennemis...). Ici, l’actrice affiche un jeu très en façade, donnant le sentiment d’être en roue libre et de
devoir improviser. On la sent perdue, comme si elle ne savait pas quelle direction donner à son personnage. Alors certes, elle est belle à tomber et dans certaines séquences, son charme naturel fait une bonne partie du travail. Mais ça ne suffit pas.
LA ‘DHAK DHAK GIRL’ EST CLAIREMENT LIVRÉE À ELLEMÊME DANS CE FILM MAL ÉCRIT ET DIRIGÉ COMME UNE MAUVAISE TÉLÉNOVELA INDIENNE. > 159
La réalisation est bien trop scolaire, tout comme la mise en scène. Madhuri qui tourne le dos à ses partenaires lorsqu’elle a quelque chose à exprimer, sa famille qui découvre ses « méfaits » alors qu’elle rentre chez elle sans avoir la moindre idée de ce qui l’attend... Certains clichés narratifs ne sont pas sans rappeler les téléfilms de l’après-midi sur M6 !
CE N’EST PAS DIGNE DE MADHURI, ELLE MÉRITAIT BIEN MIEUX QUE ÇA. L’écriture aussi manque terriblement d’efficacité. Les répliques tombent à plat, la psychologie des personnages nous échappe... Cependant, le film avait de vrais atouts, sur le papier. L’histoire de cette femme au foyer qui, en voulant réaliser les rêves de la jeune fille qui lui a donné son cœur, se découvre et s’émancipe du rythme de vie dans lequel elle s’était enfermée... C’était ingénieux et très pertinent. On voit bien que la vie de Madhura tourne autour de sa famille et des devoirs qui lui incombent en tant qu’épouse, que mère et que belle-fille... Avec ses obligations, elle s’oublie et n’est même plus en mesure de savoir qui elle est ou ce qu’elle désire.
AVEC CETTE QUÊTE CONSISTANT À COMPLÉTER LA BUCKET LIST DE SA DONNEUSE, SA VIE PREND UN SENS NOUVEAU. Madhura se découvre et s’affirme. Elle ose, elle est entreprenante et s’autorise à prendre des risques. Même dans sa relation à son mari, elle fait montre d’initiatives pour donner un nouveau souffle à son mariage. Car Madhura est une épouse limitée par son rôle de mère de famille. Enfermée et même culpabilisée par les siens parce qu’elle s’autorise à penser à elle. Bucket List est 160
avant tout l’histoire d’une femme qui tente de récupérer son identité. La quête de la liste en devient presque secondaire, ce qui est d’ailleurs très bien expliqué dans l’une des scènes les plus intéressantes du film où Salil (Sumedha Mudgalkar), le frère jumeau de la défunte, reproche à Madhura de s’être appropriée cette bucket list plutôt que de réellement rendre hommage à Sai. Et c’est totalement vrai.
POUR MOI, BUCKET LIST AVAIT LE POTENTIEL D’UN FILM COMME HOW OLD ARE YOU (OU MÊME DE SON EXCELLENT REMAKE TAMOUL, 36 VAYADHINILE).
Malheureusement, le résultat tombe comme un soufflé. Le problème, c’est que le film nous est vendu comme s’il traitait des rêves inachevés de Sai. Comme si Madhura allait mener cette quête POUR la jeune femme décédée. C’est de cette manière que le film nous est présenté, en commençant par son titre.
ET EN CE SENS, ON PEUT SE SENTIR LÉSÉ PUISQU’IL S’ÉLOIGNE TRÈS VITE DE SON PROPOS INITIAL POUR SE CENTRER EXCLUSIVEMENT SUR LA QUÊTE IDENTITAIRE DE MADHURA. D’ailleurs, s’il y a bien un personnage qui aurait mérité d’être étoffé davantage, c’est celui de Salil. Déjà, il faut se le dire : le jeune Sumedha Mudgalkar est excellent en jumeau meurtri par la disparition tragique de sa sœur. Il rejette Madhura dont il sent (à mon sens à juste titre) qu’elle s’approprie la mort de sa sœur et cette liste pour exister par ellemême. Sauf que lui, il veut que le souvenir de sa sœur demeure ! Il veut que cette liste soit menée à son terme pour Sai, et non pour Madhura. Hélas, dans son écriture, on l’amène à vite baisser les armes, le faisant presque passer pour une mauvaise tête là où sa réserve de départ est selon moi plus que légitime.
JE PENSAIS PLEURER ET ÊTRE BOULEVERSÉE PAR LA QUÊTE HOMMAGE À CETTE DONNEUSE COURAGEUSE ET PLEINE DE VIE. Sai avait le potentiel d’être un personnage central de l’histoire, mais elle n’est exploitée qu’en toile de fond.
ET C’EST LÀ, LE VÉRITABLE GÂCHIS DE BUCKET LIST. Les larmes ne montent jamais et on peine même à s’attacher à Madhura tant son écriture reste très en surface.
JE NE SAIS PAS VRAIMENT SI JE DOIS VOUS RECOMMANDER BUCKET LIST PUISQU’IL S’AGIT NON SEULEMENT D’UN FILM BROUILLON, MAIS EN PLUS D’UNE DES PRESTATIONS LES MOINS CONCLUANTES DE LA CARRIÈRE DE MADHURI DIXIT (POURTANT HABITUÉE À L’EXCELLENCE). Je ne sais pas non plus ce qui a poussé cette dernière à signer ce métrage, si ce n’est l’occasion de tourner dans sa langue maternelle. Bucket List est disponible sur la plateforme Netflix, à vous de voir si vous êtes tenté de lui donner sa chance. Moi, j’ai donné.
? LE SAVIEZ-VOUS ? Bucket List signe les retrouvailles des actrices Madhuri Dixit et Renuka Shahane, qui s’étaient précédemment données la réplique en 1994 dans le classique Hum Aapke Hain Koun.
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CRITIQUE N O R D
Baazaar MOTS PA R FATI MA-ZA HRA EL AHM AR
SANS TOUT À FAIT L'ADMETTRE, BAAZAAR SEMBLAIT VOULOIR S'IMPOSER COMME LE PENDANT INDIEN DE WALL STREET. La formule y était, du casting à la thématique majeure de l'histoire. Les éléments de l'équation sont effectivement tous présents. Pourtant, le cocktail final laisse quelque peu à désirer... Je l'avoue, je m'attendais à un bon film. Je n'ai pas suivi la promotion du métrage, mais la bande-annonce me donnait de l'espoir, plus exactement à la perspective de retrouver le Saif Ali Khan d'autrefois. L'acteur qui, à une époque, expérimentait avec des rôles aux multiples facettes. Il parvient à le faire, entendons-nous bien ! Cependant, le scénario comme la réalisation ne le subliment pas. 162
Baazaar, c'est une histoire d'argent, de pouvoir et de bourse (cette dernière regroupant au passage les deux premiers éléments). Si les films indiens qui tournent autour de l'argent et du pouvoir sont innombrables, ceux qui parlent du marché boursier sont en revanche quasiment inexistants. De fait, la volonté de miser sur cette particularité était bien pensée. Mais hélas, mal réalisée. Rizwan Ahmed (Rohan Mehra) est le jeune premier typique, celui qui a de grands rêves. Des rêves que sa petite ville d'Allahabad ne peut contenir. Il laisse derrière lui ses racines pour s'installer à Mumbai, la grande ville où il pourra faire quelque chose de sa vie. Il n'a qu'un seul désir au départ : travailler avec Shakun Kothari (Saif Ali Khan) et tout apprendre de lui. Il est après tout l'idole de tous ceux qui veulent gravir les échelons. Toutefois, la soif d'ascension de Rizwan le perd, et il se retrouve noyé dans un monde sans scrupule.
SUR LE PAPIER, BAAZAAR A TOUT POUR LUI : UN TRÈS BON CASTING, UN NOUVEAU VENU AU POTENTIEL INDÉNIABLE ET UNE HISTOIRE CERTES CLASSIQUE, MAIS AVEC L'ENVIE D'INNOVER. Le résultat n'a cela dit rien de concluant. Principalement à cause des grandes similarités avec Wall Street, film des années 1980 avec Michael Douglas. Officiellement, l'oeuvre de Gauravv K. Chawla n'en est pas un remake. Pour autant, au premier visionnage, quiconque peut se rendre compte des points communs évidents entre les deux oeuvres. Je ne suis pas contre le fait de puiser son inspiration ailleurs, à partir du moment où c'est finement exécuté. Ce n'est pas le cas ici.
POUR UN FILM QUI DIT APPARTENIR À TROIS GENRES CINÉMATOGRAPHIQUES, EN L'OCCURRENCE LE THRILLER, LE DRAME ET LE CRIME, LE MÉLANGE N'EST PAS HOMOGÈNE. Le crime y est, le drame aussi dans certaines séquences, mais l'ensemble est trop prévisible pour garantir la surprise d'un thriller. Le rythme de Baazaar est également chancelant. Cela m’a pris beaucoup de temps avant de me sentir impliquée dans le visionnage. Puis tout à coup, ça allait soudainement très vite. Trop vite. Un démarrage lent et une seconde partie saccadée, ce n'est jamais une bonne idée. Le tout parsemé de chansons, qui ne représentent pas toutes une valeur ajoutée.
SAIF ALI KHAN EST TRÈS BON.
J'aurais bien aimé dire qu'il est excellent. Malheureusement, le scénario ne l'aide pas à décoller. L'acteur fait de son mieux avec ce qu'il a. Il est convaincant, intéressant, profond et charismatique. Le jeune Rohan Mehra est quant à lui correct. Il a encore beaucoup à apprendre, mais il est émouvant et défend son personnage convenablement.
À MA GRANDE TRISTESSE, UNE FOIS DE PLUS, LES DAMES DU FILM SONT SOUS-EXPLOITÉES. Le rôle de Radhika Apte est plus présent que celui de Chitrangada Singh. Mais en soit, ni l'une ni l'autre ne contribuent pas de façon conséquente au déroulement des événements. Cela dit, ce qui fonctionne pour Baazaar, ce sont ses dialogues, accompagnés d'une excellente musique de fond. L'essence de l'intrigue est capturée par les notes de John Stewart Eduri.
POUR RÉSUMER, BAAZAAR EST À TENTER. Je suis déçue, mais voir Saif Ali Khan dans un rôle un minimum nuancé demeure une chose agréable. Peut-être que si je n'avais pas expérimenté Wall Street plus jeune, l'ensemble serait mieux passé. C'était l'une des raisons pour lesquelles j'avais apprécié le film hindi Krazzy 4 à l'époque de sa sortie. Je n'avais pas vu Une journée de fous avant lui, dont il est une copie calquée.
LE FAIT EST QUE, SANS L'ÉLÉMENT DE SURPRISE, BAAZAAR EST UN ÉNIÈME DRAME QUI SE DÉROULE DANS UN MONDE CRIMINEL, GONFLÉ DE POUVOIR, DE CORRUPTION ET DE POLITIQUE MALSAINE. 163
CRITIQUE N O R D
Un film, trois visions. K E D A R N AT H
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Pour la seconde fois, nous vous avons demandé de trancher afin de choisir le film que nous évoquerions dans le cadre de notre critique aux regards croisés.
MASSIVEMENT.
C’EST VERS LE FILM KEDARNATH (DRAME ROMANTIQUE D’ABHISHEK KAPOOR) QUE VOS VOTES SE SONT DIRIGÉS LE PLUS
ALORS, QU’EN AVONSNOUS PENSÉ ? QUELS ASPECTS DU FILM NOUS ONT DAVANTAGE MARQUÉ ? A VOUS DE LE DÉCOUVRIR...
Le métrage lance par ailleurs la carrière de la jolie Sara Ali Khan, que l’on voit désormais partout.
1 . L’AV I S D ’ E LO D I E HAMIDOVIC J’étais plutôt impatiente à l’idée de visionner Kedarnath. Deux ans après le très bon Fitoor, j’espérais de nouveau être face à l’univers poétique et sensible d’Abhishek Kapoor.
POURTANT, CE QUE J’AI RETENU DE KEDARNATH, OUTRE UN PREMIER RÔLE FRANCHEMENT SYMPATHIQUE POUR SARA ALI KHAN ET UNE BANDE-SON MAÎTRISÉE PAR AMIT TRIVEDI, C’EST UNE FIN RATÉE. Je n’ai rien contre les histoires simples, pas forcément originales, mais néanmoins bien racontées. Kedarnath, c’est l’histoire d’amour impossible entre une fille de brahmane à fort caractère (Mukku) et un gentil musulman (Mansoor), le tout se déroulant juste avant les inondations qui ont frappé la région de l’Uttarakhand. Rien de bien innovant et pourtant, il y a de très beaux moments, de très belles séquences. La relation entre Mukku et Mansoor est attachante, et Sara Ali Khan débute sa carrière d’actrice avec un rôle vraiment intéressant. De plus, son duo avec Sushant Singh Rajput fonctionne très bien. Mais... (et c’est un gros mais), on sait dès la bande-annonce que les inondations doivent prendre une place majeure dans leur histoire, tout ça pour qu’au final, elles ne prennent que 15 minutes sur les 2 heures de film !
AU FINAL, LA CATASTROPHE CLIMATIQUE N’EST UTILISÉE QUE POUR «DRAMATISER» CETTE ROMANCE ET LUI
DONNER UNE FIN, CE QUE JE TROUVE... INUTILE. Le fait que ce soit un fait réel m’embête encore plus et enfin, utiliser des effets spéciaux douteux... et bien ça n’aide pas. Ce qui est décevant malgré ces 15 minutes intéressantes, car j’espérais passer une bonne moitié du film à m’accrocher à mon siège en espérant que la plupart des personnages survivent à cette catastrophe ! Finalement, ce n’était qu’un détail dans cette histoire d’amour contrariée comme il en existe des tonnes à Bollywood...
A SA SORTIE EN INDE, IL Y A EU BEAUCOUP DE COMPARAISONS AVEC TITANIC, CE QUE J’AI TROUVÉ SURPRENANT. Dans le même genre, j’ai surtout fait le parallèle avec Tum Mile, dirigé par Kunal Deshmukh et sorti en 2009. Au moins, ce qu’il s’est passé à Mumbai avait été utilisé de manière plus subtile et prenante, transformant véritablement la relation entre les deux personnages principaux.
EN FACE, KEDARNATH SE REGARDE, MAIS LAISSE UN GOUT D’INACHEVÉ.
1 . L’AV I S D ’A S M A E BENMANSOUR L’INSOUMISE. Kedarnath puise toute sa force de son personnage féminin, Mukku, incarné par la débutante Sara Ali Khan. > 165
On aurait pu s’attendre à une énième enfant de la balle dépourvue de talent. Certes, Sara est effectivement la fille des acteurs Saif Ali Khan et Amrita Singh. Et elle n’a jamais caché le fait que son ascendance avait grandement facilité le lancement de sa carrière. Mais avec Kedarnath, elle m’a prise au dépourvu.
EN EFFET, MUKKU N’A PEUR DE RIEN. Son regard est imperturbable, sa posture ferme. Elle sait ce qu’elle veut et se fiche du qu’en dira-t-on. Mukku prend des risques. C’est elle qui fait une cour assidue à Mansoor. C’est elle qui crèche devant sa porte pour qu’il lui pardonne. C’est elle qui regarde son père fixement afin de défendre son amour. Même dans son apparente résignation, elle garde la tête haute et la conviction que sa volonté triomphera du reste.
CETTE AUDACE, ON LA LUI RENVOIE EN PLEINE FIGURE EN LA QUALIFIANT DE HONTE. La honte d’aimer un musulman, là où son fiancé Kullu (campé par Nishant Dahiya) n’en éprouve aucune d’avoir éconduite Brinda (la grande sœur de Mukku, jouée par Pooja Gor) pour jeter son dévolu sur sa cadette. La honte est illustrée dans sa contradiction la plus criante. Cette honte à deux vitesses, celle qui condamne la sincérité mais qui tolère le socialement correct. Car il ne faudrait pas bousculer l’ordre établi ou sortir des cases dans lesquelles Mukku et Mansoor ont été minutieusement placés. Mais la belle ne l’entend pas de cette oreille.
ET CET AMOUR, ELLE COMPTE BIEN LE FAIRE RÉSONNER À TRAVERS TOUT L’UTTARAKHAND ! 166
Si le couple formé par Sushant Singh Rajput et Sara Ali Khan fonctionne merveilleusement à l’écran, c’est principalement grâce à cette dernière, qui porte sur ses épaules leur romance contrariée avec un délicieux panache et une sensibilité captivante. L’actrice est non seulement très juste mais elle est surtout le coeur battant de Kedarnath. Son regard parle pour elle, aussi bien lorsqu’elle dévore Mansoor des yeux que lorsqu’elle fustige Kullu avec mépris. Dans la catastrophe (qui sert davantage de conclusion que d’élément perturbateur), les personnalités se révèlent et les barrières sociales comme religieuses s’effondrent sous le poids de la pluie torrentielle qui ravage la ville de Kedarnath. C’est agaçant et assez pertinent à la fois. On ne peut qu’éprouver une immense frustration en voyant l’idylle entre les deux héros court-circuitée de la sorte. Comme si même les éléments étaient contre eux.
JE N’AI PAS COMPRIS LES RETOURS DE BÂTON DONT KEDARNATH A ÉTÉ LE RÉCEPTACLE. Ce n’est clairement pas le film le plus abouti du réalisateur Abhishek Kapoor, mais il reste un drame romantique de très bonne facture, qui s’appuie surtout sur une héroïne aussi passionnée que passionnante.
1 . L’AV I S D E FAT I M A ZAHRA EL AHMARΜ Il fut un temps où je trouvais l’approche du réalisateur Abhishek Kapoor intéressante. Il avait selon moi une vision fraîche et distinguée. Kedarnath me confirme
ce que je pensais de lui depuis que j’ai vu Fitoor : si ses histoires d’amitié sont presque irréprochables, il n’a rien de différent à donner lorsqu’il s’aventure dans l’exercice de la romance. Je ne le dirais jamais assez, les histoires d’amour sont rarement faites pour moi. Après avoir fait ce constat, je me suis lancée dans le visionnage du film sans avoir d’attente particulière. L’ensemble m’a tout de même laissé dubitative.
SI PARFOIS, JE PEUX ÊTRE AGRÉABLEMENT SURPRISE PAR L’EFFICACITÉ DU REGISTRE ROMANTIQUE, KEDARNATH N’EST PAS PARVENU À ME CONVAINCRE. Malgré sa simplicité et les plus belles intentions du monde, je ne saurais pas expliquer ce qui m’a fait décrocher du film. Dans l’ensemble, Sushant Singh Rajput est efficace, les acteurs secondaires sont convaincants et Sara Ali Khan est relativement correcte. Cependant, en prenant chaque élément séparément, on se rend compte que le mélange de ceux-ci est très classique. Il ne réinvente pas le genre, et ne cherche d’ailleurs pas à le faire. Un homme et une femme de deux religions différentes sont amoureux ? Check. La femme a un fort caractère (lisez ici, caractère de garçon manqué avec un physique de top model) ? Check. L’homme possède un brin de malice et un coeur pur ? Check. Des événements vont mettre à l’épreuve leurs sentiments ? Check. Je ne vois ici aucune nouveauté. Les dialogues sont à mon sens limités, et les prestations de la distribution sont bonnes sans être pour autant excellentes.
CE QUI JOUE EN LA FAVEUR DU FILM, C’EST SA DURÉE ASSEZ MODESTE, MALGRÉ
LE FAIT QUE SON RYTHME AURAIT PU ÊTRE MIEUX TRAVAILLÉ. Kedarnath réussira probablement à en émouvoir certains, l’argument résidant certainement dans l’utilisation de la catastrophe naturelle, qui est basée sur des faits réels. Chose à laquelle je répondrai par : après avoir fini le visionnage, je me suis passée en boucle l’album de Tum Mile. Ce film sorti il y a 10 ans a utilisé les inondations de Mumbai (survenues en 2005) d’une manière plus congruente dans son histoire que ne l’a fait Kedarnath.
LE F I L M N ER KO N DA PA A RVA I
Bci nem a& U L E C I N É M A TA M O U L C O M M E V O U S L’A I M E Z ! Fondé en 2013, Bcinema&U est un groupe de jeunes passionnés du cinéma tamoul chargé de la promotion des films sortant en France, en partenariat officiel avec l’ensemble des distributeurs, cinémas et divers prestataires. Actif et accueilli massivement au sein des réseaux sociaux, la vocation principale de ce groupe reste avant tout de partager sa passion pour le cinéma.
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CRITIQUES
SUD
CRITIQUE S U D
MAARI & MAARI 2 Deux en un.
MOTS PA R ASMA E BENM ANSOUR
La franchise Maari est lancée en 2015 et vient faire suite aux associations fructueuses entre l’acteur Dhanush et le compositeur Anirudh Ravichander sur des films comme 3 ou Velaiilla Pattadhari. Cette nouvelle collaboration rencontre un franc succès et voit donc naître (sans grande surprise) une suite, Maari 2, sortie en 2018.
Ainsi, dans le cadre de ce numéro qui célèbre la dualité, pourquoi ne pas revenir sur ces métrages qui se suivent, mais ne se ressemblent pas tant que ça ?
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Lorsqu’un réalisateur tamoul se démarque en livrant un premier film à la fois intéressant et fédérateur, vous pouvez être sûr que sur l’un de ses projets suivants, il sera sollicité pour diriger le masala d’une grosse tête de l’industrie. On l’a notamment vu avec Atlee qui, après le très beau Raja Rani, s’est quelque peu enfermé dans cet exercice en dirigeant Vijay sur plusieurs métrages plus ou moins recommandables (Mersal, c’est à toi que je parle...). En 2012, Balaji Mohan sortait le sympathique Kadhalil Sodhappuvadhu Yeppadi, une comédie romantique qui a réalisé d’excellents scores au box-office. Ni une ni deux, il est réquisitionné pour un film avec Dhanush, l’un des enfants chéris de Kollywood. On peut à la fois craindre le pire (relativement au genre du métrage) et le meilleur (tant le comédien a prouvé sa valeur au fil des années).
POSONS LES BASES. LA FABRICATION DE MAARI EST TYPIQUE DU GENRE DU MASALA, AVEC SON LOT DE BAGARRES IMPROBABLES ET DE PUNCHLINES TÉLÉPHONÉES. Dans le registre, Dhanush se démarque et crève littéralement l’écran. Loin des durs à cuire inexpressifs, l’acteur sait être taquin quand il le faut, mais aussi rude ou vulnérable. Au service de l’exercice aussi périlleux qu’étriqué du masala, il ne se laisse pas aller à la facilité et se donne corps et âme au personnage de Maari, auquel on ne peut que s’attacher. En revanche, Kajal Aggarwal ne convainc pas. J’ai beau m’acharner à regarder ses films, le constat d’échec la concernant est systématique. Elle a pourtant un rôle intéressant, assez limité mais disposant de
suffisamment de matière pour surprendre. Cela dit, rien à faire, elle a le jeu d’une chouette sous ecstasy... Regard globuleux et mâchoire crispée pour nous signifier que, oulala, elle est colère, la p’tite ! Non mais vraiment, je ne comprendrai jamais comment elle est parvenue à percer...
LA RÉALISATION DE BALAJI MOHAN EST CORRECTE MAIS NE VIENT PAS RÉINVENTER LE GENRE, EN EN RESPECTANT MÉTICULEUSEMENT LES CODES. Le film est taillé pour Dhanush en s’appuyant sur son aura magnétique. Et ça fonctionne ! La dernière fois que j’ai vu un héros de masala aussi stylé et sympathique, c’était Rajinikanth qui l’incarnait. Et oui, rien que ça ! Alors certes, Maari n’est pas le film le plus saisissant de la riche filmographie de son acteur principal. Mais il vient prouver que même dans un univers très téléguidé, Dhanush sait insuffler de l’âme et de l’intention. Le signe qu’on a affaire à un grand comédien.
LA MUSIQUE D’ANIRUDH RAVICHANDER EST IMPECCABLE, EN PARTICULIER LE DAPPANKUTHU « THAARI MAARA LOCAL » ET L’ATYPIQUE « DON’U DON’U DON’U ». On reconnait bien son style et son goût pour des sonorités à la fois très ancrées dans le folklore mais possédant également cette touche franchement délectable de modernité. Néanmoins, ce premier volet manque tout de même de dynamisme et > 171
devient carrément plan-plan sur la durée. L’idée de départ est plaisante mais finit par tirer en longueur. Dhanush semble porter à bout de bras le reste du casting et c’est lui qui nous fait tenir d’un bout à l’autre de la pellicule (heureusement qu’il est là !).
MAIS, ALORS, QU’EN EST-IL DE LA SÉQUELLE DU FILM ? Nous voici en 2018. On retrouve Maari plus insolent que jamais ! De quoi craindre que le manque de relief du premier métrage soit prolongé ici ? Que nenni ! Cette suite est pleine de surprises, de sa distribution à son écriture. Alors certes, ne vous attendez pas à la profondeur d’un film de Bala ou de Mani Ratnam. Mais Balaji Mohan relève le niveau en étayant davantage son personnage pivot et en lui offrant au passage des partenaires solides pour lui faire face.
SANS SURPRISE, DHANUSH EST AU TOP DE SA FORME !
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CONTRAIREMENT AU PREMIER MÉTRAGE, LES FEMMES TIENNENT ICI UNE VRAIE PLACE DANS LA NARRATION, AUSSI BIEN AU TRAVERS DU PERSONNAGE TRÈS ÉNERGIQUE DE PALLAVI QUE DE CELUI DE VARALAXMI SARATHKUMAR, QUI INCARNE UNE CONTRÔLEUSE DES SERVICES ADMINISTRATIFS ENGAGÉE ET DÉTERMINÉE À ÉRADIQUER LA VIOLENCE. L’acteur malayalam Tovino Thomas (auquel notre rédactrice Elodie déclarait son amour dans notre quatorzième édition du magazine) est saisissant en prisonnier torturé transformé par sa détention. Sa prestation d’antagoniste psychopathe fait passer le méchant du premier Maari pour un petit joueur ! C’est surtout l’occasion pour lui de démontrer que même sans être le héros d’un métrage, il sait marquer les esprits.
A la fois dans la première partie où il reste fidèle au caractère intrépide de Maari que dans la seconde, où on voit son personnage mûrir face aux coups durs de l’existence. Un Maari plus sensible, moins arrogant mais qui n’a rien perdu de son panache ! L’acteur réussit le tour de force de se réinventer tout en demeurant fidèle à l’identité profonde du protagoniste. Un génie, je vous dis ! A ses côtés, Sai Pallavi est absolument délicieuse. Enfin une héroïne impertinente et audacieuse pour tenir tête au charismatique Maari !
CE DEUXIÈME VOLET EST BEAUCOUP PLUS ENGAGEANT QUE SON PRÉDÉCESSEUR.
La jeune femme semble être l’alter-ego féminin de Dhanush aussi bien à la ville qu’à l’écran. Même naturel, même dynamisme, même simplicité... Associer ces deux acteurs talentueux était effectivement une brillante idée.
La musique de Yuvan Shankar Raja est largement à la hauteur du premier volet, taillée pour le film et pour le personnage haut en couleurs de Maari. Pourtant, l’album est assez maigre : 3 chansons à tout casser,
La narration est plus riche et nous surprend réellement. On apporte à Maari plus de profondeur et de sensibilité. On le fait grandir et ça nous le rend encore plus attachant. Du coup, le résultat fonctionne à merveille et cela fait de Maari 2 un film plus intéressant que le métrage qui le précède.
c’est peu pour la gourmande mélomane que je suis. Mais les titres choisis sont tous très percutants, aussi bien dans le registre dansant que dans un univers plus posé et romantique.
ET PUIS, IL FAUT PARLER DE LA SÉQUENCE DANSÉE « ROWDY BABY » ! Probablement l’une des meilleures que le cinéma indien ait porté ! Chorégraphiée par l’unique Prabhu Deva, elle permet de déployer les talents de danseur de Dhanush et, encore plus, de la jeune Sai Pallavi. Nichés entre le dappankuthu et le style de Michael Jackson, les deux comédiens exécutent cette scène musicale avec un dynamisme et une précision admirables. Surtout, leur énergie est communicative !
BON, CELA DIT, LA SCÈNE FINALE SOMBRE DANS LES ABYSSES DU COMIQUE
INVOLONTAIRE QUAND LE FRÊLE DHANUSH TOMBE LA CHEMISE POUR NOUS MONTRER SES 2 ABDOS ET DEMI... Encore plus lorsqu’en face, il y a Tovino Thomas qui a la carrure d’une armoire à glace ! Ce n’était clairement pas nécessaire et c’est presque faire offense au talent d’acteur de notre Dhanush. Il vaut bien mieux que ça.
En co ncl u si o n Je dirais que le visionnage du premier Maari est assez dispensable, si ce n’est pour planter le décor de sa suite, bien plus performante. Regardez Maari 2 parce qu’il est à placer dans le haut du panier de la production de masala actuelle. Pas aussi fin qu’un Vikram Vedha mais tellement plus sincère qu’un Mersal. D’autant que le casting livre un travail impeccable. Alors foncez et préparez-vous à passer un moment agréable de cinéma populaire ! 173
CRITIQUE S U D
Malli Malli
Idi Rani Roju Le vrai sens de l’amour. MOTS PAR ELO DI E HAM IDOVIC
Sorti en 2015, Malli Malli Idi Rani Roju a rencontré un énorme succès. Les acteurs principaux, Sharwanand et Nithya Menon, ont charmé le public en devenant un duo iconique. D’ailleurs, ce film ne constituait pas leur première collaboration. En réalité, ils se sont faits face pour la première fois dans le projet tamoul JK Enum Nanbanin Vaazhkai, tourné en 2013, mais dont la sortie a été grandement retardée. Avant le visionnage, la seule information que j’avais en main, c’était que le film tournait autour d’une romance entre un hindou et une musulmane. Rien de nouveau à l’horizon puisque c’est un thème déjà
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abordé à travers les différentes industries du cinéma indien (au top de ma liste, le film malayalam le plus souvent mentionné dans le magazine, et accessoirement le préféré de votre rédactrice en chef : Thattathin Marayathu).
MAIS QU’EST-CE QUI JUSTIFIE LE SUCCÈS DE MALLI MALLI IDI RANI ROJU ? ET POURQUOI LE DUO FORMÉ PAR SHARWANAND ET NITHYA MENON FONCTIONNE-T-IL SI BIEN ? >
Raja Ram (Sharwanand) est un étudiant sprinteur qui croise un jour le regard de la belle Nazeera (Nithya Menon). Charmé, il fera de son mieux pour l’approcher et découvrir son visage (caché sous sa burqa) sans se rendre compte que celle-ci s’est déjà glissée parmi les élèves du cours de musique de sa mère (Pavitra Lokesh)...
JE VAIS COMMENCER PAR LE POSITIF, CAR ÇA VA ÊTRE RAPIDE : LA MEILLEURE PARTIE DU FILM, C’EST LE FLASHBACK QUI MET EN AVANT LA RENCONTRE DE RAJA RAM ET NAZEERA. La cinématographie est superbe et les acteurs sont absolument attachants. Aussi, la musique (de l’excellent Gopi Sundar) tombe toujours au bon moment et accompagne les
protagonistes sans le moindre problème. Je vous conseille particulièrement « Varinche Prema » et « Marhaba ».
ET C’EST TOUT. CAR L’HISTOIRE, QUI COMMENÇAIT SI BIEN, RETOMBE COMME UN SOUFFLÉ. Je m’explique : en dehors des acteurs principaux et de la base de leur amour, Malli Malli Idi Rani Roju possède de nombreux défauts. D’une part, la réalisation elle-même est inégale et relativement datée. L’image vieillit mal et les plans ne sont pas toujours à la hauteur. Pour un film de 2015, j’ai été surprise de me retrouver devant un élément ultra perturbateur : Raja Ram, dans son obsession pour la course, parle à ses chaussures... animées comme dans un film d’animation des années 1990.
A L’INTERMISSION, LA TRAME EST COMPLÈTEMENT BÂCLÉE. LES RETOURNEMENTS DE SITUATION SORTENT DE NULLE PART, NOUS SONT IMPOSÉS EN 3 SECONDES ET HOP, ON PASSE À AUTRE CHOSE ! Sans parler de certaines scènes, interminables. Alors oui, on veut que Raja Ram et Nazeera se retrouvent. Mais au milieu du film, on est tellement estomaqué par l’enchaînement des événements que Malli Malli Idi Rani Roju perd toute sa crédibilité. Ce qui n’empêche pas les héros de fournir un travail juste, empli d’émotion et de sincérité. Malheureusement insuffisant pour nous accrocher au film.
LA PALME D’OR REVIENT TOUT DE MÊME À BURRA SAI MADHAV, L’AUTEUR DES DIALOGUES DU FILM, D’AILLEURS RÉCOMPENSÉ POUR SON TRAVAIL (INCOMPRÉHENSIBLE). Dans le genre plat et cliché, parfois drôle involontairement, les répliques du film sont dignes d’une telenovela indienne ! Et peut-être bien que c’est pour ça que Malli Malli Idi Rani Roju a rencontré un tel succès : le métrage reprend les recettes de ces séries familiales et souvent mélodramatiques au possible, avec un amour impossible et surtout, des épreuves.
Cette réalisation de Kranthi Madhav a pourtant d’autres qualités (oui, j’ai un peu exagéré en disant qu’il n’y avait pas beaucoup de positif à en tirer). Comme le fait que la relation entre un hindou et une musulmane ne soit jamais pointée du doigt comme quelque chose de problématique. Au contraire, il y a un profond respect des deux communautés. Aussi, le personnage de Nazeera est plutôt impressionnant. C’est elle qui va vers Raja Ram, c’est aussi elle qui lui offre ses chaussures de rêve, qui devient une femme d’affaire prospère...
DE PLUS, SHARWANAND ET NITHYA MENON ONT SU PARFAITEMENT REPRÉSENTER L’AMOUR QUI UNIT LEURS PERSONNAGES, CELUI QUI NE FAIBLIT PAS AVEC LE TEMPS, QUOI QU’IL ARRIVE... Mais, en comparaison avec tout ce qui ne fonctionne pas, c’est bien trop minime pour faire de Malli Malli Idi Rani Roju un mustwatch. Surtout 4 ans après sa sortie.
PAS D E T RO I S I È M E FILM ENSEMBLE ! Les acteurs devaient se retrouver dans la prochaine réalisation de Sudheer Varma, dont le tournage traine désormais depuis 2017 ! Depuis, l’actrice a été remplacée par Kajal Aggarwal et Kalyani Priyadarshan, mais aucune date de sortie n’a encore été annoncée...
BEAUCOUP D’ÉPREUVES ! 177
CRITIQUE S U D
MAJILI Arjun Reddy du pauvre,bonjour ! M OTS PA R AS M A E B E NMAN SO UR
En lisant le titre, vous vous dites qu’Asmae la râleuse est de retour... Bingo ! Alors oui, pour une fois qu’un film télougou nous épargne le schéma rébarbatif du masala testostéroné, on ne va pas se mettre à geindre ! Mais vous me connaissez suffisamment pour savoir que j’ai TOUJOURS quelque chose à dire. Car pour autant, j’avais des attentes qui, à mon sens, n’avaient rien de disproportionné. Un beau drame romantique avec des personnages authentiques et de jolies mélodies... Et bien, ce ne sera pas pour cette fois !
ON VA COMMENCER PAR L’UN DES POINTS NOIRS DU FILM. Vous savez, celui qui est tellement incrusté dans votre peau que, de loin, vous le prendriez pour un grain de beauté... Je parle évidemment (et méchamment, je le concède) du jeu de Naga Chaitanya, pas du tout concluant. L’acteur n’est ni expressif, ni investi dans l’histoire de son personnage. C’est d’autant plus problématique quand on sait que la majorité du film repose sur ses épaules. Il est l’exemple criant du fils de star au succès immérité. 178
L’acteur (accessoirement fils de la légende Nagarjuna) pense qu’avec des cernes et une barbe épaisse, il peut incarner l’amant consumé par la perte de l’être aimé, mais non ! On a l’impression d’assister à une parodie malaisante d’Arjun Reddy ! Et c’est vraiment dérangeant. En face, Samantha Ruth Prabhu (épouse Akkineni) est formidable dans un rôle sensible qui aurait mérité d’être davantage développé. L’actrice insuffle beaucoup de nuance et de vérité à l’histoire de Sravani. Cela dit, elle ne dispose que de peu d’espace.
C’EST POURTANT ELLE, LA STAR DU COUPLE QU’ELLE FORME À LA VILLE AVEC CHAITANYA, NON ? Je ne comprends pas en quoi ce rôle a pu l’intéresser, si ce n’est qu’il représentait pour elle l’occasion de travailler avec son acteur de mari. Comme quoi, il n’est pas toujours bon de mélanger l’amour et les affaires... Ensuite, la débutante Divyansha Kaushik est une bonne surprise. La jolie actrice émeut par sa ferveur et son regard très expressif. De quoi faire passer son partenaire pour un incapable (ce qui est assez proche de la vérité...). De son côté, la jeune Ananya Agarwal fournit un travail plus que correct, mais je n’ai clairement pas compris l’intérêt de nous raconter l’histoire de son personnage tant elle m’apparaît superflue. Enfin, je ne sais pas ce qu’Atul Kulkarni est venu faire dans cette galère, d’autant que les variations de son personnage me dépassent quelque peu. Tantôt père tendre et ouvert d’esprit, tantôt brute rigide à l’excès, on peut se demander s’il ne souffre pas d’instabilité psychologique !
IL S’AGIT DE LA QUATRIÈME COLLABORATION DU DUO CHAITANYA/SAMANTHA, LA PREMIÈRE APRÈS LEUR MARIAGE. Il faut avouer que le couple fonctionne à merveille à l’écran. Ils m’avaient particulièrement marquée dans leur association initiale pour Ye Maaya Chesave, sorti en 2010. Mais ici, leur histoire n’est qu’esquissée et ne leur permet pas de déployer la belle alchimie que je leur connaissais. Je vous explique. Malgré son aspect très convenu, j’ai trouvé Majili intéressant dans sa première partie.
L’histoire de Purna (Naga Chaitanya) et Anshu (Divyansha Kaushik), bien que déjà-vue, est efficace et nous maintient alertes. La seconde partie (que j’attendais pour la présence de Samantha) gâche le métrage. Ni plus ni moins.
C’EST LÀ QUE LE FILM SE PERD. On cherche à nous faire passer beaucoup trop d’informations, en oubliant l’émotion. On a à peine le temps de savoir qui est Sravani (Samantha Akkineni) qu’on doit également intégrer Meera (Ananya Agarwal) à l’histoire. Aucune ossature scénaristique, trop d’élucubrations narratives dignes des séries turques des années 2000 (et que je te fais le coup du «je pars loin parce que tu as égratigné mon égo...» Sérieusement, ça vous dirait pas d’avoir une vraie conversation comme des adultes avant de prendre des décisions aussi drastiques ?)... Majili perd le fil et perd au passage mon adhésion.
SI LE RETOURNEMENT DE SITUATION ANTÉINTERMISSION EST TRÈS BIEN VU, IL EST MAL EXPLOITÉ DANS LA DEUXIÈME PARTIE. Car effectivement, on nous explique, le temps d’une courte chanson, ce qu’il est advenu de Purna, là où c’est exactement ce qu’il aurait fallu développer sur toute la deuxième moitié du film ! Qu’est devenue Anshu ? Comment Sravani est-elle entrée dans la vie de Purna ? Aussi, la trame s’éparpille et tire sur la corde mélodramatique à l’excès. Ce qui aurait pu être mesuré et émouvant devient poussif et tire-larmes. J’attendais une sensibilité retenue et de la tendresse. Et surtout du temps pour que les deux protagonistes puissent réapprendre à se découvrir. > 179
Le film hindi Monsieur est le parfait exemple de cet exercice d’équilibre entre puissance et nuance. Pour Majili, c’est l’exact contraire.
PARMI LES ÉLÉMENTS QUI FONCTIONNENT, IL Y A LA MUSIQUE HORS DU TEMPS, COMPOSÉE PAR LE FORMIDABLE GOPI SUNDAR. La bande-originale possède la subtilité qui aurait dû représenter le film...
BREF, JE SUIS DÉÇUE. PARCE QU’À LA VILLE, NAGA CHAITANYA ET SAMANTHA SONT VRAIMENT CHARMANTS. Et leur duo à l’écran a fonctionné par le passé. Ye Maaya Chesave demeure par ailleurs l’un de mes films télougous favoris par sa poésie, son indéniable romantisme et sa finesse. Et puis, j’adore les romances. Si vous me lisez, vous le savez pertinemment puisque je réaffirme cette vérité à chacune de mes critiques portant sur un film du genre. De fait, il n’est pas très difficile de me satisfaire. Les schémas vus et revus sont susceptibles de me suffire, si l’intention y est.
SAUF QUE LE PROBLÈME MAJEUR DE MAJILI, C’EST QU’IL EXPLOITE À TORT ET À TRAVERS TOUS LES PONCIFS NARRATIFS DE LA ROMANCE SANS SE SOUCIER DE NOUS PROPOSER DES PERSONNAGES SOLIDES. Qui est Purna ? Il aime le cricket et a eu le cœur brisé. Sinon ? Pas grand chose. 180
Qui est Sravani. Elle aime Purna et elle est fonctionnaire. Sinon ? Que dalle. On ne sait rien de ce qu’ils sont ou de ce qui peut potentiellement les amener à s’aimer. Et à la fin du film, on ne les connaît pas davantage. Et le pire, c’est que ça nous fait une belle jambe ! Je n’ai pas versé une larme, j’ai juste eu le sentiment de perdre mon temps. 2h30 de bobine pour ça ?
J’IMAGINE LES PRODUCTEURS SE FROTTER LES MAINS... « On va foutre le couple Chay/Sam, et les fans viendront. - Et ce sera quoi, l’histoire ? - J’en sais rien et franchement, on s’en bat les steaks ! - Mais les gens viennent au cinéma pour qu’on leur raconte une histoire, non ? - Mais t’es con ou quoi ? T’as pas compris la leçon de tonton Karan - pompe à fric Johar ? Les gens sont cons et ils viendront voir une abomination cinématique si tu y fais jouer leurs stars préférées. »
VOILÀ CE QUE ÇA DONNE QUAND L’IMAGE DES ACTEURS EST DAVANTAGE VENDUE QUE LEUR FILM, ET QUE DES STARS SE CROIENT PLUS FORTES QUE L’HISTOIRE QU’ELLES SONT CENSÉES NOUS RACONTER...
CRITIQUE S U D
SAMSAARAM AAROGYATHINU HAANIKARAM Douleur muette, ou comment ouvrir son cœur en fermant sa bouche ? > MOTS PAR ASMA E BENM ANSOUR
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Lorsque deux des enfants chéris du cinéma malayalam sont réunis pour un film de Balaji Mohan (tout juste auréolé du succès de Kadhalil Sodhappuvadhu Yeppadi, datant de 2012), l’industrie a toutes les raisons de s’enflammer ! D’autant que Dulquer Salmaan comme Nazriya Nazim ne manquent pas de briller par leur talent et leur intelligence artistique.
NOUS SOMMES EN 2014. IL S’AGIT DE LA DEUXIÈME RÉALISATION DE BALAJI MOHAN, AUSSI SORTIE EN TAMOUL SOUS LE TITRE VAAYAI MOODI PESAVUM. En effet, le cinéaste possède une fanbase solide après le succès de son premier métrage, également réalisé dans cette langue. Il fallait donc capitaliser, d’autant que la jeune Nazriya Nazim a vite fait de conquérir les cœurs des spectateurs du Tamil Nadu avec ses prestations dans les films Neram et Raja Rani. De quoi se faire du blé, et en pagaille !C’est également la seconde collaboration de Dulquer et Nazriya après Salala Mobiles, en salles plus tôt cette année-là. Ils se retrouvent ensuite dans Bangalore Days, toujours en 2014.
L’HISTOIRE DE SAMSAARAM AAROGYATHINU HAANIKARAM EST ASSEZ ORIGINALE, EN PARTICULIER POUR UNE COMÉDIE : UN VIRUS QUI ATTAQUE LES CORDES VOCALES LORSQU’ELLES SONT EN ACTIVITÉ CONDAMNE TOUTE UNE VILLE AU SILENCE. 182
Ce qui amène les gens à communiquer différemment et même parfois à mieux interagir. On fait davantage attention au nonverbal, aux expressions faciales, à l’intensité du regard et au langage corporel. Les uns et les autres se découvrent avec un œil nouveau et plus sagace. Samsaaram Aarogyathinu Haanikaram est une comédie à la fois romantique et satirique, le film utilisant une idée ingénieuse et parfaitement portée par son casting. De l’art de mettre en avant le fait que les mots puissent parfois être utilisés à tort et à travers...
DULQUER SALMAAN PORTE LE MÉTRAGE SUR SES ÉPAULES ET COMME À SON HABITUDE, INSUFFLE À SON PERSONNAGE UNE PROFONDE HUMANITÉ ET BEAUCOUP DE NUANCE. Face à lui, Nazriya est absolument adorable dans un rôle de jeune fille qui rejette sa belle-mère. Elle va aussi tirer des leçons de ce silence forcé et va apprendre à observer davantage pour mieux apprécier cette femme qui rend désormais heureux son père. Pour ce rôle, Madhoo est juste fabuleuse. Figure populaire du cinéma hindi des années 1990, elle prouve avec ce projet que malgré les années, son potentiel est toujours intact, et qu’il n’a pas forcément été exploité à sa juste mesure.
LE MÉTRAGE S’APPARENTE AU CINÉMA MUET DANS LA PARTIE ESSENTIELLE DE SA TRAME. Cela peut donc être éprouvant pour le spectateur. Car il faut se rendre à l’évidence : une voix, des répliques et des intonations donnent du rythme à une scène. Sans ces éléments, il faut être plus concentré et le visionnage demande une mobilisation qui peut devenir épuisante, surtout quand on cherche avant tout à se détendre. A moins d’avoir baigné dans le cinéma de Charlie Chaplin et de Buster Keaton dès l’enfance, (et en tout cas pour ce qui concerne la génération de spectateurs à laquelle j’appartiens), notre langage cinématographique passe par le parlant. C’est ainsi. Ce qui fait de ce film populaire un véritable OVNI, aussi éreintant que captivant.
PAR AILLEURS, CE QUI EST INTÉRESSANT DANS SAMSAARAM AAROGYATHINU HAANIKARAM, C’EST L’ÉCRITURE DE SES PERSONNAGES ET LA FAÇON DONT CE VIRUS VA LES FAIRE ÉVOLUER. D’un côté, il y a Aravind (Dulquer Salmaan), vendeur en porte-à-porte qui rêve de devenir animateur radio. Sa voix est son gagne-pain. Il croit dur comme fer en la communication verbale et utilise les mots pour parvenir à ses fins, parfois de façon calculée. De l’autre, il y a Anjana (Nazriya Nazim), étudiante en médecine qui intériorise. Elle tait ses émotions pour éviter les situations de conflit. Le silence contraint par le risque de contamination va amener l’un à s’exprimer avec plus de sincérité, et l’autre à comprendre l’importance de poser des mots sur ce qu’elle ressent pour ne plus souffrir.
En co ncl u si o n Voilà un film qui sort des sentiers battus !
PAS FORCÉMENT LE PLUS FACILE À REGARDER PAR SA NARRATION EMPREINTE D’ÉMOTIONS TANTÔT TUES TANTÔT MIMÉES. MAIS À DÉCOUVRIR POUR METTRE DE NOUVEAU EN AVANT LE CARACTÈRE ATYPIQUE ET CRÉATIF DU CINÉMA DE MOLLYWOOD...
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MODE CINÉMA & TENDANCE
MODE E T C I N É M A
Les looks de
RAJA ET AARTI COMMENT L’ARGENT (OU UNE BELLE PAIRE DE CHAUSSURES) PEUT DÉTRUIRE L’HOMME PARFAIT. M OTS PA R E LO D I E H A M I DOV I C P H OTO G RA P H I E : C I N ESTAAN
Dans un film, le rôle des stylistes est de trouver l’univers vestimentaire adapté aux personnages. Les vêtements qui vont apparaitre sur nos écrans doivent refléter la personnalité du protagoniste, tout cela dans un but bien précis : nous convaincre que ce que nous voyons est bien réel. Sorti en 1996, Raja Hindustani met en scène l’histoire d’amour entre la jeune Aarti, enfant unique d’une riche famille indienne, et Raja, un chauffeur de milieu pauvre dont la vie prend sens lorsqu’il croise les beaux yeux de la belle. Deux opposés qui tombent amoureux l’un de l’autre et dont le mariage est confronté au regard de la société…
OUTRE UNE BANDE-SON DEVENUE INCONTOURNABLE, CERTAINS LOOKS DE CE FILM LUI DONNENT UN CARACTÈRE CULTE ! Muse du grand Manish Malhotra, Karisma Kapoor a vu ses tenues choisies par le créateur lui-même. Quand à Aamir Khan et la 186
plupart des acteurs du métrage, c’est le groupe Masculine Jewel qui a tâché de rester juste vis-à-vis d’une population sans grand moyen.
RETOUR SUR DES UNIVERS QUI S’ENTRECHOQUENT POUR MIEUX SE COMPLÉTER, MAIS AUSSI SE DÉTRUIRE ! CAR L’ARGENT, ÇA NE FAIT PAS TOUT ! (ET C’EST ENCORE VALABLE AUJOURD’HUI !)
1. Deu x m o nd es à p art . Aarti est l’archétype de la fille riche, dont la belle-mère est jalouse (complexe de BlancheNeige) et le père est surprotecteur. Elle porte des vêtements modernes et occidentaux, mais jamais criards ou vulgaires. Des longues jupes à motif, des chemises en coton, des turbans de soie colorés dans les cheveux et un make-up jamais provocateur. Aussi, ses bijoux apportent toujours une certaine touche ethnique, imposante, comme pour déclarer qu’il ne faut pas oublier qu’Aarti est née avec une cuillère en argent dans la bouche ! Sauf qu’Aarti n’est pas une enfant gâtée. Éduquée, mais sentimentale. Elle suit son coeur et ne tombe pas dans le vice de l’apparence. En face, Raja n’a pas les moyens de s’offrir des vêtements à sa taille. Ses chemises sont si larges (style bûcheron pas content, mais sans les muscles) qu’il utilise une ceinture pour faire tenir le tout. Un peu ridicule, il est lui aussi un archétype : celui du pauvre campagnard. La même paire de chaussures, le même bonnet constamment sur la tête et, si besoin, des vestes lourdes et tassantes pour se protéger du froid. Pas de style, il attrape ce qu’il trouve et le compte est bon. Sauf que Raja n’est pas une brute qui ne sait pas lire. C’est un gentil garçon qui tente de survivre comme il le peut. Il a sa fierté (même en habit de clown) et a surtout bon coeur. >
2. De ux mo n d e s q u i fusi o nne nt. Le mariage (désapprouvé par la société, parce que c’est horrible de voir une fille de bonne famille se faire avoir par un mec comme Raja... Clairement, il veut des billets verts, c’est inscrit sur son front !) va marquer un tournant dans la garde-robe du couple. D’une part, Aarti se transforme en jeune mariée, abandonne ses ensembles occidentaux et enfile des saris traditionnels (mais toujours luxueux). Μ
LA TRANSFORMATION DE LA JEUNE FILLE À LA FEMME PASSE DONC PAR LE PLACARD. Moins de bijoux, moins d’informations, elle se rapproche de la simplicité de Raja. Quant à lui, il délaisse ses vestes simili-peau-demouton pour des manteaux de meilleure qualité (sans abandonner ses chemises, faut pas trop lui en demander). S’il ne tombe pas dans l’artifice, il comprend sans doute qu’il n’y a pas de mal à acheter des pièces travaillées qui dureront plus longtemps.
AINSI, PETIT À PETIT, AARTI ET RAJA SE RAPPROCHENT L’UN DE L’AUTRE, METTANT EN ÉVIDENCE QU’ILS SONT IDENTIQUES. DU MÊME MONDE. LE LEUR. Quand Aarti porte une mini robe rouge, Raja est radicalement contre et devient même fou face à la manière dont elle est traitée par des inconnus. Cette robe ne donne pas un aperçu de la femme qu’elle est vraiment et ça, c’est énervant. 188
De même, quand Raja porte un costume, il a l’impression de se trahir. De se cacher derrière un smoking pour ne pas faire honte à la femme qu’il aime. Il est blessé par les vêtements qu’il porte et par le fait que la société qui l’entoure ait besoin d’un code vestimentaire pour « valider » certaines personnes, sans chercher à les connaitre vraiment.
Co ncl u si o n SI VOUS VOULEZ ÉVITER QUE VOTRE FUTUR MARI KIDNAPPE VOTRE ENFANT (OUI OUI, VOUS AVEZ BIEN LU), NE LUI IMPOSEZ PAS DE COSTUME TROIS PIÈCES ÉQUIVALANT À DEUX MOIS DE SALAIRE ! Laissez-le choisir ses propres chemises ringardes à la condition que vous ne fassiez pas de compromis sur vos propres envies : Aarti n’avait pas tort en portant sa robe sexy et vous non plus, vous n’avez pas tort de vouloir porter un décolleté plongeant à l’anniversaire de votre neveu ! Et oui, on s’assume, comme Ranveer Singh sur le tapis rouge. 189
MODE T E N DA N C E
L E S AT I N , L E FAU X AMI ? M OTS PA R E LO D I E H A M I DOV I C P H OTO G RA P H I E I N STAG RAM (@RAK ULP REET)
Cette matière a fait son come-back sur le tapis rouge, pour apporter un zeste de nouveauté dans les tenues de nos stars favorites. Pourtant, dans cette folie de l’originalité, nombreuses sont celles qui ont oublié les règles de base...
LE SATIN, C’EST AVANT TOUT UN TISSAGE. Véritable leader de l’élégance lorsqu'une matière est satinée, aucune grosse tendance ne nous l’a rendue incontournable ces dernières années. Alors forcément, tout le monde en a dans son placard car elle apporte de la légèreté et de la finesse. Mais il y a une raison à son apparition limitée : vulgarisée à l’époque où une robe en soie était LA tenue de soirée par excellence, opter pour cette matière reste risqué, voire un peu démodé.
POURTANT, BOLLYWOOD S’ACHARNE. POUR OU CONTRE ? A VOUS DE JUGER. 190
1. Ne lui faites pas confiance : le satin se froisse facilement ! Sensible et mal préparée, votre robe peut rater son effet à cause d’un pli malvenu ! Et franchement, vous ne voulez pas vous prendre la tête et vous interdire un mouvement par crainte de donner des rides à votre robe...
2. Découpée n’importe comment, elle ne tient pas la route... Choisir la simplicité ! Oui, la soie satinée, c’est super beau quand c’est drapé. Pas étonnant que cela fonctionne si bien sur un sari. Mais alors, essayez de créer un nuage avec et vous aurez l’air d’une toile de Picasso qui se serait prise pour un Dali...
3. Jamais seule, au risque d’en faire trop. Le total look, ce n’est pas une bonne idée. Il ne faut pas abuser des bonnes choses et le satin se porte modérément. Moins vous avez de matière, mieux vous profiterez de votre soirée en étant stylée.
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4. Attention à la qualité, sinon, c’est poubelle ! Car le satin, quand il parait synthétique, il est à prohiber. Véritable désastre ambulant, on croira que vous avez fait votre shopping chez Primark la veille de votre événement. La bonne soie satinée glisse sous vos doigts, brille sans effort et vous colle à la peau (sans parler de son prix).
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MODE CA N N ES
Best of Cannes M OTS PA R E LO D I E H A M I DOV I C
Comme chaque année, je stalke les personnalités indiennes durant Cannes comme une acharnée. Celle qui met à jour les albums sur notre page Facebook toutes les 5 secondes, c’est moi. Entre réseaux sociaux et tapis rouge, je retrouve tout et ne vous cache rien. Maintenant que le festival est terminé, que toutes les jolies égéries sont rentrées à la maison, je peux enfin vous livrer mon bilan de cette édition 2019 ! Outre ma frustration vis-à-vis de la maigre représentation indienne en termes de cinéma, qui se limite au marché du film (en parallèle du festival), je ne me lasse pas de toutes ces stars aux longues jambes auxquelles on prête bijoux et robes pour briller sur la fameuse montée des marches !
ENTRE LES AMBASSADRICES DE L’ORÉAL, DE GREY GOOSE ET DE CHOPARD, L’INDE A PU COMPTER SUR SES ACTRICES POUR SE FAIRE UNE PLACE DANS L’UN DES ÉVÉNEMENTS MODE LES PLUS ATTENDUS DE L’ANNÉE. Contrairement à 2018, j’ai moins éprouvé de sentiment de déjà-vu entre chaque apparition. Pourtant, elles ont toutes porté du blanc (à l’exception d’Hina Khan) et une tenue un peu bâclée, voire totalement WTF.
Ceci étant dit, chapeau à la plupart d’entre elles, qui réussissent à tenir debout devant les photographes (plus nombreux que les invités, d’ailleurs) sur leurs talons vertigineux. Malgré des fashion faux-pas évidents... Aussi, je tiens à préciser une chose : le charisme de certaines actrices n’est pas suffisant pour qu’un ensemble soit acceptable. Je lis de plus en plus les phrases suivantes... « C’est original, qu’est-ce qu’elle le porte bien ! » ou « Personne d’autre n’aurait pu le porter comme elle. » Non. Ce n’est pas original de faire n’importe quoi, ce n’est d’ailleurs pas un critère. Cannes est connu pour son côté élégant, nous ne sommes pas au MET Gala.
FAIRE JUSTE DANS L’INATTENDU SANS AVOIR UNE VÉRITABLE DÉMARCHE OU SANS LANCER UNE MODE, NE DEVRAIT PAS DONNER DES POINTS BONUS. Car Cannes, c’est aussi l’occasion d’être précurseur en matière de tendance. Alors parfois, ça ne marche pas du tout et cela peu importe si la dite actrice est jolie. Puisqu’elles le sont toutes ! Retour donc sur une année 2019 un peu frustrante sur le tapis rouge de Cannes, mais avec tout de même quelques bonnes surprises. > 193
Celle que personne n’attendait :
HINA KHAN La seule actrice présente pour un film (Lines de Hussain Khan), c’est elle ! Et pour l’occasion, elle a eu le droit à deux tapis rouges pour lesquelles elle a choisi deux robes complètement différentes.
1. Dans une robe de Ziad Nakad, Hina joue le jeu du festival de Cannes. C’est du coup un peu ennuyant, car cela fait écho à nombre de robes qui ont fait le sel de la montée des marches par le passé. Mais c’est surtout avec des épaulettes comme celles-ci qu’on oublie facilement son apparition.
2. Sans doute son meilleur tapis rouge ! Avec cette robe métallique de Alin Le’ Kal, Hina se démarque complètement. La fente est peut-être un peu délicate, mais l’actrice s’en sort très bien avec un côté rock’n’roll et sexy !
Celle qui a été complètement ignorée :
KANGANA RANAUT L’année dernière, Kangana avait surpris tout le monde dans une combinaison moulante style disco. De retour pour la marque Grey Goose, on espérait donc de nouveau voir Kangana faire l’audacieuse...
1. Dans sa robe Michael Cinco, il y a quelque chose de très fade chez Kangana ! La couleur, sans doute, mais aussi le manque de bijoux ainsi qu’une transparence gênante.
2. A la soirée Chopard, on a largement la sensation de retrouver notre bonne copine Kangana, avec un look complètement déstructuré entre eyeliner bleu et chignon retravaillé !
Celle qui en a trop fait :
DEEPIKA PADUKONE En 2018, Deepika Padukone n’a pas fait l’unanimité. Pourtant, avec sa robe Ashi Studio, les médias s’étaient enflammés. Pourquoi ? Parce que c’était complètement à l’ouest de ce qui se fait d’habitude...
1. Avec une robe volumineuse de Giambattista Valli (reconnu pour ce style particulier) et un turban rose, c’est un peu le look WTF qui a plu à une grande majorité des fans. Si je trouve le choix du turban très intéressant, j’ai beaucoup plus de mal avec la robe elle-même, qui épaissit l’actrice...
2. Le problème de cette robe originale de Peter Dundas, c’est le tissu « drap de couette ». Et malheureusement, si le make-up est plutôt bien pensé, combiné à la coiffure, cela donnait un effet « grunge » assez désagréable.
Celle qui ne sait définitivement pas se mettre en valeur :
HUMA QURESHI Avec seulement deux semaines pour préparer ses tenues en 2018, Huma avait recueilli une large préférence des sondages. C’était vraiment pas mal du tout ! De retour avec Grey Goose, on s’attendait donc à adorer....
1. Gaurav Gupta est célèbre pour ses robes particulières, un peu nuageuses. C’est très bien de choisir un couturier indien. Pourtant, ici, ça ne fonctionne pas (la cape cache bien trop sa silhouette). Par contre, j’adore les boucles d’oreilles ! Belle petite touche colorée.
2. Pour des interviews, Huma a opté pour un simple sari blanc et une cape brodée. La différence de couleurs perturbe le regard. Elle aurait dû simplement se contenter du sari.
Celle qui n’a pas fait grand-chose :
PRIYANKA CHOPRA JONAS La surprise de l’année, c’est cette première fois pour Priyanka, invitée par la marque Chopard ! Son arrivée sur le tapis rouge était donc très attendue, surtout après ce qu’elle a porté au MET Gala.
1. Si la robe de Roberto Cavalli est élégante, Priyanka fait un peu un flop avec cette apparition. Trop « classique », ses boucles d’oreilles ne matchent pas et sa robe lui donne presque l’impression d’avoir un petit bidon...
2. Accompagnée de son mari Nick Jonas, c’est un peu comme revivre leur mariage. S’ils sont très beaux tous les deux, leur look n’est pas sans nous rappeler Aishwarya Rai Bachchan et son mari Abhishek, qui portaient quelque chose de semblable lors de leur apparition commune au festival de 2009.
Celle qui a captivé les photographes :
DIANA PENTY Nouvelle égérie de la marque Grey Goose, c’est également la première fois cannoise pour l’actrice et mannequin. Pour le coup, on ne peut pas dire qu’elle ait échoué tant elle était « on point ».
1. Dans une robe Nedret Taciroglu, Diana est simplement divine ! Son make-up et sa coiffure rétro complètent très bien cette robe bustier. Un premier tapis rouge que les photographes se sont arrachés.
2. Dans un sari satiné d’Amit Aggarwal, l’actrice est fabuleuse ! Encore une fois, elle a joué sur un look old school très glamour, et les bijoux perlés sont un très bon choix !
Celle qui est toujours dans un entre-deux :
AISHWARYA RAI BACHCHAN La #QueenOfCannes est l’une des actrices les plus attendues du tapis rouge ! Chaque année, Aishwarya cartonne et parvient à s’imposer. Mais est-ce vraiment le cas en 2019 ? Ou alors, cette année marque-t-elle un tournant ?
1. En mode sirène, Aishwarya surprend avec cette robe Jean Louis Sabaji. Sauf que le tissu ne donne pas l’effet véritablement souhaité, en particulier l’épaule gauche et les bouts très synthétiques. On a l’impression qu’elle étouffe dans un sac en plastique ! C’est dommage car la mise en beauté est plutôt intéressante (notamment l’or dans les oreilles et le côté humide du visage).
2. Cela ne se voit pas assez sur les photos, mais ce qui m’a beaucoup dérangée, c’est d’avoir une robe crème et une cape en fourrure blanche. Cela ne marche pas ! Aussi, L’Oréal n’a pas géré au niveau du maquillage, avec cet effet raton-laveur.
Celle qui n’a presque pas eu de tapis rouge :
SONAM KAPOOR AHUJA C’est visiblement fini avec L’Oréal (même si aucun média n’en parle) et Sonam a pu défiler une seule fois sur le tapis rouge, invitée par la marque Chopard dont elle représente les parfums. Malgré tout, l’actrice a de nouveau collaboré avec ses couturiers fétiches.
1. Avec ses amis Ralph & Russo, Sonam est de nouveau en blanc (comme en 2016 et 2018), mais cette fois avec un costume et une longue traîne ! D’ailleurs, la traîne aurait pu être évitée, et l’actrice aurait renforcé le côté simple et rafraîchissant de ce look.
Celle qui se fait discrète :
NEELAM GILL La mannequin de seulement 24 ans profite de sa troisième année à Cannes, sa deuxième en tant qu’égérie Chopard. Neelam a un goût particulier pour les robes sexy, mettant en valeur sa grande taille et sa silhouette fine.
1. Dans sa robe deux-pièces de Nicole Felicia Couture, Neelam est sublime ! Très simple et en même temps, très gracieuse. Avec un certain écho à sa génération.
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RÉSEAUX
SOCIAUX T W I T T E R & I N S TAG R A M
RÉSEAUX S O C I A U X
#PRIYANKAMETGALA LE MEME QUI ENFLAMME TWITTER Phénomène incontournable d’internet, les “memes” peuvent frapper n’importe qui à n’importe quel moment. Certaines célébrités l’acceptent, d’autres s’en plaignent, alors que le reste ne les voit même pas venir. Cette année, lorsque Priyanka Chopra a foulé le tapis rouge du Met Gala en compagnie de son mari Nick Jonas, elle ne s’attendait peut-être pas à de telles réactions comiques sur la toile. Le Met Gala est un gala annuel de collecte de fonds pour le Metropolitan Museum of Art, qui se déroule à New-York, au coeur même du musée. Anciennement appelé « Costume Institute Gala », l’événement célèbre un thème particulier chaque année. Les célébrités qui y sont conviées
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se présentent en tenue de soirée, en robe ou en costume, inspirée du thème en question. Cette année, la soirée était placée sous le signe du « camp ». Au fil des années, le camp est un style associé à la communauté queer, qui s’amuse des codes vestimentaires avec exagération et humour. Les drag queens représentent donc parfaitement ce style. Le camp, c’est aussi l’art d’en faire beaucoup trop : c’est l’artifice, la dérision, l’ironie, voire même le mauvais goût, mais toujours de façon maîtrisée. Priyanka Chopra a opté pour une tenue inspirée d’un des personnages d’Alice au pays des merveilles (version Tim Burton), et le résultat est des plus hilarants pour les internautes.
JE NE VOIS AUCUNE DIFFÉRENCE !
QUAND MA NIÈCE DE 3 ANS MAQUILLE SA POUPÉE.
QUAND L’AMOUR VOUS TRANSFORME COMPLÈTEMENT.
RÉSEAUX S O C I A U X
Instagram, c’est le réseau social qui permet de jeter un œil sur la vie aussi bien professionnelle que privée de nos stars favorites. Outre les démarches de promotion de leurs projets, elles en profitent aussi pour publier des photographies plus personnelles qui nous permettent donc d’en savoir un peu plus sur qui elles sont hors caméra. Plongeons ainsi dans l’Instagram de...
Siddh a nt C H AT U RV E D I www.instagram.com/siddhantchaturvedi
TYPE DE PROFIL LE NEWBIE. Gully Boy et le rôle de M. C. Sher l’ont propulsé sur le devant de la scène en un temps record ! En quelques jours, il est passé d’un millier d’abonnés à plus de 500 000. Preuve que Siddhant est devenu le nouveau chouchou de Bollywood. Une nouvelle notoriété qui a pris le jeune acteur par surprise (oui, lui aussi, il a fait le ménage sur son compte), ce qui ne l’empêche pas d’être beaucoup plus actif aujourd’hui et de partager humblement son aventure !
CE QU’IL VEUT Pour l’instant, se mettre en valeur. Il profite de cette belle période de reconnaissance pour montrer son plus beau profil et, peut-être, trouver les projets qui vont forger sa carrière au cinéma. Avant ça, Siddhant a joué dans deux séries (dont Inside Edge, où il incarne un jeune joueur de cricket qui découvre la réalité du monde sportif), mais Gully Boy a clairement dévoilé son potentiel.
CE QU’IL ADOREΜ Qui dit nouvelle star, dit photoshoot ! Et Siddhant est spécialiste en la matière. Attendez-vous à voir son profil débarquer de nulle part, vous faire sourire et ainsi vous rappeler qu’il faut garder un oeil sur lui ! L’acteur ne manquera pas de prévenir ses fans concernant ses futurs projets (surtout à travers ses stories). Donc si vous ne voulez pas rien rater, son compte Instagram est votre meilleure source... 211
RÉDACTRICE EN CHEF : AS M A E B E NM ANSOUR RÉDACTRICE MODE : E LO D I E H AM I DOVI C R É DACT R I C E ACT UA L IT É E T C IN É M A : FATI M A Z AH RA E L AH M AR DIRECTRICE DE PUBLICATION : ELODI E H AM I DOVI C DIRECTRICE ARTISTIQUE : E LODI E H AM I DOVI C
À SAVO I R Un candid est une image prise par un paparazzi lors d'événements importants (cérémonies de récompenses, promotions de films, inaugurations, etc...). Il en existe des milliers sur le web. Il nous est donc impossible de retrouver les noms des photographes. Les sites qui diffusent sur le web le plus de candids sont crédités à la fin, c'est généralement là que nous nous procurons nos images. Si nous avons oublié de mentionner votre nom ou votre site dans le magazine, contactez-nous par email
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Nous trouvons souvent les clichés sans le nom du photographe ou sans information supplémentaire.
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EN COUVERTURE : Photographie du site www.ragalahari.com modifiée par Bolly&Co. EDITO : Photographie du compte Instagram de Bhumi Pednekar (@ bhumipednekar). UN PEU DE LECTURE : Photographies provenant des maisons d'édition des livres Bollywood et les autres, La femme Sacrée et Moi, Sampat Pal, chef de gang en sari rose. INVESTIGATION : Photographies des films Badrinath Ki Dulhania, Raanjhanaa, Tere Naam et Kabhi Alvida Naa Kehna. À LA DÉCOUVERTE DE : Capture d'écran de la vidéo "MOST EXERCISE EVER - Prem Aggan Review" diffusée sur la chaine Youtube de Kanan Gill. LE COUP DE COEUR DE : Photographie du film Veer-Zaara. ILS ONT DIT SUR : Photographie du compte Instagram de Shahrukh Khan (@iamsrk), modifiée par Bolly&Co. NOIR ET BLANC : Photographie du site Medium.com. BOLLY&CO AWARDS : Photographies des films Hindi Medium, Ittefaq, Mom, Phillauri, Secret Superstar, Noor, Qarib Qarib Singlle, Half Girlfriend, Ok Jaanu, Naam Shabana, Kaabil, Bareilly Ki Barfi, Baahubali 2 - The Conclusion, Vikram Vedha, Fidaa, Ninnu Kori, Hotel Salvation, Newton, Take Off et
Tumhari Sulu. FESTIVAL : Affiche de la septième édition du Festival des Cinémas Indiens de Toulouse et photographies par l'équipe de Bolly&Co. INTERVIEW : Photographies par l'équipe de Bolly&Co. L'AVENTURE BOLLY&CO : Illustration par Elodie Hamidovic. NOUVEL ESPOIR : Photographie du compte Instagram d'Aparshakti Khurana (@aparshakti_khurana) et photographies des sites www.5plus. mu et www.reddit.com. CRITIQUE NOUVEL ESPOIR : Photographie du film Stree. DERRIÈRE LA CAMÉRA : Photographies des films 96 et Yeh Jawaani Hai Deewani. BILAN : Illustration par Elodie Hamidovic et photographies des films Akaash Vani et Sonu Ke Titu Ki Sweety. UN FILM, UN VOYAGE : Photographie du film Kal Ho Na Ho. POURQUOI : Photographies du film Namaste England. MEGHNA GULZAR : Photographie d'introduction du site www. hindustantimes.com, affiche du film Just Married et photographies des films Talvar, Raazi et Chhapaak. LUMIÈRE SUR : Photographies du compte Facebook @ Vishalandshekhar.
L'ALBUM DU FILM : Photographies du film Kalank. FILM VS LIVRE : Captures d'écran du film Fitoor. SCÈNE CULTE : Captures d'écran du film Jab We Met. ET SI ON COMPARAIT LES REMAKES : Photographies des films Jalebi et Praktan. À LA UNE : Propos recueillis par Nihit Bhave (Hindustan Times), Eastern Eye, DNA Web Team, Nayandeep Rakshi, Harshada Rege et Chaya Unnikrishnan (DNA), Kunal Purandare (Forbes India), Bollywood Hungama, Sahil Rizwan (BuzzFeed),Press Trust of India (NDTV), IANS et Suhani Singh (India Today). Photographies d'introduction issues d'Instagram (@AyushmannK et @ samikshapednekar) modifiées par Bolly&Co, ainsi que les photographies des films Vicky Donor, Dum Laga Ke Haisha, Shubh Mangal Saavdhan. Aussi présents dans l'article : photographie du tournage du film Manmarziyaan publiée par www.cinestaan.com, photographie durant l'émission Vogue's BFF publiée sur www. peepingmoon.com et affiche du film Bala. AYUSHMANN KHURRANA : Photographie du film Vicky Donor. BHUMI PEDNEKAR : Photographie du film Sonchiriya.
CRITIQUES NORD : Photographies des films Mohabbatein, Saheb Biwi Aur Gangster 3, Ek Ladki Ko Dekha Toh Aisa Laga, Bucket List, Baazaar et Kedarnath. CRITIQUES SUD : Photographies des films Maari 2, Malli Malli Idi Rani Roju, Majili et Samsaaram Aarogyathinu Haanikaram. MODE ET CINÉMA : Photographie d'introduction du film Raja Hindustani publiée sur le site www. cinestaan.com et captures d'écran du métrage. TENDANCE : Photographies des comptes Instagram de @ rakulpreet @balanvidya, @ team_kanganaranaut, @ afashionistasdiaries, @stylebyami, @ kritisanon, @fatimasanashaikh et @ kiaraaliaadvani. CANNES : Photographies des sites www.gettyimages.fr et www.zimbio.com ainsi que des comptes Instagram de @team_ kanganaranaut, @iamhumaq et @ dianapenty. TWITTER : Photographies du site www.zimbio.com et du film Alice au pays des merveilles. INSTAGRAM : Photographies du compte Instagram de Siddhant Chaturvedi (@siddhantchaturvedi)