Les cristaux de conscience

À l'intérieur de la pièce, il y avait une bonbonne de butane afin d’alimenter le fourneau à gaz et au-dessus de la plate-forme où je dormais, une lanterne au kérosène était suspendue à la poutre. Cette lanterne n'avait jamais été allumée, car il n’y avait plus de kérosène et je n’avais pas les moyens de m’en procurer, d’ailleurs je n’aurais pas su où en trouver. Je marchais le long de la terrasse en compagnie de mon chien Barley. Lorsque je suis arrivé près du porche de la maison, j’ai commencé à ressentir un malaise. Je ne sais pas pourquoi, mais… je sentais mon estomac se nouer. J’ai franchi le porche et j’ai réalisé qu’une lumière filtrait sous la porte. C'est une porte ancienne, comme on en trouve à Ibiza. Pour l’ouvrir, il fallait une grosse clé en fer. Il n’existait qu’une seule clef. Il était impossible de forcer cette serrure, ce n’était pas le genre de porte qu’on pouvait défoncer. Mais il n’y avait pas que la lumière, pour me troubler. De temps à autre, j'allumais une bougie, mais la plupart du temps c’était l’obscurité. Je suis un Bélier. Il est facile pour moi, d'aller dormir à 17 heures et de me lever à quatre heures le matin… Je me tenais devant la porte et Barley était derrière moi alors que normalement il me précédait. À ce moment j’étais très conscient du fait que Barley faisait preuve d’un désintérêt total. Il ne bougeait pas. J'ai crié: « Qui est là? » La ruine était bâtie sur une colline. Un versant descend dans la vallée, alors qu’on observe une chaîne collines de l’autre côté. Dans l'obscurité, je me tenais devant la porte où filtrait de la lumière, j'entendais l’écho de ma propre voix dans la vallée demandant « Qui est là? »

Pendant que j'approchais de la porte, j’ai pensé qu’il pouvait s’agir du poète anglais qui m'avait autorisé à vivre dans la maison en ruine, il avait peut-être une autre clef, il était peut-être de retour. Je me suis encore rapproché de la porte et j'ai crié. J'ai seulement entendu l’écho de ma voix. J'ai sorti la clef magique de ma poche. Je me rappelle avoir mis la clef dans le trou de la serrure, de l’avoir tournée, j’ai ouvert la porte et je suis entré. … dès que j'ai fait franchi le seuil… J'ai vu la lanterne au-dessus de mon lit. Elle était allumée et elle tournait sur elle-même dans le sens des aiguilles d'une montre au dessus de mon lit. Au même moment, ou je prenais conscience de la lanterne qui tournait sur elle-même, Barley venait tout juste de franchir le seuil. Il s’est écroulé comme si quelqu'un l'avait abattu. Cet instant marque le début d’une expérience difficile à décrire. J’ai eu l’impression que mon corps éclatait. Je ressentais une pression dans ma tête. Au même moment, j’ai entendu ceci… La manière d’éprouver les choses résulte du conditionnement, de l’histoire et de la culture à laquelle nous appartenons. Auparavant, j’avais été un homme très arrogant, je rabaissais l'intelligence des autres. Je ne respectais aucune autorité. Personne ne pouvait m’imposer sa volonté ou ses pensées. Je n'avais jamais subi d’humiliation dans ma vie. Mais soudainement, j’ai entendu cette voix masculine, dure, froide et sombre. Cette voix avait quelque chose d’effrayant. L'intelligence transparaissait dans cette voix, elle m’a demandé : « Es-tu prêt à travailler? » j’ai eu l’impression que mon corps éclatait. J’avais l’impression que toute l'eau contenue dans mon corps s’évaporait. Je sentais l’eau ruisseler, elle descendait du sommet de mon crâne. Je me tenais au beau milieu d’une flaque d’eau qui s’était accumulée à mes pieds. J'étais comme quelqu’un

qui vient de courir 25 kilomètres et qui est totalement déshydraté. Lorsque toute l'eau fut sortie de mon corps, j’ai senti tous mes muscles se contracter. Il m’est difficile de décrire l'intensité de la douleur, car la perception de la douleur est subjective. J'ai habituellement une grande tolérance à la douleur.

De toute ma vie, je n’ai jamais ressenti quelque chose d’aussi douloureux. J’ai eu l’impression d’être violé. Mon corps a été violé. La douleur était atroce. Tout cela s'est produit très rapidement. Je percevais tout : le chien, la lumière, la voix, l'eau. J'ai même pensé que j'étais sur le point de mourir. Cela me paraissait inévitable. J’avais l’impression d’éclater en morceaux.

Puis quelque chose de très étrange s’est produit. Une sensation est apparue. Elle a commencé dans ma hanche droite. Je connais bien l'endroit, car j’ai déjà reçu un massage et lorsque la personne qui m’a donné le massage est parvenue à cet endroit, elle a dit : « cette zone est très sensible. » C’était très étrange. C’est à partir de cet endroit qu’est apparue une espèce d’enveloppe d’énergie, un genre de costume. C’est comme lorsqu’on a l’impression, que le pied ou la main va s’endormir. On commence par ressentir un fourmillement, un picotement et on finit par ne plus rien ressentir. Il s’agit d’un engourdissement progressif. C'est la description que je peux faire de cette sensation. Le tout a débuté dans ma hanche droite pour se répandre vers le haut en même temps que vers le bas. La douleur n’est pas disparue pour autant. Cependant, quelque chose s’est produit. Je ne sais pas ce que c’est. Pendant huit jours, j'ai vécu avec cette gaine d'énergie autour de mon corps. À cause d’elle, il était difficile de suivre les instructions de la voix. J’avais du mal à tenir un stylo. C'était presque impossible. Le premier jour, je ne crois pas y être parvenu, car je ne pouvais pas sentir le stylo dans ma main, hormis le fait que c'était douloureux. Le seul moment où la douleur disparaissait, c’était lorsque la voix me parlait. C'était très étrange. Dès que cette chose me parlait, la douleur s’en allait et j’avais la sensation de flotter dans un état second. Je n'ai jamais vécu quelque chose d’aussi bouleversant, je me sentais minuscule, pas plus gros qu’une fourmi, je me sentais absolument insignifiant.

Il est important d'éviter l'anthropomorphisation d'une telle expérience. Je sais de quoi il s’agissait. J’étais en contact avec un amas de cristaux de design. Il provenait du noyau de la Terre et il était dans la caverne située sous la maison en ruine. Je ne suis pas responsable de la naissance du système du design humain. Il existe parce que la planète entière a été bombardée pendant huit jours par ce flot d’information. On a tous été touchés par cette émission de neutrinos qui s’est déversée dans cet amas de cristaux. En réalité l'énergie que j'ai absorbée était une énergie yin, une énergie matérielle. C'est l’expérience que j’ai vécue. Physiquement, cette expérience fut quelque chose d’incroyablement violent. Mon design m’a permis d’encaisser le choc. La seule chose qui m'étonne encore, c’est d’avoir survécu et de pouvoir vous raconter cette histoire. Ra Uru Hu