L'autorité - doc Scicabulle

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Les 4 dimensions de l'autorité

Avanttout,quandonparled'autorité,ilimportedeseposerlaquestiondesreprésentationsmentales qu'on peut avoir en lien avec mot, pour éviter de rester piégé par une interprétation partielle. Autorité ne veut pas dire violence, ne veut pas dire autoritarisme, ne veut pas dire nécessairement hiérarchie,soumission,etc.Pourquoia-t-onpeurdecemotetdesidéesqu'onpeutyassocier ?Estce notamment parce qu'on a de mauvais souvenirs de situations où des personnes avaient autorité surnousetimposaient,agressaient,soumettaient?Etqu'onneveutpasreproduirecela?Enpartie, pourcertainespersonnes,oui.Onpeutjeterlaviolence,laverticalité,lesconditionnements,touten gardantl'autorité.

Etpourquoigarderl'autorité,voirelaréhabiliter?Enpremierlieu,parcequesionaccepted'assurer, d'assumer, une fonction comme parent, prof, animateur.trice, médiateur.trice, et bien d'autre, on accepte l'autorité qui va avec. Si je suis animateur.trice avec des enfants, j'accepte d'être l'adulte, j'accepte d'être l'animateur.trice, j'accepte l'autorité qui va avec. Je l'accepte, et je construits une posture éducative, une posture professionnelle, qui me convient, en accord avec mes valeurs, en composition avec mon expérience et mes compétences. Je travaille sur moi pour mettre en œuvre une relation de qualité avec les personnes avec qui j'interagis! Le dictionnaire, pour définir l'autorité, parle souvent de pouvoir, je préfère parler de capacité. L'autorité n'est pas le pouvoir d'imposerquelquechoseàquelqu'un,l'autoritéestlacapacitédecontribueràmettreenactionet/ou enréflexionquelqu'un,deconstruireaveclui.elle.

L'autorité se construit donc dans une relation interpersonnelle, et pour qu'elle soit légitime, confortable,qu'ilyaitconsentementsurcequ'elleimplique,enpleineconscience(enselibérantdes oppressionsetconditionnementsetenétantpleinementàl'écoutedesoimêmeetdesautres)pourla personne qui a cette autorité et pour les personnes qui reconnaissent sa légitimité, il peut être intéressant de s'interroger sur sa posture, sur sa communication verbale et non verbale, sur ses intentions, et de s'adapter. L'autorité se travaille donc, en notamment en travaillant sa communication, en interrogeant (voire en remettant en question) ses intentions, en agissant sur le contexte,brefenétantpleinementacteurdesinteractionsavecsonenvironnement.

On peut distinguer 4 dimensions pour l'autorité: l'autorité affective, l'autorité charismatique, l'autoritédefonctionetl'autoritédecompétence.Pourchacune,untableaupermettrad'expliqueren quelques mots de quoi il s'agit, comment on peut s'appuyer dessus, les intérêts que cela peut avoir pour construire une relation de qualité, en pleine conscience et dans le consentement mutuel, et les limitesetrisquesquecelapeutcomporter.Lerisque,souvent,c'estdeglisserversl'autoritarisme.Si l'autorité permet, libère, l'autoritarisme impose, oppresse. Chacun.e construit, à sa manière, son autorité, en s'appuyant plus ou moins sur les 4. Incarner une seule des dimensions est souvent inconfortableetnondurable,etc'estbienl'autoritédecompétencequiestladimensionlaplusforte, lapluslégitime,etlaplusdurablepourconstruireunerelationinterpersonnelledequalité.

L'autorité affective

C'est quoi ? Comment on fait ? Les intérêts Les limites et les

risques

C'est mettre en jeu l'affectif dans une relation, c'est laisser une place aux sensations, aux émotions. Dans le cadre d'une relation, c'est jouer sur le côté amical, sur la séduction. On peut être amical, sympa, sans pour autant être un ami!

Montrer de l'intérêt pour la personne et pas uniquement pour sa fonction, mobiliser les temps informels, chercher des points communs (vécu, intérêts…), construire une histoire commune. Construire et s'appuyer surlesaffinités.

C'est le côté «humain» de la relation, si important dans l'interpersonnel. Cela permet d'avoir, une fois des bases relationnelles posées, un à-priori positif lorsqu'on discute et travaille avec une autre personne, en évitant certaines suspicions, interprétations. Cela permet de fluidifier la relation!

Le chantage affectif (par exemple «tu m'aimes bien, donc fait ce que je dis car sinon je vais perdre mon travail et ça te rendrait triste»). Plus généralement, la perte d'esprit critique de ses interlocuteurs en raison d'une certaine forme de manipulation.

L'autorité charismatique

C'est quoi ? Comment on fait ? Les intérêts Les limites et les risques

C'est faire en sorte de laisser une impression chez l'autre qui correspond à l'intention qu'on a (respect, confiance, voire puissance, supériorité…) grâce à sa présence et à sa communication verbale et non verbale. Par sa manière de parler, de bouger, par ses attitudes, s'appuyer sur l'autorité charismatique permet d'être pleinement présent dans la relation interpersonnelle.

Utiliser son corps et sa voix de manière adaptée à la relation (choisir un niveau de langage verbal et non verbal approprié par exemple). Jouer avec la symbolique, s'appuyer surlescodescommuns.

Le langage verbal et non verbal, les attitudes, cela se travaille, chacun.e peut développer son charisme s'il.elle le souhaite!

Avoir du charisme permet dès le démarrage d'être pleinement présent dans la relation aux yeux de l'autre. S'appuyer sur un verbal et un non-verbal qui sertlediscours,quimet àl'aisephysiquementet intellectuellement, qui met en confiance, qui encourage l'autre à exister pleinement, cela facilite l'interaction.

L'idée est d'exister pleinement et équitablement dans la relation en s'appuyant sursoncharisme!

Être grand, parler fort, et/ou correspondre aux normes sociales de beauté, dans notre société où la compétition est souvent plus valorisée que la coopération, ce sont souvent des privilèges. En s'appuyant trop sur soncharisme, on utilise ses privilèges et/ou sa facilité communicationnelle pourprendrelepouvoir dans une relation, et donc maintenir ou installer un conditionnement. Faire peur (ou impressionner autrement), ça peut permettre d'obtenir l'obéissance à court terme, mais cela ne permet pas de construire une relation dequalité...

• L'autorité de fonction (aussi appelée autorité hiérarchique)

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C'est s'appuyer sur sa fonction (parent, médiateur.trice, enseignant.e, etc.) pour légitimer sa parole et sesactes.

Expliciter sa fonction et ce qu'elle implique: visuellement avec des codes vestimentaires par exemple, et/ou en l'expliquant, en interrogeant les personnes avec qui on interagitsurcequecela signifie pour eux.elles, etc.

S'appuyer sur la légitimité de l'institution à laquelle se rattache la fonction, et/ou sur la reconnaissance sociale de la fonction. S'appuyer sur la loi, et/ou sur l'implicite de lafonction.

Si l'institution à laquelle se rattache la fonction (ou l'imaginaire autour de la fonction) n'est pas exempte de violence institutionnelle, de violences symboliques, s'appuyer sur la fonctionpeutengendrer une certaine forme d'oppression.

L'autorité de compétences

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C'est s'appuyer sur les compétences qui justifient son statut, sa fonction et/ou son rôle, et les mettre en œuvre pour être moteur dans la relation interpersonnelle, pour mettre en action et/ou en réflexion les personnes avec qui on interagit.

Développer ses compétences, sa confiance en ses compétences, son sentiment de capacité, son expérience de mise en œuvre de ces compétences, sa capacité à différencier sa pratique selon le contexte,lepublic…Et s'épanouir dans sa fonction!

Les personnes avec qui on interagit n'ont pas besoinqu'onsoitgrand, beau, qu'on soit un copain ou une copine, qu'on en impose par notreuniformeounotre fonction.Lespersonnes avec qui on interagit ontbesoinquelaraison de cette interaction soit légitime, et donc qu'on soit capable de contribuer à les mettre en action et/ou en réflexion.

Un risque pourrait être d'écraser l'autre par la supériorité de ses savoirs, de ne pas se rendreaccessible,dene pas faire œuvre de pédagogie.

Comme on le disait plus haut, chacun.e est différent et construit son autorité en fonction de son vécu, de ses compétences (psychosciales notamment), de ses intentions, du contexte, etc. Chacun.e va plus ou moins investir les différentes dimensions à différents moments de sa pratique. Incarner pleinement et seulement l'autorité affective, charismatique ou de fonction est forcément une forme d'autoritarisme, d'illusion. Investir l'autorité de compétence est indispensable, sinon la raison d'être del'interactiondisparaît.

Un exemple: si vous partez faire du saut à l'élastique pour la toute première fois, et que l'éducateur.trice sportif.ve n'a pas beaucoup de charisme, n'est pas très doué.e pour nouer des liens amicauxetnevousparlepasdesesdiplômesetdesafonction,maisvousmontresescompétencesà vous faire pratiquer en toute sécurité, vous sauterez peut-être. Si la même personne a un charisme fantastique, est à vos yeux super sympa et vous a rappelé 8 fois qu'elle est diplômée pour faire ce travail,mais setrompe dans levocabulaire technique,dans les nœuds d'attache,sefait aider parun

promeneur du dimanche pourvous équiper, sauterez-vous? Quelle est, dans cette situation précise, la dimension la plus importante? Et bien sûr, une personne compétence, avec un charisme facilitant, amicale et qui vous parle de son statut, de sa fonction, aura certainement pour vous faire pratiquercesportencoreplusd'autorité...

Pourallerplusloin

• sur le consentement: on parle de consentement juridique, de consentement sexuel, il n'est pas facile de trouver une définition généraliste un peu complète sur internet, si ce n'est une définition succincte du dictionnaire : «Action de donner son accord à une action, à un projet». Encore faut-il se questionner si cet accord est vraiment éclairé! C'est à dire si les personnes sont pleinement conscientes de ce que ça implique et étaient en capacité de dire oui ou non sans contraintes... Les ressources de l'association «L'Université du Nous» peuvent vous permettre de découvrir la gestion par consentement: http://universite-dunous.org/a-propos-udn/ses-outils/

• sur la pleine conscience: wikipédia peut permettre une première approche accessible https://fr.wikipedia.org/wiki/Pleine_conscience.ALyon,lesateliersressourcespeuventvous proposerd'allerplusloindansladécouverte: http://www.ateliers-ressources.com

• sur la posture éducative et l'autorité (orienté éducation de l'enfant): https://www.secondsouffle.me/2018/08/la-posture-educative/

• sur la communication verbale et non verbale: document de Scicabulle «la communication verbaleetnonverbale»

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