Table de matières Introduction
pag. 11
Présentation des objectifs
pag. 13
Hypothèses
pag. 13
Méthodologie
pag. 15
Remerciements
pag. 17
Partie l
Biographie succincte de l’architecte et le contexte de ses oeuvres CHAPITRE 01 l Charles Van Nueten Qui est Charles Van Nueten ?
pag. 23
Oeuvre architecturale industrielle (brasseries) produite en Belgique
pag. 25
Oeuvre architecturale industrielle (brasseries) produite en Europe
pag. 37
Travail sur les brasseries dans l’ex-Congo Belge
pag. 37
Analyse générale sur les brasseries de Charles Van Nueten
pag. 45
CHAPITRE 02 l Brasserie Bralima et son contexte Contexte historique
pag. 51
Contexte historique de la zone industrielle
pag. 55
Situation géographique et urbaine
pag. 57
Situation économique
pag. 61
Contexte Climatique
pag. 67
Projet Bralima (caractéristiques architecturales et techniques)
pag. 69
Aspects innovants de cette brasserie
pag. 79
Partie ll
Analyse contextuelle et réflexion à propos du patrimoine CHAPITRE 03 l Situation actuelle de la Brasserie Bralima Agrandissement au sein de la brasserie
pag. 87
Situation actuelle de l’extension construite par Charles Van Nueten (atouts/faiblesses)
pag. 89
CHAPITRE 04 l Synthèse et réflexion Quel avenir pour ce bâtiment? (opportunité/menace)
pag. 95
Propositions architecturales et programmatiques
pag. 97
CONCLUSION
pag. 145
BIBLIOGRAPHIE
pag. 151
La brasserie construite par Charles Van Nueten, constitue un exemple très abouti de l’architecture brassicole de l’époque de l’ex-Congo belge. Aujourd’hui, le bâtiment est relativement bien conservé, mais sans réelle fonction et pourrait être démoli par manque d’usage. Pourtant l’édifice pourrait faire objet d’une reconversion en s’attachant à lui trouver une nouvelle fonction, soit directement associée à la fonction brassicole ou autre. Une réflexion qui se voudrait pilote autour de ce bâtiment parait donc opportune.
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Introduction Ce mémoire a comme intérêt principal la réaffectation d’un bâtiment produit dans l’ex Congo belge par un architecte belge à cette époque. À travers d’un éventail de scénarios possibles, choisis en fonction des analyses contextuelles et discussions avec certains intervenants (avec qui j’ai pu partager des idées à Kinshasa lors de mes visites), il s’agira de trouver plusieurs réutilisations possibles qui permettront une transformation respectueuse de ce bâtiment. La reaffectation de ce bien pourrait ainsi permettre d’entamer une réflexion sur la question du patrimoine congolais, dont le patrimoine colonial fait également partie.
1. Vue sur le Boulevard 30 Juin
Grâce à l’anniversaire des cinquante années de l’indépendance et le Sommet de la Francophonie ayant eu lieu en septembre 2012 à Kinshasa, de grands travaux, tels que l’élargissement et l’asphaltage d’un certain nombre de boulevards et avenues, comme le Boulevard du 30 Juin ou la place de la Gare Centrale ont été réalisés. D’un point de vue architectural, de nombreux bâtiments ont été repeints (comme l’Immeuble de bureaux de l’Office National e des Transports (ONATRA /ex Hôtel ABC)) et quelques uns ont mérité une mise à jour (comme l’aéroport de Ndjili) où l’amélioration est très nette. Une grande ville comme Kinshasa, avec sa vision de futur (le Président Joseph Kabila a mis en oeuvre un programme appelé Les Cinq Chantiers) qui selon les publicités immobilières deviendra le “nouveau Dubai”, me laisse devant une certaine crainte sur la question de la connaissance de la ville du passé et du présent. Selon des personnalités comme l’ancien ambassadeur de France en République Démocratique du Congo, “elle (Kinshasa) regorge de trésors architecturaux méconnus, souvent croisés, rarement regardés, parfois cachés”… Je défends donc qu’une mise en valeur de ce qui existe soit nécessaire, sachant qu’une ville, une nation ne peut prospérer en oubliant son passé. (“Les anthropologues nous ont appris que les sociétés traditionnelles pouvaient, par cycle, avec une durée de temps limitée s’abstraire de leur passé, et de leurs coutumes pour vivre ainsi dans le présent immédiat”)1
“Os antropologos ensinaram-nos também que as sociedades tradicionais podiam, ciclicamente, por uma duraçao muito breve e ritual, abstrair-se do seu passado e dos seus costumes para viver me imediatez dos présente”
1
CHOAY, Françoise. 2010. Alegoria do patrimonio. Coimbra : Ediçoes 70. p.116
12 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’étude : Brasserie Bralima
L’ensemble dont fait partie la brasserie Bralima, est dessinée et construite par Charles Van Nueten en 1946. L’extension est un exemple de l’architecture brassicole très aboutie pour son époque, dans l’ex-Congo belge. Aujourd’hui, le bâtiment est relativement bien conservé, mais le manque de réelle affectation pourrait amener ce bâtiment à l’oubli, à la dégradation, voir même à sa démolition. De nos jours, le bâtiment est appelé le musée, mais il est quasi inaccessible par le grand public à cause de son implantation au coeur de la firme. Sa position à l’intérieur des murs, crée donc une grande difficulté du point de vue de l’accessibilité. Le manque d’information à propos du musée (problème de visibilité) augmente le risque de dégradation qui mène par la suite à une volonté de démolir le bâtiment en question, pour que la firme puisse augmenter la surface de production. Cet édifice pourrait pourtant faire l’objet d’une réflexion de reconversion qui pourrait ou pas, être directement liée à la fonction brassicole. De nombreux autres bâtiments de la ville, se trouvant dans de situations semblables, pourraient suivre la même réflexion et peut-être mener par la suite à une patrimonialisation de l’architecture dans la capitale. Néanmoins des questions se posent alors par rapport au futur de ce bâtiment brassicole dessiné par Charles Van Nueten : Quel sera l’avenir du projet de Charles Van Nueten au sein de Bralima? Sera-t-il condamné à la dégradation et à l’oubli, ou est-il possible de lui redonner un sens, une affectation, une nouvelle vie?
l 13
Présentation des objectifs Ce travail, autre que le contexte dans lequel il est produit, a comme intention première le thème de la réaffectation d’un bâtiment de l’époque coloniale. Pour ce faire, l’extension produite par Charles Van Nueten pour la firme Bralima servira de cas d’étude. Ce bâtiment est aujourd’hui sans réelle affectation et est donc en risque de dégradation, voire même de démolition. La réaffectation pourrait également servir comme une porte ouverte à une future patrimonialisation de celui-ci. D’autres bâtiments plein d’intérêts existent dans la capitale congolaise et pourraient, dans le futur, être soumis à une intervention semblable ayant pour but ultime la patrimonialisation de l’héritage architectural présent à Kinshasa jusqu’à nos jours.
Les Hypothèses Tout d’abord, proposer une affectation autre que celle d’origine semble être pour la plupart des cas à Kinshasa, peu commune. Dans ce mémoire ce que je voudrais mettre en avant, autre que la comprehension de la situation actuelle du bâtiment, serait de lui redonner un sens, une utilité (du point de vue de la sauvegarde de son intégrité architecturale). Les hypothèses pour ce bâtiment sont choisies en fonction de l’espace disponible au sein de l’usine, afin d’éviter à ce que la nouvelle affectation ne soit trop encombrante. Étant donné que l’élimination de ce bâtiment n’est pas souhaitable, même si une proposition pour sa démolition est mise en question, ce bâtiment pourrait être restauré avec rigueur pour être remis en état. Les propositions élaborées pour ce cas d’étude ont été choisies en fonction des discussion avec plusieurs personnes, telles que mon promoteur Yves Robert, Joseph Froidcoeur (ingénieur à Kinshasa), Francis Metzger et grâce à des lectures, mais aussi grâce à ce que j’ai pu observer sur place.
2. 3. 4.
Immeuble “Le Royale” Immeuble Vangéle Tours Sabena
14 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’étude : Brasserie Bralima
Les propositions sont les suivantes: - Démolition; - Pérennité de l’affectation : - Brasserie; - Musée de Bralima; - Reconversion :
- École brassicole; - Bureaux de Bralima;
- Requalification territoriale; Les scénarios proposées visent non seulement la préservation de ce bâtiment, mais aussi le fait que la grande majorité des bâtiments possèdent aujourd’hui encore la même affectation qu’ils avaient pendant la colonisation belge, tels que les tours de logements de l’Immeuble “Le Royal” (Boulevard du 30 Juin, Gombe), l’immeuble Vangèle (Avenue Colonel Lukusa, Gombe), ou les Immeubles Sabena (Boulevard du 30 Juin, Gombe). Les bâtiments existants de l’époque coloniale sont dans la plupart de cas en bon état de conservation, si l’on prend en compte les années difficiles par lesquelles la ville de Kinshasa est passée. Actuellement, les bâtiments ont été adaptés aux nouveaux besoins de la ville et de ses habitants, comme on peut le remarquer dans les cités de l’O.C.A. où la plupart des habitations ont été modifiées d’une manière ou d’une autre (mais toujours par des moyens informels). Ce processus est logique et montre que les bâtiments sont de qualité, mais que dans certains cas, comme dans celui de l’extension bâtie par Charles Van Nueten, le bâtiment est dépassé et ne répond plus aux besoins de production de la bière comme c’est le cas avec les nouvelles techniques. En lui trouvant une nouvelle affectation, ce bâtiment pourrait avoir une deuxième vie qu’il mérite, ainsi qu’une transformation de faiblesse en atout pour la firme.
l 15
Méthodologie Grâce à des projets effectués sous la direction de Yves Robert j’ai pu me rendre à Kinshasa à deux reprises. Lors de ces projets, j’ai pu avoir accès à l’usine Bralima pendant les deux séjours. J’ai également eu l’opportunité de rencontrer des responsables et autres intervenants, tels que l’ingénieur Joseph Froidcoeur, qui travaille pour son propre bureau d’études privé, mais qui tout au long des années a construit et renouvelé l’usine Bralima. Un autre intervenant est l’architecte Francis Metzger, qui lors d’un des séjours à Kinshasa, a pu visiter, avec le groupe duquel je faisais partie, le bâtiment de Charles Van Nueten. Pendant la visite j’ai eu l’opportunité d’écouter son avis à propos de ce bâtiment, ce qui a été très intéressant, car il est grand connaisseur des questions sur la réaffectation et rénovation du patrimoine architectural. Ce mémoire, n’est donc pas seulement un travail fait grâce aux archives laissées par l’architecte à La Cambre à sa mort. Mais une étude fondée également grâce à des textes écris plus récemment par des historiens et architectes tels que le mémoire bibliographique de l’architecte produit par Alice Wallez, des revues écrites par et à propos de Charles Van Nueten, des livres sur Kinshasa tels que “Kinshasa, Architecture et paysage urbain” et “Kinshasa” produit par le CIVA et la Faculté d’Architecture La Cambre Horta. D’autres publications pas directement liées à Kinshasa ou à cet architecte ont été utilisées de manière à influencer et justifier mes idées. Dans la production de ce mémoire, un travail bibliographique du bâtiment et de son architecte est nécessaire jusqu’à aujourd’hui pour comprendre le sujet, mais aussi son évolution qui a forcé ce bâtiment à l’”abandon”. Le but ultime de ce mémoire serait donc, par l’analyse du bâtiment et de son contexte, historique, urbain et climatique, de proposer des scénarios de réaffectation qui permettront à ce bâtiment d’être réutilisé et donc sauvegardé.
l 17
Remerciements Je voudrais tout d’abord, remercier Yves Robert, non seulement pour sa disponibilité et ses conseils, tout au long de mon mémoire, mais surtout pour m’avoir permis de connaitre Kinshasa, en m’y amenant pour la réalisation de deux projets de coopération. Pour tout cela je vous en suis très remerciant. Ensuite, je voudrais entre autres remercier l’équipe des Archives d’Architecture Moderne, pour avoir mis à ma disposition tous les documents nécessaires pour la réalisation de ce mémoire. À mes parents, Maria Isabel Marques dos Santos Reis, et Antonio Pedro de Almeida Reis, je vous remercie pour le soutien et l’amour que vous m’avez toujours fournis sans lequel je n’aurais jamais rien pu accomplir. Un grand merci à Miriam pour son aide non seulement pour ce mémoire, mais aussi pour le soutien fourni au long des années. À tous mes amis, mais surtout à Pierre et Christophe, je vous remercie pour les bons moments et pour votre aide, surtout dans l’apprentissage de la langue française.
Partie l
Biographie succincte de l’architecte et le contexte de ses oeuvres
Chapitre 01
Charles Van Nueten
Chapitre 01 Charles Van Nueten l 23
Charles Van Nueten Qui est Charles Van Nueten ?1 Charles Van Nueten est un architecte belge né à Saint-Josse-tenNoode le 4 Juin en 1899 et décèdé le 16 Avril en 1989 à Bruxelles. Il fait ses études d’architecture à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles. En parallèle à ses études d’architecture il suit des cours de peinture, en utilisant en grande partie les techniques d’aquarelle et d’huile. Diplômé en 1921 il décide de partir en France où il est volontaire pour prendre en charge la reconstruction des villages détruits pendant la guerre. En 1924 il retourne en Belgique et participe à un concours pour la construction d’une école (école à la rue de l’abondance, 19 à Saint-Josse-ten-Noode), remportant le concours, l’architecte retourne en Belgique. À la suite de ce projet, plusieurs portes se sont ouvertes à lui, en 1925 Jean le Ligne l’appelle à la Société Centrale d’Architecture de Belgique (SCAB). Peu de temps après, il assume la présidence de la Société Belge des Urbanistes et Architectes Modernistes (dont il sera président de 1939 à 1940). Alors âgé de 28 ans, il devint membre du Congrés International d’Architecture Moderne (CIAM). Durant la Seconde Guerre Mondiale, il est relié à la SNCFB (Société Nationale des Chemins de Fer Belges) qui lui confie la construction de quatre gares: Grammont, Jemelle, Aarschot, Tongres. Son rattachement à ce genre de projets montre une grande sensibilité et un coté humaniste qui le suivront tout au long de sa carrière. Charles Van Nueten était un architecte très versatile, il a créé toute sorte de bâtiments et les programmes de ses projets architecturaux étaient si complets qu’il y a peu d’architectes qui l’ont fait. Il a conçu des maisons, des villas, logements sociaux (à l’époque appelée bon marché), immeubles de
1 Ce chapitre à été rédigé d’aprés trois sources, Catalogue des collections Tome 2. Bruxelles: AAM. 398p. ; La Maison, n°12, numéro consacré a l’oeuvre de l’architecte Charles Van Nueten et WALLEZ, Alice. 2009-2010. Introduction à L’oeuvre architecturale de Charles Van Neuten (1899-1989) au Congo Belge (1946-1960)
5. Photographie de Charles Van Nueten, Catalogue des collections Tome 2. Bruxelles: AAM. 398p.
24 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’étude : Brasserie Bralima
bureaux, magasins, écoles, gares, salles de spectacle, gendarmeries, planétarium, bâtiments industriels (dont des brasseries), complèxes sportifs (tels que des piscines) et des pavillons d’exposition. En dernier il faut noter que cet architecte a aussi construit un assez large échantillon de brasseries, certaines de ses brasseries sont en Belgique, d’autres tels que la Brasserie Bralima son construites en République Démocratique du Congo (Ex-Congo belge, Ex-Zaïre), mais aussi en Espagne et Italie. Vers la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, en 1945, Charles Van Nueten deménage à Kinshasa (Ex-Léopoldville). Il restera dans la République Démocratique du Congo jusqu’en 1958, années pendant lesquelles il construisit un grand nombre de bâtiments. Une caractéristique très marquée de cet architecte est l’application “humanisée” des principes fonctionnalistes dans ses constructions d’après-guerre.
Chapitre 01 Charles Van Nueten l 25
Oeuvre architecturale industrielle (brasseries) produite en Belgique Dans l’après-guerre, les constructions industrielles sont en essor et l’architecte ne laisse pas échapper son opportunité : il commença à étudier l’architecture brassicole qu’il continua à construire jusqu’aux années soixante en Espagne et en Italie. Les brasseries bâties par l’architecte sont dans un style, très souvent, moderniste, étant donné qu’il fut l’un des grands représentants du mouvement moderne en Belgique. Ces bâtiments sont remarquables par leur simplicité et leur efficacité. Néanmoins, quelques projets sont des bâtiments qui laissent le doute à propos de l’affectation originale du bâtiment, car la mise en forme du projet est toute à fait différente du reste de ses oeuvres (surtout quand je regarde l’ensemble des oeuvres de manière chronologique).
26 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’Êtude : Brasserie Bralima
Chapitre 01 Charles Van Nueten l 27
Bavery, Couillet, 19402 La première brasserie bâtie par l’architecte est construite en 1940 à Couillet (Charleroi). Le commanditaire de ce bâtiment a été la marque Bavery. Dès la première rencontre avec le bâtiment, on remarque un style moderne très maitrisé, non seulement par l’utilisation des matériaux (ici l’architecte emploi des briques pour la façade), mais surtout par l’emploi d’une grande surface vitrée qui permet non seulement l’éclairage, mais aussi une mise en valeur des cuves en cuivre installées linéairement à l’intérieur de celui-ci. Ce bâtiment très marqué par cette verrière clairement tirée des leçons Corbuisieénnes avec l’utilisation des pilotis, le plan libre (avec des cuves au centre) et la façade libre de structure font de celui-ci un bâtiment industriel moderniste.
6. Élévation finale tpour la brasserie
“Without a plan, there is disorder, arbitrari-
“Sans un plan, il y a du désordre, tout est arbitraire”3
Bavery, Archives d’Architecture Moderne, Dossier : Charles Van Nueten, Brasserie Bavery
ness”
Malheureusement la brasserie à ferme ces portes en 1975, même si les bâtiments existent encore actuellement (ils sont visibles au long de la route Châtelet-Charleroi à Couillet), mais ils se trouvent dans un grand état de dégradation. Les bâtiments ont servi ensuite comme dépôt jusqu’aux années ‘90.
7. Photographie de la salle de brassage, photographie prise par Francis Pourcel, compte Flickr.
2 Ce chapitre à été rédigé en consultant les archives Fonds Chales Van Neuten, farde Bavery 1940 aux AAM. 3
Le Corbusier, 1928, Toward an architecture. Californie : Frances Lincoln Limited. p.86
28 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’Êtude : Brasserie Bralima
Chapitre 01 Charles Van Nueten l 29
Brasserie Cerckel, Diest, 19434 La brasserie suivante a été bâtie par l’architecte en 1943 à Diest, dans la province du Brabant Flamand. La firme a été fondée en 1816. D’après les archives laissées par l’architecte, le modernisme se développe de plus en plus dans ses oeuvres, allant vers un modernisme plus Corbuséen avec la blancheur des murs entre autre (les autres attributs sont déjà présents dans la brasserie Bavery). Dans ce bâti, l’éclairage naturel semble ne pas être une préoccupation du client (ceci ne reste qu’une opinion personnelle en considérant les autres projets de l’architecte et en connaissant son caractère humanitaire). Un autre élément qui marque la différence entre cette brasserie et les autres est la construction en hauteur qui est ici plus marquée.
4 Ce chapitre à été rédigé en consultant les archives Fonds Chales Van Neuten, farde Cerckel 1943 aux AAM.
8. Élévation finale pour la brasserie Cerckel, Archives d’Architecture Moderne, Dossier : Charles Van Nueten, Brasserie Cerckel
30 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’Êtude : Brasserie Bralima
Chapitre 01 Charles Van Nueten l 31
Brasserie Vanderlinden, Maeter, 19445 Bâtie en 1944 à Maeter, il s’agit une fois de plus, d’un projet avec un plan repensé avec un nouveau plan directeur, idée que l’architecte défend comme étant très importante. Le modernisme est ici présent une fois de plus comme étant la juste réponse aux besoins de son temps. Ce projet est plus proche de la première brasserie construite par l’architecte, la brasserie Bavery à Couillet, non seulement par la hauteur du bâtiment, mais aussi par l’emploi de briques (pour ce projet aucune information, autre que les plans et croquis présents aux archives laissées par l’architecte, n’a été découverte).
9. Élévation finale pour la brasserie Vanderlinden, Archives d’Architecture Moderne, Dossier : Charles Van Nueten, Brasserie Vanderlinden
10. Croquis de la brasserie Vanderlinden, Archives d’Architecture Moderne, Dossier : Charles Van Nueten, Brasserie Vanderlinden
5 Ce chapitre à été rédigé en consultant les archives Fonds Chales Van Neuten, farde Vanderlinden 1944 aux AAM.
32 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’Êtude : Brasserie Bralima
Chapitre 01 Charles Van Nueten l 33
Brasserie et café Het Anker, Mechelen, 1944-19466 La brasserie Het Anker et sa transformation ont été bâties entre 1944-1946 par Charles Van Nueten. Cette brasserie a été fondée en 1369 à Mechelen. La transformation consistait non seulement en la création de nouvelles salles de brassag et salles de stockage, mais aussi en la différenciant des autres produites par l’architecte, par la création d’un espace de café, où les clients pouvaient non seulement acheter, mais aussi consommer leur bière préférée. La bière produite dans cette brasserie était très appréciée par la bourgeoisie, mais aussi par la noblesse. Cette brasserie est l’une des plus anciennes de Belgique et produit toujours la même bière qui la définissait (aujourd’hui la bière est plus forte qu’à l’origine, mais elle a aussi un nouveau nom). Cette brasserie a été rénovée dans les années ‘90, dans un but de moderniser les installations de réfrigération, de fermentation et de garde. Cette brasserie est encore très active aujourd’hui ayant entre autres gagné des médailles en 2012 pour la qualité de leur bière classique. Des visites de cette brasserie sont également possibles.
6 Ce chapitre à été rédigé en consultant les archives Fonds Chales Van Neuten, farde Het Anker 1944-46 aux AAM.
11. Élévation de la brasserie Het Anker, Archives d’Architecture Moderne, Dossier : Charles Van Nueten, Brasserie Het Anker
12. Élévation du café Het Anker, Archives d’Architecture Moderne, Dossier : Charles Van Nueten, Brasserie Het Anker
34 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’Êtude : Brasserie Bralima
Chapitre 01 Charles Van Nueten l 35
Brasserie du Duvieusart, Nivelles, 1945-19477 Cette brasserie est bâtie entre 1945-1947 à Nivelles. Ce bâtiment est une fois de plus une oeuvre moderniste produite par l’architecte. Comme dans la plupart de ses projets de brasseries, une mise en scène des salles de brassage est présente, par exemple au niveau des encadrements de fenêtre que nous pouvons trouver aussi dans la brasserie de Kinshasa. Ceci n’étant pas étrange car l’architecte travaillait en même temps dans la conception et la construction des deux brasseries.
13. Élévation de la brasserie Duvieusart, Archives d’Architecture Moderne, Dossier : Charles Van Nueten, Brasserie Duvieusart
Depuis les années ‘60, dû à l’abandon de production dans cette brasserie, elle se trouve actuellement dans un grand état de dégradation. Néanmoins, les nivellois se sont mobilisés en masse et elle sera revitalisée, le bâtiment sera transformé en bureaux, logements et parkings.
14. Photographie prise du site internet https://sites.google.com/site/gerardlenelle/ labrasserieduvieusart
7 Ce chapitre à été rédigé en consultant les archives Fonds Chales Van Neuten, farde Duvieusart 1945-47 aux AAM.
Chapitre 01 Charles Van Nueten l 37
Oeuvre architecturale industrielle (brasseries) produite en Europe Si les brasseries dessinées en Belgique sont dans un style moderniste très linéaire, les brasseries que l’architecte produit en Espagne semblent s’approcher plus d’un modernisme inspiré des hangars ou des gares. La brasserie Europolis construite en 1962 à Barcelone, comme l’autre brasserie construite par l’architecte, en 1965, la brasserie Lamot, Cervezas Barcelonas sont tournées vers l’efficacité technique où avec peu d’éléments bâtis l’architecte obtient un maximum de gains en espace. Le peu d’éléments d’appui aide aussi à cela. Ces brasseries, ne sont ici pas représentés, car, elles sont bâties après le retour en Belgique, après son expérience dans l’ex-Congo belge. Ces architectures n’ont donc aucune influence pour le cas d’étude étudié ici.
Travail sur les brasseries dans ex-Congo Belge À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, l’architecte est invité à construire au Congo belge. L’architecte intervient à un moment où un développement économique, urbanistique et architectural est en plein essor. Cette expérience est la première que l’architecte a de construire en Afrique, ceci représente alors de nouvelles contraintes au quelles l’architecte doit faire attention, comme le climat le par exemple. Pendant son séjour au Congo, l’architecte produit, autre que des brasseries pour les firmes Bralima et Bracongo, un immeuble à appartements et une maison individuelle.
38 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’Êtude : Brasserie Bralima
Chapitre 01 Charles Van Nueten l 39
Bralima, Léopoldville, 19468 La première commande proposée à Charles Van Nueten est l’agrandissement de la brasserie appelée Brasserie Léo (le nom est a actuel, Bralima est un acronyme de Brasseries, limonaderies et malteries). L’extension fût terminée et mise en route en 1946. La brasserie elle même fût initialement fondée en 1923 avec l’aide de la Banque de Bruxelles, mais la production n’a commencé qu’en 1927.
15. Élévation de la brasserie Bralima, Archives d’Architecture Moderne, Dossier : Charles Van Nueten, Brasserie Bralima
Bralima connut à la fin des années ‘30 une augmentation de demande et la nécessite alors d’augmenter leur production, ce qui a permis entre autres d’augmenter leur part du marché congolais en s’installant à Bukavu, Brazzaville, Kisangani, Bujumbura. L’intervention de l’architecte incorpore dans le projet, en dehors de la salle de brassage (avec trois cuves en cuivre), une salle de machines et une chaufferie. Une grande attention est portée par l’architecte à la maitrise du climat étant donné que celle-ci est sa première intervention à Léopoldville (Kinshasa) et dans un climat équatorial voir tropical. L’environnement climatique à Léopoldville est d’ailleurs décrit dans les récits comme …”tombeau des Blancs”…9. L’architecte propose pour sa première oeuvre dans le continent africain des solutions climatiques innovantes. Des murs extérieurs à doubles parois, avec une couche d’air isolante (nous savons que l’air est le meilleur isolant thermique et qu’un isolant thermique qui absorbe le plus d’air possible est alors plus performant). L’éclairage et la ventilation est donnée grâce à deux énormes verrières mises en place face à face pour faciliter la circulation de l’air dans la salle de brassage (les verrières ont été dessinées avec beaucoup de soin et permettent de faire pivoter les vitres). En dernier, mais sans être moins important, l’élément récurrent dans les brasseries de l’architecte dans l’ex-Congo Belge est un encadrement de baies, servant de brise-soleil et permettentant entre autres d’intéressants jeux d’ombres sur la façade.
8 Ce chapitre à été rédigé en consultant les archives Fonds Chales Van Neuten, farde Extension Bralima 1946 aux AAM, l’interview de Hans Van Mameren faite par Marcel Lutete en 2005, entre autres écris, mais aussi grâce à mes visites sur place. 9 TOULIER, Bernard, Johan LAGAE, Marc GEMOETS. 2010. Kinshasa, architecture et paysage urbains. Bruxelles: L’inventaire. p15.
16. Photographie personnelle, de la extension produite par Charles Van Nueten.
40 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’Êtude : Brasserie Bralima
Chapitre 01 Charles Van Nueten l 41
Bracongo, Stanleyville, 1949-195810 Suite à la construction de la brasserie à Léopoldville, Charles Van Nueten est amené cette fois-ci à bâtir à Stanleyville. Le commanditaire de ce projet est le concurrent direct de la firme Bralima nommé Bracongo (acronyme de Brasseries du Congo, l’ancien nom de cette brasserie est Stanor). Comme avec la firme Bralima, Bracongo connaît aussi un essor économique grâce à leur bière, la Skol (bière existante encore actuellement), ce qui a engendré la construction de nouvelles infrastructures pour augmenter leur production et leur position sur le marché congolais.
17. Croquis de la brasserie Bracongo, Archives d’Architecture Moderne, Dossier : Charles Van Nueten, Brasserie Bracongo
La commande consistait la construction de vastes complèxes incorporant un grand nombre d’activités. Une salle de brassage, un hall de stockage, une bouteillerie, des bureaux, des appartements (pour des employés), la direction, une cantine et un service social faisaient donc partie de cette commande très différente de celle produite pour la firme Bralima. Contrairement à ce qu’il réalisa pour Bralima, l’architecte décida (aussi en vue des nouvelles tendances industrielles) de travailler l’horizontalité de la brasserie. L’horizontalité faciliterait ainsi la production, le stockage, la mise en bouteille du produit éliminant ainsi des déplacements verticaux inutiles. Mais un travail de mise en contexte du bâtiment dans sont environnent (autre élément que l’architecte n’a pas pu travailler dans le cas de Bralima étant donné la position géographique de l’usine à Léopoldville)est également étudiée. Le système d’aération lui aussi a été revu. Dans ce projet, l’architecte, déjà plus expérimenté dans l’art de bâtir à l’ex-Congo belge, ajoute un système de ventilation supplémentaire à celui qu’on peut retrouver dans la brasserie Bralima. Le nouveau système de ventilation agit comme des persiennes fixes (contrairement aux châssis pivotant de Bralima) qui ne nécessitent plus l’intervention de l’homme, permettrait alors un renouvellement continu de l’air. Ces persiennes fixes sont installées au point le plus haut possible du bâtiment, juste en dessous de la corniche de la toiture. 18. Détail de la ventillation fixe en hauteur, Archives d’Architecture Moderne, Dossier : 10 Ce chapitre à été rédigé en consultant les archives Fonds Chales Van Neuten, farde Bracongo 1949-58 aux AAM, des idées reprises des interviews donné par l’architecte et le Mémoire de Alice Wallez
Charles Van Nueten, Brasserie Bracongo
42 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’Êtude : Brasserie Bralima
Chapitre 01 Charles Van Nueten l 43
Brasserie Bracongo, Léopoldville, 1952-195711 Dans la construction de cette brasserie, l’architecte change une fois de plus, mais quasi seulement dans l’esthétique, les techniques employés restent des variantes des solutions déjà utilisées auparavant. L’élément le plus innovant dans cette brasserie, contrairement à toutes celles faites au par avant est la salle de brassage (appelée aussi souvent salle des silos) qui est complètement ouverte. Le dernier changement est la présence des toits en pente en double toiture. Des systèmes semblables à celui-ci (et d’autres comme une double toiture) ont été utilisés au Congo depuis plusieurs d’années pour protéger les toitures contre rayonnements solaires très forts.
19. Élévation de la brasserie Bracongo,
Le programme de cette brasserie ne change pas par rapport aux autres, ici nous avons, salle de brassage, bureaux, levurier, salle de fermentation et cave de garde. Dans les archives, dans le dossier qui concernait cette brasserie, des plans d’appartement y étaient aussi présents, ceci laisse penser que des logements étaient prévus, mais peut-être jamais réalisés.
20. Plan pour l’extension 56-57,
Cette brasserie a été entre 1956 et 1957 de nouveau en travaux, l’architecte étant une fois de plus Charle Van Nueten, il produit donc des extensions pour cette brasserie. L’extension vise ici une fois de plus une augmentation de production, et grâce au mode de construction mis en place, ceci ne semble pas être d’une très grande difficulté pour cet architecte expérimenté. Cette brasserie est néanmoins difficile à trouver dans la ville de Kinshasa. Lors de mes séjours et la discussion avec plusieurs kinois du milieu architectural, cette brasserie n’a jamais été évoquée, et lors de mes visites je n’ai jamais eu le plaisir de découvrir cette brasserie. Son état actuel est donc inconnu et seulement quelques plans, coupes, etc. existent encore à nous jours.
11 Ce chapitre à été rédigé en consultant les archives Fonds Chales Van Neuten, farde Bracongo 1952-57 aux AAM, des idées reprises des interviews donné par l’architecte et le Mémoire de Alice Wallez
Archives d’Architecture Moderne, Dossier : Charles Van Nueten, Brasserie Bracongo
Archives
d’Architecture Moderne, Dossier : Charles Van Nueten, Brasserie Bracongo
Chapitre 01 Charles Van Nueten l 45
Analyse générale des brasseries de Charles Van Nueten Charles Van Nueten nous a démontré ce que c’est que faire de l’architecture. Tout au long de sa carrière, il a construit un grand nombre de projets brassicoles entre autres et à chaque projet, par sa façon rigoureuse de travailler, il était améné à apporter quelque chose de nouveau dans ses projets. Ceci n’était pas seulement dû au mécontement de l’architecte face aux réponses trouvées pour d’autres brasseries, mais plutôt, son côté humaniste toujours soucieux de la condition de travail, d’hygiène et de santé des masses laborieuses.12 “Ouvrier sain meilleur producteur”13, qu’il voulait améliorer. Pour ce faire, l’architecte étudie un nouveau plan, appellé “plan régulateur”. Pour la construction de ses brasseries, l’architecte était soucieux de donner la meilleure réponse que la technologie et l’art de bâtir de l’époque permettaient. Grâce à ses recherches continuelles, l’architecte produisit un large éventail de solutions possibles pour la construction des brasseries. L’architecte explorait des idées débattues dans le milieu architectural. Un exemple de cette recherche est le nombre d’étages d’une brasserie, l’éclairage naturel, l’esthétique, le contrôle de la température, etc. La première brasserie est Bavery. Cette brasserie est caractérisée morphologiquement par son aspect monolithique qui est renforcée par l’utilisation de la brique comme matériau de revêtement. Cette brasserie est bâtie comme il le fallait à l’époque, sur trois étages. Grâce à une bonne organisation, plaçant la circulation verticale au centre du bâtiment, ce qui permet un accès facile à chaque pièce sans devoir utiliser de longues coursives extérieures ou intérieures. Puis une connexion avec un des bâtiments voisins était possible grâce à un lien créé entre les deux par le sous-sol. Un travail intéressant de mise en scène des cuves est faite par l’architecte, en créant une grande ouverture permettant non seulement d’identifier ce bâtiment en exposant ses composants, mais aussi en exposant l’intérieur à la lumière naturelle.
12 VAN NUETEN, Charles. 1945. “L’architecture industrielle et l’esprit social”, La Maison,p. 161 13 VAN NUETEN, Charles. 1945. “L’architecture industrielle et l’esprit social”, La Maison,p. 161
46 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’étude : Brasserie Bralima
La brasserie Cerckel, représente pour l’architecte un nouveau défi car ce projet consiste en une transformation et une construction. En observant la construction seulement, car aucune donnée n’a été trouvée à propos de la transformation, ce bâtiment est la continuité de la réflexion sur la verticalité des brasseries commencée avec la brasserie Bavery. Dans ce bâtiment, l’architecte place la circulation verticale sur un des côtés du bâtiment. En plaçant la circulation de telle manière, et en travaillant la verticalité de manière plus affirmée, l’architecte élimine dans quasi la totalité la circulation horizontale ce que permet de réduire l’emprunte au sol de ce bâtiment. Contrairement à la brasserie précédente, l’architecte n’ouvre pas ce bâtiment à la lumière naturelle, ce qui est selon mon opinion une faiblesse. La brasserie Vanderlinden, est une fois de plus un bâtiment à part entière et différent des précédents, s’approchant néanmoins plus à celui produit pour la firme Bavery. Dans ce projet, Charles Van Nueten revient à un bâtiment moins vertical, et en même temps moins monolithique, étant quand même un seul et vaste bâtiment. L’architecte donne alors ici plus d’importance à la circulation horizontale ce qui permet une plus grande facilité de circulation et transport de marchandises. L’éclairage naturel et l’aération prennent ici une nouvelle force. La brasserie Anker, est un travail de transformation plutôt que de construction. La grande différence entre ce projet et les précèdents est la taille (en hauteur) de ce projet. Ce projet est caractérisé par son aspect esthétique sur lequel l’architecte est appelé à intervenir. Pour la brasserie Duvieusart, l’architecte est confronté à produire un bâtiment industriel dans un milieu urbain, ce qui n’est pas le cas pour les brasseries précèdentes. Pour la construction de ce bâtiment, probablement à cause de son contexte, l’architecte a fait un compromis pour la morphologie du bâtiment. Il opte pour diviser la brasserie en trois bâtiments, le tout construit en intérieur d’îlot. L’architecte semble dans cet exemple, avoir trouvé un bon compromis entre la verticalité et horizontalité car il conçoit un bâtiment à trois étages, de nombreuses circulations verticales existent, mais ce qui est plus intéressant du point de vue de l’organisation c’est que tous les trois bâtiment sont connectés horizontalement entre eux.
La première brasserie construite dans l’ex-Congo belge est celle pro-
Chapitre 01 Charles Van Nueten l 47
duite pour la firme Brasserie Léopold, aujourd’hui Bralima. Cette brasserie est construite au sein d’un milieu déjà urbanisé et semble être un mélange de solutions, même si cela produit un bâtiment tout à fait original et différent des précédents. Le côté patchwork est selon moi ici un point très fort pour ce projet, en employant des éléments que l’architecte connaît et maitrise afin de produire un bâtiment remarquable. Le bâtiment produit est selon moi un mélange entre la brasserie Bavery et la tour brassicole produite pour la firme Cerckel. Ce bâtiment clairement moderniste s’inspire de l’organisation spatiale et circulation d’un de ses projets et la façade et le gabarit d’un autre. Le confort à l’intérieur du bâtiment, est un élément que l’architecte est très intéressé à maximiser, pour celà, il emploie plusieurs techniques pour contrôler la pénétration du soleil au sein du bâtiment, l’aération, murs à double épaisseur comme isolation, éclairage naturel,etc. Cette fois-ci l’architecte est amené à travailler pour la concurrence de Bralima, la firme Bracongo. Cette brasserie a été bâtie à Stanleyville, dans un milieu végétal, contrairement à toutes les brasseries produites auparavant. L’architecte opte alors pour créer un ensemble de bâtiments en essayant ainsi de mieux respecter le contexte. Grâce à un choix d’implantation, l’architecte peut mieux maîtriser le climat. Néanmoins, pour le choix de l’implantation, l’architecte doit trouver des nouvelles techniques pour permettre un plus grand confort à l’intérieur. Cet ensemble est selon moi, moins réussi que des brasseries précédentes. L’architecte mélange plusieurs styles en essayant de produire un meilleur ensemble, mais l’emprise au sol me semble aussi trop importante alors qu’il est soucieux du paysage. Une deuxième brasserie a été commandée à l’architecte par la firme Bracongo, cette fois-ci elle sera bâtie à l’ex-Léopoldville, Kinshasa. Cette brasserie comme d’autres produites avant est divisée en deux bâtiments. Les bâtiments sont une fois de plus liés entre eux pour permettre un plus grand confort d’utilisation du bâtiment. Néanmoins, elle garde un aspect très monolithique dû au revêtement des façades. L’élément étonnant, en tout cas pour moi, est la mise en forme de ce bâtiment et les revêtements, qui me laissent penser que l’architecte a essayé de contextualiser son travail, ce qu’il voit en Afrique, mais surtout dans l’ex-Congo belge. Infatigable dans sa constante recherche, l’architecte produit de l’architecture très remarquable, mais souvent oubliée.
Chapitre 02
Brasserie Bralima et son contexte
Chapitre 02 Brasserie Bralima et son contexte l 51
Brasserie Bralima et son contexte Contexte historique1 En 1923, la capitale de la colonie belge est déplacée de Boma vers Kinshasa et avec cette décision beaucoup de changements ont dû être faits dans la ville, cependant ces changements avaient déjà commencé avant l’annonce officielle. Ce nouveau site pour la capitale du Congo belge, a été choisi pour augmenter le développement économique (transbordement des hommes, des biens et produits) du Congo belge et bien évidemment de la Belgique au plein coeur de l’Afrique centrale, et non moins importante que les précédentes, la future capitale est entourée d’eau (plus précisément le fleuve Congo, un des plus grands fleuves au monde). Le site que nous appelons aujourd’hui Kinshasa était à la base deux villages, celui du quartier de Kalina (aussi appelé Kinshasa, et Léopoldville-Est) et le quartier de Kitambo. Avant que la capitale officielle soit Kinshasa, beaucoup de travaux ont débuté à cause l’augmentation de la population, non seulement africaine, mais principalement européenne (nous précisons que la population est d’origine européenne et non belge, parce que beaucoup de petits commerçants étaient d’origine, entre autres, portugaise, grecque, etc.)2. Les bâtiments construits, non seulement à Kinshasa ou Boma, mais partout au Congo sont inspirés directement des bâtiments produits en Europe (au début de la présence européenne en Afrique). À Kinshasa nous pouvons trouver des bâtiments inspirés, de styles très divers, allant des styles (osons dire internationales)
1 Ce chapitre à été rédigé en consultant le livre Kinshasa, architecture et paysage urbains et aussi le syllabus Nouveaux patrimoines et enjeux du développement. 2 ROBERT, Yves. 2012. Nouveaux patrimoines et enjeux du développement. Bruxelles: Presses universitaires de Bruxelles. p.48
21. TOULIER, Bernard, Johan LAGAE, Marc GEMOETS. 2010. Kinshasa, architecture et paysage urbains. Bruxelles: L’inventaire. 46 p.
52 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’étude : Brasserie Bralima
comme l’Art-Déco et le modèle du bungalow (amené en Afrique par les milieux anglo-saxons), à des styles ou éléments architecturaux plus locaux (non locaux par rapport au Congo, mais plus caractéristiques d’un certain pays) comme des bâtiments en brique à pignon à redents ou les frontons à la portugaise. René Schoentjes, est l’un des premiers architectes à proposer (pour un bâtiment public) un bâtiment “modeste et moderne qui tranche avec l’architecture coloniale de l’époque”, ce bâtiment est la Gare Centrale. Ce bâtiment est innovant à plusieurs niveaux, non seulement en rejetant le style colonial, mais aussi en proposant un style plus contemporain et plus adapté au climat tropical. 22. Gare centrale, place de la gare et rue des Sénégalais, Gombe, bel exemple d’architecture moderne retenant l’attention par la rigueur de la composition horizontale et verticale. Architecte : R. Schoentjes, 1936-1939
La firme Bralima, fut fondée en 1923, initialement sous le nom de Brasserie Léopoldville, et est opérationnelle depuis 1927. Cette firme est créée à un moment très particulier dans l’histoire du Congo belge car il s’agit d’un moment de prospérité entre les deux Guerres Mondiales. La création de la brasserie coïncide avec la transformation de la ville de Léopoldville (est-ouest) en capitale du Congo belge. Les raisons qui soutenaient la création d’une brasserie étaient, l’augmentation de la population européenne et donc l’augmentation de la demande, mais aussi, et surtout pour combattre la production d’une boisson locale, distillée et fermentée dans des conditions douteuses, le nom de cette boisson était Lotoko. La date du 23 octobre 1923 représente la date officielle à laquelle les industriels belges et la Banque de Bruxelles concluent l’accord de la création de la brasserie dans la capitale. Le début de production pour le consommateur est le 27 décembre 1926 avec une production de 35 000 bouteilles /mois. La brasserie employait à cette date 35 agents dont seulement 5 auraient été des expatriés. Contrairement à d’autres entreprises qui fleurissent à Léopoldville, la brasserie passe par des moments de grandes difficultés entre les années 1929 et 1933, mettant en vue la fermeture même. Ceci est dû à la crise mondiale de 1929 (plus connus comme le jeudi noir, et le début de la Grande dépression, qui eut le pouvoir de faire trembler l’économie mondiale).
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Ce n’est qu’en 1945 que la brasserie reçoit un redressement financier et en même temps registre une augmentation de production. Quelques années par la suite, après une réponse favorable à la demande (surtout du produit phare, la Primus) les actionnaires (aucune information sur laquelle sont les actionnaires à ce moment, mais nous supposons que la Banque de Bruxelles en fait partie) décident alors l’expansion géographique de la firme. Dans une histoire plus récente, comme dit précédemment, Bralima devient une partie du groupe Heineken, depuis 1987, date depuis laquelle le groupe devient l’actionnaire majoritaire de la firme. Le groupe Heineken devient l’actionnaire en rachetant aussi en 1992 de la Cib avec la limonaderie de Lubumbashi et il est également propriétaire de la bouteillerie de Kinshasa, la Boukin. Profitant de sa position sur le marché, Bralima qui depuis a fusionné avec la Cib, achète l’usine de l’Unibra à Kisangani en 1996.
23.
Jardin botanique de Kinshasa (Parc de
Bock) sur l’av. Kasa-Vubu, Gombe. Fait partie des équipements de l’ancienne zone neutre, le jardin botanique récemment rénové abrite de beaux spécimens de la flore congolaise,
Le duo Bralima et Heineken ont mis en place, une politique de modernisation et de conquête de marché, non seulement par leurs achats, avec l’instruction de leurs travailleurs, mais aussi en mettant en place à Bralima les meilleurs outils de brassage disponibles actuellement. Bralima est la seule société (selon l’ancien administrateur de la brasserie) aujourd’hui dans la République Démocratique du Congo à utiliser des lignes d’embouteillage ultramodernes d’automates, ayant l’avantage de fabriquer des produits zéro faute.
1927-1930.
24.
Jardin zoologique sur l’av. Kasa-Vu-
bu, Gombe. Faisant partie des équipements de l’ancienne zone neutre. Outre quelques animaux, on y découvre les vestiges architecturaux des anciennes cages. Architecte : Dumont, 1938.
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Contexte historique de la zone industrielle3 Le chemin de fer est l’un des éléments les plus importants pour le l’ex Congo belge, mais principalement pour Kinshasa. Comme énoncé précédemment Kinshasa tel que nous la connaissons aujourd’hui était à l’arrivée des pionniers, deux villages : Kitambo et Kalina. Les deux villages, suite à l’implantation des Belges changent de nom vers Léopoldville Ouest et Léopoldville Est. Grâce à Stanley, le chemin de fer trouve une place dans la ville. Le train permet à Léopoldville de devenir une grande ville dans le continent africain, non seulement en reliant ce qui était alors deux petits villages, mais aussi par la création d’un des plus grands ports du fleuve Congo. Le fleuve Congo n’étant pas navigable dans toute sa longueur, ne pouvait pas être utilisé tant que moteur économique. Dû a cette particularité, Kinshasa avec le chemin de fer, devint le capital économique avant devenir aussi la capitale administrative. Le chemin de fer devint alors, le grand moyen de l’exploitation de la colonie, à profit non seulement de la métropole, mais aussi du Congo.
25. Gare centrale, place de la gare et rue des Sénégalais, Gombe, bel exemple d’architecture moderne retenant l’attention par la rigueur de la composition horizontale et verticale. Architecte : R. Schoentjes, 1936-1939.
Le chemin de fer liait les deux Léopoldvilles par ce que nous connaissons aujourd’hui par le Boulevard du 30 Juin. Le tracé original est modifié pour des raisons de développement de la zone européenne et est alors reconstruit légèrement plus au sud, traversant ainsi les trois communes adjacentes, Barumbu, Kinshasa et Lingwala. À son apogée le chemin de fer atteignait les 398 km. De nombreuses firmes se déplaçaient à la même époque vers l’est de la ville où la grande majorité des firmes bâtissainet leur siège, laissant alors l’ouest de la ville pour les services d’état. Grâce à l’agglomération de firmes, nous avons aujourd’hui dans cette zone de la ville une grande variété de bâtiments remarquables tels que ceux montrés ci-contre (de nombreux d’autres bâtiments existent). Ces bâtiments sont considérés par la majorité des historiens, urbanistes, architectes, etc. comme des bâtiments remarquables et font souvent apparition dans les ouvrages dédiés à Kinshasa.
26.
Beach Onatra/ Gare fluviale de l’Of-
fice national des transports (ONATRA),av. Bandundu, Gombe, gare caractérisée par des façades structurées par une grande arche animant la rigueur classicisante des travées. Architectes : J. Gérard et J. Délire, 1956-1959.
3 Ce chapitre à été rédigé et illustré en consultant les livres, Kinshasa édité par le CIVA et Kinshasa d’un quartier à l’autre.
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Situation géographique et urbaine D’après la lecture et l’analyse des sources disponibles aujourd’hui, j’ai pu constater que depuis le début de la transformation de la “vaste plaine poussiéreuse”4 comme le définissait le journaliste Roger de Chatelaux, cette ville est très particulière.
Léopoldville comme nous savons maintenant n’a pas toujours été la capitale du Congo Belge, pourtant elle était déjà à l’époque la capitale économique du Congo, avant même de devenir la capitale administrative. Quelques questions se posent: comment cette vaste plaine sans grandes richesses naturelles ou encore un grand nombre d’habitants a pu devenir la capitale économique et par la suite administrative du deuxième pays plus grand d’Afrique? Est tout cela de la coïncidence? Est que le fleuve Congo a joué un rôle?
30.
Image illustrant l’emplacement des
brasserie du Congo belge, image provenant
L’implantation d’un pôle industriel à Léopoldville tient uniquement aux particularités du site. Léopoldville est en effet une grande coïncidence, cette ville est non seulement dans une vision globale de l’Afrique, située au centre, mais aussi touchée par un des plus grands fleuves au monde, le fleuve Congo à qui elle doit son existence, plus précisément aux rapides à 400 km du port de Matadi qui oblige à une rupture des charges d’exportation. La création du chantier naval dans la baie de Ngaliema est alors l’élément déclencheur de ce que nous observons encore aujourd’hui. C’est à ce moment là que la plupart des entreprises installées au Congo belge décident de s’installer à Léopoldville. En 1922 un visiteur remarque que “toutes les firmes commerciales ont établi leur siège central à Kinshasa (Léopoldville)”5. Grâce à cette force économique et par la suite industrielle, Léopoldville est devenue le principal port du Congo belge. Le port de Matadi doit se contenter seulement de son statut secondaire de “port de jonction”6 dans lequel les marchandises transportées ne restent qu’un temps très restreint, étant donné la connexion créé entre le port et le chemin de fer.
de, LACROIX, Jean Louis, 1967, “Industrialisation du Congo”. Mouton & Cie, 104p.
31.
Image illustrant l’indice de production
de l’industrie des boissons du Congo belge, image provenant de, LACROIX, Jean Louis, 1967, “Industrialisation du Congo”. Mouton
4 TOULIER, Bernard, Johan LAGAE, Marc GEMOETS. 2010. Kinshasa, architecture et paysage urbains. Bruxelles: L’inventaire. 51p. 5
LACROIX, Jean Louis, 1967, “Industrialisation du Congo”. Mouton & Cie, 103p.
6
LACROIX, Jean Louis, 1967, “Industrialisation du Congo”. Mouton & Cie, 104p.
& Cie, 260p.
58 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’étude : Brasserie Bralima
Léopoldville est alors le lieu improbable, à la création d’un pôle industriel, dû à toutes ces carences normalement nécessaires pour le bon développement d’un pôle industriel. Néanmoins l’absence de ces éléments est devenue aussi sa force. Le choix individuel de chaque firme de s’implanter au même endroit dans un court espace de temps et sans (sauf preuve du contraire) accords entre les entreprises fait naître cette force motrice de l’économie du Congo belge. L’augmentation du nombre d’entreprises et donc de travailleurs aident par la suite à l’augmentation de la population, qui en conséquence fait que d’autres entreprises changent aussi leur siège pour venir plus près du consommateur. N’oublions pas que le nouveau statut de capitale administrative avait également joué son rôle. Les brasseries sont tout de même des cas d’étude différents. Contrairement aux autres industries qui ne cessent d’agrandir, mais en restant pour la plupart dans leurs lieux de départ, les brasseries pour des raisons économiques doivent se multiplier en fonction de la population. Dans ce type d’industrie (le brassage de bière), le facteur demande/ offre est très important, et pour pouvoir être compétitif les firmes brassicoles comme la brasserie Léopoldville (aujourd’hui appelée Bralima) créent alors d’autres pôles de production, qui dans le cas de cette firme sont, à Bukavu, à Brazzaville, à Bujumbura, à Kisangani, à Boma, à Gisenyi et à Mbandaka au Rwanda. La multiplication des pôles de production, permet ainsi non seulement la réduction des coûts de transport, de la matière première, mais aussi du produit final. La proximité entre le lieu de consommation et le lieu de production permet encore une plus grande rotation des vidanges. L’élément, eau, est aussi extrêmement important en ce qui concerne le brassage. Nous pouvons le constater, par exemple, dans le cas de son ancienne métropole, Bruxelles, dans la vallée de Maelbeek, qui est aujourd’hui meconnaissable en comparant des cartes anciennes et la situation actuelle. En effet elle possédait un grand nombre de brasseries tout au long de la vallée par la simple raison de l’existence de l’eau à proximité. La dispersion géographique à bien entendu remplit la même fonction que dans la grande majorité des industries. Cet élément est très remarquable dans le cas des brasseries, où les éléments prépondérants sont la présence de l’eau, des céréaux et de la population.
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Situation économique Lépoldville, déjà en 1923 capitale économique, partage avec Élisabethville un lien (sûrement plusieurs, mais ne faisant pas l’objet de l’étude) industriel: ces deux villes au Congo belge sont les premières à posséder des brasseries, à Léopoldville ils arrivent en 1923 et en Élisabethville en 1925. Comme mentionné dans le chapitre précédent (situation géographique et urbaine) les brasseries, contrairement aux autres industries, doivent, dans un bût économique, rester auprès de ses consommateurs, ce qui engendre donc la construction de plusieurs brasseries (les nombreuses brasseries sont implantées en fonction de la population, donc de la demande). Ensemble, les deux brasseries produisent en 1931, 30.000 hl, mais, ceci ne dure pas longtemps car en 1931 une crise s’installe et freine l’expansion de l’industrie dans le Congo belge. Ce n’est seulement que huit annés plus tard(1939) que la brasserie atteint des niveaux de production comparables à ceux du passé.
32.
Image illustrant la production africaine
de biére entre 1958 et 1962 au Congo belge, image provenant de, LACROIX, Jean Louis,
L’augmentation de consommation a entrainé en 1945, une restructuration financière ainsi qu’une expansion géographique de la zone d’influence de Bralima en créant progressivement des brasseries à plusieurs endroits. La première était à Bukavu en 1950, après celle-ci les villes suivantes construisent aussi des brasseries à Kisangani, Boma, Mbandaka au Congo belge, Brazzaville au Congo, Bujumbura au Burundi, Gisenyi au Rwanda. Les brasseries implantées hors le territoire de la RDC (ex-Zaïre, ex-Congo belge) deviendront par la suite autonomes. En 1946, année importante pour l’industrie brassicole, et surtout pour la brasserie Bralima, nous pouvons constater une l’augmentation de l’indice de production. Ceci est dû à la situation globale (la fin de la guerre) qui entraina à une augmentation de la demande, ce qui a obligé par la suite à la création d’une extension, nécessaire pour couvrir les demandes de leur produit. Cette extension est commandée à Charles Van Nueten et qui est alors sa première commande/construction au Congo Belge. Cette extension est à tel point importante, que avant la guerre, la consommation totale de la bière de production locale couvrait 75% des besoins et après 1946 elle arrivait à 99%
1967, “Industrialisation du Congo”. Mouton & Cie, 260p. Source originale : Nations Unies, Annuaire statistique, 1962.
62 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’étude : Brasserie Bralima
(ce n’est qu’à partir de 2009 que la brasserie utilise 90% de riz de production locale, aidant ainsi à la production de cette céréale). Ce chiffre, n’est pas le plus haut que la firme à eu, étant donné qu’à partir de là et dans la décennie à venir, la production passe de 182 000 hl à 1 229 000 hl. L’augmentation de la demande est aussi, bien évidemment, liée au caractère unificateur de la bière, lien unificateur entre la population habitant au Congo Belge. La consommation de bière était faite par toute la population en générale, qu’on soit riche ou pauvre, colon ou colonisé. En 1960 avec l’indépendance du Congo belge en République Démocratique du Congo, et avec l’augmentation des revenus des habitants, feront une fois de plus augmenter la consommation locale de la bière, ceci ne ce constate par ailleurs en Afrique, au point que la RDC devint le plus grand producteur de bière en Afrique. Depuis 2005, avec Hans Van Mameren, administrateur délégué, un investissement majeur est fait pour augmenter la productivité de la brasserie Bralima. L’investissement porte dans un achat de nouvelles machines, comme de lignes d’embouteillages et automates, renouvellement des salles de brassage, nouvelles étiqueteuses, machine de traitement d’eau, des nouveaux camions et un aménagement d’un restaurant pour le personnel à Kinshasa.
64 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’Êtude : Brasserie Bralima
Chapitre 02 Brasserie Bralima et son contexte l 65
Contexte Climatique Après une compréhension générale et non exhaustive des situations historiques, géographiques et économiques à propos de la ville de Léopoldville (Kinshasa) et de la brasserie Léopold (Bralima) jusqu’à aujourd’hui, un élément très important reste encore à découvrir : le climat, ce qui est un élément très important pour l’architecture. Pour beaucoup de pays colonisateurs, comme la Belgique, les colonies ont servi comme terrain d’apprentissage et d’expérimentation (dans notre cas, architectural)en apportant à ses architectes des nouvelles contraintes / éléments à tenir en compte lors de la conception architecturale. Cependant, ceci reste vrai aussi pour des pays comme le Portugal qui malgré ayant un climat plus chaleureux et lumineux, où l’architecture dans les colonies a permis de mieux comprendre et par conséquent, mieux bâtir. (Ceci est très claire et développé dans le livre de, VAZ MILHEIRO, Ana. 2012. Nos Tropicos Sem Le Corbusier. s.l. : Relogio d’Agua Editores 489 p.) Ce nouvel apprentissage a causé, la contextualisation d’une architecture deracinée produite par les pays colonisateurs. C’est grâce à cette contextualisation architecturale que nous pouvons aujourd’hui profiter de ce qui est souvent appelé le “modernisme tropical” (le modernisme n’étant pas ici considéré comme un style local, européen, occidental, mais surtout global, unificateur autour de l’être humain). L’architecture produite par Charles Van Nueten est un clair exemple de l’architecture climatique. Dans ses projets brassicoles, mais surement dans ses projets de logement aussi, les préoccupations climatiques sont très clairs quand nous avons l’opportunité de mieux connaitre les bâtiments. L’architecte utilise non seulement l’implantation comme moyen pour mieux contrôler l’intensité du soleil à laquelle le bâtiment est exposé, mais il utilise également des techniques de construction permettant un contrôle plus efficace du climat.
33. et 34.
Documents à propos de
la température, précipitation et variation saisonniére des vents, document provenant du bureaux ARTER, Atlas de kinshasa_8_ rythmes saisonniers.
Chapitre 02 Brasserie Bralima et son contexte l 67
Léopoldville, Kinshasa7 Léopoldville est une ville de l’Afrique centrale, positionnée légèrement au sud de la ligne de l’équateur, ce qui lui confère des caractéristiques climatiques auxquelles les Européens avaient du mal à s’adapter, ce qu’on peut constater dans des récits comme étant caractérisé ”tombeau des Blancs”8. Léopoldville contrairement à d’autres villes majeures du Congo belge possède d’un climat équatorial, le définissant ainsi par: - Température chaude et humide (qui varie peu au long de l’année); - Deux saisons majeures: - sèche (de Juin à Août); - humide (les autres mois de l’année) - Température moyenne: - 22,8° (saison sèche); - 25,6° (saison humide) - Ensoleillement moyen : légèrement variable à cause de sa proximité avec la ligne de l’équateur, variant surtout en fonction de la nébulosité. La valeur la plus basse en moyenne est en Janvier avec 4,6 heures de soleil, et en Mars avec 6,8 heures de soleil. - Humidité relative : 80% (moyenne), mais varie aussi en fonction des mois. - Vents: les vents dominants sont d’ouest, mais restent tout au long de l’année de basse intensité (12km/h). Ces informations sont des informations émises par le Ministère des Colonies, et auxquels les architectes avaient accès dès leur arrivée au Congo belge. C’est donc à partir de ce genre d’information que Charles Van Nueten a pu commencer à esquisser son projet pour la brasserie Léopold que nous allons mieux connaitre par la suite. (aucune information n’a été trouvée concernant d’éventuelles recherches climatiques par l’architecte)
7 Ce chapitre à été rédigé en consultant les livres, L’urbanisme au Congo belge, produit par le Ministère des Colonies. 8 TOULIER, Bernard, Johan LAGAE, Marc GEMOETS. 2010. Kinshasa, architecture et paysage urbains. Bruxelles: L’inventaire. p15.
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Projet Bralima (caractéristiques architecturales et techniques)
Ce chapitre ambitionne de décrire les caractéristiques de ce bâtiment clairement moderniste. Cette extension créée par Charles Van Nueten est un des bâtiments qui m’a le plus marqué lors de mes visites à Kinshasa. Ce bâtiment est, malgré son impact visuel et contrairement à d’autres bâtiments aussi remarquables, peu présent dans la ville actuelle à cause de sa position géographique / urbaine.
35.
Croquis de la brasserie Bralima, Ar-
chives d’Architecture Moderne, Dossier : Charles Van Nueten, Brasserie Bralima. Image modifiée
Ce bâtiment construit à Léopoldville a été commandé à l’architecte alors qu’il vivait encore à Bruxelles. Ce bâtiment, séduisant, dès le premier regard, non seulement par sa simplicité morphologique, mais aussi par sa couleur blanche qui contraste avec son environnement. L’extension produite par Charles Van Nueten met en valeur un modernisme épuré au Congo belge. Néanmoins l’architecte n’est pas le précurseur du modernisme dans l’ex-Congo belge. D’autres architectes tels que, C.F. Hermann a construit une église utilisant des nouveaux principes de “construction en béton qui libèrent la nef des colonnes traditionnelles et apportent une grande attention aux ouvertures adaptées aux conditions climatiques”9. Un autre architecte, René Schoentjes alors architecte officiel du gouvernement général, semble être ici grâce à la connaissance acquise sur l’art de bâtir dans un milieu tropical, l’un des précurseur du modernisme tropical. L’architecture de la Gare Léo-Est, aujourd’hui appelée Gare Centrale, est conçue dans un style “modeste et moderne qui tranche avec l’architecture coloniale de l’époque.”10. Bâti dans un “style épuré et austère du bâtiment préfigure déjà une certaine forme de modernisme tropical”11 malgré cela “certains détails décoratifs s’inspirent encore de l’Art déco tardif”3. L’architecte Charles Van Nueten n’est sans doutes pas l’architecte qui a ramène le modernisme à l’ex-Congo belge, mais il y aura fortement contribué et sera l’architecte ayant produit un 9 TOULIER, Bernard, Johan LAGAE, Marc GEMOETS. 2010. Kinshasa, architecture et paysage urbains. Bruxelles: L’inventaire. p64. 10 TOULIER, Bernard, Johan LAGAE, Marc GEMOETS. 2010. Kinshasa, architecture et paysage urbains. Bruxelles: L’inventaire. p68. 11 TOULIER, Bernard, Johan LAGAE, Marc GEMOETS. 2010. Kinshasa, architecture et paysage urbains. Bruxelles: L’inventaire. p69.
36. Gare
Centrale, Place de la gare et rue
des Sénégalais, Gombe, bel exemple d’architecture moderne retenant l’attention par la rigueur de la composition horizontale et verticale. Architecte : R. Schoentjes, 19361939.
70 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’Êtude : Brasserie Bralima
Chapitre 02 Brasserie Bralima et son contexte l 71
modernisme épuré, selon Le Corbusier, en l’appliquant au mieux de ses capacités dans le contexte climatique de Léopoldville (Kinshasa). Des nombreux d’autres styles architecturaux existent déjà à Léopoldville suivant l’évolution des techniques et styles architecturaux, nous pouvons le constater non seulement en RDC, mais aussi, dans d’autres colonies telles que Sao Tomé e Principe et Angola (deux publications existent à nos jours à propos de ses deux pays africains SOUSA MORAIS, Joao, Joana Bastos Malheiro. 2013, Sao Tomé e Principe - As cidades, Patrimonio Arquitetonico. Casal de Cambra : Caleidoscopio. 329 p. MANUELA DA FONTE, Maria. 2012, Urbanismo e Arquitectura en Angola. Lisboa : Caleidoscopio. 455 p.).
37. Façade arrière de la brasserie Bralima, Archives d’Architecture Moderne, Dossier : Charles Van Nueten, Brasserie Bralima
Le bâtiment, un large parallélépipède percé par un grand nombre de fenêtres, de tailles variées, mais quasi toujours carrées. Le bâtiment est de nos jours blancs et les volumes qui le perçent sont aujourd’hui peints en bleu, couleur non seulement faisant penser à leur bière Primus mais aussi au drapeau national de la République Démocratique du Congo (dû au manque d’information à ce sujet, je ne sais pas si les couleurs ont été modifiés au cours du temps). Plusieurs éléments sont intéressants au sein de ce bâtiment. Comme décrit précédemment, l’architecte avait une connaissance théorique du climat à Léopoldville que le Ministère des colonies émettait, et c’est en se basant sur ces informations que l’architecte a dessiné son oeuvre. L’un des éléments par lequel ce bâtiment est très facilement reconnaissable et facilement reconnu, est la composition simple, mais efficace de la façade que l’architecte arrive à mettre en place. La composition de la façade consistait simplement à créer des ouvertures qui d’une manière simple permettaient non seulement d’éclairer, mais aussi ventiler ce bâtiment. Dans une recherche en vue de diminuer l’intensité de soleil pénétrant à l’intérieur du bâtiment, l’architecte extrude des volumes servant ainsi de brise-soleil. Les brise-soleil, sont les éléments singuliers et capables d’identifier ce projet, comme les ailettes mobiles de la façade de l’immeuble Vangèle de Claude Laurens. Néanmoins la teille n’est pas généralisée. Pour une mise en scène des cuves imposantes à l’intérieur de la brasserie, l’architecte augmente la taille des ouvertures pour permettre cela. La création de grandes baies vitrées, est cependant, un inconvénient dans un climat tropical, c’est pour cela que l’architecte a choisi des fenêtres, qui par l’utilisation d’un seul levier permettrait
38. Immeuble Vangèle, av. Colonel Lukusa, Gombe, immeuble à appartements témoignant du modernisme tropical et présentant des dispositifs d’ailettes mobiles en façade. Architecte : Claude Laurens, 1954-55.
72 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’Êtude : Brasserie Bralima
Chapitre 02 Brasserie Bralima et son contexte l 73
ainsi d’ouvrir l’ensemble des vitres en fonction des besoins. Cet élément était très important pour cette brasserie, car une brasserie, lors de la fermentation produit une grande quantité de chaleur et la baie vitrée ouvrante permettait alors de contrôler la chaleur produite par le bâtiment et aussi la chaleur venue de l’extérieur. En regardant les façades, principalement la façade avant, des séparations d’affectation sont très facilement identifiables, nous avons dans les caves l’espace de maintention des cuves, l’étage supérieur est pour la salle de brassage (plus quelques autres affectations mineures), et les deux derniers étages servent de dépôt de marchandises. Malgré le manque réel de connaissances pratiques sur Léopoldville, Charles Van Nueten montre une grande maîtrise de la construction brassicole avec une façade très simple et efficace. La façade n’est pas néanmoins le seul élément remarquable et maitrisé par cette architecte, le plan quand à lui est aussi très réussi, grâce une fois de plus à la simplicité. Le plan est sûrement simple grâce au peu d’activités qu’il doit contenir.
39. Façade avant de la brasserie Bralima, Archives d’Architecture Moderne, Dossier : Charles Van Nueten, Brasserie Bralima
40. Photographie personnelle des châssis ouvrants avec un levier.
74 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’Êtude : Brasserie Bralima
Chapitre 02 Brasserie Bralima et son contexte l 75
Le plan de l’architecte après une analyse de ses autres projets montre une vraie ressemblance avec un de ses autres projets : la brasserie de Couillet. La similitude est plus remarquable par l’expression de la façade que par le plan en soi. Le contexte urbain dans lequel les projets sont bâtis et les techniques de leur époque influencent une fois de plus. Les plans et l’organisation de ce projet sont très efficaces. Il possède des éléments très intéressants, passant de la méthode de construction visible dans les plans à la mise en place de la circulation. La méthode de construction est l’un des facteurs le plus intéressants dans les plans, car l’architecte utilise des techniques simples et qu’il maitrise pour achever ce qu’il souhaite. Pour la construction, Charles Van Nueten emploie la technique de poutres et colonnes, ce qui permet non seulement une bonne structure du bâtiment, mais aussi et plus important du point de vue de la composition architecturale, permet de créer un grand volume dans lequel il met en scène les cuves pour le brassage, ce qui donne l’ambiance pour la brasserie. Malgré la volonté de l’architecte de montrer le contenu, ceci n’est toujours pas vrai car en regardant les plans nous remarquons que les colonnes sont cachées. Les colonnes sont mises à l’intérieur des murs, ce qui permet au visiteur de sentir la salle comme un seul volume et non comme un assemblage de morceaux. Les murs sont bâtis en double paroi avec une couche d’air isolante, une technique connue en Belgique depuis beaucoup d’années (et qui est d’ailleurs encore appris dans les cours d’architecture : techniques de construction et physique du bâtiment).
41. Plan de l’entrée et sous-sol -2m et 0,10m de la brasserie Bralima, Archives d’Architecture Moderne, Dossier : Charles Van Nueten, Brasserie Bralima
42. Photographie personnelle de l’intérieur de la salle de brassage.
43. Plan de la salle de brassage 2,45m de la brasserie Bralima, Archives d’Architecture Moderne, Dossier : Charles Van Nueten, Brasserie Bralima
76 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’Êtude : Brasserie Bralima
Chapitre 02 Brasserie Bralima et son contexte l 77
En ce qui concerne l’utilisation du bâtiment, nous avons un grand volume utile (où nous avons les affectations principales pour ce bâtiment) et aussi la zone technique avec les toilettes et la circulation. La conception d’un bâtiment de cette manière est très intelligente, et plus encore dans le cas d’un bâtiment industriel, parce que cela permet le changement d’affectation sans devoir pour autant toucher à la circulation.
44. Plan du 1er étage 9,53m de la brasserie Bralima, Archives d’Architecture Moderne, Dossier : Charles Van Nueten, Brasserie Bralima
L’ensemble de tous ces éléments (le mur à double parfois, les brisesoleil, la séparation entre affectations, et les châssis des baies vitrées) permettent alors un contrôle “total”(de manière non mécanique ou artificielle) du climat d’eau sein de la brasserie et le bien-être de ses travailleurs. Les techniques de construction permettent également une possible transformation de ce bâtiment grâce, non seulement à l’organisation du bâtiment, mais aussi au mode de construction.
45. Plan du 2iéme étage 14,53m de la brasserie Bralima, Archives d’Architecture Moderne, Dossier : Charles Van Nueten, Brasserie Bralima
Chapitre 02 Brasserie Bralima et son contexte l 79
Aspect innovant de cette brasserie Ce chapitre ambitionne de résumer, tous les facteurs innovants et remarquables de l’extension produite par Charles Van Nueten. En lisant les chapitres précédents, nous pouvons constater que cette brasserie et son extension sont pleines d’intérêts, non seulement par son histoire, mais aussi par la maitrise que Charles Van Nueten possède sur les techniques de brassage. L’un des facteurs importants de cette brasserie est bien évidemment son histoire, intimement lié avec l’histoire de Léopoldville et maintenant Kinshasa. La brasserie Léopold est la première brasserie de la nouvelle capitale du Congo belge. Le caractère architectural de cette brasserie est selon moi le facteur le plus important (je parle ici bien évidemment de l’extension produite par Charles Van Nueten étant donné qu’aucune information n’existe à propos de la brasserie d’origine). Ce bâtiment est construit dans un style considéré non officiel et surtout innovant. L’architecte est amené à construire dans un style nouveau, qui plus tard sera nommé par les architectes et historiens comme le “modernisme tropical” et qui aura comme son plus grand représentant, au Congo belge, Claude Laurens. Grand connaisseur des techniques de brassage dû à son expérience professionnelle, Charles Van Nueten produit ici un projet qui selon moi répond aux besoins d’un bâtiment dans un climat si difficile. En construisant dans un style moderniste, adapté à ce climat, il donne à la ville une architecture toute à fait nouvelle au Congo belge qui pendant très longtemps est marqué par un colonialisme ségrégationniste (du point de vue architectural, mais encore plus du point de vue de l’urbanisme) et par des problèmes locaux (climatiques) qui auraient pu mettre en péril une bonne production brassicole. Le modernisme est selon moi libérateur, parce qu’il permet de donner des réponses bien plus claires aux questions climatiques que d’autres styles présents dans la capitale qui sont importés dans ce territoire depuis la métropole. Les éléments de contrôle climatique (les murs à double parfois avec une couche d’air isolante, l’éclairage et ventilation naturelle grâce à deux
80 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’étude : Brasserie Bralima
baies vitrées opposées et les encadrements des fenêtres / brise-soleil) permettent dans cet ensemble de mieux contrôler la température intérieure (il faut savoir que la température dans les salles de brassage doit rester la plus constante possible, à risque que des bactéries se créent lors du processus de fermentation). Dernièrement, le caractère plastique de cette brasserie fait de elle un des bâtiments les plus facilement reconnaissables pour toute nouvelle personne qu’a le plaisir de se promener dans cette belle ville ou plutôt dans l’enceinte de la brasserie Bralima. Cette brasserie est alors un grand exemple d’architecture devenu Architecture par le mariage entre “l’Usine et l’Art de bâtir”12 et grâce à l’expertise de l’architecte, dans la connaissance de la hiérarchie des problèmes, il assure une homogénéité, qui par la simplicité arrive à la grandeur. L’architecte défend à son temps que “L’usine affirme sa souveraineté contemporaine. Nous ne sommes plus au siècle des châteaux, nous sommes au siècle des usines”13.
12 VAN NUETEN, Charles.1951-52. Le rôle des brasseries dans l’architecture contemporaine. AAM. p.25 13 VAN NUETEN, Charles.1951-52. Le rôle des brasseries dans l’architecture contemporaine. AAM. p.29
Partie ll
Analyse contextuelle et rĂŠflexion Ă propos du patrimoine
Chapitre 03
Situation actuelle de la brasserie Bralima
Chapitre 03 Situation actuelle de la brasserie Bralima l 87
Situation actuelle de la brasserie Bralima Agrandissement au sein de la brasserie Dans ce chapitre je souhaite expliquer ce qui mets en péril ce bâtiment. Je tiens entre autres à remarquer que l’ensemble des informations que je possède actuellement sont acquis grâce à Monsieur l’ingénieur Joseph Froidcoeur. Ce n’est que grâce à lui que j’ai pu obtenir ces informations. Ce n’est pas la première fois que le futur mets en péril le passé et c’est encore une fois de plus ce qui arrive à la firme Bralima. Depuis quelques années, la firme met en place une politique de restructuration, réaménagement, et généralement d’une mise à jour ayant pour but une meilleure production et rentabilité d’espace et de temps (allant de la fermentation, mise en bouteille, sortie de la marchandise). Le problème est, comme nous pouvons le constater dans les images (l’image ci-contre montre la manque d’espace) la manière comment l’usine “veut” s’étendre cause problème. Le problème réside dans le fait que cet alignement est très proche du bâtiment produit par Charles Van Nueten en premier lieu et par la suite il sera également proche bâtiments administratifs. Ces opérations posent alors question et l’administration de la firme Bralima a fait deux demandes informelles à des collaborateurs (je n’ai pas pu savoir de qui il s’agissait ni d’où ils provenaient), la réalité est qu’ils sont arrivés à une conclusion : la démolition du bâtiment coûterait trop cher. Confrontés à un “tel inconvénient”, la firme a alors demandé à des bureaux locaux des esquisses. Selon l’ingénieur Joseph Froidcoeur rien n’a été décidé, ce qui laisse le bâtiment dans une situation sensible, car sans statut, au sein de l’usine, le risque de dégradation augmente.
46. Photographie personnelle prise sur les toits du cas d’étude
Atouts
Ambivalents Faiblesses
- Bâtiment climatiquement bien conçu;
- Présence des cuves;
- Pas de réelle affectation;
- Plan ouvert;
- Implantation dans l’usine
- Densité au sein de l’usine;
- Éclairage naturel; - Valeur historique (premier bâtiment moderniste Corbuséien à Kinshasa); - Esthétique du bâtiment; - État de conservation; - Coût de démolition;
- Manque de sensibilité patrimoniale de l’administration;
Chapitre 03 Situation actuelle de la brasserie Bralima l 89
Situation actuelle de l’extension construite par Charles Van Nueten Les atouts et faiblesses Avant d’avancer avec les scénarios, une meilleure compréhension sur des atouts et faiblesses de ce bâtiment est d’extrême importance, non seulement du point de vue intellectuel, mais aussi d’un point de vue pratique. Dans le tableau ci-contre, je résume les éléments que je considère (d’après mes visites et des discussions avec l’ingénieur et aussi mon promoteur) comme pistes afin de pouvoir proposer de possibles scénarios. Certains des atouts/faiblesses nécessitent d’être clarifiés car certains éléments pourraient être considérés en tant qu’atouts et/ou faiblesse en fonction des hypothèses. Dans une recherche vers la patrimonialisation, et donc la sauvegarde de l’authenticité du bâtiment, j’ai défini qu’un atout serait un élément qui permettrait d’étendre la vie d’un bâtiment et l’inverse pour une faiblesse. Commençons par ceux qui apparaissent dans le tableau du côté des atouts: - Plan ouvert : le plan ouvert est considéré comme un atout étant donné qu’il permettrait la reutilisation du bâtiment sans mettre en risque la stabilité, ou la survie de celui-ci. Ceci peut être vu dans le chapitre “Projet Bralima” (caractéristiques architecturales et techniques). - Esthétique du bâtiment : élément très important du point de vue iconographique pour un bâtiment, ceci fait que le bâtiment reste dans la mémoire du visiteur. - État de conservation : En prenant en considération l’histoire de Kinshasa, je considère que la grande partie de la dégradation (la dégradation n’est pas très forte au niveau structurelle, mais je considère ici l’insalubrité tant que dégradation) est produite par un vieillissement naturel d’un bâtiment dans un climat humide, mais surtout par le manque d’utilisation. Dans la photographie ci-contre nous pouvons constater la présence d’humidité dans le toit.
47. Photographie personnelle des étages supérieures.
90 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’étude : Brasserie Bralima
48. et 49. Photographie personnelle prise sur le toit de l’extension de Charles Van Nueten.
- Coût de démolition : je considère qu’il s’agit d’un atout étant donné que cela permet d’augmenter la longévité de vie du bâtiment, en retirant le risque éminent de démolition. Les éléments suivants sont des éléments ambivalents vu qu’ils peuvent être considérés en fonction des scénarios comme atouts ou faiblesse. - Cuves : la présence des trois cuves permettra, en fonction des scénarios, de garder le lien historique du bâtiment, néanmoins elles créent une barrière étant donné la manière dont elles ont été positionnées. La position des cuves n’est pas mise de manière empirique, car l’architecte défend “une cave de fermentation aux multiples cuves bien alignées et une cave de garde aux gigantesques tanks superposés ne sont-elles pas imposantes dans leur simplicité?”1 - Implantation : l’implantation est selon moi l’élément le plus ambivalent car elle est directement liée au risque de destruction de l’ancienne brasserie, néanmoins la position centrale (au sein de l’usine) pourrait en fonction des scénarios être un point positif. Et pour finir certains éléments sont considérés ici comme des faiblesses: - Densité au sein de l’usine : je considère cet élément comme une faiblesse, parce qu’il ne permet pas (avec peu d’intervention) une extension au sol en cas de besoin (ceci dit dans le cas actuel). - Manque de sensibilité patrimoniale (de la part des dirigeants et architectes) : ceci est un élément très fréquent parce que ce n’est que depuis peu que le discours sur le patrimoine colonial émerge grâce à certains intervenants du milieu académique et architectural. Mais ces dernièrs restent une faible proportion par rapport à l’énorme population de la ville de Kinshasa.
1 VAN NUETEN, Charles.1951-52. Le rôle des brasseries dans l’architecture contemporaine. AAM. p.28.
Chapitre 04
Synthèse er réflexion
Chapitre 04 Synthése et réflexion l 95
Synthése et réflexion Quel avenir pour ce bâtiment? Ce bâtiment, clairement moderniste, a été une de mes grandes joies, lors de mes visites à Kinshasa. Ce bâtiment est aujourd’hui dans un état de dégradation peu avancé considérant l’histoire et les conflits internes / externes dans la République Démocratique du Congo et à Kinshasa. Malgré tous ces problèmes, la raison majeure qui met en danger son existence est l’administration de Bralima. La raison pour cela est, la non-utilisation pour la production de bière et la volonté de l’administration d’augmenter leur production. Néanmoins, ce bâtiment est près d’être un des bâtiments le plus intéressants de Kinshasa, dans le risque de démolition. L’avenir est alors incertain, ne saurons pas nous Hommes intelligents, capables de trouver une solution, n’est-ce que les Hommes font depuis les premiers jours de l’existence? Dans le chapitre qui suit, je proposerais des scénarios avec lesquels j’essayerais de trouver une solution à ce problème (les scénarios seront dans la mesure du possible le plus juste et simples d’achever, et une dernière que pourrait avoir lieu dans un futur proche). Les scénarios seront exposés dans un ordre, en fonction de la pérennité de la fonction originale, allant de celles le plus proche possible de la fonction originale du bâtiment, s’éloignant par la suite de manière graduelle. Je n’ai ici pas la présomption de pouvoir répondre à la question, que bien évidemment, possèdent des éléments hors mes compétences (par exemple l’économie), mais j’ai le profond souhait que cela intrigue les lecteurs de ce mémoire (du monde académique, professionnel, mais aussi l’habitant de Kinshasa) et que ça puisse changer la manière comment les nouveaux architectes et habitants voient “Kin la belle”.
50. Photographie personnelle de l’extérieur
Chapitre 04 Synthése et réflexion l 97
Propositions architecturales et programmatiques Dans ce chapitre, je metterai en avant de nombreuses propositions et scénarios, afin que non seulement moi, mais les lecteurs de ce mémoire (même ceux hors le cadre académique dans lequel ce mémoire a été produit) puissent être sensibilisés par un éventail de six propositions / scénarios majeurs et leurs conséquences. Les propositions ont été formulées en tenant compte des informations que j’ai pu trouver. Il ne s’agit pas de donner une réponse indéniablement vraie (que je ne pourrais pas faire dû à un manque de certaines connaissances de ma part), mais surtout de sensibiliser les Hommes d’autorités sur ce sujet encore peu sensible à Kinshasa à nos jours (je ne parle pas ici seulement des institutions de l’État, mais surtout des institutions privées qui possèdent des fonds financiers privés et qui ne doivent pas se préoccuper avec les d’autres éléments plus urgents pour la population). Les propositions / scénarios suivantes ont été choisis, en vue d’une réaffectation amenant à la patrimonialisation du bâtiment (extension) de Charles Van Nueten, néanmoins comme j’ai pu apprendre dans la lecture des livres de Françoise Choay, il ne s’agit pas une chose simple. La patrimonialisation est aujourd’hui à l’ordre du jour (en tout cas de nombreux architectes y réfléchissent) pour des nombreux pays d’ Afrique, par exemple en Angola et au São Tomé e Principe et bien évidemment en République Démocratique du Congo. Pour le cas du Congo et plus particulièrement Kinshasa, par la création d’une base de données disponible sur internet et par la suite d’une publication (comme dans le cas du bureau d’architecture ARTER et du pionnier en Belgique à propos du patrimoine architectural dans la République Démocratique du Congo, Johan Lagae de l’Université de Ghent). L’étude des scénarios est basée ici dans des typologies (adaptées à la question de ce bâtiment) de réaffectation par la rénovation et par la reconversion du patrimoine. Par exemple: la conservation intégrée, la rénovation, reconversion et programme de revitalisation, mais aussi et surtout la question de la patrimonialisation et les enjeux pour la firme et la population en général. La démolition est ici une question primordiale à cause du contexte actuel des acteurs.
98 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’étude : Brasserie Bralima
Les propositions / scénarios choisis sont analysés selon leurs atouts et faiblesses et surtout leurs conséquences. En tant que rédacteur je ne défendrais ou attaquerais pas plus une proposition / scénario qu’une autre (le cas d’exception serait la première proposition, la démolition). Les propositions / scénarios sont: - Démolition; - Pérennité de l’affectation : - Brasserie; - Musée de Bralima; - Reconversion :
- École brassicole; - Bureaux de Bralima;
- Requalification territoriale; Toutes les propositions / scénarios seront analysés indépendamment des autres, mais elles se complémenteront, car selon les éléments en faveur et /ou contre certaines idées, serviront pour défendre un / d’ autre(s) scénario(s). Le but de ces hypothèses est, de la manière la plus juste, de garder l’authenticité du bâtiment indépendamment de son affectation. Certaines de ces hypothèses auront des exemples que j’ai pu visiter par moi même. Des transformations sur l’enveloppe du bâtiment, ne sont pas à éviter, mais à utiliser avec précaution dans une peur de détruire l’authenticité du bâtiment, du côté opposé il faut éviter une sauvegarde partielle non réfléchie qui pourrait produire un pastiche/façadisme qui ne sera peut-être pas une bonne base, pour la réflexion patrimoniale en Afrique, et à Kinshasa.
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Chapitre 4.1 Démolition l 101
Chapitre 4.1 Démolition La démolition de l’extension de la brasserie produite en 1946 par Charles Van Nueten est depuis quelques années, une des idées défendues par l’administration de la firme Bralima. La raison principale, qui fait que l’administration défend cette hypothèse est que, selon le plan directeur mis en place par l’administration depuis de longues années ce bâtiment constitue une frontière, une barrière qui frêne l’expansion logique de la chaîne de production et de tous les éléments qui l’accompagnent. Une autre raison qui défend la démolition de ce bâtiment, est bien évidement le caractère dépassé de la production de bière, contrairement à ce que défend Le Corbusier “ il n’y a qu’un art / marché, l’architecture, où le progrès n’est pas obligatoire, où la lenteur, où le point de référence est le hier. Dans touts les autres arts/marchés: si tu n’avances pas, tu meurs”1 mais ce qu’il ne dit pas est que, l’architecture doit évoluer avec le temps et qu’elle peut engendrer la “mort” d’un autre marché (trade) qui lui a besoin de progresser et de s’éteindre pour ne pas stagner ou perdre sa position de marche.
51. Vue d’oiseau de la firme Bralima 52. Schèma d’extension de la brasserie
“there is one trade and one only, architecture, where progress is not obligatory, where indolence, where the point of reference is yesterday. Everywhere else, worry about leads to a solution: if you don’t move forward, you go bankrupt”
La solution proposée par l’administration semble alors logique et pourrait être alors “l’opportunité désirée pour enlever l’architecture du passé et rebâtir selon un nouvel esprit architectural”2 qui passerait alors par des techniques plus raffinées de la production de bière qui ne semblent pas aujourd’hui nécessiter d’un bâtiment de grande envergure comme dans le temps de Charles Van Nueten. Cette idée serait bien évidemment bien reçue parmis la plus par des “bâtisseurs qui défendent leur droit à la création, au même niveau que leurs prédécesseurs”3. Néanmoins, la démolition n’est pas toujours la solution, même si nous avons aujourd’hui de “moyens d’expression et de conservation que nous ne possédions pas dans le passé, l’image, le son, grâce à la photographie et la 1
Le Corbusier, 1928, Toward an architecture. Californie : Frances Lincoln Limited. p.161
2
Le Corbusier, 1928, Toward an architecture. Californie : Frances Lincoln Limited. p.148
3
CHOAY, Françoise. 2010. Alegoria do patrimonio. Coimbra : Ediçoes 70. p.16
“opportune occasion to drive out the past and try to feel our way toward the spirit of architecture”
“Por seu lado, os arquitetos invocam o direito dos artistas à criação. Desejam, como os seus predecessores, marcar o espaça urbano”
102 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’étude : Brasserie Bralima
“foi confirmada pela criaçao e pelo aperfeiçoamento de novos modos de conservaçao do passado: memórias das técnicas de registro da imagem e do som, que aprisio-
vidéo”4 pourraient devenir ainsi des manières plus simples et rapides en vue de garder en mémoire un immeuble. Mais quelques fois “les nouvelles techniques permettent aussi élever au statut de patrimoine des bâtiments moins dignes de cela”5.
nam e resgatam o passado de uma forma mais concreta, uma vez que se dirige diretamente aos sentidos e a sensibilidade” “Qualquer construçao, independentemente do seu destino, pode ser promovida a monumento pelas novas técnicas de “comunicaçao”.” “os Belgas deploram a perda da Maison du Peuple (1896), obra-prima de Horta, demolida em 1968”
Malgré tous ces avancements techniques (de capture d’image), l’architecture n’est pas quelque chose de faite et qui pourrait être ressentie seulement grâce à des images ou sons. Chaque être humain possède une sensibilité différente et ressent l’architecture à un niveau plus personnel, c’est alors aussi pour cela que “jusqu’à aujourd’hui les Belges “pleurent” la démolition (en 1968) de la Maison du Peuple, bâtie dans un style Art nouveau typique du maitre-bâtisseur qu’était Victor Horta”6. Un exemple plus actuel est le bâtiment construit par Alvaro Siza Vieira, pour l’expo 98 à Lisbonne qui est aujourd’hui en risque de démolition, alors qu’il est encore bien entretenu, mais à cause des problèmes financiers et le manque d’utilisation, dans lequel le bâtiment se trouve actuellemnt risquent d’être un choix des responsables (l’architecte c’est déjà prononcé à propos de celui-ci). La démolition d’un bâtiment peut avoir des avantages à court terme, mais qui, dans un futur proche ou lointain, peuvent s’avérer d’être de terribles choix et que nous ne pouvons plus revenir en arrière. La présence et la construction d’un bâtiment possèdent un lien avec l’histoire d’une ville, et permettent de maintenir une mémoire vivante, comme le défend le Professeur Jacob Sabakinu de l’Université de Kinshasa “Sans référence à la mémoire, un peuple n’existe pas” et l’architecture est le meilleur rappel historique, comme nous pouvons le constater en nous promenant dans des villes très anciennes tels que Bruxelles. “Le devoir de mémoire est une nécessité pour des nations qui aspirent à un développement durable”7. “Une approche semblable est défendue par la société actuelle que
4
CHOAY, Françoise. 2010. Alegoria do patrimonio. Coimbra : Ediçoes 70. p.21
5
CHOAY, Françoise. 2010. Alegoria do patrimonio. Coimbra : Ediçoes 70. p.22
6
CHOAY, Françoise. 2010. Alegoria do patrimonio. Coimbra : Ediçoes 70. p.13
7 ROBERT, Yves. 2012. Nouveaux patrimoines et enjeux du développement. Bruxelles: Presses universitaires de Bruxelles. p.72
Chapitre 4.1 Démolition l 103
désire garder, pour des générations futures des rappelles historiques (sous plusieurs formes, mais surtout architecturales) relatifs au génocide juif qui à eu lieu en Europe lors de la Deuxième Guerre mondiale. Meilleur que des symboles, images, photos, les camps de concentration sont aujourd’hui protégés comme des monuments”8. Le patrimoine architectural (indépendamment de son époque) devint alors plus qu’un simple volume capable, que protègent ses utilisateurs, mais elle gagne ainsi une autre dimension qui s’approche à celles du divin, car elle nous permet de nous situer et de nous rappeler d’un passé, ceci est le plus grand avantage de la patrimonialisation architecturale, car comme le défend Ruskin “Nous pouvons vivre sans (architecture), prier a notre dieu sans elle, mais sans elle nous ne pouvons pas nous rappeler”9.
“Do mesmo modo, as sociedades actuais desejaram conservar viva, para as geraçoes futuras, a recordaçao do genocidio do povo judeu da Segunda Guerra Mundial. Melhor do que os simbolos abstractos ou imagens realistas, melhor do que fotografias, sao os proprios campos de concentraçao, parte integrante do drama comemorado, com as suas barracas e câmaras a gas, que se tornaram monumentos”
Nous nous trouvons dans une impasse : nous ne devrions pas démolir ce bâtiment sans bien le connaître et savoir le futur qui peut lui être réservé. Ce bâtiment, comme énoncé précédemment, est le premier bâtiment moderniste construit au Congo belge, ce bâtiment (ou les services proposés par lui) contrairement à beaucoup d’autres, est fait pour l’ensemble de la population, alors qu’au Congo belge une politique ségrégationniste était mise en place. L’histoire de ce bâtiment (de la firme) est intimement liée à celle de Léopoldville, en étant la première brasserie construite dans la nouvelle capitale congolaise et au Congo belge (une autre brasserie avait été construite à Élisabethville dans la même époque). En possédant un lien direct avec la ville de Léopoldville, la brasserie possède d’autres attributs bien plus convaincants qui pourraient justifier la non-démolition de ce bâtiment. Le bâtiment en soi, est un bijou architectural produit par un grand connaisseur (même si souvent oublié dans les revues d’époque) des techniques de brassage et de l’art de bâtir. L’extension produite par Charles Van Nueten est selon moi un des plus beaux exemples d’architecture brassicole moderniste qui tient en même temps compte du climat très difficile à maitriser pour les architectes européens. Malgré les difficultés, ce projet est un très bon exemple d’architecture moderniste en Afrique. “Ce bâtiment est alors une architecture maître, magnifique, par un jeu de volumes mis en valeur par la lumière”10 idées défendues non seulement
“Architecture is the masterful, correct, and magnificent play of volumes brought together in light”
8
CHOAY, Françoise. 2010. Alegoria do patrimonio. Coimbra : Ediçoes 70. p.23
9
RUSKIN, John. 1849. The Seven Lamps of Architecture. s.l.
10
Le Corbusier, 1928, Toward an architecture. Californie : Frances Lincoln Limited. p.102
104 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’étude : Brasserie Bralima
par Le Corbusier, mais aussi par Charles Van Nueten et que nous pouvons constater en regardant les brise-soleil saillants. Néanmoins ce bâtiment, et la plupart de ses bâtiments restent très peu connus non seulement par les habitants de la ville, mais aussi par les architectes, et surtout les étudiants, qui n’apprennent pas ou peu l’histoire architecturale de leur ville, et qui mettent alors, dû à leur manque de connaissance, en danger (non directement) des bâtiments si importants pour l’architecture. Les bâtiments de l’époque coloniale y inclus l’extension de Charles Van Nueten sont des bons exemples d’architecture (dans la plus par des cas), car ils essayent avec peu de moyens de contrôler les conditions climatiques très contraignantes en utilisant peu de moyens, ne serait-ce pas un outil d’apprentissage que les architectes pourront utiliser aujourd’hui à Kinshasa plutôt que des machines électriques (air conditionné) dans un pays qui a souvent des coupures d’énergie?
106 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’Êtude : Brasserie Bralima
Chapitre 4.2.1 Pérennité de l’affectation : Brasserie l 107
Chapitre 4.2.1 Pérennité de l’affectation : Brasserie La rénovation de l’extension pourrait signifier un bouleversement dans le plan d’extension de la brasserie en rendant à nouveau utile ce bâtiment aujourd’hui très maigrement utilisé. Cette rénovation pourrait aussi constituer un avancement vers la patrimonialisation de cette oeuvre architecturale. En regardant la volonté ultime, qui consiste dans la sauvegarde de l’authenticité du bâtiment produit par Charles Van Nueten pour la Firme Bralima, des scénarios seront développés. Un scénario, qui m’intrigue est justement celui de la rénovation : quelle meilleure manière de conserver l’intégralité d’un bâtiment industriel que la réutilisation même (pour la production du produit de l’origine)? La raison pour ceci est qu’actuellement, les bâtiments produits à l’époque coloniale et par après sont, dans une grande majorité, utilisés pour les mêmes fonctions pour lesquelles elles ont été bâties à l’origine. Ceci, semble être dû à la position stratégique (du point de vue géographique, mais surtout urbaine), mais aussi dû à l’héritage des services qui étaient préalablement belges et leur privatisation (je ne suis pas en mesure de confirmer quelles services sont nationaux ou privés ni pendant le Congo belge ni pour le Congo indépendant / Ex-Zaïre / et l’actuelle République Démocratique du Congo). Dans ce cas en particulier, la firme pourrait utiliser le bâtiment pour la production de bière, qui était auparavant la fonction principale de ce bâti. L’extension possède encore à nos jours tous les éléments nécessaires pour la production de la bière (les couves, salles de réfrigération, etc.) et pourrait ainsi utiliser un bâtiment unique dans la capitale, grâce au génie de Charles Van Nueten dans la maîtrise du climat (avec les murs à double épaisseur, les brise-soleil, la morphologie du bâtiment en longueur afin de favoriser la pénétration des vents dominants, et les châssis des fenêtres uniques jusqu’àt nous jours en RDC).
53. Vue d’oiseau de la firme Bralima 54. Photographie personnelle prise dans la salle de brassage de l’extension de Charle Van Nueten
108 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’étude : Brasserie Bralima
La réutilisation de ce bâtiment, permettrait ainsi de résoudre, avec une seule action les problèmes, de la non-utilisation et le blocage produit par ce bâtiment dans l’évolution de la brasserie. La réutilisation de ce bâtiment pourrait ici, signifier donc une nouvelle source de revenus en créant un nouveau produit ayant un rapport à son histoire (nous avons en Belgique / Europe des bières spéciales utilisant des noms comme abbaye, bohémia, etc.) et pourraient devenir des caractères uniques de cette firme par rapport à la concurrence (Bracongo) grâce à son lien historique avec la ville (n’oublions pas que la Brasserie Léopoldville (aujourd’hui Bralima) est la première brasserie du Congo belge). Malgré que ce scénario pourrait répondre à la question de l’abandon de ce bâtiment en lui donnant une activité, productrice de richesse, et donc assurant sa restauration et conservation, elle reste une réponse de marketing et non architecturale. (Il faut entre autres savoir qu’aucune étude de marché, à propos de ce sujet, n’a été effectuée de ma part, et à ma connaissance (l’Ingénieur Joseph Froidcoeur ne la jamais mentionné) ceci n’a pas été mis sur la table par l’administration de Bralima.) Alors que cette proposition, très simpliste, quand nous pensons au fait que la proposition est basée sur un retour en arrière dans le temps. Elle semble malgré tout, très intéressante parce que la rénovation / restauration, de ce bâtiment pourrait ouvrir d’autres portes, du point de vue de la patrimonialisation et donc de la sauvegarde de cette oeuvre architecturale. La proposition suivante vient alors par le même ordre d’idée poursuivre cette rénovation en la détournant légèrement, par la création d’un musée dédie à Bralima, essayant ainsi d’améliorer la potentialité de ce bâtiment du point de vue de l’administration.
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Chapitre 4.2.2 Pérennité de l’affectation : Musée de Bralima l 111
Chapitre 4.2.2 Pérennité de l’affectation : Musée de Bralima La muséification du bâtiment, comme effectué pour tant d’autres au monde, pourrait être à première vue une solution à préconiser. Malgré cela, une archivisation brute d’un tel bâtiment au sein d’une usine ne semble pas être la solution et ceci nous est prouvée par l’histoire même de ce bâtiment qui est aujourd’hui plus dégradé que l’année précédente (quand j’ai pu le visiter pour la première fois).
55. Vue d’oiseau de la firme Bralima
Une usine est comme une montre et tout élément étranger à la production devient alors un obstacle. Ce bâtiment est appelé aujourd’hui le musée, malgré l’appellation il s’agit en réalité d’un bâtiment vide peu entretenu. Ce bâtiment semble avoir été “abandonné” et sans affectation pendant quelques années en attendant que l’administration le définisse comme le musée. La nomination est malgré cela, que la première étape, mais ici elle s’est aussi averée la dernière, car pour une bonne conservation, il faut investir de l’argent, et cet argent peut, aux yeux de toute entreprise (non seulement de Bralima), être utilisé pour un grand nombre d’autres besoins plus urgents. Cela constitue alors, le vrai problème de la muséification de l’extension : elle manque d’intérêt aux yeux de l’administration de Bralima, car elle n’est pas à nos jours productrice de richesse. La muséification permetterait à ce bâtiment de survivre, mais comme nous pouvons constater dans l’image suivante le bâtiment continue le chemin de la dégradation et de l’insalubrité (même si lors de ma première visite, le bâtiment était moins dégradé que lors de mon deuxième voyage). Malgré l’état de dégradation peu développé dans la salle de brassage (normalement la seule accessible au public), en découvrant les autres salles dans les étages supérieures, nous pouvons constater (sur l’image ci-contre), que non seulement des grands espaces existent, mais que ceux-ci sont aujourd’hui in-
56. Photographie personnelle des étages supérieurs de l’extension.
112 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’étude : Brasserie Bralima
...”a utilizaçao é um género de vandalismo lento, insensivel, desapercebido, que aruina e deteriora quase tanto como uma devastaçao brutal” …
utilisables et que leur état d’insalubrité est beaucoup plus avancé que celui de l’ancienne salle de brassage. C’est alors que contrairement à ce que dit Vitet (dans le livre de Françoise Choay) “l’utilisation est une manière de vandalisme lente, insensible, inaperçue, qui mène à la ruine et détériore quasi autant que la destruction brutale”11 .En regardant le cas d’étude il s’avére que l’archivisation brute mène à une destruction lente qui au cours des années produirait un résultat, qui serait comparable à une démolition. Néanmoins, le scénario de la création d’un musée reste intéressant (plus intéressant que la démolition). Pour la création du musée, un programme bien défini devrait alors être créé. Pour la création d’un tel programme une réflexion à propos de ce qui est un musée de la bière et particulièrement, un musée de l’histoire de Bralima à Kinshasa serait plus intéressante, car il permettrait aux visiteurs non seulement de connaitre l’histoire de la bière, mais ceci de manière contextualisée. Ce musée serait un lieu d’apprentissage, pas seulement pour les écoles, mais aussi pour les architectes qui, en s’inspirant du passé, pourraient continuer la réflexion moderniste tropicale et l’adapter aux besoins des congolais, quelque chose que les européens n’ont pas toujours su faire, “nos architectes, nos constructeurs qui ont fait de l’habitat africain, ont surtout été invités à assainir des quartiers anciens ou étendre des faubourgs et à y réaliser le maximum de logements dans des conditions les plus économes possibles. Le résultat est assez souvent médiocre, presque toujours inhumain”12. La muséification (telle qu’elle est faite actuellement) pose alors question : pour qui serait-t-elle vraiment utile? L’absence d’un grand public, amènerais à nouveau à la situation actuelle, car comme annoncé précédemment, l’absence de connaissance de la grande majorité de la population, mais aussi d’une grande partie des professionnels, connaissent finalement peu l’histoire de leur ville et la valeur de son architecture. “Aujourd’hui en “RDC”, la majorité de la population demeure très peu informée a propos de l’histoire nationale et peine, même dans les milieux spécialisés, à lire cette dernière à partir du développement urbain des villes ce qui peut amener par ignorance à des choix regrettables de gestion urbaine.”13. La création d’un vrai programme
11
CHOAY, Françoise. 2010. Alegoria do patrimonio. Coimbra : Ediçoes 70. p.165
12 ROBERT, Yves. 2012. Nouveaux patrimoines et enjeux du développement. Bruxelles: Presses universitaires de Bruxelles. p48. 13
ROBERT, Yves. 2012. Nouveaux patrimoines et enjeux du développement. Bruxelles:
Chapitre 4.2.2 Pérennité de l’affectation : Musée de Bralima l 113
pourrait alors dans ce cas précis rendre l’idée du musée plus appellative, car le visiteur pourrait apprendre non seulement l’histoire de la firme à Kinshasa, connaitre les éléments utilisés pour la production de la bière, mais aussi apprendre une partie de l’histoire de la ville. Si la solution choisie par l’administration reste la simple muséification du bâtiment par l’attribution d’une plaque où il y aurait écrit “musée”, je ne pourrais voir une amélioration de la condition de ce bâtiment. La démarche ne peut pas être faite seulement sur le bâtiment lui-même. Pour une bonne transformation en musée de ce bâtiment, un projet de réaménagement de l’usine serait nécessaire. La transformation en musée de l’extension de Charles Van Nueten, dans le contexte actuel (n’oublions pas qu’une usine est en évolution constante), est une transformation fort compliquée (je ne parle plus ici à propos d’un public), parce que comme nous pouvons constater dans les images suivantes (vue aérienne dans la page précédente et les photos) l’usine est aujourd’hui fort condensée. Nous avons aujourd’hui, un cadre très contraignant pour une réussite de la transformation en musée de ce bâtiment, dû au fait que le plan directeur de l’usine ne permet pas à celui-ci de respirer.
57. Photographie personnelle, vue sur le toit de l’extension de Charles Van Nueten
L’extension de Charles Van Nueten est aujourd’hui entourée dans la quasi totalité de son périmètre, ce qui cause et causerait une difficulté d’accès au public. Un certain nombre d’infrastructures seront nécessaires alors afin que ce musée puisse fonctionner de manière indépendante. Le musée nécessiterait non seulement une entrée dédiée (qui n’est une fois de plus imaginable, car le coté le plus avantageux serait du coté nord-est, mais ceci est impossible à cause de la présence des rails de train, visibles sur l’image ci-contre). Plus difficile encore sera la question du parking car il nécessiterait de l’espace supplémentaire au sol. En résumant ce scénario (scénario de restauration et conservation), nous avons quatre éléments qui causeront problème : en premier lieu nous avons l’absence de public, nous avons par la suite le problème d’accessibilité (non seulement l’accès, mais aussi le parking, car le kinois utilise la voiture constamment dans son quotidien) en assurant au même temps, leur sécurité
Presses universitaires de Bruxelles. p.37
58. Photographie personnelle, vue sur le toit de l’extension de Charles Van Nueten
114 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’étude : Brasserie Bralima
les séparant ainsi de la zone de production. Ceci n’est seulement pas très probable à être réalisé, mais surtout, en tenant compte de l’envie de l’administration d’étendre la zone de production qui est déjà très proche du bâtiment en question, semble moins réaliste et moins faisable, car cela créerait une contrainte supplémentaire à celle que nous avons actuellement. La solution résiderait dans ce cas (selon mon humble avis), dans la transformation, qui devrait être faite de la manière la plus respectueuse envers l’authenticité de ce bâtiment et ceci sans toujours passer par une “stricte conservation qui s’avère inopérante; voire dangereuse”14. La transformation devrait être faite non dans un but de se “débarrasser” du problème en lui rendant une fonction, mais en trouvant dans le bâtiment les éléments importants qui pourraient donner à cette brasserie, à cette firme un atout à nouveau. En tenant compte des difficultés, les scénarios de reconversion semblent être une succession logique, ayant pour but la reaffectation de ce bâtiment qui pourrait ultérieurement l’amener à la patrimonialisation souhaitée.
14 ROBERT, Yves. 2012. Nouveaux patrimoines et enjeux du développement. Bruxelles: Presses universitaires de Bruxelles. p.6
Chapitre 4.3.1 Reconversion: école brassicole pour l’Afrique centrale l 117
Chapitre 4.3.1 Reconversion: École brassicole pour l’Afrique Centrale L’idée de la création d’un lieu culturel, est à nous jours un destin souvent donné pour de bâtiments industriels. Grâce à la méthode de construction, souvent utilisée pour des raisons très logiques, le plan ouvert qui est d’ailleurs la source d’inspiration du Le Corbusier, dans la création des cinq points de l’architecture moderne. Selon lui, la construction industrielle produite par les ingénieurs américains est pleine de logique et de raison, ce qui permettrait ici un grand nombre de possibilités programmatiques. Mais d’après de nombreuses recherches, j’ai pu trouver une interview1 donnée par le l’administrateur délégué de la firme Bralima, Monsieur Hans Van Mamaren (avec qui j’ai découvert, lors d’une réunion, que l’administration souhaitait démolir le bâtiment de Charles Van Nueten) qu’une école existait au sein de l’usine, cependant, je n’ai pu apercevoir cette école de brassage lors de mes visites. Ne serait-ce pas, un ancien bâtiment brassicole, le lieu idéal pour l’implantation d’une école brassicole? L’idée de l’utilisation de l’extension de Charles Van Nueten prend de plus en plus d’importance, quand nous constatons le nombre de possibilités que ce bâtiment permet grâce au plan ouvert par lequel ce projet est aussi caractérisé. Ce bâtiment phare (non seulement par l’esthétique, l’histoire, mais aussi par la hauteur du bâtiment) pour l’usine pourrait aujourd’hui devenir alors l’École de brassage la plus remarquable ou l’une des plus remarquables architecturalement parlant de l’Afrique Centrale. Pour la création de l’école, de nombreuses modifications seront nécessaires, en vue du bon fonctionnement de cette nouvelle affectation. Ce bâtiment se voudrait ainsi indépendant de tous les autres bâtiments, permet-
1 LUTETE, Marcel. 2005. Hans Van Mameren, Administrateur Délégué : “Bralima a consolidé sa réputation et sa position de leader”. s.l. : Le Potentiel
118 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’étude : Brasserie Bralima
tant ainsi aux utilisateurs de circuler sans pour autant gêner le bon fonctionnement de l’usine. Ce qui n’est pas un souci étant donné que l’utilisateur serait là pour des raisons professionnelles et non culturelles, ce qui assurerait aussi un état d’esprit plus consciencieux et donc moins propice à des accidents. Pour la création de cette école (je n’ai pas pu trouver de chiffres des utilisateurs actuels) nous aurions besoin d’un grand nombre de modifications pour la création des espaces appropriés. Néanmoins ceci n’est pas une chose compliquée à concevoir en tenant compte de la structure du bâtiment. Des éléments nécessaires pour la création de cette école seront alors : une salle pour l’administration (qui grâce à la taille et le coté professionnel pourrais y inclure le secrétariat dédie et un doyen), des salles de convivialité entre les professeurs et les élèves, des toilettes, des salles de cours théoriques (ici, je ne propose pas de grands auditoires, car je ne possède pas de chiffres), des salles pour les cours pratiques (que seront les salles où nous pourrons produire la bière, et le stocker), et pour finir une cafétéria (car ici nous sommes dans la zone industrielle donc difficulté d’accès à la nourriture, mais aussi dans un but d’éviter les entrées et sorties de l’enceinte de l’usine).
Chapitre 4.3.1 Reconversion: école brassicole pour l’Afrique centrale l 119
Circulation actuelle 23m2 Cafétéria 240m2
Entrée actuelle 37m2
Cuisine 48m2
59. Rez de chaussée 0,90m
Circulation actuelle 23m2 Espace total pour les classes 288m2 Toilettes 33m2 60. Premier étage 9,53m
Circulation actuelle 23m2
Toilettes 33m2
Espace supplémentaire pour les classes 130m2
Administration 110m2
Toilettes administration 48m2
61. Deuxième étage 14,53m
120 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’étude : Brasserie Bralima
Dans les schémas précédents, j’ai essayé par une simple juxtaposition d’espaces, créer / comptabiliser les espaces et organisations possibles (sans grands travaux). Néanmoins, certains éléments, comme les deux de trois cuves, seraient ici enlevées, pour permettre de créer un espace de détente, de partage, pour les repas, etc.. Malgré l’enlèvement de deux cuves, la cuve de taille intermédiaire et le “fût” seraient préservés pour permettre le lien historique entre le passé et le présent (de la proposition). Ces éléments seraient alors restaurés dans un but de les préserver. Malgré la facilité conceptuelle, qui consisterais dans la création d’une école de brassage au sein de l’usine (grâce aux possibilités que l’extension permet avec ses caractéristiques architecturales) ceci semble être un choix très sensible du point de vue de la sécurité et l’urbanisation au sein de l’usine. Cette hypothèse reviendrait à un problème semblable à celui proposé précédemment (musée de la biére et Bralima). En résumé, hors mis les points forts / faibles trouvés dans la poursuite de ce scénario, nous pouvons trouver des éléments clairement positifs, tels que la nostalgie que pourrait apporter l’utilisation d’un bâtiment historique qui après autant d’années de non-production (de bière) pourrait être utilisé comme lieu d’apprentissage de la production pour laquelle il a été bâti. D’autres éléments, beaucoup moins nostalgiques, mais plus pratiques et matériels, sont le grand nombre de caractéristiques architecturales que j’ai pu en soulever (les murs a doubles parois avec une couche d’air isolante, l’éclairage et ventilation naturelle grâce à deux baies vitrées opposées et les encadrements de fenêtres / brise-soleil). Ces éléments ne peuvent pas à eux seuls justifier une telle emprise au sol, étant donné le caractère temporaire (d’après des recherches, le temps de brassage de bière de manière artisanale ne dépasserait pas les 6 semaines) de cette affectation. D’autres problèmes sont récurrents, par exemple le possible manque d’usagers de cette école (tout dépendra du nombre de cours donnés au long de l’année), le problème d’accessibilité, nous parlons une fois de plus d’accès des gens extérieurs à l’usine et des possibles voitures donc la circulation et l’espace de parking. Assurer un espace de circulation séparé entre les “étudiants” et les travailleurs permettrait aussi la réduction du risque d’accidents.
Chapitre 4.3.1 Reconversion: école brassicole pour l’Afrique centrale l 121
D’après les trois propositions, je défends que les solutions de démolition et rénovation restent néanmoins, peu fortes par rapport à l’évolution voulue / souhaitée par l’administration et donc moins probables à être réussies, alors que la reconversion (ici sous le scénario de l’école brassicole) semble être un choix plus judicieux, mais ayant tout de même des difficultés.
Chapitre 4.3.2 Reconversion: Bureaux l 123
Chapitre 4.3.2 Reconversion: Bureaux La sauvegarde des bâtiments anciens est selon moi la meilleure manière que nous possedons tant qu’être humains pour nous rappeler du passé. Cette idée est aussi défendue par Ruskin “Nous pouvons vivre sans (architecture), prier à notre dieu sans elle, mais sans elle nous ne pouvons pas nous rappeler”1, néanmoins ceci doit être fait au cas par cas, et non par mode généralisée créant ainsi des contraintes pour le développement de la ville. Le cas de l’extension de Charles Van Nueten est l’un des cas à Kinshasa le plus difficilement «patrimonialisable» dans le contexte actuel à cause du manque de connaissances (du point de vue architectural et aussi médiatique) de la population. Néanmoins, la réaffectation du bâtiment donnerait, contrairement aux autres scénarios, une plus grande chance à ce bâtiment d’être sauvegardé pour les générations futures (parce qu’on limiterait des facteurs que l’administration ne pourrait pas contrôler comme l’entrée d’un public extérieur au sein de l’usine). La principale raison est qu’en changeant complètement l’affectation du bâtiment, ceci permettrait un programme plus juste et principalement plus utile (au moins du point de vue de l’administration) pour l’ensemble de l’usine et de la firme. La réaffectation est la solution (avec celle de la muséification) la plus vue et la plus prescrite en Europe. En Afrique nous pouvons comprendre qu’étant donné l’histoire du continent et les différentes cultures, des solutions différentes pourraient avoir plus de sens. Dans le ce cas-ci, cela est peu probable, car les problèmes du point de vue architectural et urbanistique restent fort semblables (à une échelle plus large, nous avons, un manque de logement, dégradation du logement, densification, etc. néanmoins les besoins/demandes des populations restent tout de même différents et donc les réponses doivent tenir compte des besoins, car nous n’habitons pas touts de manière similaire),
1
RUSKIN, John. 1849. The Seven Lamps of Architecture. s.l.
“Nos podemos viver sem (a arquitectura), adorar o nosso Deus sem ela, mas sem ela nao podemos recordar”
124 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’étude : Brasserie Bralima
mais étant donné qu’il s’agit d’un espace actuellement pas accessible (en tout facilement) aux kinois et plus important, étant un bâtiment privé au sein d’une usine cela réduit le nombre de possibilités (à court terme) pour ce bâtiment. En observant les images suivantes, et en connaissant l’usine, nous pouvons constater la présence d’un “pôle” administratif entre deux sorties à nord-ouest. Ces bâtiments sont aujourd’hui des bâtiments avec de diverses fonctions, mais ils se consacrent principalement à des fonctions administratives comme, le service client, le bureau de l’administrateur délégué, etc. Néanmoins ces bâtis n’ont jamais été évoques comme un élément contraignant au développement alors qu’ils se situent dans un alignement proche et qui dans le futur seraient à leur tour remis en question.
62. Photographie personnelle de la zone administrative
63. Vue d’oiseau de la la firme Bralima mettant en évidence la zone administrative
Chapitre 4.3.2 Reconversion: Bureaux l 125
Le bureau d’études de Joseph Froidcoeur est un des bureaux kinois (l’ingénieur est de Liège), qui ont essayé, grâce à leur grande connaissance du fonctionnement de la firme, de proposer une reaffectation de l’extension et des silos adjacents (ce bureau d’études fait depuis beaucoup d’années des travaux pour la firme, par exemple en installant de nouvelles machines, et en aidant dans la construction du nouveau plan d’aménagement décrit dans les premiers scénarios). La proposition du bureau (de l’Ingénieur Froidcoeur) consiste en une réaffectation des deux grands ensembles en bâtiments administratifs. Afin de savoir le nombre d’espaces nécessaires, le bureau entame une étude afin de pouvoir comptabiliser le nombre de mètres carrés, de bureaux existants à l’intérieur de l’enceinte de l’usine. Le résultat est, à grande surprise non seulement du bureau d’études, mais aussi de l’administration, que le nombre de bureaux au sein de l’usine, pourront être mis à l’intérieur des deux grands bâtiments qui sont aujourd’hui au centre non seulement du problème de développement de l’usine, mais aussi au centre d’elle même. La proposition de réaffectation de tels bâtiments de la part du bureau est selon moi une solution, sinon la solution, à présent la plus juste non seulement du point de vue programmatique, mais aussi (si fait de manière sensible) du point de vue de la sauvegarde du bâtiment. La proposition architecturale proposée est selon moi un bâtiment fort technique, où tous les éléments de circulation soit verticaux ou horizontaux sont bien maitrisés (en tout cas à première vue). Un élément très bien conçu est l’espace de parking proposé sous le bâtiment (ceci me fait penser au bâtiment conçu par Jean Nouvel, le Nemausus). Ceci semble être un choix très approprié, quand je pense au problème de densification de l’usine. Mais malgré cela d’autres espaces de parking sont mis de manière traditionnelle et à cause au manque de contexte représenté ils deviennent incompréhensibles. Malgré les points positifs, cette proposition est à mes yeux un attentat à la mémoire de Charles Van Nueten (et au bâtisseur des silos).
126 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’Êtude : Brasserie Bralima
Chapitre 4.3.2 Reconversion: Bureaux l 127
Kinshasa est une ville qui dû à sont histoire et aux architectes qui l’on bâti possède encore aujourd’hui un grand ensemble de bâtiments remarquables. L’architecture produite depuis les premiers jours de vie de cette ville (tant que capital du Congo), jusqu’à nos jours a toujours été une architecture impressionnante, mais surtout réfléchie (réfléchis pour l’Afrique pour le Congo belge, l’architecture coloniale, souvent appelée le style officiel possède toujours des images de supériorité, mais ces éléments font partie de l’histoire). Malgré cette richesse architecturale (que beaucoup de pays africains possèdent grâce à la liberté laissée aux architectes et au caractère expérimental). Nous pouvons constater avec cet exemple que ceci n’est plus la norme, grâce à de nouvelles techniques de construction et de climatisation. L’élément le plus important (dans le point de vue de la patrimonialisation) est à mes yeux la sauvegarde partielle ou intégrale (nous pouvons entre autres rajouter au bâtiment existant) des éléments permettant la reconnaissance et l’essence du bâtiment original, ce qui est l’élément le plus important dans la patrimonialisation et sauvegarde l’authenticité (même si, ceci peut être fait a des différentes dégrées). Dans le cas présenté, la sauvegarde est mise en question, non seulement à cause du fait que cette proposition a été effectuée par un bureau d’ingénieurs et non d’architectes et aussi à cause de la qualité des images de synthèse peu réussies, non seulement à cause du manque de réalisme et du manque d’ambiance, mais surtout à cause du manque de contexte. Néanmoins grâce aux connaissances acquises pendant le rendez-vous avec l’ingénieur et sachant que la démolition couterait trop cher, je pars du principe qu’il s’agit bel et bien de remettre le bâtiment en question. Ceci ne me rassure pas car quand je constate qu’aucun élément (à part peut-être la structure) du bâtiment n’a été sauvegardé. La proposition ci-contre est alors à mes yeux (et surement aux yeux des historiens et architectes congolais) un crime contre la culture et l’architecture, non seulement pour les habitants de cette ville, mais aussi pour les européens, et surtout les belges. Le projet de transformation, est travaillé comme si qu’une feuille blanche était devant nous et non une réaffectation restauratrice qui tienndrait en compte des éléments (ni l’ingénieur ni l’ancien délégué connaissent l’histoire de ça bâtiment, ni l’architecte) bâtis tels que les grandes baies vitrées placées face-à-face pour permettre une aération transversale, les murs à double paroi avec une couche intérieure d’air pour l’isolation, les brise-soleil
64. Perspective de la proposition du bureau de l’ingénieur Joseph Froidcoeur, reçu lors du rendez-vous
65. Vue d’oiseau de la proposition du bureau de l’ingénieur Joseph Froidcoeur, reçu lors du rendez-vous
128 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’Êtude : Brasserie Bralima
Chapitre 4.3.2 Reconversion: Bureaux l 129
permettant une fois de plus un contrôle climatique, et en dernier le caractère moderniste de ce bâti serais alors perdu à jamais (il faut en tenir compte que la production d’images et son ne sont pas la meilleure manière de prolonger la mémoire et l’expérience et l’enseignement fourni par le bâtis en soi). “Meilleur que des symboles, images, photos, les camps de concentration partie intégrale du drame vécu, avec les étalages et chambres à gaz qui aujourd’hui sont protégés comme des monuments”2.
“Melhor do que os simbolos abstractos ou imagens realistas, melhor do que fotografias, sao os proprios campos de concentraçao, parte integrante do drama comemorado, com as suas barracas e câmaras a gas, que se tornaram monumentos.”
Malgré la bonne idée (que je défends comme la plus appropriée pour l’usine à nos jours) que la transformation de l’ensemble des silos et l’ancienne salle de brassage pourraient représenter pour non seulement l’administration, mais aussi pour le développement de l’usine, car ceci permettait de gagner de la surface au sol pour pouvoir ainsi augmenter la zone de production, trouvant avec une seule action la solution pour deux problèmes actuels de l’usine. Cependant la proposition architecturale faite montre une très faible sensibilité, connaissance historique et architecturale, en détruisant un bâtiment (quasi littéralement) qui par les techniques de construction et de production d’architecture, répond aux besoins climatiques, alors que, le nouveau projet s’abstrait totalement, non seulement du bâtiment existant, mais aussi du contexte climatique et énergétique du pays en question. Je n’ai ici pas besoin de développer à quel point, la construction d’une énorme baie vitrée ferme, sans des éléments permettant un contrôle de la quantité excessive de soleil entrant au sein du bâtiment administratif (donc ordinateurs, donc chaleur) où la seule solution pour aérer serait d’utiliser des airs conditionnés serait coûteuse et difficile dans un pays où les coupures d’électricité font partie du quotidien. La proposition présentée ci-contre n’a pas été retenue selon l’ingénieur lui-même, ce qui me de l’espoir, car celà permet une fois de plus la survie du bâtiment, mais des informations à propos des solutions retenues n’ont pas été mises à ma disposition.
2
CHOAY, Françoise. 2010. Alegoria do patrimonio. Coimbra : Ediçoes 70. p.23
66. 67. et 68. Perspectives de la proposition du bureau de l’ingénieur Joseph Froidcoeur, reçu lors du rendez-vous
Chapitre 4.4 Requalification territoriale l 131
Chapitre 4.4 Requalification territoriale1 Dans les chapitres précédents, les scénarios proposés étaient de l’ordre architectural et donc plus centrés dans l’usine même, néanmoins même si les propositions sont plus “réalisables” (car il s’agit des solutions à court terme), elles ne semblent pas être les seules. Nous ne pouvons pas penser au patrimoine (architecturale et autres) comme un élément indépendant de la ville, et de la société dans laquelle les biens s’inscrivent. Un nombre grandissant d’articles et d’ouvrages sont écrits aujourd’hui (mais aussi d’autres datant de 1978, éditées par le Bureau d’Études et d’Aménagement Urbain, B.E.A.U.)par un grand nombre d’acteurs dans le contexte kinois et grâce à cela nous connaissons les enjeux majeurs de la ville de Kinshasa. D’après la lecture de ces documents, deux grandes problématiques émergent plus que d’autres, elles sont: -Croissance démographique; -Mobilité; Depuis environ 1978, alors que le pays s’appelait encore le Zaïre, une étude est faite par le B.E.A.U., appelée “Kinshasa Ville Est”, où ils défendent la nécessité d’engager la “Ville Est” parce qu’elle peut représenter un nouveau développement de la ville. Cette zone «terrasse, d’une superficie d’environ 5000 hectares, s’étend dans les limites définies ci-dessus, sur une longueur de 20 km, la largeur moyenne étant de 4 km”2 pourrait jouer un rôle plus important pour la vie active de la ville.
1 Ce chapitre à été rédigé en consultant le Schéma Directeur produit par le B.E.A.U. et l’Étude du plan de mobilité de Kinshasa. 2 Bureau d’Études d’Aménagements Urbains (BEAU). 1978. Kinshasa Ville Est, Schéma Directeur. République du Zaïre (République Démocratique du Congo). p.20
Chapitre 4.4 Requalification territoriale l 133
Cette réserve foncière pourrait actuellement être plus utile que jamais, si nous imaginons un déplacement de la friche industrielle de la ville de Kinshasa ,cette idée, est aussi défendue par l’étude effectuée par le B.E.A.U. “cette zone pouvant former à terme une ceinture industrielle. Ce potentiel est très important”3. Il pourrait s’agir de la plus grande transformation de la ville de Kinshasa depuis le plan décennal (1949) et permettrait ainsi de résoudre des problèmes urgents de la ville de Kinshasa.
69. Vue de la zone industrielle de Kinshasa, document réalisé grâce aux publications : Collectivité. 2013. Kinshasa. Bruxelles : éditions CIVA. 207p. et TOULIER, Bernard, Johan LAGAE, Marc GEMOETS. 2010. Kinshasa, architecture et paysage urbains. Bruxelles: L’inventaire. 127p.
3 Bureau d’Études d’Aménagements Urbains (BEAU). 1978. Kinshasa Ville Est, Schéma Directeur. République du Zaïre (République Démocratique du Congo). p.22
Chapitre 4.4 Requalification territoriale l 135
Croissance démographique Le facteur démographique est sans doute le plus important pour la ville de Kinshasa, car dû au pouvoir économique de cette grande ville africaine, elle est un lieu très attractif pour les congolais. Cette attractivité a tout de même des conséquences : “évaluée à 9 500 000 habitants en 2011, la population urbaine kinoise a cru de 34% en 10 ans”4 et selon UN Habitat “la capitale congolaise aura la croissance démographique urbaine la plus forte du monde d’ici 2025 (46% de croissance entre 2010 et 2025)”5. Pour pouvoir accueillir ce grand nombre de personnes, la population recours à une urbanisation informelle créant ainsi une surdensification des anciennes et les nouvelles cités, les travailleurs essayant de se rapprocher le plus possible des pérphéries de la Gombe ayant pour conséquence un déséquilibre spatial et économique centralisé vers la Gombe. En utilisant cette immense zone, aujourd’hui appropriée par les industries, elle pourrait devenir l’élément qui à lui tout seul pourrait transformer la ville, vers de meilleures conditions de vie des kinois.
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collectivité. Étude du plan de mobilité de Kinshasa. s.l. p.6
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collectivité. Étude du plan de mobilité de Kinshasa. s.l. p.6
70. Document illustrant la densité de population, ce document à été produit grâce aux documents reçus du bureau ARTER, Etude du Plan de Mobilité de Kinshasa
136 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’étude : Brasserie Bralima
Mobilité La mobilité dans la ville de Kinshasa est l’élément le plus frappant dès l’arrive à l’aéroport de N’djilli car la circulation est chaotique et l’état des routes est très dégradée, néanmoins ceci a fortement changé entre mes deux visites, dans plusieurs axes principaux, non seulement dans la ville de Kinshasa, mais aussi dans les routes d’accès à la ville. Malgré les efforts, la mobilité de la ville reste une problématique car Kinshasa est une ville monocentrée, “la trame viaire kinoise est constituée par un nombre important de boulevards et d’avenues qui convergent vers le centre, provenant principalement des communes du Sud et de l’Est. Axe principal rejoignant les extensions urbaines de Ndjili, Masina et Kimbasenke, le Boulevard Lumumba relie directement la Ville-centre à l’aéroport. Malgré sa largeur de 25 mètres, il est très fortement congestionné aux heures de pointe, tant par la circulation automobile que par les flux piétons à certains endroits.”6. Un travail de coopération entre étudiants provenant de la Belgique et des étudiants kinois a pu arriver à la même conclusion en étudiant 21 “gares routières” et leurs trajets. Un élément peu, voir pas utilisé est le chemin de fer, “le chemin de fer à pour avantage de desservir des zones très peuplées et en cours de densification. Néanmoins, le nombre peu élevé de gares et la faiblesse de la desserte ne permettent pas d’exploiter tout le potentiel de ces lignes. Par ailleurs, il est important d’examiner l’aire d’attractivité réelle d’une gare dans les quartiers qui l’entourent, ce qui est fonction de son accessibilité, rendue possible par les voiries d’accès”7
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collectivité. Étude du plan de mobilité de Kinshasa. s.l. p.9
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collectivité. Étude du plan de mobilité de Kinshasa. s.l. p.11
Chapitre 4.4 Requalification territoriale l 137
Développement et patrimonialisation Comme nous pouvons l’observer, en lisant l’histoire de nos villes, nous pouvons constater que dans le passé nous avions aussi des usines dans les centres-ville, mais qui heureusement, ont été deplacés pour la plupart. Kinshasa est une ville qui a un énorme besoin de logements, logements qui selon les tendances actuelles se voudraient le plus proches du centre (Gombe). En observant la carte de Kinshasa, nous pouvons constater que la zone industrielle pourrait alors servir comme un vaste terrain pour la création d’habitations. L’habitat (de densité mixte) pourrait ici être une nouvelle expérience pour les architectes kinois. Ce terrain pourrait aider à réduire le problème de la surdensification et urbanisation informelle qui peut mettre en péril la sécurité et santé de ses habitants. Le déplacement des industries vers la “Ville Est”, créerait non seulement une opportunité pour le développement des communes proches de la Gombe, pouvant ainsi y créer du logement ou des commerces. Ce développement pourrait alors, par une seule action (ce scénario pourrait être phasé) permettre à la ville de Kinshasa de devenir la maison pour plus de congolais, augmenter leur pouvoir économique et attractivité, mais aussi permettre la création de centres secondaires. Le maillage pourrait réduire aussi le flux de voitures que se dirigent tous les jours vers la Gombe, et permettre ainsi une meilleure circulation dans la ville. D’après les recherches, un nombre très réduit de bâtiments considerés comme du patrimoine immobilier et culturel se trouvent sur ce territoire, nous avons: Brasserie Bralima/ anciennement brasserie Léo - Av. du Flambeau n° 1, Gombe, architecture moderniste. Baies encastrées protégées du soleil par des saillies. Murs à double paroi (isolation). Architecte : Charles Van Nueten, 1946-1947. Immeuble ONATRA Chantier Naval - Av. du Pétrole, Gombe, petit immeuble de bureaux ayant l’allure d’une grosse villa avec sa toiture débordante. Façade étagée par les brise-soleil. Architecte : A. Van Ackere, 1950-1956.
Chapitre 4.4 Requalification territoriale l 139
Baobab et tombe circulaire de Mfumu Mvula - Av. des Poids lourds (dans la concession de la force navale congolaise), Limete/Ndolo, baobab centenaire et tombe du chef traditionnel Mfumu Nvula. Capitainerie du port - Av. Wagenia, bâtiment comptant parmi les vieilles constructions le long des rives du fleuve, caractéristique de l’architecture élégante de l’entre- deux-guerres.
Ces bâtiments pourraient et devraient alors être sauvegardés. “La situation économique de la République Démocratique du Congo étant dure, ceci pourrait ne pas être d’une grande nécessité pour la population”8 qui ne donne pas grande valeur à ce patrimoine : “ce patrimoine architectural n’est pas perçu comme le leur. En Afrique, le patrimoine est immatériel et il est difficile pour les Congolais d’accaparer l’architecture coloniale, témoin de l’emprise de l’Europe sur le continent africain.” 9 C’est alors à la Belgique, de jouer d’un rôle plus important dans l’histoire commune que les deux pays ont vécu et à donner un pas en avant pour la patrimonialisation de ce patrimoine partagé qui dans beaucoup de cas ne possède pas de bâtiments semblables de cette époque construits dans la “métropole”.
“Il est temps d’intervenir si l’on souhaite les sauvegarder”10 “the harsh economic conditions in the Congo
La brasserie (extension) que Charles Van Nueten a dessiné pour la firme Bralima, pourrait alors avoir une place plus importante dans le contexte historique et culturel, de la ville de Kinshasa pouvant habiter un vaste nombre d’affectations comme un musée de la bière, musée d’art contemporain kinois, ou encore une école de brassage. Ce bâtiment détient tous les éléments méritant une sauvegarde, car il est intimement lié avec l’histoire de Kinshasa, aux Kinois, et tous les autres habitants de cette ville.
8 LAGAE, Johan. Mars 2003. “Modern architecture in the Belgian Congo”. dans DOCOMOMO : Modern Heritage in Africa, n°28 p.49 9 EGGERICX, Laure. Juillet-août-septembre 2010. “Un belge au Congo aujourd’hui”. dans Les Nouvelles du Patrimoine : les architectes Belges au Congo, n°128. p.42 10 GGERICX, Laure. Juillet-août-septembre 2010. “Un belge au Congo aujourd’hui”. p.4243. dans Les Nouvelles du Patrimoine : les architectes Belges au Congo, n°128
leave little doubt that there are other priorities than starting an architectural conservation programme”
71. Document illustrant la position des bâtiments mentionnés dans la carte de Kinshasa
140 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’étude : Brasserie Bralima
L’idée de reconversion de ce bâtiment prendra à nouveau de l’importance et une étude en fonction, non seulement, des besoins de la population, mais aussi de la volonté des dirigeants congolais et les dirigeants de la firme Bralima devraient être faits. Le jour où les usines seront déplacées, un nouveau plan d’aménagement devra être dressé et pourrait alors permettre un meilleur scénario pour ce bâtiment. Néanmoins le scénario de la reconversion de ce bâtiment en musée d’art contemporain semble être le plus intéressant, car à Kinshasa, actuellement, aucun musée de ce type n’existe.
72. Photographie prise du site www.jimlepariser.fr
73. Image prise du site de ALICE LAB (http://www.alicelab.be/photomodeling/ le__Wiels__d_Adrien_Blomme/269/)
La reconversion d’un bâtiment en musée d’art contemporain n’est pas chose nouvelle. En Europe, mais aussi dans d’autres continents / pays, cette pratique est faite depuis quelques années. Dans le cas de Bruxelles, un exemple très proche (du point de vue de l’affectation originale) est celui de l’ancienne Brasserie Wiels. Cette brasserie est à nos jours un centre d’art contemporain (proposition faite par la Région et les travaux de restauration et réhabilitation faits par Art & Build), mais plus important que celà, il s’agit de “un des rares témoins de l’architecture industrielle moderniste à Bruxelles”11. Cette brasserie possède d’ailleurs une aussi bonne histoire, mais malgré cela pendant environ 15 ans elle ne cessait de se dégrader (un grand nombre de cuves ont été détruites pendant ce temps de non-utilisation). Aujourd’hui le centre d’art contemporain, est bel et bien actif et en sécurité non seulement du point de vue logistique (la région est le nouveau propriétaire et sauvegarde le bâtiment grâce au classement dans le service des Monuments et Sites), mais aussi architectural (sauvegarde de l’authenticité du bâtiment). La salle des cuves est actuellement aménagée avec, l’accueil, un café, une librairie, un laboratoire audiovisuel, et au sous-sol avec un cinéma/auditorium. Malgré le fait que la reconversion en musée d’art contemporain semble être une bonne solution, d’autres scénarios développés précédemment auraient autant plus de chance, d’être une réussite pour ce bâtiment (exemple de ceci seraient la rénovation du bâtiment et la transformation en musée de bière, mais aussi la reconversion de ce bâtiment en immeuble de bureaux appartenant ou pas à la firme Bralima). De nombreux scénarios sont possibles pour ce bâtiment alors sa démolition ne devrait pas faire partie des choix.
11 10-2013
WIELS. Bâtiment. <http://www.wiels.org/fr/21/Bâtiment>. dernière consultation : 09-
142 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’étude : Brasserie Bralima
Atouts
Faiblesses - Utilisation sporadique;
brassicole
- Nostalgie dans l’utilisation d’une ancienne brasserie en tant qu’école brassicole;
Bureaux
- Disposition du bâtiment au centre de l’usine;
- Nécessité de reorganiser la brasserie
Ecole
- Salle de brassage en tant que salle d’accueil des visiteurs
Analyse synthétique des scénarios l 143
Analyse synthétique des scénarios Cette analyse veut, par peu de moyens, exprimer un dernier avis général à propos des scénarios. D’après le développement de chaque scénario, certains d’entre eux semblent plus pertinents ou en tout cas plus logiques que d’autres. Ces scénarios sont, selon moi, des étapes par laquelle la réflexion sur le patrimoine architectural doit passer (même le scénario de la démolition) pour, permettre d’un côté la juste sauvegarde du bâtiment (qui dû au contexte historique ou aux caractéristiques architecturales) méritant une place dans la ville et de l’autre côté la muséification excessive d’un grand nombre de bâtiments ne permettant plus ainsi le juste développement de la ville et donc en la condamnant. Les deux scénarios qui semblent, dans mon humble avis, plus logiques et par conséquent plus facilement acceptés par l’administration sont l’école brassicole et la reconversion en bureaux de l’extension produite par Charles Van Nueten. Ces deux propositions ne sont pas sans défauts, car pour une bonne réalisation, des travaux de réorganisation de l’usine seront nécessaires. Malgré les atouts et faiblesses de chaque proposition, la reconversion de l’extension en bureaux semble être la solution la plus intéressante, car elle permettrait non seulement une revision du plan d’expansion souhaitée par la firme, mais cette fois-ci en tenant compte du patrimoine architectural que la firme détient.
Conclusion
Conclusion l 147
Ce mémoire fut consacré à la question de la réaffectation de l’héritage architectural dans l’ancienne colonie belge amenant par la suite à la patrimonialisation, utilisant comme cas d’étude l’extension de la brasserie Bralima construite par Charles Van Nueten. Ce travail a été possible grâce à un certain nombre de documents d’archives, magazines, livres, etc. que l’architecte avait laissés à La Cambre lors de son passage en tant qu’enseignant, grâce à des livres sur Kinshasa, et l’héritage architectural en Afrique, mais surtout grâce à l’ingénieur Joseph Froidcoeur qui m’a ouvert les portes de son bureau à Kinshasa et ma éclairé sur la situation actuelle de la firme Bralima. Cette brasserie fut construite au moment où la stabilité économique augmentait au Congo belge. Ce travail résume et donne des pistes à propos du passé, présent et futur de la brasserie. La question de la réaffectation de l’héritage architectural dans l’ancienne colonie belge nécessite avant tout, un travail de compréhension et de mise en contexte de l’époque en plus des caractéristiques architecturales du sujet traité. Suite au contexte historique dans lequel le bâtiment a été construit, une analyse de la situation et de l’état actuel sont nécessaires pour comprendre, entre autre, la nécessité d’une action, mais aussi pour permettre que l’action soit respectueuse envers l’architecture originale et c’est là que la dernière phase du projet commence avec les propositions et scénarios plausibles pour chaque cas. La raison pour laquelle le cas d’étude choisi a été l’extension produite par Charles Van Nueten pour la firme Bralima est, qu’après deux voyages différents, l’extension de la brasserie a continué à se dégrader et la question de la démolition restait toujours du jour, mais aussi le fait que ce bâtiment me plait personnellement. L’enjeu que j’ai voulu travailler est celui de la proposition programmatique qui pourrait avec peu de moyens, non seulement freiner la dégradation de ce bâtiment remarquable, mais plus important, lui trouver une raison être. Toute action a des conséquences et toute proposition, scénario, aussi. L’enjeu était qu’en fonction des besoins ou activités de la firme, trouver une raison qui permettrait à ce bâtiment de ne plus être un élément contraignant au développement souhaité pour la brasserie.
148 l Questionnement sur le patrimoine colonial belge en RDC l Cas d’étude : Brasserie Bralima
En faisant cela, ce bâtiment pourrait alors être sauvegardé et s’approcher de la patrimonialisation. Il ne s’agit donc pas d’apporter ici la réponse vraie et des solutions parfaites, mais de pouvoir ouvrir le regard des responsables, mais surtout des intéressés, sur le sujet, sur la problématique actuellement vécue à Kinshasa et de demontrer qu’à cause d’une méconnaissance de la grande majorité des citoyens belges, mais surtout de la part des architectes, une partie de leur histoire est en danger d’être perdue à jamais. Cette réflexion a été menée de manière impartiale, car je ne suis pas belge, mais voulant montrer que l’idée du patrimoine partagé est encore que l’envie d’une minorité de la société, ceci étant encore un sujet délicat et difficilement appropriable par les congolais, qui ne voient pas ces bâtiments comme les leurs. Néanmoins, des bâtiments tels que la brasserie Bralima ont bien leur place dans cette grande ville même si la situation actuelle (du bâtiment) n’est pas la plus favorable. Il suffit que les responsables y trouvent l’intérêt, et de l’intérêt pour leurs villes. Kinshasa possède une énorme quantité de bâtiments remarquables qui dans n’ont pas d’équivalence en Belgique et peut-être pas ailleurs. Des travaux de coopération, sont selon moi, la meilleure manière de sensibiliser non seulement la population en général, mais surtout les futurs architectes du nord et du sud, belges et congolais, qui dans beaucoup de cas méconnaissent l’architecture de leur ville. Ceci est la meilleure manière d’apprendre à connaitre non seulement un sujet en questions, mais d’apprendre, ce que les étudiants kinois peuvent, aussi nous apporter en retour comme connaissances.
Bibliographie
Bibliographie l 153
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Bibliographie l 157
Autres Documents provenants du bureau ARTER: Atlas de Kinshasa 1975 Etude du Plan de MobilitĂŠ de Kinshasa