Traqueur - extrait

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« J’ai adoré ce monde terrifiant : j’aimerais avoir écrit Traqueur moi-même. »

Joseph Delaney, auteur de la saga L’Épouvanteur

« Un conseil : ouvrez ce livre par un matin clair et ensoleillé. Vous regretteriez d’entamer votre lecture au crépuscule, à l’heure où les créatures qui rampent la nuit viennent gratter à la fenêtre de votre chambre… »

The Book Zone

Le pire est sur le point de se produire… Jake Harker est fan de BD d’épouvante, a un faible pour une fille de sa classe à qui il n’osera jamais parler et fait de son mieux pour éviter les ennuis. Une vie plutôt ordinaire… Jusqu’au soir où il croise le chemin de l’Homme blême et de M. Pinch. C’est à cet instant précis que Jake apprend ce que le mot « terreur » veut vraiment dire. Pourtant, ces deux créatures sont des enfants de chœur comparées aux entités maléfiques qui n’attendent qu’un signe pour ravager la Terre… Seul un sacrifice – la vie de Jake – permettra d’empêcher la catastrophe. Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Nenad Savic Illustration de couverture : Lapao ISBN : 978-2-36231-039-3

12,90 € 9 782362 310393


William Hussey est diplômé en écriture à l’université de Sheffield Hallam. Ses romans sont inspirés par de longues marches dans les Fenlands du Lincolnshire et par sa passion de toujours pour les histoires d’horreur, le folklore et les légendes. William vit à Skegness et écrit des histoires sur ces choses qui peuplent nos nuits d’insomnie…


Tr aqueur


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Tom e 1

Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Nenad Savic


Titre original : Witchfinder Copyright © William Hussey, 2010 © Bragelonne 2012, pour la présente traduction Loi no 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse Dépôt légal : janvier 2012 ISBN : 978-2-36231-039-3 C a st el mor e 60-62, rue d’Hauteville – 75010 Paris E-mail : info@castelmore.fr Site Internet : www.castelmore.fr


Pour mon neveu Johnny, dont la magie m’étonne chaque jour.



Remerciements Je remercie chaleureusement Deborah Chaffey de m’avoir lancé sur la voie du Traqueur de sorciers. Merci également à Jacob Chaffey pour ses encourageantes premières critiques et pour avoir donné son prénom à mon héros. J’aimerais également exprimer ma gratitude envers mes amis alchi­ mistes Johnny Draper, Claire Wilson, Bryony Bowers et Graeme Hills, qui ont patiemment écouté mes premières incantations et m’ont aidé à extraire quelques pépites d’une énorme masse de métal sans valeur. Traqueur a pu être édité grâce à une série de liens magiques. Le premier d’entre eux est l’incroyablement talentueuse Sarah Silverwood, qui m’a présenté au brillant agent Veronique Baxter. Grâce à l’enthousiasme sans bornes de Veronique, Traqueur s’est retrouvé chez OUP. Mitonné dans le chaudron éditorial de l’extraordinaire Jasmine Richards, le roman a énormément gagné en magie. À tous ces gens et aux nombreux autres qui ont nourri mes écrits, je dis MERCI !



Avant Le sacrifice

– A

u secours ! À l’aide !… Je vous en prie ! Le rugissement du tonnerre couvrit les cris de Luke, qui titubait sur le rivage tandis que les étrangers le traînaient sur la baie. Le pyjama du garçon était imbibé d’eau et ses pieds nus s’enfonçaient dans le sable mouillé. On lui avait noué les poignets avec une corde ; chaque fois qu’on tirait dessus, il levait les yeux vers les silhouettes qui tenaient sa laisse. Vêtues de robes, encapuchonnées, elles avaient une allure fantomatique dans le clair de lune. — Qui êtes-vous ? Où m’emmenez-vous ? Pas de réponse, juste le grondement de la mer, les hur­­ lements du vent et les éclairs qui claquaient dans le ciel. Ils étaient trois, deux hommes et une femme. Des êtres humains normaux, supposait Luke, même s’il n’en était pas sûr. Durant treize ans, il avait grandi en écoutant des histoires de créatures malsaines qui chassaient les jeunes, les faibles 11


et ceux qui ne pouvaient pas se défendre. Luke frissonna. Peut-être ces « gens » étaient-ils les monstres de ces histoires. Peut-être les « démons » existaient-ils vraiment… Le petit groupe arpentait la roche en restant le plus près possible du bord de la falaise. La marée était haute, et l’océan avait avalé la plus grande partie de la plage. Le vacarme produit par les vagues résonnait dans les oreilles de Luke, et l’eau salée lui piquait les yeux. Il essaya une nouvelle fois de se libérer, mais l’homme (le démon ?) avait une poigne de fer. Impossible de s’échapper. Le temps d’atteindre la grotte, il était trempé jusqu’aux os et tout tremblant. La plupart des grottes de la baie étaient de simples niches surplombant l’eau, tout juste assez grandes pour accueillir un chat. La Tristesse de Crowden était la seule caverne de grande taille. Son entrée était aussi haute que la porte d’une cathédrale, et elle était si vaste qu’on n’en distinguait pas le fond. On lui avait toujours dit de ne pas s’y aventurer, mise en garde qu’il avait toujours prise très au sérieux. La bouche de la grotte était noire et humide, et les stalactites accrochées derrière sa lèvre supérieure avaient des airs de dents acérées. Le groupe s’immobilisa à l’entrée de la cavité. De l’eau gouttait des crocs rocheux, mouillant la tête de Luke, dégou­ linant dans son cou et le long de son dos. Il était frigorifié. Les personnages mystérieux l’entourèrent. Luke les regarda tour à tour. Les éclairs occasionnels ne lui permirent pas de voir leurs visages dissimulés sous leurs capuches. — Faisons-le ici, lança le plus grand des deux hommes. 12


Le cœur de Luke s’emballa. Depuis qu’on l’avait tiré de son lit, c’était la première fois qu’il entendait parler un de ses ravisseurs. Il en oublia ses parents, partis pour le weekend. Il en oublia Mme Grady, la domestique qui n’avait pas répondu à ses appels au secours, alors qu’elle était censée s’occuper de lui. Il en oublia même sa petite sœur, Mildred. Il ne pensait plus qu’à la voix de l’homme. — Bien, dit la femme d’un ton lourd et désespéré. Mais après, nous devrons nous enfoncer plus profondément, traverser la chambre, monter les marches jusqu’à la Porte. Je prie pour qu’il ne soit pas trop tard et pour que son sang suffise… — Sommes-nous certains qu’il n’existe aucune autre solution ? demanda le troisième personnage, un petit homme courbé. Nous ne vaudrons alors pas mieux que l’Assemblée et ses démons. Nous ne devrions pas nous salir les mains. Nous devrions nous rappeler les erreurs de nos ancêtres. Luke était horrifié. Ces gens n’étaient ni des monstres ni des étrangers ; il les connaissait très bien. Il les appela par leur nom. Seul le petit homme grimaça. Faisant comme s’il n’avait rien entendu, le grand répondit : — Nous n’avons pas le choix. Nous devons agir ou bien le monde sombrera dans les ténèbres. L’océan grondait et le ciel hurlait. La femme glissa une main sous sa cape. — Attendez, prenons le temps de réfléchir et de discuter, supplia le petit homme en effleurant le bras de son amie. 13


— Il n’y a rien à discuter, rétorqua-t-elle. Ne le sens-tu pas dans l’atmosphère ? La Déferlante est sur le point de recouvrir le monde. Seul le sang, tout le sang, peut l’arrêter. — Et la prochaine fois, que ferons-nous ? — Nous aurons une génération pour y réfléchir, dit le grand. Mais seulement si nous agissons. Ce soir. Allez-y, ma sœur. La femme sortit un long couteau incurvé de sous sa cape. La lame scintilla dans le clair de lune. Luke avisa les lettres gravées sur la garde et commença à comprendre ce qui était sur le point de se passer. — Non ! cria-t-il en luttant contre les mains qui le main­ tenaient prisonnier. Laissez-moi partir ! — Retournez-le, ordonna la femme. Un bras s’enroula autour de sa poitrine. Une main se posa sur son front et lui tira la tête en arrière. Il vit la lame briller devant ses yeux. — S’il vous plaît… Trois voix s’élevèrent derrière lui en un chant monocorde. — Hobarron, l’Ancien des Anciens, nous a montré la lumière, aussi luttons-nous contre les ténèbres. Faisons couler le sang du Traqueur. Le sang du Traqueur pour sceller la Porte. Le sang du Traqueur pour vaincre le Mal. Le sang du Traqueur pour arrêter la Déferlante… Luke n’arrivait pas à regarder la lame. Il détourna les yeux vers l’extérieur et la baie. L’entrée de la grotte bouil­ lonnait d’écume comme la lèvre inférieure d’un fou. De petits bateaux de pêcheurs amarrés sur la plage furent écrabouillés 14


par le poing d’une vague puissante. De l’autre côté de la baie, il y avait du mouvement au sommet de la falaise. Deux silhouettes se tenaient côte à côte et regardaient dans sa direction. Deux enfants dont les manteaux claquaient dans le vent. Le garçon serrait sa sœur contre lui pour la réconforter. — Adam ! cria Luke. Joanna… ! Le couteau glissa sur sa gorge. La douleur, aussi brillante qu’un éclair, s’alluma derrière ses yeux. La lame était froide sur sa peau, son tranchant affûté et mordant. Le sang fuma dans l’atmosphère nocturne, et Luke tomba à genoux. Strate par strate, la douleur s’évanouit. Tandis que tout souffle de vie abandonnait Luke Seward, le vent s’engouffra dans la grotte avant d’en ressortir. Les assassins, les enfants au sommet de leur falaise et la popula­tion endormie du Creux de Hobarron le perçurent comme un ululement grave et triste.


À suivre...


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