Mag Business Africa dec. 2017

Page 1



EDITORIAL

MAGAZINE BUSINESS AFRICA

3

Qu’adviendra-t-il des Accords de Partenariat économique entre l’Afrique et l’Union Européenne ?

L

es relations économiques entre l’Union européenne et les anciennes colonies de l’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) sont régies par des accords-cadres négociés tous les 20 ans. L’accord dit de Cotonou est le dernier de ces accords. Entré en vigueur en 2000, il stipule que les pays ACP et Bruxelles doivent négocier des accords de partenariat économique (APE) en tant qu’accords de libre-échange pour remplacer les accords préférentiels qu’ils avaient jusque-là, sous le prétexte que l’OMC l’exige. En 2018, les Etats ACP vont commencer à négocier l’accord qui succédera à l’Accord de Cotonou à partir de 2020. Ils ont fait savoir leur détermination à revenir à un régime de commerce préférentiel. C’est un bon départ mais qu’adviendra-t-il alors des APE qui, eux, vont bientôt intégrer un chapitre sur la propriété intellectuelle ? Faut il le rappeler, lorsque l’UE a commencé à négocier des APE avec l’Afrique, elle a exigé, entre autres, que les africains adoptent des lois conformes aux normes établies

Abba Singoro TOURE Directeur de Publication

par l’Union. Cette exigence a ensuite été supprimée avec tout le chapitre sur la propriété intellectuelle. A sa place on trouve une clause qui dit que dans les 5 années suivant la signature de l’accord, les pays signataires se retrouveront pour conclure un chapitre sur la propriété

intellectuelle. L’un des rêves des leaders africains est de parvenir à une intégration régionale en Afrique. Cela veut dire en premier lieu que les sous-régions, dont l’Afrique de l’ouest, arrivent à un degré de coopération et d’harmonisation des politiques qui profite réellement à leurs populations. En second lieu, cela se traduirait par une intégration continentale. Les accords commerciaux font partie de ces processus. C’est ainsi qu’en 2016, un accord de libre-échange tripartite (ALET) a vu le jour entre trois blocs sous-régionaux : le SADC en Afrique australe, l’EAC en Afrique de l’est et le COMESA en Afrique du sud-est. Pour l’instant ce marché harmonisé entre les trois blocs ne concerne que le commerce des biens, mais il va s’étendre au commerce des services et aux politiques touchant au commerce. C’est bien cet exemple qu’il faudra adopter sur tout le continent africain, afin d’avoir des marchés économiques à la dimension du rôle que l’Afrique doit jouer demain sur la scène internationale.


FINANCE

MAGAZINE BUSINESS AFRICA

AFREXIMBANK et la BEI signent un partenariat de 100 millions d’euros

Le vice-président de la BEI, Ambroise Fayolle et Benedict Oramah, président d’Afreximbank, lors de la signature du partenariat

4


FINANCE

MAGAZINE BUSINESS AFRICA

5

En marge du 5ème Sommet Union africaine – Union européenne (UA-UE) qui s’est déroulé à Abidjan, la Banque européenne d’investissement (BEI) et la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) ont signé un partenariat de financement d’un montant de 100 millions d’Euros. Les deux parties étaient représentées par le vice-président de la BEI, Ambroise Fayolle, d’une part, et par Dr Benedict Oramah, le président d’Afreximbank, d’autre part. Cette facilité de crédit est destinée à soutenir les investissements liés au financement du commerce et à la mise en œuvre de projets structurants en Afrique subsaharienne. Elle vient appuyer les promoteurs africains, les petites et moyennes entreprises (PME) et les investissements à long terme par le biais de financement à des conditions favorables dans les 49 pays membres d’Afreximbank. Cela favorisera la croissance du commerce intra-africain et les relations commerciales avec les pays d’Europe ainsi que la croissance économique et la compétitivité de l’Afrique.

Promouvoir le commerce intraafricain

D’une durée de sept ans, la facilité s’inscrit dans la stratégie d’Afreximbank qui consiste à promouvoir le commerce intra-africain, l’industrialisation de l’Afrique et le développement des exportations. Elle s’appuie sur le mandat de la BEI à soutenir la croissance et le développement du continent, en facilitant l’accès au financement pour les PME et la promotion de partenariats entre l’Afrique et l’Europe. L’impact de ce partenariat sera multiple, entre autres, la création d’emplois, la croissance des activités économiques, la hausse des gains fis-

caux pour les gouvernements émanant d’une plus grande profitabilité des entreprises, l’amélioration des relations commerciales entre les deux continents. Les deux signataires se sont réjouis de ce partenariat naissant entre leur établissement respectif, souhaitant qu’il repose sur une fondation solide et durable.

Un nouveau programme de garantie des investissements

En tant qu’institution multilatérale à but lucratif ayant des actionnaires des secteurs public et privé, la banque s’est spécialisée dans les prêts, garanties et services de conseil auprès du secteur privé. Elle compte quatre catégories d’actionnaires : la catégorie “A”, regroupant des États africains, des banques centrales africaines et des organismes publics africains ; la catégorie “B”, composée d’institutions financières nationales africaines et d’investisseurs privés africains ; la catégorie “C”, avec des investisseurs non-africains, surtout des banques internationales et des agences de crédit à l’exportation, et la catégorie “D”, qui permet d’attribuer des actions à tout autre investisseur. La Banque possède des succursales à Abuja, au Nigeria ; à Harare, au Zim-

babwe ; et à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Des négociations sont en cours pour l’ouverture d’une nouvelle succursale en Afrique de l’Est. Par ailleurs, la banque africaine d’import-export a officiellement lancé son nouveau programme de garantie des investissements en faveur du commerce entre les pays africains. Ce nouveau produit, cible en premier lieu des banques africaines qui éprouvent souvent des difficultés à dégager des ressources de long terme, dont l’Afrique a besoin pour développer un cadre durable des échanges. Selon Benedict Oramah, le président d’Afreximbank la mise sur pied d’instruments capables d’atténuer les risques d’impayés pour les négociants locaux, et la diversification de la production en Afrique sont essentiels pour limiter les risques du commerce intra-africain. Le programme ainsi lancé, arrive à un moment où les banques commerciales du continent peinent à soutenir les économies des pays où elles évoluent, en raison de la montée de plusieurs risques macroéconomiques, comme la baisse des revenus extérieurs, des croissances économiques en berne, et surtout l’entrée en vigueur en 2018 d’une règlementation comptable internationale plus stricte en terme de couverture des risques.


INVESTISSEMENT

MAGAZINE BUSINESS AFRICA

6

INVESTISSEMENT

Le Mali mise sur ses potentialités économiques Le Mali a organisé les 7 et 8 décembre 2017, le Forum “Invest in Mali”. Un évènement d’envergure, dont l’objectif était de relancer le flux d’investissements privés, notamment étrangers, afin d’insuffler une nouvelle dynamique économique. Le pari était risqué, compte tenu du climat d’insécurité qui prévaut encore dans le pays. Au delà du sentiment de satisfaction suscité par le nombre de participants et par celui des promesses de partenariat, il convient d’être prudent sur le volume des investissements effectifs futurs et surtout de s’attaquer aux maux qui freinent les investisseurs. Nous vous adressons ci-dessous un extrait de l’allocution prononcée par le Président malien Ibrahim Boubacar KEITA, à la cérémonie d’ouverture du Forum. “Une initiative et une rencontre qui célèbrent l’entreprenariat et le dynamisme du secteur privé, tout en mettant en lumière le potentiel du Mali et qui, je l’espère deviendra au fil du temps un véritable espace de dialogue, de partage et de propositions où décideurs et professionnels se retrouvent pour discuter des potentialités économiques du Mali, nouer des partenariats et envisager ensemble l’avenir. Ce rendez-vous est aussi une réponse à l’une des préoccupations du moment, celle de la création d’emplois, du recul du chômage et plus particulièrement pour les jeunes maliens. Je crois fermement que lorsque l’on crée les conditions pour favoriser le développement et l’essor des entreprises privées, ces dernières constitueront, à terme, des centres de profits et un vivier d’emplois pour le bonheur de toute la population malienne. C’est donc pour moi un moment privilégié et l’espace adéquat pour rendre un hommage appuyé à toutes ces femmes

et ces hommes qui s’investissent jour et nuit pour l’émergence d’un secteur privé fort et dynamique. Mesdames et Messieurs, Cet évènement se tient aujourd’hui dans un contexte sociopolitique où les attentes multidimensionnelles des différentes couches sociales de notre population sont les plus fortes et pressantes. « Faire le pari du Mali » est le thème retenu par les organisateurs pour cet évènement. Ce thème est d’un grand intérêt pour la vision que j’ai et continue d’avoir pour le Mali, et qui est de favoriser l’émergence d’un secteur privé fort, susceptible d’impulser une dynamique de croissance forte et durable afin de permettre d’offrir des milliers d’emplois à la population et à la jeunesse du Mali. Il nous invite à une réflexion sur le profil des efforts à entreprendre chacun à son niveau pour que le secteur privé puisse contribuer de manière significative et durable à la croissance économique et à l’amélioration des conditions de vies et

d’existence de nos populations. C’est à la réalisation de cette noble et louable ambition que s’attèle le Gouvernement dans le cadre des réformes en cours pour l’amélioration des conditions d’investissements du secteur privé. Comme je l’ai dit très récemment le Mali est une destination qui vaut la peine d’être tenté. Je mesure cependant à sa juste valeur la tâche souvent ardue et le parcours de combattant du chef d’entreprise voulant réaliser son investissement dans les meilleures conditions possibles et au vu du contexte d’investissement actuel. Je puis toutefois vous assurer que la destination « Mali » demeure l’une des plus compétitives en Afrique de l’Ouest. Nous avons un code des investissements hautement attractif, le souci de la rentabilité de nos chefs d’entreprises et un peuple accueillant. En outre, le cadre macroéconomique a été assaini et de nombreux indicateurs montrent des évolutions encourageantes dont vous êtes témoins :


INVESTISSEMENT

MAGAZINE BUSINESS AFRICA

7

Le Président malien Ibrahim Boubacar KEITA (au centre), à la cérémonie d’ouverture du Forum INVEST IN MALI - Un taux de croissance économique robuste avec une moyenne annuelle de l’ordre de 6% ; - Un dynamisme entrepreneurial sans précédent des jeunes qui représentent 65% de la population malienne et l’amélioration substantielle du climat des affaires qui place le Mali dans le peloton de tête des pays de l’UEMOA, avec des incitations fiscales très avantageuses ; - Un budget d’Etat qui priorise les secteurs moteurs de l’économie, notamment l’agriculture et l’énergie, les dépenses en faveur des forces armées et de sécurité, le secteur social, notamment en faveur des couches les plus vulnérables et les investissements structurants pour booster l’économie ;

- Des avancées notables au niveau du retour de la paix et de la sécurité à travers la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation. Aujourd’hui, plus que jamais, notre engagement vis à vis de l’investisseur,sans distinction de nationalité, est une protection et une garantie continue des investissements qui sont réalisés sur le territoire malien pour la sauvegarde des intérêts des populations. Pendant ces deux jours, je souhaite que vos discussions puissent aboutir sur des propositions concrètes devant favoriser l’ancrage de l’investissement privé au Mali, créer de la valeur ajoutée pour notre pays et résorber le chômage des jeunes.

J’invite aussi le Gouvernement à renforcer davantage le dialogue avec le secteur privé et à œuvrer quotidiennement à l’étude et à l’appréciation des doléances soumises par le secteur privé. Cela est justifié par les effets structurants et d’entrainement que peut engendrer le développement d’entreprises et d’industries dynamiques et performantes sur le reste de l’économie et pour son rôle d’accélérateur de croissance durable”. Extrait du discours prononcé par Ibrahime Boubacar KEITA, Président de la République du Mali le 7 décembre 2017, à l’occasion de l’ouverture solennelle du Forum INVEST IN MALI.


E-COMMERCE

MAGAZINE BUSINESS AFRICA

8

Rania BELKAHIA Présidente et Co-fondatrice de Afrimarket « Nous faisons marcher l’économie locale tout en proposant des produits de qualité ».

On ne présente plus Afrimarket, cette dynamique entreprise, spécialisée dans le e-commerce en Afrique, s’est imposée en quatre années seulement, comme une référence dans son secteur. Cette performance est en partie l’œuvre de Rania BELKAHIA, présidente et co-fondatrice d’Afrimarket. Un entrepreneur dans l’âme que BUSINESS AFRICA a eu plaisir à rencontrer au siège parisien de l’entreprise. Parcours

C

e qui saute aux yeux, quand on pénètre dans les bureaux « open space » d'Afrimarket, c’est l'atmosphère studieuse et l'ordre qui y règnent. On s'attendait à trouver des cartons partout, des dossiers à même le sol...rien de tel. Directe, accessible, rapide, Rania Belkahia est une véritable boule d'énergie. Elle symbolise cette nouvelle génération d'entrepreneurs africains décomplexés et ouverts sur le monde.

De Casa à HEC Paris Présidente et co-fondatrice d' Afrimarket, Rania est née à Casablanca au Maroc et y a passé toute son enfance avant de venir poursuivre ses études supérieures en France. Ingénieur, diplômée de ParisTech Télécom et de HEC Paris, la jeune marocaine s’intéresse très vite aux problématiques africaine. C'est en regardant le fonctionnement du marché du e - commerce qu'elle se rend compte qu'il n'y avait pas de solutions qui permettaient d’acheter des produits

africains de qualité et de se les faire livrer jusqu'au dernier kilomètre en Afrique. De plus, la classe moyenne africaine émergente est de plus en plus intéressée par des produits et services à forte valeur ajoutée. Rania et ses compères, Aboubacar Silue et Jérémy Stoss vont travailler sur une solution adaptée répondant à cette problématique : une plateforme africaine de e-commerce, qui prône l’optimisme à l’africaine. Les produits locaux privilégiés Quatre années plus tard, Afrimarket peut se targuer d'être un leader du e-commerce africain, conçue par des africains mais surtout pour les africains, avec plus d'une centaine de personnes employées, réparties dans 5 pays d'Afrique francophone et en France. "Nous avons vraiment la conviction que la valeur ajoutée de notre modèle vient d'Afrique, c'est pourquoi nous privilégions les produits locaux africains que l'on va « sourcer » avec précaution et at-

tention chez nos fournisseurs que nous auditons pour avoir la meilleure qualité, et des produits garantis. On fait ainsi marché l'économie locale tout en respectant le produit " souligne la présidente. Respect de la promesse client Le mécanisme est bien rodé : le client, en Europe ou en Afrique, paye via le site internet et la marchandise est directement acheminée chez le bénéficiaire désigné, en moins de 5 jours. Mais pour la promotrice le défi majeur à relever quotidiennement est de réussir à respecter la promesse client, notamment du point de vue de la logistique. " Nous avons des camions, des tricycles, des motos. Notre challenge c'est de continuer sur l'excellence opérationnelle dans la partie logistique tout en offrant à nos clients, une qualité de service similaire à celle que l'on peut avoir en France par exemple". Que demande le peuple ? A.S.T


E-COMMERCE

MAGAZINE BUSINESS AFRICA

Rania BELKAHIA

Présidente et co-fondatrice d’Afrimarket.

9


A LA UNE

MAGAZINE BUSINESS AFRICA

10

ALBATROS ENERGY MALI SA Un PPP ambitieux et innovant pour booster la capacité de production énergétique du Mali Le manque d’infrastrutures énergétiques en Afrique subsaharienne freinerait la croissance économique de 2% chaque année et limiterait la productivité des entreprises jusqu’à 40% selon le FMI. Un défi auquel est particulièrement confronté le Mali. C’est dans ce contexte que la société ALBATROS ENERGY MALI vient de lancer la construction d’une centrale thermique de 90MW à Kayes. BUSINESS AFRICA a approché les 3 promoteurs de cet ambitieux projet, que sont Amadou SOW, Koenraad et Ruth BECKERS. Interview croisée. M. Sow, pouvez-vous nous présenter brièvement la société Albatros Energy Mali SA et les Promoteurs du Projet de la Centrale Thermique de Kayes au Mali ? Albatros Energy Mali SA est une société IPP entièrement dédiée à la construction et à l’exploitation d’une centrale Thermique de 90MW à Kayes. Elle a signé une Convention de Concession de 20 ans avec l’Etat du Mali et un contrat d’Achat et de Fourniture d’Energie de la même durée avec la société Energie du Mali (EDM-SA). La spécificité de ce projet, contrairement aux autres projets IPP (« Independant Power Producer »), est qu’il a été développé à partir du Mali par trois personnes, animées par un esprit entrepreneurial. Il s’agit de M. Koenraad Beckers, un expert en IPP en Afrique, Mme. Ruth Beckers, une experte en financement de projet et moi-même, Amadou Sow, entrepreneur malien, ingénieur de formation. M. Beckers, vous venez de commencer le 5 juillet 2017, la construction de la nouvelle centrale thermique dans la région de Kayes au Mali, pouvez-

vous nous en présenter les caractéristiques techniques ? La Centrale Albatros à Kayes est une centrale thermique fonctionnant au fuel lourd avec une capacité installée ISO de 90MW. Elle sera composée de six (6) moteurs de 15MW chacun. Les deux premiers moteurs sortiront du banc d’essai de Caterpillar Motoren GmbH en Allemagne le 15 décembre 2017. La puissance provenant des générateurs de la centrale est fournie vers deux transformateurs élévateurs de 87MVA qui seront implantés dans l’extension du poste de transformation électrique 225kV de Kayes/Médine. La centrale est dotée d’une technologie de dernière génération. Elle sera la plus performante du Mali. Les installations de la centrale permettront de garantir la production d’un minimum de 578 GWH d'électricité par an, tout en respectant les normes environnementales internationales les plus récentes. Elle produira de l’électricité en base et augmentera de manière significative la capacité totale de production d’énergie installée au Mali tout en assurant un approvisionnement constant en électricité fiable.

La centrale sera construite en un temps record de 16 mois. Mme. Beckers, comment cet investissement important a t-il été structuré, quels sont les principaux participants au tour de table ? Le coût totale du projet est d’environ 125 millions d’euros. Son financement est basé sur les principes de financement de projet avec un apport de 30% par les actionnaires d’Albatros Energy Mali SA et 70% par les bailleurs de fonds. Albatros Energy Mali SA a quatre actionnaires : Redox Power Solutions, qui représente les développeurs du projet (M. Amadou Sow, M. Koenraad Beckers et Mme. Ruth Beckers) ; African Infrastructure Investment Managers (« AIIM »), un fond d’investissement sud-africain qui gère entre autres un portefeuille d’électricité de plus de 2,25 GW ; le Fond d'investissement du Danemark pour les pays en développement (« IFU »), une institution financière de développement du gouvernement danois ; et Burmeister & Wain Scandinavian Contractor (« BWSC »), une société d’engineering et de contracting danoise qui a construit plus de 150 centrales électriques de par le monde.


A LA UNE

Amadou SOW, Président du Conseil d’Administration de Albatros Energy Mali SA

“Nous avons toujours cru en la réussite de ce projet stratégique pour le Mali”

MAGAZINE BUSINESS AFRICA

11


A LA UNE

Les bailleurs de fonds sont constitués de la Banque Ouest Africaine de Développement («BOAD»), la Banque Islamique de Développement («BID»), la Coopération Islamique pour le développement du secteur privé («IDC»), le Fonds OPEP pour le développement international («OFID»), The Emerging Africa Infrastructure Fund («EAIF») et GuarantCo. Il s’agit d’une combinaison innovante d’un financement Islamique avec un financement conventionnel. La Banque Internationale pour le Mali (« BIM-SA ») met à disposition d’Albatros Energy Mali SA une ligne pour le financement du fond de roulement et est l’agent de sureté du projet. La société mère de la BIM-SA, Attijariwafa Bank joue le rôle de l’agent de crédit du projet. M. Beckers, pourquoi le choix du HFO comme combustible de la centrale thermique ? Le Mali est un pays enclavé sans accès au gaz naturel, charbon ou sources géothermique. Le potentiel éolien étant très limité, il ne reste que l’hydraulique, le solaire et le gas-oil/HFO. Seulement, ni l’hydraulique, ni le solaire ne sont des sources d’énergie capable d’assurer une production d’électricité constante et sans interruption. C’est pourquoi le Mali a besoin

MAGAZINE BUSINESS AFRICA

12

d’une source d’énergie électrique fiable et disponible 24h sur 24h (« base load ») qui permet de soutenir son développement économique et social. En choisissant le HFO, qui est un combustible moins cher que le gasoil, et des moteurs de dernière génération avec une consommation spécifique très basse, Albatros Energy Mali est capable de produire un kWh à un tarif très compétitif.

site du financement d’un IPP. Par la suite, la mobilisation du financement côté banques a pu être finalisé et nous sommes arrivés à la clôture financière au début de juillet 2017. Nous espérons que ce premier projet IPP, développé par Redox Power Solutions avec l’accompagnement du gouvernement du Mali sera un catalyseur et une incitation à des futurs PPP dans le domaine de l’énergie et des infrastructures au Mali.

M. Sow, la centrale dont vous venez de commencer la construction fait l’objet d’un Partenariat Public-Privé (PPP), quelle est votre appréciation de ce partenariat avec l’Etat malien ?

Mme. Beckers, pouvez-vous nous édifier sur les challenges liés au financement de PPP en Afrique ?

La mise en place du premier IPP dans un pays n’est jamais évident. A ceci il faut ajouter les instabilités politiques des années 2012/2013 et la situation sécuritaire du Mali qui n’a pas facilité le développement de notre Projet. Cependant, il a été construit sur des bonnes bases de bancabilité et nous avons toujours cru en la réussite de ce projet stratégique pour le Mali. L’Etat malien par l’intermédiaire du Ministère de l’Énergie et de l’Eau et du Ministère de l’Économie et des Finances a mis en place le cadre et les contrats indispensables (Convention de Concession, Contrat d’Achat et de Fourniture d’Energie, Accord Direct, etc …) pour la réus-

Un des challenges important auquel les développeurs de projets d’infrastructure en Afrique sont confrontés est la non-disponibilité chez les banques locales de prêts avec une maturité assez longue. Ceci oblige les développeurs à chercher des sources de financement chez les banques de développement internationales qui ont souvent de délai de mise en place de plusieurs années. Au vu des besoins énormes et urgents en infrastructure du continent africain, cette inadéquation entre le temps d’instruction d’un dossier de financement et le bouclage du financement doit être revue par les banques de développement afin que les projets puissent être financés dans des délais raisonnables. Propos recueillis par A.S. TOURE


A LA UNE

MAGAZINE BUSINESS AFRICA

13

Les trois promoteurs de ALBATROS ENERGY MALI SA De gauche à droite: M. Amadou SOW, Mme Ruth BECKERS, M. Koenraad BECKERS.


FINTECH

MAGAZINE BUSINESS AFRICA

14

WorldRemit lève 40 millions de dollars et vise 5 millions de clients en Afrique Le leader du transfert d’argent digital WorldRemit vient de lever 40 millions de dollars pour orchestrer la nouvelle phase de sa stratégie de croissance, avec pour ambition de servir 10 millions de clients des pays émergents à l’horizon 2020. La moitié de ses clients se trouvent en Afrique. Ce tour de table porte à 220 millions de dollars le total des investissements dont a bénéficié WorldRemit à ce jour.

A

vec cette levée de fonds, WorldRemit permettra aux clients en Afrique de transférer de l'argent vers 148 pays aussi facilement que d'envoyer un message instantané, en utilisant l'application WorldRemit. Les pays d'Afrique qui reçoivent désormais des envois de fonds via WorldRemit deviendront des pays d'envoi. Plus important encore, le nouveau service rendra l'envoi d'argent vers l’Afrique plus rapide, plus facile et moins coûteux. Selon la Banque mondiale, les transferts inter-africains sont parmi les plus chers au monde.

Leader mondial des transferts d’argent internationaux de mobile-à-mobile. Ismail Ahmed Les transferts d’argent depuis Fondateur et PDG de WorldRemit 50 pays vers l’Afrique, représentent plus de la moitié des reder mondial des transferts d’argent intervenus de WorldRemit. nationaux de mobile-à-mobile. L’entreprise gère actuellement 74% des « Cette nouvelle levée de fonds va nous transferts réalisés sur des comptes moaider à continuer sur notre lancée en biles money, parmi les plus populaires nous permettant de mettre notre service en Afrique tels que MTN, Ecocash, Tigo à la portée de millions de nouveaux Pesa, Vodafone M-Pesa, Airtel Money et clients aux quatre coins du monde. Telesom Zaad. L'Afrique est un marché crucial pour Ces derniers font de WorldRemit le leanous et au cours des prochaines an-

nées, nous allons étendre nos services afin que les clients puissent envoyer et recevoir de l’argent avec WorldRemit, en bénéficiant des avantages de notre service en ligne rapide et sécurisé. » a déclaré Ismail Ahmed, fondateur et PDG de WorldRemit. Une progression de 400% de ses volumes de transactions. Depuis son dernier tour de table, en 2015, WorldRemit a lancé 206 nouveaux services et enregistré une progression de 400% de ses volumes de transactions. Le mois dernier, WorldRemit est devenu le tout premier service de transfert d’argent en ligne partenaire officiel du club anglais d’Arsenal. Ce tour de table est orchestré par LeapFrog Investments, le plus grand investisseur privé spécialisé dans les domaines des services financiers et de la santé pour les consommateurs des pays émergents avec le concours des investisseurs historiques Accel et TCV . Ce nouveau financement intervient après celui réalisé en 2015 par TCV, luimême précédé par celui effectué par Accel et Project A en 2014.


EVENEMENT

MAGAZINE BUSINESS AFRICA

15

Conférence BUSINESS AFRICA - ABC(African Business Club): L’Epargne et l’investissement en Afrique subsaharienne francophone en débat à l’ESCP Dans le cadre des conférences qu’il organise sur les problématiques économiques du continent africain, votre magazine BUSINESS AFRICA a réuni, le 30 novembre dans la prestigieuse Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP) un parterre d’experts de haut niveau pour débattre du sujet de l’Epargne et de l’investissement en Afrique francophone subsaharienne. Organisée en partenariat avec l’African Business Club, cette conférence était animée par Kalidou DIALLO, Directeur Général de CGF GESTION, Ibrahima KOBAR, Directeur Délégué en charge des taux à NATIXIS A.M, Francesco De MUSSO, Directeur Général de BGFI EUROPE et Benoît LE BARS, avocat au Cabinet LAZAREFF LE BARS. Charlène NTSIBA, Avocate au Cabinet WHITE & CASE LLP en assurait la modération. posés et au sens pédagogique des différents intervenants, d’aborder sans détour les problématiques liées à la collecte de l’épargne en Afrique francophone, notamment avec l’usage des outils technologiques et l’apparition de nouveaux acteurs. Cette conférence a De gauche à droite: Ibrahima KOBAR, Francesco De MUSSO, Charlène NTSIBA, Benoît LE BARS, Kalidou DIALLO également été l’occasion de débattre des moyens jurielon la Banque mondiale, 20 à investie sur les marchés étrangers. 40 % de l’épargne africaine est Les défis aujourd’hui sont les suivants : diques et règlementaires susceptibles comment mieux mobiliser l’épargne afri- d’assurer une gestion efficace de aujourd’hui délocalisée. Une part importante de ces flux caine et comment la réinjecter dans l’épargne de long terme, dont l’Afrique a concerne les travailleurs expatriés, mais l’économie réelle en faveur de la crois- tant besoin pour le financement de son développement. également les classes aisées africaines sance ? qui veulent se protéger contre les Comment redéfinir l’environnement ré- Selon M. Abba Singoro TOURE, fondarisques de change ou avoir accès à des glementaire bancaire, tout en s’adaptant teur du Magazine BUSINESS AFRICA, d’autres initiatives de la sorte seront orsupports d’investissement plus diversi- au niveau de maturité des marchés ? Ce sont essentiellement qui étaient à ganisées au cours de l’année 2018. fiés.

S

C’est donc, qu’en plus de la problématique de sa collecte, c’est une part substantielle de l’épargne africaine qui est

l’ordre du jour de la Conférence du 30 novembre 2017. Elle a permis , grâce à la clarté des ex-

A. Diallo


MINES

MAGAZINE BUSINESS AFRICA

16

Christian MION

Associéen charge du secteur minier à ERNST AND YOUNG

« Il faut créer les conditions d'attractivité permettant d'attirer le plus d'investissements dans le secteur minier » Christian MION est l’un des 12 associés au monde, en charge des Mines, au sein du Cabinet Ernst and Young. Il couvre l’activité́mining en Afrique et au Moyen Orient avec un focus essentiel sur les marchés émergents. A force de déplacements sur le continent et souvent pour des séjours longs, il a fini par apprendre quelques rudiments de langues locales. Une nécessitéprofessionnelle pour cet homme courtois et chaleureux, qui a su tisser un vaste réseau aussi bien dans le milieu politico-économique que dans la sociétécivile africaine.

D

ans les locaux du siège parisien de Ernst and Young (EY) au quartier d’affaires la Défense, dont les fenêtres donnent sur les teintes d’automne du jardin de l’esplanade, Christian Mion a du mal à cacher sa joie. Il faut reconnaître que les performances africaines de EY, l’un des BIG FOUR du consulting sont, notamment dans le secteur minier, assez impressionnantes.

Créer les conditions d'attractivité permettant d'attirer le plus d'investissements Doté d’une double formation ingénieur et finance, country manager en Afrique notamment en Guinée et en RDC, Christian MION totalise aujourd'hui près de 25 ans de partnership au sein du cabinet et 30 années d'expérience dans le secteur minier africain. Quand cet amoureux de l’Afrique parle du secteur minier africain, on peut donc lui faire confiance. Pour lui, l’un des enjeux majeurs des mines en Afrique, réside dans l’absence de vision claire de cer-

Trois pays cependant semblent, à ses yeux, sortir du lot, pour avoir mener des réformes audacieuses: le Sénégal, la Côte d'Ivoire et la Guinée Conakry. Dans ces pays, plusieurs mesures incitatives ont été adoptées pour accompagner la relance du secteur minier.

Christian MION

tains dirigeants politiques pour ce secteur, pourtant pourvoyeur d’importantes ressources financières. « Les matières premières il y’a en partout dans le monde même si certains pays sont mieux dotés que d'autres. Il faut donc créer les conditions d'attractivité permettant d'attirer le plus d'investissements ».

Un régime fiscal spécial pour les investisseurs miniers. La question brûlante demeure, bien sûr, celle de la fiscalitéau sens large et d’un cadre attractif général . Si elle permet en temps normal à l’Etat d’assurer le financement des charges publiques, elle devient en période de crise un formidable instrument d’intervention économique et sociale. Faut-il, pour autant, appliquer aux opérateurs miniers un régime spécial ? Pour Christian MION, la réponse est Oui. Il préconise, à cet effet, l’instauration d’une « flat tax » susceptible de donner un signal fort aux investisseurs internationaux et de rétablir la confiance. Une confiance, il est vrai, souvent mise en doute, de part et d’autre. A.T


TELECOMS

MAGAZINE BUSINESS AFRICA

17

ORANGE s’offre AIRTEL en Sierra Leone L’acquisition par ORANGE de l’opérateur mobile Airtel Sierra Leone a été effectuée via sa filiale sénégalaise Sonatel, permettant au Groupe de renforcer ses positions en Afrique de l’Ouest. Suite à cette opération, Orange Sierra Leone rejoint l’une des marques les plus puissantes au monde et bénéficiera de la force d’un Groupe de dimension internationale, notamment en termes de savoir-faire technique et d’un vaste portefeuille de produits et de services. Fort de sa présence sur le continent africain, le Groupe Orange affiche un fort potentiel de croissance pour les années à venir.

A

abordables et pertinentes, “ nous souhaitons offrir un large choix aux consommateurs en leur donnant les outils nécessaires pour relever les défis quotidiens de la vie. Nous restons engagés à étendre notre réseau et nos services, jusqu'aux portes de chaque Sierra-Léonais, dans le but de réduire la fracture numérique dans le pays. Avec le soutien d'Orange et de la Sonatel, nous pouvons aujourd’hui répondre à ce besoin. Je suis convaincu qu'au cours des prochains mois, Orange saura conquérir le cœur des clients en Sierra Leone et émerger comme l'une des marques les plus admirées du pays. »

vec une population de plus de sept millions de personnes, la Sierra Leone offre un potentiel de croissance important dans les services mobiles. Suite à l'acquisition de l’opérateur Airtel, Orange s'est engagé à améliorer la qualité et la disponibilité de ses services en étendant sa couverture dans des zones géographiques inexploitées et mal desservies, offrant à la population sierra-léonaise l'innovation qu'offre Orange partout ailleurs.

Améliorer la qualité du réseau

Orange Sierra Leone a dévoilé plus tôt cette année un plan de modernisation et d'expansion visant à améliorer la fiabilité, la couverture et la qualité de son réseau ainsi que des services voix et données. Un budget de 33 millions de dollars US doivent être investis pour cela. A cet effet, Bruno Mettling, Directeur Général Adjoint du Groupe Orange et Président-Directeur Général d’Orange MEA (Afrique et Moyen-Orient), a déclaré : « Nous sommes très heureux d’annoncer l’arrivée de la marque Orange en Sierra Leone, et de renforcer notre présence déjà forte en Afrique de l'Ouest. Le lancement de la marque Orange confirme notre confiance dans la reprise économique en cours du pays et notre engagement à apporter tous les avantages des nouveaux services numé-

Sekou DRAME Directeur Général ORANGE SIERRA LEONE

riques aux Sierra Léonais dans le cadre d'un partenariat juste, transparent et clair qui permettra de conforter la position de l’opérateur sur le marché. » Solutions innovantes et abordables Orange Sierre Leone sera dirigé par Sekou Drame, un cadre expérimenté de la Sonatel. Pour lui, le lancement de la marque Orange permettra de répondre aux besoins émergents des clients en leur proposant des solutions innovantes,

Présence dans 21 pays africains Orange est présent dans 21 pays en Afrique et au Moyen-Orient et compte plus de 127 millions de clients (fin juin 2017). Avec 5,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2016 (soit 12% du total), cette zone est une priorité stratégique pour le Groupe. Son offre phare de transfert d’argent et de service financiers sur mobile, appelée Orange Money, est disponible dans 17 pays et compte plus de 34 millions de clients. La stratégie du Groupe en Afrique et au Moyen-Orient est de se positionner comme partenaire de la transformation numérique et d’apporter son savoir-faire international pour accompagner le développement de nouveaux services digitaux.


INTERVIEW

MAGAZINE BUSINESS AFRICA

Chiara CORAZZA Directrice Générale WOMEN’S FORUM

18


INTERVIEW

MAGAZINE BUSINESS AFRICA

19

Chiara CORAZZA

Directrice Générale du WOMEN’S FORUM “ Nous souhaitons que davantage de femmes africaines soient associées au WOMEN'S FORUM” Considéré comme le “DAVOS des Femmes” le WOMEN’S FORUM (W.F) est une plateforme internationale réunissant les femmes leaders du monde entier. Son objectif l’ “empowerment” des femmes afin de les inciter à s’engager dans tous les secteurs de la vie de la cité: social, économique, politique. C’est du moins l’avis de Mme Chiara CORAZZA, directrice générale du WOMEN’S FORUM, qui a bien voulu recevoir BUSINESS AFRICA. INTERVIEW Pourquoi avez vous jugé necessaire de vous lancer dans cette aventure du WOMEN’S FORUM, alors que votre parcours vous prédestinait à des hautes fonctions dans la sphère économique ? J'ai effectivement fait une belle carrière dans le monde des affaires, de l'institutionnel et du développement international. J'ai beaucoup voyagé et rencontré des gens, y compris en Afrique. J'avais envie de redonner ce que j'ai reçu, toute cette énergie positive, toutes ces compétences en trente huit ans de carrière. J'avais envie de me mettre au service d'une belle cause, et quelle plus belle cause que celle de la moitié de la planète. Pouvez vous nous dire quelques mots sur le WOMEN’S FORUM ? Le WOMEN’S FORUM est le Davos des femmes. Ce n'est pas un évènement au sens strict du terme. C'est une plateforme qui donne la parole aux femmes pour qu'elles aient de l'influence dans la vie économique, politique et sociale. Et quand je dis avoir de l'influence, c'est de façon généreuse et bienveillante, l'objectif étant de changer le monde pour le rendre meilleur.

Ce monde a été construit par les hommes et pour les hommes. Aujourd'hui les nouvelles technologies, les innovations, les changements climatiques etc...sont des enjeux essentiels et ce serait un énorme gachis que les femmes soient absentes de ces débats. Elles doivent donner leur vision, apporter leur valeur ajoutée sans, bien entendu, être en opposition ou en compétition avec les hommes. Quel peut être, selon vous, l’apport des femmes dans le monde d’aujourd’hui ? Des études sérieuses et notamment celle du cabinet McKinsey intitulée "Woman Matter", ont démontré que la femme, au bon niveau de gouvernance d'une entreprise, apporte non seulement une valeur ajoutée sociale et humaine, mais également augmente de façon significative la performance économique. A titre d'exemple, l'étude du cabinet McKinsey montre que l'on peut gagner 12 milliards de dollars d'ici 2025 s'il y a plus de diversité dans les grandes multinationales. Cela sans compter le fait qu'on a la certitude que seront créés 240 millions d'emplois nouveaux dans le monde entier.

Autre enjeu essentiel, c'est le changement climatique. Comme vous le savez, ce sont les femmes qui sont les plus impactées, notamment en Afrique. Par ailleurs, dans la vie politique, les femmes doivent s'impliquer davantage pour faire entendre leur voix. L'objectif du WOMEN’S FORUM est de délivrer des messages, dire qu'il faut se battre au quotidien, dans un esprit de solidarité et de générosité. On note que les femmes africaines sont peu représentées au WOMEN’S FORUM, qu’en est -il ? Nous souhaitons vraiment que le maximum de femmes africaines soient associées au Women's Forum. Il ya aujourd'hui beaucoup de femmes d'influence mais très peu d'africaines, surtout celles qui sont actives dans la vie économique et sociale. L'année prochaine nous ferons en sorte qu'il y ait une plus grande représentation des femmes du continent africain. Mais ce n'est pas un oubli, c'est juste qu'en 12 ans il y a un réseau qui s'est créé qu'il fallait absolument développer progressivement. Entretien réalisé par A.S. TOURE


EMPLOI

MAGAZINE BUSINESS AFRICA

20

La B.A.D lance un groupe consultatif des jeunes pour créer 25 millions d'emplois L’objectif est de créer 25 millions d'emplois et profiter à 50 millions de jeunes au cours des dix prochaines années, en leur donnant les compétences nécessaires pour obtenir des emplois décents et pérennes

L

e président du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) Akinwumi Adesina a lancé le Groupe consultatif présidentiel de la jeunesse (acronyme PYAG venant de l’anglais « Presidential Youth Advisory Group »), en marge du 6e Forum des affaires Union européenne-Afrique à Abidjan. Ce groupe consultatif, qui travaillera en étroite collaboration avec la Banque africaine de développement, est destiné à proposer des idées et des solutions innovantes pour créer des emplois pour

les jeunes Africain(e)s, dans la droite ligne de l’initiative de la BAD « Des emplois pour les jeunes en Afrique ».

Créer 25 millions d'emplois

L’objectif est de créer 25 millions d'emplois et profiter à 50 millions de jeunes au cours des dix prochaines années, en leur donnant les compétences nécessaires pour obtenir des emplois décents et pérennes. Il s’agit là de l’initiative la plus importante jamais déployés en faveur de l'emploi des jeunes en Afrique.

« C'est une opportunité énorme pour l'Afrique. Si nous réglons le problème du chômage des jeunes, l'Afrique gagnera 10 à 20 % de croissance annuelle. Ce qui signifie que le PIB de l'Afrique augmentera de 500 milliards de dollars par an durant les trente prochaines années. Le revenu par habitant augmentera quant à lui de 55 % par an jusqu'en 2050 », a déclaré Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement (BAD) lors de la présentation du groupe à la presse.


EMPLOI

MAGAZINE BUSINESS AFRICA

Adesina, pour qui la jeunesse est le plus grand atout du continent africain, a rappelé une amère réalité : sur les 13 millions de jeunes qui entrent chaque année sur le marché du travail, seuls 3 millions (environ 33 %) occupent un emploi salarié décent. Les autres demeurent sous-employés ou ont un emploi précaire. Si rien n’est fait, le déficit d'emplois, soit plus de 8 millions par an, va aller en s'aggravant, car le nombre de jeunes en Afrique devrait doubler pour atteindre plus de 800 millions dans les prochaines décennies. Création d’opportunités pour la jeunesse africaine

d'emploi

« L'Afrique connaît une crise du chômage des jeunes », a martelé Adesina, soulignant qu’à moins de leur offrir des opportunités d'emploi, la croissance rapide de la population des jeunes en Afrique pourrait poser de sérieux problèmes, tant au plan social, qu’économique, politique et sécuritaire. Les jeunes Africains, dynamiques et courageux, en viennent à traverser le désert ou la mer Méditerranée, faute de trouver des emplois décents sur leur continent. En Afrique, le manque d’opportunités d'emploi nourrit également la violence et l'extrémisme. « 40 % des jeunes Africains qui prennent les armes, rejoignent des gangs ou des groupes terroristes en raison du peu d’opportunités qui leur sont offertes dans leurs pays », a déploré le président Adesina. « 66 millions de jeunes Africains gagnent moins de 2 dollars par jour, moins que le prix d'un hamburger » a souligné le président de la BAD. « 66 millions, c’est huit fois la population de la Suisse, six fois celle de la Belgique, la même que celle du Royaume-Uni, de la France ou de l'Italie, ou encore 80 % de la population allemande. » Le Groupe consultatif présidentiel de la

jeunesse (PYAG) compte neuf membres, tous âgés de moins de 40 ans et qui ont contribué de manière significative à la création d’opportunités d'emploi pour la jeunesse africaine. Outre Ashish Thakkar, de nationalité ougandaise et PDG-fondateur du Groupe Mara qui préside le PYAG, celui-ci compte parmi ses membres : Uzodinma Iweala, auteur primé du Nigeria ; le Camerounais Mamadou Touré, PDG-fondateur d’Africa 2.0 / Ubuntu Capital ; la Tchadienne Vanessa Moungar, directrice du développement humain et social à la BAD et membre du Conseil présidentiel pour l'Afrique du président français Emmanuel Macron ; Francine Muyumba de la République démocratique du Congo, présidente de l'Union panafricaine de la jeunesse ; l’Américain Jeremy Johnson, co-fondateur de la start up Andela ; la Rwandaise Clarisse Iribagiza, PDG de Heh ; la Nigérianne Ada Osakwe, PDG d’Agrolay Ventures ; et la Zambienne Monica Musonda, PDG de Java Foods. Un programme de transformation économique mené par et pour les jeunes Le président de la Banque africaine de développement a expliqué les motivations qui ont conduit à la mise sur pied du Groupe consultatif présidentiel de la jeunesse : « Nous sommes conscients de l'énergie, de la créativité, de l’innovation et de l'excellence entrepreneuriale phénoménales qu’offrent beaucoup de nos jeunes. C’est pour cette raison que la Banque africaine tient à être conseillée par des jeunes d’avant-garde sur ses politiques, ses actions et programmes en faveur de la jeunesse d’Afrique. » « Les membres du Groupe consultatif présidentiel de la jeunesse doivent activement impliquer les partenaires du secteur privé, les chefs de gouvernement, la société civile, les partenaires donateurs et les autres parties prenantes, a

21

ajouté le président Adesina. Ils soutiendront le travail colossal que la Banque africaine de développement accomplit déjà et qu’elle promeut à travers le continent avec sa stratégie “Des emplois pour les jeunes en Afrique”. Développer de nouvelles perspectives Le PYAG offre aux jeunes leaders africains l’opportunité de développer de nouvelles perspectives et de recommander des solutions innovantes qui façonneront l’appui de la Banque africaine de développement aux pays africains et réduiront le fléau du chômage des jeunes. La Banque s’est pleinement engagée à travailler avec le PYAG pour intensifier et accélérer la création d’emplois décents et pérennes pour les jeunes Africains, à travers des emplois formels et l'entrepreneuriat des jeunes, qui permettront aux jeunes Africains de prendre eux-mêmes en main la prospérité économique, la stabilité sociale et la viabilité environnementale. « C'est pour moi un grand honneur de servir notre continent dans ce rôle, a déclaré Ashish Thakkar, PDG du groupe Mara et président du PYAG. Nous savons que les enjeux sont énormes, mais nous sommes déterminés à remplir cette mission qui est de créer des entreprises de jeunes florissantes qui génèrent une forte valeur ajoutée. Et de raconter comment sa famille avait tout perdu pendant le génocide au Rwanda dans les années 1990. « J'ai emprunté 5 000 dollars pour lancer mon entreprise sans soutien d’aucune sorte. Aujourd'hui, le groupe Mara compte 14 000 employés dans le monde. J'étais seul, alors imaginez ce que nous pourrions faire avec le soutien d'une institution comme la Banque africaine de développement ! », s’est-il enthousiasmé. A.C.D


ENERGIE

MAGAZINE BUSINESS AFRICA

22

L’État de Côte d’Ivoire, Biokala SA et EDF signent un accord tarifaire pour le projet de centrale à biomasse Biovea L’État de Côte d’Ivoire, la société Biokala SA, filiale du groupe SIFCA, et la société Électricité de France (EDF) ont signé un accord tarifaire portant sur le prix de cession de l’énergie produite par la centrale biomasse Biovea, dans la région d’Aboisso, au réseau électrique ivoirien. L’État de Côte d’Ivoire était représenté par M. Thierry TANOH, Ministre du Pétrole, de l’Energie et du Développement des énergies renouvelables, M. Adama KONE, Ministre de l’Économie et des Finances, Mme Anne Désirée OULOTO, Ministre de la Salubrité, de l’Environnement et du Développement Durable, M. Moussa SANOGO, Secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargé du Budget et du portefeuille de l’État et son Excellence l’Ambassadeur de Côte d’Ivoire en France, M. Charles GOMIS. Électricité de France (EDF) était représentée par Mme Marianne LAIGNEAU, Directeur Exécutif du Groupe en charge de l’International, et la Société Biokala SA par son Président David BILLON.

Initié en juillet 2012 par le groupe SIFCA à la suite de la signature d’un protocole d’accord entre l’État et sa filiale Biokala, ce projet vise à produire de l’énergie renouvelable à partir de biomasse en Côte d’Ivoire. En septembre 2014, SIFCA et EDF ont conclu un accord pour la construction et l’exploitation de la

Thierry TANOH

Ministre du Pétrole, de l’Energie et du Développement des énergies renouvelables


ENERGIE

D’une puissance de 46 mégawatts (MW), la centrale située à Ayebo permettra une production annuelle de 337 gigawattheures (GWH) à partir de 476 000 tonnes de biomasse collectée et exportable sur le réseau interconnecté. Valoriser la biomasse générée par les activités agro-industrielles « Ce projet répond à deux défis africains, et notamment ivoiriens : valoriser la biomasse générée par les activités agro-industrielles et répondre aux besoins en énergie dans un continent où le taux d’électrification est de moins de 40%. Mais ce projet permet surtout de générer un bonus environnemental en constituant une source de revenus complémentaires pour les planteurs de palmiers à huile, ce qui permettra de financer leur approvisionnement en engrais ou une assistance technique afin d’améliorer les rendements », explique David Billon, porteur du projet et Président de Biokala SA. La construction de la centrale d’Ayebo, première centrale à biomasse en Afrique Subsaharienne utilisant des résidus de l’industrie agroindustrielle, est ainsi une vérita-

MAGAZINE BUSINESS AFRICA

ble source d’économie circulaire et inclusive adossée à la filière du palmier à huile. Elle permet d’en moderniser la culture et l’ensemble du secteur agricole de la région d’Aboisso au service du renforcement des capacités du réseau électrique ivoirien, tout en préservant l’environnement. En Côte d’Ivoire, avec plus de 200 000 emplois réguliers, la filière huile de palme fait vivre près de 2 millions de personnes, soit 10% de la population. Le projet Biovea contribue donc à une croissance inclusive de la région du Sud Comoé avec : Plus de 100 milliards de francs CFA d’investissements (185 millions d’euros). Une augmentation entre 5 % et 10 % des revenus de base des planteurs pour plus de 10 000 exploitants. 1 300 emplois créés dans la région du Sud Comoé. Recyclage de 13 500 tonnes de cendres de palmes riches en potassium Le projet Biovea permettra également de développer une filière éner-

23

gétique et agricole durable grâce au recyclage de 13 500 tonnes de cendres de palmes riches en potassium au profit des cultures vivrières et des plantations de palmiers à huile. Il sera en outre au service d’une gestion respectueuse de l’environnement en offrant : 20 à 25% d’augmentation de la productivité agricole grâce à des plants sélectionnés pour leur haute teneur en huile. 1,6 million de tonnes de CO2 économisé par an. Plus de 5 000 hectares affectés aux cultures vivrières. Une protection renforcée des enclaves et de la biodiversité. En s’inscrivant dans les lignes d’une production énergétique responsable, et au service d’une agriculture durable, circulaire et inclusive, le projet Biovea est fier d’apporter sa contribution à la modernisation économique régionale et nationale de la Côte d’Ivoire. Fondée en 2010, Biokala est une filiale du Groupe SIFCA spécialisée dans les énergies renouvelables, notamment à biomasse produite à partir des résidus de palmiers pour alimenter ses futures centrales électriques.

businessafricamag.com


PARCOURS

MAGAZINE

BUSINESS AFRICA

24

Kako NUBUKPO


PARCOURS

MAGAZINE BUSINESS AFRICA

25

Jusqu’où ira Kako NUBUKPO ? La décision prise par l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) de se séparer de Kako Nubukpo, jusqu’alors Directeur dela francophonie économique et numérique, n’a pas vraiment surpris les observateurs avisés des arcanes politico-économiques du village franco-africaine. La virulence de ses récentes interventions et surtout sa dernière tribune publiée sur les propos tenus par Emmanuel Macron à Ouaga, ont fini par convaincre que son sort, au sein de l’institution de l’avenue Bosquet, était scellé.

L

’Organisation Internationale de la Francophonie, a rompu sa collaboration avec un de ses responsables les plus brillants. Kako Nubukpo, désormais ex-directeur de la francophonie économique et grand pourfendeur du Franc CFA, a désormais repris sa liberté d’expression. Une liberté qu’il n’a, en réalité, jamais cessé d’exercer.

La “servitude volontaire” De tous les combats, ou presque, contre la politique monétaire passive des pays africains de la zone Franc, ce macro-économiste à la plume acerbe, clame haut et fort que la monnaie Franc CFA, dans sa mouture actuelle est tout sauf un facteur stimulant pour le développement des pays concernés. En cause: la fameuse réserve que les Etats doivent constituer auprès du trésor français, et qui serait volontairement surévaluée. Mais plus largement, M. Nubukpo s’attaque au refus des responsables politiques africains de s’affranchir du lien monétaire avec la France et même d’en faire plus qu’il n’en faut,

la “servitude volontaire.” Et comme si cela ne suffisait pas, le voilà qui s’offre une tribune dans le journal Le Monde pour fustiger les propos tenus par le président français Emmanuel Macron lors de son récent séjour à Ouagadougou. Pour beaucoup d’observateurs ce fut la goutte d’eau qui aurait débordé le vase. Désormais libre et plus engagé que jamais, il faudra s’attendre à ce que le débat sur le maintien du Franc FCFA soit, sous sa férule, ravivée. Un parcours élogieux Rappelons que Kako Nubukpo est né en 1968 au Togo. Il est titulaire d’un doctorat en macro économie et agrégé des facultés de sciences économiques du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES). ll a été enseignant à Sup de Co Lyon (1997-99), économiste spécialiste du coton à l’Institut du Sahel à Bamako (1999), macro-économiste au service recherches puis chef de service des actions extérieures de

formation au siège de la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) à Dakar (200003). Il a ensuite rejoint le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), établissement public français basé à Montpellier, qui l’a détaché de 2004 à 2008 à Bamako, en tant qu’assistant technique français. Il dirige, à partir de 2010, le pôle d’analyse économique de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). à Ouagadougou. Il sera ensuite nommé par le président togolais comme Ministre en charge de la Prospective et de l’évaluation des politiques publiques. A l’élection de Michaelle Jean comme sécretaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie, Kako Nubukpo intègre son équipe comme Directeur de la francophonie économique et numérique. A.T


PARCOURS

MAGAZINE BUSINESS AFRICA

26

Lynda AMADAGANA Avocat aux Barreaux de Paris et du Cameroun Conseil Juridique ACTIS - CAMEROUN « Il y a un vrai regain des investisseurs internationaux pour le continent africain et des opportunités dans tous les secteurs »

Lynda AMADAGANA


PARCOURS

C

ette avocate camerounaise très active a plusieurs cordes à son arc : Membre du Bureau de l'African Business Lawyers Club (ABLC), Vice présidente du Club Diallo TELLI, elle trouve encore le temps de s'investir pour d'autres actions caritatives.

Retour aux sources Avocate aux barreaux de Paris et du Cameroun, spécialisée en droit des affaires, Lynda AMADAGANA exerce depuis six années au sein de bureaux parisiens de cabinets internationaux dont près de quatre années au sein du cabinet américain Orrick Herrington & Sutcliffe. Elle conseille de grandes entreprises sur la structuration juridique de projets énergétiques ou infrastructurels en Afrique et est aujourd’hui le conseil juridique du fonds d’investissements anglais ACTIS au Cameroun. Son passage au Cabinet Orrick Herrington & Sutcliffe fut pour elle un formidable tremplin, qui lui a permis quelques incursions sur le continent africain. Lynda a pu ainsi approfondir ses connaissances sur la pratique du droit des affaires en Afrique tout en s'imprégnant des réalités de l'environnement des affaires. "L'environnement juridique en Afrique est très mouvant. Il y a un vrai regain des investisseurs internationaux pour le continent africain et des opportunités dans tous les secteurs. Si l'on prend le secteur juridique par exemple, il y’a un grand besoin de spécialisations dans des domaines comme le droit maritime, le droit de la distribution, le droit des assurances qui ne sont pas encore complètement couverts". Mais face à ces opportunités que faire ? Faut-il se complaire dans son petit

MAGAZINE BUSINESS AFRICA

confort quotidien ou faut il rentrer ? Et le cas échéant, quand rentrer, où et pour quoi faire ? "Pour ma part, je n'ai pas eu à réfléchir longtemps, une opportunité s'est présentée et je l'ai saisie". L'opportunité en question, c'est d’assurer le conseil et l’assistance juridique du fonds d'investissement ACTIS (un des plus importants au monde) dans ses investissements au Cameroun, son pays natal. Une aubaine pour celle dont le cœur n'a jamais réellement quitté l'Afrique. La culture et l’approche du terrain Mais son expérience du terrain lui rappelle qu'elle devra désormais porter plusieurs casquettes. "En Afrique, le rôle de l’avocat n’est pas simplement celui de conseil juridique d’une entreprise, mais un véritable partenaire dans son fonctionnement. Il faut donc être à la fois un conseil juridique mais également être au fait du contexte économique et posséder une vraie connaissance du marché". Aux jeunes juristes africains qui hésitent encore à faire le grand saut, Lynda Amadagana, repatriée tout récemment conseille l’audace : “ J'invite mes confrères installés en France et en Europe à avoir un regard positif sur le marché africain. Leur technicité est un atout formidable. Il y’a également l'aspect formation des juristes africains qui n'est pas à négliger ainsi que l'amélioration de la pratique des affaires. Il y a un vrai besoin pour les avocats africains, de se mettre ensemble pour créer des cabinets de référence, capables d’obtenir des mandats pour des grands projets. Ceci est d'autant plus nécessaire quand on voit débarquer en Afrique des cabinets d'avocats internationaux qui n'ont

27

pas forcément la culture et l'approche du terrain".

Les défis à relever Quant aux défis à relever pour améliorer la pratique du droit des affaires en Afrique, l'avocate reste lucide: "Tout commence par la formation de professionnels du Droit, il n’existe pas encore de véritables écoles de formation dans les barreaux en Afrique. Il faut que l'on développe plus de rapports entre les jeunes avocats et juristes et les professionnels. Le deuxième axe est la structuration du marché. Il y a un certain protectionnisme des barreaux locaux. Mais le problème peut être adressé différemment. Il serait plutôt idéal de réfléchir à des partenariats entre les cabinets locaux et les cabinets internationaux pour un enrichissement mutuel. Enfin, je pense qu'il faut de vraies politiques d'attractivité pour les jeunes candidats au retour pour entrainer un retour massif de la diaspora qualifiée. Il y’a un vrai besoin de ressources qualifiées sur le continent et la diaspora africaine a un rôle à jouer. Certains pays comme le Rwanda ont commencé à montrer le chemin. S’agissant de ses perspectives en Afrique et singulièrement au Cameroun, Lynda veut voir le verre plutôt à moitié plein : « Pour ma part j'envisage mon retour avec beaucoup de sérénité et beaucoup d'enthousiasme. Continuer d’exercer mon métier d’Avocat sur le marché africain en étant le conseil juridique d’un fonds tel ACTIS est une réelle opportunité qui me permet de comprendre l’environnement des affaires et de participer au développement du continent ». A.S.T


INFRASTRUCTURES

MAGAZINE BUSINESS AFRICA

28

Le nouvel aéroport de Dakar ambitionne d’être "le premier hub aérien d'Afrique de l'Ouest" Au Sénégal le nouvel aéroport international de Dakar a été inauguré jeudi 7 décembre. Un investissement de plus de 600 millions d'euros qui pourrait dans le futur accueillir 10 millions de passagers par an et faire de Dakar une plaque tournante en Afrique de l'Ouest.

S

itué à Diass, à 47 km de la capitale Dakar, le chef de l'état coupe le ruban de cet aéroport puis effectue un parcours du voyageur. Le président sénégalais Macky Sall espère faire de ces terminaux modernes une plaque tournante en Afrique ; c'est, dit-il, "le premier hub aérien d'Afrique de l'Ouest" Cette inauguration a également été l'occasion de mettre un terme aux nombreux déboires lors de sa

construction : la 1ère pierre a été posée il y a 10 ans. Le chantier s'est régulièrement embourbé, entre changements de maître d'ouvrage, financements instables et plaintes des villageois exproriés. Au fil du temps, les investissements ont plus que doublé ; le coût final est de 424 milliards de francs CFA soit 646 millions d'euros. Deux millions de passagers devraient y transiter chaque année. Pour commencer, comme son grand

rival ivoirien, l'aéroport Félix-Houphouët-Boigny, l'AIBD pourra désormais accueillir le plus grand avion de ligne du monde, l'A380. Prochaine étape du rêve aérien de Macky Sall, faire décoller la nouvelle compagnie Air Sénégal. Les premiers vols commerciaux sont prévus en janvier prochain. Avec la difficile mission de faire oublier les faillites successives d'Air Afrique en 2002 et Sénégal Airlines en 2016.


COMMERCE

MAGAZINE BUSINESS AFRICA

29

“Le commerce et la technologie sont des solutions au développement mondial” Roberto Azevedo

Directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC)

Roberto Azevedo

Directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC)

L

e directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Roberto Azevedo, a averti que "la menace du protectionnisme reste présente", affirmant que "le commerce et la technologie sont des solutions" au développement mondial. Il a fait ces remarques lors d'une conférence de presse sur la 11e conférence ministérielle de l'OMC, à laquelle ont participé plusieurs délégations africaines.

M. Azevedo a indiqué que les débats de la conférence porteraient sur "l'agriculture, les services et les subventions à la pêche". Il a averti que la menace du protectionnisme reste présente, expliquant que certains considèrent le commerce comme un facteur perturbant les marchés du travail et la technologie comme principale cause de cette perturbation. "Mais nous ne pouvons pas tourner le dos à la technologie ou au commerce,

car ce sont des solutions et non des problèmes", a-t-il souligné. Parlant des critiques émises contre l’OMC par le représentant américain au commerce, Robert Lighthizer, M. Azevedo a indiqué qu'il demanderait "l'engagement, la volonté et la flexibilité" de Washington : "J'évite de pointer du doigt et d'accuser les gens, car nous voulons un effort collectif pour surmonter les problèmes", a déclaré le directeur général. a-t-elle assuré.


ABONNEZ-VOUS A BUSINESS AFRICA LE MAGAZINE DE LA NOUVELLE ELITE ECONOMIQUE AFRICAINE

POUR VOUS ABONNER AFRIQUE

Contacts: (+223) 92-64-18-98 (+223) 66-97-08-66

EUROPE & AMERIQUE Contacts: 06-21-05-79-48 09-51-71-20-26

Email: businessafrica01@gmail.com Facebook: https:/m.facebook.com/businessafricamag

Bureau Afrique: ACI 2000 - BP: E5081 Bamako - Mali Tel: (+223) 92-64-18-98 ou 66-97-08-66 Représentation Europe: 23, Rue Antoine Faucher 63140 Chatel-Guyon - France Tel: (+33) 621-05-79-48 Fondateur et Directeur de la Publication Abba Singoro TOURE Directrice de la Rédaction Anne Cécile DIALLO Commercial et Abonnement Moussa DIALLO Reportages Hama TOURE Tirage moyen: 3000 exemplaires

www.businessafricamag.com


PUBLICITE

MAGAZINE BUSINESS AFRICA

31



Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.