Mag BUSINESS AFRICA oct. 17

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Le Magazine des acteurs économiques engagés pour l’Afrique - N° 152 - Octobre 2017 - Mensuel

AGRO-BUSINESS ZOOM SUR LE FONDS MORINGA

PORTRAIT EVELYNE TALL-DAOUDA EX DGA DU GROUPE ECOBANK

INTERVIEW BIRAMA B. SIDIBE EX V.P DE LA B.I.D CEO INTERFACE

DIGITAL EN AFRIQUE L’ANALYSE DE JEAN MICHEL HUET ASSOCIÉ EN CHARGE DE L’INTERNATIONAL A BEARING POINT

“Nous prévoyons d'investir 165 millions de dollars en Afrique de l’Ouest”

M o s s a d e c k B A L LY

Président GROUPE AZALAI



EDITORIAL

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Le modèle d’industrialisation basé sur la substitution

des importations est-il dépassé ?

D

e nombreuses voix s’élèvent aujourd’hui pour fustiger le modèle d’industrialisation basé sur la substitution des importations. Elles estiment que ce modèle est dépassé et ne peut catalyser le développement et la transformation structurelle de l’Afrique. Le débat mérite d’être posé. Le fondement de l’industrialisation dans ce siècle est plus dans l’innovation et la flexibilité que toute autre chose. Il est aujourd’hui démontré que la valeur des brevets et de la propriété intellectuelle est de loin plus importante que les produits. Des systèmes de financement complexes et innovants, des accords financiers et d’entreprise, les normes internationales et les mécanismes de règlement

Abba Singoro TOURE Directeur de la Publication des litiges ont tous contribué à un monde où le protectionnisme rude ne fonctionne plus. L’Afrique doit s’adapter et adopter un « protectionnisme intelli-

gent » c'est-à-dire la capacité à profiter des règles et à déjouer le système afin d’attirer des investissements, des capitaux et des marchés. Quant à l’orientation des politiques industrielles, les autorités en charge de ce secteur doivent faire preuve d’imagination et mieux valoriser leurs avantages comparatifs. Quelques pays africains sont toujours aux prises des instruments de politique économique vétustes qui dépendent énormément de l’orientation administrative au lieu de privilégier la modification des processus à travers des instruments tels que l’imposition, les subventions et les dépenses publiques pour corriger les déséquilibres du marché.


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Clément CHENOST Co-fondateur du Fonds MORINGA « La vision du Fonds Moringa est de créer des bénéfices économiques pour les investisseurs et les communautés locales tout en insistant sur les aspects sociaux et environnementaux des projets.» L'agroforesterie est aujourd'hui unanimement reconnue comme une réponse à la demande grandissante de produits issus de l'agriculture et de la forêt et aux questions relatives au réchauffement climatique. Un fonds d'investissement est désormais dédié à ce secteur : Le fonds Moringa. BUSINESS AFRICA a interviewé Clément CHENOST, son initiateur et dirigeant. Normalien, ingénieur des eaux et forêts, Clément CHENOST a d'abord travaillé à l'Office National des Forêts Français (ONF) notamment sa branche internationale. Ensuite il intègre le cabinet Ernst and Young au sein du département développement durable. Il revient en 2009 à l'ONF mais cette fois ci comme directeur du développement de l'International. C'est alors qu'il eut l'idée de la création du Fonds Moringa. Après trois années de levée de fonds, le projet voit finalement le jour en août 2013, avec le soutien financier de la banque Edmond de Rothschild. Pouvez-vous nous faire une brève présentation du Fonds Moringa ? Doté d'un montant de 84 millions d'euros, le Fonds Moringa est un fonds de private equity mais d'impact. C'est à dire qu'il y'a bien sûr la recherche d'un retour sur investissement mais également des impacts environnementaux et sociaux. Le Fonds Moringa investit dans des projets agro forestiers rentables notamment en Amérique Latine et en Afrique Sub-Saharienne. La vision du Fonds

Moringa est de créer des bénéfices économiques pour les investisseurs et les communautés locales tout en insistant sur les aspects sociaux et environnementaux des projets. Aujourd'hui, on est en phase de déploiement c'est à dire qu'on investit dans des sociétés. Notre objectif est de parvenir à une dizaine d'investissements entre 5 et 10 millions d'euros chacun. Comment votre portefeuille est-il constitué de la création du fonds à ce jour ? Notre premier investissement était au Nicaragua, dans une entreprise de café et de bois de très haute qualité. Ensuite ce fut au Belize dans le lait de coco et le citron vert. Le 3ème investissement était au Bénin dans une industrie de transformation de noix de cajou. Le 4ème investissement a été fait au Kenya dans le gingembre et le bois. Enfin, nous venons d'investir dans une entreprise brésilienne de cœur de palmier biologique.

Quel est le ticket d'entrée ? Le niveau moyen se situe entre 3 et 5 millions d'euros. En fait nous investissons dans des entreprises qui ont déjà une activité et nous apportons des capitaux pour les faire passer à une autre échelle. Ce n'est pas du « venture capital » mais plutôt du capital développement. Nous pouvons aller jusqu'à 10 millions d'euros d'investissement dans une entreprise. C'est de l'equity de long terme. Le fonds à une durée de vie de 12 ans et les investissements sont par période de 7 à 8 ans. On est le premier fonds au monde sur l'agroforesterie. Que vous apporte le partenariat avec la banque d'affaires Edmond de Rothschild ? Le partenariat financier avec la banque Edmond de Rothschild nous donne énormément de crédibilité auprès de la communauté des investisseurs. Il faut noter que la banque Edmond de Rothschild est très active en Afrique. Par ailleurs Ariane de Rothschild qui gère la banque est née en République démocratique du Congo, il y a donc des liens personnels assez forts.


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Clément CHENOST Co-fondateur du Fonds MORINGA

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PARCOURS

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Evelyne TALL-DAOUDA Parcours d’une banquière chevronnée C’est une pionnière. Evelyne Tall-Daouda figure parmi les rares femmes africaines à avoir su imposer sa marque dans l’establishment banquier. BUSINESS AFRICA a voulu rendre hommage à son audace et son parcours exemplaire. L’ancienne Directrice Générale adjointe du Groupe ECOBANK, n’était pas seulement l’une des banquières les plus puissantes du continent, elle fut également, malgré son profil atypique, un manager efficace et intègre. Parcours Sa décision de quitter Ecobank en jan-

de promotion des femmes dans la ban-

banquière chevronnée.

vier dernier fit l’effet d’une bombe, aussi

que en raison des charges de travail

A Dakar, elle dirige la filiale locale,

bien à l’intérieur de l’institution qu’au

incompressibles, elle se montre toute-

confrontée alors à une concurrence

délà, tant son histoire professionnelle

fois favorable à une politique volonta-

acharnée. Elle relèvera le défi à coup

se marie avec celle de la banque pana-

riste du type discrimination positive.

d’audace et d’innovation et arrivera à hisser, en cinq ans, l’établissement

fricaine. En effet, depuis près de 20 ans, cette

Après des études de Lettres, Evelyne

financier parmi les plus prospères du

sénégalaise de nationalité mais afri-

Tall débute sa carrière professionnelle

Sénégal.

caine de coeur, a été associée à tous

par un stage à la Banque centrale des

Comme pour récompenser cette perfor-

les grandes étapes du développement

états de l Afrique de l Ouest (BCEAO),

mance et pouvoir essaimer la méthode

d’Ecobank. Elle a été également l’une

à Dakar. A l’issue duquel elle est recru-

sous d’autres cieux, Evelyne Tall sera

des rares africaines à siéger au “mana-

tée

par la filiale sénégalaise de

propulsée à la tête de l”ensemble des

gement comitee” d’une banque à

Citibank, elle y restera dix-huit ans.

filiales de la zone de UEMOA (huit

dimension internationale.

Cette experience très enrichissante, lui

pays) avant de se voir confier la res-

met le pied à l’étrier. La jeune ban-

ponsbilité

La recette de la réussite ? Être obsti-

quière apprend vite les rudiments du

Groupe bancaire, en Afrique centrale et

du

développement

du

née, professionnelle, avoir la passion

métier de la finance.

australe.

de ce que l’on fait, et ne pas se poser

En 1998, Ecobank la recrute comme

Nommée directrice générale adjointe

trop de questions ,

directrice générale adjointe de sa filiale

en 2011, elle veillera principalement à

Pour elle, les femmes ont une carte à

malienne qui venait alors d’ouvrir.

assurer les relations avec les régula-

jouer : leur sensibilité, leur sens de l’or-

Elle aurait attendu seulement une

teurs.

ganisation et des priorités sont des

année pour que le Conseil d’adminis-

Admise à une retraite anticipée depuis

atouts précieux. Elles sont aussi géné-

tration de la banque la nomme au poste

janvier 2017, la banquière souhaite

ralement plus flexibles et ont un ego

de directrice générale.

désormais prendre un peu de temps

plus maîtrisé que les hommes.

Après trois années passées au Mali,

pour elle même et pour ses proches.

Si elle ne considère pas l’aménage-

Evelyne Tall rejoint son pays natal le

Bon vent Madame la banquière !

ment du temps comme un outil efficace

Sénégal, auréolée d’une réputation de


PARCOURS

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E v e l y n e TA L L - D A O U D A

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INTERVIEW

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Birama Boubacar SIDIBE

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INTERVIEW

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“ Le secteur privé doit être le cheval de trait du développement économique”

Birama Boubacar SIDIBE Ancien Vice-Président de la B.I.D CEO du Cabinet de Conseil INTERFACE Ingénieur de formation, issu des Grandes Ecoles Françaises, Birama B. SIDIBE a près de 35 années d'expérience dans les métiers du développement en Afrique, dans les Pays du Golfe, en Europe Centrale, en Asie du Sud Est et en Amérique Latine. Il estime avoir eu la chance et le privilège d'avoir exercé ce métier à pratiquement tous les échelons de la hiérarchie des Banques Multilatérales de développement, et avoir aussi bien couvert le secteur Privé que le Secteur Public. M. SIDIBE a succesivement l'Organisation de Mise En Valeur du Fleuve Sénégal (OMVS), La Banque Africaine de Développement (BAD), Shelter Afrique (SHAF), et la Banque Islamique de Développement (BID). Quelles expériences tirez-vous de

conduite des affaires publiques sans

autant responsable que le bénéficiaire

votre

compromis aucun, la recherche de la

des succès et des échecs du projet.

parcours plutôt élogieux et

exceptionnel ?

performance et la célébration de l'innovation.

Vous aviez candidaté pour le poste

Je tire de la diversité des situations que

Pour les seconds, financer en priorité

de Président de la BAD, pourquoi

j'ai rencontrées, la conviction forte que

les déficits de compétence et le renfor-

selon vous, votre dossier n'a pas été

le développement harmonieux des

cement des capacités pour atténuer et

retenu ? et quelles leçons cette

Nations est une question complexe,

mieux partager les risques du dévelop-

aventure vous a appris ?

plutôt mieux appréhendée sur la durée,

pement.

doublement exigeant autant pour les

Qui plus est et au-delà de la rhétorique

Si le choix des premiers responsables

récipiendaires de l'aide au développe-

habituelle, adapter leur modèle d'affai-

des

ment que pour les pourvoyeurs de ce

res pour mieux servir l'exigence de par-

Développement

financement.

ticipation majoritaire du secteur privé

“Chasseurs de Tête” comme cela se

Les exigences pour les premiers sont

dans le financement du développe-

fait couramment dans le secteur privé,

une vision solide sur le long terme, le

ment. Finalement comprendre que le

à la BAD comme ailleurs, les résultats

sens du devoir de responsabilité et le

développement est comme une danse

auraient été certainement différents.

respect des engagements dans la

à deux, c'est-à-dire que le financier est

Institutions

Financières était

donné

de aux


L’INTERVIEW INTERVIEW

In fine et comme pour toutes les Institutions Internationales, il se trouve que le choix du Président de la BAD est basé sur des votes d'actionnaires au poids relatif différent, bien souvent plus soucieux des alliances régionales, linguistiques, politiques, économiques, commerciales et stratégiques que de la grille de lecture qui peut être celle d'un chasseur de tête. Nonobstant cette réalité, aucun des huit candidats à ce poste prestigieux n'a démérité. De mon point de vue toute ambition personnelle si grande soit elle, de diriger une Institution aussi prestigieuse et à l'importance aussi critique pour notre continent, se doit de passer au second plan par rapport au dévouement à la cause du développement de l'Afrique. Honnêtement et sans rancune aucune, je souhaite le succès et le progrès continue de la BAD sous la Direction du Président élu ADESINA avec qui j'ai lié complicité et amitié durant les élections de 2015. Vous êtes aujourd'hui dans le secteur privé, quelles sont précisément vos activités et pourquoi ce choix ? Je suis au nombre de ceux qui considèrent que le développement économique de l'Afrique ne pourra se faire qu'avec le secteur Privé. C'est un des échecs des Institutions Financières de ne l'avoir pas compris suffisamment tôt. L'apparition tardive et relativement récente de ce thème dans le dialogue des politiques publiques

BUSINESS MAGAZINE AFRICA BUSINESS AFRICA

en tant que levier de développement, en est la preuve. J'ai décidé de consacrer mon temps et mes efforts au développement d'un secteur privé Africain conquérant, en aidant à la structuration des projets d'investissement de façon à attirer de la dette et du capital vers le Continent. Connaissant bien d'expérience le mécanisme de fonctionnement des pourvoyeurs de dette et de capital, Institutionnels et fonds d'investissement, la perception et les limites de leur appétit pour les risques, j'ai pensé que l'assistance à la structuration des projets d'investissement était un préalable à l'émergence de sponsors africains promoteurs de grands projets d'infrastructure dont le Continent a tant besoin. De cette conviction est né le Cabinet Conseil “INTERFACE”, il y a un environ un an. INTERFACE a déjà conseillé les sponsors du projet IPP Albatros Energie Mali et a aidé à mobiliser le financement requis ce qui en fait l'un des premiers projets initié et conduit avec des sponsors Africains. J'espère très sincèrement la réussite de ce projet dont les travaux ont commencé depuis 3 mois. Ce succès inaugurera sans aucun doute une nouvelle ère où le sponsorhip local ne sera plus assimilé à un manque d'expérience, synonyme de facteur aggravant de risque pour les prêteurs. L'Afrique, dit-on, regorge d'énormes potentialités mais demeure encore le continent le plus pau-

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vre, comment selon vous les états peuvent-ils transformer ces potentialités en relais de croissance ? Il y’a quatre axes à explorer. Premièrement, une gestion vertueuse de l'économie et des affaires publiques, servie par une administration performante et à la capacité renforcée, est le premier levier à actionner. S'il restait un seul dollar pour le développement, je l'affecterai à ce levier. Ensuite, un partenariat gagnantgagnant avec le secteur privé impliquant un changement de paradigme dans les relations entre les deux secteurs. L'objectif ultime est que le secteur privé soit le cheval de trait du développement économique, sources d'investissement dont l'économie a tant besoin et pourvoyeur majoritaire d'emplois. Le secteur public tracerait les sillons d'un tel développement et en huilerait les rouages. Par ailleurs, en termes de politique publique, une attention particulière devra être accordée à l'exploitation des chaînes de valeur et à la transformation dans les cas où l'agriculture représente le premier gisement de croissance de l'économie, ce qui est le cas de la plupart des Pays Africains. Enfin, le développement du secteur de services et des niches offertes par l'innovation est une autre priorité que j'intégrerai dans le premier train des relais de croissance. Si tout ceci est fait en priorité, le reste suivra. Propos recueillis par A.C. DIALLO


FINTECH

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Le Groupe Attijariwafa bank s’allie à la Sumitomo Corporation pour des opérations d’envergure en Afrique. Le groupe Attijariwafa bank et la Sumitomo Corporation Europe Limited, une branche directe du conglomérat Japonais Sumitomo Corporation, ont procédé à la signature d’un mémorandum d’entente par lequel les deux parties s’accordent à développer un partenariat à long terme pour des opérations d’envergure en Afrique.

L

’accord a été signé par M. Boubker JAI, Directeur Général du groupe Attijariwafa bank et M. Bin HAGA, CEO de Sumitomo Corporation Europe Limited. Le mémorandum a pour objectif de promouvoir en Afrique, la coopération entre les deux groupes dans les secteurs de l’Automobile, les projets d’infrastructure, l’industrie de la chimie, les mines et l’agriculture. Un partenariat win-win « Nous sommes heureux de la signature de ce mémorandum d’entente avec Sumitomo Corporation Europe Limited, branche directe de la Sumitomo Corporation car c’est une opportunité offerte à nos deux groupes pour agir de concert en Afrique. Ce Partenariat ouvre des perspectives prometteuses pour la Sumitomo Corporation pour le développement de ses investissements et ses flux commerciaux avec le concours de notre Groupe » a déclaré M. Boubker JAI, Directeur Général du groupe Attijariwafa bank. De son côté, M. Mototsugu Ikari, Directeur Général en charge du Business Development au sein de

Sumitomo Corporation Europe Limited, a affirmé : « Nous avons décidé de signer cet accord avec Attijariwafa bank en vue d’accompagner notre présence & nos opérations au niveau du continent et aussi pour avoir accès au réseau et à l’expertise du groupe Attijariwafa bank qui est aujourd’hui un groupe financier Africain intégré, capable de supporter notre nouvelle stratégie régionale dans les pays où le Groupe est déjà implanté ». Deux entreprises de référence Enfin, il est à signaler que le groupe Sumitomo Corporation est déjà présent au Maroc et dans d’autres pays en Afrique, à travers plusieurs filiales. Il est est un leader mondial avec des investissements & une force de frappe commerciale lui permettant de figurer dans le classement « Fortune 500 » Au Maroc, le conglomérat japonais opère aussi des échanges très importants avec des distributeurs locaux de marques Japonaises. Attijariwafa bank est le premier groupe bancaire et financier au Maghreb et de l’UEMOA et un acteur de référence de la CEMAC. En plus de l’activité bancaire, le Groupe opère, à travers des

filiales spécialisées, dans les métiers financiers : assurance, crédit immobilier, crédit à la consommation, leasing, gestion d’actifs, intermédiation boursière, private banking, conseil, location longue durée, factoring, etc. Près de 8,4 millions de clients Le Groupe emploie plus de 17 696 collaborateurs et gère un portefeuille de près de 8,4 millions de clients. Il dispose du réseau de distribution le plus large au Maroc et le plus dense en Afrique avec 3 972 agences. Attijariwafa bank est basée au Maroc et opère dans 25 pays à travers des filiales bancaires contrôlées majoritairement. Le groupe financier est présent en Afrique dans les pays suivants: Tunisie, Mauritanie, Egypte, Sénégal, Burkina Faso, Mali, Côte d’Ivoire, Congo, Gabon, Cameroun, Togo, Bénin et Niger. En Europe, il est présent en France, en Belgique, en Allemagne, en Italie, en Espagne et au Pays-Bas. Enfin elle assure une présence à travers des sociétés financières ou des bureaux de représentation à Londres, Genève, Montréal, Abu Dhabi, Dubai, Tripoli et Riyadh. A.T


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“Nous prévoyons, grâce à un plan de développement stratégique, d'investir 165 millions de dollars dans la sous-région”

Mossadeck BALLY

Président GROUPE AZALAI Mossadeck BALLY est un véritable entrepreneur, un vrai , comme il nous est rarement donné de rencontrer. Nous avons l’habitude de cotoyer en Afrique, des hommes d’affaires mais peu d’entrepreneurs. Car il y’a une différence fondamentale entre un entrepreneur et un homme d’affaires. Un entrepreneur est un visionnaire, une personne inspirée par le futur ou attirée par de nouveaux défis. Globalement peu sensible à la notion de risque, un entrepreneur est surtout motivé par sa vision et la réussite de son projet. La notion d'équipe est pour l'entrepreneur indispensable et souvent un moyen d'atteindre son objectif, sa vision. Un homme d'affaires quant à lui, met en œuvre et planifie des actions pour développer son business . Il est sensible aux risques et priorise ses actions en fonction du développement de chiffre d’affaire potentiel. la notion de rentabilité est un facteur essentiel pour l'homme d'affaires, du coup il privilégie les actions ayant un retour sur investissement rapide plutôt que des visions à long terme. C’est donc l’entrepreneur que BUSINESS AFRICA a interviewé. Président Directeur Général du Groupe AZALAI, qu’il a créé et qu’il dirige, Mossadeck BALLY martèle les valeurs qui lui tiennent à coeur, tout autant que les détails du développement qu’il entend mener au sein de son groupe, dans les années qui viennent. Du pain sur la planche, encore et toujours, pour ce manager méticuleux, conscient toutefois, d’avoir investi dans un secteur plutôt prometteur. Mais l’homme n’est pas de ceux qui prennent leur temps pour atteindre leurs objectifs. Avec méthode, selon une habitude certainement héritée de ses années d’étudiant aux Etats Unis, il construit son groupe brique par brique, lentement mais sûrement...


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M o s s a d e c k B A L LY Président GROUPE AZALAI

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A LA UNE

Quelle est votre appréciation du secteur hôtelier en Afrique de l'Ouest ? L'Afrique a, de manière générale, la réputation d'un continent riche en ressources naturelles et socioculturelles qui, normalement, devraient lui permettre de se faire une place de choix dans le domaine du tourisme sur le plan international. L'Afrique de l'ouest est aujourd'hui une destination incontournable pour l'hôtellerie d'affaires et de loisirs et le rapport annuel de la Banque Africaine de Développement (BAD) « Africa Tourism Monitor », démontre que le secteur du tourisme en Afrique va vers une progression fulgurante. Cependant le développement du secteur hôtelier est souvent freiné par le sous-développement économique dans bons nombres de pays, l'insuffisance des équipements et infrastructures, le problème d'accessibilité au foncier et à moindre cout, le coût du transport aérien dans la région, la rareté de l'électricité et son cout exorbitant et les tensions politiques (guerres et conflits ), sans mentionner le manque criard de ressources humaines qualifiées. Le fait d'encourager les investisseurs dans le secteur en levant les barrières liées à la création d'entreprise et à la taxation, de favoriser les initiatives locales et le microtourisme, pour réduire l'exclusion,

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les inégalités et l'insécurité, aidera certainement à booster la croissance du tourisme dans notre région. Quel impact les enjeux sécuritaires ont sur le secteur ? Ils sont importants : baisse de la fréquentation des pays et donc des hôtels, séjours courts, psychose chez les voyageurs. Néanmoins, le tourisme d'affaires résiste beaucoup mieux que le tourisme de loisirs. Les voyages d'affaires restent indispensables même si les voyageurs ont maintenant de nouvelles exigences en terme de sécurité, ce qui obligent les hôteliers à investir massivement dans la sécurité (investissements en matériel, en processus, et dans l'humain). Les attaques terroristes ont certes eu un impact négatif sur notre secteur d'activité, mais nous restons confiants pour l'avenir. Et face à ces nouveaux défis sécuritaires qui touchent l'Afrique de l'Ouest, seule une réponse positive, structurée et coordonnée permettra d'endiguer cette menace. Quel est le positionnement du Groupe AZALAÏ par rapport à la concurrence ? La particularité du Groupe Azalaï est le fait d'être un Groupe Africain et à cet effet, nous faisons ressentir

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la chaleur et l'hospitalité Africaine. C'est aussi notre ambition, qui est d'offrir une expérience unique en termes d'accueil, d'hospitalité, de qualité de service. Nous misons sur l'humain en créant un environnement de travail sain et durable pour chacun de nos collaborateurs et un lien fort avec les valeurs du Groupe Azalaï, afin que ces derniers se sentent responsabilisés, impliqués, investis dans leur mission et la fierté d'appartenir à un Groupe Hôtelier Africain. Cette osmose engendre ainsi une qualité de service d'exception construisant de ce fait notre réputation dans toute l'Afrique et à l'international, pour un seul objectif commun : la satisfaction de nos clients. Quels sont les axes de développement envisagés à moyen et long terme ? Nous avons pour objectif à moyen terme, d'être présents dans les huit pays de l'UEMOA. Nos prochaines ouvertures sont prévues à Dakar au Sénégal, à Niamey au Niger et à Conakry en Guinée. Nous prévoyons, grâce à un plan de développement stratégique, d'investir 165 millions de dollars dans la sous-région pour répondre à l'accroissement de la demande et ouvrir de nouveaux hôtels Azalaï d'ici à 2020.


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M o s s a d e c k B A L LY Président Directeur Général GROUPE AZALAI

“ L'Afrique a, de manière générale, la réputation d'un continent riche en ressources naturelles et socioculturelles qui, normalement, devraient lui permettre de se faire une place de choix dans le domaine du tourisme sur le plan international ” Mossadeck BALLY Nous avons des projets de création de nouvelles marques répondant à une demande actuelle de la clientèle, de la formation plus accrue de nos ressources humaines, grâce à la création d'écoles hôtelières d'application.

A moyen et long terme nous prévoyons d'être présents dans la zone Anglophone de l'Afrique de l'ouest et d'envisager ensuite un développement panafricain. Nous prevoyons de surtout renforcer nos actions sociales à l'endroit

des communautés que nous côtoyons, pour créer davantage d'emplois en Afrique et donc de valeur ajoutée. Propos recueillis par A.C DIALLO


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CONSEIL

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Benoit Le BARS

Avocat-Associé gérant Cabinet LAZAREFF LE BARS « Les gouvernements africains sont confrontés à des problématiques du 21ème siècle sans avoir eu la croissance du 20ème siècle ». Benoît Le Bars est avocat, docteur en droit et professeur, il dirige le Cabinet LAZAREFF LE BARS fondé il y a 8 ans avec Serge Lazareff, ancien président de l'Institut ICC et de la Commission internationale d'arbitrage de la CCI, qui fut un des grands spécialistes de l'arbitrage et un éminent arbitre pendant plus de trente ans. Benoît Le Bars à quant à lui, une pratique africaine de près de vingt ans avec une connaissance pointue sur les actes uniformes de l'Ohada. Il a travaillé dans plus d'une quarantaine de pays africains notamment sur des dossiers de structuration de projets pour les investisseurs étrangers et entrepreneurs locaux. Il est aussi très sollicité sur des dossiers PPP et les projets Sud/Sud, comme dans la résolution des litiges d'envergure sur le continent. Il nous livre son analyse sur l'environnement des affaires et du climat des investissements en Afrique. En tant qu'observateur mais aussi acteur, quelle est votre appréciation de l'environnement des affaires en Afrique ? C'est assez difficile de donner un jugement tranché. Si l'on se réfère aux analyses des institutions internationales comme la Banque mondiale ou le FMI, il semble qu'un léger ralentissement se fasse sentir. Mais la question est en réalité de savoir de quelle croissance l'Afrique a besoin. Il y a des pays qui ont économiquement de très bons résultats, mais la grande pauvreté demeure visible dans de nombreuses zones et

d'énormes problèmes de sécurité sont encore à gérer. A l'inverse, pour d'autres pays, il existe une réelle volonté de développement, à l'instar du Sénégal, avec l'ambitieux plan sénégalais d'accès à l'électricité, par exemple. Il y a donc, d'une part, la croissance en chiffres, celle que l'on peut calculer et, d'autre part, la croissance ressentie par les populations. Le hiatus entre ce que pensent des institutions internationales et les attentes des populations est souvent assez fort à cet égard. Que faut- il faire alors ? Il reste un gros travail d'organisa-

tion de l'environnement économique notamment sur le plan réglementaire mais pas seulement. Ce qui est difficile pour les gouvernements africains, c'est qu'ils sont confrontés tout de suite à des problématiques du 21ème siècle sans avoir eu la croissance du 20ème siècle. Dans ce contexte, ce qui est frappant, c'est le nombre d'initiatives en faveur de l'accompagnement des entreprises, notamment des start up dans plusieurs pays africains, ou la capacité d'appréhender de nouvelles solutions technologiquement très avancées.


CONSEIL

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Et que pensez-vous des mesures prises pour attirer plus d'in-

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gers ?

raux d'investissement. Mais ces textes ont été inventés sur un modèle créé à la fin de la 2ème guerre mondiale princi-

Si mes souvenirs sont bons, l'année dernière le montant global d'in-

palement pour régler les problèmes entre les pays européens dans un contexte très diffé-

vestissements étran-

vestissements directs privés s'établissait sur le continent africain à 65 milliards de dollars. C'est énorme mais encore insuffisant pour les immenses besoins à couvrir. Il faut que les pays africains continuent de réformer leur droit de l'investissement et s'assurent aussi d'un bon fonctionnement de leurs tribunaux, car une règle sans juge accélère la défiance. Il serait également important d'informatiser les procédures et de moderniser l'administration judiciaire. Pour tous les pays qui font des efforts à cet égard, et ils sont nombreux, il serait bon de mieux organiser leur communication institutionnelle pour que les investisseurs extérieurs sachent mieux ce qui est fait pour eux. Souvent ils l'ignorent. L'exemple du Maroc doit, en ce sens, inspirer d'autres pays africains.

Benoit Le BARS Avocat-Associé gérant Cabinet LAZAREFF LE BARS

Quelles sont, selon vous, les réformes majeures à conduire pour améliorer le climat des affaires ? La première réforme importante, qui est d'ailleurs en réflexion au niveau de l'Union Africaine, c'est l'adoption d'un nouveau droit de l'investissement pour le continent africain. C'est à dire un modèle africain de traités bilatéraux d'investissement. Il y a aujourd'hui en Afrique environ 500 traités bilaté-

rent de celui que l'Afrique doit appréhender au 21ème siècle. La deuxième réforme importante concerne le grand marché douanier africain. Il faut réfléchir à la création d'un marché unique pour faciliter les échanges intracontinentaux. Les échanges sont vecteurs de croissance partagée, de stabilité, d'éducation et de paix. Il faut s'inspirer de ce que l'histoire nous enseigne et prendre ce qui a fonctionné. La troisième réforme doit, à mon sens, porter sur la normalisation de la réglementation en matière de visas et de passeports. Personnellement, je trouve anormal par exemple qu'un sénégalais soit obligé de demander un visa pour se rendre en Afrique du Sud ou qu'un étudiant méritant ne puisse pas participer à un concours de jeunes talents en Afrique ou en Europe en raison de sa nationalité d'origine.


INVESTISSEMENT

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Une vue des participants lors d’un panelNG

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INVESTISSEMENT

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Malick ANTOINE

Directeur de CROSSBOUNDARY-MALI

“Le Mali s'efforce de prouver sa résilience et de regagner la confiance des bailleurs” Pouvez-vous nous présenter Crossboundary en quelques mots ? CrossBoundary est une banque d'affaires spécialisée dans le conseil financier dans des régions fragiles et postconflits. Basée à Washington, DC aux Etats-Unis, nous avons des bureaux à travers l'Afrique, à Bamako (Mali), Johannesburg (Afrique du Sud) et Nairobi (Kenya). En quoi consistent les missions de CrossBoundary au Mali ? Au Mali, CrossBoundary pilote la Plateforme de Facilitation d'Investissement au Mali (PFIM), une initiative de l'USAID visant à augmenter le volume des investissements nationaux et internationaux à destination du secteur privé. L'équipe accompagne des entreprises qualifiées, présentes dans tous secteurs d'activité, dans leurs levées de fonds. Elles présentent un focus particulier sur l'agriculture, l'énergie, l'eau et l'assainissement. Dans le cadre de la plateforme, CrossBoundary identifie des transactions potentielles en s'appuyant sur les entreprises en besoin de financement ainsi que les investisseurs cherchant à investir au Mali ; sélectionne des trans-

actions entrant dans le cadre de son mandat et des objectifs du PFIM ; conseille les entreprises et les investisseurs en leur apportant un soutien direct, sans coût et impartial (ce soutien inclut l'accompagnement dans la levée de fonds, la phase de due diligence, les analyses financières et la structuration de la transaction) ; et soutient des partenaires publics en promouvant l'émergence d'un cadre propice aux investissements. Quelle appréciation faites-vous du climat des affaires au Mali, comparativement à d'autres pays de la sousrégion ? Le Mali profite d'une intégration régionale et internationale réussie qui lui permet de bénéficier de plusieurs atouts. Au niveau régional, le Mali fait partie de l'Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), une organisation regroupant 8 Etats : Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guinée-Bissau, Niger, Sénégal et Togo. Sa mission consiste en la réalisation de l'intégration économique des Etats membres, en renforçant leur compétitivité et en garantissant un cadre harmonisé et rationalisé. Le Mali partage avec eux une monnaie commune, le Franc CFA. Le Mali est

aussi rattaché à une organisation plus large, la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Il s'agit d'une organisation gouvernementale rassemblant 16 Etats de la région. Son objectif est de promouvoir la coopération et l'intégration à l'échelle de la région. Pendant plusieurs années, le Mali était considéré comme un exemple de stabilité dans la région. Cela a beaucoup changé depuis le coup d'état accompagné de la déstabilisation du nord du pays en 2012. Les institutions renaissantes et le conflit persistant au nord ont porté un coup à l'activité économique. Depuis, le gouvernement a montré son engagement pour le maintien de la sécurité via, notamment, la création d'une force conjointe avec la Mauritanie, le Niger, le Burkina Faso et le Tchad pour lutter contre le terrorisme (la force G5). On note également le soutien de la communauté internationale avec la présence des forces armées de l'ONU et de l'armée française (opération Barkhane). Le pays s'efforce de prouver sa résilience et de regagner la confiance des bailleurs.


PARCOURS

En effet, malgré l'insécurité résiduelle qui s'installe dans le nord et qui ternit l'image du pays, les choses continuent d'avancer particulièrement dans le sud où l'activité économique est concentrée. Par exemple, en comparaison avec les autres pays, le Mali est dans le top 3 des pays de l'UEMOA. Sa première place au classement Doing Business 2017 ou encore sa deuxième place à l'Indice Mondiale d'Innovation montrent que le pays va dans la bonne direction. Quels sont selon vous les actions prioritaires à mener pour améliorer l'afflux d'investissements étrangers au Mali ? Le premier problème qui touche l'afflux d'investissements étrangers est la perception du risque du marché malien. Pour cause, la situation politique et les séries d'informations dans les journaux étrangers qui donnent une perception négative du pays. Le Mali est un pays très vaste (une superficie de 2,5 fois la France) qui avance à plusieurs vitesses. Les situations au nord et au sud étant dissociées, le risque pris par un investisseur en allant investir au sud est similaire à celui du Sénégal ou de la Côte d'Ivoire. Pour réussir au Mali, les investisseurs ont besoin d'avoir accès à des informations fiables, ce qui nous conduit au second problème : l'information sur un marché comme le Mali est couteuse à avoir pour des raisons diverses, comme la barrière linguistique ou la connaissance culturelle. Il donc est nécessaire de dépasser ces barrières via des intermédiaires locaux. Cela permettra de prendre acte de la

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batterie d'opportunités et de défis qu'offre le Mali. Il en va de même pour les entreprises maliennes qui sont concernées par ces difficultés. Plusieurs d'entre elles n'ont ni l'information, ni les ressources nécessaires pour comprendre et évaluer les opportunités d'investissements étrangers qu'elles ont. C'est à ce niveau que nous, CrossBoundary, intervenons. La facilitation de l'investissement agit comme un intermédiaire neutre entre les deux parties, offrant une certaine crédibilité et évitant tout risque de conflit d'intérêts, et absorbe les coûts fixes auxquels font face à la fois investisseurs et entreprises en quête d'investissement. L'objectif étant que nos missions d'intermédiation mènent à une injection d'argent dans l'entreprise. Notre priorité est donc de favoriser la création de liens entre les entreprises maliennes et les investisseurs étrangers dans le but d'augmenter la quantité d'argent injectée dans l'économie sur le long terme.

évoquées à la question précédente. Il est donc nécessaire d'informer à la fois les investisseurs étrangers et les entreprises locales sur les opportunités qui peuvent émerger, afin de construire une relation de confiance durable entre les parties. Le manque criant d'infrastructures de base (entres autres l'eau, l'énergie et les routes) est une autre contrainte. Les institutions maliennes ont le devoir de mettre en place tous les aménagements nécessaires au bon fonctionnement du marché. Il s'agit toutefois d'une obligation énorme, surtout pour des organes nationaux qui manquent souvent de budgets conséquents ou sont en pleine reconstruction. Si le gouvernement arrive à amorcer des projets ambitieux d'aménagement du territoire et de construction d'infrastructures, cela créerait un cercle vertueux. Les entreprises pourront en effet profiter de ces infrastructures pour se développer en injectant de l'argent pour soutenir les initiatives du gouvernement.

Quelles sont les contraintes majeures liées à l'amélioration du climat des affaires au Mali ?

Compte tenu de la faiblesse de son tissu industriel, pensez-vous que l'intégration économique est un atout ou plutôt un frein ?

L'accès au capital constitue une contrainte majeure. Alors que ce même capital doit permettre à une entreprise de croître et se diversifier, l'offre de capital est très faible par rapport à la demande qui, elle, ne cesse de croître. De ce fait, bons nombres d'entreprises maliennes avec un fort potentiel - en particulier les PME - ont du mal à obtenir le financement adéquat pour développer leurs activités. Il s'agit bien entendu d'une des conséquences des barrières que nous avons

Il est vrai que le Mali bénéficie d'un certain nombre d'avantages structurels grâce à son appartenance à l'UEMOA. Le Franc CFA apporte une certaine stabilité au pays et à la région en général. Les investisseurs prennent cela en grande considération d'autant plus que nous sortons de deux années marquées par l'instabilité monétaire de pays rentiers comme le Nigeria, l'Afrique du Sud ou la Zambie.


PARCOURS

De plus, la libre circulation de biens et de personnes et une harmonisation croissante des règles, créent des opportunités d'investissement qui vont au-delà des frontières d'un pays. Cependant, il est également vrai qu'avec l'intégration économique, le Mali perd un dégré de flexibilité dans la gestion de son économie. Bien que le Franc CFA contribue à la stabilité monétaire de la région, il s'agit d'une monnaie forte, peut-être, selon ses critiques, trop forte pour les pays qu'elle dessert. Cela peut rendre les produits à l'exportation moins compétitifs sur le marché car chers, comparés à ceux de pays ayant la capacité de jouer sur leur monnaie. L'absence de ce levier monétaire réduit l'éventail de stratégies économiques dont un pays avec sa propre monnaie peut disposer pour faire face à la concurrence internationale et ainsi soutenir le tissu industriel. Le Mali traverse actuellement une crise profonde, quelles sont ses perspectives de développement ? Et à quelle échéance peut-on espérer l'émergence économique ?

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Comme nous l'avons exprimé plutôt, le Mali fait beaucoup de progrès depuis quelques années afin de retrouver sa stabilité économique d'antan. Ce serait pourtant une illusion de considérer que le problème du nord appartient au passé. Les problèmes sont réels, mais il faudrait également reconnaître que la situation économique du pays, particulièrement au sud, est plus positive que celle qui est suggérée par la perception d'un pays « en guerre ». En effet, avec le retour d'un climat d'affaires plus stable et grâce à son importante dotation en ressources naturelles, le Mali est prêt à profiter de son énorme potentiel. Le Mali comporte plus de 37 millions d'hectares de terres arables inexploitées et a doublé sa production céréalière au cours des dix dernières années. L'élargissement des activités agricoles se traduira donc par la croissance des services auxiliaires. L'industrie bovine pourrait se développer en une industrie de transformation de la viande : le Mali est riche en bétail, aujourd'hui principalement exporté. Les investissements dans les abattoirs et dans la distribution de la chaîne du

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froid permettraient la transformation de la viande sur place. On peut également évoquer l'exploitation minière locale et le traitement de la chaux qui peuvent répondre aux problèmes de l'acidité des sols et soutenir la filtration de l'eau et les opérations d'assainissement. Malgré les obstacles à franchir, le Mali est donc un pays qui regorge de potentiel pour les investisseurs. Le développement économique ne sera pas instantané. Il faudra que toutes les parties prenantes: banques, investisseurs, entreprises, fournissent des efforts considérables afin de construire un écosystème qui fonctionne. CrossBoundary veut aider à le développer dans le but d'accélérer la croissance économique et d'améliorer les conditions de vie des maliens. Nous ne voulons pas nous accrocher à cette notion « d'émergence » qui est, selon nous, trop globale et galvaudée. Notre ambition est de contribuer à la construction d'un secteur privé fort avec des entreprises compétitives qui créeront de l'emploi et permettront aux maliens de vivre dans de meilleures conditions. Propos recueillis par A.C Diallo


INTERVIEW

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Jean Michel HUET

Associé en charge du développement international et de l'Afrique chez BearingPoint « Ce qui manque le plus au continent africain dans le domaine du Digital, ce sont les compétences ». Jean Michel HUET est associé en charge du développement international et de l'Afrique chez BearingPoint. Il a commencé sa carrière chez Orange comme chef de produit avant de s'orienter vers le secteur du conseil, d'abord chez PwC puis BearingPoint. Ses domaines d'expertise concernent aussi bien la téléphonie et l'internet mobile, les terminaux et équipements domestiques, que les sites web, les services à valeur ajoutée, la relation client multicanale, le e-gouvernement, etc. Aujourd'hui il accompagne les entreprises dans leur développement au sein des pays émergents particulièrement en Afrique et au MoyenOrient. Nous l'avons rencontré pour recueillir ses impressions sur les enjeux du Digital en Afrique. L'Africain est-il entré dans le train du Digital ? On n'est encore qu'au tout début de l'histoire du Digital en Afrique. La première étape c'est le réseau, car sans réseau il n'y a pas possibilité de diffuser l'information ni de proposer des services. En 2002-2003, seulement 3% des africains avaient accès au Télécom, aujourd'hui c'est plus de 60% et c'est loin d'être fini. Les Telecoms ouvrent la

voie au paiement mobile, au e-commerce, au e-gouvernement, aux smart cities etc... Mais il y a aussi une vraie inégalité sur le plan géographique, notamment entre les pays qui ont le câble sous marin et ceux qui sont enclavés. Combien de temps faut-il pour que tous ces services nouveaux produits grâce au Digital, soient une réalité pour la majorité des populations africaines ? Cela dépend de quoi on parle. Prenez le e - commerce, c'est un secteur où l'Afrique était très en retard. Il y a juste cinq ans, il n'y en avait quasiment pas. Aujourd'hui on a JUMIA, AFRIMARKET et bien d'autres. Un autre exemple, le M-Paiement avec M-pesa précurseur au Kenya, mais aussi Orange Money et MTN, ce sont de véritables succès stories. Mais quand on regarde les pays africains qui sont concernés, ils sont une quinzaine pas plus. Et même là où ça marche, dans 95% des cas, ce n'est pas du paiement mais du transfert d'argent, mais ça viendra...il faut du temps et là encore, on n'est qu'au début de l'histoire. Comment allier souveraineté des pays africains et développement du

numérique, surtout quand on considère le rôle prépondérant des GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple ) ?

Je dirai, pour être un peu provocateur, que c'est plutôt la souveraineté qui pourrait être un facteur de blocage du développement du Digital. Chaque pays veut son data Center, son centre de formation, son Agence du numérique etc.alors qu'il vaut mieux se réunir et avoir un grand Data Center, un vrai centre de formation digitale etc. Car aujourd'hui, ce qui manque le plus au continent africain dans ce domaine, ce n'est pas la technologie, ni même l'argent, ce sont les compétences. Il y a une insuffisance de techniciens réseaux, de développeurs informatiques, d'analystes de données. Ceci est principalement dû à un déficit de production locale de jeunes diplômés formés dans les métiers de l'informatique et des technologies. Malheureusement le problème de la formation ne peut être réglé en six mois, cela prend des années. C'est paradoxal car les pays africains ont beaucoup de culture scientifique mais il existe aujourd'hui un réel besoin de ressources humaines adaptées aux métiers du Digital. C'est à mon avis un enjeu capital. Propos recueillis par A.S. Touré


INTERVIEW

Jean Michel HUET

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TRIBUNE

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Les taux d’intérêts elévés n’expliqueraient-ils pas, en partie, le retard de l’industrialisation des pays de la zone franc ? De tous les secteurs de l'économie, il ne fait aucun doute que l'industrie est de loin créatrice de richesses, d'emplois et donc le plus puissant moyen de lutte contre le chômage. Mais l'industrie coûte cher et nécessite d'importants capitaux, généralement obtenus auprès des banques : les emprunts bancaires.

L

es économistes expliquent que l'investissement est une fonction des taux d'intérêts, donc de la monnaie. Dans les pays à économie développée, les DAT rémunérés ont quasiment disparu, à cause des taux d'intérêts des prêts très bas. L'épargnant n'a pas d'autres choix que d'investir. Or il n'est de secret pour personnes que les taux d'intérêts bancaires dans les pays de la zone franc font partie des taux les plus élevés au monde.

Des taux de prêts élevés

Le « taux effectif global (TEG) » peut atteindre les 14% quand les taux sont entre 1 et 3% en Europe par exemple. Le taux d'usure de la Banque Centrale, de 17% a été ramené, il y a quelques années, à 15%, encore élevé pour inciter les banques primaires à facturer des taux de prêts élevés. Est-ce qu'il y a une relation entre la garantie de convertibilité CFA par le Trésor français et la fixation des taux nominaux d'intérêts ?. La réponse à cette question doit être donnée par les spécialistes. On entend couramment dire que la BCEAO garde une certaine indépendance. Par exemple aucun pays de la zone ne peut la faire fonctionner « la planche à billet ». Ensuite avec le remplacement des « autorisations préalables » par les « Accords de classement » et la fin des « taux administrés », donc la libéralisation des taux d'intérêts, chaque banque

commerciale gère librement son portefeuille de crédit aux conditions de taux d'intérêts convenus avec ses clients et dans le respect des ratios prudentiels.

Les banques disposent de peu d'outils de gestion

Avec des charges financières fixes, qui viennent s'ajouter à d'autres charges fixes comme les salaires, les loyers, les dotations aux amortissements des investissements, etc, l'entreprise est difficilement compétitive et rentable. Du coup des impayés risquent de s'inviter très rapidement dans l'échéancier de remboursement et dégrader à son tour le portefeuille de la banque. Mais pourquoi les taux sont ci-élevés dans notre espace économique ?. De nos recherches, on constate que très peu de banques, dont certaines sont des filiales de grandes banques internationales, disposent d'outils de gestion comme la comptabilité analytique permettant de montrer un calcul des coûts des différents concours qu'elles octroient à la clientèle et même de connaitre des résultats par agence qu'elles ouvrent. Par ailleurs les différents taux sont calculés périodiquement par la Banque Centrale selon les risques généraux de l'économie. De ce fait, ils varient énormément. L'étude des taux de Novembre 1993 à Septembre 2013, soit environ 20 ans, montre que les taux d'escompte ont varié entre 12,5% et 4,5%, soit une

moyenne arithmétique de 9,0625%. Les taux de pension ont varié entre 9,25 et 3,5%, soit une moyenne arithmétique de 7,634%. On constate que ces taux moyens sont relativement élevés. En se refinançant à 9%, il suffit à la banque primaire d'ajouter une marge de taux de trois (3) points, pour que le taux facial atteigne 12% et avec les autres frais, commissions et agios, le taux effectif global se rapproche des 13 à 14%. Les économies des pays de la zone franc seraient-elles à hauts risques ? Les taux d'intérêts pouvant être définis comme la rémunération du temps que l'argent dure dans les mains de l'emprunteur, fixé en tenant compte des risques, les économies des pays de la zone franc seraient-elles des économies à hauts risques ? Le taux d'intérêts sur les soldes du compte d'opérations affecterait-il le taux d'escompte de la BCEAO, qui la répercute aux banques primaires, qui à leur tour, la répercute sur le coût du crédit ? Il est important que les économistes de la Banque Centrale se penchent avec d'autres sommités économistes de l'espace, pour trouver les facteurs explicatifs des risques entrainant ces taux élevés qui retardent toute industrialisation, donc toute croissance qui devrait se faire au profit des jeunes, qui constituent selon beaucoup de statistiques plus de 60% des populations de la zone franc, donc son avenir.


TRIBUNE

On pourrait soutenir que ces taux expliquent le fait que la BCEAO n'a pas, entre autre, pour mission d'assurer la croissance et le développement. Une politique des taux d'intérêts Une des manifestations de la « souveraineté monétaire » serait, justement la possibilité pour un pays de pratiquer une politique des taux d'intérêts, permettant de relancer la croissance. Mais cette affirmation ne résiste pas à la critique, dès l'instant où la BCEAO autorise depuis un certain temps, le recours des pays aux Bons du Trésor, pour combler une

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insuffisance de recettes. Les sommes ainsi levées devraient permettre à l'Etat de maintenir la commande publique, donc de favoriser la croissance, pourvu que ces commandes portent sur des biens localement fabriqués et non des importations qui relanceraient la croissance dans les pays exportateurs. Des taux de croissance bons Enfin, ce serait une catastrophe que ces fonds soient détournés pour acquérir des immeubles à l'étranger. Les pays de la zone franc ne cessent de déclarer des taux de croissance relativement

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bons, oscillant entre 5 et 8%. Croissance non inclusive Seulement si ces taux de croissance proviennent essentiellement des revenus d'immeubles, de dividendes et des revenus de quelques grosses sociétés minières et multinationales, il est clair qu'il ne touchera pas l'écrasante majorité des populations qui continuent de s'appauvrir. Pour être conforme au vocabulaire du moment, ces croissances ne seraient donc pas «inclusives ». Par Siné DIARRA Expert Comptable Commissaire aux Comptes


OUVRAGE

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Le CIAN planche sur les défis du dialogue public - privé en Afrique À l’occasion des Rencontres Africa 2017 à Abidjan, le Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN) a présenté le deuxième volume des « Cahiers du Cian » consacré au dialogue entre les secteurs public et privé en Afrique.

E

n présence d’Étienne Giros, Président Délégué du Conseil français des investis-

seurs en Afrique (CIAN), Patrick Sevaistre et Jean-Luc Ricci ont présenté leur dernier livre « Le nouveau pacte africain : les défis du dialogue public - privé » (Éditions Michel Lafon). Après plus d’une décennie de forte croissance économique,

l’Afrique

est

actuellement

confrontée à un ralentissement qui s’explique par la baisse des cours des matières premières, mais pas seulement. Le continent souffre aussi d’un déficit de dialogue entre les États et le secteur privé, pourtant nécessaire afin de transformer les économies pour les rendre plus performantes et plus compétitives. Environnement des affaires, fiscalité et législations, secteur informel, partenariats public/privé pour financer les immenses besoins en infrastructures..., les sujets ne manquent pas et sont autant de défis à relever. Sans parti pris et avec une solide expérience, les deux auteurs présentent dans ce livre un diagnostic précis du dialogue public privé en Afrique et proposent une série de réformes à engager pour changer la donne et instaurer un véritable climat de confiance. Avec deux objectifs : promouvoir l’État stratège, facilitateur et arbitre, renforcer le rôle des entreprises l’Afrique.

dans

le

développement

de


OUVRAGE

La volonté au rendez-vous

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nous semblait important de produire

tutionnels, économiques et de la

une réflexion sur l’état d’avancement

société civile. Son ambition est de ren-

« Après plusieurs années de méfiance,

du dialogue public - privé en Afrique.

forcer la connaissance et la confiance

voire même d’hostilité, l’heure est à une

Nous sommes une organisation patro-

en l’Afrique de demain.

prise de conscience : l’État a besoin du

nale en relation permanente avec les

secteur privé et le secteur privé a

pouvoirs publics français et africains.

besoin de l’État. La volonté est donc au

Nous sommes persuadés que nous

rendez-vous mais à présent il faut pas-

devons avancer ensemble sur tous les

Les deux auteurs de l’ouvrage du

ser aux travaux pratiques avec des

sujets économiques au bénéfice des

CIAN, Patrick SEVAISTRE et Jean-Luc

réformes précises et de véritables poli-

populations », déclare Étienne Giros.

RICCI sont deux esperts du secteur

tiques publiques pro-business », expli-

« Le nouveau pacte africain : les défis

privé en Afrique.

que Patrick Sevaistre, consultant spé-

du dialogue public - privé » contient un

Patrick SEVAISTRE est consultant spé-

cialisé dans les politiques publiques et

avant-propos du Vice-président de

cialisé dans les politiques publiques et

le développement du secteur privé en

Côte d’Ivoire, Daniel Kablan Duncan, et

le développement du secteur privé en

Afrique, qui insiste sur l’importance des

une préface de Pierre Gattaz, Président

Afrique. Membre du Comité directeur

espaces de dialogue et de discussions

du Medef.

du CIAN et Conseiller du Commerce

pour élaborer des compromis. « L’État a besoin du secteur privé pour

Expertises avérées

Extérieur de la France (CCEF), il est Les Cahiers du CIAN

augmenter ses recettes, financer les

également chargé d’enseignement à Sciences Po et HEC Paris.

plans de développement et les infra-

Lancée par le Conseil français des

Jean-Luc RICCI est directeur du déve-

structures, diversifier l’économie et

investisseurs en Afrique (CIAN), qui

loppement de HEC Paris en Afrique et

créer des emplois. Ces deux mondes

regroupe l’essentiel des sociétés fran-

membre du Comité Afrique du Medef

ont donc l’obligation de travailler

çaises présentes sur le continent afri-

International. Il conduit des program-

ensemble même si parfois les intérêts

cain, cette collection a pour but de

mes pour la haute fonction publique. Il

sont divergents », ajoute Jean-Luc

décrire les grandes évolutions de

établit des partenariats avec les institu-

Ricci, Directeur du développement de

l’Afrique.

tions internationales et conçoit des pro-

HEC Paris en Afrique.

Les Cahiers du CIAN visent à participer

grammes sur mesure pour les entrepri-

« Après la révolution digitale pour le

au débat public en contribuant à l’impli-

ses africaines.

premier tome des Cahiers du CIAN, il

cation de l’ensemble des acteurs insti-




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