No 29 printemps - été 2016
bravoart Le périodique des membres du Bureau des regroupements des artistes visuels de l’Ontario
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Dossier : Re-inventio L’autre « relève »? Aubin, Lamontagne, Ivan s’y penchent Portrait : Robert Gougeon Échange entre Michelle Letarte et Chantal Leblanc http://bravoart.org
ISSN 1920-5902
gratuit pour les membres de BRAVO, sinon 11 $CAN
bravoart
E N c OUVERTURE
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est le périodique de BRAVO et paraît deux fois par année. Il est le bulletin de liaison des membres de BRAVO, et est financé par le ministère du Patrimoine canadien, le Conseil des arts de l’Ontario et le ministère de la Culture de l’Ontario.
Robert Gougeon
Synapse (2015). Acrylique sur toile
Dans ce numéro Ars longa, vita brevis? Transmission culturelle À lire : La puissance de la joie Portrait : Robert Gougeon Être un jeune artiste sans être un artiste jeune Énoncé de réinvention de la « relève grise » Biochimiste et artiste : une conversation avec Michelle Letarte Programmation QUELQUES AVANTAGES BRAVO LORSQUE MEMBRE • un microblogue BRAVO que vous maintenez à jour afin de diffuser votre production actuelle; • le service de promotion sous l’onglet « Services »; le lien est impératif quant au succès « page rank» d’une recherche à l’aide d’un moteur de recherche; • l’admissibilité à souscrire à une assurance sous la compagnie AFBS et ce, à des tarifs préférentiels; • l’entrée gratuite à la collection permanente au Musée des beaux-arts du Canada à Ottawa (ON); • la carte musée (20 $) de l’Association Internationale des Arts Plastiques (AIAP) de l’UNESCO pour la gratuité dans de nombreux musées internationaux; • une réduction de 50 % sur les services d’un agent d’art à ZoneLOQ.com (forfait galerie); • des rabais sur tous nos ateliers de formation et de professionnalisation (Projet Vasari); • la participation à des expositions provinciale, nationale ou internationale; • la participation à des activités de diffusion, de promotion; • la rencontre de vos pairs de l’Ontario francophone; • le bravoart.org, bulletin de liaison, publié deux fois par année, que vous recevrez par la poste et dans lequel vous trouverez entre autres le calendrier de nos activités, des articles sur la formation, en plus d’être informé sur les points administratifs de notre organisme; • le Babill’ART BRAVO, bulletin virtuel (une vingtaine de fois par année), qui vous garde au faîte de l’actualité qui relève de notre association et de ses membres.
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LES PARUTIONS DANS RAVOART.ORG, COMMENT PARTICIPER ? Si vous voulez proposer des sujets, écrivez-nous. Chaque numéro s’articule autour d’une thématique et d’un portrait d’artiste. LES DATES DE TOMBÉE : Numéro du printemps : première semaine de mars (pour assurer la publication à mi-avril) Numéro de l’automne : dernière semaine de septembre. LA LISTE DES EXPOSITIONS ET DES ÉVÉNEMENTS MARQUANTS DE VOTRE CARRIÈRE : Envoyez-nous l’information complète sur vos expositions, faites-nous savoir si vous avez reçu un prix ou une subvention. La liste d’information est strictement réservée aux membres en règle. Faites-nous parvenir l’information par courriel en format .doc ou .rtf plutôt qu’un carton d’invitation; le format électronique permet d’intégrer directement des renseignements dans la mise en page. Indiquez le nom et les coordonnées du lieu d’exposition, la date et l’heure du vernissage. Le cas échéant, mentionner le nom du ou de la commissaire et indiquez s’il s’agit d’une exposition solo ou de groupe. Nota : Nous ne disposons pas de ressources pour faire des recherches exhaustives : ne vous attendez pas à voir votre exposition dans la liste si vous ne nous avez pas envoyé votre information à la date de tombée.
Bureau des regroupements des artistes visuels de l’Ontario (BRAVO) est un organisme à but non lucratif au service des artistes de l’Ontario français et voit à leur développement ainsi qu’à la défense de leurs intérêts collectifs. Les buts de BRAVO sont les suivants : organiser des activités répondant à des besoins de représentation, de formation, de promotion et d’appui à la diffusion des arts visuels; viser la dynamisation des arts visuels et médiatiques en Ontario et ailleurs; encourager et mettre sur pied des réseaux de communications qui favorisent l’interaction entre les artistes visuels et médiatiques de l’Ontario francophone. BRAVO dirige aussi le Musée des arts visuels franco-ontariens (MAVFO), musée virtuel sur le Web et a été l’initiateur du Laboratoire d’art de Toronto et du centre d’artistes Voix Visuelle à Ottawa.
Conseil d’administration Paul Walty Président Toronto (ON) pawa@interlog.com
Komi Seshie Représentant BRAVO-Est Ottawa (ON) pasekomi@hotmail.com
Laurent Vaillancourt Vice-président Hearts/Opasatika (ON) bravonord@gmail.com
Représentant BRAVO-Nord À combler
Derek Lamothe Trésorier Gatineau (QC) derek@inter-vision.ca
Sylvia Antinozzi Représentante BRAVO-Centre North Bay (ON) antinozzisylvia@gmail.com
Alix Voz Secrétaire Toronto (ON) alix_voz@hotmail.com
Chantal Leblanc Représentante BRAVO-Sud Toronto (ON) la_muse@yahoo.ca
Nous joindre Adresse postale C.P. 53004 Succ. Rideau Ottawa (ON) K1N 1C5 Canada http://bravoart.org http://www.mavfo.org
info@bravoart.org dg.bravo@sympatico.ca 819-457-1892 800-611-4789 Heures d’ouverture de 9 h à 17 h, du mardi au jeudi
Membres honoraires Fred Forest Clément Bérini Maurice Gaudreault Jules Villemaire Laurent L. Vaillancourt Directeur général : Professeur Yves M. Larocque Graphisme : icscis inc. Droit d’auteur : © BRAVO Impression : Imprimerie du Progrès, Gatineau (QC) ISSN 1920-5902 BRAVO éditeur, Ottawa (ON) Canada Prix : gratuit pour les membres de BRAVO, sinon 5 $CAN Gestion, marketing et diffusion : BRAVO BRAVO remercie les membres pour les droits de leurs oeuvres Publicité : 800-611-4789 Soumission de textes : info@bravoart.org Révision linguistique : Iconograf www.iconograf.net Dans ce document, le masculin est utilisé sans discrimination dans le seul but d’alléger le texte.
MOT du PRÉSIDENT
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Pa u l Wa l t y
Réflexion
endant des années, je me suis souvent trouvé dans des situations où il n’y avait pas assez d’heures dans la journée pour tout ce que j’avais à faire.
Aujourd’hui je remarque que je n’ai plus assez d’énergie en fin de journée. Quand je rentre du studio avec l’idée de travailler encore un peu le soir chez moi, je n’ai souvent que l’énergie pour feuilleter un magazine ou un livre ou de m’allonger sur le canapé! Le plaisir d’être dans mon studio entouré de crayons, peintures, esquisses et de mes essais et explorations m’attire encore beaucoup heureusement. Une récente invitation à assiter à une conférence réservée aux anciens artistes, a piqué ma curiosité. Elle s’intitule « Maintaining Creativity: Turning Challenging into Possibilities » (Continuer d’être créatif : Transformer les défis en occasions de réussir). Elle prévoit une série de présentations et d’ateliers visant à fournir des informations, des solutions et des techniques pour aider les artistes à garder une vie créative forte et en santé. Il y aura même un atelier sur l’arthrite et ses douleurs bien physiques, un autre sur le stress et un sur les droits d’auteur (la propriété intellectuelle). Tout un choix! La conférence aura lieu le lundi 18 avril 2016, de 9 h à 16 h à Toronto, au Toronto Western Hospital (http://www.csarn.ca/ en/conference.html). Cette conférence est organisée par le CRAAQ (Centre de ressources pour les artistes aînés du Canada) dont la mission est de soutenir les artistes du pays et de leur assurer qu’ils peuvent encore contribuer à notre société en tant que créatifs. Comme BRAVO, le CRAAQ commence à diffuser sur son site des vidéos et des webinars permettant d’accéder à ses conférences, ateliers et présentations, ainsi que des liens concernant entre autres les finances, la santé, l’hébergement. Devenez membre du CRAAQ*, un bulletin d’information vous tiendra au courant. *CRAAQ = CSARN, Canadian Senior Artists Network Le sigle est bilingue mais le site Web est en anglais seulement.
MOT du DG
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Re-inventio Yve s M . L a ro c q u e
ous pouvons faire valoir que depuis 160 ans certaines institutions et certaines entreprises ont bien du mal à se « réinventer ». Elles préfèrent maintenir le statu quo — ce qui se traduit par le facile, l’acquis, le profit, le confort proposé; bref, une vérité épistémo-économique. Or, ce refus du reinventio, cette maladie causée par la quête déraisonnable du profit au détriment de l’être humain, par la lourdeur bureaucratique et par l’inconscience de l’électorat de masse devient pandémique, et par extension s’infiltre dans le système soutenant de très nombreux secteurs d’activités. Les modi operandi des États-nations sont donc désuets. Ça, les artistes qui émergent de l’autre relève à la cinquantaine bien sonnée le savent. Bien qu’ils aient été passionnés par la discipline choisie pour gagner leur vie, ils viennent aujourd’hui se « réfugier » (n’ayons pas peur des mots) dans l’art pour enfin raconter leur histoire et contribuer à leur bien-être et à celui de la collectivité; le temps est
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venu de vivre, de voir et de faire voir. On se réinvente : reinventio! Plusieurs membres de BRAVO évoluent au cœur de ce reinventio. Ils sont (ou l’auront été) des fonctionnaires, des travailleurs autonomes, des retraités de l’État, des parents au foyer. À l’époque, ils avaient choisi, et aujourd’hui ils choisissent de nouveau. Presque tous bardés de diplômes dans une discipline bien éloignée des arts, et dès leur huit heures de boulot quotidiens terminées, ces apprentisartistes suivent ou ont suivi des cours aux « beaux-arts ». On est conscient d’être au beau milieu de la réinvention. Contrairement aux artistes-peintres « professionnels » qui peignent le jour et gagnent leur vie le soir (combien d’artistes vivent de leur art au Canada?), ces nouveaux artistes émergents ont choisi — et dans l’humilité — de gagner leur vie le jour et de peindre le soir. Issues de cette réalité postmoderne sont des œuvres admirablement charpentées.
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Certaines personnes désillusionnées par le politique limitatif, toujours soumis à l’accélérateur-temps de la productivité (bref, par la répétition de l’Histoire), ces artistes hybrides (comme Michelle Letarte de BRAVO-Sud, p. 12) viennent se réfugier librement et momentanément dans la discussion mouvante de l’art, l’entraide, la communio BRAVO et Propeller (ici le latin) pour aboutir à de nombreuses transsubstantiations sur toile grâce aux formes et aux couleurs. Ces nouveaux artistes réexaminent leur cadre de travail journalier, à savoir s’ils peuvent contribuer à leur transformation dans un milieu plus humain et créatif. « Se réinventer », « renouveler », « refuser », « raconter », «authentifier », « lâcher prise », « là et maintenant », se «transformer » sont les leitmotivs de cette nouvelle relève; de ceux-ci résultent des verbes-qui-prennent-chair, des gros mots, des récitations divinatoires, des automatismes formels. Cette relève sait déjà trop bien ce qu’implique peindre, et encore plus. Créer c’est voir autrement, se voir autrement; c’est une action d’affirmation de soi. Peindre, ou faire d’autres sois, demeure un acte créateur, audacieux qui donne naissance aux nombreuses possibilités d’être. Peindre une toile véritable — car il y a beaucoup trop de toiles fausses — est la négation même de l’obsolescence, de la souffrance et de la mort. La réalisation d’une toile authentique est ce que BRAVO exige pour devenir membre; jeunes et moins jeunes, certains la créent avec difficulté et d’autres moins. L’authentique exige toujours « la rançon du corps et de l’âme »; c’est ce qu’affirme Denis Mateo, membre de BRAVO-Est, et ce que montre Robert Gougeon (p. 8 à 9).
DOSSIER
Ars longa, vita brevis? L’imbrication des relèves Cătălin Ivan
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a relève demeure une préoccupation toute naturelle pour une organisation artistique telle que BRAVO. Après tout, nous vivons à une époque dynamique. Aujourd’hui, même dans ce monde où le fait artistique nous fait sentir sa fraîcheur, le frisson de la nouveauté, cette relève devient une partie intégrante de l’esthétique contemporaine. L’identification de l’artiste mu à notre époque, comme le laisse entendre Yves M. Laroque, et brièvement dans la vidéo de présentation de l’exposition S’Affranchir1. BRAVO se penche sur ces questions : qui sont aujourd’hui les artistes francophones autour de nous? Comment changent-ils? De quoi ont-ils l’air? Quelle relève pointe à l’horizon?
Dans une économie tertiaire sous le dictat de la pensée binaire, et dans un contexte de numérisation de l’image, cette nouvelle relève s’est donné le privilège — pour ne pas dire le droit — de ne « plus penser » pour se vautrer dans la matière de la peinture ou du pixel. On devient autre, on se transforme, on se trans-humanise. La transhumanité somme l’errance entre les ténèbres et les lumières, la cinquième dimension, bref, à dire publiquement… ce qu’affirme le présent numéro de bravoart.org. En cette fin de postmodernité ou en ce tout début de transhumanisme, le métissage demeure « in » — bien que l’heure soit au mashup, au « choc numérique » (Nina Butlin) — qu’il s’agisse de la pratique des arts ou de la pratique de la vie. J’entends par cela vivre autrement, refuser ou transformer l’ancienne vie instaurée par les dictats religio-nationaux-sociétaux de jadis, voire d’hier. Merci à Cătălin Ivan, Doris Lamontagne et Raymond Aubin qui charpentent ce dossier de l’heure, une réalité sur laquelle doivent se pencher aujourd’hui nos conseils des arts nationaux et provinciaux. BRAVO est fière de vous présenter cette « nouvelle relève » dotée d’une clairvoyance hors du commun. Elle survole les champs, préférant le transversal au linéaire — ce qu’évitent les gouvernements. (À quand les cours d’art dans nos institutions gouvernementales?) C’est une relève qui crie, parfois qui murmure et balbutie; c’est normal lorsqu’on franchit les seuils de ses propres géographies du corps et de l’esprit : les ruisseaux deviennent des torrents. Ces nouveaux artistes émergents n’ont pas peur de raconter des histoires — leurs histoires — car ne l’oublions pas, ce sont les histoires qui nous unissent. Domenico Beccafumi, détail > Sant’Agnese Segni con in mano il modello della città di Montepulciano, c. 1535
robotisés. Des emplois actuels sont déjà grandement améliorés grâce à l’automatisation, ou bien ils sont en voie de disparition tout simplement. Parmi ceux et celles qui « risquent d’avoir plus de temps » à leur disposition, beaucoup auront la sensibilité et les moyens financiers de choisir des activités à vocation artistique. Cela dit, l’activité créatrice d’une personne s’étale donc sur un nombre croissant d’années, voire 30 ans, pour générer une grande production artistique. Par la force des choses, l’activité artistique va acquérir de nouvelles valeurs économiques et sociales pour le bien-être personnel et celui de nos communautés. Chez l’être humain sensible, une plus longue vie implique, de façon générale, une évolution dans l’expression de l’artiste, que l’on peut diviser en phases, en styles et en inspirations, bref, ces jalons qui sont au cœur même de la production artistique. Même à la retraite, il faut évoluer.
2. Plus de technique(s)? Un autre aspect de notre monde 1. Plus de temps? Observons certaines directions communes occidental actuel est la démocratisation des activités culturelles dans notre vie ontarienne, et ce à partir d’un élément dont fait partie les arts visuels. Plusieurs personnes ont accès démographique global : nous vivons dans l’une des régions aux outils nécessaires pour créer des images, de la musique, planétaires où l’espérance de vie moyenne est l’une des plus des vidéos, des assemblages matériels ou virtuels ou produire élevées dans toute l’histoire de l’humanité. Nous sommes plus suite Ivan, p. 7 nombreux à vivre plus longtemps et en santé. Les Ontariens sont actifs. En même temps, de nombreux emplois disparaissent1. Yves M. Larocque, L’art à l’ère numérique, communication par vidéo, BRAVO-Sud 2015. ou sont automatisés; selon le Washington Post, lors de la 4 bravoart .org prochaine décennie, plus de 40 % des emplois actuels seront
TRANSMISSION CULTURELLE
Vos bureaux régionaux
BRAVO-Nord
L a u r e n t Va i l l a n c o u r t
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a spécificité de BRAVO-Nord, déterminée par une population atteignant le quatrième âge, les longues distances à parcourir, les hivers rigoureux et l’exode de la jeunesse, constitue, par la force des choses, à un ralentissement d’activités culturelles dans le cadre des arts visuels et médiatiques. L’effectif demeure stable et les rencontres conviviales continuent.
BRAVO-Sud
convivial entre les membres, histoire de bavarder et de faire plus ample connaissance a été organisée. Cette rencontre a eu lieu le mercredi 9 décembre; la visite a été menée par Julie-Nadia Rancourt, appuyée par Shirin Divanbeigi. Julie-Nadia nous a fait découvrir quelques œuvres parmi la collection permanente et nous a guidé dans une réflexion intéressante sur les questions de « provenance », de techniques et de valeur. De là, nous nous sommes ensuite rendu dans un petit restaurant chinois à quelques pas de la galerie pour déguster et papoter d’art comme aiment bien le faire les artistes. C’était une belle rencontre avec les arts et ses collègues!
Nomad’ART! Deux soirées créatives d’exploration ont eu lieu les 27 janvier et 2 mars derniers. Encore une fois, de beaux échanges conviviaux ont eu lieu dans de différents ’emblée, l’exposition S’affranchir! Art postal espaces, dans le but de découvrir des endroits de au XXIe siècle, subventionnée par le ministère création et des studios au centre de Toronto. Le lieu Art de l’Éducation de l’Ontario, a effectué le troisième Space, qui a ouvert ses portes de cela quelques années, arrêt de sa tournée provinciale. Le vernissage a offrent la location de studio sur une base horaire. Le lieu eu lieu le 2 février dernier au Manoir Glendon de abrite des galeries et organismes œuvrant dans le milieu l’Université York à Toronto. Il est à noter que 13 des artistique. Les membres de BRAVO-Sud apprennent 24 artistes participants sont membres de BRAVO-Sud aussi que l’Annex Art Centre loue aussi son espace pour et qu’ils étaient presque tous présents. L’événement des rencontres créatives et des expositions. C’est à ces a retenu l’intérêt des médias locaux dont les deux endroits que les deux premières manifestations de journaux hebdomadaires l’Express de Toronto et le Nomad’ART ont eu lieu : la première sur les ombres et la Métropolitain. Une entrevue avec Chantal Leblanc, commissaire régionale, et Zoraida membres de BRAVO- lumière, et la seconde sur l’impression. Sud, a été diffusée à l’antenne de CHOQ.FM dans le Prochain rendez-vous Nomad’ART, le 30 mars! Vous cadre de Découvertes francophones, une émission recevrez une invitation indiquant le thème et le lieu animée par Gabriel Osson. Vous trouverez ces articles de cette soirée. Soyez au rendez-vous! Nomad’ART se ainsi qu’une galerie de photos archivées sur le blogue de BRAVO-Sud, http://bravosud.blogspot.ca/2016_02_01_archive.html poursuit jusqu’en mai. Visitez notre blogue pour voir nos albums photo. http://bravosud.blogspot.ca/2016_02_01_archive. html D’ici peu, les œuvres seront « affranchies » vers leur prochaine destination, la Galerie d’Art du Avec la saison Témiscamingue, où elles pourront être vues pour la printanière qui appremière fois dans le centre de l’Ontario en mai et juin proche, les énergies 2016. se renouvellent et BRAVO-Sud, toujours Ensuite, grâce à l’atelier de relief en céramique donné soucieux de rassempar Luc Bihan en novembre dernier, les œuvres résulbler ses membres tantes remplaceront les anciennes plaques qui compoafin de promouvoir saient le collage en médias mixtes de l’œuvre murale la pratique artistique de BRAVO-Sud au parc Christie Pits à Toronto. Elles au sein de la commuseront installées en mai afin de revitaliser l’œuvre innauté franco-ontarititulée Écosystème Urbain qui date déjà de 2010. Mini enne, vous réserve conférence, souper champêtre sont au programme. de belles initiatives. Détails à venir via Facebook et sur notre blogue. Visitez notre page Facebook et notre Par ailleurs, dans le but de rassembler tous les blogue pour conmembres du sud, une visite guidée en français de Une oeuvre ombre et lumière réalisée lors de naître les détails des la Galerie de l’art de l’Ontario, suivi d’un souper Nomad’ART de janvier 2016 projets à venir! Chantal Leblanc
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TRANSMISSION CULTURELLE
BRAVO-Centre Sylvia Antinozzi
Des nouvelles rencontres qui semblent prometteuses ont eu lieu ces derniers mois. Il y a eu encore cette année une superbe exposition BRAVO dans le cadre du Carnaval des Compagnons de North Bay. En plus de plusieurs visites de galerie guidées, une école secondaire a saisi l’occasion de l’exposition afin d’en faire une analyse. Les activités à venir sont les suivantes : conférence sur le beau avec le Prof. Daniel Dumouchel de l’Université de Montréal (14 mai 2016) et l’exposition Une aventure de 36 heures III (les 13 et 14 mai) à la Galerie White Water de North Bay. BRAVO-Centre accueille l’exposition de BRAVO-Sud S’affranchir! Art postal au XXIe siècle à la Témiscamingue Art Gallery à Haileybury dont le vernissage aura lieu le dimanche 15 mai en après-midi. Un conférencier sera invité. Cette exposition se rendra aussi à North Bay en décembre 2016.
a daily online art auction featuring curated works of art from artists across Canada » . http://www.artbombdaily.com/ La rencontre est prévue pour le mardi 19 avril à 19 h à la pièce 304 de l’École d’art d’Ottawa, 35, rue George dans le marché By (Ottawa). Une autre rencontre est à l’horaire avec le commissaire-priseur Andrew Gibbs de la maison Heffel Canada dans une galerie d’Ottawa. Il parlera de marché primaire, de marché secondaire et de la réalité des prix de l’art, ce qui promet d’être très intéressant. Combien vaut votre œuvre? Un rendez-vous est également prévu avec le professeur Raboudi, sociologue à l’Université d’Ottawa. Une discussion est prévue sur les affres de la guerre par rapport aux œuvres d’art du Moyen-Orient. Les détails vous seront communiqués par courriel. Enfin, BRAVO poursuit sa planification avec l’atelier sur le son numérique avec Alexandre Pampalon de Surf Studio de Montréal.
À LIRE
La Puissance de la joie (essai)
Éditions Fayard, paru le 14 octobre 2015 – 216 pages 23 $ CAN. – EAN : 9782213661353
Mónica Márquez
L Exposition des membres de BRAVO-Centre lors du Carnaval des Compagnons de North Bay en février 2016.
BRAVO-Est Yve s M . L a ro c q u e et Ko m i S e s h i e
BRAVO-Est poursuit ses rencontres intermembres tout comme le fait BRAVO-Sud. Tel que décrit Suzon Demers à la page 16, il y a eu deux rencontres dont une conférence avec la professeure Édith-Anne Pageot de l’Université d’Ottawa. Il convient ici de souligner les activités qui suivront d’ici le prochain numéro de bravoart.org en automne prochain. Vous voulez promouvoir vos œuvres et les vendre? Nous vous avons écouté. BRAVO organise une rencontre bilingue avec la commissaire d’Artbomb Ottawa, Karine Guyon : comme dit le site en anglais : « Artbomb is
a quête du bonheur est présente dans la vie de tous, et elle devient impérative lorsqu’on fait face à de grands changements dans notre vie. Par exemple, au moment de la retraite, les gens cherchent comment se réinventer afin de trouver un nouveau sens à la vie. Ainsi, ils tâchent de se construire une nouvelle identité à travers la pratique d’activités liées, entre autres, aux talents et aux passions qu’ils ont trop longtemps sacrifiés au nom de la sécurité financière. Cette quête de joie est donc liée à la possibilité de devenir enfin soimême; et c’est ce dont discute Frédéric Lenoir dans son avant-dernier livre. Deux cents pages agréables et claires sur les traces de quelques philosophes, dans lesquelles Lenoir propose une voie pour l’accomplissement de soi fondée sur la « puissance de la joie ». Il affirme que chaque jour, la joie doit être cultivée et pratiquée. Au cours de cet essai, que de nombreuses références à l’art comme étant un chemin qui mène l’allégresse. Par exemple, Nietzsche maintient que la joie résulte de l’acte créatif et « d’un processus permanent d’autocréation », le modèle d’une vie réussie. Et selon Bergson, l’essence de la vie est celle de la création et la joie y est intrinsèquement liée. Donc la joie se manifeste à travers nos projets accomplis, comme une œuvre d’art, un livre ou une entreprise. Aussi, la nature comme l’art peut produire de la joie grâce à la contemplation d’un mystère qui nous dépasse. Un bouquin6trèsbravoart intéressant .org pour tous et particulièrement pour les artistes de la nouvelle relève.
Ivan de page 4 > des événements. La technologie en général, et en particulier le numérique, permet à une personne d’utiliser à ses fins de nombreux espaces et services, même de manipuler le temps alors qu’à d’autres époques il aurait fallu avoir recours à des douzaines de travailleurs, à des machines lourdes, et même à des esclaves. Tout est maintenant accessible — et surtout à la retraite. Dans le sous-sol de la maison : le studio hollywoodien, le studio d’enregistrement, l’atelier de création pour le marbre, le bois, la peinture, et nous en passons. Pour certaines personnes, un retour aux métiers d’art côtoie l’art. On se garde jeune : le cognitif et le physique demeurent alertes. La sculpture sur pierre dans un garage coudoie l’imprimante 3-D d’un sous-sol; ici, des impressions numérotées de la sculpture dans toutes les galeries du monde, et là, l’unicité d’une sculpture sur marbre. Pourquoi ne pas se jeter à plein art numérique avec sa caméra vidéo « jouet » qui filme aujourd’hui en haute définition. Nourrissons l’ordinateur de la maison; achetons Premiere Elements d’Adobe. L’artiste de la nouvelle relève sait que la technologie permet de déconstruire, de découper des objets afin de les rassembler dans des formes innovatrices autant de fois que sa créativité le lui permet.
DOSSIER
Pour certaines personnes l’art commence plus tard, tandis que pour d’autres l’art commence plus tôt, bien que la maille de l’art se soit tissée avec les autres activités de la vie. La plainte classique Ars longa, vita brevis semble même renversée par le dynamisme contemporain; d’ailleurs nous en sommes bien heureux : la vie n’est plus courte et l’art demeure! On ne veut plus perdre son énergie précieuse ni ses appétits du corps et de l’esprit, ni son téléphone intelligent ni son ibuprofène. L’art contemporain donne la possibilité sinon la permission de toucher à tout : les sciences, la psychologie, la nourriture, les animaux, les bactéries, etc. L’art demeure inépuisable, et la vie s’allonge!
4. Plus d’artistes? BRAVO rencontre de plus en plus d’artistes d’un certain âge, en début ou en tournant de carrière. Quelle bonne nouvelle! L’expression artistique est une activité des plus prisées pour préparer les troisième et quatrième 3. L’imbrication des générations Une vie centenaire et en santé offre, âges, à vivre une vie bien remplie et à poursuivre une collaboration dans la société. Dans les pays développés, l’art bon gré mal gré, de nouvelles options et conditions de travail, du fait partie des politiques sociales. Tout un grand pan de vie temps libre, bref du temps où l’on doit choisir. L’invention moderne existe entre la diminution de l’activité professionnelle et la du « libre loisir » de pair avec les technologies émergentes et les continuation d’une vie active, qu’elle soit productive, créative politiques sous-jacentes permettent une diversité d’opinions à ou consumériste. Aujourd’hui le déclin de la santé, la phase son propos : un rêve romantique, l’opium des privilégiés, le droit finale de la vie, arrive tard. Que savons-nous des artistes à l’autodétermination, etc. Pour BRAVO, cela veut aussi dire que rendus au troisième âge? Au Canada, le rapport Senior parmi ceux qui s’affirment dans leurs activités artistiques en Ontario Artists in Canada: Summary Report Prepared for the Senior francophone, de nombreux membres abordent ou augmentent leur Artists’ Research Project (2010)2 mentionne trois citations activité artistique dans leur leur troisième ou quatrième âge (75 ans qui entrevoient l’art au-delà des exigences professionnelles et plus) — l’espérance de vie augmentant, la cible du troisième âge et sociales dont l’idée sous-jacente est la suivante : on ne se s’est scindée en deux. L’idée de « relève » se trouve donc mutée par sent pas à la retraite lorsqu’on pratique l’art : « L’art c’est la la postmodernité ou le « transhumanisme » comme avance Yves seule façon de donner du sens à ma vie »; « Le manque d’art M. Larocque à la page 4. Tout relève maintenant d’une question étouffe ce que vous avez en-dedans »; « Être un artiste c’est de santé individuelle (à tous les niveaux) et ce, simultanément, trop intéressant pour le mettre de côté. » (Traduction libre) synchroniquement et à tous les échelons de la société. Ce n’est plus une question de vitalité intergénérationnelle, c’est-à-dire des jeunes Lors d’une entrevue dans le cadre de sa rétrospective à la qui remplacent des vieux, mais plutôt l’imbrication des générations New York Studio School, le peintre américain George McNeil pour bâtir un monde meilleur. Le vent technologique souffle fort et parle ainsi de la création : « La vitalité est considérée plus remue la vague démographique. ou moins synonyme de jeunesse. Ce ne devrait pas être ainsi parce que la plupart du temps la création est motivée par nos émotions, et cela ne change pas avec l’âge. »3 Dans les contes, mythes et traditions populaires de nombreuses cultures, le troisième âge présente le danger du déclin et de la misère, soit de se sentir comme étant un poids social. Par contre, c’est aussi s’exprimer librement, n’avoir rien à perdre, être l’occasion et l’apanage de la sagesse et de l’honnêteté, des qualités si valorisées par une société axée sur la survie.
Le peintre Jean-François Provost faisant la critique finale dans une cours de peinture à l’École d’art d’Ottawa (2014). Tous les étudiants sont âgés entre 45 et 60 ans et exercent une profession; ils deviendront artistes à plein temps durant la retraite, comme Robert Gougeon au fond en t-shirt blanc.
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Dans ces traditions la personne âgée devient le chaman, la personne ayant le pouvoir de créer et de transformer son environnement. Ces personnes sont reconnues comme étant parmi les plus puissantes et valorisées parce qu’elles posent les défis justes et nécessaires à la plus jeune relève. BRAVO se trouve devant l’occasion d’accueillir cette « ré/génération» parmi ses membres potentiels et accueille l’imbrication des relèves. 2. http://www.hillstrategies.com/sites/default/files/Senior_Artists_short_report.pdf 3. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2695166/
PORTRAIT
Robert Gougeon Robert B. Gougeon (1953-) élabore sa série intitulée Paysage urbain depuis janvier 2015. Au cours de l’année, plusieurs sous-séries reliées mais distinctes sont apparues. Elles continueront d’évoluer en 2016 et quelque 50 tableaux influent maintenant sur son orientation unique. La dernière série démarque un changement important où l’essentiel se dévoile en toute simplicité et gagne en intensité. La matière parle davantage et la lumière est plus présente. Tout en s’appropriant la ville de béton, de verre et d’acier, souvent stérile mais toujours vivante, il la défie. L’aide d’une spatule et du gel il crée des traits à la texture audacieuse et variée; grâce à l’acrylique il révèle des couleurs vives et voilées, chaudes et froides, lumineuses et sombres. Robert Gougeon force l’interaction et raconte maintes histoires par le biais de l’expressionnisme abstrait nuancé par le hard edge. Son style contemporain se traduit par une énergie dynamique dans un espace où un chaos ordonné définit et façonne l’expérience humaine et où les connexions rendent pertinente sa vision positive.
Robert Gougeon, Cité de la corrida (2015), acrylique sur toile, 36 x 48 pouces.
Vous êtes maintenant retraité. Que faisiez-vous auparavant? J’ai pris ma retraite à 55 ans, après avoir travaillé 33 ans pour la fonction publique fédérale, dans le secteur des affaires autochtones et des ressources naturelles. Où avez-vous travaillé et pour combien d’années? Je me gardais intéressé et intéressant en changeant de poste presque tous les deux ans. J’ai travaillé 12 ans aux Affaires autochtones et du Nord; dix ans à Parcs Canada; neuf ans aux Ressources naturelles; un an à Pêches et Océans et un an aux Affaires extérieures. Dans quel domaine avez-vous étudié? J’ai une maîtrise en géographie de l’Université d’Ottawa et un baccalauréat avec spécialisation en administration publique de l’Université Carleton. Pourquoi faites-vous aujourd’hui de la peinture? Des sondages d’aptitude en milieu de carrière m’ont confirmé que j’étais beaucoup plus orienté vers les arts que vers le fonctionnariat. On m’a encouragé à explorer le côté « arts » et j’ai commencé à suivre des cours et à participer à des ateliers. Depuis, la nécessité de peindre était toujours là et s’est accrue.
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Robert Gougeon, Cité en vol (2015), acrylique sur toile, 36 x 48 pouces.
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Aimez-vous ce que vous faites? Aimer n’est pas le bon mot. Je me libère et je m’épuise lorsque je peins. Pourquoi n’avez-vous pas choisi la peinture lorsque vous étiez plus jeune, bref une carrière de peintre? J’ai réussi avant tout avec ma carrière à m’échapper de la pauvreté. Pourtant mon orientation artistique suggérait une carrière différente. Je passais des heures à dessiner, surtout des villes futuristes, et je faisais de longues visites à l’ancienne « Galerie nationale ». Je m’y rendais souvent sans payer, et seul en tramway alors que je n’avais pas encore 10 ans.
Robert Gougeon, Matière grise (2015), acrylique sur toile, 36 x 48 pouces.
Le souvenir le plus fort de votre enfance? Je bâtissais seul des cités de sable sur une plage près d’Ottawa. Tout en me perdant dans mon imagination je m’évadais de ma réalité dure, d’un père défunt, de la pauvreté et des ruelles des années 19501960 d’un quartier devenu le Chinatown. Ma série courante des cités constitue un retour à la plage protectrice et chaude de mon enfance. Quel est l’objet dont vous ne pourriez pas vous passer? Les objets m’intéressent peu, mais la sécurité et le confort dont j’ai manqué pendant mon enfance influencent trop mes choix. Qu’est-ce que vous n’aimez pas du monde des arts? Il y a toujours un combat entre la pureté de la créativité et de la qualité, et la vente dictée en grande partie par la volatilité de l’économie, le « beau » connu et la recherche du « jeune et cool ». Quel est votre objectif professionnel quant à votre pratique des arts? Je veux laisser une marque positive, une signature Gougeon. C’est une ambition un peu prétentieuse qui justifie un parcours audacieux et qui se heurte à plusieurs obstacles, y compris ceux que je continue à créer moi-même.
Robert Gougeon, Ponts jaunes (2015), acrylique sur toile, 36 x 48 pouces.
Robert Gougeon, Synapse (2015), acrylique sur toile, 36 x 48 pouces.
Quel est le meilleur conseil qu’on vous a donné? Un conseil qui m’a été donné tout récemment : « accepter la critique bien sentie (négative ou positive) comme un grand compliment ». Que fais-tu pour la mise en marché (marketing) de tes œuvres? D’abord adhérer à BRAVO qui m’a toujours soutenu et à tous les niveaux. Le marketing a été sporadique (Facebook, LinkedIn, le site Web de BRAVO, des cartes d’affaires). Je me fiais aussi à celui lié à quelques expositions solo et en groupe. L’autre jour, je me suis rendu à New York comme participant à un voyage étudiant. J’ai vécu la bohème en montrant mes œuvres aux galeries de Chelsea et de la Lower East Side. Ce que j’ai appris! Je suis de plus en plus dans le jus avec un site Web à jour, Instagram, et la participation à des expositions et des foires visant un plus grand public. Je me suis aussi procuré un mini iPad pour montrer facilement mes images organisées et un iPhone pour prendre de meilleures photos et pouvoir intégrer l’application Square aux fins de transactions sur carte de crédit. J’ai fait une demande auprès du Conseil des arts de l’Ontario afin d’appuyer un projet qui aurait beaucoup de visibilité. Je dois réaliser un plan d’affaires bien pensé qui englobera de façon stratégique des éléments de marketing de pointe.
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Être un jeune artiste sans être un artiste jeune Raymond Aubin
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uand Gilles Vigneault entend parler de la relève, il demande à la blague, qui vient de tomber? La relève, c’est pourtant bien le remplacement d’une génération par une autre. Alors, un artiste qui, comme moi, devient professionnel à 60 ans peut-il prétendre faire partie de la relève? Est-ce que je peux être un jeune artiste sans pour autant être un artiste jeune?
pourtant simple : aborder la situation avec humilité. Je me suis demandé ce que je pouvais apprendre de mes jeunes collègues. Cela a été de deux ordres. Comme la plupart étaient déjà diplômés en arts du cégep, ils possédaient des connaissances pratiques à des annéeslumière des miennes. Je n’ai éprouvé aucune gêne à leur demander de l’aide et des conseils. Sur un plan plus général, ils étaient des représentants parfaits de la génération Y. Moi, le babyboumeur, je me donnais ainsi accès, à travers leurs yeux, à tout un pan du vécu d’aujourd’hui. De mon côté, qu’est-ce que je leur apportais? Je pense avoir fourni une capacité d’analyse et un sens critique que seule permet la longueur de temps. Je conserve jusqu’à ce jour des relations chaleureuses avec plusieurs d’entre eux. Alors, le fossé des générations? À d’autres!
Des racines. J’ai commencé à pratiquer la photographie dès l’adolescence. Je ne prenais pas de photos souvenirs, je me livrais à la photographie « artistique ». À l’âge de 16 ans, j’ai monté une exposition de mes propres tirages. Dans la jeune vingtaine, j’ai remporté quelques prix notables. J’ai continué ainsi L’art, la philosophie et la société. Mon programme comportait des cours d’histoire de l’art ainsi que jusqu’à l’âge de 45 ans, moment où j’ai fait deux découvertes des cours de théorie philosophique et sociologique de taille. Je me suis joint à un club de photo où j’ai constaté que appliquée à l’art. Se situer dans l’histoire de l’art est un j’en avais encore beaucoup à apgeste obligé pour tout prendre. J’ai aussi fréquenté des artiste professionnel. peintres et des sculpteurs qui Une formation dans m’ont ouvert les yeux sur le fait ce domaine permet de que l’art constitue d’abord un comprendre les grands langage : la photographie, surtout courants, les révolutions amateur, se voit tellement peu qui les entrecoupent, comme porteuse d’un langage. les marginaux dont Cette découverte m’a incité à aller l’impact se fait sentir voir plus loin. Je me suis inscrit au des décennies plus tard certificat en arts visuels, que j’ai et les débats récurrents fait suivre par le baccalauréat. J’ai au fil du temps. L’étude obtenu mon diplôme après onze Raymond Aubin, Au jour le jour, 2016, 48 x 33 cm, jet d’encre sur papier de la philosophie et ans d’études à temps partiel. de la sociologie met à mal l’idée répandue d’un art détaché du monde réel. L’autodidaxie. Je ne voulais pas être un autodidacte, situation Le dernier philosophe auquel je m’étais intéressé est que je jugeais réductrice. Je souhaitais voir mon apprentissage Jean-Paul Sartre. Je ne connaissais pas les penseurs du sanctionné par un établissement d’enseignement et surtout postmodernisme — je n’avais même jamais entendu m’instruire auprès des meilleurs. Bien m’en prit! Je suis arrivé le terme! Quelle découverte et quel choc! J’ai bien à l’université avec la photographie pour seul bagage. Mon compris que tout artiste aujourd’hui doit être en mesure programme exigeait que j’apprenne le dessin, la peinture, la d’articuler un discours théorique et sociétal en plus d’un sculpture, la vidéo, l’art numérique, la sérigraphie, et j’en passe. discours esthétique. Je continue à lire beaucoup sur la J’ai été littéralement projeté hors de ma zone de confort. J’étais société actuelle. terrorisé par la perspective des cours de dessin. Je portais en moi ce préjugé répandu qui veut que sa maîtrise exige La recherche. J’ai travaillé toute ma vie en rechercheune disposition naturelle. Faux! N’importe qui peut devenir développement. Aujourd’hui, le monde de l’art parle minimalement habile en dessin à force d’apprentissage et de recherche-création. Il doit y avoir un lien, non? d’exercice. Et c’est vrai pour n’importe quel autre domaine. L’innovation formait le cœur de ma vie professionnelle J’ai aussi compris qu’il existe une grande perméabilité entre antérieure. J’y ai conçu et mené des projets qui les disciplines : toutes ont modifié et enrichi ma pratique. s’étalaient sur plusieurs années. Aujourd’hui encore, je L’interdisciplinarité est devenue essentielle à ma recherche préfère me lancer dans des projets artistiques à long esthétique — mais pas la multidisciplinarité. terme aux ramifications multiples. Mon passage en Le fossé des générations. Comment vivre le fait de me retrouver haute technologie me donne des outils pour aborder l’art numérique. Même la planification markéting me côte à côte avec des étudiants de 30 ans mes cadets? Cette sert! Bref, un transfert étonnamment riche s’opère entre petite inquiétude m’habitait au début. La réponse s’est avérée suite Aubin p. 15
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Énoncé de réinvention de la « relève grise » Doris Lamontagne
http://dorislamontagne.blogspot.ca/
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a « relève » de BRAVO n’est pas un groupe de remplacement tel que précisé dans la définition du dictionnaire Larousse1. Elle fait plutôt référence aux personnes qui, vers la quarantaine ou la cinquantaine et au seuil de la retraite, se tournent vers les arts comme activité de la vie. Pour la plupart de ces personnes, ces aventures artistiques demeurent des exercices de loisir, soit une façon de passer le temps et de maintenir une vie sociale. Ces activités sont une manière de se tenir occupé et de préserver une santé mentale vigoureuse durant cette nouvelle étape de la vie. Néanmoins, pour certaines personnes, c’est la dernière chance de laisser leur marque tout en comblant ce désir de création souvent refoulé au cours de leur longue carrière. Ces nouveaux retraités se réinventent donc en poursuivant une carrière en arts visuels. Grâce à leur talent et à force de ténacité, elles réussissent à se tailler une place dans ce milieu qui s’avère très concurrentiel.
d’éventuelles contributions créatives : la formation, les ressources, la reconnaissance, l’espoir, les opportunités, les attentes et les récompenses. S’improviser artiste en arts visuels peut rarement suffire. Les personnes qui envisagent sérieusement entreprendre une deuxième carrière en arts visuels se voient forcées à acquérir une formation de base si elles ne la possèdent pas déjà. Elles s’en tiennent souvent à suivre des cours auprès d’un maître et vont même jusqu’à obtenir un diplôme d’études collégiales ou universitaires en arts visuels. Pour les personnes qui ont poursuivi une carrière dans un milieu connexe de la « visualité », elles affûtent leurs connaissances en participant à des ateliers, question de rafraîchir leur technique et de se recycler. Joindre les associations d’artistes et devenir membre des galeries leur permet de rester au courant des activités et des opportunités offertes, tout en les invitant à une participation plus soutenue. Par ailleurs, fréquenter les milieux artistiques facilite la transition de carrière.
La disponibilité des ressources Une carrière en arts telles que les lieux d’enseignement visuels est axée sur et la proximité des boutiques de l’image, engendrée matériel d’artiste est importante. par la prédisposition à Avoir les moyens, non seulement visuellement percevoir, de se payer une formation mais comprendre, traduire, aussi d’investir dans le matériel exprimer des idées par pour pratiquer son art, est nécesla forme et non pas par saire. Non seulement, la pratique le texte. L’expression des arts visuels nécessite du temps visuelle implique la saisie et de l’argent mais encore, énorde l’ensemble jusqu’au mément de persévérance car les particulier, et une aptitude nouveaux artistes ne sont pas reà exprimer en une seule connus instantanément. œuvre de l’information ou Cette « relève grise » ne s’investit des émotions ressenties : pas sans raison dans une deuxième de là l’expression « une Doris Lamontagne, Marée noire (2014), tirage de 1/3, 75 cm x 75 cm (29.5’’ x 29.5’’), carrière. Ses attentes, par exemple impression archive au jet d’encre sur papier musée. image vaut (parfois) celle d’avoir la possibilité de dix mille mots »2. laisser sa marque tout en augmentant ses revenus pour la Qu’il s’agisse, entre autres, de peinture, de sculpture, retraite, sont souvent palpables. Mais il faut de la patience et d’artisanat, de cinéma, de vidéo, de graphisme ou d’art s’embarquer dans cette nouvelle aventure à son étape initiale. numérique, toutes ces potentialités ouvrent les portes à Au début, un talent est souvent découvert et encouragé par l’exercice d’une profession consacrée à la « visualité »3. un professeur; puis vient l’appui de la famille et des amis, et Un nombre de nouveaux retraités, libérés du joug du 9 à suite Lamontagne p. 15 5, se lancent dans une carrière artistique pour finalement en arriver à exploiter leur créativité. Le psychologue Mihaly Csikszentmihalyi, dans le cadre de ses recherches sur la créativité, affirme « … [qu’un] accomplissement véritablement créatif n’est presque jamais le résultat d’une vision soudaine, une ampoule clignotante dans le noir, mais vient après des années de travail acharné. »4 Par ailleurs, il énumère sept principaux éléments du milieu social qui permettent d’apporter
1- Selon Larousse : La relève est l’action de relever, de remplacer un groupe, une troupe par un autre dans une action : La relève des générations. | Équipe, troupe qui assure ce remplacement. 2- Jill H. Larkin, Herbert A. Simon, « Why a Diagram Is (Sometimes) Worth Ten Thousand Words», Cognitive Science, vol. 11, numéro 1, janvier-mars 1987. 3- Luisa Ruiz Moreno, « De la visualité », Actes sémiotiques, numéro 111, 2008. http://epublications.unilim.fr/revues/as/1649 4- Mihaly Csikszentmihalyi, La créativité : psychologie de la découverte et de l’invention; tr. Claude-Christine Farny. Paris, Robert Laffont, 2006.
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les voyages, ça me donne l’occasion de rester plus longtemps et de pouvoir profiter du pays. Mais auparavant je faisais quand même tout ça, je travaillais environ 60 à 70 heures par semaine en laboratoire et en enseignement, et je peignais les weekends.
Biochimiste et artiste
Une conversation entre Michelle Letarte et Chantal Leblanc (BRAVO-Sud)
Extrait d’un entretien avec Michelle Letarte le 26 février 2016 dans son bureau chez SickKids (The Hospit a l f o r S i c k C h i l d r e n ) à To r o n t o .
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’ai eu un coup de cœur en rencontrant cette femme extraordinaire, originaire de Québec et fière de son héritage francophone, pour une raison bien simple : elle ressemble à ses tableaux! Elle est franche, colorée, texturée et aussi vivante et dynamique que ses coups de pinceau! Durant toute sa vie, Michelle a mené de front ses deux grandes passions : la science et l’art. Diplômée de l’Université Laval en biochimie, elle obtient ensuite son doctorat dans la même discipline à l’Université d’Ottawa, et termine des études postdoctorales à l’université d’Oxford en Angleterre. Michelle s’établit à Toronto en 1975, et son premier poste est celui de chercheuse à l’hôpital Princess Margaret. Cinq ans plus tard, elle devient scientifique sénior à l’hôpital SickKids, où elle mènera un laboratoire de recherche en immunologie. Elle commence aussi sa carrière d’enseignement à titre de professeure d’immunologie à l’Université de Toronto. Sitôt installée, elle entreprend conjointement à sa carrière une formation artistique à temps partiel à l’Ontario College of Art and Design (OCAD). Elle aborde la céramique, la chimie des glaçures, le verre, les textiles pour terminer avec la sculpture. Ce cheminement, qui dure 22 ans, l’amène vers la peinture en 1991. En vue de parfaire et diversifier sa technique, elle participe alors à des ateliers auprès d’artistes dont le travail l’intéresse. Elle suit aussi des cours au Fleming College de Haliburton et à la Toronto School of Art (TSA). En 2003, elle participe à une première exposition de groupe à la galerie Praxis sur la rue Queen à Toronto. Depuis lors, presque chaque année, elle montre ses œuvres. Son inspiration? La Turquie, le Mali, le Sénégal, le Maroc, le Malte, l’Arizona, le Japon, l’Amérique du Sud... Lorsqu’elle prolonge ses déplacements professionnels, elle se libère de sa blouse de scientifique, prend son chevalet, ses couleurs, ses pinceaux et son appareil-photo pour s’évader dans le monde artistique afin d’imprégner ses toiles des paysages et des expériences qui s’offrent à ses yeux. Une belle découverte!
Chantal : Tu es officiellement à la retraite depuis deux ans. Michelle : Oui, à la retraite officiellement, donc aucun salaire : je fais du bénévolat. Je travaille trois jours par semaine à organiser des cours à l’étranger, je donne des cours d’immunologie aux quatre coins de l’Afrique et de l’Amérique latine. Depuis dix ans, je dirige le comité d’Éducation pour un organisme qui s’appelle l’Union Internationale des Sociétés d’Immunologie. J’adore travailler à l’étranger. Comme j’adore
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Chantal : Dirais-tu que ta recherche scientifique a une influence sur ton travail artistique? Michelle : Oui, d’une certaine façon. Inconsciemment, probablement. L’abstrait est très normal pour moi, car la science est abstraite. Je crois que notre formation influence, que l’on veuille ou non, la façon dont on prend nos décisions. Mais en général, je ne mélange pas les deux. Je dirais cependant que la méthodologie scientifique m’aide dans mon travail artistique, à être organisée et à faire dix toiles en même temps. Chantal : Maintenant que ton horaire s’est allégé et que tu ne diriges plus de recherches en laboratoire, tu te vois devenir peintre à temps plein? Michelle : Oui, j’aurai plus de temps, et pour moi, c’est impossible de n’être satisfaite qu’avec la peinture. Je suis éducatrice de profession et j’aime beaucoup l’enseignement. Je ne pourrais jamais arrêter de transmettre mes connaissances, c’est en moi. Maintenant, je suis aussi beaucoup plus impliquée à la galerie Propeller. J’y consacre quelques heures par semaine et je suis maintenant directrice du membrariat. Je veux me familiariser avec le travail de commissariat. Je veux tout de même prendre deux ou trois jours par semaine pour me consacrer à mes œuvres. Chantal : Tu as eu récemment une exposition en montre à Propeller? Michelle : Oui, c’est un travail que j’ai commencé en septembre. C’est inspiré d’une épave, la goélette l’Accalmie, échouée sur la rive à Baie-Saint-Paul. J’ai découvert cette épave un matin, au lever du soleil, et j’ai été éprise de ce vaisseau. J’y suis retournée et j’y ai recueilli des objets rouillés. J’ai utilisé une technique que j’ai apprise l’an dernier pour transférer la trace des objets rouillés sur du tissu. J’ai travaillé autour de ces traces avec une technique de glacis et de transparence à l’acrylique pour donner l’impression des fonds marins. Les œuvres sont toutes de grandeurs différentes et installées un peu partout sur le mur comme des objets trouvés au fond de l’eau. Il y a aussi d’autres œuvres faites avec les techniques de shibori et d’indigo, qui elles aussi ont un aspect aquatique. Elles ressemblent beaucoup à du plancton et des algues. Allez rencontrer Michelle Letarte et visionnez sa galerie d’œuvres sur son site Web à michelleletarte.ca
PROGRAMMATION
Les activités dites de « fonctionnement » N.D.L.R. Étant donné de la longueur du dossier de ce numéro, BRAVO ne s’en tient qu’à l’essentiel des points qui suivent.
Les avantages BRAVO Lire la deuxième de couverture.
Communications interrégionales
Les communications sont la clé de voûte de BRAVO; c’est ce qui la différencie de CARFAC et de l’AGAVF qui, elles, la voient dans le lobbying. Ces associations excellent dans leur travail comme BRAVO excelle dans le sien en rassemblant tous les artistes et artisans francophones de l’Ontario par ses projets concrets et ses outils de communications, dont ce bulletin (que vous tenez entre vos mains), le site Web et nos rencontres physiques. Il va sans dire que l’appui aux bureaux régionaux par le bureau provincial demeure la grande composante des communications, c’est-à-dire les communications interrégionales. Que d’heures par téléphone et par courriel pour assurer le bien-être des quatre bureaux régionaux, si distincts les un des autres. Savez-vous que BRAVO lit ou répond à près de 15 000 courriels par année? Remercions nos représentants régionaux pour leur travail assidu de représentation. Pourquoi pas les aider?
bravoart.org et babill’ART BRAVO
Pour ce qui est du bulletin de liaison bravoart.org, les coûts de production et d’envoi ne font qu’augmenter. Il se pourrait fort bien qu’une journée vous le receviez en format PDF. Les coûts d’impression et d’envoi, les frais de fourniture et les frais postaux augmentent beaucoup, alors que les budgets de BRAVO sont demeurés les mêmes depuis près de huit années. Quant à babill’ART BRAVO que vous recevez aux 16 jours, le courriel vous met au faîte des toutes dernières nouvelles, des postes ouverts, des expositions des membres, des activités de promotion, etc. À lire absolument.
Le site de BRAVO et votre microblogue
Comme Robert Gougeon nous l’indique (p. 9), être artiste aujourd’hui, c’est d’être visible sur Internet. Or, en étant membre de BRAVO, vous avez accès à un microblogue pour présenter au monde ce que vous faites. BRAVO sait pertinemment que de nombreuses institutions sont toujours à la recherche d’artistes pour éduquer, montrer, partager, etc. et le premier lieu de recherche demeure Internet. Pour la plupart d’entre vous, vous n’avez simplement pas le temps de tout mettre en ligne. Afin de vous aider dans votre tâche de visibilité et de proUne rencontre BRAVO-Est au Musée des beauxarts du Canada en février 2016
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motion, BRAVO a développé un partenariat avec la firme Inter-vision pour mettre vos œuvres sur le Web. Pour la modique somme de 50 $ CAN, un technicien de la boîte de communication montera votre présence sur le site de BRAVO et, en quelques jours, vous êtes visibles au monde entier. Si cela vous intéresse, veuillez nous envoyer un courriel (dg.bravo@sympatico.ca). BRAVO vous enverra le gabarit à suivre.
Projet Vasari XIV Faire carrière dans les arts I En février 2016, BRAVO a mis sur son site la toute première des cinq vignettes filmiques conçues spécialement pour les étudiants universitaires, collégiaux et aux beauxarts. BRAVO a invité Mme Lise Goulet, exfonctionnaire au ministère de l’Éducation de l’Ontario à parler de cette profession qui peut s’offrir à la jeune relève. La problématique est la suivante : les carrières qu’offre le domaine des arts et ce qu’elles impliquent : le galeriste, le travailleur autonome, le fonctionnaire, le directeur général d’une association, et l’artiste qui siège à un conseil d’administration.
Projet Vasari XV Faire carrière dans les arts II
La problématique demeure mais avec trois conférenciers : M. Andrew Gibbs, commissairepriseur de la maison Heffel; Mme MarieCatherine Cyr, restauratrice d’oeuvres d’art au Musée des beaux-arts du Canada et Mylène Pichée, art-thérapeutre. Un beau programme en perspective.
Exposition Penta | Deca | Gone
Les activités dites de « projet » NOUVEAU! La Planification stratégique de BRAVO 2016-2023 Vous avez reçu récemment un courriel avec le lien vers un sondage dans le cadre de la nouvelle planification stratégique de BRAVO. Lors de la rencontre des membres de décembre dernier (plus d’une vingtaine de personnes), que de discussions pour aboutir à la mission et aux valeurs suivantes : « Le Bureau des regroupements des artistes visuels (BRAVO est un organisme sans but lucratif au service des artistes professionnels de l’Ontario francophone, qui voit à leur développement ainsi qu’à la défense de leurs intérêts collectifs ». Valeurs : engagement, professionalisme, ouverture et innovation. Au mois de mai, votre conseil d’administration se rencontrera pour clore le travail présentement en cours auprès de la firme Axion.
Une exposition en art numérique de cinq artistes de BRAVO jumelés à cinq artistes issus des communautés des nouveaux arrivants d’Afrique, aujourd’hui membres de BRAVO. Le projet consiste en un projet léger en art visuel contemporain. Cinq idées (penta), dix visions (deca) et une grande œuvre (le Gone). Une exposition sur les valeurs et les droits tels qu’on les conçoit en Ontario et en Afrique francophone. Les oeuvres presque toutes terminées reflètent bien l’art actuel. BRAVO est présentement à la recherche de nombreux lieux pour montrer l’exposition.
Exposition S’affranchir! Art postal au 21e siècle
S’Affranchir! ART POSTAL au XXIe siècle est un projet d’exposition collectif, itinérant et participatif créé par BRAVO-Sud, un bureau régional du Bureau des regroupements des artistes visuels de l’Ontario (BRAVO). Vingt-quatre œuvres de différents artistes des quatre bureaux régionaux de BRAVO (BRAVO-Nord, Centre, Est et Sud) sont présentées dans le cadre de cette exposition, ce qui permet, par la même occasion, de souligner le 24e anniversaire de la fondation de BRAVO, organisme de service aux arts en Ontario francophone. La tournée provinciale a débuté le 9 avril 2015 au Musée de Timmins (du 9 au 23 avril) et se termine en décembre 2016 à North Bay, mais pourrait être prolongée qu’au début 2017. Prochaine montre : mai et juin 2016 au Centre d’art de Téminkamingue de Haileybury.
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Komi Seshie, détail d’une image provenant de son oeuvre vidéographique intitulée Dagbénéva (2016) dans le cadre de l’exposition prochaine de BRAVO Penta | Déca | Gone.
Exposition de la relève francophone de l’Ontario Après un recensement fructueux de la relève francophone en arts visuels, arts médiatiques et métiers d’art, un appel à projets a été lancé aux 40 artistes identifiés, tous émergents sur la scène artistique contemporaine. Parmi les projets soumis, la commissaire Salomé Viguier est actuellement en train de sélectionner ceux qui composeront l’exposition des artistes de la relève afin de présenter le projet dans plusieurs lieux de programmation à travers la province.
Exposition au Festival franco-ontarien 2016 Plus de 20 000 personnes déambulent devant l’exposition BRAVO lors du festival Franco 2015 (Ottawa) dont nombreuses centaines se renseignent. Excellente visibilité! Si vous êtes intéressés à participer à l’édition 2016 du Festival franco-ontarien à Ottawa, veuillez contacter Luce Marquis à luce_marquis@ hotmail.com
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finalement, la reconnaissance par la communauté artistique. Tous ces éléments servent à catalyser et à donner l’espoir d’être enfin reconnu et de vendre ses œuvres. Tous soutiennent la poursuite de cette carrière réinventée. Par contre, pour réussir, il faut s’enquérir des possibilités d’exposition, monter des dossiers, répondre aux appels aux artistes et souvent s’affilier aux galeries d’artistes autogérées, aux galeries professionnelles ou aux centres d’artistes. L’effort quotidien est exigé, et aussi de la discipline et de la volonté, la confiance en soi et surtout en son art, renforcée par un optimisme inébranlable, voilà la force de cette relève grise, car les refus sont plus nombreux que les acceptations. Il existe aussi, pour se faire un nom dans le milieu, plusieurs autres endroits où l’on peut exposer ses œuvres : les restaurants, les commerces, les foires artistiques et les galeries municipales. Joindre les regroupements d’artistes qui organisent des tournées de studios et invitent les gens à les visiter peut amener quelques ventes. Malgré tous ces efforts les gains ne sont pas toujours évidents et assurés, mais il faut persister. L’ultime récompense : être invité à participer à une exposition de groupe. Encore mieux : avoir le privilège de montrer ses œuvres en solo dans une galerie reconnue pour la qualité de sa programmation. Être affilié à une galerie reconnue ou être représenté par celle-ci, pour finalement vendre ses œuvres est un signe de réussite. Par contre, ce succès est souvent précaire car le monde des arts est capricieux et l’appétence des collectionneurs bien changeante. Finalement, un dernier mot : ma carrière m’a permis d’explorer plusieurs manifestations de la « visualité ». En commençant par les beaux-arts et la photographie artistique, pour ensuite toucher la conception de publicité et l’illustration éducationnelle, j’en suis arrivée au design d’interaction visuelle. Ma recherche dans cette dernière métamorphose de la visualité m’a valu des brevets d’invention. Pendant toutes ces années de carrière, j’ai vécu une multitude « relèves » ou, tout simplement j’ai eu la chance de saisir différentes opportunités de renouvellement. Aujourd’hui, je me consacre presqu’entièrement à l’art numérique et à la photographie artistique, et je continue d’explorer et d’être inspirée par la richesse des expériences offertes par le monde des arts visuels. J’enseigne, je m’adonne au mentorat et je m’implique généreusement dans les milieux artistiques. Après tout, rien n’est plus valorisant que d’être témoin de la naissance de nouveaux talents, jeunes ou au seuil de la retraite. suite de Aubin, p. 10
mon monde d’avant et ma pratique artistique actuelle. Les sous. Connaissant les tarifs qui ont cours en industrie quant à la formation professionnelle, je trouvais que les frais de scolarité exigés pour 45 heures de cours données par un professeur bardé de diplômes représentaient une véritable aubaine. Je ne part-
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suite DOSSIER ageais évidemment pas ces pensées secrètes autour de moi... J’ai le privilège de retirer une rente de retraite, ce qui m’évite d’avoir à exercer un emploi alimentaire comme tant d’autres artistes. Comme ma pratique est expérimentale plutôt que commerciale, je me contente de faire mes frais — jusqu’au jour où les musées mondiaux se bousculeront à ma porte pour s’arracher mes œuvres… L’âgisme. Suis-je victime d’âgisme? Je ne le crois pas, du moins, pas de façon systémique. Je m’illusionne peut-être. Jamais je ne fais référence à mon âge. Je me présente comme n’importe quel autre artiste. L’évidence suivante n’en demeure pas moins: il n’existe plus assez de temps devant moi pour bâtir une très longue carrière. Alors, aux yeux de tout ce pan du monde de l’art qui s’intéresse à l’investissement (financier, mais aussi historique), comment pourrais-je être vu comme un artiste « prometteur »? Qu’à cela ne tienne, je poursuis avec passion ma recherche du sens : un artiste ne prend jamais sa retraite. Et alors? Je reviens à ma question de départ. Suis-je un jeune artiste? Indéniablement. Je mène depuis huit ans une carrière d’artiste au même titre que n’importe quel autre confrère de ma promotion. J’ai exposé mon travail de création dans divers contextes professionnels et j’ai obtenu des reconnaissances. J’ai reçu une bourse de la relève du Conseil des arts et des lettres du Québec et j’ai été finaliste pour le prix de la relève des Culturiades en Outaouais. Je ne suis pas un artiste jeune, bien évidemment. Je ne le suis pas du fait de l’âge, mais aussi d’une façon plus subtile. Même si je peux, à force d’observations, d’échanges et de lectures, comprendre jusqu’à un certain point les préoccupations des plus jeunes, je ne peux pas en endosser les habits. Je demeure au plus profond un babyboumeur, donc un moderne. Je n’adhère pas spontanément au postmodernisme de la génération X, troublé que je demeure par son pessimisme et son relativisme fondamentaux. À vrai dire, je me trouve plus d’atomes crochus avec les hypermodernes de la génération Y. Un artiste a très peu de prise sur la réception de son œuvre. Alors, je me concentre sur ce qui reste en mon pouvoir : faire ce en quoi je crois profondément, élargir sans cesse mes horizons et travailler assidument. À l’arrière-plan par Komi Seshie, détail d’une image provenant de son oeuvre vidéographique intitulée Dagbénéva (2016) dans le cadre de l’exposition prochaine de BRAVO Penta | Déca | Gone.
NOS MEMBRES Bienvenue aux nouveaux membres : Anik Després et Guy-Len Skarabis. Merci à tous les membres qui ont renouvelé elur adhésion.
Participation et désolation Sylvia Antinozzi, Haute couture (2016), détail, média mixtes sur toile, 40 x 30 pouces
Sylvia Antinozzi (BRAVO-Centre) est nommée Présidente honoraire de la 53e édition du Carnaval des Compagnons (2016).
Exposition rétrospective de Sylvia Antinozzi (BRAVO-Centre) intitulée Efflorescence du 22 juillet au 30 septembre 2016 à la W.K.P. Kennedy Gallery de North Bay (150 rue Main est). Le vernissage aura lieu le vendredi 22 juillet 2016 de 17 h à 21 h; performance prévue à 19 h. Robert Gougeon (BRAVO-est) dans Spring by Colour, du 24 mars au 19 avril 2016, Arta Gallery, 14 Distillery Lane, Toronto, (ON). S’affranchir! Art postal au 21e siècle, Galerie d’art du Témiskaming, Haileybury (ON), du 2 mai au 24 juin 2016, vernissage le 15 mai à 13 h. Exposition Au-delà du paysage de Jacques Descoteaux (BRAVO-Sud) à la galerie Propeller (30, rue Abell, Toronto) du 6 au 24 avril 2016. Le vernissage aura lieu le jeudi 7 avril à 18 h 30 > www.proplellerctr. com et jdcoto.com ou jdcoto950@ gmail.com Le 18 mars dernier, Isabelle Jacques Descoteaux, Sundown / Coucher (2016) Regout (BRAVO-Est) dévoile son huile sur toile, 24 x 36 pouces quadriptyque, une grande œuvre d’art public au Pavillon La Vérendrye de Gatineau.
Centre d'artistes Voix Visuelle
81, avenue Beechwood, Ottawa | www.voixvisuelle.ca
Le 26 novembre 2015, BRAVO-Est convoqua ses membres chez Dominique Sokolowski à sa Galerie Alpha afin de participer à une stimulante conférence en ligne initulée Vers un changement de goût vers la modernité avec la professeure Édith-Anne Pageot à Montréal. Le 18 février 2016, les membres pouvaient déambuler ensemble parmi les œuvres contemporaines au Musée des Beaux-Arts et en profiter pour partager librement leurs opinions. Et c’est toujours le même constat. Seule une poignée de membres se pointent le nez. Je sais qu’il est souvent difficile de s’arracher du confort de son foyer, mais j’ai toujours trouvé que l’effort en valait la chandelle. À chacune de ces occasions, à chaque fois que je sors de mon atelier pour profiter des occasions offertes par BRAVO-Est pour aller à la rencontre d’autres artistes, j’apprends, j’ouvre mes horizons, je remets en question ma propre expression artistique et surtout, je me confronte à moi-même. Récemment, la première ministre ontarienne, Kathleen Wynne, vient d’offrir ses excuses aux Franco-ontariens pour le mauvais traitement qu’ils ont subi à cause de l’implantation du Règlement 17 (1912-1927). Plus de cent ans plus tard ... mais il n’est jamais trop tard. C’est une alerte et nous devons continuer à nous battre. Comme artistes visuels, n’oublions pas que BRAVO est le seul organisme provincial qui regroupe les artistes professionnels franco-ontariens. Il ne faut surtout pas le tenir pour acquis. Suzon Demers (membre de BRAVO-Est)
Galerie du Nouvel-Ontario
174, rue Elgin, Sudbury (ON) | info@gn-o.org
Le Centre d’artistes Voix Visuelle (le Centre) est un lieu de diffusion en art actuel établi à Ottawa, qui soutient et fait connaître les pratiques des artistes francophones et francophiles à un plus vaste public.
La Galerie du Nouvel-Ontario est un centre d’artistes autogéré qui réunit les artistes visuels francophones œuvrant en art actuel en Ontario.
Du 9 avril au 10 mai 2016 | Agnès Riverin | vernissage : le jeudi 14 avril à 17 h
Geneviève Thauvette |résidence du 7 au 11 mars | exposition du 11 mars au 16 avril 2016
Du 28 mai au 14 juin 2016 |Génération Visuelle | vernissage : le jeudi 2 juin à 17h
FAAS 5 : ABRICADABRI, le quartier général de la FAAS sera monté dans le terrain de stationnement Elgin/Medina, situé au centre-ville du Grand Sudbury. Du 3 au 7 mai 2016.
Du 12 juin 2016 au 15 juin 2017 | exposition Vanier quartier numérique Le samedi 18 juin 2016 à 21 h | projection Vidéo Maison Gamman Septembre 2016 | Journées de la culture, Maison Gamman | du 10 septembre au 11 octobre 2016 Raymond Aubin | vernissage : le jeudi 15 septembre à 17 h
Jon Sasaki |résidence du 20 au 27 mai | exposition du 27 mai au 30 juin | vernissage le vendredi 27 mai à 17 h Le Labo
http://www.lelabo.ca/
Le Labo est un centre d’artistes francophone autogéré dédié aux arts médiatiques. Post-Tohoku – Michel Huneault |Exposition 5 mai – 12 juin 2016 | 16 bravoart .orgToronto (ON) M5H 3H3 Campbell House Museum 160, rue Queen ouest | en coprésentation avec le Campbell House Museum