BORIS SAUBOY ARCHITECTE
Recueil de projets 2014 -2020
« L’architecte doit être le garant du respect de l’environnement »
Diplômé de l’école nationale supérieure d’architecture de Bordeaux en 2014 et après six années d’exercice dans le cadre d’une auto-entreprise pour des missions d’esquisses d’avant projet et de rédaction de permis de construire, je souhaite aujourd’hui étoffer mes compétences afin de mener à bien un projet, de l’esquisse à la livraison de son chantier. Fort d’une première expérience de maîtrise d’oeuvre et d’auto construction sur le projet de réhabilitation et d’agrandissement de ma maison, pour lequel j’ai voué un travail précis sur les principes de réemploi de matériaux bruts et anciens en circuit court, je dispose d’ores et déjà d’une connaissance du domaine de la construction à l’échelle de l’habitat. Conscient que l’architecte doit endosser un rôle de garant du respect de l’environnement, je souhaite consacrer la suite de mon parcours à la recherche de principes de construction à partir de matériaux bio-sourcés afin de créer un habitat peu énergivore et limiter la création de déchets issus du chantier en facilitant leur réemploi.
Sommaire
Caserne des Sapeurs-pompiers de Bordeaux Bastide Projet de fin d’études
Villa à Claouey
Réhabilitation d’une villa et son annexe, Lège Cap-Ferret
Chai Fourcaud
Transformation d’un ancien chai en une maison d’habitation, Libourne
Echoppe République
Réhabilitation et agrandissement d’une échoppe, Villenave d’Ornon
Domaine de Monrepos
Réhabilitation d’un ancien couvent en maison partagée pour les séniors, Libourne
Villa Khiari
Réhabilitation et agrandissement d’une maison, Arès
Sous les toits de Bordeaux
Surélévation d’une maison de ville, Bordeaux
Echoppe Pasteur
Réhabilitation et agrandissement d’une échoppe, Villenave d’Ornon
Interview de Tadao Ando à Osaka Curriculum Vitae
Caserne des Sapeurs-pompiers Bordeaux - Bastide Projet de fin d’Êtudes, 2014 En collaboration avec Pauline Bohn
J’ai grandi dans une caserne de pompiers du centre de ville de Bordeaux. Depuis mon plus jeune âge, je n’ai cessé de vibrer pour ce métier. En parralèle de mon interêt pour l’architecture, j’ai donc tout fait pour pouvoir un jour l’exercer. L’émotion et l’adrénaline de voir un bâtiment que l’on a imaginé se construire n’est pas la même que celle que l’on ressent lorsque l’on franchit les portes cochères de la caserne, sirènes hurlantes et que l’on voit au loin entre les immeubles en pierres, s’élever un immense panache de fumée, mais pour moi, ces deux sensations ont la même saveur. Depuis 2014, je suis architecte diplômé d’état et sapeur-pompier professionnel. Ces deux univers, très différents, ont bâti mon équilibre. Aujourd’hui, en 2020, si je décide de m’éloigner de mon métier de pompier afin d’obtenir mon habilitation à la maîtrise d’oeuvre, ce n’est pas sans oublier que mon parcours est étroitement lié à ces deux professions. L’exercice du projet de fin d’études en architectures en est l’illustration. Concevoir une caserne de sapeurs-pompiers de centre-ville, c’est concevoir un bâtiment mais aussi un outil de travail pour des hommes et des femmes qui vont sacrifier leur vie à sauver celle des autres, c’est construire un bâtiment qui ne dort jamais, c’est construire un poste de veille sur la ville, un véritable symbole du paysage urbain.
Dans l’imaginaire de chacun, la caserne des pompiers est donc un élément d’architecture qui véhicule un certain nombre de représentations. Mirador veillant sur la ville et ses habitants, lieu de rassemblement populaire comme en témoigne le bal du 14 Juillet. La caserne des pompiers est historiquement et culturellement un élément indissociable de la vie des quartiers. Comment l’architecture, en jouant de l’intérêt et de la curiosité que suscite un tel lieu, peut-elle donner à ce dernier le moyen d’interagir directement avec l’espace public afin de faire de la caserne des pompiers un véritable lieu d’urbanité et d’intérêt public ? Le site d’intervention se situe à Bordeaux, sur la rive droite de la Garonne, un territoire longtemps isolé du reste de la ville du fait de la difficulté à franchir son fleuve, large et tumultueux. Ce territoire est caractérisé par un passé industriel lié au chemin de fer qui relie la ville à Paris depuis le 19e siècle. Le quartier Bastide-Niel fait aujourd’hui l’objet d’un grand projet de réhabilitation urbaine afin de faire de cette ancienne zone ferroviaire, un quartier de 4500 habitants dans lequel nous nous projetons. C’est dans cet environnement que nous identifions rapidement un patrimoine bâti remarquable, témoin du passé industriel du quartier. Construit pour être le magasin de stockage des denrées arrivant par chemin de fer, la Halle aux farines accueille par la suite les geôles des prisonniers allemands de la première guerre mondiale. Désaffectée depuis 2003, elle est entièrement détruite par un incendie en juin 2008. Dès lors, il ne reste plus de la Halle et de sa magnifique charpente en bois que quatre murs en pierre, un état de ruine dans lequel nous décidons d’installer le projet de la nouvelle caserne des pompiers.
Le projet se présente comme une enceinte qui se déroule sur la parcelle. L’interaction entre cette nouvelle enceinte et les murs massifs de la halle existante façonne la nouvelle caserne. Celle-ci se plie en générant trois espaces majeurs autour d’une cour intérieure. La rencontre entre l’ancienne enceinte en pierre de la Halle et la nouvelle enceinte du projet permet d’établir un dialogue générateur d’espaces. Légèrement désaxée par rapport à l’orthogonalité de la halle, la nouvelle enceinte vient traverser cette dernière. Elle s’épaissit par endroit, abritant des usages singuliers. Le point de rencontre entre ces deux époques accueille le centre névralgique du projet, l’activité opérationnelle et le cœur de la vie de la caserne de jour comme de nuit. Au nord, le mur se glisse hors de la halle et se dédouble pour accueillir les équipes spécialisées. Au sud, Le mur prolonge sa course et embrasse l’espace public en dessinant une esplanade, véritable lieu des possibles : selon les temporalités, elle changera de visage. Tantôt marché de quartier, tantôt terrain de jeux, ou encore grand bal du 14 juillet ... Le long de cette nouvelle limite entre caserne et espace public, viennent s’adosser le gymnase et la tour de manœuvre, espaces partagés entre les habitants du quartier et les pompiers. La limite créée par la nouvelle enceinte devient un support de jeu pour les curieux. Le mur s’enroule autour de la tour laissant passer les regards vers la caserne avant de s’élancer vers le ciel. Le point culminant de ce belvédère partagé offre alors un point de vue imprenable sur le site en mutation.
Villa à Claouey
Réhabilitation d’une villa et ses annexes, Lège-Cap-Ferret
La villa de Claouey, desservie par des pistes forestières, combine à elle seule deux traits marquants de l’histoire de la région au siècle dernier : l’essor de la maison individuelle des années 1960 mêlé au tourisme de masse qui a explosé au lendemain de la Deuxième guerre sur la presqu’île, entre le bassin d’Arcachon et l’océan Atlantique. Les maisons construites dans ce secteur à cette époque ont des caractéristiques connues : une toiture et une structure robustes (à conserver, donc), dont la limite est esthétique. Autre caractéristique de cette architecture : elle impose des contraintes fortes liées à une distribution intérieure qui ne correspond plus du tout aux usages actuels. Les enjeux sur ce projet résidaient dans l’isolation, les ouvertures, l’adaptation des usages, la création d’une nouvelle enveloppe.
« DÉCOUPER, CREUSER, OUVRIR DES MURS PORTEURS » Cultiver la sensation d’une charpente de salon qui porte l’ensemble de la maison, tout en atténuant un langage esthétique lourd propre aux années 1960. C’est le défi de ce projet. L’espace de vie était ceinturé de deux vérandas le long des façades (Nord-Est/Est, et Nord-Ouest/Ouest). Entre ces vérandas, quatre murs porteurs qu’il s’est agi de creuser, d’ouvrir, d’alléger, sans les fragiliser. Les lieux de vie, salon, cuisine et salle à manger autrefois fermés ont été entièrement décloisonnés, leur desserte s’est affranchie des vérandas pour donner directement sur le jardin. Seul le conduit d’une cheminée autrefois adossée contre le mur porteur du salon est resté, offrant une nouvelle circularité. Les obstacles se dérobent. Les combles perdus audessus des pièces de vie sont récupérées, ouvrant le salon de 2,60 mètres de hauteur sous plafond à 5 mètres. La portée des charpentes d’époque avec des poutres de pin des Landes en parfait état ont permis d’envisager un travail de maçonnerie par un travail d’ouverture. Sans toucher à la géométrie de la toiture, des ouvertures ont été créées dans les murs porteurs offrant un bain de lumière déversé par de grandes baies vitrées. La circulation autour de la cheminée, comme une rotonde, nous fait graviter et vient repenser la distribution des pièces dans une maison du littoral prévue pour être une maison d’hiver.
La maison présente deux niveaux avec un rez-de-chaussée qui servait partiellement de garage. Cet espace reconverti comme partie intégrante du salon nous accueille désormais avec la porte d’entrée.
« LE BOIS BRULÉ, NOIR QUI VIT »
Cette architecture mise sur le cadrage de la végétation du jardin. Au rez-de-chaussée, lorsque les baies à galandage des chambres (orientées Est) sont ouvertes, le jardin offre un échantillon de l’identité environnementale de la presqu’île : mimosas, pins, graminées qu’on trouve sur la végétation dunaire. Côté salon (orienté Nord-Est et Nord-Ouest) les baies vitrées à galandage laissent entrer le bruit des vagues. Le choix du bois brûlé pour le revêtement de façade n’est pas seulement esthétique. Dans une région soumise aux aléas climatiques, aux insectes xylophages, cette technique japonaise (« Shou Sugi Ban »), connue depuis le Moyen Âge, protège le bois des insectes, de la pluie, de l’humidité et de l’usure du temps. Le bois cendré se nuance avec la course du soleil et intègre la maison de Claouey dans son paysage arboré.
Infos Surface du bien : 148 m2 Type de commande : particulier Missions executées : Esquisse / PC / Plans d’execution Phase du projet : Travaux terminés
Chai Fourcaud
Transformation d’un ancien chai en maison d’habitation, Libourne
Libourne est une ville marchande fondée au 13e siècle et qui fonda son essor le long des siècles grâce au commerce du vin et du bois. L’architecture de la ville, s’articulant autour d’une bastide en son coeur, voit ses quartiers aux abords de la confluence entre la Dordogne et l’Isle, les deux fleuves qui la traversent, parsemés de chais, ces entrepôts qui au travers des époques servirent à stocker le vin, le bois et diverses denrées destinées au commerce fluvial. Le projet concerne un de ces bâtiments. Il s’agit donc d’un chai en pierres du 18e siècle situé dans une ruelle commerçante dont l’extrémité rejoint le fleuve. Le bâtiment est une enveloppe close surmontée d’un grenier et seulement ouverte d’une porte cochère en rez de chaussée et d’une fenêtre mansardée, ajoutée plus tardivement pour aérer ce dernier. L’ensemble est donc très peu éclairé. Pour transformer le bâtiment en un logement, tel que la commande le réclame, il est nécessaire d’en évider une partie afin de créer un espace extérieur qui sera aussi et surtout une source de lumière et d’aération. L’idée est alors de couper littéralement le volume en deux parties afin de créer dans la même proportion, une séquence de plein et une séquence de vide, tout en conservant la façade actuelle sur rue qui, libérée de son enduit, retrouvera l’éclat de la pierre de taille
qui la constitue et deviendra un écran qui préservera l’intimité de la cour. Le fronton en mâchefer qui surmontait le mur et recevait la mansarde est également supprimé pour n’en garder que la partie originelle en pierre. Un arbre fruitier à feuilles caduques sera planté dans la cour afin de réguler les apports de lumière et de chaleur selon les saisons. A l’intérieur, l’espace accueillera les lieux de vie au rez de chaussée, ouverts sur la cour arborée et sur un puits de jour en double hauteur traversant le palier de l’étage où seront créées deux chambres et une salle de bain.
La nouvelle façade sur cour cherche à rappeler par ses ouvertures, les proportions de la composition des façades de l’architecture classique libournaise que l’on retrouve également à Bordeaux. Le rez de chaussée est traité comme un soubassement maçonné tandis que l’étage est prévu en mur complexe bois bardé verticalement. Une manière par ce geste de rappeler l’usage de grenier de l’étage de l’entrepôt que l’on a découpé en son coeur. L’enveloppe qu’est devenue l’ancienne façade sur rue sert maintenant de clos à la cour. Elle est pourvue dans son épaissseur d’espaces de services tels qu’un local poubelles, un local vélos et une réserve de bois pour le chauffage. La pierre de taille sera gardée brute et visible sur la totalité de la paroi intérieure de l’entrepôt. Celle-ci s’enroule à l’intérieur de la maison en créant une continuité de matière entre le nouvel intérieur et la cour qui s’ouvre à présent sur le ciel.
Infos : Surface du bien : 95 m2 (loi Carrez) Type de commande : particulier Missions executées : Esquisse / PC Phase du projet : Phase de démolition en cours
Echoppe République
Réhabilitation et agrandissement d’une échoppe, Villenave d’Ornon
La trame des parcelles d’une ville peut parfois imposer des contraintes majeures dans la typologie d’habitat qu’elle accueille. Dans le cas du site dont nous allons parler, la parcelle se développe sur une largeur de moins de six mètres et sur une longueur de quarante mètres, perpendiculairement à la rue. Côté rue, en retrait de quelques mètres, s’érige une toute petite échoppe en pierre de seulement vingt-deux mètres carrés flanquée d’une ruine qu’il faudra détruire. La commande du propriétaire était alors de faire de cet endroit une maison familiale qui accueillerait trois chambres. L’exercice est défini, il s’agit dès lors de bâtir, circuler et surtout faire entrer la lumière dans l’épaisseur de la parcelle entre deux murs mitoyens. En découle alors un système de bloc bâti dont le volume est contraint par les possibilités admises par le PLU, que l’on évide pour circuler et éclairer.
PATIO
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PISCINE
L’entrée se fait sur le flanc de l’ancienne échoppe, le long du mur dans une niche créée dans le nouveau volume en continuité du mur en pierre de l’échoppe qui devient, elle, l’espace d’une chambre. Au coeur de l’agrandissement, un patio vient couper la maison en deux. On distingue alors d’un côté l’entrée et ses espaces de services, et de l’autre le salon / salle à manger ouvert transversalement entre le patio et la cour à l’arrière. Le long du patio s’articule un espace stratégique de la maison car il tient lieu à la fois de circulation et accueille en même temps la cuisine le long de deux plans de travail parrallèles. C’est l’endroit le plus lumineux de la maison. L’usage des espaces extérieurs varie en fonction des saisons. Le patio, orienté à l’ouest, est très agréable en avant et arrière saison, tandis qu’en été, on trouve de la fraicheur le long de la façade dans la cour au nord et on retrouve la chaleur en s’en éloignant, le long de la piscine. La constante du lieu reste les vues transversales entre les différents espaces d’ouverture qui la composent.
Infos : Surface du bien : 95 m2 (loi Carrez) Type de commande : particulier Missions executées : Esquisse / PC / Plans d’execution Phase du projet : Travaux terminés
Domaine de Monrepos
Réhabilitation d’un ancien couvent en maison partagée pour les séniors, Libourne
Le domaine de Monrepos est un site privilégié et historique de la ville de Libourne. Autrefois lieu de villégiature d’un écrivain bordelais, la bâtisse principale du domaine a également accueilli en son sein, une congrégation religieuse. Son annexe, dont les parties les plus anciennes remontent au 17e siècle, se développe sur deux niveaux. Elle fut revêtue au siècle dernier d’un enduit blanc qui recouvre entièrement la pierre de taille dont elle est en grande partie constituée. C’est sur ce corps de bâtiment, plus organique et hétéroclite que le château auquel il fait face, que l’intervention a lieu. Le projet de l’acquéreur du domaine est de réhabiliter ce bâtiment afin d’en faire une demeure partagée pour les personnes retraitées. Le projet se présente sous la forme d’une colocation à grande échelle où chacun des occupants dispose d’une vaste chambre privée avec salle de bain (on en compte huit) dont certaines se situent à l’étage et d’autres dans une aile du rez de chaussée. De nombreux espaces partagés tels qu’une salle à manger, un salon, une grande cuisine, une salle d’activité et de soins sont mis à disposition. Les résidents peuvent ainsi disposer comme bon leur semble de ces lieux et mener une vie en communauté au sein de la demeure à un degré qui leur semble le bon. L’intervention architecturale nécessaire à la réalisation du projet concerne alors la façade. Il s’agit de redonner son charme à la demeure en commençant par révéler la pierre de taille sur le soubassement de la façade. L’étage, quant à lui, sera traité de manière plus épurée avec un enduit ton blanc. Le travail le plus important concerne les ouvertures. Les châssis sont en bois résineux et n’ont pas su résister aux assauts du temps. Le simple vitrage n’est plus acceptable dans une demeure où le confort et l’économie d’énergie sont d’une
importance capitale. La composition des baies et leur structure fait écho aux dessins des châssis de l’architecture des années trente et de celle des orangeries en mettant en lien des dessins d’impostes et de soubassements tels qu’ils étaient conçus à l’époque. Les portes de services sont élargies pour ouvrir autant que possible la façade sur le grand parc arboré. A l’étage, les cadres extérieurs sont habillés de bois afin de couper avec le blanc de la façade et d’accentuer l’épaisseur du mur en pierres.
Infos : Surface du bien : 520 m2 Type de commande : Entreprise privée, logement collectif Missions executées : Esquisse / DP Phase du projet : Chantier en cours
Villa Khiari
Réhabilitation et agrandissement d’une maison d’habitation, Arès
Arès, à l’entrée de la presqu’île du Cap-ferret, est un village tourné vers le bassin d’Arcachon, l’activité ostreicole et le tourisme balnéaire. Depuis plus d’un siècle, nombre de maisonnettes servant de lieu de villégiature aux Bordelais voient le jour. L’édifice qui fait l’objet de cette réhabilitation est à l’origine une maisonnette d’été des années soixante, caractérisée par un vocabulaire pavillonnaire typique de cette période. L’intérieur est distribué en de nombreux espaces très fragmentés. Alors que la toiture à pente unique s’élève très haut au dessus de la hauteur des faux plafonds, l’espace perdu des combles semble écrasant. La façade ouest côté rue concentre les pincipales ouvertures tandis que la façade est, côté jardin, vient accueillir les pièces de services, se fermant complètement à l’espace du jardinet arrière. Comment rompre avec le langage formel imposant des années soixante ? Comment rouvrir l’espace intérieur et le faire communiquer avec le jardin ? Comment redonner à cette maison, sa vocation de maison d’été, ouverte vers l’extérieur et baignée de lumière ? Le programme prévoyait notamment l’agrandissement de la maison. Au lieu de deux petites chambres initialement existantes, les propriétaires désiraient pouvoir profiter de deux suites avec salle de bain, ainsi qu’un espace de nuit autonome reservé aux enfants.
« Ma cabane, dans la maison »
L’idée est alors venue d’adjoindre au volume existant de la maison, une véritable tour qui serait le domaine privilégié des enfants. La tour est prévue comme un signal qui permet à la maison de se démarquer dans le paysage du quartier. La tour se développe sur deux étages dont un niveau de combles aménagés autour d’un escalier baigné de lumière zénithale. Il est distribué en trois espaces de chambres distincts qui permet aux enfants de garder leur intimité. Le rez de chaussée de la maison est, quant à lui, libéré en son coeur de toutes les cloisons qui séparaient les espaces extérieurs, créant une transversalité entre le salon et les deux jardins. Cette manoeuvre permet de profiter dans les espaces de vie de toutes les phases d’ensoleillement possibles tout au long de la journée. On peut alors aisément prendre un petit déjeuner sous les premiers rayons de l’est le matin, dans le jardinet arrière, et passer à l’ouest sur le jardin côté rue dans l’après midi pour profiter de la piscine et de la chaleur du mois d’août.
La maison étant en mitoyenneté sur une partie de sa façade est et sud, l’apport de lumière sur ces zones doit essentiellement se faire de manière zénithale. Ainsi, un décroché de toiture vient flanquer la tour. Dans la structure du décroché de toiture, un rythme d’ouvertures est integré. Le travail de la façade joue, quant à lui, un rôle essentiel dans le caractère du projet. La maison initialement enduite en blanc avec ses volets en bois traditionnels et ses bandeaux bleus change radicalement de robe. La façade se libère alors de tous les accessoires qui marquent son appartenance à l’époque de sa construction. Le bardage vertical à couvre joint typique des maisons du bassin d’Arcachon vient l’habiller entièrement. Le bois est alors teinté de noir, comme le sont les cabanes ostreicoles des environs pour les protéger des assauts salés du climat de la côte Girondine. Seules les ouvertures sont soulignées de bois d’une teinte naturelle, ces cadres rappelant le langage architectural des années cinquante selon lequel les fenêtres étaient souvent soulignées par un cadre de béton en saillie.
Les volets en bois bleu qui habillaient la façade ouest sont remplacés par des contrevents en zinc naturel intégrés dans le cadre en bois, de manière à unir et habiller les ouvertures distinctes du salon en un seul et même système. En vieillissant, le bois des cadres se grisera et viendra peu à peu transformer la façade en un jeu de nuances de gris.
Infos : Surface du bien : 125 m2 Type de commande : particulier Missions executées : Esquisse / PC / Plans d’execution Phase du projet : Second oeuvre en cours
Sous les toits de Bordeaux Surélévation d’une maison de ville, Bordeaux En collaboration avec Pauline Bohn
TOITURE ZINC
CONDUIT CHEMINEE
Claustra pare-vue sur garde corps h:80 cm
FACADE ZINC BAIES ALU NOIR
MUR BETON
FACADE EXISTANTE BETON
NIV REZ DE JARDIN
« HABITER LES COMBLES » La maison de ville bordelaise traditionnelle a dans ses attributs les combles perdus, de plus en plus exploités avec la densification urbaine de la métropole. La surface vacante dont la seule mission était de surmonter les toits permet désormais de créer de nouveaux espaces d’habitation. Lorsqu’ils sont suffisamment volumineux, comme ici, les combles deviennent le lieu de vie.
Infos : Surface du bien : 53 m2 Type de commande : particulier Mission executée : Esquisse / PC Phase du projet : Terminé
Dans ce projet, le PLU autorisait deux interventions: que soit modifiée la volumétrie de la toiture côté jardin, et que soit prolongée la pente de toiture côté rue. Tout le projet est donc structuré autour du traitement des deux versants : l’un côté jardin, l’autre côté rue. Un décalage du faitage a permis de prolonger la pente de toiture côté rue, et de libérer de la hauteur sous plafond. L’espace le plus volumineux – au milieu des combles – accueille alors les lieux de vie (salon, cuisine). De part et d’autre des lieux de vie, deux vocations spécifiques se sont imposées au regard des contraintes de plafond bas. Côté rue, l’espace libéré vient accueillir les pièces de service et de sommeil (salle de bain, toilettes, chambre) qui nécessitent une hauteur moins importante. Côté jardin, une terrasse permet de s’affranchir du toit dans la région la plus étroite des combles, pourvoyant une entrée de lumière importante en complément des ouvertures créées dans le toit désormais coiffé de zinc et non plus de tuiles.
Echoppe Pasteur
Réhabilitation et agrandissement d’une échoppe, Villenave d’Ornon Maîtrise d’oeuvre
Un habitat ouvrier individuel vieux d’un siècle. Un espace adapté pour vivre seul, de deux pièces, chambre et salon, situé dans une commune de la métropole bordelaise, Villenave d’Ornon, qui en quelques années connaît une accélération sans précédent de son réaménagement territorial. La bâtisse d’origine, aussi modeste soit-elle, offre des matériaux nobles : une façade en pierres de taille, un parquet en pin gemmé provenant de la Haute-Lande toute proche, des ouvertures côté rue hautes et étroites répondant aux contraintes des clés de linteau en pierre. Soit l’architecture typique de l’échoppe bordelaise. Ce projet personnel, pour lequel j’ai œuvré de la conception à la réalisation, verra sa réception en été 2020 après deux années de conceptualisation, de suivi et, en grande partie, de réalisation du chantier. Il s’agissait de rénover une échoppe avec des prestations anciennes, et de l’agrandir en alliant une technique traditionnelle à un langage visuel contemporain.
Infos : Surface du bien : 87 m2 Type de commande : Habitat personnel Mission executée : Mission complète y compris maîtrise d’oeuvre Phase du projet : Fin des travaux prévue pour Septembre 2020 (Bardage de la façade nord, terrasse bois et mur d’enceinte côté rue)
« PIGNON SUR JARDIN » Garder la façade côté rue et la volumétrie de la partie ancienne, ouvrir seulement le mur côté jardin pour y jumeler un nouveau corps aux proportions semblables à celles de l’échoppe d’origine. La nouvelle façade côté jardin est la marque d’un agrandissement au traitement résolument moderne. Côté jardin, l’œil ne perçoit aucun lien avec l’échoppe. C’est en traversant l’ensemble par l’intérieur qu’on retrouve l’évocation d’un langage ancien. De dehors, la rupture visuelle est marquée par les pignons de la partie neuve, qui pivotent à 90 degrés par rapport à ceux de la partie ancienne, le sens des murs gouttereaux sont intervertis d’une bâtisse à l’autre, les uns est-ouest, les autres nord-sud. Depuis la rue, on ne devine pas le chéneau, l’agrandissement est pleinement caché par l’échoppe à moins de prendre un peu d’angle. Sans heurter l’harmonie ni l’abord du lieu d’époque, la partie neuve, qu’on distingue dans un deuxième temps, annonce une nouvelle solidarité et une nouvelle vocation : une maison non plus individuelle mais familiale. « UN DIALOGUE ENTRE DEUX SIECLES » On pénètre à l’intérieur de ces deux bâtisses sœurs non plus par la façade côté rue, comme le dicte l’échoppe traditionnelle, mais par un passage, le trait d’union qui relie les deux corps et dévoile la porte d’entrée ramenée à la jonction des deux époques. Ce volume, couvert en zinc naturel vient relier la partie ancienne « le coin nuit » à la partie neuve « le coin jour » couverte, quant à elle, en tuile traditionnelle, avec un chéneau à entablement courbé, typique de l’architecture bordelaise des 18e et 19e siècles tandis que les pignons sont traités de manière résolument moderne, leur sommet étant souligné par une simple couvertine de zinc. Quand ce n’est pas dans la forme de la baie, c’est dans le rythme de son calepinage: le projet respecte le rythme et les proportions des ouvertures anciennes de l’échoppe.
AV. PASTEUR
A l’intérieur, l’emploi des matériaux de seconde main permet de mettre en dialogue deux siècles. Notre époque offre un parc de construction historiquement très intéressant qui s’avère être un vivier de réemploi de matériaux et de techniques de construction durables. Ont ainsi été récupérés sur des chantiers après démolition, ou encore sur des sites de revente de matériaux d’occasion : les portes en pin venues d’une maison du 18e siècle en travaux à proximité de la gare Saint Jean à Bordeaux, les tomettes déposées dans une échoppe en démolition au coin de la rue, le marbre de la cuisine et du hall récupéré dans une maison de maître en rénovation au nord des Landes, et finalement, les pierres de taille destinées à la reconstruction d’un mur d’enceinte côté rue venant, elles, d’une échoppe démolie sur la commune voisine de Talence. Plus essentiel encore, ce sont les éléments déjà présents dans la partie ancienne qui ont été sauvés : comme le parquet en pin gemmé, la cheminée ancienne en marbre, les trois cloisons en briquettes, préservées bien que difficiles à maintenir sans le soutien des solives et des faux plafonds car mal contreventées. C’est un effort de conservation qui a permis d’économiser de l’énergie, de ne pas créer de déchets, d’améliorer le bilan carbone et les circuits courts autour du chantier. Etre à la fois l’architecte et le maître d’œuvre sur cet ouvrage a permis d’aller aussi loin dans l’élaboration du projet. Le patrimoine qui nous entoure est le témoin de l’histoire et d’un savoir faire qu’il est difficile de faire perdurer. Il est du rôle de l’architecte, quand cela est possible, d’en assurer la conservation et de privilégier le réemploi des matériaux anciens, souvent beaucoup plus durables que ceux que nous produisons aujourd’hui.
Face à l’espace de conservation qu’est celui de l’échoppe, la partie projetée fait l’objet d’un traitement au langage plus contemporain. L’emploi des matériaux bruts et naturels y sont également de mise. Les sols en sont la première illustration. Le marbre provenant du réemploi des sols d’une maison de maître des Landes recouvre le sol de la salle à manger et de la cuisine tandis que le plancher du salon et du premier étage, en chataignier massif provient des établissements Castagné en Dordogne, une des dernières scieries en France à pouvoir proposer ce matériau traditionnel. Les cadres intérieurs de chacune des ouvertures font l’objet d’un travail de menuiserie en hêtre massif, parfois encadrant juste la baie, parfois constituant un meuble d’assise et de rangements. « Ces salons ont préparé le terrain pour l’épanouissement de ce que l’on appelle aujourd’hui les arts traditionnels japonais, comme par exemple la poésie renga et haikai, le théatre nô, l’arrangement floral ikebana ou encore la cérémonie du thé » Emmanuel Marès, Vocabulaire de la spatialité japonaise, cnrs editions
C’est dans l’espace du salon et de la salle à manger que les références à l’architecture Japonaise entrent en jeu. Le principe de séparation des espaces en demi-niveaux entièrement ouverts les uns sur les autres et dont la vue s’ouvre, elle, sur le jardin est emprunté à l’architecture traditionelle du « Chashitsu » du style «sukiya-zukuri», le pavillon de thé qui, au Japon, représente le centre des représentations et des rituels d’un espace habité et dans lequel on trouve souvent un « tokonoma », un espace de représentation sur un niveau légèrement surélevé. Ici, on vit proche du sol, ce qui donne une dimension de confort et d’intimité, pourtant c’est l’espace qui se développe le plus dans la dimension de la hauteur. La cheminée joue quant à elle, un rôle indispensable dans l’articulation de l’espace. Assise sur un volume de béton armé brut de décoffrage et dotée de deux entrées vitrées, elle est à la fois un objet transversal, laissant passer la vue à travers le foyer, mais aussi un objet autour duquel on circule, ce qui lui permet de marquer une limite subtile dans l’espace. Cette situation centrale est d’autant plus évidente qu’elle est le mode de chauffage principal de la maison.
Interview de Tadao Ando Osaka, Avril 2019
S’il est une culture qui m’inspire, c’est sans aucun doute celle du Japon. Cette île, autonome, qui s’est développée en s’affranchissant de l’influence occidentale que l’on retrouve partout ailleurs à travers le globe, nous donne à voir une façon très spirituelle de concevoir l’habitat et l’architecture. Dans la culture Japonaise, tout ou presque, est relié au vivant, au paysage, aux saisons. L’architecture ne se conçoit pas sans ce principe fondamental que l’Homme existe et habite dans la nature. C’est ainsi que le moindre espace, le moindre dessin d’une fenêtre, d’un détail de charpente, est sans cesse relié à l’esprit d’un lieu, et de celui qui l’habite. La force des éléments et l’histoire de ce territoire et de ses hommes y joue sans doute un rôle clé. Tadao Ando est l’architecte contemporain témoin et illustrateur le plus évident de cette culture, de part son oeuvre ainsi que sa philosophie et celle des espaces qu’il conçoit. C’est en 2018 que je propose à ma compagne, journaliste, de monter un projet afin de rencontrer et interroger cet architecte qui éveille ma curiosité depuis mon entrée en école d’architecture. C’est en avril 2019, après de longs échanges avec l’agence Tadao Ando Architect & Associates, que nous décrochons cette interview. Le moment qu’il m’a été offert de pouvoir rencontrer cet homme dans les locaux de sa légendaire agence d’Osaka, fut sans doute l’un des plus marquants de ma jeune carrière d’architecte. Le texte qui suit, est un extrait de l’interview, parue dans le journal «L’Hebdo La Croix».