FÊTE DE LA VANILLE - Prochaine édition : 22 et 23 octobre 2011 L'association Lifou Tourisme organise chaque année son Week-end touristique placé sous le signe de la vanille, le produit phare de Drehu. Départ pour la tribu de Mu, 150 ans après l'arrivée à Ahmelewedr d'un missionnaire anglais et des tout premiers plants de vanille... En mémoire de Mémèche Les deux premières éditions du «Week-end touristique» se sont tenues à Qanono, dans le district de Gaïtcha. Depuis 2008, il a lieu à Mu, au sud-est de Lifou, dans le district de Lössi. En 2010, l'association Lifou Tourisme, qui ?uvre à la promotion du tourisme de Drehu, a décidé de lui donner un thème et de baptiser la manifestation «Fête de la Vanille». Cette fête, on la doit en grande partie à Jacqueline Albert, dite «Mémèche», présidente de Lifou Tourisme jusqu'à sa disparition, début 2010. C'est elle qui a porté le Week-end touristique à bout de bras: « C'était son bébé, se souvient Maline, membre du comité organisateur, elle disait souvent "on ne touche pas à mon bébé!" ». Ancienne aide soignante en Lorraine, cette native du Wetr (nord de l'île) était revenue à Lifou et gérait depuis longtemps l'hôtel-restaurant Le Servigny à Kumo, tout en s'investissant beaucoup dans le développement de Lifou à travers un tourisme de petites structures familiales. En octobre 2010, en présence de sa fille Valérie, organisateurs de la Fête de la Vanille, autorités politiques et coutumières ont salué avec beaucoup d'émotion la mémoire de cette «grande dame», «très dynamique», et tous ont promis de pérenniser l'esprit de la manifestation. L'hommage s'est achevé par une minute de silence, puis par une chanson dédiée à Mémèche. L'or de Lifou Lifou Tourisme peut compter sur le partenariat du Cemaid (syndicat d'initiative) et le soutien de la Province des Iles et de la Grande chefferie de Lössi. Membre du comité organisateur, Gope Fenepeg Kanyipa, dit «Kagnys», sert d'intermédiaire entre l'association et la tribu d'accueil. « Un tel événement est assez lourd à gérer. Les gens ici doivent encore s'imprégner du projet, comprendre qu'ils ont tout intérêt à bouger, qu'il existe un potentiel qu'il nous faut mettre en valeur. » Pour Samuel Ihage, nouveau président de Lifou Tourisme, la Fête de la Vanille doit devenir «la vitrine de notre activité touristique». « Ce rendez-vous est très important pour les tribus, les familles aux revenus modestes. Il leur permet de vivre convenablement pendant quelque temps en écoulant le fruit de plusieurs mois de labeur, ou en recevant les visiteurs chez eux. » Kanyipa va plus loin: « Grâce à la vanille, certaines familles ont pu acheter une villa, une voiture. Tout comme le tourisme, elle doit constituer notre gagne-pain. La vanille, c'est l'or de Lifou! Notre île est une immense forêt... puisse-t-elle devenir un jour une forêt de vanille! ». Accueil en tribu «Tourisme authentique». C'est le credo des organisateurs, celui du Grand chef Naisseline, de Maré, qui insiste sur la notion de «rencontre» et, plutôt que de «touristes», préfère parler de «visiteurs». « La Fête de la Vanille est un lieu de partage et de joie entre les visiteurs et la population de Drehu, affirme Samuel Ihage. Je suis fier de recevoir dans nos cases des personnes du monde entier, fier de les entendre dire que notre île est très accueillante et authentique ». Tout commence dès la descente d'avion, par des chants de bienvenue. Avant le cocktail du vendredi midi, offert à tous les invités. Les organisateurs proposent un forfait de trois jours comprenant le transport aller-retour en avion depuis Nouméa, le logement pour deux nuits avec petit déjeuner, ainsi que le transfert aller-retour de l'aérodrome de Wanaham jusqu'au lieu d'hébergement. L'accueil se fait chez l'habitant, sous la case, principalement à Mu, mais aussi dans les tribus voisines de Xodre et Joj. L'occasion de découvrir le mode de vie traditionnel des Loyaltiens. Ambiance La Fête de la Vanille («vanii »en drehu) se déroule sur le site dit «Akawan» de la tribu de Mu, à quelques dizaines de mètres de la plage où, en 1860, débarqua le missionnaire anglais Joyce McFarlane. À bord de son bateau, il avait quelques plants de vanille de Madagascar qu'il remit au clan Api-Kai qui vivait ici, sur le lieu-dit «Ahmelewedr» (nom de la première association de planteurs de vanille créée en 1994).
Chant choral, concerts de kanéka, danses traditionnelles, élection de Miss Lifou Tourisme... durant trois jours de nombreuses animations se succèdent sur le podium et... tout autour. Bougna géant préparé le samedi matin, dégusté en fin d'après-midi, journée patrimoine, confection d'une pirogue, savoir-faire des anciens en matière de médecine traditionnelle, sculptures en santal, chapeaux et paniers en pandanus... rien ne manque à Ahmelewedr. Pas même le défi lancé par un crabe de cocotier géant au célèbre serpent de Wedrumel, un reptile non venimeux, ni la démonstration de capture de tortues, au bout de la plage du gîte Tanukul. Et puis bien sûr, de multiples stands de restauration aux couleurs... de la vanille. À consommer ou à emporter: salade de papaye aux crevettes sautées à la vanille, brochettes de c?ur de b?uf à la sauce vanille, lasagnes de vivaneau ou fricassée de volaille à la vanille, milk-shake, gâteau d'ananas, glace et café... à la vanille. Et encore achards de pourpier, piment de papaye, confiture de corossol ou sirop de mandarine... tous à la vanille! À la carte Tout au long des trois jours de fête, de multiples activités sont proposées, en dehors du site d'Ahmelewedr. Pour commencer, des balades au sein de la tribu de Mu, avec la visite d'une vanilleraie et d'un champ d'ignames, une petite leçon d'histoire sur l'arrivée ici-même de l'Evangile en 1842, la découverte des chefferies (ancienne et actuelle) et du parc à tortues de Tanukul. Deux randonnées guidées sont également au programme: le Sentier du Bernard l'Ermite, et les légendes qui y sont associées, à Hmelek, environ 12 km de Mu; ou, deuxième option, les joyaux de la mythique Luengöni, au nord de Mu, célèbre pour sa plage et sa grotte. Enfin, deux tours en minibus vers le nord de l'île: une immersion culturelle chez Gabriella Wassaumie, dans la tribu de Hnathalo, ou, plus touristique, les fameuses falaises de Jokin, la chapelle Notre-Dame de Lourdes à Easo, ainsi que le jardin botanique de Félix à Mucaweng. Une culture délicate Le vanillier est une variété d'orchidée qui affectionne les lieux ombragés, humides et bien ventilés. Il pousse sur un tuteur («wafel» en drehu), en puisant les éléments nutritifs dont il a besoin dans un réservoir de matière organique, appelé assiette. Afin d'empêcher une croissance en hauteur et une surveillance acrobatique, des opérations répétées de «bouclage» sont effectuées. Cette liane produit des fleurs une fois par an, et leur l'éclosion ne dure que quelques heures. Le temps pour les «marieuses» (ou «marieurs») de courir de fleur en fleur pour les féconder manuellement. La pollinisation intervient tôt le matin, la fleur ne supportant pas la chaleur. Les premières gousses (les fruits) apparaissent quelques semaines plus tard sous la forme d'une sorte de haricots verts regroupés en balais d'une dizaine d'individus. Leur récolte a lieu de 6 à 9 mois plus tard, en juin-juillet, lorsqu'elles adoptent une couleur jaunâtre. Commence alors une très longue période de traitement, destinée à libérer tout l'arôme (la vanilline) qu'elles contiennent: «échaudage» (3 mn dans de l'eau à 65° C), «étuvage» de 24 h à l'intérieur de caisses capitonnées, le temps d'acquérir une teinte chocolat, séchage au soleil (2 semaines) puis à l'ombre (2 à 3 mois), et enfin séjour de 6 à 7 mois à l'abri de glacières bien étanches. Les gousses sont ensuite classées par catégorie. Plusieurs critères de qualité entrent en ligne de compte: longueur, taux de vanilline, qualité de séchage, absence de piqûres... Les plus belles sont commercialisées, par paquet de 50 ou 100 («dynamite»). Les autres servent à la cuisine (confitures, achards, pâtisserie...). Quant aux chutes de gousses séchées, elles sont parfois recyclées en vannerie, à des fins décoratives. La difficulté et la durée du traitement (3 ans entre la plantation et la production) font de la vanille une des plantes aromatiques les plus chères au monde. Maison de la Vanille De 1860 à 1980, la vanille n'était qu'une jolie orchidée ornementale. Jusqu'à ce que les planteurs réalisent qu'ils pouvaient en tirer un bénéfice substantiel et deviennent des planteurs convaincus. Difficile de fournir des chiffres précis, mais il y aurait aujourd'hui à Lifou quelque 120 producteurs (pour 26 000 pieds) dont la production n'atteint pas la tonne annuelle. La demande de cette vanille 100 % naturelle est pourtant très forte: à Nouméa, en Australie, en Nouvelle-Zélande et surtout au Japon (environ 50 tonnes!). Après des débuts prometteurs, la filière est aujourd'hui en pleine restructuration. Pour cela, tous les producteurs doivent travailler main dans la main. « L'Evangile a réuni tous nos vieux, rappelle Samuel Ihage. Si la religion a réussi, pourquoi la vanille n'y arriverait-elle pas? ». Objectif, produire en plus grande quantité, et approvisionner en gousses (non plus séchées, mais vertes) l'unité de séchage mise en place par la Province des Iles, qui devrait ouvrir très prochainement à Hnathalo. Cette unité sera flanquée d'une boutique, la Maison de la Vanille, chargée du circuit de distribution. Le souhait de ses promoteurs: uniformiser et améliorer la qualité de la vanille de Lifou, et tendre vers un label pour faciliter la conquête des marchés extérieurs. À table!
Recette des crevettes vanillées (pour 4 personnes) 20 grosses crevettes 20 cl de crème fraîche 1 cuillère à soupe de vanille en poudre 1 gousse de vanille fendue 5 ml de rhum 1 oignon huile, sel, poivre Faire fondre l'oignon dans une poêle avec un peu d'huile. Saisir les crevettes et la gousse de vanille durant deux minutes en les remuant fréquemment. Saler et poivrer. Faire ensuite flamber les crevettes avec le rhum. Ajouter la crème fraîche et la vanille en poudre. Remuer le tout. Ne pas oublier de... déguster! Aller sur le site http://www.iles-loyaute.com