Mémoire PFE Entre sol et eau - De la reconversion du port dunkerquois

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Rapport de Projet de Fin d’Études Brice Anssens Justine Dozier Marianne Moulin «Architectures et paysages de l’eau» Domaine “Conception et société” Printemps 2019

ENTRE SOL ET EAU De la reconversion du port dunkerquois



Brice Anssens Justine Dozier Marianne Moulin

Rapport de Projet de Fin d’Études

ENTRE SOL ET EAU De la reconversion du port dunkerquois «Architectures et paysages de l’eau» Domaine “Conception et société”

Printemps 2019



Projet de Fin d’Études soutenu le 2 juillet 2019, à l’École Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Lille

Equipe pédagogique du domaine : Juliette Pommier Enseignante de l’UE et directeur d’études

Annie Tardivon Enseignante de l’UE et directeur d’études

Lilika Troha Enseignante Sciences et techniques du Paysage

Jean-Marie Dillies Enseignant Sciences et techniques de l’Architecture

Luc Guinguet Enseignant Art et Technique de la Représentation

Membres du jury de soutenance : Juliette Pommier Enseignante de l’UE et directeur d’études

Annie Tardivon Enseignante de l’UE et directeur d’études

Denis Delbaere Enseignant à l’ENSAPL

Victoria Pignot Enseignante extérieur

Solenn Guevel Enseignante extérieur

Michel Hoessler Personnalité extérieure

Marc Claramunt Personnalité extérieure



REMERCIEMENTS

En préambule de ce travail, nous tenons tous trois à adresser nos remerciements les plus sincères aux personnes qui nous ont apporté leur aide et qui ont contribué à l’élaboration de ce Projet de Fin d’Études. Nous souhaitons tout d’abord remercier nos directrices d’études Annie Tardivon et Juliette Pommier, enseignantes à l’ENSAPL, pour avoir encadré notre travail, mais aussi toute l’équipe pédagogique du domaine d’études «Conception et Société». Nous remercions également Nathalie Dominique, Benoît Poncelet et tous les acteurs du territoire dunkerquois qui nous ont permis de mieux le comprendre. Nous tenons à remercier Marc-Allan Wery, notre co-équipier étudiant en Master 1, pour son engagement dans le projet et son enthousiasme. Enfin, merci à nos familles et amis pour leur soutien sans faille.





AVANT-PROPOS Le projet Sol/Eau est né de l’articulation entre plusieurs échelles, temporalités et personnes. Le projet vise à mettre en parallèle plusieurs éléments qui peuvent s’enrichir mutuellement. La barre oblique, ou slash en anglais, est un élément qui met en rapport et sépare à la fois. Ce double sens génère des tensions, caractéristiques de notre projet. Cette mise en relation s’est retrouvée dans toutes les dimensions du projet. Dans le processus de conception : Concepteur / Concepteur, Architecte / Paysagiste, Théorie / Pratique ; dans le site : Terre / Mer, Ville / Port, Môle / Darse (emboîtement des échelles de temps et d’espace) ou encore dans le programme : Sec / Humide, Individuel / Collectif, Intérieur / Extérieur, etc.



SOMMAIRE Avant-propos_ Sol/Eau Introduction _ Enjeux du projet

P. 11

TERRE/MER L’échelle du territoire pensée par le commun .De l’évolution du territoire dunkerquois .Relier terre et mer

P. 33

VILLE/PORT L’échelle urbaine et les stratégies de collaboration .Sublimer l’identité portuaire .La temporalité comme stratégie .Les outils de la collaboration

P. 46

MÔLE/DARSE L’échelle des môles 1 et 2 par l’individuel

P. 87

.Le paysage au préalable par Brice Anssens .Le protocole de réhabilitation par Justine Dozier .Le centre aquatique par Marianne Moulin

P. 91

Ouverture Table des matières Bibliographie Annexes

P. 155

P. 15

P. 35 P. 43

P. 49 P. 61 P. 77

P. 113 P. 135

P. 159 P. 160 P. 165


Nous avons choisi de travailler particulièrement sur l’enjeu de la reconversion portuaire, qui est un élément clef de la dynamisation de la ville de Dunkerque. Les deux stratégies adoptées sont la valorisation du patrimoine industrialoportuaire, et la connexion entre le port et la ville

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INTRODUCTION Les enjeux du projet

Au printemps 2019, le domaine d’études

“Conception et société” mené par Juliette Pommier et Annie Tardivon propose de mener à bien un projet qui permet de théoriser les méthodes de conception actuelles, mais surtout d’aborder la conception collaborative entre futurs architectes et paysagistes concepteurs. Cette collaboration, peu souvent effective dans le monde professionnel, pourra se développer grâce à cette première approche dans le cadre scolaire, et notamment, par notre Projet de Fin d’Études. Le sujet de ce semestre est propice à ce travail d’équipe transdisciplinaire, mené grâce à une dynamique de recherche-action. Il s’agit de concevoir un projet lié à l’eau, élément omniprésent et fondateur à Dunkerque. Le travail de diagnostic que nous avons effectué sur place nous a permis de mettre en exergue un enjeu majeur du territoire dunkerquois : la reconversion portuaire. En effet, le port de Dunkerque connaît une délocalisation de ses activités vers l’ouest, notamment dans le cadre du projet CAP20201. Ces mouvements entraînent un phénomène de délaissés urbains : de nombreuses surfaces foncières se trouvent disponibles et portent les traces du passé portuaire de la ville. Ces traces sont l’héritage des habitants du territoire.

1. Le projet C A P 2 0 2 0 porte sur l’augmentation des capacités du port ouest de Dunkerque

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Souvent ignorĂŠ, il nous a semblĂŠ essentiel de mettre ce patrimoine en valeur dans le projet que nous proposons, par le biais notamment de la notion de didactique. Ce patrimoine sera associĂŠ Ă de nouveaux programmes de loisirs et de culture - notamment une base nautique et un centre aquatique - qui viseront Ă dynamiser l’ancienne zone industrialo-portuaire. Ces programmes seront inextricablement liĂŠs Ă l’eau et permettront la dĂŠcouverte du port par les dunkerquois. Le projet s’inscrit dans diffĂŠrentes ĂŠchelles de temps et d’espace. Les temporalitĂŠs diffĂŠrenciĂŠes ont constituĂŠ un fil directeur de notre rĂŠflexion commune. Le terme temporalitĂŠ est dĂŠfini comme “caractère de ce qui est dans le temps, de ce qui 2. DĂŠfinition du Dictionnaire TrĂŠsor de la Langue F r a n ç a i s e informatisĂŠ. RepĂŠrĂŠ Ă http:// stella.atilf.fr/ Dendien/scripts/ tlfiv5/

appartient au tempsâ€?2. Dans le cadre d’un projet dont l’objet d’Êtude est un territoire en pleine mutation, cette notion nous a très vite semblĂŠ primordiale et en adĂŠquation avec nos intentions. Nous choisissons ici de parler de temporalitĂŠs

Plan / Coupe

Plan / Coupe Entretien

Collage

SchĂŠma

RĂŠfĂŠrence Maquette

Diagramme

Conclusion, gĂŠnĂŠralement prospective, faisant suite Ă l'examen analytique d'une situation souvent jugĂŠe critique ou complexe.

But dÊterminÊ d'une action. Ensemble d'actions coordonnÊes, d'opÊrations habiles, de manœuvres en vue d'atteindre un but prÊcis.

Ce que l'on peut gagner ou perdre.

DIAGNOSTIC OBJECTIFS STRATEGIES ENJEU

Qui occupe une situation intermÊdiaire entre [...] l’idÊe et la forme.

MOYENS MÉTHODE GÉNÉRALE

L’eau : un risque d’immersion

MENACES Secteur des mĂ´les peu connectĂŠ Ă la ville Un patrimoine architectural et paysager

L’eau : potentiel en terme d’ambiances et d’usages

OPPORTUNITES Une histoire et identitĂŠ symbole de la ville

Localisation : sur le trajet depuis Lille vers Dunkerque

Une proximitÊ avec des zones classÊes FAIBLESSES SEVESO Encore peu d’activitÊs

Une dynamique culturelle et artistique en marche

ATOUTS

Une politique innovante et progressiste en terme de transport

LA RECONVERSION PORTUAIRE

ProcĂŠder par complĂŠmentaritĂŠ avec le centre ville

RENOUER LE LIEN ENTRE LES HABITANTS ET LE PORT

Habiter l’eau Mixer les programmes

Rendre attractif

VALORISER L’IDENTITÉ DU PORT

Connecter le secteur au centre ville

CrÊer une image symbole de l’entrÊe de ville

+

NOTIONS OPERATOIRES

Le prĂŠverdissement

LA TEMPORALITE

Le phasage

Utiliser les ressources prĂŠsentes

La sĂŠquence

...

L’amenagement des quais Les ambiances

La programmation

Les usages

La trame

La transversalitĂŠ


au pluriel, car la diversité des temporalités a structuré notre approche du projet.

Ce travail a été mené en groupe de

quatre étudiants à l’ENSAPL : Brice, étudiant PFE en formation Paysage, Justine et Marianne, étudiantes

PFE

en

formation

Architecture,

ainsi que Marc, étudiant Master en formation Architecture. Cette pluralité de formations, de parcours et de personnalités a été enrichissante, tant professionnellement qu’humainement. Ci après, nous vous proposons un aperçu de nos visions respectives du concepteur, de manière antérieure à ce projet. Elles seront croisées tout au long du projet. Par ce rapport, nous présentons notre réflexion projective, que nous avons ici décomposée en trois parties correspondant à trois échelles spatiales : le territoire dunkerquois, la ville de Dunkerque, et le site des môles 1 et 2.

N

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PROCESSUS DE CONCEPTION COLLABORATIVE

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PROCESSUS DE COLLABORATION

NEGOCIATIONS NN TIO TA PTIO REPART ER CE ITI N ON O UNICATION MM O

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... 1

0

ETAPE

ETAT INITIAL

CONSTATER

EVALUER

COMPRENDRE TESTER

PROCESSUS DE CONCEPTION INTERPRETER CREER

SE POSITIONNER

PROPOSER UNE IDEE

2

ETAPE

ETAPE

...

X

RENDU DU PROJET


Dans

une

première

partie,

nous

présenterons l’histoire du développement du territoire dunkerquois, ainsi que les opportunités et les enjeux qu’il présente actuellement. Ce travail constitue le socle sur lequel le projet s’est appuyé. Dans un second temps, nous analyserons la ville de Dunkerque et plus particulièrement la scission qui s’est opérée entre le centreville et son port autonome. L’interface entre la ville et le port est un lieu charnière, déterminant pour le développement de la ville. C’est à cette échelle que le travail sur les temporalités a été le plus approfondi. Nous présenterons alors notre réflexion commune dont l’objectif était notamment de répondre au mieux aux besoins d’aujourd’hui et de demain. Les principes collectifs mis en place à cette échelle posent également les jalons qui amorcent la répartition des programmes individuels afin d’aller plus loin dans la définition du projet. Pour finir, nous vous présenterons le projet développé à l’échelle des môles 1 et 2. A cette échelle, nous entrerons dans le détail des programmes et approfondirons la réflexion et les principes mis en place aux autres échelles. Trois projets ont été développés plus particulièrement par chacun d’entre nous. Ils sont néanmoins poreux et travaillent en interdépendance. Ces trois parties traduisent donc chacune une échelle spatiale mais correspondent également à trois 18 / 188

échelles de collaboration, de la plus collective à la plus individuelle ainsi qu’à une diversité d’échelles de temps, que nous allons vous présenter.


Rotterdam Londres Zeebruges

Anvers

Dunkerque

Calais Boulogne-sur-Mer

Dunkerque dans le range nord-européen

La plaine maritime flamande

Espace portuaire étendu de Gravlines à Dunkerque

Scission entre ville et port Est de Dunkerque

Môle 1 et 2 dans un processus de reconversion portuaire

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Vision individuelle du concepteur_ BRICE ANSSENS

La temporalité

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Le paysage fait partie de l’héritage que le collectif lègue aux générations futures : chaque génération transforme selon ses besoins ce paysage hérité, puis le transmet à la suivante. À ce titre, le projet de paysage intervient comme un modeleur de l’espace, permettant d’anticiper les évolutions, ou bien en leur créant la place nécessaire pour émerger. En ce sens, le projet de paysage n’est pas un produit fini mais bel et bien une situation qui évolue dans le temps. Les transformations induites par le végétal offrent l’opportunité d’une pluralité d’ambiances et d’aspects, mais aussi d’usages en corrélation avec ces métamorphoses temporelles. L’usage, et plus largement l’appropriation de l’espace, est une dimension du projet qui me captive. J’apprécie la manière dont un projet impulse l’appropriation par les usagers, et comment l’espace vient fédérer, permettre l’échange, le dialogue, et le partage. Il me semble alors important de réunir les conditions nécessaires pour impulser de l’animation au site que l’on conçoit, afin de permettre l’appropriation du lieu, ce qui participe largement à sa transformation. Entre alors en jeu, la corrélation entre le temps du projet et le temps de l’usage. La temporalité intéresse beaucoup le paysagiste qui cherche à inscrire son projet aussi bien dans le temps que dans l’espace. Aussi, la temporalité par le phasage est perçue comme une voie possible pour penser une plus grande proximité et adéquation entre l’intervention sur le projet et l’appropriation par les usages.Le temps devient alors plus qu’une variable à prendre en compte. Il est l’ordonnateur de l’entièreté du projet, de la conception, mais aussi de l’occupation du site.


Vision individuelle du concepteur_ JUSTINE DOZIER

Le développement durable Les projets menés durant mon Master à l’ENSAPL m’ont permis d’identifier deux éléments primordiaux à mon sens : l’épanouissement des usagers de l’architecture et la situation écologique actuelle. Cette dernière est alarmante, et il est urgent d’agir. Rappelons qu’en 2019 en France, l’Overshoot day s’est tenu en date du 10 mai.3 L’urgence d’économiser les ressources est un état de fait. La situation est plus qu’alarmante (réchauffement climatique, espèces en voie de disparition, pollution nocive, élevages massifs d’animaux qui rendent infertiles les terres d’exploitation agricole, ...). Toutefois, il semble que bien souvent, les réflexions esthétiques, de confort, mais surtout financières, prennent le pas sur cette réalité. Face à ces circonstances, il m’a semblé indispensable de m’attacher à soutenir le mouvement d’économie de matière et d’énergie grandissant. C’est par ma pratique de l’architecture que je pourrai agir. J’ai à cœur de préserver les ressources actuelles, selon le principe de soutenabilité , tant dans mon parcours professionnel (conception incluant le réemploi, le biosourcé, l’économie circulaire, …), que dans ma vie personnelle. En tant que citoyenne, je ressens le besoin d’agir afin que le profit ne passe plus avant l’humain. En tant que future architecte, je ressens le devoir et la capacité de contribuer à changer les choses.

3. Repéré à https://www. sciencesetavenir. fr/natureenvironnement/ climat/ consulté le 12 Mai

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Vision individuelle du concepteur_ MARIANNE MOULIN

La collaboration et capacité d’adaptation Comme celles de tout art contemporain, les frontières de l’architecture tendent à s’étirer. On a aujourd’hui une contamination progressive des disciplines les unes par rapport aux autres. L’architecte doit donc, selon moi, tendre vers une démarche collaborative interdisciplinaire. Dans la pratique, la conception et la mise en œuvre d’un projet se font déjà en collaboration avec des acteurs multiples. Seulement, cette collaboration est souvent de l’ordre de la superposition et non pas du croisement. De plus, de nombreux acteurs potentiels sont souvent évincés du processus de conception. Je pense notamment aux usagers et aux habitants à qui l’on donne trop souvent une posture d’observateur passif. C’est pourquoi à mon sens l’architecte doit, en premier lieu, être capable de s’adapter au contexte dans lequel il conçoit : le contexte environnant du projet bien évidemment mais aussi le contexte induit par le processus de conception en lui même, notamment les différents acteurs et co-concepteurs du projet. Collaborer, c’est rencontrer, découvrir. C’est cela qui m’a poussée à choisir cet atelier de projet. Ma vision de l’architecte - du moins celui que je souhaiterais incarner dans les années à venir - serait celle d’un concepteur polyvalent, curieux et ouvert aux autres disciplines qui participent à l’élaboration du projet. Selon moi, cette polyvalence et cette ouverture d’esprit sont essentielles aux architectes afin de qu’ils puissent s’adapter à l’immense diversité des contextes dans lesquels ils conçoivent.


Nous avons tous abordé ce semestre en ayant chacun sa vision du concepteur. Au fil du semestre, ces visions individuelles, à priori assez différentes, se sont avérées se rejoindre sur certaines notions. Parmi ces dernières, la collaboration et la temporalité ont été particulièrement fédératrices de notre groupe : la collaboration entre architecte et paysagiste mais aussi entre concepteurs et usagers, entre concepteurs et autres acteurs de la ville et du territoire, sont des préoccupations communes. Les différentes échelles temporelles de projets entre architecture et paysage, les temps du cycle conception-réalisation-utilisation, les notions de durabilité du projet sont également autant de notions relevant de la temporalité et de la collaboration et qui apparaissent dans nos visions du concepteur. C’est enrichis par nos différences et fédérés par ces éléments convergents que nous avons co-conçu ce projet.

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TERRE/MER

L’échelle du territoire pensée par le commun

Dans une première partie, nous aborderons l’échelle du territoire dunkerquois. Dunkerque est une ville travaillant en interopérabilité avec les communes avoisinantes, regroupées sous le nom de Communauté Urbaine de Dunkerque. Le territoire travaille en symbiose : aucune ville ne pourrait fonctionner sans ses voisines. Quelque soit le projet, il nous semble indispensable de mener une réflexion à toutes les échelles, afin de percevoir tous les enjeux présents et de pouvoir y répondre au mieux. Le territoire dunkerquois est fortement marqué par l’activité portuaire : placée sur la côte, elle coupe totalement les terres et ses habitants de la mer. La réflexion à grande échelle - menée par l’entièreté du groupe - nous a permis de mettre en lumière l’intention fondatrice du projet : permettre une liaison entre la terre et la mer, et plus particulièrement, une liaison entre les Hommes et l’eau. Ce lien est aujourd’hui rompu par l’activité industrielle et portuaire. Notre intention à grande échelle pose l’axe directeur du projet, afin de permettre le meilleur développement de nos travaux à l’échelle de la ville, puis du site. Cela permet également la collaboration à échelle zoomée, dans l’optique de répartir les tâches au sein du groupe en gardant une forte cohésion entre tous. Dans un premier temps, nous évoquerons l’histoire du développement du port de sa fondation aux années 2000, afin de mieux comprendre les enjeux d’un projet mené au sein de ce territoire. Puis, nous aborderons la question du lien entre la ville et la mer, qui a si souvent été rompu par l’activité industrialo-portuaire. Cette scission tend à s’effacer, nous nous attacherons à soutenir cette orientation.

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Carte de la plaine maritime flamande au VIème siècle

Dunkerque Gravelines Calais

Saint-Omer

Carte de la plaine maritime flamande au XXIème siècle

Dunkerque Gravelines Calais

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Saint-Omer


DE L’ÉVOLUTION DU TERRITOIRE DUNKERQUOIS

Un territoire d’artifice Le territoire de Dunkerque se situe à l’interface entre la mer du Nord et la plaine maritime flamande où s’est constitué un phénomène de poldérisation4. En effet, cette plaine s’est formée au VIème siècle par la sédimentation marine lors des inondations complètes de la mer sur ce socle situé à une faible altitude. Elle a connu plusieurs transgressions et régressions marines, qui ont relevé sur une longue période le niveau du fond jusqu’à faire émerger ce nouveau sol. On peut observer différents milieux suite à la poldérisation de ce territoire comme par exemple les milieux tourbeux, sableux ou argileux. Le littoral flamand d’aujourd’hui, était autrefois occupé par une mer peu profonde composée de nombreux bancs de sable et de vase révélés à marée basse. Il est séparé de la mer du Nord par un cordon dunaire formant de petites îles sur lesquelles des bourgs et des abbayes se sont élevés au Moyen-Âge et notamment celui de Dunkerque. Nous pouvons donc dire que le sol initial du port Est de Dunkerque et de ses môles se compose principalement de sable5 mais également de remblais. C’est au cours du XXème siècle que les comtes de Flandre cédèrent les terrains de la plaine maritime aux agriculteurs en échange de leur poldérisation.

4 . “ V a s t e é t e n d u e endiguée et asséchée, conquise sur la mer, sur les marais littoraux ou sur des lacs, située à une cote inférieure au niveau maximal du plan d’eau.” CNRTL

5. Dunes et cordons littoraux sableux récents (Flandrien supérieur), BRGM Infoterre

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Un territoire maitrisé et drainé

DUNKERQUE

GRAVELINES CALAIS

WATTEN

ST OMER

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Ce phénomène demandait de renforcer les digues au niveau du cordon dunaire initial et de drainer ce territoire afin d’assécher les espaces agricoles. Aujourd’hui, c’est une plaine qui se trouve fortement cultivée, industrialisée et urbanisée. Elle forme un des territoires les plus artificialisés du nord de la France. Ce paysage se compose d’un réseau hydrographique important formant le delta de l’Aa sur 1100km² de Watten au sud, Calais à l’ouest et jusqu’à la frontière belge à l’est. C’est dans cette plaine chevelue de canaux et de wateringues que l’on peut trouver des eaux de types eau douce, saumâtre, étant donné que le niveau des eaux se situe à un niveau bas, parfois inférieur à celui de la mer. Le fleuve de l’Aa se jette dans la mer du nord au niveau de Gravelines. Il a été canalisé au Xème siècle, pour limiter l’envasement, naviguer sur cette voie d’eau au gabarit Freycinet et drainer les eaux des espaces agricoles. L’enjeu majeur du territoire de la plaine maritime flamande est d’évacuer les eaux de ruissellement à la mer afin d’éviter les inondations. À Dunkerque, plusieurs canaux viennent mailler la ville et font partie intégrante de la structure urbaine de la ville. Deux de ces canaux présentent un intérêt dans le cadre de cet atelier : le canal de l’exutoire qui a pris sa place au fil du temps au niveau des anciens remparts de la citadelle, et le Canal Bourbourg, formant une limite physique et visuelle entre le centre ville de Dunkerque et la ville de Saint-Pol-sur-Mer. 37 / 188


Un développement portuaire étendu

6. Repéré à http://www. dunkerque-port. fr/fr/presentation/ histoire-portdunkerqueorigines.html, consulté le 4 avril 2019

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Depuis la fin du XIXème siècle, la révolution industrielle entraîne la modernisation et l’extension du port de Dunkerque6 d’est en ouest. C’est en 1880 que débute le développement du port Est de Dunkerque sous la directive du ministre Freycinet. Il lance la construction de nombreux bassins composés de môles et de darses ne subissant pas l’effet des marées. Après la Seconde Guerre mondiale, l’implantation d’industries de sidérurgie et pétrochimie nécessite l’extension du port de manière linéaire par rapport au littoral, favorisant la construction de la digue du Braek et provoquant deux franges du littoral. L’arrivée de l’industrie ArcelorMittal provoque la naissance des villes suivantes : Petite-Synthe et Grande-Synthe, Saint-Pol-Sur-Mer et Fort-Mardyck. Ces villes principalement ouvrières et reprenant les codes des citées jardin se trouvent au contact avec l’arrière de cette industrie (par rapport au littoral). En 1975, suite à l’acquisition de nouvelles terres sur déclaration d’utilité publique, le port Ouest est inauguré, et s’implante perpendiculairement au littoral. C’est à partir de la crise pétrolière de 1980 que le développement portuaire de Dunkerque s’essouffle et la modernisation des gabarits des bateaux met en péril les espaces portuaires à l’Est de Dunkerque. En revanche, à l’Ouest les espaces portuaires continuent de se développer afin de pouvoir accueillir les plus grands porteconteneurs du monde. Bien qu’engagés en 2017, les travaux doivent se prolonger jusqu’en 2020,


1930

1960 1970

1960

1880

1930

1880 1930

1970

1980

1930

1970

2020

Développement portuaire Développement urbain

Développement portuaire et urbain sur le littoral ouest Dunkerquois

Photo prise de la digue du Breack vers l’industrie ArcelorMittal, Kenza Rousselot ©


Les salines de Fort Mardyck


avec l’agrandissement du quai de Flandre de 500 mètres. En effet le port de Dunkerque porte ce nouveau projet nommé CAP 2020. L’objectif est de tirer parti de la croissance mondiale du trafic de conteneurs. Le Grand port Maritime de Dunkerque estime que le trafic par conteneur devrait doubler d’ici 2035. Il indique que « plus de la moitié du marché du conteneur en provenance ou à destination du Nord de la France reste aujourd’hui à capter par le Port de Dunkerque »7. À l’issu des travaux, ce quai présentera un linéaire total de 1 800 mètres, avec un tirant d’eau de 16,5 mètres ne subissant aucune contrainte de marée. Des critères dont ne dispose pas le port Est de Dunkerque qui par conséquent, se trouve de moins en moins compétitif par rapport au marché actuel. La proximité entre le front des industries et l’extension urbaine de la ville de GrandeSynthe a fabriqué un entre-deux, délaissé par les entreprises sidérurgiques et qui se doit d’être réapproprié par la ville. En l’occurrence, l’espace en question nommé “ Les Salines de Fort Mardyck ” - un ancien site sidérurgique implanté dans les années 1966 - fut en activité durant 14 ans. Aujourd’hui en friche, il se compose de nombreuses cuves de stockage de produit de raffinage où la végétation prolifère. La symbolique de la reconquête naturelle au sein d’un littoral artificialisé est remarquable. Comme il sera mentionné plus tard (en partie deux), cet espace pourrait faire partie d’un parcours où l’architecture de ses anciennes activités industrielles serait mise en valeur.

7. Repéré à https://entreprisesbycanorddefrance. fr/conquerir/ cap-2020dunkerquea-lheure-duconteneurepisode-4/, consulté le 4 avril 2019

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Retrouver un accès au littoral pour le territoire ouest dunkerquois

Malo-Les-Bains

ArcelorMittal Les Salines de Fort Mardyck

Dunkerque Saint-Pol-sur-Mer

Total

Fort Mardyck

Grande-Synthe

Espace industrialo-portuaire Espace industrialo-portuaire à reconvertir Espace intermédiaire (friches, voies ferrées, conflit d’usage) Espace urbain enclavé

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Petite-Synthe


RELIER TERRE ET MER

L’un des premiers constats auquel nous avons donc été confrontés a été l’omniprésence du port dans le territoire mais aussi dans l’identité et l’imaginaire collectif dunkerquois. Comme nous avons pu le mettre en relief précédemment, l’agglomération dunkerquoise est en effet indissociable du port, son histoire, ses activités et les formes spatiales qu’il a engendrées. La question de la spatialité du port industriel a notamment été un des moteurs de notre stratégie à l’échelle du territoire. Par le biais de notre diagnostic territorial, nous avons constaté une scission importante entre le littoral et la ville. En effet, l’activité portuaire s’étant développée naturellement le long de la ligne côtière, elle a pris une position d’entredeux, entre la ville et le littoral. De plus, les zones d’activités industrialo-portuaires sont par définition privées, d’autant qu’elles constituent des zones à risques dont il est nécessaire de restreindre l’accès par mesure de sécurité. En 2004 notamment, un renforcement de la sûreté maritime et portuaire est entériné avec la mise en place du réglementation ISPS (International Ship and Port Facility Security). Les barrières entre port et ville se multiplient, le port industriel forme donc une véritable limite infranchissable entre terre et mer. 43 / 188


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À ces espaces portuaires s’ajoutent de nombreuses réserves foncières, que l’on pourrait qualifier comme étant des « blancs de la carte ». Espaces aujourd’hui vides, souvent en friches, parfois inconstructibles ou impactés par le rayonnement des zones à hauts risques technologiques liés à l’activité industrielle du port, ils ne génèrent actuellement aucun usage pour les habitants. En cela, ils participent à la formation de cette limite entre la ville et le littoral, au même titre que les zones portuaires. Nous pouvons citer l’exemple de Saint-Pol-surMer ou encore Grande-Synthe qui présentent de nombreux espaces en friche ou de foncier disponibles au nord des deux communes et qui ont perdu leur accès au littoral en raison de l’installation des activités portuaires. L’addition des espaces industrialo-portuaires et de ces réserves foncières inoccupées à l’échelle du territoire prend donc la forme d’une bande quasi continue longeant le littoral, une limite épaisse dont la largeur varie en fonction de la localisation et qui sépare terre et mer. L’activité portuaire tend à se délocaliser progressivement avec le temps. En effet, comme nous l’avons évoqué précédemment, cette dernière ne cesse de se développer vers l’ouest. Les gabarits changent alors et les équipements en place deviennent rapidement obsolètes. Le port engage ainsi la construction de nouvelles zones portuaires et, de ce fait, se délocalise. Sur le territoire dunkerquois, nous avons déjà pu observer ce schéma avec la délocalisation du port historique notamment (cf partie II.A.).


Cette dynamique cyclique récurrente d’évolution - délocalisation - reconversion de l’industrie portuaire nous entraîne à nous questionner sur le devenir des espaces potentiellement délaissés par cette activité en perpétuelle évolution. L’enjeu selon nous à l’échelle territoriale est donc, par l’anticipation de cette reconversion présumée, de proposer une appropriation progressive de ces espaces par la ville dans le but de reconnecter les zones urbaines avec leur littoral. Notre stratégie consiste en l’établissement d’un processus type de reconversion qui s’inscrit dans un temps long. La reconversion du secteur des môles de la ville de Dunkerque en serait ainsi un projet témoin. Ce processus viserait à proposer de nouveaux usages et programmes tout d’abord à ces « blancs de la carte »8 afin d’amorcer une conquête du littoral par les habitants. Par ce biais, les zones d’activités industrialoportuaires, une fois désertées, pourraient à leur tour être contaminées par cette dynamique de réappropriation par l’usage mise en place. Cette première approche par l’appréhension du grand territoire et du temps long nous permet d’établir des principes généraux qui vont ancrer le projet dans un processus général et ainsi participer à la mise en cohérence des différentes échelles de temps et d’espace.

8. Nous précisons qu’il ne s’agit pas de densifier et de construire partout afin de remplir ces blancs de manière arbitraire mais plutôt d’agir au cas par cas, de construire quand cela paraît pertinent.

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VILLE/PORT

L’échelle urbaine et les stratégies de collaboration

Dans cette seconde partie nous appréhenderons une autre échelle, celle de la relation entre ville et port. Par ville et port, nous entendons la commune de Dunkerque, son histoire, ses habitants, son identité mais aussi et surtout son lien intime avec le port est de Dunkerque, ancien port en activité aujourd’hui en pleine transition. Cette seconde échelle d’étude nous a menés à l’établissement de stratégies et règles qui régiraient le secteur des môles de Dunkerque. Ce dernier constitue alors un prototype du principe de réappropriation de la frange industrielle qui sépare terre et mer à l’échelle du territoire. Nous avons choisi de concentrer notre intervention sur ce secteur de Dunkerque précisément car il incarne un lieu charnière dans le temps et l’espace, une zone en transition qui sépare mais aussi potentiellement lie la ville et son port. TROIS ÉCHELLES ENTRE-MÊLÉES Échelle de Dunkerque

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Échelle du secteur des môles

Échelle des 1 et 2

môles


La mise en place de nos stratégies à l’échelle du secteur des môles correspond également à un autre degré de collaboration au sein de l’équipe. Alors que l’approche territoriale a été abordée dans le processus de conception sous la forme d’une réflexion commune basée sur des échanges constants - comme nous l’avons évoqué dans la première partie - ici, nous avons précisé et complexifié notre méthode de collaboration afin de composer avec les réflexions communes et les approches individuelles. Nous aborderons donc tout d’abord notre intention commune première qui a été celle de conserver et sublimer l’identité du lieu dans le but de la révéler. Puis, dans une seconde partie, nous exposerons la stratégie majeure de ce projet qui est celle de l’approche du projet par les temporalités différenciées et le phasage à diverses échelles de temps. Nous parlerons ensuite dans une troisième partie des outils de la collaboration que nous avons mis en place.

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SUBLIMER L’IDENTITÉ PORTUAIRE Des années 1900 à 2000, le littoral dunkerquois a énormément évolué. Peu de villes ont connu autant de bouleversements. Dunkerque porte les traces des événements historiques majeurs du XXème siècle, qui ont induit d’énormes évolutions dans sa structure urbaine. Les plans de restructuration et d’aménagement de la ville se succèdent, au gré des contextes socio-économiques locaux et nationaux. Les enjeux ont varié au fil du siècle, mais la question de la relation entre la ville et son port est restée récurrente8. Dunkerque s’est fondée sur sa proximité à la mer. Son identité est fondée sur sa culture maritime et son activité portuaire. De port de l’armée navale d’Espagne à port marchand, son développement économique a été très rapide. Elle est située au carrefour de routes marchandes importantes, ce qui la rend rapidement vulnérable, et explique le fait qu’elle soit ceinturée de remparts depuis plusieurs siècles. La ville de Dunkerque est donc historiquement séparée de son port, nommé «port autonome»9, autour duquel elle croît toutefois, et de ses faubourgs10.

8 . C U L O T (Maurice) (dir.), Dunkerque, Un port, des villes, un littoral, Un siècle d’aventure urbaine, Paris, Norma Editions, 2001

9. Repéré à https://www. europanfrance. org/europan/ content/site/ E10_FR_DUN/ E10_FR_DUN_ SP.pdf, consulté le 14 avril 2019. 10. BLAZY (Guy), Les f a ç a d e s anciennes à Dunkerque 1662-1789, Dunkerque, Les éditions du Beffroi, 1982

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11.C H ATA I N (Annaïg) et M A U F R O Y ( W i l l i a m ) , Dunkerque, l’armateur et l’architecte : la conquête des espaces portuaires ; Inventaire général du patrimoine culturel de la région du Nord, Lyon, Lieux-dits, 2013, p.25

12. Conférence deNathalie Dominique, donnée le 12 février 2019 13. Repéré à https://www. europanfrance. org/europan/ content/site/E10_ FR_DUN/E10_FR_ DUN_SP.pdf, le 14 avril 2019

Dès le début du XXème siècle, sont entrepris de nombreux travaux de creusement de bassins, constructions de quais, multiplication d’entrepôts et création de chantiers navals. Avant 1945, Dunkerque est devenue l’un des moteurs économiques nationaux11. Dunkerque a connu une très forte croissance qui a intensifié le fait qu’elle s’est développée par et pour l’industrie. Dans les années 1990, la fermeture des chantiers navals et la perte de 13 500 emplois qu’elle a engendrés, a été un véritable choc pour les dunkerquois12. Une campagne de reconquête urbaine, appelée “Neptune”, menée par Richard Rogers, visait à la reconquête des espaces portuaires par le centre-ville13. Rogers proposait un rayonnement sud-nord du centreville au chantier naval. Il voulait mettre en place des compensations paysagères et récréatives face au monde industriel.

Evolution des môles de Dunkerque


Toutefois, le projet n’a que très peu abouti et la relation entre la ville et le port est restée très pauvre. En 2004, le dialogue ville-port s’est encore effacé en raison du renforcement de la sûreté maritime ISPS. Malgré la mise en place d’un Port Centrer, les liens entre ville et port ne se sont pas améliorés14. Entre 2000 et 2020, de nombreux projets urbains ont été lancés : le Quartier du Grand Large, le FRAC et sa passerelle, ainsi que le projet Phoenix. Toutefois, aucun d’entre eux ne propose de mettre à l’honneur le port et le patrimoine dunkerquois, témoins du passé glorieux de la ville. Aujourd’hui, le secteur des môles, situé à l’ouest du centre-ville, est de plus en plus délaissé. Nous observons une défection progressive, de l’est vers l’ouest, selon le même phénomène étudié à grande échelle. Cette délocalisation induit également de nombreux délaissés urbains. La rupture entre la ville et son port est très présente. Nous notons de grandes coupures urbaines créées par les infrastructures de transports. Il y a malgré tout une volonté municipale de créer un lieu de loisir et de culture sur les môles. La ville est dans l’attente d’une “stratégie urbaine exploratoire de colonisation progressive”15. Ainsi, nous développerons un projet proposant la mise en place de nouveaux programmes attractifs dans le secteur des môles, qui s’implanteront de manière progressive16.

14. Conférence deNathalie Dominique, donnée le 12 février 2019

15. Repéré à https://www. europanfrance. org/europan/ content/site/ E10_FR_DUN/ E10_FR_DUN_ SP.pdf, le 14 avril 2019 16. Conférence deNathalie Dominique, donnée le 12 février 2019

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Voir annexe «Lexique» 17.

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Pour répondre à l’enjeu principal que nous avons mis en évidence - la reconversion portuaire nous avons determiné deux objectifs principaux : la valorisation du patrimoine portuaire ainsi que la reconnexion entre les habitants et le port. Nous souhaitons valoriser des éléments industrialo-portuaires, et les donner à voir au sein d’un parc portuaire. Ce parc portuaire serait le lieu d’une didactique de l’univers portuaire, par la mise en place de programmes de culture et de loisirs (additionnés à ceux déjà existants). Nous prenons comme référence notamment Emscher Park, et particulièrement la partie appelée Zollverein. Nous nous inspirons de la manière dont les éléments du patrimoine industriel sont donnés à voir au sein du parc. Les aménagements sont mis en place par «acupuncture»17, en fonction des besoins. De plus, les môles de Dunkerque présentent une minéralité forte qui fait partie intégrante de leur identité. Nous nous attacherons à la mettre en avant au même titre que les autres éléments.

Emscher Park, Zollverein


Le parcours portuaire

Par le projet développé ici, il s’agira de permettre aux dunkerquois de voir et comprendre ce patrimoine. Actuellement, le môle 1 abrite le bâtiment de Fructôse se dédiant à l’art ; ainsi que la Halle aux Sucres, réhabilitée en Learning Center (un espace dédié à la thématique de la Ville, entre mémoire et prospective urbaine) et abritant l’AGUR. La nouvelle patinoire de Dunkerque est également en construction sur le site, et plusieurs entreprises ont pris place dans les anciens hangars. Ces programmes constituent les prémices de reconversion du môle 1.

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MaterialitĂŠs

Butte de matĂŠriau

Cuve

Tapis roulant


Rail

Hangars

Grue

Quai



Le site présente de nombreux éléments du passé industriel de Dunkerque qu’il nous semble essentiel de valoriser. Ils sont l’héritage d’un patrimoine portuaire marquant à l’échelle de la ville. Nous proposons un parcours didactique au travers du site mettant en valeur ces éléments patrimoniaux. Nous mettrons en scène de nombreux éléments du port, tels que les édifices du môle, qui sont des constructions emblématiques dunkerquoises (les bâtiments Jokelson, Kalmar, les anciens bureaux des douanes maritimes et anciens bureaux SNCF) mais aussi les hangars délaissés qui pourront être réinvestis ; ou encore des éléments ponctuels comme des grues, des cuves de pétrochimie, des rails et wagons qui font partie intégrante de l’identité du port. Les navires, comme le bateau musée Princess Elizabeth, de quelques centaines de mètres de long, ont aussi été placés dans le port afin de les donner à voir. Enfin, les quais et l’eau, leur matérialité, seront mis à l’honneur. Un élément marquant du site est aussi l’échelle démesurée des espaces, si loin de l’échelle quotidienne connue par les habitants. Tous ces éléments sont des potentiels exploitables. Il permettront aux visiteurs de comprendre le passé portuaire de Dunkerque, par un parcours pédagogique au travers de nouvelles expériences d’espaces dans le port. A Dunkerque, le parc portuaire propose un parcours, une scénographie, au coeur du port à découvrir. L’apport de programmes culturels et de loisirs sur les môles permet une dynamisation et une amélioration de l’attractivité du secteur. 59 / 188


Scénario de la temporalité d’aujourd’hui à 50 ans

T1 +10 ans

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LA TEMPORALITÉ COMME STRATÉGIE

La reconversion portuaire à Dunkerque doit se faire sur un temps long afin de penser au devenir du site. Pour cela nous avons étudié les différentes dynamiques en mouvement (sociales, de projets urbains, géographiques, climatiques), pour agir dans une temporalité précise. La notion de temporalité est rapidement apparue comme une notion opératoire clef dans notre processus d’intervention de la reconversion portuaire. C’est avec la vive conscience d’un ancien héritage que le projet répond aux nécessités du temps présent tout en projetant le futur. Le projet a défini un premier scénario de la temporalité correspondant au temps long T+50 ans comprenant le cadrage du port Est de Dunkerque, du quartier de la citadelle jusqu’au môle 6. Pour cela, deux éléments ont conditionné cette hypothèse de reconversion. Tout d’abord, aujourd’hui de nombreux espaces portuaires se retrouvent désertés, laissant des espaces démesurés disponibles tels que la partie Est du môle 2 ou encore le môle 3 entier.On y retrouve des traces du passé industriel tels que les anciennes emprises au sol des hangars, les rails ou encore le bâtiment frigorifique au nord du môle 3. Il ne reste que peu d’éléments du patrimoine industrialo-portuaire sur ces différentes parties vides. Le premier élément qui conditionne la reconversion est le maintien ou départ des entreprises qui se trouvent dans les sites classés SEVESO.

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T2 +20 ans

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T3 +30 ans


T4 +40 ans

T5 +50 ans

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Môle 2

Risque de surpression des industries au port Est de Dunkerque

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CogeBloc, fabriquant d’élements béton pour la construction


En effet, une partie importante du port Est de Dunkerque est actuellement concernée par ce risque. Ce sont des espaces à haut risque de prévention liés à une industrie de proximité. Ils sont classés selon leur aléa technologique en fonction des quantités et des types de produits dangereux qu’ils travaillent. Le second élément déterminant est l’implantation d’entreprises de transformation de matériaux acheminés par la voie d’eau principalement, comme par exemple Cogebloc (situé au sud-ouest du môle 2) qui fabrique des éléments en béton pour la construction. Ce sont pour nous des activités à préserver dans le secteur des môles. Elles participent à mettre en lumière l’activité passée du port sans artifice, formant un paysage évolutif dans le temps. En revanche lorsque ces entreprises souhaitent se délocaliser ou arrêter leurs activités, il nous parait important d’envisager la conservation des traces de leur passage dans ce paysage et de réhabiliter et/ou conserver les bâtiments en y installant, dans l’exemple de Cogebloc, une nouvelle entreprise d’artisanat local en relation avec son territoire. Avec ces deux formes d’occupations industrielles restantes dans le port Est de Dunkerque, il est difficile de savoir quand ces acteurs du paysage vont se délocaliser. Pour cette raison, nous avons imaginé ce scénario temporel de la reconversion de ce paysage. L’intention dans ce projet est de proposer un nouveau dialogue entre la ville de Saint-Pol-surMer et le port Est de Dunkerque tout en proposant de nouvelles expériences dans ce paysage de môles et de darses.

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Pour se faire nous nous sommes penchés sur la trame urbaine existante et nous avons identifié 3 grandes orientations. Une première trame portuaire dessinée par l’implantation des môles ; une seconde dessinée par le canal de Bourbourg (liée à l’industrialisation toujours actuelle autour de cette voie d’eau) ; et enfin la trame urbaine de la ville de Saint-Pol. Ces grandes orientations sont à certains endroits conservées ou prolongées pour obtenir des rencontres aux croisements ou encore des relations lorsque l’on se trouve sur deux trames similaires, comme dans le prolongement sud du môle 2. Ce nouveau dialogue se ferait par l’intermédiaire de bandes issues du prolongement des lignes longitudinales caractéristiques du dessin des môles jusqu’au canal Bourbourg. Ce principe de bande serait interprété plus concrètement par l’ouverture du sol pour accueillir le végétal et recevoir les eaux de ruissellement de ces espaces imperméables. Outre cet aménagement, les bandes seront également formalisées par de grands cheminements piétons qui mèneront à la traversée de la voie d’eau par l’intermédiaire de passerelles piétonnes ; ou encore par la création d’une connexion entre le bassin Freycinet et le canal dans le prolongement de la darse n°5, comme connexion des deux eaux par la forme du vide.

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Trames existantes

Trame industrialo-portuaire Trame du canal Jeanty Trame urbaine de Saint-Pol-sur-mer

Trames à prolonger

Trame industrialo-portuaire Trame du canal Jeanty Trame urbaine de Saint-Pol-sur-mer

Principes de connexions

Darse Passerelle piétonne Bande en eau Bande végétalisée Nouvelle entrée de ville par la chaussée des darses Nouvelles connexions

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18. Voir annexe «Lexique»

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Le projet permet également de requalifier la chaussée des darses pour avoir une nouvelle entrée de ville à Dunkerque, afin de fluidifier la circulation, se mettre à distance de l’eau de la darse n°2 et à plus grande échelle d’installer de nouvelles mobilités comme un tram de la communauté urbaine de Dunkerque reliant Grande-Synthe à Leffrinckoucke, ou ecnore par une piste cyclable confortable et sécurisée. Sur un temps long, de nouvelles voies carrossables pourraient être développées comme le montre la carte précédente. Au sein de cette grande temporalité, nous avons choisi de travailler plus précisément sur la première partie T+1 qui prend place sur les môles 1 et 2, où l’on estime qu’aucune des entreprises en place ne sera délocalisée dans une échelle de temps inférieure à 10 ans environ. Avant d’installer de manière plus pérenne les futurs programmes, il nous est apparu important de préfigurer18 des usages et des implantations liés aux programmes de base nautique et centre aquatique. Le but est d’impulser une nouvelle dynamique en proposant de nouveaux usages dans ce lieu de manière économique avec des moyens déjà existants sur le site. Par la suite ces programmes seraient installés de manière plus pérenne sur un temps plus long en fonction des interactions avec les habitants. Il nous est essentiel de transformer l’espace portuaire en redonnant une structure par le végétal qui jouerait un rôle d’armature urbaine jusqu’à Saint-PolSur-Mer. Cette future armature serait un paysage au préalable qui évoluerait au fur et à mesure des phases et permettrait aux entre deux d’implanter des programmes en fonction des besoins et du devenir du site du port Est. Pour finir, l’intérêt serait également de préserver le sol existant, les éléments et structures portuaires qui caractérisent ce paysage.


Ce phasage serait réparti en 4 échelles de temps présentées ci-contre : C’est dans un principe de préfiguration que la première étape du projet se développe. Elle se met en place par l’apport de nouveaux usages qui auront pour but d’impulser une dynamique attractive sur le môle 1, notamment pour les habitants de Dunkerque et de Saint-Pol-Sur-Mer. Les acteurs du territoire déjà en place nous permettront d’ancrer le projet dans les besoins actuels des habitants. Les associations de valorisation du patrimoine nous aideront à mieux intégrer les dynamiques du dunkerquois ; la CUD et le Learning Center (tous deux placés au coeur même du site de projet) promouvront le projet et sa dimension didactique ; la Maison du Développement économique, de l’Emploi et de la formation pourra embaucher des dunkerquois afin de travailler dans les nouveaux programmes mis en place. Une première passerelle serait construite sur le quai au niveau du quartier de la citadelle pour installer une nouvelle connexion pour le futur parcours portuaire. Ces différents usages se développeraient de manière économique en extérieur sur l’eau, sur le sol et au sein des bâtiments portuaires. C’est par le test et l’expérimentation que nous allons pouvoir développer des programmes futurs qui viendront s’installer de manière plus pérenne.

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Phase T+1 : Installer la préfiguration des usages liés à l’eau et test des plantations

Requalification de la voirie Ponton flottant du bassin de la Marine

Bassin flottant et système de barge qui accueil le centre aquatique exterieur

Serre et laboratoire du préverdissement

Jardin des essais

Chai Party Evènement culturel et de loisir

Mobilier et petite architecture Structure légère de jeux Mur d’escalade Assises mobiles Prémisse du centre nautique Déconstruction de la structure latérale apparente Espace public couvert

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Installation de la première passerelle piétonne mobile


Pour cela, nous développons ces nouvelles expériences dans des lieux déjà existants qui suscitent ces usages, par la réappropriation des halles commerçantes et du Chai à vin. Le centre nautique prendrait place dans un premier temps dans la halle n°219 en ayant un rapport direct avec la darse n°2. Aujourd’hui le Bassin de la Marine a l’ambition d’accueillir l’extension du port de plaisance, le centre nautique se voit alors être délocalisé. Nous proposons ce nouvel emplacement en réutilisant les équipements et notamment les pontons flottants disponibles. Pour le centre aquatique, il s’implanterait dans cette première phase de manière sommaire sur l’eau, par le biais d’un système de barges qui accueillerait les commodités et services nécessaires, ainsi qu’un bassin flottant dans la continuité des pontons du centre. Dans le contexte du port de Dunkerque et du caractère artificiel du sol, il nous a paru indispensable de réaliser des expériences de plantations sur différentes techniques de compositions de substrats et structures du sol avant d’installer l’armature par préverdissement plus généreusement. Comme nous l’avons évoqué précédemment dans le diagnostic, le sol des môles est composé d’une couche inférieure de sable ou de remblais inconnus, et d’une couche supérieure de surface imperméable importante liée aux anciens usages logistiques du port. Ces expériences se feront au bout du môle 1 grâce à l’intervention des habitants vivants à proximité pour les initier à la compréhension du sol d’autrefois et les faire participer à la mutation de ce lieu. Au fil des phases, le laboratoire sera préservé pour devenir le jardin des essais.

19. Voir annexe «Carte toponymie»

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Dans un second temps (3 ans plus tard), après avoir recuilli les avis des usagers, la base nautique évoluerait spatialement à l’interieur de la halle n°2. Dans ce même temps, le Chai à vin serait réhabilité et deviendrait le Chai Party, salle polyvalente pour l’evenementiel, la culture et le loisir. Il profiterait de la place attenante, d’un lieu peu dense en terme d’habitations dans la ville, afin d’accueillir des évènements festifs, des rassemblements, des manifestations, etc. Suite aux expériences de plantations du laboratoire de préverdissement, le projet consiste à installer des bandes végétalisées valorisant la forme des môles et reliant Saint-Polsur-Mer par le canal Bourbourg. Afin de préfigurer l’implantation du centre aquatique, la dalle sur laquelle reposera le bâtiment sera construite au préalable. Sur de cette dalle située entre les deux bandes de préverdissement, des investissements informels pourraient être pratiqués, comme des sports de glisse, ou encore d’autres usages se pratiquant sur ce sol offrant une expérience particulière dans le port. Une passerelle barrage à usage piétonnier serait également installée entre le môle 1 et 2 afin d’avoir une relation directe entre les deux futurs programmes de base nautique et centre aquatique mais également afin d’assurer la continuité du parcours portuaire, permettant ainsi de valoriser l’identité, les échelles, et les matérialités et de rendre compte de l’atmosphère portuaire. Cette traversée aurait également le rôle de barrage, générant un bassin fermé dans la darse n°2. Le but est de conserver l’échelle originelle de cette darse en changeant la nature et la composition de son eau pour la rendre praticable aux usagers.


Phase T+3 : Mise en place du préverdissement et du centre nautique

Ouverture du sol sur l’emplacement de la dalle de l’ancienne halle

Passerelle barrage

Préfiguration du centre aquatique par sa dalle béton

Parcours portuaire transversal

Chai Party réhabilité

Cordon boisé brise vent Promenade du littoral

Les voies des marchandises

Quai de la liberté

Quai de la liberté

Cette dernière, alors devenue le bassin “aquanautique” serait appropriable par le programme du centre nautique et aquatique par un système de structure de barge.

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Phase T+7 : Mise en place de la passerelle barrage et de la structure de barge

Mise en place du jardin des cuves

Remplissage du bassin aquanautique, installation de la structure de barges et du centre aquatique extérieur

Réhabilitation et extension de la hall pour accueillir un restaurant des saveurs

Phase T+10 : Mise en place du centre aquatique et requalification de l’entrée de ville

Réhabilitation de la dalle existante

Continuité du parcours portuaire

Construction du centre aquatique

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Dans un troisième temps (7 ans plus tard), le bassin serait rempli d’eau douce et deviendrait «le bassin aquanautique». Le système de barge pourrait être déployé à travers ce bassin proposant un nouveau support au centre aquatique en extérieur. En plus des usages déployés par la base nautique dans le bassin Freycinet, de nouveaux seraient pratiqués à l’échelle du bassin aquanautique. Un nouveau programme prendrait place dans la halle n°3, prenant la forme d’un lieu de restauration, en relation avec la darse et ses activités. De nouvelles relations seraient alors créées entre l’architecture et le paysage de l’eau. Les bandes plantées continueraient de se développer au nord tout en révélant les dalles des anciens hangars par une mise en valeur du patrimoine portuaire et de son parcours. Enfin, dans un quatrième temps (10 ans plus tard), le centre aquatique proposant des usages intérieurs liés à l’eau, ainsi que les stationnements attenants, seraient achevés. La bande de préverdissement se terminerait en révélant la dernière dalle de l’ancien hangar, tout en proposant de la réhabiliter en ce qu’elle était auparavant, c’est à dire en halle logistique.

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LES OUTILS DE LA COLLABORATION Un enjeu majeur de ce semestre, comme nous avons pu le soulever plus haut, est celui de la conception collaborative, et plus encore, interdisciplinaire. Jusqu’ici dans ce rapport nous avons présenté l’essence de nos réflexions et stratégies de projet communes. Bien qu’elles soient le fruit de la rencontre entre nos quatre individualités, elles correspondent au sein du processus de conception à des phases d’échanges et de négociations intégralement collectives. Ces phases nous ont permis de mettre en place un socle commun solide et riche, de poser les bases nous permettant par la suite de séparer les tâches en assurant une cohérence d’ensemble. Nous allons vous présenter ici un deuxième20 degré de collaboration. Ce dernier correspond à l’amorce du travail individuel par le biais de la mise en place d’outils - issus de nos connaissances et compétences individuelles - qui ont vocation à être utilisables et appropriables par chacun des membres de l’équipe par la suite. Ces outils prennent la forme de règles de composition, d’organisation spatiale, mais aussi de matérialité ou encore de processus comme celui du réemploi par exemple. Ils constituent finalement une sorte de charte co-signée21 par tous qui, d’une part, formalise de manière plus précise les intentions communes et, d’autre part, garantissent l’harmonie entre les projets individuels.

20. Il nous s e m b l e important d’expliciter le fait que l’emploi du vocable « second » n’implique pas un déroulement chronologique linéaire du processus de conception qui irait du commun à l’individuel. Les intentions communes et individuelles se sont développées simultanément et enrichies l’une l’autre.

2 1 . N o u s expliquerons dans la troisième partie de ce rapport la nature du travail collaboratif qui a suivi l’établissement de ces outils. Il ne s’agit pas d’un travail p u r e m e n t individuel qui se contenterait de respecter cette “charte” mais bien d’une répartition des tâches, toujours en étroite collaboration avec chacun des membres du groupe.

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LA MATÉRIALITÉ

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Le premier outil que nous avons mis en place relève de la matérialité. Il consiste en l’établissement d’un langage matériel codifié qui correspond à différentes temporalités, différents usages et ambiances mais également à différentes symboliques renvoyant à l’enjeu de révélation de l’identité portuaire. Tout d’abord, il s’agit de conserver un socle minéral. Caractéristique forte du secteur des môles, le sol minéral avec notamment le linéaire de quais donne au site sa singularité. L’objectif est de conserver au maximum cette matérialité, la rénover quand cela est nécessaire, mais aussi venir potentiellement la compléter par addition de strates minérales et, de cette manière, créer un véritable sol habité. Le langage minéral renvoie fortement à l’imaginaire du paysage portuaire. Nous l’envisageons comme un élément qui préexiste mais qui sera également durable, un socle pérenne à l’échelle du port. Sur ce socle minéral viendra se superposer un second langage matériel, celui du métal. A l’instar des structures de hangars industriels, nous travaillerons, à l’échelle du bâti, sur la mise en place de structures métalliques. Légères et fines, elles répondent à la problématique de la nature du sol des môles. Elles permettent également d’ouvrir largement le bâtiment sur l’extérieur, ce qui concorde avec la recherche de mise en exergue et de contemplation du paysage portuaire. D’autre part, elle est déjà présente sur le site à travers les hangars existants mais aussi


DURABILITE

Structure secondaire bois

Structure métallique

Sol minéral

Une logique d’addition de matérialités

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22. Peter Zumthor et Sigrid Hauser, Therme Vals, éd. InFolio, Gollion (Suisse), 2007 Frédéric Richard Copans, « Les Thermes de Pierre », Architectures volume 2, ARTE France, 1995-2001

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les équipements portuaires tels que les grues par exemple, symboles forts de l’identité portuaire qu’il s’agira bien évidemment de conserver et réemployer. Enfin, face à cette grande échelle, un troisième langage matériel viendra exprimer l’échelle humaine, celle de l’usage, qui correspond également à une échelle temporelle plus courte, voire de l’ordre de l’éphémère. Peter Zumthor, en évoquant la conception du projet des thermes de Vals22, explique avoir travaillé une échelle monumentale avec des blocs de pierre de cinq mètres de haut, mais avoir également cherché à retrouver l’échelle humaine par la partition de ces blocs en fines épaisseurs de lits de pierre dont l’Homme est la mesure. De manière similaire nous avons cherché à retrouver la mesure de l’Homme au sein de cette immensité spatiale et temporelle. Pour cela, nous avons choisi d’utiliser le bois. Matériau manuportable, modulable, il véhicule dans l’imaginaire collectif un aspect chaleureux et familier. Il est également un matériau renouvelable, adapté à une démarche de développement durable, donnée qui a, elle aussi, une place importante dans notre projet.


LA LIGNE : le travail de la trame Le secteur des môles possède une géométrie singulière, dont le dessin est caractérisé par la multiplication de l’axe sudest / nord-ouest. Ce dessin procure au site une longitudinalité très marquée, renforcée par l’implantation des bâtiments, les rails ou encore la forme des wagons qui suivent chacun cette direction dans leur dessin. De ce constat a émergé le second outil que nous avons mis en place. Il s’agit de se saisir de cette direction forte, et d’en déterminer un module qui pourra être employé de différentes manières dans le projet : un module de 12 mètres par 2,5 mètres. Ses dimensions correspondent originellement à la forme en plan des wagons de train qui autrefois circulaient sur le site. Mais 12 mètres est également la distance qui sépare les fermes métalliques des hangars industriels sur le môle 1. Ce module ainsi défini va pouvoir se multiplier sur le site, créant une composition qui va structurer l’espace mais qui sera également ancrée dans l’existant. Nous l’avons pensé comme étant générateur de divers usages et appropriable par chacun de différentes manières. Il va premièrement être repris dans sa longueur comme rythme structurel d’un bâtiment. Sa largeur quant à elle, nous l’utiliserons pour celle des canaux que nous mettons en place, mais elle correspond également à la largeur d’un couloir de nage ou encore d’une place de parking par exemple. 81 / 188


Une structuration spatiale longitudinale

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Deuxièmement, le module va être employé comme un volume planté : son utilisation sur le site constitue dans ce cas une stratégie de plantation et de structuration de l’espace par le végétal. Troisièmement, il va être utilisé comme une structure modulaire métallique qui va se mettre en place dans la darse. Ce système modulaire permettra de créer du lien entre darse et môle, de faire de la darse un véritable espace public attractif et générateur d’usages, mais aussi, grâce à la récurrence du module, d’assurer une cohérence entre structuration de l’espace sur le môle et sur la darse.

2,5m 12m

Une trame basée sur des éléments existants

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LE POINT : le détournement de l’objet portuaire

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Le secteur des môles porte les traces de son activité portuaire passée, dans sa matérialité, ses tracés mais aussi par le biais de ce que nous avons appelé les « objets portuaires ». De la cuve de pétrochimie à la grue de chantier naval en passant par le hangar industriel type, ces éléments constituent selon nous un potentiel très fort de révélation de l’identité portuaire du site. Le troisième outil que nous mettons en place est donc celui du réemploi de ces objets portuaires. Aujourd’hui, ils sont associés à une image plutôt négative dans l’opinion collective, à une nuisance visuelle, symbole d’une activité polluante, parfois dangereuse. Selon nous, par le réemploi de ces objets, dont beaucoup sont aujourd’hui abandonnés où voués à l’être, l’image du port peut être changé et revalorisée. Il s’agit donc ici de mettre en place un outil qui permettrait différentes stratégies de reconversion d’un certain nombre d’objets portuaires que nous avons sélectionnés comme la cuve, le rail, le hangar, la grue, le bateau. Pour chacun d’entre eux nous avons déterminé plusieurs scénarii de réappropriation. Prenons pour exemple la cuve : sa géométrie est spécifique à l’industrie industrialo-portuaire. Le secteur des môles en compte de nombreuses, notamment certaines qui sont d’ores et déjà abandonnées. Cet objet, réinjecté au sein de notre projet dans la trame orthogonale sur laquelle nous travaillons, ferait office d’exception et de signal symbolique du port. Nous proposons de réutiliser la cuve en


tant que bassin de récupération des eaux de pluie - dans un souci d’économie des ressources en eau notamment dans des programmes comme le centre aquatique ou la base nautique ; en tant que jardin planté - dans un contexte de sol peu fertile ; ou encore comme bâtiment - par exemple la partie sauna et hammam du centre aquatique.

Détournement de la cuve industrielle

Ces trois outils forment un trinôme de règles qui touchent à la surface, la ligne et au point et qui renvoient systématiquement à l’enjeu majeur qui est celui de la sublimation de l’identité portuaire. Ce sont des outils de principes qui sont appropriables et dérivables par chacun. Nous verrons dans la suite de ce rapport comment nous les avons appliqués formellement au sein de nos projets.

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MÔLE/DARSE

L’échelle des môles 1 et 2 par l’individuel

Dans cette troisième partie, nous aborderons l’échelle des môles, mais surtout les programmes qui auront été détaillés par chacun des trois étudiants. En effet, nous avons précédemment travaillé en équipe, de façon à créer une vraie cohésion dans les propositions présentées. Nous avons également posé les jalons d’une répartition des programmes, nécessaire à la production de programmes élaborés finements et poussés dans le détail. Chacun s’est emparé d’une partie du projet et l’a conçue au regard des intentions, outils et règles mis en place pour et par le groupe dans son entièreté. Toutefois, chacun pousse naturellement les éléments qui lui sont propres. Malgré le fait que ces orientations soient conçues de manière plus individuelle, elles sont fondamentalement poreuses et interdépendantes. La collaboration reste omniprésente. Les programmes sont tous en position de dialogue les uns avec les autres.

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Dans cette troisième partie, nous présenterons individuellement le projet mené. Les trois projets s’enrichissent mutuellement. Durant le semestre, Marc Wery, étudiant en Master en formation Architecture, a également contribué à développer le projet global. Il a notamment développé un système de modules mis en place sur la darse entre les môles 1 et 2. Ces modules appelés «barges» sont mis en place sur l’eau selon un système structurel fixe. Les barges sont amovibles : il est possible de modifier leur agencement en fonction des besoins, des saisons, des programmes implantés sur les quais des môles. Le système développé ici permet de répondre au mieux aux besoins des usagers, selon le principe des temporalités que nous avons développé.

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La barge “poutre” est amenée au niveau du duc d’albe et y est accrochée manuellement par un système d’écrou/boulon. Son profil est spécialement pensé pour accueillir le reste du système modulaire.

Une fois les barges “poutre” en place, les différentes modules peuvent venir s’y fixer grâce à un système simple de loquet verticaux en suivant une des organisations saisonnières. Il existe deux grands types de barges, celles qui nécessitent deux barges “poutres” et qui accueillent des éléments de programme et celles qui n’en nécessitent qu’une et qui permettent d’assurer la finition du système modulaire

Lorsque le système est fixé le long du môle, il est tout à fait possible de le faire proliférer sur la darse. Pour cela, il faut fixer une nouvelle barge “poutre” et répéter les deux premières étapes.

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Planter avant de construire, des usages au préalable, photos tirés du port de Göteborg https://mareldlandskap.se


LE PAYSAGE AU PRÉALABLE par Brice Anssens

L’enjeu de la reconversion portuaire à Dunkerque s’insère dans un processus long, où le préverdissement est l’une des stratégies à installer au préalable de tout programme. Cette notion de préverdissement porte de nombreuses ambitions, comme d’installer de nouveaux usages au sein du port à partir du végétal ; d’engager une mutation de ces anciens espaces portuaires tout en les valorisant à travers le parc portuaire ; de retrouver des espaces mesurés comme repères et enfin de préparer un sol à des potentiels aménagements ou espaces publics futurs. Dans un premier temps, il s’agit de définir la notion de préverdissement, afin de comprendre son origine et le rôle de ce processus, ce qui permettra de mieux appréhender dans un second temps, la référence du projet de Göteborg. En effet, nous verrons en quoi ce projet de l’atelier Le Balto et de l’agence Mareld Landskapsarkitekter, offre une forme d’exemplarité en terme de reconversion portuaire, et comment les dynamiques de temporalités qui ont été mises en place peuvent venir servir, nourrir (ou non) le processus de préverdissement qui sera appliqué sur les môles de Dunkerque.

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LE PRÉVERDISSEMENT COMME OUTIL DE RECONQUÊTE URBAINE

« Le préverdissement en France, est une pratique de paysagiste de boisement et d’engazonnement consécutive à l’abandon des sites industriels et préparant l’arrivée de nouveaux usages sociaux (lotissements, usines, parcs notamment). » C’est une méthode de plantation qui vise à répondre à différents objectifs théoriques : - valoriser un site en le gérant et en l’organisant pour lui permettre d’être affecté à un nouvel usage - créer un paysage quand il est ressenti comme inexistant - transformer de manière rapide et économique un paysage délaissé, hostile en un espace acceptable qui pourra se transformer ultérieurement en un lieu agréable.

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Dans la pratique, ce processus consiste à la plantation d’arbres et arbustes avant l’aménagement de programmes, de bâtiments, pour gagner du temps sur le temps de croissance des arbres. Un bâti trouve une dimension effective en moins de deux ans même s’il continue à évoluer dans le temps de par ses usages, son aspect, ses matérialités ou même ses volumes. Un arbre quant à lui atteint un port, un volume et est vecteur d’ambiance en vingt ans en moyenne. De ce fait en plantant tôt dans le processus de reconversion portuaire, les plantations auront atteint leur maturité en même temps que le bâti. Il s’agit d’adopter des


techniques issues des pratiques forestières et agricoles, de planter des sujets très jeunes de 1 à 2 ans, et des espèces adaptées aux facteurs écologiques et aux conditions climatiques du lieu. Ce n’est qu’à partir de 5 ans environ que l’on peut voir l’effet recherché après la plantation. Le préverdissement constitue également un rôle de réserve foncière comme l’a établi Michel Desvigne dans différents de ses projets comme à Bordeaux, Parcs aux Angéliques mais encore à Greenwich Peninsula à Londres. En effet, lorsqu’il n’existe aucun projet d’aménagement ou aucune urbanisation envisagée sur les terrains concernés, une trame végétale peut être créée par anticipation. Cette notion est apparue dans les années 1960 lorsque la saturation des villes a généré de nouveaux quartiers implantés sur des sites au paysage peu qualitatif (orientation, vent, relief fort, peu de végétation existante). À cette époque les espaces verts ont été fortement négligés, souvent réalisés à la fin des opérations avec des moyens financiers très faibles, alors même que les règles d’urbanisme favorisaient la suppression de la rue pour réaliser des espaces de nature de qualité. C’est suite à ces observations que l’idée de préfigurer les futurs aménagements bâtis par des trames végétales s’est développée. Durant cette période, cette notion consistait à jouer sur l’apparence de ces futurs terrains, d’apporter une provision végétale conséquente mais ne portait pas d’usages immédiats sur ces lieux en développement. 93 / 188


En 1985, commandé par la Délégation interministérielle à l’Aménagement du Territoire et à l’Attractivité Régionale (DATAR), le rapport sur les grandes friches industrielles écrit par l’ingénieur général Lacaze, stipule que la “requalification paysagère constitue un préalable au redémarrage économique des régions concernées”. Dans le contexte de Dunkerque, nous nous trouvons face à une ville qui est en perte démographique (donnée du SCOT) due principalement à un manque d’attractivité pour les habitants de cette ville (hormis le paysage balnéaire de Malo-les-bains et du littoral Est). La requalification paysagère du port Est de Dunkerque en un parc portuaire, tend à s’affirmer comme l’une des réponses pour pallier à cette dynamique sociale. On retrouve cette situation aujourd’hui à Dunkerque, où le contexte économique est plus complexe qu’avant. En effet, le port Est de Dunkerque dispose d’espaces vides, souvent délaissés, sans usages ni fonctions. Il convient alors de leur trouver un usage temporaire qui puisse être un élément déclencheur dans la reconquête du port. « Le spectacle de désolation qu’elles offrent souvent constitue, en effet, un facteur de rejet ». Cette phrase tirée du livre Planter aujourd’hui, bâtir demain, exprime le sentiment majeur sur les friches industrielles s’appliquant également sur le secteur des môles. 94 / 188


C’est un lieu peu accueillant, dans le sens où l’activité portuaire présente, semble cerner l’usager sur un sol ne portant aucune autre fonction ou pratique alors même que cet espace est ouvert à tous (et donc pas seulement dédié à l’activité portuaire). Le port est une infrastructure spatiale dans laquelle il est difficile de distinguer ce qui est de l’ordre de l’activité portuaire, des espaces délaissés ou encore de l’espace public. Le secteur des môles est représentatif de cette confusion, dès lors, dans la logique d’en faire un espace accessible pour tous (qui est portée par l’AGUR), il est nécessaire de rééquilibrer les fonctions portuaires avec les usages et pratiques publics.

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LE PROCESSUS DU PARC PORTUAIRE Dans le processus de conception, le projet s’est attaché à étudier différentes références afin de comprendre comment fonctionne le préverdissement dans une temporalité et comment il a finalement été mis en place. La question de la reconversion des friches s’est posée de nombreuses fois. Par le passé, d’autres villes ont vu leur port être délocalisé, et de ce fait ont proposé une reconversion des espaces alors délaissés. Le projet de reconversion de la ville de Göteborg aborde des problématiques (choix des programmes, gestion de la temporalité, moyens mis-en-place…), pouvant se révéler comme des opportunités pour le site du Port Est de Dunkerque. En ce sens, il est pertinent de s’intéresser à la démarche qui a été mise en place et aux notions développées par l’atelier Le balto et l’agence Mareld Landskapsarkitekter, qui ont été retenues pour enquêter, rechercher et proposer une stratégie de reconversion d’un point de vue environnemental, économique et social. La proposition de projet de cette équipe offre de la pertinence vis-à-vis de Dunkerque, non pas dans la finalité de son plan mais plutôt dans son processus d’élaboration. Ce dernier se décline en plusieurs phases : En premier lieu, il s’agit de mettre en place un prototype de paysage offrant la préfiguration de nouveaux usages complémentaires, à la fois dans l’eau et sur les môles. 96 / 188


Processus de la mise en place du parc Jubileumsparken https://mareldlandskap.se

Jubileumsparken, Gothenburg, (SE) Ville : Göteborg, Suède Maitrise d’ouvrage : Municipalité de Göteborg Maitrise d’oeuvre : Atelier Le Balto architectes paysagistes Berlin Mareld Landskaparkitekter Göteborg Type de projet : Parc des 400 ans jubilés de Göteborg au port franc de Göteborg Taille : 13ha Date : Novembre 2017

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Bassin flottant et activitĂŠ nautique dans la darse du port de GĂśteborg https://mareldlandskap.se


Ce paysage prototype, valorise alors un futur parcours permettant de relier le centre-ville au port. Celui-ci, formalisé sous la forme d’un linéaire le long des quais, évoque la préfiguration d’un parcours beaucoup plus large dans le temps. Dans un second temps, il s’agit d’ouvrir la participation à la plantation aux habitants notamment, mais aussi de partager la création du parc avec eux. Une fois que la participation a abouti, il est possible de procéder à la création du parc, et enfin de construire les bâtiments et le système d’irrigation. Ce processus du projet de Göteborg, constitue une base solide pouvant servir de modèle au secteur des môles à Dunkerque. De plus, ce projet partage des similitudes avec le projet des môles dunkerquois, dans les nécessités spatiales et programmatiques qu’il propose (centre nautique et aquatique, et raccordement du secteur des môles avec la ville).

«Plan du désir» un outil pour illustrer les divers souhaits et désirs de différents individus https://mareldlandskap.se

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Dans le projet à Dunkerque, l’enjeu de la temporalité se développe par ce même principe initiateur de préfiguration des implantations futures, mais se traduit par un système de bandes. Pour cela, dans un premier temps, au préalable de l’installation des bandes, un laboratoire expérimental extérieur nommé jardin des essais et une serre s’implanteraient en bout du môle et dans la halle n°1 réhabilitée. Ce jardin aura pour but de réaliser les tests de plantations, de stratégies végétales dans différentes compositions, de substrats de sol tout en gardant un maximum le sol en place et la structure initiale. Cela passe par différentes techniques (ouverture du sol, étrépage, craquelage) qui viendront se mettre en place dans l’ensemble du jardin. Ce dernier s’implante dans un lieu où les végétaux pourront se confronter aux conditions et éléments climatiques du port comme le vent, les embruns marins ou encore l’eau des bassins. Outre le fait d’éprouver le végétal face aux aléas du site, cette première intervention venant reconquérir l’eau du bassin Freycinet, permet de mettre en activité le premier espace que l’on parcourt sur le môle 1 en prenant la passerelle mobile venant des quais de la citadelle. Durant cette première phase, le collectif Fructôse est invité à investir le lieu de manière évènementielle, en réalisant des interventions artistiques dans ce contexte de reconquête végétale. De plus, les habitants ou les étudiants vivants à proximité sur le campus du quai de la citadelle, seraient également invités à participer à la plantation des végétaux, et ainsi être sensibilisés à la végétation du polder et à l’histoire du sol de ces môles.


Ces évènements seraient l’opportunité d’ échanger et d’ouvrir le débat quant au devenir du port Est de Dunkerque en un parc portuaire.

Chantier participatif de la première phase de plantation www.ubqtlandscape.de

Technique de plantation en gardant le sol en place www.ubqtlandscape.de

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Cordon boisé brise vent Quai virevoltant Quai de la liberté Voie des marchandises

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Noue boisée Canaux Bande végétalisée drainante


Une fois les essais effectués, les structures végétales s’implantent dans un second temps, en prenant en compte les résultats du développement végétal des différentes essences et des techniques de sol les plus pertinentes mises en place sur le jardin des essais. Les structures végétales se développeraient en différentes typologies de formes avec des variations d’épaisseur, et porteraient différentes fonctions (continuité piétonne, cordon brise vent, réserve foncière des quais sur 15 mètres) permettant de donner les conditions de développement pour le futur paysage du parc portuaire. Certaines bandes végétalisées portent également la récolte des eaux pluviales sur ces môles, qui parfois se caractérisent par une eau salée ruisselant sur le sol, récupèrent les embruns. L’objectif est d’éviter de rejeter directement ces eaux dans les darses mais plutôt de les récupérer dans ces bandes et de les stocker dans un point bas situé à proximité du canal Bourbourg. En cas de crue centennale ces eaux de récupérations pourraient s’écouler dans ce dernier. À Göteborg, dans une temporalité longue, la trame de la ville viendrait s’inviter dans la trame du port jusqu’à la base des premiers quais, l’intention dans le contexte du port Est de Dunkerque est d’étendre les formes des môles et de leurs tracés qui les caractérisent, par le système de bande. Certaines resteraient le long des quais et d’autres sont davantage étirées jusqu’au canal Bourbourg 103 / 188


(vu comme une transition entre le port et la ville). D’autres sont étirées au-delà du canal pour interagir avec la ville de Saint-Pol-sur-Mer. Ces nouvelles relations paysagères donneraient du sens au nom de cette ville qui viendrait se reconnecter à la mer, et proposerait aux habitants de profiter de nouvelles expériences liées à l’eau. Aujourd’hui le port se compose d’une structure forte dessinée par la limite entre le socle des môles et l’eau des darses. Le système de bandes vient valoriser ces formes et proposer la future armature urbaine du port Est de Dunkerque. Comme le développe Jacques Sgard1

23. Vigny A., Jacques Sgard, Paysagiste et urbaniste, Liège, Mardaga, 1995,p 94.

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« la trame verte est le symbole d’une reconquête de l’espace. Dans ces espaces abandonnés par la sidérurgie, il ne suffit pas de laisser la végétation spontanée occuper peu à peu le sol. Le symbole de reconquête s’exprime par des lignes volontaires, des plantations d’alignement en grandes masses, des modelés de sols maîtrisés. » 23 Enfin dans un dernier temps, ces bandes viennent développer des entres deux, constitués principalement à l’emplacement des dalles des anciennes halles aujourd’hui disparues du môle 2 et des halles encore présentes sur le môle 1. Principalement sur le môle 2 ces espaces d’entre-deux s’installeraient dans un temps long (+10 ans) à la base du môle situé à proximité du canal Bourbourg jusqu’en bout de môle en direction du promontoire, valorisant la vue à l’ouest du port en activité vers l’industrie


ArcelorMittal. Ce sont des surfaces qui, par préfiguration d’implantation, d’usages, de programmes, ou encore de vides provoqueraient des pratiques de l’Homme venant s’intéresser à ces nouveaux lieux au coeur de ce paysage démesuré. Dans cette logique de préfiguration, il ne s’agit pas de figer les usages sur ces dalles, mais bien de les rendre flexibles en attendant leur future mutation, qui elle sera permanente. L’atelier Lebalto et l’agence Mareld Landskapsarkitekter propose l’idée d’un parc à l’extrémité du môle, entièrement végétalisé, dont le concept est de réutiliser la forme centrale de l’existant en le complétant d’un cadre qui viendrait le délimiter en une promenade des quais. L’idée du projet à Dunkerque quant à lui, est de valoriser ce qui reste de l’existant du port et de mettre en scène les éléments qui le composent afin d’en faire un parc portuaire. Celui-ci proposerait des espaces publics valorisant et mettant en scène l’esprit du port d’autrefois tout en ayant des espaces de vide en état ouvert au public. Ce grand parc intègrerait les activités portuaires d’aujourd’hui participant au spectacle des vas et viens des péniches et de la logistique des matériaux. Il formera un nouveau lieu attractif pour la ville de Dunkerque et de ses communes à proximité. Il sera accessible de manière longitudinale Nord/Est-Sud/Ouest à partir du système de bande depuis Saint-Polsur-Mer et de manière transversale Sud/EstNord/Ouest depuis Dunkerque par l’intermédiaire d’un long parcours qui se déroulerait dans un temps long. 105 / 188


Ce dernier traverserait les môles et surtout les darses à l’aide d’une passerelle mobile permettant aux bateaux de plaisance et embarcations fluviales de naviguer, de passerelles piétonnes et enfin d’une passerelle barrage développée dans le projet. A l’échelle du port Est de Dunkerque, ce cheminement est dessiné de manière linéaire, sauf sur certains môles où le tracé se décalerait pour prendre en compte les bâtiments existants ou formerait des angles pour la forme de la dalle en chevron du môle 3, des variations du parcours provoqué par ce qui existe aujourd’hui. Au temps du projet T+10 ans et à une échelle plus réduite sur chacun des môles, notamment sur celui du môle 1 et 2, le parcours préfigurera un cheminement beaucoup plus long. Mais les espaces proposent de garder le sentiment d’aujourd’hui de laisser une libre circulation des usagers, ne proposant aucun chemin privilégié, laissant chaque individu déambuler selon ses sentiments.

Comme Michel Corajoud l’évoque : « Il n’y a pas de chemin précis, pas de carrefour, pas de surestimation, possible de l’endroit où l’on est, pas de préférence marquée, on marche sur une étendue où tous les sens sont toujours possibles. »24

24. Texte en préface du livre : ‘’Portuaires’’ du photographe Hugues Fontaine aux éditions AIVP 1993

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Le principe même de parc portuaire amène des questions d’ordre projectuel : comment définir le parc portuaire ? Comment valoriser l’existant, et mettre en scène le passé ? Il convient alors de définir le cadre de l’action en donnant une définition de ce qu’est le parc portuaire dans le projet. Le parc portuaire est la mise en lumière, d’une


histoire, d’un passé et d’un présent, mais également d’un paysage tout particulier en reprenant ses caractéristiques. Le travail consiste en l’action de sublimer, par la révélation de l’existant et par la mise en scène de l’esprit portuaire. Cela passe par la vue, la matérialité historique et de son interprétation pour des usages futurs, les échelles démesurées, les éléments et structures, le végétal, par la mémoire des lieux, le vis-à-vis avec l’eau, les rails, une recherche permanente de l’horizon… C’est la recherche des nouvelles expériences et des sensations dans ce port qui reste importante. Cela passe par la retranscription de ces atmosphères et par la variation de celles-ci pour se rendre compte des éléments qui composent le port de Dunkerque. Le projet s’attache à travailler dans la “juste échelle d’intensité” et la “juste intervention”, par la matérialité en préservant les sols existants. (bande de matérialité, longs fils dans le parc portuaire). Il s’agit de garder le socle existant et son unité globale, en créant un jeu de dualité qui vient sublimer l’existant et ce qui existait, en le mettant en valeur par son antagonisme.

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Collage photo, transition entre la ville et le port Est de Dunkerque

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Collage photo mettant en scène la matérialité du secteur des môles à Dunkerque


La requalification des môles est une question complexe. Pour autant dans un contexte de densité de villes, ils constituent des réserves foncières sans précédent. Si leur avenir est aujourd’hui incertain, il n’y a presque aucun doute sur leur investissement dans les décennies qui arrivent. L’enjeu porte alors sur comment occuper et s’occuper de ces sites délaissés dans le court terme ? Dans quel état allons-nous transmettre ces lieux ? Le préverdissement apparaît comme l’une des réponses à notre disposition. Cet acte minimaliste porte avec lui une dimension de fertilisation des sols, de manière à donner au socle existant monospécifique, pollué et à l’abandon l’impulsion nécessaire pour opérer une transformation, et activer avec lui des usages, permettant une occupation spontanée du lieu. Le projet offre alors des conditions d’occupation tout en conservant ce qui fait l’essence de ces môles: l’activité portuaire. En conservant l’idée que le devenir du port Est reste indéterminé, il est primordial d’adopter une posture qui se veut d’acupuncture, de manière à ne pas dénaturer ce qui fait ce site. C’est à ce titre qu’interviennent les notions de “juste intervention” et de “juste échelle d’intensité” : sans tomber dans la position passéiste, l’enjeu est de transmettre le secteur des môles (aux générations suivantes) avec toutes ses qualités et des éléments détenteurs de son histoire. Cette histoire est importante car elle est porteuse de l’ADN de la ville de Dunkerque, de sa fondation, de ses évolutions… Ainsi, affirmer l’identité portuaire, c’est affirmer la place de Dunkerque dans son territoire et son importance économique et industrielle au niveau national.

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Collages d’inspiration vers l’ambiance recherchée, Justine Dozier, 7 mars 2019


LE PROTOCOLE DE RÉHABILITATION par Justine Dozier

Comme évoqué précédemment, la temporalité est une notion très forte au sein du projet. Ce dernier est la réponse à des besoins actuels, mais aussi à un futur pour l’instant inconnu. A l’instar de Michel Reynolds, dans son ouvrage Earthship Global Volume25, le concepteur prend de la distance avec ce qu’il a imaginé, il détermine un objectif dont la réalisation et la forme finale est laissée entre les mains de l’utilisateur, plus qu’un objet fini. Dans cette partie, nous aborderons le programme de base nautique mis en place sur le Môle 1 à Dunkerque. Pour les visiteurs, les activités sportives et ludiques seront l’occasion de découvrir le port, dans une dimension didactique. Au delà de cela, sa mise en œuvre a été l’occasion de l’élaboration d’un protocole de réhabilitation des hangars dans le cadre de la reconversion portuaire dunkerquoise.

25. Earthship Global Volume How to Build Your Own Operation 1: Tire Work: Earthship Global Volume How to Build Your Own (Volume 1)

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LE PROTOCOLE

Le protocole de réhabilitation des hangars du Port Autonome de Dunkerque est une de nos réponses à l’enjeu global de la reconversion portuaire. En effet, le port dunkerquois abrite aujourd’hui de nombreux hangars ; ceux-ci seront hypothétiquement désaffectés petit à petit, suivant un phénomène d’abandon du port de l’est vers l’ouest que nous avons évoqué plus haut. En effet, le plan guide pensé avec toute l’équipe visait à poser les jalons du projet dans le temps proche selon les besoins actuels. Nous sommes pleinement conscients du fait que ces besoins peuvent évoluer dans un temps plus lointain et que les modifications ou ajouts seront faits sans forcément passer par nous trois, architectes et paysagistes. Cela permettrait à tout architecte de s’approprier les principes et outils mis en place pour l’élaboration du projet dans le futur. Il s’agit de concevoir un outil qui sera appropriable par quelqu’un d’autre que nous et permettra

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une bonne évolution du projet de reconversion portuaire engagé dans le temps. En tant que concepteurs, nous n’imaginons ainsi plus un produit, associé à un processus de production prévu en amont mais nous déterminons plutôt un objectif, accompagné des règles du jeu nécessaires à son accomplissement. Le projet produit est ainsi collectif, fruit de l’imagination de ses concepteurs, du travail et de l’expérience de ses constructeurs. Nous valoriserons par là l’intelligence collective.

Photographies personnelles, Justine Dozier, 12 avril 2019

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Les hangars seront réhabilités individuellement en fonction des besoins, et permettront des espaces adaptés aux nouveaux programmes implantés. Le protocole sera mis en place au gré des évolutions des pratiques et besoins dunkerquois, au fil des années à venir. Pour cela, nous proposons une réaffectation des hangars en plusieurs étapes : -Tout d’abord, lorsqu’un hangar est déserté, une expertise sera menée afin de déterminer si la structure est en bon état. - La structure faite de portiques métalliques sera conservée et sera mise à l’honneur, en tant que patrimoine portuaire. - Des modules préfabriqués en peuplier seront assemblés au sein de cette structure. -Des éléments portuaires seront donnés à voir et serviront les usages ; par exemple, des cuves de pétrochimie réutilisées en bacs plantés. A ce système très flexible s’ajoutent des paramètres qui permettent une mise en place d’un nouveau programme de la manière la plus adéquate possible. Les modules préfabriqués varient en fonction des besoins (dimensions, ouvertures, enveloppe, isolation) ; le rapport au contexte est très fort et différent pour chaque programme (intégration dans la trame du master plan ou non, utilisation d’éléments portuaires, rapport à la structure existante, émergences) ; les usages internes ont un impact sur les modules et la structure existante. 116 / 188


INSERTION DANS LE SITE : RAPPORT À L’EXISTANT SUR LA PARCELLE Conservation de la structure des hangars du site STRUCTURE MÉTALLIQUE EXISTANTE

+

Création de rues couvertes

Insertion de volumes bâtis sous la structure existante STRUCTURE COMPLÉMENTAIRE

+

ENVELOPPE ET CLOISONNEMENT

CRITÈRES NÉCESSAIRES CURAGE

STABILITÉ

Déshabiller Vérifier l’état la structure de la structure et la renforcer existante au besoin

RÉSILIENCE MODULARITÉ

ÉVOLUTIVITÉ AMOVIBILITÉ

Structure capable pouvant accueillir de nombreux usages

Adaptabilité Espaces selon les cloisonnables saisons, les et besoins décloisonnables

Possibilité d’étendre ou de restructurer l’édifice au besoin

La structure est modulaire, elle peut s’étendre selon les usages et l’évolution. Elle répond également à un objectif de construction écoresponsable et d’économie de ressources. La structure sera adaptable aux évolutions, c’est une structure capable. Capable de recevoir des usages d’habiter confortables (structure accueillante) Capable de susciter du plaisir d’habiter (structure généreuse) Capable de permettre une flexibilité d’occupation maximale (structure souple) Capable de s’adapter à des compositions d’usages changeantes (structure flexible) Capable de se poser dans différents contexte (structure générique)


Maison du projet de la Lainière Bâtiment C2C


Halle Pajol Glissement du projet dans l’existant


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La structure modulaire ajoutée est amovible, démontable et extensible afin de permettre une grande flexibilité au fil des ans, selon les besoins programmatiques. Cela répond également à des nécessités d’économie de ressources, face à la situation écologique actuelle. Dans un objectif d’économie de matière, de protection des ressources disponibles et de réduction des déchets du domaine de la construction, nous souhaitons, à partir de cette structure, réaliser une grande partie des éléments de second œuvre en matériaux de réemploi. Cela permettra, dans une structure modulaire et standardisée, de s’adapter à une diversité d’usages par l’utilisation de ces matériaux et leur caractère unique. Nous utiliserons des matériaux issus de déconstructions, ainsi que d’éléments produits par les entreprises locales. L’objectif est alors d’ouvrir la voie aux matériaux de réemploi dans la conception architecturale. Nous choisirons les matériaux les plus économes possible, selon la hiérarchie suivante: réhabilitation, réemploi, matériaux biosourcés et locaux qui pourront être réemployés et enfin recyclage. Les modules seront construits en peuplier, bois local, et le second œuvre (remplissage, portes, menuiseries) sera fait d’éléments de réemploi et sera lui aussi modulable et évolutif. Nous nous attacherons à produire une structure capable, qui pourra être modifiée au gré des besoins. Le fait de s’insérer dans l’existant permet de le valoriser, mais aussi d’effectuer des ajustements entre structure nouvelle et structure existante, pour mieux servir l’usage, mais aussi générer des espaces nouveaux, aux qualités inédites d’intériorité en plein air, de lien au grand paysage.


Référence de la Halle Pajol Addition d’éléments sous une structure existantes Adaptation

de

chaque

élément en fonction des besoins

+

+

+

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Plan masse,Travail collectif, 3 juin 2019

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LA BASE NAUTIQUE

LE HANGAR La base nautique que nous voulons mettre en œuvre aujourd’hui s’implantera sur le môle 1, dans un des hangars du Port Autonome de Dunkerque. Dans le cas présent, le hangar en question présente une structure porteuse faite de portiques en métal ; le remplissage est fait de briques peintes ; la toiture est en tôle ondulée ; il n’y a aucune isolation. Selon des photos aériennes prises à intervalles réguliers tout au long au XXe siècle, cet édifice est présent sur le môle 1 depuis les années 1950. Il est en bon état et était occupé jusqu’à il y a peu. L’application du protocole à un hangar permet d’accueillir divers programmes, des bureaux aux logements. Les portiques sont espacés selon une trame de 12 mètres, la structure existante est donc très flexible. Pour chaque programme, une étude de ses usages spécifiques sera menée, afin de mettre en place les modules les plus adéquats. Ces derniers seront mis en œuvre de manière à permettre une vision didactique du hangar, élément inhérent à l’univers portuaire. D’autre part, le protocole sera décliné, afin de réhabiliter 2 autres hangars présents sur le môle 1. Le protocole permettra alors de mettre en place le laboratoire rattaché au jardin des essais, projeté par Brice Anssens, mais aussi une halle de restauration, au contact direct entre la halle aux sucres et la darse. Cela sera permis par une adaptabilité des modules, très flexibles, s’adaptant au gré des programmes.

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LA CONCEPTION Ainsi que nous l’avons évoqué précédemment, nous mettons en avant une figure de l’architecte et du paysagiste qui collabore et pose les jalons d’un projet qui pourra être repris ou modifié par d’autres. La co-conception avec les dunkerquois sera permise par les éléments préfabriqués. Les usagers pourront choisir parmi un catalogue d’enveloppes celle qui est la plus adaptée au programme, par exemple. L’interface entre ces usagers impliqués et les concepteurs sera faite par les acteurs du territoires (associations, Learning Center Ville durable, Communauté urbaine de Dunkerque) mentionné plus haut. Ici, l’architecte dessine les grands axes du projet (valorisation du patrimoine, construction économe en ressources, bâtiment modulaire et évolutif, choix des matériaux, low-tech) Il détermine ensuite le système structurel, le mode de remplissage des modules avec des matériaux de réemploi, la place de l’isolation, sa mise en œuvre. Il est ensuite en capacité de proposer aux usagers des éléments prédéfinis, entre lesquels ils peuvent choisir ce qui conviendra mieux à leurs besoins. Les dunkerquois auront le choix des espaces nécessaires selon le programme, de l’organisation des espaces entre eux, leur dimensionnement, le second œuvre, permettant aux usagers d’influer sur le degré d’ouverture, la lumière, l’esthétique.

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L’implantation est guidée par 4 principes forts : - les bandes mettant en valeur la trame de 12 m inhérente au dessin urbain des môles - les trois principes : point-ligne-matérialité - la mise en scène des éléments portuaires - la bande didactique et la bande usages

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LE PROGRAMME Pour chaque programme, une étude approfondie de ses besoins sera menée. Il s’agit de répondre au mieux aux exigences de chaque programme quelque soit le lieu ou le temps en question. Ces besoins sont répertoriés et hiérarchisés : 1. Répertoire des espaces nécessaires 2. Dimensionnement de ces espaces 3. Liaisons entre les espaces 4. Par espace :

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Ambiance

Eclairage

Accessibilité

Rapport intérieur/extérieur

Rapport au sol

Couvertures, baies

Équipement


Ici, pour la Base Nautique sur les môles :

Axonométries des différents espaces de la base nautique, recherche de besoins et de dimensions, Justine Dozier, 15 mai 2019

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LA TEMPORALITÉ Au sein de notre travail sur la temporalité, nous avons introduit la notion de préfiguration. Ce projet se met en place sur un temps long ; nous préfigurons des usages, afin de préparer le terrain et les usagers à ce qui va venir, en les impliquant, les informant. Le protocole de réhabilitation accepte les paramètres d’adaptation suivants, afin de s’adapter au mieux aux besoins de chaque programme : les modules varient (enveloppe, ouverture, dimensionnement) ; rapport au contexte (trames, hors trames) ; les usages internes ont un impact sur les modules et sur l’existant. Certains éléments marquants font exception à la trame et mettent en valeur un point important de la dimension didactique par exemple, comme celle liée au parcours de l’eau. Je m’appuierai sur le travail de Glenn Murcutt pour son travail sur les bandes, le langage industriel et le parcours de l’eau.

T1

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T2


Je mets donc en place un protocole expérimental, qui préfigure les usages de la base nautique et s’adapte ensuite à la phase suivante en fonction des besoins recensés. A chaque phase, je remets en question les modules proposés, l’avis des usagers est largement inclus. La base nautique suivra les phases suivantes : Phase 1 (+1 an) : Une réhabilitation de la structure existante du hangar sera nécessaire. En effet, l’enveloppe et la toiture existantes ont été détériorées au fil des ans. Il faudra nettoyer les briques, changer la toiture et les portes. Cette phase de réhabilitation au tout début du projet est fondatrice. Un hall d’accueil de la base nautique est mis en place dans la halle n°2. Ce pavillon, qui sera un élément fixe et marquant durant toutes les phases. Il devient un élément exceptionnel qui sort de la trame, il tient aussi lieu de maison du projet. Il tient également une place stratégique, proche de la passerelle qui fait la liaison entre le môle 1 et le môle 2.

T3

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Les usages sont concentrés au niveau de la halle en bout de môle, où des casiers sont mis en place. Le matériel de la Base Nautique (kayaks, paddles, pédalos) est facilement manuportable et est entreposé à l’extérieur. Nous préfigurons les usages de la Base nautique. Nous analysons la fréquentation du lieu et recueillons les témoignages des usagers afin de faire évoluer la base nautique en fonction des besoins réels des usagers. Phase 2 (+3 ans) : L’analyse des usages a révélé que la base nautique a attiré de nombreux visiteurs. Il y avait une forte demande en base nautique ; celles existantes étant saturées, nous nous y attendions. Les usagers, plus nombreux ,aimeraient toutefois plus de confort : vestiaires, douches, ... Les activités restent pour l’instant dans le bassin Freycinet, car le lac est vide en raison des travaux visant à la construction du barrage. Des vestiaires sont placés dans la halle. La majorité de la halle est close et peut acceuillir du stockage de matériel nautique. Phase 3 (+7 ans) : Les usages sont déplacés dans le lac, en face de la halle n°2, ce qui permet aux sportifs d’évoluer en toute sécurité. Les vestiaires

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Centre nautique de Tank

Porosité intérieur-extérieur

Halles Alstom Porosité public-privé

sont directement en contact avec les quais. Un espace de réparation prend place. Les visiteurs peuvent observer les réparations et la vie de la base nautique. L’administration apparait. La vie de la base nautique suit son cours, en relation avec le bassin mis en place dans la darse. Les bateaux de plaisance sont amarrés aux pontons du bassin Freycinet. Des éléments de l’aménagement paysager entrent dans le hangar. Phase 4 (+10 ans) : Les barges amovibles sont montées et s’étendent en fonction des besoins en stockage de la base nautique agrandie. Une salle de cours est implantée face à la fosse de plongée, afin d‘assurer les cours théoriques. Des espaces de stockage pour l’hiver sont ajoutés. Plusieurs éléments de remplissage de l’enveloppe existante du hangar ont été retirées. Le sol du hangar est traité comme un extérieur, les visiteurs des môles peuvent déambuler au travers des deux structures, l’existante et celle des modules ajoutée. Le protocole de réhabilitation permet d’ajuster des éléments préfabriqués en fonction des besoins à un temps T.

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Coupe perspective sur le hanger abritant le laboratoire du jardin des essais, Justine Dozier, 15 mai 2019

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Le protocole de réhabilitation permet d’ajuster des éléments préfabriqués en fonction des besoins à un temps T. Elles peuvent s'ajuster au mieux en fonction des besoins et programmes futurs inconnus. Le protocole permet de faire intervenir dans le projet des notions d’économie de ressources, de par l’utilisation de matériaux économes en énergie grise, mais aussi de par la mise en place de constructions évolutives et adaptables, en fonction des usages et des besoins dans le temps. Il est important aujourd’hui de prendre conscience de l’importance des constructions polyvalente. Ces questions écologiques sont primordiales. D’autre part, le protocole de réhabilitation permet aux usagers d’être véritablement acteurs de l’architecture mais aussi du parc portuaire. Chaque visiteur peut déambuler librement au sein du parc, au travers des éléments du patrimoine industriel dunkerquois qui sont aujourd’hui mis en valeur. La reconversion du parc portuaire est un enjeu global à l’échelle de la ville et du territoire. Elle est l’occasion d’introduire de nouvelles valeurs dans la construction, telles que l’humanisme au sein de l’architecture et du paysage. 133 / 188


La piscine du port, vue de l’espace des bassins ludiques, collage de Marianne Moulin, 20 mai 2019 134 / 188


LE CENTRE AQUATIQUE DU PORT par Marianne Moulin

Tout l’enjeu de notre projet réside dans la reconquête du port Est de Dunkerque. Par le biais de ce projet, la réponse que nous proposons est la révélation et sublimation de son identité. Reconquérir le port signifie aussi le donner à voir, le comprendre, l’habiter. L’objectif est donc d’amener les habitants et usagers à s’approprier, par divers usages, ce paysage aujourd’hui inhospitalier. L’idée est donc de rendre ce lieu hospitalier, attractif, ludique, accessible, mais aussi singulier. Pour cela, nous proposons de créer de nouveaux programmes qui sont propres à ce lieu : qui s’adaptent à son échelle démesurée ; qui tirent partie de l’omniprésence de l’eau ; qui sont en lien avec l’atmosphère du déjà-là ; qui profitent de l’horizon époustouflant de la grande échelle portuaire, du spectacle des bateaux, et des anciennes machines, qui sont aujourd’hui des fantômes, témoins du passé industriel. Ces objectifs ont donc constitué la première clé d’entrée dans le projet de centre aquatique. C’est dans ce contexte que s’est posée la question de la programmation : que peut signifier une piscine implantée dans le port en reconversion ?

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LE PROJET SOCIAL

Pour qui ? Pourquoi ?

Etat des lieux des équipements aquatiques dans la CUD document produit par Marianne Moulin, le 10 mars 2019

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De manière quasi simultanée à la phase de diagnostic de site s’est mis en place un travail de programmation. Nous nous sommes interrogés sur les programmes qui pouvaient répondre aux enjeux que le diagnostic de site révélait et qui seraient en complémentarité avec l’existant. Dunkerque possède un Plan Piscine26 peu détaillé mais qui met en avant plusieurs données notables. La première est l’âge moyen des piscines de l’agglomération qui avoisine les 40 ans. Beaucoup ont été construites avec le plan des 1000 piscines27 dans les années 1980 et certaines sont aujourd’hui vétustes28. La seconde est le manque de surface d’eau dans l’agglomération dunkerquoise, ainsi qu’une offre de piscine à visée ludique et de bien-être bien inférieure à l’offre sportive. Au regard de ces données, il est évident que la piscine à visée ludique et bienêtre est un choix de programme pertinent sur la commune de Dunkerque aujourd’hui, dans une logique de complémentarité avec l’existant. Alors qu’elle était autrefois un équipement de proximité, la piscine est désormais un équipement structurant du territoire29. Lieu de mixité sociale, elle représente des enjeux sociaux et politiques pour la ville, notamment en lien avec l’apprentissage de la natation dans l’éducation. C’est pourquoi nous parlons maintenant de centre aquatique30 comme d’un équipement symbolique d’envergure rayonnant sur le territoire et qui propose une offre élargie d’activités aquatiques.

26. Le plan pisicne est un document de planification territorial qui donne les stratégies d’une agglomération concernnat les équipements de type piscine. 27. Le plan des 1000 piscines est une opération qui visait à construire 1000 piscines sur le territoire français dans les années 19601970 28. Exemple de la piscine de Cappelle-laGrande fermée en 2015 pour des mesures de sécurité 29. Voir annexe Histoire de la piscine 30. Voir annexe terminologie centre aquatique

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Pour cette raison, la construction d’un centre aquatique ne peut pas être envisagée dans le centre-ville de Dunkerque, qui ne dispose pas de l’espace disponible suffisant pour un tel programme. En revanche, elle est adaptée au secteur des môles - secteur en quête d’attractivité et de structuration spatiale - dont l’échelle spatiale permet l’implantation de programmes d’envergure. L’implantation d’un centre aquatique sur le môle 2 de Dunkerque participe à la dynamisation du secteur et à sa reconquête par les habitants. De plus, l’eau est un élément fondamental dans l’histoire de la ville et du port. Renouer le lien entre les habitants et le port implique aussi de renouer le lien avec l’eau, élément parfois oublié ou craint par les dunkerquois. Son omniprésence est caractéristique du secteur des môles. Le centre aquatique - associé à la patinoire et la base nautique - incarne un moyen de reconnecter l’habitant avec l’eau, par le biais de la création d’un pôle d’activités liées à l’eau. Néanmoins, il ne s’agit pas de parachuter un centre aquatique lambda sur le sol disponible du môle. L’enjeu de la reconversion, selon nous, est la sublimation du port et sa redécouverte par les habitants. C’est pourquoi le travail de programmation du centre aquatique a été guidé par la notion de didactique et de révélation de l’identité portuaire. L’objectif de ce programme est la création d’un bâtiment phare, fédérateur d’une identité portuaire et qui propose une expérience aquatique indissociablement liée au symbole du port. Il est intégré au sein du parc portuaire à travers un travail de scénographie que nous avons mis en place collectivement.


PHASAGE ET TEMPORALITES

Quand ?

À l’image de l’ensemble de notre projet, le centre aquatique a été conçu au sein d’un phasage et est associé à une échelle de temps définie. Par le biais d’un processus d’acupuncture urbaine - que nous avons évoqué dans la partie précédente - nous tentons d’importer de nouveaux usages sur les môles 1 et 2. Le but est d’associer de nouvelles pratiques à ce lieu, de créer de nouveaux besoins sur le site, et ainsi de pouvoir par la suite installer le programme de manière plus pérenne. Nous proposons d’agir par phases de préfiguration des usages, par le biais d’un phasage de la construction de l’édifice. En préfigurant les usages, il s’agit de préparer le terrain et les usagers à ce qui va venir, en les impliquant, les informant. Dans le cas du centre aquatique, le phasage se décompose de la manière suivante :

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T + 1 AN Un bassin de nage flottant est installé dans la darse, en lien avec le centre nautique qui se met en place simultanément. Par son biais, les habitants peuvent associer ce lieu à un usage actif de l’eau. Il s’agit de créer un rapport à l’eau différent de celui que l’on peut avoir aujourd’hui sur le secteur des môles qui est appauvri par le contraste d’échelle trop important avec le corps humain. Cette piscine immergée constitue également un prototype du système de barges que nous souhaitons ensuite appliquer à l’ensemble du bassin aquanautique une fois la construction du barrage de la darse 2 achevée. Ce prototype nous permet de tester la fonctionnalité du système de barges et ducs d’albe mais aussi de préfigurer sa future expansion au sein du bassin. Il s’agit donc également à ce stade de mettre en place des dispositifs de communication, de médiation, de signalétique, qui informent les usagers de la dynamique en marche sur le secteur et les impliquent de manière didactique.

T + 3 ANS

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Le chantier du bassin de la darse 2 est en cours, avec la mise en place du système de barges modulaires qui lui permettra de proposer différentes configurations d’usages. Sur le môle 2, le sol qui accueillera le centre aquatique est mis en place. Il s’agit d’une dalle de béton portée par une série de poteaux, quatre mètres au dessus du sol existant. Cette dalle de fondation est une sorte de première strate qui préfigure l’usage futur


du centre aquatique. Dans un premier temps, il s’agit d’un espace appropriable par les habitants. Cette nouvelle dalle dessine un nouvel espace appropriable : il peut accueillir des structures éphémères, se transformer en skatepark, profitant de la singularité de ce sol lisse par exemple, tandis qu’en dessous peut être installé provisoirement un espace de stationnement, en attendant que les travaux d’aménagement des nouveaux espaces de stationnement aux entrées de môles soient achevés. Dans ce même temps, une ancienne cuve de pétro-chimie est importée et mise en scène au sein du parcours portuaire. Vouée à être reconvertie en bassin pour le centre aquatique, elle constitue dans un premier temps uniquement un élément symbole, signal d’un lieu particulier du parc portuaire. Par son biais, un dispositif de médiation autour du réemploi de l’objet portuaire est mis en place. Elle constitue également la préfiguration d’un usage futur, celui d’une expérience de bain insolite.

T+ 3 ans : Premières préfigurations de la piscine document produit par Marianne Moulin, le 12 mai 2019

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T + 7 ANS La première partie de la piscine du port est construite. Elle fonctionne en complémentarité avec les activités nautiques du bassin aquanautique, alors fonctionnel, ainsi qu’avec le bassin estival qui avait été mis en place en tant que prototype en T+1. Ce dernier est désormais situé en face de la piscine et dispose d’un accès bas depuis la passerelle ainsi qu’un accès haut direct depuis le quai qui longe la piscine du port. Dans cette première phase, seule une partie des bassins est mise en place. Les espaces d’accueil, vestiaires et douches sont succincts et voués à être agrandis à l’issue de cette phase qui constitue une sorte de phase « test ».

T+ 7 ans : Première partie du centre aquatique du port document produit par Marianne Moulin, le 12 mai 2019 142 / 188


T + 10 ANS La piscine du port est agrandie et devient un centre aquatique, notamment avec l’apparition de l’espace bien-être. Une connexion physique secondaire est alors créée entre le centre aquatique et le bassin estival de la darse. La cuve est également totalement dépolluée et réhabilitée en bassin exceptionnel pour l’espace bien-être.

T+ 10 ans : Extension du centre aquatique document produit par Marianne Moulin, le 12 mai 2019

Ces différentes phases tiennent un rôle préfigurateur des constructions et aménagements qui les succèdent. Il m’a semblé important de concevoir ce projet au sein d’un processus extensif, afin de générer un projet adapté et adaptable aux besoins, qui prend en compte les incertitudes et les doutes qu’induisent le site et l’échelle temporelle.

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La notion de temporalité de ce projet se retrouve dans l’appréhension du temps long et dans le processus de phasage du bâtiment mais il m’a semblé important de l’intégrer également à travers la notion de durabilité du bâtiment. En effet, il est une des responsabilités de l’architecte aujourd’hui que de concevoir le bâtiment de manière durable, en anticipant ses cycles de vie et son obsolescence potentielle. Le programme de centre aquatique, en l’occurrence, constitue un bâtiment énergivore et par définition, peu adapté à une démarche durable. Les problématiques de modularité, déconstructibilité, adaptabilité ainsi que le choix des matériaux ont donc été également des moteurs de conception.

Scénographie du Meyerhold’s The Magnanimous Cuckold Constructivisme : esthétique de la machine 144 / 188


LE BÂTIMENT-MACHINE

Comment ? Au sein du parc portuaire, La Piscine du Port est le seul bâtiment à être totalement neuf. Comment construire dans le contexte d’un projet de réemploi et de réhabilitation de l’existant, dans lequel le vocabulaire architectural est celui de l’industrie portuaire ? L’enjeu de ce projet est donc de créer un bâtiment qui participe à l’amplification de l’identité industrialo-portuaire du lieu. Pour cela, le concept que j’ai choisi de développer pour le centre aquatique est celui du « bâtimentmachine ». Le secteur des môles est marqué par les traces du passé industriel. On y lit encore aujourd’hui les emprises des anciens hangars, on imagine les va-et-vient des wagons sur les rails qui subsistent, ou encore le bruit des bateaux, grues, cuves industrielles, et autres machines qui sont aujourd’hui des fantômes témoins de cette activité passée. À l’image de cette machinerie industrielle, l’idée est donc de concevoir ce nouveau centre aquatique comme une nouvelle machine du parc portuaire. Par définition, une machine est un « objet fabriqué complexe capable de transformer une forme d’énergie en une autre et/ou d’utiliser cette transformation pour produire un effet donné […] »31. À l’instar de Renzo Piano qui dans le projet du centre Pompidou a conçu une véritable « machine à se cultiver », il s’agit ici de créer une autre machine, différente de celles que l’on trouve actuellement sur le port de Dunkerque : une machine à se divertir, une machine à se détendre.

31. Définition du Dictionnaire Trésor de la Langue Française informatisé. Repéré à http:// stella.atilf.fr/ Dendien/

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Cette machine, ou « objet complexe », serait dans ce cas capable de transformer une eau associée à un usage industriel ou à une forme de crainte en une eau qui génère du loisir. Elle est une réinterprétation des machines portuaires. L’objectif en terme programmatique est donc double : proposer de nouveaux usages au port, notamment un rapport actif à l’eau - nager, barboter, éclabousser, plonger, se baigner - tout en donnant à ces usages un caractère unique lié à l’identité du lieu ; c’est-à-dire proposer une expérience singulière du bain, dans une ambiance portuaire. L’idée est donc de créer un bâtiment à la structure expressive, évoquant l’esthétique industrielle et les matérialités

1.

Centre

Pompidou, Paris, Renzo Piano

2.

Lloyd’s

building, Londres, Richard Rogers

Mise en scène de la technique

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caractéristiques des môles, et dont la technique, notamment le circuit de l’eau, est mise en scène. La machinerie de traitement d’eau est en effet valorisée. Cela répond à un autre enjeu de notre projet commun qui est de reconnecter l’habitant avec l’eau comme donnée essentielle de leur territoire. L’idée de didactique est associée au port donc également à l’eau. C’est un enjeu qui est également induit par le programme en lui-même : une piscine est un équipement extrêmement énergivore, il nécessite une consommation en eau très importante. L’objectif est donc aussi de donner à lire les solutions techniques mises en place afin de gérer de manière la plus responsable et durable possible la consommation d’eau.

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Implantation du centre aquatique dans le site document produit par Marianne Moulin, le 12 mars 2019

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L’emprise au sol du centre aquatique s’insère dans la trace de l’implantation du hangar qui y était installé auparavant. Mise à part la cuve qui constitue une exception du bâtiment, les lignes structurantes de ce dernier reprennent la longitudinalité et l’orthogonalité propres aux trames existantes sur le site. La structure du bâtiment respecte le cahier des charges collectif qui associe des matérialités à des temporalités. Nous avons décidé dans ce projet de procéder par addition, donc de ne pas creuser dans le sol des môles, dont la composition n’assure pas une qualité optimale pour la construction d’étages en sous-sol. Cependant, le programme de centre aquatique nécessite un niveau inférieur à celui des bassins afin d’y accueillir les équipements techniques, souvent au sous-sol du bâtiment. Par conséquent, ce niveau technique est ici implanté au rez-de-chaussée, permettant d’une part le maintien du sol en place et d’autre part une lisibilité et une mise en scène de la machinerie et tuyauterie du centre aquatique, habituellement caché en sous-sol. La dalle du niveau principal, au premier étage, constitue un dédoublement du sol existant. Il s’agit d’une dalle de béton qui reprend donc les règles du cahier des charges à savoir de garder un sol minéral à l’instar du sol existant. Sur ce sol, pérenne, vient se poser une structure métallique, dont le rythme reprend celui de la trame transversale de douze mètres - mise en place notamment dans le bassin aquanautique par le système de barges. Ce squelette métallique est donc modulaire et potentiellement extensible ou démontable en fonction des besoins dans un temps long.

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Deux bandes programmatiques

Une structure métallique extensive

Un socle minéral

Une trace de l’emprise du hangar

Une logique d’addition document produit par Marianne Moulin, 31 mai2019

Accueil «bien-être» Vestiaires, douches Accueil Administration

Solarium

Espace «bien-être» Espace ludique

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Restaurant

Socle technique didactique

Axonométrie programmatique document produit par Marianne Moulin, 31 mai2019


La structure métallique - qui, elle aussi, répond au cahier des charges collectif - fait écho aux structures des hangars industriels. Elle permet également par la finesse des éléments porteurs d’offrir un espace largement ouvert, capable d’offrir des vues dégagées et généreuses sur la darse tout en assurant de grandes portées. Le bâtiment est organisé en deux bandes longitudinales. La première bande correspond au volume longitudinal créé par la succession de portiques métalliques. Elle constitue l’espace de loisirs et de détente. La seconde est une bande dite « fonctionnelle », qui comporte les espaces d’accueil, d’administration, de déchaussage, de vestiaires et douches, etc. Accolée au nord-ouest de la première, cette bande fonctionnelle et desservant l’espace des bassins est également pensée comme modulable dans le temps (j’imagine par exemple que les espaces de vestiaires pourraient être agrandis avec l’extension de la piscine). Le matériau bois, lui, est associé à une troisième échelle de temps et d’espace : un temps plus court, ainsi qu’une échelle spatiale qui est plus zoomée sur l’usager. Il est présent sur les aménagements plus évolutifs dans le temps (à l’image du centre aquatique estival sur la darse) et intervient donc dans le jeu de nuances entre public et privé, entre collectif et intime, entre sec et humide. L’organisation en deux bandes admet également les différents scénarios d’extension de la piscine. Un volume transversal fait exception à cette organisation en bandes longitudinales. Ce volume, associé à l’ancienne cuve, constitue la partie « bien-être » du centre aquatique. Il permet également de connecter le centre aquatique aux bassins estivaux mis en place dans la darse, sans entraver la continuité du quai du môle.

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La piscine du port, vue du bassin de la cuve, espace «bien-être», collage de Marianne Moulin, 12 mai 2019

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La piscine est un lieu de mise en scène du rapport entre corps humain et corps de l’architecture par l’intermédiaire de l’eau. Au sein de ce centre aquatique, mon objectif est de transposer l’atmosphère du port à l’expérience du bain. J’emprunte ici la notion d’atmosphère à Peter Zumthor qui la décrit en ces termes : « J’entre dans un bâtiment, je vois un espace, je perçois l’atmosphère, en une fraction de seconde j’ai la sensation de ce qui est là »32. Cela se joue notamment par le travail de ce que l’architecte appelle les paliers d’intimités. Il s’agit des rapports d’échelle, de taille, de masse, de lourdeur entre la construction et le corps humain. Au sein du port, le corps humain est confronté à un paysage qui le dépasse, dont l’échelle est presque inhumaine. Il s’agit de réinterpréter cette sensation au sein du centre aquatique : en proposant une expérience de bain dans une cuve de dix-huit mètres de haut par exemple ou encore par les larges ouvertures sur le port qui confrontent le corps du baigneur à l’immensité du paysage portuaire. La métal, le verre, sont également des matérialités qui évoquent cette ambiance industrielle. Les tuyaux, grilles, toboggans, passerelles ou encore des containers réemployés sont également autant d’éléments qui vont contribuer à la mise en place d’une atmosphère portuaire, tout en injectant un aspect familier et ludique.

32. Peter Zumthor, Atmospheres, [Bâle 2008], éd. Birkhäuser, 2012, p.13

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OUVERTURE

Fruit de la collaboration entre étudiants paysagistes et architectes, le projet a été nourri de nos visions individuelles du projet et du rôle du concepteur. Réciproquement, chacun d’entre nous a évolué dans son approche de l’architecture, du paysage, de la conception, de la collaboration. Nous avons pu appréhender différents outils et pratiques propres à chaque formation mais aussi propres aux parcours et aux personnalités de chacun. Par cet écrit, nous avons introduit les grandes orientations que suit le projet que nous vous présenterons lors de la soutenance de Projet de Fin d’Études. Dès l’identification de l’enjeu majeur du territoire dunkerquois, la reconversion portuaire, nous nous sommes attachés à lui trouver la réponse la plus adéquate. La reconnexion des habitants avec l’eau, ainsi que la valorisation du patrimoine portuaire, seront permis par la mise en place d’un parc portuaire. Ce dernier permettra une déambulation des visiteurs au travers de l’univers industrialo-portuaire, des programmes de loisirs et à la mise en valeur d’éléments du patrimoine mis en scène, tels que les grues et le jardin des cuves.

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Les projets développés individuellement fonctionnent en interdépendance et s’enrichissent mutuellement. Ainsi, le projet “Le paysage au préalable” énonce le processus du parc portuaire. Le projet “Le protocole de réhabilitation” permet la réaffectation des hangars présents dans le port. Le projet du “Centre aquatique du port” propose un programme de loisirs au sein d’un bâtiment machine dans la didactique du parc portuaire. Ces trois projets sont capables d’évoluer selon les besoins du territoire dunkerquois, suivant notre logique de temporalités. Ces projets sont en constante transformation et évolueront jusqu’à la soutenance du Projet de Fin d’Études.

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TABLE DES MATIÈRES Remerciements Par le collectif Avant-propos_ Sol/Eau Par le collectif Introduction _ Enjeux du projet Par le collectif Visions concepteurs_ Les trois collaborateurs Par chacun TERRE/MER L’échelle du territoire pensée par le commun Introduction Par Justine Dozier .De l’évolution du territoire dunkerquois Par Brice Anssens .Relier terre et mer Par Marianne Moulin VILLE/PORT L’échelle urbaine et les stratégies de collaboration Introduction Par Marianne Moulin .Sublimer l’identité portuaire Par Justine Dozier .La temporalité comme stratégie Par Brice Anssens .Les outils de la collaboration Par Marianne Moulin MÔLE/DARSE L’échelle des môles 1 et 2 par l’individuel Introduction Par Justine Dozier .Le paysage au préalable par Brice Anssens .Le protocole de réhabilitation par Justine Dozier .Le centre aquatique par Marianne Moulin

P. 7 P. 11 P. 15 P. 22

P. 33 P. 35 P. 43

P. 46 P. 49 P. 61 P. 77

P. 87 P. 91 P. 113 P. 135

Ouverture Par le collectif

P. 155

Table des matières Bibliographie Annexes

P. 159 P. 160 P. 165


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BIBLIOGRAPHIE

LIVRES :

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discrète », Villes reconstruites, Du dessin au destin, Tome 2, Paris, Harmattan, 1994 MONNIER (Gérard), L’architecture moderne en France, Tome 3 De la croissance à la compétition 1967-1999, Paris, Editions A. et J. Picard, 2000 Processus de conception : CORAJOUD (Michel), Le paysage c’est l’endroit où le ciel et la terre se touchent, Versailles, Actes Sud, 2010 DESVIGNE (Michel), Le paysage, nature intermédiaire, dans Le Moniteur architecture n°101, Octobre 1999, p.60-67 EPRON (Jean-Pierre), L’architecture est la règle, Bruxelles, Mardaga, Collection Architecture + Recherches, 1981 Françoise-Hélène Jourda, Métamorphoses durables, Jeu prospectif pour un projet de ville durable, Biennale de Venise. Exposition internationale d’architecture. 2004. 9. Venise. Pavillon français, Paris, Le Moniteur, 2004 Zumthor (Peter), Atmosphères : Environnement architecturaux : ce qui m’entoure, Bâle 2008, Birkhäuser, 2012

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Sur le paysage au préalable : CORTESI (Isotta), Parcs Publics : paysages 19852000, Arles, Actes Sud Motta, 2000 DESVIGNE (Michel), Le paysage, nature intermédiaire, dans Le Moniteur architecture n°101, Octobre 1999, p.60-67 GUINAUDEAU (Claude) Planter aujourd’hui, bâtir demain: le préverdissement, Paris, Institut pour le développement forestier, 1987 Partager la Deûle urbaine, journal de l’atelier public de paysage n°10, 2017-2018, ENSAPL Concevoir la ville durable : JOURDA (François-Hélène), Petit Manuel de la conception durable, Paris, Archibooks + Sautereau Editeur, 2015 HUYGEN (Jean-Marc), La poubelle et l’architecte, Vers le réemploi des matériaux, Arles, Editions Actes Sud, 2011 ILLIICH (Ivan), La convivialité, Lonrai, Editions du Seuil, 1973

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ANNEXES

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Toponymie AVANT PORT EST

DIGUE DU BRAEK

PA R

AT I

ON

E

BI RU

SE 3 2 LE SE 1

CIT AD ELL E

1

PORT DE PLAISANCE

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SAINT-POL-SUR-MER

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BASSIN DE LA MARINE

CENTRE VILLE DE DUNKERQUE

GARE

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168 / 188


Altimétrie des sols, des eaux et nature des eaux

-11 NGF -9 NGF

6 NGF 5 NGF

5 NGF

-11 NGF

6 NGF

5 NGF

5 NGF

-9 NGF 5 NGF

12 NGF

-7 NGF 5 NGF 6 NGF

-7 NGF

6 NGF 5 NGF Eau de la mer subissant les effets du marnage (-3 à +3 NGF) Eau des bassins portuaires stagnante (2,5m NGF) Eau saumâtre drainée de la plaine maritime flamande (0,5 à 1,75m NGF)

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Port Est de Dunkerque

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LEXIQUE ENJEU :

33. Repéré à http:// www.cnrtl.fr, consulté le 11/03/2019

Ce que l’on peut gagner ou perdre dans n’importe quelle entreprise. A comprendre dans le cadre du projet comme l’intention majeure qui est déduite de l’objet d’étude (l’enjeu du site, du programme, etc).33

OBJECTIF : Un but, un cap à suivre, un résultat à atteindre en réponse aux enjeux.

MOYEN : Qui se situe entre deux parties extrêmes d’un tout. Dans le cadre de notre démarche, le “tout” prend le sens de processus de conception. Le moyen se situe entre l’objectif et la réalisation de cet objectif, il permet le passage de l’idée à la forme.

NOTION OPÉRATOIRE :

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34. Jean-Pierre EPRON, L’architecture est la règle, éd. Mardaga, coll. Architecture + Recherches, 1981, p.209

« En effet ces notions [opératoires] servent à définir ou préciser le but. Elles désignent le problème qu’il faut se poser en faisant le projet. Elles apportent la manière de répondre au problème. Elles sont ainsi une réduction des énoncés de la doctrine permettant pendant le projet de ne pas perdre de vue le but que celle-ci assigne. Elles forment la « règle qu’on s’impose ». (...) Le travail d’élaboration de ces notions est révélateur des prises de positions doctrinales. »34


OUTIL : Medium par lequel nous formalisons une intention de projet. Peut être de l’ordre de la conception, de la communication, de la production, etc. Dans le cadre de notre démarche collaborative nous avons appelé «outil» toutes les règles formelles de projet que nous avons mis en place.

TEMPORALITÉ : “Caractère de ce qui est dans le temps, de

ce

qui

appartient

au

temps”35

Nous appelons temporalité différentes échelles de temps qui définissent notre projet et qui sont travaillées par le biais

35. Définition du Dictionnaire Trésor de la Langue Française informatisé. Repéré à http://stella.atilf. fr/Dendien/scripts/ tlfiv5/advanced. exe?8;s=651784335

d’outils tels que le phasage.

PRÉFIGURATION : “La préfiguration est une sorte de fondation, de première strate, qui donne corps au quartier en devenir tout en évoluant au fur et à mesure des aménagements” 36

ACUNPUNCTURE URBAINE : “Intervenir sur des espaces clés qui révèlent et réveillent des interactions sous-jacentes ; ajuster et dynamiser le site qui possède déjà les amorces des changements projetés.” 37 “L’idée est d’agir sur l’ensemble de la ville en agissant sur des points particuliers” 38

36. Le paysage en préalable,Michel Desvigne Grand Prix de l’urbanisme 2011 Joan Busquets, Prix spécial, Sous la direction de Ariella Masboung 37.Programme d’expérimentation Mix’Cité, CAUE Haute Savoie, repéré à http:// mixcite.caue74.fr/wpcontent/ 38. Quentin Lefevre, Espaces publics ; idéal, revitalisation et acupuncture urbaine, Rapport de PFE, ATU Bordeaux, 2014

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LES ACTEURS DU TERRITOIRE : Méthode de conception, S’appuyer sur des acteurs locaux

Fructôse (anciennement Free Darse) Date de création : 2001 Localisation : La Fabrique, Rue du Magasin Général, 59140 Dunkerque Actions : mise à disposition d’ateliers de travail et de production permettant la recherche, la création et l’expérimentation ; programme de résidences et de projets artistiques en lien avec les habitants du territoire dunkerquois Apport dans le projet : Sensibilisation à l’art ; dimension didactique de l’univers portuaire

Terre et patrimoine du dunkerquois Date de création : 2015 Localisation : Villa du Chat 34 Avenue de la Mer 59240 Dunkerque Actions : protection et sauvegarde des ressources milieux et habitats naturels et urbains ; lutte contre les pollutions et les nuisances ; respect de la légalité ; agir pour le respect de l’urbanisme ; assurer la défense de la propriété individuelle ou collective ; défense en justice Apport dans le projet : sauvegarde des ressources et valorisation milieux et habitats ; appréhension de l’univers dunkerquois et de ses traditions

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Association De Sauvegarde Et De Promotion Du Patrimoine Rosendaelienne ASPPARO Date de création : 2005 Localisation : Maison de Quartier de la Tente Verte RUE de Verdun 59240 Dunkerque Actions : sauvegarde, valorisation et promotion du patrimoine jardinier, architectural et culturel de Rosendaël et ses environs Apport dans le projet : sauvegarde des ressources et valorisation milieux et habitats ; appréhension de l’univers dunkerquois et de ses traditions

AGUR Date de création : 2014 Localisation : MÔLE 1 - HALLE AUX SUCRES, 9003 Route du Quai Freycinet 3 Môle 1, 59140 Dunkerque Actions : études, analyses, rédactions des documents d’urbanisme ; préconisations urbaines, architecturales ou paysagères ; conseil et animation dont les expertises servent à la prise de décision en matière d’aménagement du territoire Apport dans le projet : Mutualisation de projets, médiation avec le grand public, promotion du parcours didactique proposé 175 / 188


Maison Du Développement Économique De L’Emploi et De La Formation Date de création : Inconnue Localisation : 66 Rue des Chantiers de France, 59140 Dunkerque Actions : développement économique, de l’emploi et de la formation ; regroupement des organismes qui œuvrent pour le développement économique et social de l’agglomération ; facilitation de leur travail en commun Apport dans le projet : Embauche de personnes pour les nouveaux programmes ; implication des dunkerquois dans ce nouveau pôle loisir ; formations et activités pour les plus jeunes

Maison de l’Europe Date de création : 1978 Localisation : 5 Quai de la Citadelle, 59140 Dunkerque Actions : intervention auprès d’un public très large (jeunes, professionnels, associations, collectivités, écoles) par des actions telles que des séminaires de sensibilisation et d’information sur les questions européennes, des conférences, des débats, des expositions, des stands d’information, des émissions de radio Apport dans le projet : information et expositions autour du thème de l’Europe et de l’écologie 176 / 188


Learning Center Date de création : 2015 Localisation : 9003 Route du Quai Freycinet 3 Môle 1, 59140 Dunkerque Actions : lieu de rencontre autour des savoirs ; optimisation l’accès à la connaissance ; environnement pédagogique ; accueil et accompagnement des différents publics Apport dans le projet : pédagogie de la ville durable ; expositions didactiques ; proposition d’activités ou éléments des programmes qui seraient donnés à voir vers une didactique de l’économie de ressources, de la technique et du cycle de l’eau ; découverte du monde portuaire.

Communauté Urbaine de Dunkerque CUD Date de création : 1968 Localisation : Pertuis de la Marine, 59140 Dunkerque Actions : actions pour le développement de l’agglomération et le bien-être de ses habitants ; organisation des grands services publics ; animation du territoire ; garantie d’une cohésion territoriale Apport dans le projet : actions pour le bon développement du pôle loisirs et culture des môles au sein de la ville ; animation des môles

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ADuGES Date de création : 1960 (sous le nom d’ASCD) Localisation : 50 Rue du Jeu de Mail, 59140 Dunkerque Actions : Petite Enfance, le Pôle Vie de quartier, et le tout nouveau Pôle de la Vie associative ; accueil et accompagnement de 4200 familles adhérentes, et au service des habitants des communes de Dunkerque, Leffrinckoucke et alentours… Apport dans le projet : accompagnement des familles vers les loisirs des môles ; promotion du lieu ; activités d’accueil des plus jeunes

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HISTORIQUE : La piscine dans l’Histoire

Très vite les bassins sont associés à la notion d’hygiène et à la pratique religieuse (rites et traditions) ETYMOLOGIE PISCINE = VIVERS

DISPARITION DE LA NOTION DE SPORT Du latin piscina, le mot est formé de la racine piscis qui signifie poisson. La fonction première de la piscine était celle de vivier. Les riches construisaient des piscines dans leurs maisons de campagne.

XVIIEME LES BAINS PUBLICS

GRECE ANTIQUE 1ERS BASSINS SPORTIFS

Avec le développement de sentiments tels que la pudeur ainsi que la ségrégation sociale, les bains publics se multiplient ainsi que les bains individuels pour les classes aisées. Il n’y a pas encore de distinction entre hygiène et sport.

La natation n’est cependant pas une discipline de jeux olympiques.

La piscine constitue désormais un équipement politique structurant le territoire. Des plans piscine sont élaborés par les collectivités territoriales. Il s’agit de plus en plus de centres aquatiques regroupant bassins sportifs, de loisir, espace bien-être, ...

Augmentation du nombre de piscines en France. La piscine devient un équipement de proximité pour la pratique de la natation qui est appréciée pour ses valeurs ludiques et sportives.

AUJOURD’HUI PISCINE = ENJEU TERRITORIAL POLITIQUE

FIN XIXEME DEBUT DE LA DISTINCTION ENTRE SPORT ET HYGIENE XIX EME INTRODUCTION DE LA NATATION DANS L’ENSEIGNEMENT

Apparition de la notion de loisir également. Avec l’interdiction de baignade dans la Seine intra-muros à Paris et l’extension du réseau d’alimentation en eau, les bains publics dédiés à la nage et au jeu se multiplient.

1958 PLAN DES 1000 PISCINES

1958 58 piscines 1969 408 piscines Le but de l’opération est l’apprentissage de la natation. Il s’agit de proposer des plans standard (simple bassin de natation) type Iris, Plein-Ciel, Plein-Soleil, Caneton et enfin Tournesol. Avec les nouvelles technologies de traitement de l’eau, la piscine moderne telle que nous la connaissons aujourd’hui apparait.

Historique de la piscine, document produit par Marianne Moulin, 15 février 2019

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TERMINOLOGIE : Centre aquatique - centre nautique

STRUCTURES SPATIALES

PARC AQUATIQUE Installation de loisir et de détente dédiée à des attractions aquatiques. CF : Parc d’attractions

BASE AQUATIQUE Installation de loisir et de détente dédiée à des attractions aquatiques mais souvent associées à d’autres activités de loisir.

FORMES LEXICALES CENTRE P. méton. Organisme public à vocation particulière, généralement socio-culturelle, d’enseignement, de recherche.

BASE [Le lieu est considéré comme point de départ d’une chose] MILIT. Lieu de concentration de troupes et de matériel destiné aux opérations militaires. SYNT. Base aérienne, maritime, navale, territoriale; base d’opération, de transit; base stratégique; base permanente, de circonstances; unité de base; établir une base, etc.

PARC Association dont les membres ont des goûts, des intérêts ou un but communs. Spéc. Association à caractère sportif ou à but touristique. Club sportif

AQUATIQUE

CENTRE AQUATIQUE

Qui concerne l’eau, qui a rapport à l’eau. Spéc. Qui s’effectue dans l’eau. [En parlant d’une ville, d’une habitation, d’un terrain, etc.] Qui est édifié sur l’eau.

C’est une piscine agrémentée d’une offre de services complémentaire, liée à la détente ou au jeu. CENTRE NAUTIQUE Par abus de langage

NAUTIQUE

PISCINE

En partic. Qui concerne la navigation de plaisance et les sports de l’eau. Compétition, course, joute nautique; salon nautique. - Sport nautique. Sport qui se pratique dans ou sur l’eau. - Fête nautique. Fête qui se déroule sur l’eau et à laquelle prennent part des bateaux.

Bassin artificiel destiné à la natation, à la plongée et à certains sports nautiques; p.méton., établissement où se trouve(nt) un ou plusieurs de ces bassins. PISCINE OLYMPIQUE Piscine dont les dimensions et l'équipement sont conformes aux normes olympiques.

BASE NAUTIQUE Zone récréative structurée autour d’un plan d’eau & d’aménagements de loisirs. CF : Base de plein air & de loisirs CENTRE NAUTIQUE PARC NAUTIQUE

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FRIGIDARIUM SAUNA/HAMMAM

PARC AQUATIQUE

nstallation de loisir et de détente édiée à des attractions aquatiques. F : Parc d’attractions

BAINS-TOURBILLONS DOUCHES MASSANTES

ACTIVITÉS AUTRES (SPA)

STRUCTURES SPATIALES

BÉBÉ-NAGEUR BAIGNADE

nstallation de loisir et de détente édiée à des attractions aquatiques mais souvent associées à d’autres ctivités de loisir.

AQUAGYM NATATION PLONGEON

CENTRE AQUATIQUE

’est une piscine agrémentée d’une ffre de services complémentaire, liée la détente ou au jeu. CENTRE NAUTIQUE Par abus de langage

APNÉE PLONGÉE

ACTIVITÉS DE BASSIN

BASE AQUATIQUE

WATER-POLO

CLUB

RUGBY SUBAQUATIQUE

Association dont les membres ont des goûts, des intérêts ou un but communs.

HOCKEY SUBAQUATIQUE

CLUBS DE LOISIRS Associations destinées à la pratique et à l’apprentissage de pratiques, orientées pour le loisir, lejeu et la détente.

SKI NAUTIQUE

PISCINE OLYMPIQUE Piscine dont les dimensions et l'équipement sont conformes aux normes olympiques.

KITE-SURF

PADDLE KAYAK KAYAK-POLO AVIRON JOUTE NAUTIQUE

BASE NAUTIQUE

one récréative structurée autour ’un plan d’eau & d’aménagements de loisirs. F : Base de plein air & de loisirs CENTRE NAUTIQUE PARC NAUTIQUE

CLUBS SPORTIFS

SURF & BODYBOARD

BATEAU-DRAGON

ACTIVITÉS DE PLAN D’EAU

PISCINE

Bassin artificiel destiné à la natation, à a plongée et à certains sports nauques; p.méton., établissement où se rouve(nt) un ou plusieurs de ces basins.

FORMES SPATIALES

Associations destinées à la pratique et à l’apprentissage de techniques sportives précises, souvent dans le but de participer à des compétitions.

WAKE-BOARD NAUTISME À VOILE CHAR-À-VOILE JET-SKI

Terminologie, document produit par Marc Wery, 25 février 2019

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LE PRÉVERDISSEMENT : RECHERCHE Accueillir de nouveaux programmes

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PrĂŠparer des espaces publics

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Cycle de vie vĂŠgĂŠtal

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Documents produits par Brice Anssens, 9 mai 2019





Ce rapport présente le travail de Projet de Fin d’Etudes de Brice Anssens, Justine Dozier et Marianne Moulin. Il a été réalisé au semestre de Printemps 2019 au sein de l’atelier «Conception et société» mené par Juliette Pommier et Annie Tardivon dont le thème était «Architectures et Paysages de l’eau». Le projet a été mené en collaboration entre étudiants en architecture et paysage, et porte sur la reconversion du secteur des môles de Dunkerque, ancienne zone instustrialoportuaire. Un travail collectif à la grande échelle a permis de mettre en place le concept général de «Parc portuaire», dans lequel les projets individuels (projet du paysage au préalable, projet de protocole de reconversion des hangars industriels, projet de centre aquatique) se mettent en place.


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