Le Voile de Minuit - extrait

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« Entrez dans le monde des vampires de Lara Adrian, vous serez captivés ! » J.R. Ward, auteure de La Confrérie de la dague noire La Lignée est parmi nous depuis toujours : de puissants guerriers vampires mènent une guerre secrète contre les Renégats pervertis par la Soif sanguinaire. Passée maîtresse dans l’art du tir comme dans celui des armes blanches, Renata peut affronter n’importe quel guerrier du sexe opposé, vampire comme humain. Son atout le plus formidable est son extraordinaire talent psychique, un don rare et létal. Mais voilà que l’indépendance qu’elle a durement gagnée est menacée par un étranger, Nikolaï, guerrier vampire à la chevelure d’or qui l’entraîne dans un royaume fait d’ombres… et de plaisirs défiant toute imagination.

Romance / Action

Dans la même série :

Inédit Traduit de l’anglais (États-Unis) par Pascal Tilche Photographie de couverture : © Kasiutek / Shutterstock Illustration de couverture : Anne-Claire Payet ISBN : 978-2-8112-0630-7

9 782811 206307

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Du même auteur, chez Milady : Minuit : 1. Le Baiser de minuit 2. Minuit écarlate 3. L’Alliance de minuit 4. Le Tombeau de minuit 5. Le Voile de minuit

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Lara Adrian

Le Voile de minuit Minuit – 5 Traduit de l’anglais (États-Unis) par Pascal Tilche

Milady


Milady est un label des éditions Bragelonne

Titre original : Veil of Midnight Copyright © 2008 by Lara Adrian, LLC Suivi d’un extrait de : Ashes of Midnight © 2009 by Lara Adrian, LLC Publié en accord avec Dell Books, une maison d’édition de The Random House Publishing Group, une division de Random House, Inc. © Bragelonne 2011, pour la présente traduction ISBN : 978-2-8112-0630-7 Bragelonne – Milady 60-62, rue d’Hauteville – 75010 Paris E-mail : info@milady.fr Site Internet : www.milady.fr


À Lindsey, main de fer dans un gant de velours. Celui-ci est pour toi, dans l’espoir de jours meilleurs.



Remerciements Il n’est pas inutile de rappeler ici (une fois de plus) ma profonde reconnaissance envers tous ceux qui me permettent de me réveiller chaque matin pour exercer un métier que j’aime passionnément et parmi eux mon fantastique agent, Karen Solem, et ma merveilleuse éditrice, Shauna Summers, à qui je dois d’avoir été publiée ; mes formidables lecteurs, qui me permettent de continuer à l’être ; les libraires, bibliothécaires et blogueurs, qui ont si généreusement contribué au bouche à oreille ; mes amis et ma famille, pour tout l’amour qu’ils me donnent. Et mon mari, ami si cher, compagnon aimé, à qui mon cœur appartient. Merci pour chaque instant de notre vie commune.



Chapitre premier

S

ur la petite scène du club de jazz montréalais, une chanteuse aux lèvres écarlates susurrait dans son micro une ballade qui évoquait la cruauté de l’amour. Mais, malgré la sensualité de sa voix et le cœur qu’elle y mettait, Nikolaï n’écoutait pas. Il se demandait si elle ou l’un des quelques dizaines d’humains serrés les uns contre les autres dans l’intimité de ce club savaient qu’ils partageaient l’air confiné de l’endroit avec des vampires. Les deux jeunes femelles qui sirotaient des pink martinis à une table d’angle n’en avaient à l’évidence pas la moindre idée. Elles étaient coincées sur la banquette entre quatre individus de cette espèce, entièrement vêtus de cuir, qui les baratinaient sans beaucoup de succès, l’œil rivé à la jugulaire de leurs compagnes de tablée. Visiblement, l’insistance des jeunes mâles assoiffés de sang à les attirer hors du club n’avait que peu d’écho auprès de ces Amphitryonnes potentielles. Nikolaï eut un petit rire de mépris. Quelle bande d’amateurs ! Il paya pour la bière qu’il laissa sur le bar sans l’avoir touchée et se dirigea vers la table d’angle. Alors qu’il approchait, il vit les deux jeunes femmes la quitter d’un pas mal assuré pour se diriger en gloussant vers les toilettes et disparaître dans un couloir encombré. Nikolaï s’assit à la table en se laissant aller sur la banquette. — Salut, les filles. 9


Les quatre vampires le regardèrent sans rien dire, reconnaissant instantanément l’un des leurs. Niko prit l’un des hauts verres de martini tachés de rouge à lèvres et renifla ce qui restait du cocktail fruité. Avec une grimace, il repoussa le verre. — Ah, ces humains, lâcha-t-il à voix basse. Comment peuvent-ils boire un truc pareil ? Un silence gêné s’installa tandis que Nikolaï considérait les jeunes mâles l’un après l’autre – à l’évidence des civils. Le plus baraqué des quatre, qui portait un petit bouc ridicule, se racla la gorge en regardant Nikolaï, son instinct lui indiquant clairement que celui-ci n’était pas du coin et qu’il était tout sauf civilisé. Le jeune afficha ce qu’il croyait probablement être un air de dur à cuire et désigna le couloir qui menait aux toilettes. — On les a vues les premiers, murmura-t-il. Les femmes… on les a vues les premiers. Il s’éclaircit de nouveau la voix, comme s’il s’attendait à ce que ses trois acolytes le soutiennent. Mais ils s’abstinrent. — On était là d’abord, mec. Quand les femelles reviendront, c’est avec nous qu’elles partiront. Nikolaï s’esclaffa devant les efforts du jeune mâle pour marquer son territoire. — Si j’étais là pour marcher sur vos plates-bandes, il n’y aurait pas photo, tu ne crois pas ? Détends-toi. Ce n’est pas ce que je cherche. J’ai besoin de renseignements. C’était la troisième fois qu’il rejouait la même scène cette nuit-là. Il s’était rendu dans les lieux que fréquentaient les membres de la Lignée en quête de sang frais, à la recherche de quelqu’un qui saurait lui indiquer où trouver Sergei Yakut, l’un des derniers Gen-1. Il était difficile de remonter la piste de quelqu’un qui ne voulait pas qu’on le trouve, et en particulier d’un individu nomade et secret comme Yakut. Il était à Montréal – ça, au 10


moins, Niko en était sûr. Il avait eu le vampire au téléphone moins de deux semaines auparavant, pour le prévenir d’une menace qui semblait peser sur les plus puissants – et les moins nombreux – des membres de la Lignée : la vingtaine d’individus encore en vie parmi les fils des Anciens, les premiers vampires arrivés sur Terre. Quelqu’un s’efforçait d’éliminer ces Gen-1. Plusieurs d’entre eux avaient été assassinés au cours du mois écoulé et, pour Niko et ses frères d’armes qui l’attendaient à Boston – des guerriers surentraînés et très dangereux constituant une petite escouade nommée « l’Ordre » –, débusquer et éliminer les assassins des Gen-1 constituait un enjeu critique. Dans ce but, l’Ordre avait décidé de prendre contact avec tous les Gen-1 connus pour s’assurer de leur coopération. Sergei Yakut n’avait montré aucun enthousiasme à l’idée de s’impliquer, loin de là. Il n’avait peur de personne et comptait sur son propre clan pour le protéger. Il avait décliné l’invitation de l’Ordre, qui lui proposait de venir discuter avec ses membres à Boston. C’est pourquoi Nikolaï avait été envoyé à Montréal pour tenter de le persuader. Celui-ci était sûr qu’une fois Yakut bien informé de l’ampleur de la menace – de l’hallucinante vérité à laquelle étaient confrontés l’Ordre et l’ensemble de la Lignée – il serait prêt à participer. Mais il fallait d’abord qu’il débusque ce fils de pute parano. Jusque-là, son enquête en ville n’avait rien donné. La patience n’était pas son fort, mais il avait toute la nuit devant lui et continuerait à chercher. Quelqu’un finirait bien, tôt ou tard, par lui donner l’information dont il avait besoin. Et puis, même si personne ne parlait, il se pouvait que Sergei Yakut ait vent de ses questions et finisse par le contacter de lui-même. — Je cherche quelqu’un, dit Nikolaï aux quatre jeunes de la Lignée. Un vampire russe. De Sibérie, pour être précis. — C’est de là que vous venez ? demanda le type au bouc. 11


À l’évidence, il avait repéré les traces d’accent que même les années que Nikolaï avait passées au sein de l’Ordre à Boston n’avaient pas suffi à faire disparaître. Niko laissa son regard bleu acier répondre à sa place. — Tu connais cet individu ? — Non, mec, je ne le connais pas. Deux autres jeunes secouèrent la tête dans la foulée, mais le quatrième, affalé sur la banquette d’en face et jusque-là silencieux, lança un coup d’œil anxieux à Nikolaï. Niko croisa ce regard éloquent et ne le lâcha plus. — Et toi ? Tu vois de qui je parle, ou non ? Il eut d’abord l’impression que le vampire n’allait pas répondre. Puis le jeune mâle sortit de son silence en haussant les épaules et lâcha un juron avant de murmurer : — Sergei Yakut. Le nom avait été à peine audible, mais suffisamment pour l’ouïe fine de Nikolaï. Et du coin de l’œil il vit qu’une femme aux cheveux noirs de jais assise au bar avait entendu, elle aussi. Elle raidit soudain le dos sous son haut noir à manches longues et jeta un bref regard de leur côté, comme attirée par la puissance de ce nom. — Tu le connais ? demanda-t-il sans perdre de vue la femme au bar. — J’en ai entendu parler, c’est tout. Il ne vit pas dans les Havrobscurs, dit le jeune, faisant référence aux communautés protégées qui abritaient l’essentiel de la population civile de la Lignée un peu partout en Amérique du Nord et en Europe. Un véritable enfant de salaud, à ce qu’on m’a dit. Aucun doute là-dessus, approuva intérieurement Nikolaï. — Tu as une idée d’où je peux le trouver ? — Non. — Tu es sûr ? insista Niko en regardant la femme quitter son tabouret et s’éloigner. 12


Son verre était encore à moitié plein, mais à la simple mention du nom de Yakut elle semblait soudain pressée de s’éclipser. Le gamin secoua la tête. — Je ne sais pas où trouver ce gars-là. Ni pourquoi vous tenez tellement à le trouver, à moins que vous ayez des tendances suicidaires. Nikolaï jeta un coup d’œil par-dessus son épaule : la grande brune était en train de se frayer un chemin parmi les clients agglutinés près du bar. Elle choisit justement cet instant pour se tourner vers lui, son regard de jade perçant sous des sourcils sombres et la frange chatoyante de sa coupe au carré. Ses yeux reflétaient la peur, une peur brute qu’elle ne cherchait même pas à dissimuler. — Bon Dieu ! murmura Niko. Elle savait quelque chose sur Sergei Yakut. Et, à en croire le regard paniqué qu’elle avait eu avant de filer, il ne s’agissait pas seulement de vagues rumeurs. Nikolaï s’élança à sa poursuite. Il se faufila dans la foule compacte du club, les yeux rivés sur les cheveux noirs soyeux de sa proie. La femelle était rapide et agile comme une gazelle et son accoutrement sombre la rendait difficile à repérer. Mais Niko faisait partie de la Lignée et aucun humain ne pouvait courir plus vite. La femme franchit la porte du club et plongea à droite dans la rue. Nikolaï suivit. Elle avait dû le sentir sur ses talons car elle tourna la tête pour estimer son avance et son regard vert se braqua sur lui comme un rayon laser. Elle accéléra et tourna au coin de l’immeuble suivant. À peine deux secondes plus tard, Niko y parvenait à son tour. Il sourit en la voyant à quelques mètres devant lui. La ruelle dans laquelle elle venait de pénétrer entre deux hauts bâtiments de brique était étroite et sombre ; c’était une voie 13


sans issue fermée par un grillage métallique de trois mètres de haut, devant lequel se trouvait un conteneur à ordures. La femme se retourna sur les talons aiguilles de ses bottes noires. Elle était essoufflée et ne quittait pas Nikolaï des yeux, suivant le moindre de ses mouvements. Ce dernier fit quelques pas dans la ruelle obscure, puis s’arrêta, les mains levées en signe d’apaisement. — Tout va bien, dit-il. Inutile de fuir. Je veux juste vous parler. Elle le regardait intensément sans répondre. — Je veux vous parler de Sergei Yakut. Il la vit clairement déglutir. — Vous le connaissez, n’est-ce pas ? Elle broncha à peine, mais assez pour lui confirmer qu’il avait raison : elle savait très bien qui était le Gen-1 reclus. Qu’elle puisse le mener à lui restait cependant à prouver. Mais pour l’instant elle était son meilleur espoir, voire le seul. — Dites-moi où il est. Il faut que je le voie. Soudain elle serra les poings et écarta légèrement les pieds comme si elle s’apprêtait à bondir. Niko la vit jeter un coup d’œil furtif vers une porte déglinguée à sa gauche. Il lâcha un juron et se rua vers la femme avec toute la célérité dont il était capable. Avant même qu’elle ait franchi le seuil de la porte qu’elle venait de faire pivoter sur ses gonds rouillés, il se tenait devant elle, l’empêchant de se réfugier dans l’obscurité. Il eut un petit rire : c’était trop facile. — J’ai dit « inutile de fuir », déclara-t-il, haussant les épaules en la voyant reculer d’un pas dans la ruelle. Puis il la suivit, laissant la porte se fermer derrière lui. Dieu qu’elle était belle. Dans le club, il l’avait juste aperçue, mais, à présent, alors que moins de deux mètres les séparaient, il se rendait compte qu’elle était absolument canon. Grande et mince, élancée sous ses vêtements noirs ajustés, elle avait un teint de lait et des yeux brillants en amande. Son visage 14


en forme de cœur était un mélange hypnotisant de force et de douceur, d’une beauté à la fois lumineuse et sombre. Nikolaï sentait bien qu’il était bouche bée, mais il ne pouvait s’en empêcher. — Parlez-moi, dit-il. Comment vous appelez-vous ? Il tendit la main vers elle. Même s’il n’avait pas mis la moindre menace dans ce geste, il sentit la montée d’adrénaline fouetter le sang de la femelle – il en décelait le parfum citronné dans l’air ambiant. Mais il ne vit pas le coup de pied circulaire et se prit le talon aiguille dans les côtes. Bon Dieu ! Il recula sous l’impact, plus surpris que déséquilibré. Il n’en fallut pas plus à la jeune femme. Elle bondit de nouveau vers la porte, réussissant cette fois à disparaître dans le bâtiment obscur avant que Niko ait eu le temps de se retourner et de l’en empêcher. Il fonça derrière elle. L’endroit était vide. Il y avait juste une dalle de béton brut, des murs de brique nue et des poutres apparentes. En se précipitant plus avant dans l’obscurité, il eut bien un pressentiment, comme un frémissement le long de la nuque, mais l’essentiel de son attention était fixé sur la femelle, qui se tenait debout au centre de l’espace. Elle gardait les yeux rivés sur lui, chaque muscle de son corps svelte apparemment prêt à l’attaque. Nikolaï s’arrêta devant elle sans lâcher ce regard acéré. — Je ne vais pas vous faire de mal. — Je sais, répliqua-t-elle avec un demi-sourire. Vous n’en aurez pas l’occasion. Sa voix était douce comme le velours, mais l’éclat de ses yeux virait au glacial. D’un coup, les oreilles de Niko furent envahies par un son d’une fréquence tellement élevée qu’il en était insupportable. Pourtant cette fréquence augmentait encore, et bientôt il sentit ses jambes le trahir. Il tomba à genoux, la vue brouillée, la tête sur le point d’exploser. 15


Il distingua vaguement un bruit de bottes. Des voix assourdies vrombissaient au-dessus de lui tandis que son esprit restait handicapé par l’assaut qu’il subissait. C’était un piège. La salope l’avait conduit là délibérément, sachant pertinemment qu’il allait la suivre. — Ça suffit, Renata, dit alors l’un des mâles de la Lignée qui venaient d’entrer dans le bâtiment. Tu peux le relâcher maintenant. La douleur que ressentait Nikolaï s’atténua alors. Il leva les yeux et vit le beau visage de son assaillante penché sur lui. — Enlevez-lui ses armes, dit-elle à ses compagnons. Il faut l’emmener avant qu’il recouvre ses forces. Nikolaï lâcha quelques jurons bien sentis à son intention, mais sa voix s’étrangla dans sa gorge et elle s’éloignait déjà, ses talons claquant sur la dalle de béton froid.


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