Jaz Parks s'en mord les doigts - extrait

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UNE T UEUSE DE VA M PIR ES DA NS L A CI A Je m’appelle Jaz Parks. Mon patron, Vayl, est né en 1744 en Roumanie… où il est mort. C’est un vampire. Ça aide ! Pour l’heure, il travaille à la CIA. Moi ? Je l’aide pas mal. Je possède certains dons qui sont bien utiles… Mais évitez de me traiter d’assistante, ou je vous en colle une ! Notre nouvelle mission : éliminer un chirurgien esthétique de Miami lié au terrorisme. Mais tout se complique lorsqu’on découvre qu’il est de mèche avec un salopard aux pouvoirs surnaturels capables de mettre l’Amérique à genoux… « Une série à sensation, pleine d’émotion, d’impertinence, d’humour et de fraîcheur. » Romantic Times

Action / Romance Dans la même série :

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Jean-Noël Chatain Photographie de couverture : © Sander Van de Wijngaert / iStockphoto Illustration de couverture : Anne-Claire Payet

ISBN : 978-2-8112-0614-7

9 782811 206147

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Jennifer Rardin est née en 1965 dans l’Indiana, aux États-Unis, et décédée le 20 septembre 2010. Elle a commencé à écrire dès l’âge de douze ans. Elle a travaillé pour une chaîne de télévision et comme pédiatre avant de faire de l’écriture son activité principale. Un jour, elle a confié à son mari qu’elle adorait les vampires. Il lui conseilla d’en faire le sujet de ses romans. C’est de cette façon que la série Jaz Parks vit le jour.


Jennifer Rardin

Jaz Parks s’en mord les doigts Jaz Parks – 1 Traduit de l’anglais (États-Unis) par Jean-Noël Chatain

Milady


Milady est un label des éditions Bragelonne

Titre original : Once Bitten Twice Shy – A Jaz Parks Novel Copyright © 2007 by Jennifer Rardin Cet ouvrage est publié avec l’accord de Little Brown and Company Inc., New York, États-Unis. Tous droits réservés © Bragelonne 2008, pour la présente traduction 1re édition : septembre 2008 2e édition : octobre 2011 ISBN : 978-2-8112-0614-7 Bragelonne – Milady 60-62, rue d’Hauteville – 75010 Paris E-mail : info@milady.fr Site Internet : www.milady.fr


Pour Kirk, mon inspiration, ma joie, mon amour



Remerciements

Je devrais d’abord saluer le rôle tenu par mon mari dans cette aventure, puisque le jour où j’ai fini par lui avouer ma passion secrète pour tout ce qui touchait aux vampires, il n’a pas ri en s’exclamant : « Bon sang, Jen, t’as quel âge ? », mais a répondu : « Dans ce cas, tu devrais écrire une histoire de vampire. » Ce à quoi j’ai répliqué : « Ça a déjà été fait. » Et il a rétorqué : « Pas par toi. » Alors, merci mon chéri, car sans tes encouragements je n’aurais jamais osé écrire ce livre. Je rends hommage à mon agent, Laurie McLean, qui a misé sur moi et m’a offert ce soutien sans limite et ces commentaires sincères sur mon travail, que j’ai pu infiniment apprécier au fil des jours. Merci aussi à mon éditrice, Devi Philai, dont l’humour, la patience, la perspicacité et le flot constant de questions m’ont aidée à élever cet ouvrage à un niveau que je n’aurais jamais imaginé quand je le lui ai envoyé la première fois. Pour leurs connaissances en matière d’armes et d’informations militaires, je dois remercier Ron Powell et Ben Rardin. Toute erreur commise dans ces domaines n’émane donc que de moi. J’embrasse tous mes courageux lecteurs, dont la tâche effroyable aura consisté à faire la critique d’un manuscrit à l’état brut, en proposant d’honnêtes suggestions à son auteur qui se rongeait les ongles. Jackie Plew, Hope Dennis, Ron Powell, Katie Rardin et Erin Pringle, je vous adore ! Enfin, merci à vous, cher lecteur, de m’avoir accompagnée dans cette aventure. J’espère que la balade vous a plu !



Prologue

L

a peur, ça craint. Car on ne sait jamais quand elle va frapper. Parfois, elle se faufile par-derrière, en gloussant comme votre meilleure copine de 5e. Et « paf » elle vous balance un coup sur la nuque et vous vous retrouvez à genoux avant même d’avoir compris ce qui vous arrivait. À d’autres moments, vous la voyez venir de loin ; c’est juste un point à l’horizon, mais vous êtes coincé comme un canari dans sa cage. Vous n’avez pas d’autre solution que de rester là, en espérant ne pas avoir le mal de mer et ne pas dégueuler sur le papier journal. Assise dans le bureau de mon patron, Peter, sur l’unique chaise pliante qu’il réserve aux visiteurs, je me sentais déjà bien nauséeuse. En fait, je n’avais jamais été aussi effrayée depuis que je travaillais avec lui. C’était même pire que lorsque j’étais entrée dans ma chambre d’hôtel – ma première mission ayant commencé une dizaine d’heures plus tôt – et que j’étais tombée sur un vampire debout près du lit, une arbalète à la main. Mon arbalète. Celle que je comptais utiliser pour l’éliminer. Mais, cette fois, je ne pouvais pas simplement juste m’enfuir et tenter de revenir plus tard. Ou bien, comme je l’avais fait à ce moment-là, lui flanquer deux coups de pied dans la tronche pour le déséquilibrer, puis lui péter les rotules à l’aide du calibre .38 que je gardais 9


toujours sous ma jupe en cas de pépin, avant de le finir avec l’arbalète qu’il avait laissé tomber quand ses os avaient volé en éclats. Dans le cas présent, j’étais obligée de rester assise bien sagement, en évitant de rendre tripes et boyaux sur les rangées de dossiers top secret qui s’empilaient à hauteur de cinquante centimètres, voire du double, sur le bureau métallique vert de Pete. Car, même si j’avais rempli jusque-là toutes les missions qu’il m’avait confiées, Pete était sur le point de me virer. Je ne voyais pas d’autre explication à cette convo­ cation. Le gars, réputé pour être près de ses sous, m’avait appelée à Londres à 3 heures du mat’ depuis l’Ohio, dans le seul but de m’informer que je devais rentrer au QG sur un vol première classe aussitôt mon job accompli. En ce moment, il devait sans doute examiner le reçu du billet et toutes les notes de frais de mon dernier voyage à l’étranger. Tout en étudiant le dossier ouvert sous ses yeux, il passa une main sur son crâne d’œuf qui hérissa les trois derniers poils restants. J’en avais marre d’attendre. On a vite fait de se lasser des murs nus couleur turquoise, des rangées de classeurs métalliques noirs et des lamelles blanches d’un store vénitien toujours baissé (ce qui expliquait la plante crevée sur la table près de la fenêtre). Je m’avançai sur le bord de la chaise, qui grinça de manière alarmante sous mes fesses. Ça ne fait aucun doute, je suis le seul élément de moins de cinquante ans dans ce bureau. Vous auriez pourtant cru l’inverse en voyant mes vêtements. J’étais venue directement après avoir débarqué de mon vol American Airlines, durant lequel une veuve aviophobique s’était cramponnée de toutes 10


ses forces à mon chemisier et à ma veste. Bref, j’avais l’air d’une SDF. Bon sang, si je perdais ce boulot, je ne tarderais pas à en devenir une. Dans le meilleur des cas ! — Écoutez, Pete, je sais que vous m’avez demandé d’éviter de faire du stock-car. Les réparations coûtent trop cher. Vous me l’avez dit. Alors j’ai arrêté. Ça fait trois mois que je n’ai provoqué aucune collision « accidentelle »… vous le savez ! Mais la dernière fois, je n’ai pas pu l’éviter. — Si j’ai bien compris, vous avez dégommé mon homologue du MI-5. — Euh… ouais, mais uniquement parce que son chauffeur était mêlé au complot. Il va s’en tirer. Vous l’avez su aussi, non ? Son dos sera d’aplomb dans… disons… six mois. — J’ai entendu dire qu’il y avait une bombe. — Elle n’a pas explosé. — Mais elle aurait pu. Je haussai les épaules. — Il valait mieux qu’elle saute là-bas que pendant la cérémonie du couronnement. Attends deux secondes… Ça fait un peu léger pour quelqu’un qui, à ce stade, devrait l’implorer. — Mais je suis désolée pour la voiture. J’ai contracté une assurance supplémentaire. — Ça n’a rien à voir avec la voiture. À vrai dire, je suis ravi que vous ayez envoyé ce connard à l’hosto. Un crétin totalement imbu de lui-même. Non, vous êtes ici parce que j’ai une nouvelle mission à vous confier. Merci mon Dieu, j’ai encore du boulot ! Je me détendis presque. Ce qui, compte tenu de ma posture, m’aurait 11


envoyée au sol. Mais Pete s’était mis à faire craquer ses phalanges. Depuis que je le connaissais, je l’avais vu mordiller ses crayons, shooter dans le mobilier, balancer des dossiers en travers de la pièce, et piquer sa crise avec des bougies parfumées. Le craquement des phalanges, en revanche, c’était nouveau. Je m’adossai soigneusement à la chaise et j’attendis. — Vous avez entendu parler de Vayl ? s’enquit mon boss. — Ben… euh… De vagues murmures, seulement. On ne pouvait guère appeler ça des rumeurs tant elles paraissaient peu plausibles. À en croire les histoires qui circulaient, Vayl s’était bâti une carrière légendaire, et pas uniquement parce qu’il comptait désormais parmi les quelque 15 % de vampires à être tolérés des humains. On prétendait aussi qu’il était le meilleur assassin que notre service ait jamais eu à sa tête. — J’ai décidé que vous feriez équipe avec lui, reprit Pete en évitant mon regard. J’imagine donc que je ne cachais pas très bien le « Qu’est-ce que c’est que ces conneries ». Un long silence suivit, durant lequel j’essayai de refréner mes vertiges, tandis que Pete s’éclaircissait plusieurs fois la voix. — Pete, euh… en m’engageant, vous m’avez promis que je pourrais travailler seule. Mon boulot précédent avait impliqué toute une équipe dont j’étais le chef. Ça s’était mal terminé. — Jasmine, Vayl a réclamé un partenaire. Vous correspondez à ses critères. Vous êtes intelligente, solide, résistante… 12


Je sentais mes lèvres s’engourdir. — Hum-hum… Et ? — De plus en plus dangereuse, soupira-t-il. (Avant que je puisse l’interrompre, il s’empressa de poursuivre, ce qui valait mieux, car ma première réaction risquait de lui percer le tympan.) Vous prenez de plus en plus de risques. Vous agissez en franc-tireuse et je commence à hésiter à vous faire travailler en solo. Des conneries, tout ça ! Arrête les clichés de flic de cinoche, espèce de branleur ! Je ne suis pas née de la dernière pluie ! Il enchaîna aussitôt : — Je sais combien vous devez être furieuse de… — Je ne crois pas ! Ça fait six mois que je fais des étincelles aux quatre coins du globe, Pete. J’ai pas foiré une seule mission. Pas une. Présentez-moi un autre agent avec ce genre de palmarès. — Vayl… — … a besoin de moi comme d’une crème dépilatoire ! Pete me lança un regard du style « Contrôle-toi ma belle » qui me donna l’impression de me regarder dans un miroir. Merde alors, est-ce que j’avais déjà la bave aux commissures ? — Vous vous souvenez de la mission à Cuba ? s’enquit-il. J’avais liquidé le conseiller le plus fiable de Castro, un général du nom de Miguel Santas. Au milieu d’un marché grouillant de monde. En plein jour. À deux pas de ses lieutenants. Mais je m’en étais bien tirée. Ça ne comptait pas, alors ? 13


— Et celle dans le Colorado ? Aaaah, génial. Un pédophile dénommé George Freede avait lancé une secte appelée la Confrérie internationale de la Lumière. L’activité principale de ses membres consistait à kidnapper des enfants aux États-Unis pour les vendre à l’étranger le plus offrant. J’avais traqué le fondateur jusque dans une station de montagne, avant de le balancer du haut d’un sommet. OK, on était tombés tous les deux, mais j’avais atterri avec grâce sur mes skis dans la poudreuse. Lui s’était fracassé sur un rocher. — Il m’incombe de m’assurer de la survie de mes agents, m’informa Pete. — Vous m’avez donc trouvé une baby-sitter. Il éclata d’un rire qui remontait du tréfonds de ses entrailles, le seul endroit où ça ne sonnait pas creux. — Mais non, bon sang ! Je vous ai associée à un type qui vit depuis près de trois siècles. Dans l’espoir que sa sagesse déteindrait un tant soit peu sur vous. Ce fut son rire qui me décida. J’inspirai une première fois, puis une seconde. Je me dis : OK, peutêtre qu’il a raison. Peut-être que j’ai dépassé les bornes un peu trop souvent. Et il n’est même pas au courant de mes black-out. Et puis c’était plutôt sympa qu’on s’occupe de moi, qu’on me chouchoute. Ça faisait à peine plus de six mois que j’étais seule. Mais j’avais l’impression que ça faisait des siècles. — Vous disiez qu’il m’avait choisie, dis-je en soupirant. Pourquoi ? — Il a ses propres raisons, dont il affirme qu’il vous les révélera en temps voulu. 14


Pete et moi, on partagea alors le même haussement de sourcils cynique. — C’est un personnage assez mystérieux, non ? remarquai-je. — Quand il veut l’être, admit Pete. — Alors que pouvez-vous me dire sur lui ? Pete sortit un dossier épais de cinq centimètres de dessous une petite pile et l’ouvrit. — Il nous a rejoints au début des années 1920. Son nom au complet, c’est Vasil Nicu Brancoveanu. Né le 18 novembre 1713 à Mogoşoaia, en Roumanie, aux environs de Bucarest. — Pour l’amour du ciel, on peut pas sauter l’extrait de naissance et s’attaquer direct aux détails croustillants ? Pete secoua la tête devant mon impatience, mais ferma le dossier et me gratifia d’un sourire indulgent. — Il est puissant, Jaz, et je remercie Dieu chaque jour que Vayl ait choisi notre camp. J’ai lu son dossier quatre fois et je reste persuadé que toutes ses aptitudes n’y sont pas décrites. Il sait manier l’épée comme personne, se montre aussi doué avec les armes de tir, mais préfère le corps-à-corps. Sans parler de la force et de la vitesse propres aux vampires, bien sûr, alliées à une faculté de disparaître parfaitement affinée. — Et ? Pete hocha la tête. Il savait que j’attendais l’apothéose, l’aptitude essentielle autour de laquelle les autres gravitaient. — C’est un Spectre. Alors ce qu’on racontait était vrai. Son seul toucher pouvait pétrifier un homme et le tuer. 15


On discuta encore un peu, et Pete en profita pour m’avouer que s’il souhaitait me voir cesser de prendre des risques démesurés, ses patrons apprécieraient le fait que j’accepte sa proposition. — Notre gouvernement considère Vayl comme un trésor national, Jaz. Sur le papier, vous apparaissez comme son assistante. En réalité, vous êtes son garde du corps. Vous avez déjà rencontré les membres de notre conseil de surveillance… Et comment ! Les sénateurs Fellen, Tredd et Bozcowski m’avaient guérie à jamais de l’envie de revoter un jour. Pete poursuivit : — Ils m’ont demandé d’insister sur l’importance de votre mission première, à savoir de veiller à ce que Vayl revienne chaque fois en un seul morceau. Je mesure un mètre soixante-huit. Je pèse cinquantequatre kilos quand je songe à m’alimenter, ce qui ne m’arrive pas tout le temps. Aucun doute que ce Vayl pourrait m’écraser comme une brindille chaque fois qu’il en éprouverait l’envie. Par ailleurs, on ne vit pas aussi longtemps sans parfaire des capacités de survie hors du commun. J’éclatai de rire. — Pete, arrêtez les conneries, vous voulez bien ? Vayl a besoin d’un garde du corps comme moi d’un caniche nain. Vous et moi savons pertinemment que vous n’êtes pas réglo sur ce coup. Mais je vais vous dire un truc… J’accepte pour l’instant. Car je suis curieuse. Et aussi… Dieu soit loué… parce que j’adorais ce boulot. Il m’avait permis de rester en vie. De ne pas sombrer dans la folie, après… après… 16


Peter avait l’air suffisamment embarrassé pour que j’envisage de pousser le bouchon un peu plus loin. — Allez, patron, franchement. Pourquoi moi ? Il lissa ses trois poils sur le crâne, puis laissa retomber sa main sur le bureau. — Parce que Vayl vous veut. Et chez nous, ce que Vayl veut, Vayl l’obtient.


À suivre...


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