« Fascinant et passionnant. » Margaret Weis ★★★★★ « Un roman captivant qui réserve de vraies surprises et que les lecteurs dévoreront jusqu’à tard dans la nuit. » Jacqueline Carey ★★★★★
« Tu dois apprendre à aimer à une enfant perdue. »
Giles Carwyn et Todd Fahnestock se sont rencontrés au lycée où ils ont aussitôt entamé une conversation qu’ils poursuivent toujours aujourd’hui. Ils ont fréquenté les mêmes femmes, ont chacun été témoin au mariage de l’autre et vivent actuellement dans le même quartier à Englewood dans le Colorado. Voici la conclusion de leur incroyable saga de Fantasy. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Nolwenn Le Feunteun ISBN : 978-2-35294-550-5
9 782352 945505
Illustration de couverture : Sarry Long
Les dernières paroles de l’Empereur d’Opale hantent les pensées de Brophy. Le jeune homme doit faire un choix odieux : aller à l’encontre de ce que lui dicte son cœur et séduire l’enchanteresse Arefaine Morgeon… ou la regarder anéantir le monde. De son côté, Shara retourne dans sa ville bien-aimée, Ohndarien. Mais, depuis son départ, les choses ont bien changé : les habitants ont été asservis par la même voix qui manipule Arefaine. Brophy et elle n’ont que peu de temps avant que l’enchanteresse ravive les horreurs cachées dans les tours d’Efften. Ils devront se battre et faire face à de terribles ennemis : eux-mêmes.
Des mêmes auteurs, aux éditions Bragelonne : Le Cœur de Gemme : 1. L’Héritier de l’Automne 2. La Maîtresse de l’Hiver 3. La Reine de l’oubli
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Gi l e s C a rw y n & Todd Fa h n e s to ck
La Reine de l’oubli L e C œ u r de Ge m m e – t om e 3 Traduit de l’anglais (États-Unis) par Nolwenn Le Feunteun
Bragelonne
Collection dirigée par Stéphane Marsan et Alain Névant
Titre original : Queen of Oblivion Copyright © 2008 by Giles Carwyn and Todd Fahnestock Tous droits réservés © Bragelonne 2012, pour la présente traduction Illustration de couverture : Sarry Long Carte et illustrations : © Langdon Foss ISBN : 978-2-35294-550-5 Bragelonne 60-62, rue d’Hauteville – 75010 Paris E-mail : info@bragelonne.fr Site Internet : www.bragelonne.fr
La dédicace de Giles : à ma mère et à mon père. Grâce à vous, je n’ai jamais douté un seul instant du fait que j’étais aimé. La dédicace de Todd : pour Amy et Tiana, qui m’ont montré ce qu’était une vraie famille.
Remerciements De la part de Todd : Merci à ma femme, Lara, qui est et sera toujours ma muse. Et merci encore à Amy et Tiana, qui ont gardé un œil sur nos enfants pendant que Lara travaillait et que je courais parmi les Dragons de Mai. De la part de Giles : Merci encore à Tan pour avoir tout fait dans la maison pendant que je jouais les hommes invisibles. Et merci à Todd pour avoir partagé avec moi cette nouvelle aventure commune du début jusqu’à la fin. De notre part à tous les deux : Merci à nos premiers lecteurs, Liana Holmberg, Aaron Brown, Elliot Davis, Kristen Maresca, Jessica Meltzer, Megan Foss et aux « Marteaux Étincelants », Aaron, Chris, Leslie et Morgen. Merci une fois encore à Langdon Foss pour ses remarquables illustrations d’Ohohhom et d’Efften. Merci à notre agent, Donald Maass, pour l’enthousiasme inépuisable avec lequel il a défendu cette histoire. Merci à Diana, notre éditrice, pour sa contribution à ce livre et pour s’être montrée si patiente alors que nous avons bien trop souvent explosé les délais qui nous étaient impartis. Aucune amitié n’a été brisée durant l’écriture de ce livre.
Là où nous en sommes…
B
rophy et Arefaine sont toujours sur le Tison. Ils viennent d’être attaqués par un groupe d’Épées de l’Éclair qui tentait de reprendre le Cœur de Gemme volé par Arefaine à Ohndarien. L’Empereur d’Opale est tué pendant l’attaque et Arefaine devient régente de l’empire d’Opale. Suivant les instructions de son père, elle projette d’unir les puissances de l’empire d’Opale et de la flotte d’Été afin d’anéantir les Îliens d’Argent et de retourner à Efften. Mais ses rêves de ressusciter sa patrie sont ébranlés par ses sentiments grandissants pour Brophy et les plans que l’Empereur défunt a élaborés afin de la forcer à suivre une autre voie. Shara part en direction d’Ohndarien en compagnie de Lawdon et Mikal. Sortie transformée de la nuit qu’elle a passée entre les mains de Jesheks, le mage Necani, elle est désormais déterminée à reconquérir Brophy, quel que soit le prix à payer. Jesheks, lui, a disparu lors de l’incendie du Palais flottant et le seigneur Vinghelt, qui a pris le contrôle de la flotte d’Été, se prépare à attaquer Ohndarien. Après avoir bu le sang-de-sirène, Ossamyr a rejoint Reef et les Îliens d’Argent dans leur quête fanatique pour empêcher quiconque d’atteindre les côtes d’Efften. Elle vient tout juste d’arriver dans l’empire d’Opale, déterminée à assassiner Arefaine avant que celle-ci mette au jour les secrets de l’île maudite. Devenue totalement dépendante à l’emmeria noire, Issefyn est engagée dans une lutte de pouvoir incessante avec la voix manipulatrice contenue dans l’ignoble pouvoir magique. Elle vient de se servir de l’emmeria pour corrompre la fille de Baelandra, Baedellin, et l’a envoyée anéantir le conseil d’Ohndarien.
Livre premier D es glaives de col è re et de larmes
Prologue
– D
Morgeon ! Darius grimaça en entendant la voix de sa mère. Le perroquet doré auquel il essayait de donner à manger poussa un cri perçant et retourna vers sa maîtresse dans un battement d’ailes. Il se posa sur l’ épaule de cette dernière et observa Darius sans ciller depuis son perchoir. — Laisse cette bête tranquille, dit sa mère en claquant deux fois des doigts. Elle faisait toujours cela lorsqu’elle était en colère contre lui et ne voulait pas que cela se sache. Avec un soupir, Darius remit le gland dans sa poche. Mère avait peur, il le voyait à la manière dont elle pinçait les lèvres lorsque personne ne la regardait. Elle n’avait pas envie d’assister à cette fête. Et lui non plus. C’était la première fois qu’il entrait dans la Grande Tour d’Efften. Tous les Illuminés s’étaient rassemblés dans la grande salle de la flèche en argent. Ils étaient vêtus de leurs sarongs chatoyants et portaient de petites chaînes en argent aux poignets. Mère lui avait expliqué qu’ils étaient venus pour lui et que cette fête était donnée en son honneur. Mais il n’y avait pas d’autres enfants et personne ne lui adressait la parole. Les adultes ne le regardaient même pas. Ils restaient debout à boire du vin à petites gorgées et à parler avec un sourire collé aux lèvres. Darius réprima un soupir et leva les yeux vers sa mère en espérant que cela n’allait pas encore durer des heures. Elle était en train d’écouter Tante Rellana. Il ne l’aimait pas. Elle était grande et mince, et lui ar ius
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faisait penser à un insecte pernicieux. Elle avait toujours l’air à moitié endormie, mais c’était une façade qu’elle se donnait. Elle voyait tout et, dès qu’elle posait les yeux sur lui, Darius se sentait comme un de leurs serviteurs aux yeux noirs. Il fut pris d’un mal de ventre et détourna le regard. Les murs arrondis de la grande salle s’élevaient si haut qu’ils disparaissaient dans l’obscurité. Ils étaient couverts d’innombrables rangées de petites alcôves pareilles à des nids d’abeilles en argent. Chaque niche contenait un cristal sombre juché sur un support en argent. Ces gemmes menaçantes le regardaient de haut et lui reprochaient son mauvais comportement. Il tapa plusieurs fois le sol de la pointe de sa sandale, conscient du fait qu’ il devrait se tenir droit, comme sa mère aimait, mais, avec les gemmes là-haut, il préférait regarder par terre. Je déteste cet endroit, pensa-t-il en jetant de nouveau un coup d’œil en direction de sa mère. Il ne voulait pas commencer son appren tissage. Il ne voulait pas devenir un jour un grand magicien. Pourquoi ne pouvait-il pas attendre d’avoir neuf ou dix ans comme tous les autres ? Il inspira longuement et profondément, et essaya de se calmer comme sa mère lui avait appris à le faire. Un frisson lui parcourut le cuir chevelu lorsqu’ il tourna les yeux vers l’autre bout de la pièce. Dès l’ instant où il était entré dans la tour, il avait senti une présence à cet endroit. Une présence qui luisait sans lumière, qui l’appelait sans voix. Il s’en approcha et observa à travers la foule une grande boîte noire juchée sur une estrade surélevée au centre de la pièce. Il y avait du monde tout autour mais tous se tenaient à distance de son couvercle en argent terni. Tandis qu’il la scrutait, il se rendit soudain compte de ce dont il s’agissait. C’était un cercueil, le cercueil. Avalant sa salive avec difficulté, il s’en approcha. Les adultes le regardèrent en fronçant les sourcils tandis qu’ il se faufilait entre leurs sarongs soyeux tout en évitant de croiser leurs regards. Il tendit le bras et toucha le couvercle. Celui-ci vibra sous ses doigts et il les retira vivement. Le couvercle était mal refermé. Il y avait un petit interstice sur le côté droit, comme si quelqu’un l’avait forcé. Il sortit le gland de sa poche et s’agenouilla. Tout en prenant soin de ne pas toucher à l’argent du cercueil, il enfonça le gland à l’intérieur… — Est-ce que tu sais ce que c’est, mon enfant ? dit un homme dans son dos.
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Darius se releva d’un bond et trébucha. Il se rattrapa au cercueil mais eut un mouvement de recul à son contact et faillit tomber à la renverse. — Oui, Père, dit-il rapidement en recouvrant enfin l’équilibre. La silhouette imposante de son père vêtu de robes aussi noires qu’une nuit sans lune s’ élevait au-dessus de lui. Ses yeux plissés trahis saient une certaine colère, même s’il parlait sur ce ton faussement calme que les adultes employaient parfois. — Grand Père, le reprit le père Efflum sur un ton qui laissait affleurer une pointe de colère. Darius hocha la tête sans piper mot. Les lèvres de l’archimage étaient légèrement arquées vers le bas mais il se força à sourire. — Cette boîte contient les poussières de mon premier professeur. Darius hocha de nouveau la tête. — Et maintenant c’est à mon tour d’être ton premier professeur. Darius acquiesça. Pourquoi est-ce que ma mère ne peut pas se charger de mon apprentissage ? pensa-t-il. Le père Efflum frappa vigoureusement le couvercle de la phalange et Darius grimaça. — Il a tué ma femme, tu sais, ajouta le père Efflum. Darius jeta un regard en coin vers la femme de l’archimage. Elle se tenait seule dans l’ombre à côté de l’escalier en colimaçon et mordait sa lèvre inférieure, les yeux rivés sur son verre. Ses cheveux bruns et bouclés pendaient de part et d’autre de son visage. Cette coiffure était censée la rendre belle mais elle ne produisait pas l’effet escompté. Au contraire, elle avait l’air de regarder le monde extérieur cachée derrière des rideaux, comme si elle avait trop peur de sortir de sa coquille. Darius détourna le regard. Il savait que le père Efflum ne parlait pas de cette épouse-ci. — Elle était en train d’agoniser dans mes bras, poursuivit-il. Elle avait reçu une flèche et l’ homme qui repose là-dedans a refusé de l’aider. Il a refusé de la gratifier du feu sacré. — Pourquoi ? — Nous avons mené une guerre pour apporter ce cercueil sur notre île, poursuivit le père Efflum, qui ne semblait pas l’avoir entendu. (Il frappa de nouveau le couvercle.) Et plusieurs autres afin de l’y garder.
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Nous l’avons mis ici, au centre de notre ville, afin qu’il nous rappelle le sort réservé aux lâches et aux idiots. Darius hocha la tête. — Tu n’es ni un lâche ni un idiot, n’est-ce pas, Darius Morgeon ? dit l’archimage qui se pencha en avant et approcha son visage du sien. — Non, Grand Père. Le père Efflum se pencha encore plus près. Darius pouvait sentir son souffle froid, comme s’il venait de sucer de la glace. — Alors pourquoi étais-tu en train de glisser quelque chose dans la fente comme un petit singe sans cervelle ? Darius fit un pas en arrière et buta contre sa mère. — Réponds, Darius, dit-elle en serrant son épaule si fort qu’ il eut mal. — Il m’a dit de le faire, répondit-il trop fort. — Quoi ? demanda le père Efflum en tendant l’oreille comme s’il avait mal entendu. — Lui. L’ homme qui est dans la boîte, répondit Darius en la pointant du doigt. Tout le monde se tut dans la grande salle. Soit les gens le regar daient, soit ils faisaient semblant de ne pas le regarder. — Mon enfant, dit le père Efflum d’un ton aussi glacial que son haleine. Il se dressa de toute sa hauteur. Des volutes de méchanceté mon taient en lui telle de la fumée. — L’ homme qui est dans ce tombeau est mort depuis très longtemps. — Je sais qu’il est mort, mais les morts peuvent encore parler. Mère lui serra de nouveau fortement l’épaule. — Mais les morts peuvent encore parler, insista Darius. Tout le monde sait ça. Tout le monde. Elle le tira à elle. — Toutes mes excuses, Grand Père, dit-elle rapidement. Mon fils n’est manifestement pas prêt à commencer ses études. Peut-être l’année prochaine. Le père Efflum haussa un mince sourcil. — Peut-être. — On ferait mieux d’y aller, dit-elle.
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— En effet. Elle prit Darius dans ses bras et s’éloigna du cercueil à grands pas. Il regarda l’archimage par-dessus son épaule. — Je n’ai pas peur de vous, cria-t-il au père Efflum. Ça non ! Mais son cœur s’emballa lorsqu’il croisa le regard du Père d’Efften, et il sut que ce n’était pas vrai.
À suivre...