Approches, 2014-1

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approches MAGAZINE DU PERSONNEL DES FRÈRES DE LA CHARITÉ

5ième année MARS 2014 | N° 17

Pierre Joseph Triest Déterré 1 journée d’équipe

Pressing Ronald Clavie

« Je ne fais qu’emballer le produit. » EXCLUSIVEMENT 30% DE RÉDUCTION POUR LES PARCS PLOPSA !


SOMMAIRE

Le goûteur

20 NOUVELLE RUBRIQUE ! 20

Esprit d’équipe

Pressing

« No stress to press! »

22 Édito

4 Quoi de neuf ? Télex 7

Le collègue autrement

Christopher Dehaeseleer

» « Carpe Diem 8

Un coin à soi

Ronald Clavie

à la « Ronald est re & croisée du cu care » 11 Billet 12

En image

14 Loin et pourtant proche 2 > approches mars 2014

À l’écoute

Jacques Rogge

26

est Eric Pierraerudr. notre goût ‘

3

22

27

À qui le prix ?

28 Portrait

La maison Bambou

Il est coordinateur central pour la qualité et la formation et membre du conseil de rédaction d’Approches. 15 Dossier La communication non violente

lité « Voilà la vitas pour dire san médire »

19

À bon marché

Et cetera Pierre Jozeph Triest déterré et ré-enterré

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ÉDITO

COLOPHON

Qui est ?

ANNE-SOPHIE VELAERS > ANNE-SOPHIE VELAERS a 32 ans. Elle est la maman d’une fille de 5 ans et d’un garçon de 3 ans. Depuis 2006, elle travaille au Centre St-Lambert comme éducatrice. Après avoir œuvré dans le pavillon St-Louis, elle assume depuis 2011 la fonction de co-responsable du 2ème cluster dont l’intégration à Andenne est prévue en 2015.

approches MAGAZINE DU PERSONNEL DES FRÈRES DE LA CHARITÉ

5ième année MARS 2014 | N° 17

Pierre Joseph Triest Déterré 1 journée d’équipe

Pressing Ronald Clavie

« Je ne fais qu’emballer le produit. » EXCLUSIVEMENT 30% DE RÉDUCTION POUR LES PARCS PLOPSA !

Couverture : Ronald Clavie Photographie : François Dehombreux

L’intégration, un rêve à notre portée Depuis l’année dernière, trois usagers du Centre St-Lambert participent à des cours d’aquarelle donnés dans une salle à Jambes. Ils avaient montré des aptitudes artistiques lors des activités sur le site de Bonneville et l’inévitable question avait alors surgi : pourquoi pas dans la société ? J’ai réussi à convaincre la coordinatrice de cours d’aquarelle donnés à Jambes d’accueillir les trois usagers dans les groupes de participants. Après une première rencontre pour faire connaissance avec les trois candidats, des essais ont eu lieu. Les usagers se sont révélés assidus et motivés au point que la coordinatrice se montre désormais enthousiaste quant à leur présence parmi les autres personnes. Un projet dont j’aurais pu craindre les difficultés. Au fil du temps, les obstacles qui auraient pu être redoutés sont apparus bien moindres que ce que j’aurais pu imaginer. Fin de l’année dernière, un autre projet a surgi : une personne du centre culturel d’Andenne est venue rencontrer les responsables de service et la direction sur le site de Bonneville. Elle nous a présenté le programme des activités organisées par le centre culturel en 2014 avec ces mots : « vos usagers sont les bienvenus pour assister à des spectacles et prendre part à des ateliers ». Maintenant, ils y sont. Ce n’est plus nous qui sommes allés vers la société pour nos usagers. C’est elle qui est venue les chercher…

Tous les collaborateurs des Frères de la Charité en Belgique reçoivent « Approches » (Wallonie) ou « Dichtbij » (Flandre). Les Frères de la Charité constituent une congrégation et une organisation qui se consacrent à l’accompagnement et aux soins des enfants, des jeunes et des adultes, dans les secteurs de l’enseignement, des établissements de soins (soins de santé mentale et soins aux personnes âgées), de l’aide sociale (soins orthopédagogiques, garderies d’enfants et ateliers protégés/sociaux) et de l’enseignement spécial.

Conseil de rédaction

Gisèle Bodart (EPSIS Bonneville), Christian Bodiaux (CFPJT), Jean-Baptiste Butera (Dave), Jacques Canivet (Manage), Lieven Claeys (Gand), Mattias Devriendt (Gand), le Frère Henri Fransen (Les Sauvèrdias), Philippe Hody (Coordinateur du magazine), Annelies Naert (Gand), le Frère Michel Paquet (administrateur), Albert Pfund (Bonneville), Eric Pierrard (CFPJT), Francis Pitz (CFPJT), Edwin Vercruysse (Gand).

Rédacteur en chef et éditeur responsable

Raf De Rycke – Stropstraat 119 – 9000 Gand. « Approches » est une publication de l’ASBL Œuvres des Frères de la Charité.

Abonnement

« Approches » paraît quatre fois l’an et est gratuit pour tous les collaborateurs des Frères de la Charité. Vous souhaitez un abonnement ? Veuillez prendre contact avec le secrétariat de rédaction. Tirage: 1500 exemplaires

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Mise en pages et impression Kliek Creatieve Communicatie Imprimerie Cartim

Membre de l’UPP

www.approches.be approches mars 2014 > 3


QUOI DE NEUF ?

> Le Dr Davaux a travaillé comme médecin chef dès 1999.

> Francis Pitz

MERCI Annick ! JEAN-BAPTISTE BUTERA

C.P. SAINT-MARTIN, DAVE

Le mercredi 5 février 2014 a eu lieu au Centre neuropsychiatrique St-Martin, le walking diner en l’honneur du Dr Annick Davaux. Il s’agissait de remercier le Dr Davaux à l’occasion de la fin de son mandat de Médecin Chef au sein de l’HNP Saint-Martin. Le Directeur général de l’HNP St-Martin, M. Francis Pitz, a prononcé un discours témoignant de la ténacité (« comme Justine Henin qui ne lâche rien jusqu’au dernier moment d’un match de tennis ») et du caractère nécessaires pour incarner cette fonction de Médecin Chef d’un grand hôpital comme le nôtre. Médecin interniste de formation, le Dr Davaux a accepté de devenir médecin chef de l’HNP St-Martin dans des conditions difficiles en 1999. Durant deux mandats de 7 ans, elle a incarné cette fonction avec ténacité, caractère, loyauté et engagement. Le Dr Davaux a reçu des cadeaux divers en guise de remerciement tant de la direction de l’hôpital, du personnel largement présent que du corps médical. Très émue, le Dr Davaux a remercié tout le personnel de St-Martin, la Direction ainsi que ses collègues médecins pour leur collaboration et a rassuré tout le monde qu’elle continuera à prodiguer des soins somatiques au sein de l’hôpital ainsi que son expertise au sein de diverses commissions hospitalières.

4 > approches mars 2014


TÉLEX PORTES OUVERTES ! Le dimanche 1er juin 2014, le Centre St-Lambert organise comme chaque année sa journée portes ouvertes. Tout le monde y est le bienvenu ! > La cellule ABS signifie Accompagnement, Bien-être et Soutien.

ABS ! C.P. SAINT-MARTIN, DAVE

A

B

S

La cellule ABS « ccompagnement – ien-être – outien » est la nouvelle appellation de la Cellule Agression. Les membres de l’ancienne cellule agression ont souhaité sous la vigilance du CPPT, redynamiser cette cellule et étendre ses missions, qui avaient pour but initial, le soutien des membres du personnel victime d’une agression sur leur lieu de travail. Aujourd’hui on souhaite proposer aussi une aide, un soutien, une assistance lors d’événements potentiellement traumatiques survenant sur le lieu du travail. Concrètement il s’agit de 4 situations : lorsqu’il est victime d’un accident de travail relevant d’une agression ; lorsqu’il doit faire face à l’agressivité de certains patients et doit gérer des insultes, des menaces ; lorsqu’il est choqué par une situation relative à son contexte de travail et finalement lorsqu’il est confronté à la mort sur son lieu de travail (perte d’un collègue, d’un patient, …) et qu’il éprouve des difficultés à gérer cette situation. Sur le terrain, la cellule mène 3 actions, elle propose des entretiens individuels , elle rédige un courrier de soutien lors d’évènements traumatiques et elle organise 4 fois par année des rencontres à thème, par exemple le bien-être au travail et la conciliation entre vie professionnelle et vie privée. Cette aventure est un pari auquel vous pouvez tous contribuer ! Rejoignez-nous lors de nos rencontres à thèmes et entre-temps, faites-nous part de vos idées et suggestions.

De mars à juin, retenons ces moments de la vie de l’Eglise. Le 5 mars : le mercredi des cendres. Le 13 avril : le dimanche des rameaux. Le 20 avril : le dimanche de Pâques. Le 8 juin : la Pentecôte.

DE DOOS VAN PANDORA Réflexion sur l’euthanasie au départ d’une perspective chrétienne. Le Frère René Stockman, Supérieur Général des Frères de la Charité, exprime dans ce livre son inquiétude sur la dépénalisation de l’avortement et la légalisation de l’euthanasie. Le Frère René Stockman se pose la question de savoir si l’homme et la société en deviennent vraiment meilleurs.

« EST-CE QUE FINALEMENT JE

POURRAI ENCORE DÉCIDER LÉGITIMEMENT SI JE VEUX RESTER EN VIE, QUAND MA VIE NE RÉPONDRA PLUS À CERTAINES EXIGENCES DE QUALITÉ, OU QUAND MES SOINS COÛTERONT TROP À LA SOCIÉTÉ ? » C’est ce que le Frère René Stockman, Supérieur Général des Frères de la Charité, s’est demandé dans une page des lecteurs sur l’euthanasie. (De Standaard, 03/02/2014)

€16,95 + frais d’envoi. Commander: publications@fracarita.org 09 216 35 50 Ce livre est provisoirement seulement disponible en néerlandais.

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CHANDELEUR 2014

JACQUES CANIVET

JERÔME CAMBIER

A l’initiative de Mlle Roucloux, directrice de Nursing, et avec tout le soutien de la Direction, le comité des fêtes du Fonds de Solidarité a organisé ce mercredi 05 février la première fête de la Chandeleur. L’après-midi, les enfants et petitsenfants du personnel étaient conviés à une crêpes – party suivie d’un spectacle. Luc Regard a présenté à tous, dont près d’une centaine d’enfants, le spectacle intitulé Mister Jo ou la découverte par un enfant gâté « de la différence et des vastes horizons de tolérance ». Pendant 1 h 15, les personnes présentes ont été captivées par la prestation de Luc : les messages délivrés ont été appréciés. Devant la réussite de cette opération, l’édition 2015 est déjà en chantier. Au revoir déjà !

Future unité de soins

35

> Le nouveau service aura entre autres des chambres spécifiques pour personnes avec handicap physique.

M. WARGINELLE, M. DELAHAYE

C.P. SAINT-MARTIN, DAVE

L’unité de Revivo C à l’HNP St-Martin déménagera au début du mois d’avril. En effet après 35 ans d’existence, le service nécessitait de faire peau neuve ! Car si à l’époque ce service accueillait les patients sous « la loi de la collocation », depuis 1990, cette loi a été modifiée et nous accueillons des patients appelés à présent « mis en observation ». Cette nouvelle loi a donc engendré un travail plus en collaboration avec la justice et ses représentants : juge de paix, son greffier et les avocats défendeurs de la personne malade. « Avec les années de pratique, nous nous sommes vite retrouvés dans un espace exigu et non adapté à cette nouvelle loi vu le nombre de personnes extérieures y déambulant », racontent Micheline Warginelle et Emmanuel Delahaye de l’unité Revivo C. « C’est ainsi que la direction mit tout en œuvre pour transformer complètement le service « l’escale » qui était inoccupé. Tenant compte de notre quotidien, de nos expériences vécues lors de nos déplacements dans le cadre du projet « Léonardo », cette unité a été repensée en pluridisciplinarité. » Il y aura donc 3 grands changements dans le cadre : le projet clinique, l’encadrement et l’architecture. Ce nouveau service aura pour différence d’accueillir 40 résidents au lieu de 30, plus des hospitalisations de jour, et ils y auront aussi des chambres spécifiques pour personnes avec handicap physique. « Notre projet clinique réside surtout sur l’accueil et le respect du patient mis en observation d’où l’importance d’une approche clinique holistique et systémique du patient et de son réseau » , racontent Micheline et Emmanuel. « Les moyens dont nous disposerons : les espaces de parole et d’élaboration clinique, les entretiens (psychiatre, psychologue…), l’ergothérapie interne et externe, la kiné centrale et le hall des sports, le groupe communautaire, le groupe de parole, les activités et ateliers, les outils de diagnostic neuropsychologique et neurophysiologique. »

> La première fête de la Chandeleur a eu lieu au C.P. Saint-Bernard à Manage.

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Vu l’augmentation du nombre de lits, l’équipe espère d’être étoffée de quelques membres du personnel supplémentaires. Une inauguration officielle des lieux se fera ultérieurement, où elle vous conviera bien sympathiquement pour un échange professionnel.


LE COLLÈGUE AUTREMENT

Christopher Dehaeseleer pêcheur en route Dès l’âge de 11 ans, j’ai été « baigné » dans le milieu de la pêche, surtout la pêche de la carpe

et, très vite, j’ai aimé ces sensations. Début mars, la saison de la pêche est ouverte, les étangs n’étant habituellement plus accessibles de décembre à février. Je me lève tôt : à 5 -6 h, nous, les pêcheurs, sont en route. Cette fraîcheur du matin, ce parfum particulier de l’air, cette respiration vivifiante, cela fait un bien fou !

C’est amusant d’aller pêcher la truite que l’on ramène chez soi.

Mais j’aime surtout participer à différents concours de pêche de la carpe. Ceux-ci sont régulièrement organisés soit via un challenge dans le club soit à travers des journées qui rassemblent les pêcheurs de différents clubs, différents étangs. Pour ces rencontres, un soin particulier est apporté à tout son matériel : les lignes, amorces et appâts.

Qui est? CHRISTOPHER DEHAESELEER

> CHRISTOPHER DEHAESELEER, 29 ans, est entré à l’Institut St-Bernard en juin 2011. > Il est le papa de 2 enfants. > Il travaille au Pressing comme chauffeur et à la mise en machines. Il donne aussi des coups de main au pliage et au tri.

Chaque pêcheur a ses petits trucs et moi aussi, mais je ne vous

dévoilerai pas mes petits secrets de préparation. Il faut aussi songer à ce qui constitue son confort.

CHRISTOPHER DEHAESELEER

En effet, installé pour plusieurs heures, il s’agit de profiter au mieux du moment.

Habituellement, un concours se déroule comme suit : 7 h, paiement

de la mise et tirage au sort des places autour de l’étang, puis une heure pour la mise en place. De 8 à 12 h première mi-temps de la rencontre. À midi, on mange entre nous, un petit verre en accompagnement, un partage des techniques avec quelques taquineries. À 14 h, reprise du concours qui se termine vers 18 h. Ensuite, les prises sont pesées et les carpes remises dans l’étang. Le plus souvent, en fonction du poids des poissons pris, il y a 3 prix dont l’importance est tributaire des mises. La journée est quelquefois prolongée autour d’une table, entre rivaux d’un jour qui se partagent, alors, les boissons restantes. Comme dans tout sport ou hobby, avoir été le meilleur, ne fût-ce qu’un jour, cela reste une grande satisfaction.

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UN COIN À SOI Ronald Clavie

Se rencontrer pour se retrouver


Il y a des personnes sur le lieu de travail qui participent à beaucoup de choses, assistent à de nombreuses réunions et portent de la responsabilité dans de nombreux projets, mais les collègues voient difficilement l’image totale. Sauf ces personnes mêmes. Ainsi en est-il de Ronald Clavie. Il travaille comme coordinateur du développement et du suivi des projets cliniques au C.P. Saint-Martin à Dave. « On m’appelle ici le « facilitateur des projets », dit-il en souriant, « mais ce sont les collègues qui ont collé cette étiquette sur mon travail ». RONALD CLAVIE

FRANÇOIS DEHOMBREUX

J

e suis entré en fonction au Centre Psychiatrique SaintMartin en 2010 », raconte Ronald quand nous nous dirigeons vers son bureau. « Auparavant, j’ai travaillé pendant près de 14 ans dans le secteur des assuétudes au sein d’un centre de crise pour usagers de drogues. J’y ai exercé en tant que psychologue et puis en tant que responsable de projets. ». Mais après quelques années de pratique, il avait le souhait de s’investir dans le développement de projets en réponse aux problématiques que les usagers, ses collègues et lui-même rencontrent sur le terrain.

Perturbateur Ronald nous explique que le contenu de son travail n’est pas tellement connu. « A ma connaissance, c’est une fonction qui n’est pas très répandue. Elle est relativement neuve et parfois incomprise. Je saisis l’occasion de cet article pour la traduire en terme de « facilitateur de projets ». L’expression n’est pas de moi. Elle provient de certains collègues. C’est flatteur mais, je dois aussi préciser que l’aspect novateur qui est souvent lié au projet peut aussi susciter de l’inquiétude. Alors, « perturbateur », serait aussi adéquat. Si l’on questionne les fonctionnements et les habitudes, cela peut déboucher

sur des changements qui peuvent effectivement perturber. Pour moi, cela n’est pas négatif si l’on considère que les choses s’améliorent en opérant des ajustements et des modifications. » Pour Ronald ce travail est une façon d’appréhender plus largement les problématiques de santé mentale. Nous lui demandons de quels projets il s’agit en fait. « En arrivant au C.P. Saint-Martin, le défi m’intéressait beaucoup. J’ai commencé à travailler sur un trajet de soins pour patients internés libérés à l’essai (PHILEAS). Très rapidement, j’ai aussi collaboré au développement d’autres initiatives telles que des projets de recherche, de thérapie assistée par animal (TAA Mistral gagnant) ou encore d’accompagnement et de traitement des usagers de drogues (AÏDA). »

e u q e c t s e ’ u Q

?

C.P. SAINT-MARTIN À DAVE

Il est subdivisé en 8 unités de soins spécialisées dans la prise en charge et le traitement de différents troubles psychiatriques, 3 maisons de soins psychiatriques ainsi qu’un hôpital de jour (situé en zone urbaine).

8 Avec près de 324 lits hospitaliers agréés, 90 lits permanents en maisons de soins psychiatriques et 516 membres du personnel dont 386 ETP, c’est l’un des centres les plus importants de la région.

Voyage Pendant les quelques heures que nous suivons Ronald, nous voyons comment il établit le contact avec différentes personnes, comment il téléphone, est en réunion ou aborde des collègues. Mais nous nous demandons s’il a des collègues fixes. Des personnes avec qui il collabore chaque jour. « D’une idée au projet, il y a un chemin à parcourir. Pour faire simple, je dirais que je suis amené à préparer, structurer

516 Le Centre Neuro Psychiatrique Saint-Martin, implanté dans un cadre verdoyant et reposant surplombant la Meuse à Dave (Namur), a été fondé en 1901.

« COORDONNER LES PROJETS,

C’EST IDENTIFIER ET MOBILISER LES RESSOURCES DE CHACUN. » approches mars 2014 > 9


et participer au voyage. Sur la route, des personnes m’accompagnent. Tantôt, je les invite, tantôt elles viennent de leur propre initiative ou de celle de la Direction. Au C.P. Saint-Martin, les projets qui me sont confiés émanent en effet tant de la Direction que d’intervenants de terrain. Ils se construisent et grandissent dans cette dynamique. J’apprécie particulièrement cette grande marge de manœuvre qui est laissée aux soignants de proposer des idées, de participer, de s’investir. »

« JE NE FAIS

QU’EMBALLER LE PRODUIT. » Parce que Ronald collabore pour chaque projet avec de différents collègues, il doit savoir bien fréquenter les gens et être de collaboration facile. « Concrètement, coordonner les projets, cela consiste notamment à identifier et mobiliser les ressources de chacun. Définir, en concertation avec les intervenants, des objectifs et des actions, collaborer au recrutement du personnel, évaluer, s’assurer de la mise en œuvre des moyens humains et logistiques, veiller au respect des échéances… »

Jongler Mais Ronald va encore plus loin dans ce contact. Il est soucieux que chacun s’y retrouve. « Quand je dis « s’y retrouve » , ce n’est pas tellement au sens de ne pas s’y perdre ou de rentrer dans ses frais mais plutôt de s’y trouver, ou se retrouver, dans une humanité respectueuse des patients. C’est, au départ de divergences de points de vues ou de priorités, fédérer autour d’un objectif commun centré sur la qualité des soins. Oui, c’est cela, se rencontrer pour se retrouver. Pour le dire autrement, coordonner comme je le conçois, c’est souvent réaliser un travail d’équilibriste pour allier et concilier des objectifs de gestion ou des contraintes administratives avec des objectifs et des actions cliniques.

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Le contexte politique

Qui est?

RONALD CLAVIE > RONALD CLAVIE a 43 ans > Il vit en couple et a trois filles > Il aime l’histoire, le jardinage, le VTT et les balades avec son vieux buggy VW ou son Solex… quand il démarre.

Deux logiques que l’on met souvent en opposition. L’une n’existe pourtant pas sans l’autre. C’est jongler avec un ensemble de paramètres, le regard prioritairement porté sur la clinique. Sentir et saisir des opportunités. Tendre des ponts entre des personnes et des institutions. Avant tout, ce sont les soignants qui portent et assurent le développement des projets. Comme je leur dis souvent « moi, je ne fais qu’emballer le produit ». »

Pendant notre contact il est clair que Ronald est quelqu’un qui prend son travail très au sérieux, mais qui d’autre part sait aussi relativiser. « C’est relativiser et se décaler, y compris sur le plan de l’humour auquel je suis très sensible. ». Quand nous demandons comment il voit l’avenir, il répond par une citation : « « Hâtezvous lentement, et, sans perdre courage, vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage », écrivait Boileau il y a 300 ans. Cela me semble bien correspondre à la dynamique dans laquelle nous devons aujourd’hui inscrire nos actions dans un secteur des soins en santé mentale en pleine mutation. Le contexte politique invite en effet à travailler dans une certaine précipitation. Il faut souvent revoir sa copie. Naviguer à vue sur une mer incertaine et agitée. Garder le cap. A l’arrivée, c’est parfois un investissement déçu. Fort heureusement, je pense qu’il est compensé et récompensé par ces moments qui voient des projets se concrétiser, améliorer les soins et modifier l’image de la psychiatrie. » « On ne peut évidemment tout maîtriser. On peut néanmoins composer. J’aime beaucoup cette idée de composer parce qu’elle fait appel à la créativité et à l’inventivité. » n

« LE CONTEXTE POLITIQUE INVITE EN EFFET À TRAVAILLER DANS UNE CERTAINE PRÉCIPITATION. »


BILLET > CHRISTIAN BODIAUX est l’agent pastoral central des établissements wallons des Frères de la Charité. Dans ce billet, il réfléchit sur le progrès et sur ce qui est essentiel.

Les petites saucisses emballées individuellement L

’autre jour, sur le quai de la gare, deux commères comméraient, ainsi que l’exige leur nature. Elles attendaient, comme moi, un train qui ne venait pas, et dont nul ne pouvait prédire s’il viendrait jamais. Ces dames, assez bien mises, discutaient toutous. Elles échangeaient des conseils relatifs à l’hygiène alimentaire de leurs compagnons (les chiens, s’entend). J’aime bien les petites saucisses emballées individuellement, déclare l’une d’elles (en parlant des saucisses destinées à son caniche, précisons-le…). La conversation continue, dévie, et en vient aux loisirs. L’une de ces dames est bénévole. Elle aide à la distribution de colis alimentaires, une fois par mois. Elle explique à son amie quel genre de public bénéficie de ces colis. À son avis, ces gens en reçoivent bien trop, et de trop bonne qualité. Pensez donc : il reçoivent de la viande, des légumes, des fruits, du pain, du beurre, du fromage et même des yaourts périmés (mais encore consommables endéans les quinze jours). L’amie opine, l’air réprobateur. Ce qu’elle réprouve, ce n’est pas la péremption des yaourts, non, mais qu’on distribue tout ça, gratuitement, à des gens qui ne se donnent même pas la peine d’avoir l’air de gueux. Untel transporte son colis sur un vélo électrique : quel luxe ! Tel autre fume : gaspillage, gaspillage ! Celle-ci a les ongles vernis : une fille légère, sûrement ! Cellelà possède un smartphone : qu’elle ne vienne surtout

pas se plaindre de tirer le diable par la queue ! Bref, tous des imposteurs, ou des irresponsables. Nos commères n’imaginent pas un instant que le vélo électrique ait pu, par exemple, remplacer une voiture devenue trop chère à entretenir. Au nom de quoi l’adepte du manucure n’aurait-elle pas le droit de se faire jolie ? Quelles angoisses la cigarette aide-telle à soulager ? Et quant au smartphone, ces dames ignorent à l’évidence qu’avec ce genre d’achat, certes dispendieux, les personnes en situation précaire cherchent à se donner l’impression de ne pas être totalement exclues du monde tel qu’il va, quitte à se priver de repas. De toute façon, même en économisant quelques piécettes, que peut-on espérer, avec des revenus de misère ? Faut-il donc attendre des gens qu’ils arrivent en guenilles et maigres comme s’ils sortaient d’Auschwitz, qu’ils ravalent toute fierté pour « mériter » la charité ? Le comble du scandale, aux yeux de ces dames, eût été la distribution de petites saucisses emballées individuellement, me dis-je. Heureusement, ce ne fut pas le cas, et notre vertueuse bénévole put les offrir à son caniche. Le train finit par entrer en gare — j’aurais bien embrassé le conducteur, qui me sauvait d’un tel néant.

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EN IMAGE PATIENCE : REINE DES VERTUS ! FRANÇOIS DEHOMBREUX

A tout moment de la journée, elle est mise à rude épreuve et ce n’est pas donné à tout le monde d’en disposer et d’en faire bon usage ! Rester accessible et à l’écoute malgré les difficultés rencontrées, pouvoir faire preuve de disponibilité tout au long de la journée, voilà un savoir être dont les soignants du Néviau sont porteurs. Le moment du repas pour chacun est important, autant dans la préparation ( respect des régimes, des goûts, habitudes alimentaires, quantités) que dans la manière de procéder( certains patients devant manger avant d’autres, choix réfléchit des places, nécessité d’amener le calme). C’est pourquoi au quotidien , les moindres faits et gestes doivent être pensés afin d’apporter un cadre, un rythme, des repères à nos patients, dans un milieu de vie à moyen voir plus long terme agréable. Une clinique réfléchie c’est ce que l’on suit.

12 > approches mars 2014


BIENVENUE À ANDENNE FRANÇOIS DEHOMBREUX

Un an, jour pour jour, après l’ouverture du 1er cluster à Andenne, le soleil s’est à nouveau levé sur des camions de déménagement au Centre Saint-Lambert. Ce 2 octobre, 13 usagers ont dit au revoir à Bonneville pour leur nouvelle maison à Andenne. « Cette journée a commencé dans la joie et la bonne humeur par le chargement des caisses et meubles. Certains mettaient la main à la pâte, d’autres inspectaient le travail des premiers. Ils étaient impatients d’entrer dans leur nouvelle maison », raconte l’éducateur Vincent Ronveaux. « Le pas de la porte franchi et le champagne sabré, ils ont très rapidement pris leurs marques : découverte des lieux et présentation aux voisins. Une journée bien chargée : le soir venu, on n’entendait plus personne ! »

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LOIN ET POURTANT PROCHE Collègues stagiaires en provenance de l’Afrique au C.P. Saint-Martin

L’Afrique-Dave : toujours proche L’hôpital St-Martin accueille depuis 1985 des collaborateurs des Frères de la Charité en provenance du Rwanda, du Burundi, de la R.D.Congo, de la Tanzanie et de la Côte d’Ivoire pour des stages de formation et de perfectionnement. Il s’agit durant les dix dernières années d’au moins vingt-cinq collègues africains, aussi bien médecins qu’infirmiers, frères de la charité ou laïcs. Un bon moment pour regarder un instant en arrière ! JEAN-BAPTISTE BUTERA

FRANÇOIS DEHOMBREUX, JOOST VAN HEESVELDE

L

Roseline

uald Dr Frod

> L’équipe formatrice du service médicotechnique : Roseline, la doyenne de l’équipe et en même temps la doyenne du personnel de l’HNP St-Martin avec ses 42 ans d’ancienneté dans le service et Kristin s’occupent du volet « Apprentissage et pratique des examens » tandis que le Dr Froduald Gatarayiha s’occupe du volet « Aspects théoriques et place des examens paramédicaux/neurophysiologiques dans la prise en charge globale des patients ».

14 > approches mars 2014

« La formation reçue m’a permis d’être plus utile à la population de Goma et de toute ma province en général (Nord-Kivu = 2 fois la Belgique) surtout que j’étais le premier technicien EEG de la province. Les connaissances acquises suite aux efforts de mes formateurs m’ont permis d’être à la hauteur de ma tâche. Merci à l’équipe de l’HNP St-Martin et à la communauté des Frères qui nous ont bien accueillis. »

Anicet de Goma

es stages ont principalement lieu au service médicotechnique. Dans ce service les stagiaires apprennent les techniques nécessaires requises pour une meilleure pratique et une bonne interprétation des examens neurophysiologiques qu’ils seront amenés à faire pour les patients dans leurs pays respectifs. « Le loin et pourtant proche signifie beaucoup pour notre équipe », explique Rosaline. « C’est une occasion d’un partage d’expérience professionnelle riche à sens réciproque et d’une communion de valeur de respect dans l’accueil des patients, sur fond d’une relation chaleureuse, empreinte de modestie et de compréhension entre professionnels de culture différente. » « Je précise qu’Espérance et son collègue du Burundi, Pierre-Claver, psychologue au CNPK, ont effectué un stage de perfectionnement de six mois à l’HNP St-Martin dans le cadre de la coopération technique belge. »

Kristin

> Un ancien stagiaire en pleine pratique d’un des examens neurophysiologiques dans un hôpital à Goma.

« Je souhaite que des supervisions soient envisagées sur le terrain pour un renforcement de nos compétences et une amélioration continue de nos prestations. Je suggère si possible la création d’un espace d’échange pour tous ces professionnels ayant effectué leur stage à l’HNP St-Martin. »

Orphée aussi de Goma

« J’étais surprise par un accueil bienveillant nous réservé par les Frères de la Charité et le personnel de l’HNP St-Martin. Je me souviens de l’excellente qualité de la formation, de la disponibilité des formateurs mais aussi de la communication un peu problématique avec un ou deux collègues dans un des services. Pour nos patients au CNPK, nous avons sensiblement amélioré la qualité de la prise en charge grâce aux nouvelles compétences acquises et à la meilleure réalisation des examens paramédicaux (EEG et d’autres) par un clinicien ancien stagiaire de Saint-Martin à Dave. Une suggestion ? Peut-être une mission de supervision par les formateurs sur leur lieu de travail au Burundi. »

Espérance, infirmière et responsable de la qualité des soins au centre neuropsychiatrique de Kamenge au Burundi


DOSSIER

La communication

non violente,…s.v.p.

Non-violence : voilà une bien pauvre locution, construite sur la négation. Elle reflète l’esprit de la Règle d’or : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais point qu’il te fasse ». Cette locution, cependant, a pour elle l’avantage de la synthèse, parce que s’il fallait décliner la violence en toutes ses formes et subtilités, ce numéro d’Approches n’y suffirait pas. Le présent dossier veut esquisser une méthode théorique et pratique pour communiquer d’une façon non violente. ALBERT PFUND, CHRISTOPH MICHAUX, CHRISTIAN BODIAUX, ERIC PIERRARD BEN DE WEVER

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L

a violence s’infiltre au cœur de nos cités, elle percole à travers les murs de verre et d’acier de nos villes dites modernes. Violence prédatrice. Violence par exclusion. Violence par réaction. Violence visible. Violence invisible — parfois punie, souvent absoute. Insidieuse et systémique, elle ravale l’Homme au rang de loup pour ses semblables. Corrosion du lien social. Cette violence vient du fond des âges. L’Iliade et l’Odyssée, les premiers livres de la Bible et tant d’autres récits mythiques la montrent partout à l’œuvre. Elle ronge le cœur de l’Homme, elle y fait son nid et s’y multiplie. Elle se nourrit d’anti-vertus, ou pervertit les vertus ellesmêmes : après les avoir vidées de leur sens, elle revêt leurs dépouilles. Faire droit à la violence est facile — une pente naturelle, bien large, conduisant mine de rien à la perdition complète. La voie étroite, elle, demande conversion et maîtrise de soi. La violence est de toujours. Pourtant, toujours aussi surgirent des hommes qui tentèrent de la maîtriser (d’abord en eux), à défaut de l’annihiler. C’est à leur suite, en s’abreuvant à la même source, qu’il sera possible de cultiver en soi la motivation pour résister, jour après jour, à la tentation de la violence. Les meilleures méthodes du monde ne servent à rien, sans ferme volonté de les mettre en œuvre.

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La théorie > Approches : La communication

non violente est-elle un thème « hot » dans nos établissements de soins de santé mentale ? Christian Michaux : « En psychia-

trie, la colère fait partie du quotidien. En être prisonnier est un facteur de souffrance, pour soi et son entourage, car elle entrave l’écoute et le dialogue. Elle n’offre pas d’issue constructive au conflit et à la relation. En apprenant à l’identifier, l’apprivoiser et à l’exprimer sans violence, elle retrouve son rôle moteur dans la relation. En étant plus attentif à mon état intérieur (comment je me sens et quels sont mes besoins), je perçois mieux les motifs de ma colère et je peux influencer mon ressenti et mon comportement. Cet état me permet d’être plus attentif à la colère de l’autre et à ses motifs propres. » > Approches : Une méthode inté-

ressante existe concernant la communication non violente. Comment se présente-t-elle ? Christian Michaux : « La commu-

nication non violente est une méthode mise au point par Marshall Rosenberg (psychologue clinicien américain). Elle répond surtout à la question : Comment écouter l’autre sans l’effacer et se faire entendre de lui sans l’agresser ? Il nous invite à tenir compte de l’autre qui est en face de nous. Il nous invite aussi à ne pas laisser derrière nous les violences que nous nous faisons à nous-mêmes ! La C.N.V. propose de développer un relationnel bienveillant qui laisse à l’autre le choix du refus ou de l’acceptation tout en restant présent à soi-même. Les émotions et besoins des protagonistes sont à respecter. » > Approches : Est-ce que cette mé-

thode de Rosenberg est la solution par excellence pour améliorer la communication ? Christian Michaux : « Bien évidem-

ment, allez-vous dire, voici un nouveau processus à la mode qui semble d’une efficacité redoutable et qui va nous permettre de devenir de super négociateurs… Marshall Rosenberg n’a pas cette prétention car la méthode CNV n’est pas une baguette magique. Comme

tout outil de gestion de conflit, elle a ses limites ; ne fût-ce qu’en présence de manipulateurs avec lesquels il est risqué de négocier. »

« LA MÉTHODE

DE LA ‘COMMUNICATION NON VIOLENTE’ N’EST PAS UNE BAGUETTE MAGIQUE. »

> Approches : La méthode est-elle utilisable en hôpital ? Christian Michaux : « Dans le cadre

du bien-être au travail, nous pourrions avancer que la CNV s’avère profitable pour les soignants, pour les patients et pour l’ensemble de l’entreprise. Elle permet l’expression de la créativité, une motivation personnelle et une meilleure collaboration entre les membres de l’équipe. »

> Approches : Pouvez-vous donner un exemple de cette méthode ? Christian Michaux : « Si par exem-

ple faire la vaisselle vous irrite, vous procédez simplement comme suit pour exprimer votre frustration : « Quand je vois (Observation) la vaisselle sur la table, je me sens (Sentiments) déçu et énervé car j’aurais besoin (Besoins) de propreté et d’aide à la fois, et juste là maintenant, est-ce que tu serais d’accord de prendre


La communication non violente en 4 étapes > A Bonneville, grâce au projet GECO, les éducateurs et les usagers construisent une relation de confiance.

1

L’observation sans jugement

deux minutes et de m’aider à faire la vaisselle (Demande) ? » Formulé de cette manière, on a plus de chance d’être entendu… »

Pour ne pas mettre le feu aux poudres, aucun jugement interprétatif ou comparatif n’est souhaitable. Il est préférable d’observer une situation sans inférer un sens interprété ! L’observation CNV est comme une caméra qui filme. Il est « recevable » de s’exprimer comme suit : « Quand je vois la vaisselle sur la table », plutôt que : « T’as encore oublié les assiettes sur la table.» Formulé de cette manière, on a plus de chance d’être entendu…

> Approches : Est-ce que la mé-

thode fonctionne toujours ? Christian Michaux : « Bien que

l’utilisation de ces quatre étapes fonctionne bien, elle ne suffit pas dans certaines situations de conflit. Il est judicieux et même indispensable de formuler les sentiments et les besoins de l’autre pour lui montrer qu’on le comprend (empathie). Se connecter de la sorte sur les sentiments et besoins de l’autre permet de reconnaître en l’énonçant ce qui se vit en lui. Reconnaître les besoins de son interlocuteur permet à celui-ci de baisser la garde et d’entrer à nouveau en relation. Il se pourra qu’une temporisation tout comme le recours à un tiers soient nécessaires. « Je me sens trop en colère pour continuer la discussion. J’ai besoin de temps pour me retrouver. Je te propose de nous revoir demain pour en parler ? ». > Approches : Est-ce que l’objectif de ce que vous voulez dire par le biais de cette méthode reste le même ? Christian Michaux : « L’un des

moteurs de la C.N.V. est qu’un besoin ne doit pas forcément être satisfait mais… reconnu. S’il est reconnu, l’autre se mettra en disposition pour entendre le message qui lui est transmis pour autant qu’il soit exprimé avec bienveillance et qu’il laisse le choix d’acceptation ou de refus. Bienveillance n’implique pas complaisance ! Comprendre l’autre n’implique nullement approbation ou laisser-faire ! Pour en faire l’expérience, une humble disponibilité à soi reste nécessaire. »

2

Les sentiments

3

Les besoins

Apprendre à exprimer ses sentiments, ses émotions, permet de relâcher de la tension et d’être plus serein pour la gestion du conflit [Exemple : « Je me sens déçu, tendu, énervé… »]. Les sentiments indiquent, tel un voyant rouge sur le tableau de bord d’une voiture, qu’un ou plusieurs besoins ne sont pas nourris.

En C.N.V. le mot « besoin », fait référence à nos besoins vitaux, nos aspirations profondes, nos souhaits, nos rêves et nos valeurs personnelles. Souvent, en formation, une liste des besoins est distribuée tant il est vrai que beaucoup de participants ont du mal à les décortiquer et à les définir avec précision. Des propositions d’exemples de besoins seraient : « J’aurais eu besoin d’hygiène. J’aurais aimé plus de clarté. J’aurais apprécié de l’aide… ».

4

Une demande

Pour nourrir un besoin, il faut lui permettre de devenir concret, un bon moyen est la demande. La communication non violente invite à faire des demandes claires, précises, bienveillantes qui permettent non seulement de faire avancer le ou les besoins, mais de laisser à l’autre le choix de dire : « Non, je ne suis pas d’accord avec ton besoin et ta demande, mais ensemble nous pouvons tenter de voir comment on pourrait s’accorder. »

CHRISTOPH MICHAUX > MR MICHAUX travaille comme aidesoignant dans l’US Revivo B et suit une formation d’éducateur spécialisé. > Il est célibataire.

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La pratique

CARINE BRASSEUR

« Gestion de la colère » (GECO) Projet pour aider à garder sa place dans la société > Approches : Qu’est-ce en fait, le projet GECO ?

Pour pouvoir être intégré et se maintenir dans la société, il est indispensable d’être capable de contrôler ses émotions et d’avoir une attitude « acceptable ». Pour cela, il faut pouvoir identifier ses émotions, en prendre conscience, connaître les signes précurseurs de la colère et réagir à temps. C’est là qu’intervient le projet GECO. Avec des groupes de parole, nous essayons d’apprendre aux usagers à mieux se connaître, à avoir confiance en leurs capacités et à réaliser que quand quelque chose ne va pas, c’est toujours mieux d’en parler. Lorsque nous échangeons entre nous sur les situations vécues, ils réalisent à quel point ils ne sont pas les seuls à ressentir la colère. C’est quelque chose qui arrive aussi à leurs éducatrices… > Approches : Comment un tel entretien fonctionne-t-il ?

L’animation des groupes de parole vise à ramener toujours à l’usager et lui montrer qu’il est « capable de… ». Cela se réalise au travers de jeux de rôle dans lesquels des situations de colère sont simulées. Cela implique de parler beaucoup de soi et de construire une

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relation de confiance. Nous avons aussi recours à des contes, par exemple « le petit renardeau qui gardait tout dans son ventre » de Jacques Salomé. Les usagers réalisent à quel point il est important de s’exprimer. De manière socialement acceptable, bien sûr. Dans leur groupe de parole, ils peuvent vider leur sac et ils savent que cela restera entre nous. > Approches : Est-ce que cela réussit chez chaque personne ?

Les usagers présentent des profils bien différents et leurs attentes par rapport aux groupes de parole varient avec leurs capacités. Il faut pouvoir se mettre à leur niveau et les aider à intégrer ce qu’ils ont appris. Evidemment, tous ne retirent

> CARINE BRASSEUR est éducatrice au Centre St-Lambert à Bonneville. > Mère de deux enfants âgés de 18 et 22 ans, elle travaille dans l’institution depuis 1989. > Avec d’autres éducatrices, elle anime selon la méthode GECO (gestion de la colère). Lancée par Luc Gravel (chargé de cours à l’université de Chicoutimi au Québec), cette méthode consiste en groupes de parole dans lesquels les usagers apprennent à gérer leurs émotions et à se contrôler en cas de colère.

pas la même chose de GECO mais on constate que faire référence à ce qu’ils ont appris dans le projet leur permet de mieux se contrôler. > Approches : Est-ce que vous remarquez aussi un véritable progrès en y travaillant intensivement ?

Lorsque les usagers arrivent à se détendre dans une situation difficile qui met leurs nerfs à rude épreuve, ils appliquent ce qu’ils ont appris avec nous. En tant qu’éducatrice, je réalise l’importance d’un tel accompagnement lorsque je constate ce qu’ils parviennent à faire.

« POUR POUVOIR ÊTRE INTÉGRÉ ET SE

MAINTENIR DANS LA SOCIÉTÉ, IL EST INDISPENSABLE D’ÊTRE CAPABLE DE CONTRÔLER LES ÉMOTIONS ET D’AVOIR UNE ATTITUDE ‘ACCEPTABLE’. »


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ESPRIT D’ÉQUIPE

Une journée de l’équipe

Pressing Nous sommes au C.P. Saint-Bernard à Manage. Certains patients résident temporairement ici, d’autres habitent pendant des années dans ce centre psychiatrique. Et « habiter », cela signifie qu’ils veulent être chez eux et que leur séjour implique un grand nombre de tâches ménagères. Entre autres la lessive. Pour cela, il y a le service « Pressing » qui permet aux patients de porter des vêtements fraîchement lavés et, ainsi, de se sentir bien soignés. L’ÉQUIPE PRESSING

FRANÇOIS DEHOMBREUX, MATTIAS DEVRIENDT, JACQUES CANIVET

Le matin, dès 6 h, le chauffeur va chercher dans les unités les chariots de linges sales. Ces linges souillés sont dans des sacs de couleurs différentes : chaque unité de soins est différenciée par la couleur de son sac. Dans la journée, le linge propre retourne dans les unités.

La journée du Pressing s’achève vers 15 h – 15 h 30.

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En moyenne, environ un volume de 400 kg de linge est traité chaque jour de la semaine. Du lundi au vendredi et quelquefois le samedi. En fin de semaine, l’objectif est que tout le linge repris soit renvoyé dans les unités. Esprit d’équipe et à l’écoute des besoins , à nous de confirmer !


D

’abord un petit rappel. A St-Bernard, Manage, notre service « Pressing » est un outil, en interne, qui prend en charge l’entretien d’une partie du linge Ce ne sont peut-être pas les premières personnes qui vous viennent à l’esprit dans un centre psychiatrique, mais précisément ce service peut aussi prouver toute son utilité au C.P. Saint-Bernard. L’ensemble de nos tâches est très divers. Nous lavons le linge des résidents et patients qui le désirent moyennant soit un forfait, soit une facturation à la pièce. On s’occupe aussi de nos sacs de transport de linge, des vêtements de travail du personnel, des rideaux et de la plupart des tentures et des oreillers et couvertures. Dans les locaux, il a également un emplacement réservé à des machines accessibles aux patients désireux de laver leur linge eux-mêmes. Comme dans un lavoir externe, le patient est capable de se débrouiller pour toutes les opérations. L’entretien du linge plat est accompli par une société extérieure.

> Stinat Marguerite, Dorigo Nicolas, Cattin Martine, Mercier Nancy, Gaube Lisa (étudiante), Godart Catherine

Qui est? L’ÉQUIPE DU PRESSING > L’ÉQUIPE DU PRESSING est composée de : Barbieux Fabienne, Cattin Martine, Mercier Nancy, Piret Anne, Stinat Marguerite, Dehaeseleer Christopher et Dorigo Nicolas. Godart Catherine et Mathieu Brigitte travaillent pour le pressing et la lingerie dans les unités hospitalières. Nous réunir tous en même temps est devenu une gageure avec nos prestations différentes et une répartition des congés équilibrée. L’équipe mise en place fait preuve d’efficacité et reste attentive aux remarques et changements.

Le linge est alors trié et mis en machine : dans une lessiveuse des vêtements d’une seule unité.

> Est-ce que vous aussi vous vous demandez comment se présente un jour de travail à l’étage en-dessous ou ce que fait chaque jour la section au bout du couloir ? Faites-le savoir à la rédaction !

Une fois lavé, le linge passe au séchage : dans un séchoir, les vêtements d’une seule unité. L’opération terminée, le linge du séchoir est dirigé vers sa zone de tri, une zone différente par unité.

Trié par personne (le linge traité est en effet marqué à l’Institut s’il ne l’a pas été par le patient, résident ou la famille), réparé si possible, plié et/ou repassé et placé dans un chariot pour son retour dans l’unité où il sera remis dans les armoires des patients ou résidents par les lingères. Voilà, Marguerite, Catherine et Martine s’occupent entre autres de ce travail.

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À L’ÉCOUTE Jacques Rogge

« Ne me demandez pas de parler de mes émotions. »

Nous nous sommes demandé : « Comment en serait-il de Jacques Rogge, un mois après les premiers Jeux Olympiques d’hiver sans lui à la tête du Comité Olympique International ». Juste avant l’interview nous voyons par la fenêtre de son bureau comment il parcourt le questionnaire que nous devions faire parvenir au préalable. Cela le caractérise. Structuré, bien préparé et rationnel. En route vers son bureau, il salue chaque collaborateur que nous rencontrons en donnant la main ou en disant bonjour. Une amabilité réservée avec laquelle il répond également à nos questions. MATTIAS DEVRIENDT

LISA VAN DAMME


approches : Par quoi connaissezvous les Frères de la Charité ? « Je connais les Frères de la Charité en grandes lignes. Je pense en premier lieu aux Frères de la Charité comme établissement d’enseignement bien que je sache que vous êtes également actifs dans de nombreux autres secteurs. En outre, j’ai surtout à l’esprit la mission de la « Caritas » dans tout ce que vous faites. » approches : Vous avez été président du COI pendant 12 ans. Est-ce que vous avez aimé faire ce travail ? « Evidemment, sinon je ne l’avais pas fait. » approches : Et qu’est-ce qui a été le plus passionnant dans ce travail ? « Le contact avec les athlètes. Contrairement à ce que beaucoup de personnes pensent peut-être, ce contact a toujours été très étroit et direct. Peut-être j’étais bien le président du COI, mais cela ne signifiait pas que je vécusse dans une tour d’ivoire. Pendant les Jeux Olympiques j’échangeais l’hôtel cinq étoiles habituel pour un logement dans le village olympique et j’avais un contact direct avec les athlètes. Il n’y avait pas question d’un protocole. Finalement le COI est là pour les athlètes et ce lien mutuel doit pouvoir se dérouler sans détours. »

Hygiène vitale approches : Vous avez été vousmême un athlète et vous avez participé 3 fois aux Jeux Olympiques en faisant de la voile. Qu’est-ce que le sport vous a appris ? « J’ai appris à avoir à l’esprit des objectifs, de travailler en leur fonction et d’également atteindre ces objectifs. Un sportif sait qu’il ne peut rien atteindre sans s’entraîner durement. En ce sens le sport m’a également appris beaucoup sur l’éthique du travail. Ensuite je me souviens surtout de la tolérance et du respect envers l’opposant qui est demandé de nouveau lors de chaque compétition. Je parle souvent aussi de « l’hygiène vitale » que j’en ai retenue sur le plan de la diététique. Je respecte certaines mesures générales que je dois prendre en tant qu’homme pour être en forme. »

approches : Quelle est la place qu’a pour vous le sport dans l’éducation ? « Le sport a un rôle très important dans l’éducation d’enfants et de jeunes. Les pays anglo-saxons ont très bien compris cela et y sont bien plus avancés que nous. Le sport est une partie très considérable de l’ensemble d’apprentissage à l’école. Outre les heures cognitives de cours de langue, de mathématiques et de cours généraux, il y a également les heures de formation avec une offre large de sport et d’éducation physique. » approches : Y a-t-il un grand abîme entre la façon des pays anglosaxons d’intégrer le sport dans leur enseignement et notre façon de le faire en Belgique ? « Dans les pays anglo-saxons, il y a une tout autre approche. Le matin il y a du temps pour les heures de cours cognitifs et l’après-midi du sport et de l’éducation physique. La Belgique n’a pas une culture où nous insérons le sport dans l’enseignement et l’éducation. Evidemment, je trouve cela regrettable. Vous ne devez pas me convaincre des possibilités qu’il y a à ce sujet pour l’enseignement en Belgique. » approches : Dans quelle mesure le sport peut bénéficier au bien-être de la personne ? « Dans une grande mesure. Le sport a bien des significations sociales. Le sport éduque, le sport apporte la santé, le sport rend le corps et l’esprit plus forts, le sport intègre l’homme dans la société, le sport apprend que l’on peut en équipe faire plus que seul, le sport est le moyen d’intégration idéal pour des minorités dans la société, le sport vous apprend à respecter des règles et le sport vous apprend en même temps à respecter l’opposant. Il a donc une signification sociale très large. »

94% approches : Vous voyez réservé un même rôle social au Comité Olympique International comme organisation ? « En effet. Une bonne éducation, une bonne santé, du respect des autres : ce sont ces valeurs que le COI peut aider à proclamer. En outre, le COI investit de façon très ciblée dans la société. Nous répartissons 94% des moyens que nous acquérons pour la formation de la jeunesse et le développement du sport dans les pays en développement. Cela vaut donc bien la peine. De cette façon, à mon avis, le COI est présent visiblement dans la société. » approches : Vous avez rarement fait des énoncés publics sur la politique. Dans quelle mesure voulez-vous séparer la politique et le sport ? « J’ai l’opinion que le sport ne peut pas s’occuper de choses politiques. Le COI n’est pas un mouvement politique, mais une association sportive. D’accord, c’est une organisation grande et importante, mais finalement ce n’est que « simplement » une association sportive. Le COI ne peut donc pas intervenir sur le plan politique. Nous n’y avons pas un rôle à jouer. » approches : Est-ce que vous ne relativisez pas maintenant les possibilités du COI ? « Je suis un idéaliste, en ce sens que je rêve d’une société meilleure. Absolument. Mais en même temps je suis réaliste. Je sais ce que le Comité Olympique sait faire et ce qu’il ne sait pas faire. On ne peut attendre de moi et du COI que nous améliorerons toute la société et le monde entier. » approches : Mais vous aimeriez le faire ? « Je suis une personne pragmatique et je ne rêve pas de choses

« UNE POLITIQUE DOIT ÊTRE

TOURNÉE VERS CE QUI EST POSSIBLE, NON VERS CE QUI EST IMPOSSIBLE. » approches mars 2014 > 23


> « Ne me demandez pas comment ou pourquoi. Je ne suis pas fort en cela », est la réponse de Jacques Rogge à la question de savoir pourquoi il est devenu médecin.

impossibles. Cela n’a pas de sens de vouloir réaliser des choses qui ne se réaliseront jamais. Une politique doit être tournée vers ce qui est possible, non vers ce qui est impossible. Une politique doit être basée sur ce qu’on peut faire. »

Je pars le plus souvent de ceci : il ne faut pas intervenir dans ce qui est évident, car les gens vont prendre la décision qui est évidente. Ce n’est que quand quelque chose n’est pas évident, qu’il faut intervenir. Et au moment approprié, sur le bon ton. »

approches : C’est vrai, mais qui a une fonction au sommet d’une organisation mondiale, puissante a également du pouvoir et la considération pour des domaines sur lesquels il n’a pas de compétences. Dans quelle mesure avez-vous vécu ce pouvoir ? « Je n’avais pas de pouvoir, je n’avais que de l’influence. On a seulement du pouvoir quand on peut décider quelque chose à la place d’un autre. Je ne le pouvais pas, mais on m’écoutait par la fonction que j’ai revêtue. La question est de ne pas en abuser. »

approches : Cela m’apparaît être la définition d’un diplomate. « Un diplomate est en effet quelqu’un qui cherche des solutions et les trouve. En ce sens je pourrais bien me qualifier de diplomate. »

approches : Est-ce difficile ? Avezvous un fil conducteur sur lequel vous pouvez retomber dans des situations difficiles ? « Si on a de l’influence, on ne peut pas chaque jour venir présenter une recommandation ou un avis. Il est donc important de doser son influence. C’est pourquoi j’interviens seulement quand c’est nécessaire et avec du sens de timing.

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approches : Est-ce que vous avez appris cela ou est-ce un trait de caractère ? (rit) « C’est difficile pour moi de dire cela. Je ne l’ai pas appris d’une façon systématique. A l’école on n’apprend pas de telles aptitudes. C’est plus un trait de caractère. J’essaie de trouver des solutions quand il y a des problèmes. Ces solutions naissent en faisant participer toutes les parties, en écoutant des points de vue et en prenant ensuite une décision. Mais je ne saurais vous dire pourquoi je suis fort en cela. »

Déléguer approches : Vous étiez pendant des années au sommet d’une

organisation mondiale. Quel type de leader êtes-vous ? (réfléchit un peu). « Je pense que je suis surtout quelqu’un qui fait du team building. Je crois en la collaboration. Je suis convaincu que des équipes sont plus efficientes que des structures. C’est pourquoi j’ai toujours essayé de constituer une équipe. » approches : Comment l’avez-vous fait ? « En responsabilisant mes collaborateurs et en leur donnant à leur niveau du pouvoir de décision sur le terrain qu’ils maîtrisent. Déléguer est crucial à ce sujet. En donnant des responsabilités aux gens, on les rend plus forts et cela est au bénéfice de l’équipe. » approches : Comment vous conduisez-vous dans votre équipe avec des gens qui sont plus faibles, qui ont des difficultés ou qui sont confrontés à leurs limitations ? « Je fais cela en première in­ stance d’une façon constructive. En approchant les choses positivement, on peut croître. J’essaie de les aider, de les convaincre qu’ils doivent faire les choses différemment, mais toujours d’une façon constructive. »


approches : Beaucoup de collaborateurs des Frères de la Charité travaillent dans le secteur soins de santé mentale ou dans les soins orthopédagogiques. Comment regardez-vous des personnes avec une déficience mentale ou physique ? « J’ai connu une longue carrière comme médecin ce par quoi j’ai développé beaucoup d’expérience avec des personnes avec une déficience physique. J’ai été chirurgien orthopédique donc une grande part de ma tâche était précisément tournée vers des personnes avec une déficience physique. J’ai traité des personnes dans un fauteuil roulant, avec une amputation ou de la poliomyélite. Pour moi ce sont des personnes totalement normales. Je les approche comme si elles étaient sans déficience. En effet, il n’y a pas une raison pour se conduire autrement envers elles. » approches : Les Paralympics ont eu beaucoup d’attention l’année passée. Voyez-vous une différence entre les Jeux Olympiques et les Paralympics ? « Il n’y a pas tellement de différence entre les deux. Les Jeux Olympiques collaborent très étroitement avec les Paralympics. Quand on regarde le nom on y lit ‘lympics’. Nous avons donné l’autorisation d’utiliser ce mot. Nous obligeons également les organisateurs des Jeux Olympiques d’organiser les Paralympics et nous aidons financièrement leur organisation. Il y a donc une collaboration très étroite. Quant au concept le protocole est d’ailleurs tout à fait parallèle. Il y a un drapeau, une cérémonie d’ouverture et de clôture et il y a des médailles et des podia. Evidemment les athlètes sont différents en ce sens qu’ils ont d’autres limitations physiques.

« ON A SEULEMENT DU POUVOIR QUAND ON PEUT DÉCIDER QUELQUE CHOSE À LA PLACE D’UN AUTRE. »

indiquée. Je vois cela comme un problème médical. »

Qui est?

JACQUES ROGGE > JACQUES ROGGE (°2 mai 1942) est chirurgien orthopédique et a été président du Comité Olympique International pendant 12 ans. > Il est le mari d’Anne Bovyn et ensemble ils ont un fils et une fille. > En 2003 on lui a accordé le titre nobiliaire de Comte. Sa devise est : « Nil Volentibus Arduum » (rien n’est difficile pour ceux qui veulent).

Les athlètes paralympiques doivent apprendre à gérer les limitations de leur corps et doivent également traiter cette limitation. Leur mérite est évidemment qu’ils dépassent cette limitation pour faire des prestations. C’est ce qui les rend exceptionnels. J’ai vu beaucoup d’athlètes paralympiques avec une volonté de fer et un caractère fantastique qui ont fait des prestations exceptionnelles. On sent pendant les Paralympics que ces presta­ tions font peut-être encore plus de bien aux athlètes paralympiques qu’aux autres athlètes. » approches : Avez-vous aussi de l’expérience avec des patients psychiatriques ? « En tant que médecin j’étais régulièrement en contact avec des personnes avec une vulnérabilité psychique. Pour moi c’est « une pathologie » comme l’est aussi une jambe fracturée. Je ne traitais pas ces personnes moi-même, je pouvais simplement faire un diagnostic prudent et les référer à la personne

approches : Dans le temps, pourquoi êtes-vous devenu médecin ? « Simplement parce que la profession m’attirait. Je ne suis pas quelqu’un qui « dissèque » psychanalytiquement pourquoi il avait une vocation pour la médecine. Il en est simplement ainsi. Je voulais devenir médecin, mais ne me demandez pas comment ou pourquoi. Je ne suis pas fort en cela. » approches : Vous me paraissez être une personne assez rationnelle… « Je l’espère bien… » approches : Dans quelle mesure savez-vous montrer des émotions ? « Ne me demandez pas de parler de mes émotions. J’ai des émotions comme tout un chacun. Si je les exprime ou non, cela ne concerne que moi. »

Justine Henin approches : Que faites-vous actuellement ? « Je suis fort occupé. Pour la pre­ mière fois dans longtemps je peux de nouveau faire du sport et je vais aussi souvent regarder des compétitions sportives. Je veux lire des tonnes de livres que, hélas, je n’ai jamais pu assimiler pendant mon mandat. Puis j’ai une passion pour l’art moderne et avec mon épouse je vais souvent à des galeries et des expositions. Finalement je passe du temps avec mes petits-enfants. » approches : Si vous regardez en rétrospective les années précédentes, quel est le plus beau moment ? « Je vais maintenant me montrer très chauviniste, mais les médailles d’or des Belges resteront quand même le plus longtemps dans ma mémoire. Il n’y en a pas tellement, mais à chaque fois c’était spécial de voir les triomphes de compatriotes comme Ulla Werbrouck, Justine Henin, Frederic Deburggraeve et Tia Hellebaut. » approches : Avez-vous encore des rêves ? « Oui, heureusement. Mais ceci n’est pas une interview psychanalytique. Je préfère garder ce rêve pour moi. » n

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ET CETERA Pierre Joseph Triest

Déterré et ré-enterré Le 25 novembre 2013, à Lovendegem, le Père Triest a été déterré et ré-enterré. Cette cérémonie très inhabituelle cadrait dans le processus de béatification qui stipule qu’avant la clôture du processus, la tombe doit être ouverte pour vérifier si c’est réellement la dépouille mortelle de la personne qui sera béatifiée et où l’on doit en même temps entreprendre des actions pour garantir la conservation de ces restes. C’était un jour plein d’émotions pour les Frères de la Charité ! FR. RENÉ STOCKMAN, LIEVEN CLAEYS

FRANK BAHNMULLER

1.

Le Père Triest a été enterré en 1836 au cimetière communal autour de l’église de Lovendegem, en pleine terre et probablement dans un simple cercueil en bois. Mais parce qu’en 1902 le cimetière autour de l’église a été supprimé, les Sœurs de la Charité ont décidé plus ou moins en secret de transporter la dépouille mortelle de leur et de notre fondateur vers la propre chapelle funéraire. Le Père Triest avait été enterré en pleine terre jusqu’à ce moment pour 66 ans, et dans le temps le déterrement et le ré-enterrement avaient été effectués avec une certaine rapidité et probablement la nuit. Mais lors du transfert, avait-on procédé avec soin ?

3.

Dans le cercueil il y avait un autre cercueil, en plomb, et là-dedans encore un cercueil plus petit, en bois, avec les restes. Dans le cercueil se trouvaient les os restants, en état très fragile, et seulement très limités en nombre. Probablement, lors du premier déterrement, on a seulement emmené une partie du squelette, car on n’a rien retrouvé des membres inférieurs. Des parties de la soutane et de la chasuble sont conservées remarquablement bien, jusqu’aux boutons et les chaussures. Ce qui était également très particulier était d’avoir retrouvé le bonnet et des touffes de cheveux qui étaient aussi déposés soigneusement dans le nouveau cercueil. On avait donc apparemment déterré très rapidement la dépouille mortelle à l’ancien cimetière et sans plus de vérification ou de nettoyage on l’avait déposée dans ce cercueil. Oui, c’était là la dépouille mortelle de notre Fondateur bienaimé. Un frisson d’émotion traversait chacun qui était présent.

4.

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Les membres du tribunal sont alors partis vers la morgue pour vérifier et nettoyer la dépouille mortelle, et pour la mettre avec soin dans un nouveau cercueil. En même temps des reliques ont été offertes à l’évêque, aux trois congrégations et également au Vatican à la lumière, on l’espère, de la sanctification ultérieure.


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2.

À QUI LE PRIX ? Quand le cercueil sortait de la niche, la tension était grande. Chacun se demandait ce qu’on trouverait dans le cercueil. Est-ce qu’un squelette serait visible ou plutôt des os restants ou des parties des vêtements avec lesquels le Père Triest avait été enterré ?

5.

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PARTICIPEZ ! Le Père Triest repose maintenant de nouveau dans sa crypte. Encore en 2014 le processus diocésain sera probablement clôturé de façon que la Causa puisse être transférée vers le Vatican. Là on vérifiera les écrits et les témoignages et nous prions que le Pape puisse donner sur base de ce processus historique au serviteur de Dieu Pierre Joseph Triest le titre de « Vénérable ». Il faudra attendre alors un miracle afin de pouvoir plus tard prononcer la béatification et ensuite la sanctification.

Répondez à trois questions dont vous pouvez trouver la réponse dans le présent numéro d’approches. Envoyez vos réponses à mattias.devriendt@fracarita.org ou par le formulaire du concours sur www.approches.be 1. Que signifie l’abréviation ABS ? 2. Quel est le nom que les collègues de Ronald Clavie donnent à son travail ? 3. Qui a mis au point la méthode de la communication non violente ? Plein succès !

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FRANÇOIS DEHOMBREUX


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