BUSINESS AFRICA -Juillet 2017

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Le Magazine de la nouvelle élite économique africaine - N° 149 - juillet 2017 - Mensuel

Gabriel FAL Président

CGF BOURSE & CGF GESTION

INTERVIEW EXCLUSIVE

“La finance fait partie des éléments de structuration du tissu social” G a b r i e l FA L



EDITORIAL

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Promouvoir de nouveaux accords commerciaux

inter-africains pour stimuler la croissance

M

ême si de lents progrès sont constatés, les accords commerciaux existants sont toujours insuffisants pour encourager les échanges intra-africains. Il en résulte une tendance à commercer en tout premier lieu avec des régions extra-africaines, telles que l’Europe, les États-Unis ou la Chine. Il est indispensable que les pays africains développent des échanges commerciaux entre eux d’abord et que l'impulsion donnée en vue de la signature d'accords commerciaux ne se limite pas uniquement à des partenaires commerciaux internationaux, mais qu'elle favorise également la conclusion d'accords entre pays africains. Plusieurs études ont mis en évidence que l'Afrique est le continent le moins connecté en termes de facilité de déplacement des personnes, de commerce, d'information et de finance. Tous les pays africains devraient donc consacrer une partie de leurs efforts à la mise en place de relations commerciales. Lorsque l'on compare les statistiques du commerce intrarégional, les taux prévalant en Afrique sont parmi les plus faibles du monde, avec moins de 20 % de la production régionale restant

Abba Singoro TOURE Directeur de la Publication précisément dans la région. A titre de comparaison, 60 % des échanges européens s'effectuent sur le continent même, tandis que ce taux s'établit à 70 % pour l'Amérique du Nord. Il apparaît clairement que l'un des plus grands défis que l’Afrique devra relever pour mettre pleinement en valeur le potentiel commercial qu'elle

recèle réside dans le développement insuffisant de ses infrastructures, même si ce point fait l'objet d'une lente amélioration dans la mesure où plusieurs régions africaines continuent à investir d'importants volumes de capitaux dans le développement des infrastructures. Le fait que les infrastructures soient insuffisamment développées influe directement sur la vitesse à laquelle les biens circulent en dehors de la région ou à l'intérieur de celle-ci. Cela a également pour effet d'accroître les coûts logistiques, à tel point que les coûts de la chaîne logistique sont estimés être jusqu'à neuf fois plus élevés en Afrique que dans d'autres régions du monde. Au final, le gonflement de ces coûts constitue également une entrave à la croissance économique dans la région. Même s'il convient de poursuivre les efforts consacrés au développement et au financement des infrastructures, les pays africains doivent maintenant passer à la vitesse supérieure pour élaborer et mettre en œuvre des accords commerciaux susceptibles de favoriser les échanges entre les régions africaines.


INSTITUTIONS

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La Côte d’Ivoire lance sa Plateforme WEB pour la passation des marchés publics Dans sa dynamique de dématérialisation des procédures administratives, le ministère du Budget et du Portefeuille de l’Etat, à travers la Direction des Marchés Publics (DMP), a initié depuis l’année 2016, le projet de dématérialisation des marchés publics dénommé « e-marchés publics ». Il s’agit de l’ensemble de technologies, processus, opérations et organisations permettant la passation et la gestion des marchés publics. Cette dématérialisation tant attendue, permettra un égal accès des candidats aux dossiers de consultation et mettra fin à la concurrence déloyale, puisque l’accès à l’information et le retrait des dossiers d’appel d’offre sont désormais possible pour tous les candidats, grâce à la recherche multicritères, aux alertes emails et au téléchargement des dossiers de consultations. Une plateforme internet conçue pour permettre de suivre et de répondre à des consultations électroniques. Cette reforme permet une célérité dans les échanges d’informations et de documents en temps réel et supprime les délais liés au circuit des services courriers, permettant ainsi la réduction des délais de traitement des dossiers. Par ailleurs, elle renforce la transparence des procédures et permettra d’appliquer de façon équitable et rigoureuse des règles connues par tous les soumissionnaires. De plus, la dématérialisation prévient les risques éventuels de manipulation des dossiers après leur validation et permettra, à travers la célérité dans le traitement des dossiers, une meilleure absorption des crédits budgétaires. La mise en place de la reforme contribuera aussi à une meilleure conservation des documents grâce notamment à l’archivage électronique. Un Comité Technique de suivi a été

formé et se réunit chaque semaine. Ses membres sont des représentants de la Direction des Marchés Publics (l’autorité contractante), de la Société Nationale de Développement Informatique (SNDI) (assurant le rôle de maître d’ouvrage délégué) et du Cabinet du Ministre du Budget. L’option retenue a été le développement de la plateforme de dématérialisation, en deux principales phases. Un déploiement en deux phases La premièrephase met l’accent sur la dématérialisation des procédures de passation impliquant les acteurs de l’administration publique et permet de couvrir l’ensemble des échanges entre les acteurs de l’Administration, notamment, la Direction des Marchés Publics (DMP), les autorités contractantes et les Cellules de Passation des Marchés publics.Cette phase est composée de trois modules, les échanges de courriers et autres informations entre les autorités contractantes et la DMP seront faits via le module « E-marchés publics ». Le « E-learning » est dédié à la formation des acteurs des marchés publics Rechercher marchés publics enfin le « Décisionnel » est consacré aux indicateurs et statistiques des marchés publics et permet de générer des tableaux de bord et de rédiger des rapports sur les opérations de passation

des marchés publics. La phase 2, dont le lancement interviendra en 2018, devra intégrer à terme les acteurs privés, en l’occurrence les opérateurs économiques impliqués dans la gestion des marchés publics. Une phase pilote de 6 mois La phase pilote qui a débuté le 1er juin 2017, avec la participation de six (6) ministères, prendra fin le 31 décembre 2017. Elle à pour objectif de tester et améliorer les différents modules, avec une augmentation progressive du nombre de ministères concernés et se généralisera à toutes les structures de l'Etat le 1er janvier 2018. Au terme de la phase pilote, il est prévu la mise en production du système de dématérialisation des marchés publics pour l’ensemble des structures de l’Etat à compter du 1er Janvier 2018. Cette étape permettra d’achever la phase 1 du processus de dématérialisation des marchés publics. Après la réalisation de la phase 1 du projet, il est prévu de finaliser la phase 2 du processus de dématérialisation qui permettra d’inclure les opérateurs économiques au projet. En d’autres termes, tout le processus de passation des marchés publics, allant des opérateurs économiques aux structures de l’administration sera entièrement dématérialisé à compter du 1er janvier 2019.


INSTITUTIONS

Abdourahmane CISSE Ministre du Budget et du Portefeuille de l’Etat Côte d’Ivoire

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ENERGIE

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“Avec les « smart energies », l’Afrique a l'opportunité d'accélérer l’accès à une énergie plus abondante et de meilleure qualité” Moussa BAGAYOKO, Directeur de YELE CONSULTING Né à Bamako au Mali, Moussa BAGAYOKO arrive en France pour y poursuivre ses études, en classe préparatoire aux grandes écoles, puis en école de commerce (Télécom Ecole de Management Paris Sud). Après 6 ans passés dans le consulting auprès d'institutions de renom comme la Banque de France, EDF, Enedis, , il décide de créer son propre cabinet de conseil et d'ingénierie en 2010, Yélé Consulting. Soucieux de garder un lien avec son pays d'origine, il crée au Mali en 2013 le premier centre de formation supérieure spécialisé dans l'énergie et le développement durable, CIFED. CIFED a établi des partenariats avec de grandes écoles d'ingénieurs en France et accueille au sein de son comité de pilotage stratégique des personnalités universitaires et des chefs d'entreprises africains et français de premier rang, avec pour ambition d’être l'institut de formation de référence sur l'énergie dans toute l'Afrique de l'Ouest. Pourquoi avoir créé YELE Consulting et quelles en sont aujourd’hui les principales activités ? J'ai toujours été attiré par l'entreprenariat. Après quelques tentatives compliquées au Mali, j'ai décidé de me lancer dans un domaine qui me passionne en exerçant un métier que je connais bien : l'énergie et le consulting. Yélé aide ses clients à réussir leurs transitions énergétiques et transformations numériques en leur apportant du conseil de haut niveau en stratégie opérationnelle, en management et en système d'information. Les clients de Yélé sont les grands groupes du secteur énergétique (EDF, ENGIE, TOTAL ) et les collectivités et territoires dans le cadre de leurs politiques de mutation vers la « ville intelligente » (Smart City). Yélé enregistre une croissance à deux

Leader français des réseaux électriques intelligents (Smart Grids), Yélé a eu l'honneur d'être classé 2ième cabinet de conseil en France en termes de croissance entre 2012 et 2015 et 26ième société sur 500 répertoriées (étude réalisée par les Echos et publiée le 3 février 2017). Pour apporter le service le plus complet à nos clients, nous avons structuré nos interventions autour de 3 expertises majeures : -Expertise métier : Smart Grids, Smart City, Energies renouvelables, -Expertise Numérique : Industrie 4.0, data science, cyber-sécurité, blockchain, -Expertise organisationnelle : Management de projet, Moussa BAGAYOKO BAGAYOKO agilité, design thinking. Directeur de YELE CONSULTING CONSULTING Ces expertises sont chiffres depuis sa création : une cin- appuyées par un bureau d'études quantaine de collaborateurs interne sur les calculs et simulations aujourd'hui, tous issus des meilleures électriques et un « digital lab » centré écoles d'ingénieurs et de commerce sur la valorisation de données énergétifrançaises et internationales. ques.


ENERGIE

Comment selon vous, peut on mieux promouvoir les énergies renouvelables en Afrique ? Compte tenu de la diversité des situations des pays africains, il n'existe pas de recette unique pour la promotion des énergies renouvelables en Afrique. Toutefois, il est clair que le continent dispose d'atouts naturels majeurs pour le développement des énergies renouvelables, qu'elles soient hydrauliques, solaires, éoliennes ou géothermiques. Compte tenu du caractère stratégique de l'énergie, les pouvoirs publiques ont forcément un rôle central pour promouvoir les énergies renouvelables : -Partir d'une vision d'ensemble et à long terme qui prend en compte les atouts du pays et à partir de là, définir et appliquer une feuille de route qui privilégie un mixte énergétique pertinent. -Définir des règles de gouvernance et des règlementaires lisibles et qui donnent de la visibilité long-terme aux investisseurs. Les projets d'infrastructure énergétiques sont gourmands en capital et demandent du temps pour être rentables. -Etablir des conditions d'investissements attrayantes pour les investisseurs nationaux et internationaux, notamment via des partenariats public-privés. -Créer des sociétés mixtes, championnes nationales des énergies renouvelables qui vont assurer le leadership nécessaire pour créer un écosystème propice au développement de véritables filières.

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-Et enfin, ne pas bâtir une stratégie axée uniquement sur la production énergétique. Il est important de travailler également à la mise en place de programmes ambitieux autour de l'efficacité énergétique. Quelles solutions préconisez-vous pour l'électrification des zones rurales africaines ? Aujourd'hui, émergent de nombreuses solutions facilitant l'accès à l'électricité pour les zones rurales. Ces solutions se répartissent en deux sortes : kit personnel/familial ou micro/mini réseau qui vise à connecter plusieurs foyers. Cette multitude de solutions est justement le signe qu'il n'y a pas encore de solutions avec un modèle économique clair qui se dégage. Le potentiel est là, la demande est là, mais on cherche encore les recettes les plus pérennes et rentables à large échelle. Personnellement, quand la situation sociale, géographique et environnementale le permet, je suis plus favorable à des solutions de type micro/mini réseau qui facilitent la réalisation d'économies d'échelle. On parle beaucoup de « smart energies » de quoi s'agit t-il réellement et quel peut être l'apport de cette technologie pour les pays africains ? Les « smart energies » sont des systèmes énergétiques capables d'intégrer de manière intelligente les actions des différents acteurs,

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consommateurs, gestionnaires de réseaux et producteurs afin de : -permettre une gestion efficace de l'énergie consommée, -d'intégrer les énergies renouvelables intermittentes et décentralisées, -de maintenir une fourniture d'énergie efficace, durable, économique et sécurisée. Pour arriver à faire cela, les « smart energies » s'appuient sur les technologies du numérique et les moyens de télécommunication. On parle alors de l'Internet de l'Energie (Enernet). Je pense que via les « smart energies », les Africains ont l'opportunité d'accélérer leur accès à une énergie plus abondante et de meilleure qualité, tout comme ils ont fait avec les téléphones mobiles. Aujourd'hui, quelques modèles innovants développés dans certains pays africains combinant fourniture d'énergie à l'usage avec une facturation via téléphone mobile inspirent de grands opérateurs énergétiques occidentaux. Quels sont vos projets à moyen long terme ? Le marché de l'énergie va continuer sa mutation ; nous travaillons à développer et accroître notre avance sur les « smart énergies » en France et à nous étendre en Europe. Sur le continent africain, nous avons entamé des investissements pour développer nos activités de conseil, d'ingénierie et de formation dans toute l'Afrique de l'Ouest et au Maghreb à travers l'ouverture de bureaux locaux. Propos recueillis par A.C. DIALLO


FINANCE

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Isahit lance sa campagne de crowdfunding sur Afrikwity, pour accélérer son développement Fondée en 2016 par Isabelle Mashola et Philippe Coup-Jambet, isahit, plateforme d’impact sourcing, débute sa campagne de financement sur la plateforme d’equity crowdfunding dédiée à l’Afrique, Afrikwity dirigée par Thameur HEMDANE. Cette levée de fonds de 400 000 euros permettra à isahit de renforcer son action commerciale, de financer sa R&D et son implantation dans une dizaine de pays en Afrique.

«

Je suis ravie de faire partie des premiers projets de la plateforme. Nous partageons avec Afrikwity des valeurs et intérêts communs: collaboration, partage, entreaide, travail équitable, la croissance de l’Afrique grâce au numérique. L’idée d’avoir des investisseurs dans le monde entier qui souhaitent partager notre réussite, nous réjouit. », explique Isabelle Mashola, Présidente d’isahit. Isahit veut redonner de la dignité par le travail équitable et développer les compétences des populations d’Afrique, par le numérique. Pour ce faire, la plateforme met en relation des travailleurs socio-économiquement défavorisés des pays émergents et des entreprises françaises qui externalisent une partie de leurs activités digitales. Présente dans 5 pays d’Afrique francophone, isahit est née de la volonté d’Isabelle Mashola, ancienne DSI d’une entreprise du CAC40 et Philippe CoupJambet, serial entrepreneur, d’établir

Thameur HEMDANE Fondateur d’ AFRIKWITY un modèle permettant d’étendre les compétences et l’accès aux outils numériques en améliorant les conditions de vie des populations des pays émergents. Une vision qu’ils projettent sur leur pla-

teforme d’impact sourcing socialement responsable. La startup permet aujourd’hui à des femmes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté en Afrique (Sénégal, Côte d’Ivoire, Congo, Burkina et Cameroun) de gérer les micro-tâches digitales d’entreprises françaises. Ces HITeuses (HIT = Human Intelligence Tasks), sont missionnées sur du traitement, de la gestion ou de l’analyse de données, qui ne peuvent être prises en charge par des robots. La startup met à la disposition des HITeuses des tablettes, des espaces de co-working pour travailler et les accompagne dans leurs démarches administratives ou encore sur la création d’un compte bancaire. Isahit compte parmi ses clients Alma Learning Group, InnovAdvisor et annoncera de prochaines collaborations avec des entreprises du CAC40.


FINANCE

L’essentiel des fonds financeront la recherche et le développement, l’évolution des composants d’intelligence artificielle que la plateforme utilise pour découper les tâches digitales externalisées par les entreprises, puis les confiées aux HITeuses en fonction de leurs profils (compétences, rapidités, type de tâche...). Les 400 000 euros recherchés serviront également à recruter de nouvelles HITeuses, à les faire monter en compétence, car aujourd’hui isahit enregistre de plus en plus de tâches numériques, plus de 4,5 millions. La startup en profitera pour déployer son plan d’expansion sur le marché international, en s’implantant dans les pays d’Afrique anglophone. L’equity crowdfunding au service de la croissance du continent Africain. Le numérique jouera un rôle central dans le développement du continent Africain. L’accès au numérique favorise la croissance du PIB et les obser-

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vateurs constatent qu’il s’agit d’un levier majeur dans l’amélioration des conditions de vie des populations. En 4 ans, isahit prévoit d’ailleurs de compter plus de 10 000 HITers, pour un impact social sur des dizaines de milliers de familles en Afrique. « Même dans le cadre de notre levée de fond en cours de 400k€, il est important pour nous de laisser transparaitre notre attachement au continent Africain et de permettre aux personnes qui s’identifient dans notre de projet à y prendre part, à partir de 100€. », déclare Isabelle Mashola, Présidente d’isahit. Financer l’innovation Lancée en 2015 par Thameur Hemdane, Afrikwity est une plateforme d’equity crowdfunding qui permet à des particuliers d’investir dans des startups innovantes, qui participent activement au développement de l’Afrique. Afrikwity accompagne le développement de l’Afrique par le financement de l’innovation et des

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entreprises à fort potentiel de croissance. « Nous réalisons une sélection rigoureuse des startups que nous proposons aux investisseurs. Cette sélection repose notamment sur des critères d’innovation, de solidité du modèle économique, de la qualité du management et des perspectives financières. Non seulement isahit répond parfaitement à ces critères mais en plus elle affiche une approche socialementresponsable qui mêle innovation sociale, plateforme digitale et réduction de la pauvreté en Afrique. Nous sommes heureux d’accompagner Isahit dans sa levée de fonds et de permettre aux investisseurs recherchant un impact social de prendre part à cette belle aventure entrepreneuriale. », souligne Thameur Hemdane, Fondateur et CEO d’Afrikwity. Pour retrouver isahit sur Afrikwity : https://www.afrikwity.com/projet/isahit-2


L’INTERVIEW A LA UNE

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Gabriel FAL Président CGF BOURSE CGF GESTION

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A LA UNE

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Gabriel FAL

Président CGF BOURSE & CGF GESTION

«La finance fait partie des éléments de structuration du tissu social» Gabriel FAL compte parmi les pionniers de la finance boursière en zone UEMOA. Après l’obtention de son MBA de l’Université McGill (Canada), il rejoint la Chase Manhattan Bank à New York. En deux ans, il en devient le Représentant adjoint pour l’Afrique de l’Ouest. Il passera ensuite plus d’une dizaine d’années au sein du Groupe Citibank où il finira Directeur Régional « Corporate » pour l’Afrique. Membre du Comité Technique, il a contribué au démarrage des activités de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) avant de fonder en 1998, la première SGI agréée au Sénégal, la CGF Bourse. Celle-ci donna naissance, en 2001, à une filiale dénommée CGF Gestion, une société de gestion d’actifs. De janvier 2013 à juin 2015, Gabriel FAL a été Président des Conseils d’Administration de la BRVM et du Dépositaire Central – Banque de Règlement, deux structures centrales du Marché Financier de l’UEMOA. Il a également présidé ECOBANK Sénégal et siège dans plusieurs Conseils d’Administration. Ancien membre du Comité d’Investissement du Fonds de capital-risque Aureos Capital, Gabriel FAL a participé à d’importants forums dont le Conseil Présidentiel de l’Investissement du Sénégal. INTERVIEW

Quelle est votre appréciation du marché boursier et plus spécifiquement celui de la gestion d’actifs (Asset Management) dans la sous-région ? Et à quels avantages comparatifs CGF bourse et CGF Gestion peuvent-ils prétendre dans ce secteur en plein essor ? La Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) a aujourd’hui une vingtaine d’années d’existence. Dans un premier temps, on était sur un marché essentiellement obligataire institutionnel et étatique. Les produits financiers de taux étaient distribués aux investisseurs

institutionnels, aux banques, aux assurances et aux caisses de retraite. Les actions étaient, par contre, très largement achetées par les «hedge funds» anglo-saxons. Avec l’arrivée des banques marocaines sur le marché sub-saharien, la donne a quelque peu changé. Ces groupes bancaires possèdent très souvent des filiales dédiées à la gestion d’actifs et peuvent donc placer, à meilleur taux, l’épargne collectée auprès de la clientèle, sans pénaliser leur produit net bancaire (PNB). A CGF Bourse, pour avoir été un des pionniers du secteur de l’intermédiation financière dans la sous-région, nous avons pris le pari d’innover et de faire du «

retail » pour aller capter l’épargne disponible et la placer nous-mêmes directement pour les clients plutôt que de la placer pour le compte des banques. On est ainsi passé de 2000 clients à près de 20 000 en trois années. Cette démarche d’innovation exige des prérequis, pensezvous avoir les moyens nécessaires ? Et quels types de produits envisagez-vous de mettre sur le marché ? D’abord, l’objectif de la démarche est bien sûr de devenir nousmêmes des souscripteurs institutionnels.


A LA UNE

Ceci demande, bien évidemment, de posséder les compétences en ressources humaines appropriées, d’avoir un circuit de distribution efficace et d’utiliser des technologies adéquates, notamment la digitalisation des procédures et des relations avec la clientèle. C’est dans cette optique que nous venons de lancer le premier Fonds Commun de Placement (FCP) «Halal » de l’espace UEMOA dénommé FCP Al Baraka. Ce Fonds est à dominante actions, et investi dans les produits financiers conformes aux exigences de la loi islamique en termes de structuration et de rémunération. Nous prévoyons également de lancer un produit pour la trésorerie d’entreprise car nous pensons qu’aujourd’hui les taux servis par les banques ne sont pas assez rémunérateurs. Nous voulons offrir des taux plus intéressants, stimuler l’épargne et participer à l’élaboration d’une véritable courbe des taux. Nous cherchons aussi à améliorer la liquidité et donc à réduire les délais de déblocage des fonds à 48h de préavis. CGF Gestion assure les activités de gestion d’actifs avec aujourd’hui plus de 20 Fonds Communs de Placement (FCP) sous gestion, sur un total de 59

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FCP en vigueur dans l’UEMOA. CGF Gestion est leader du marché régional sur les FCP dédiés. Mais notre objectif principal est de continuer à mettre sur le marché les produits les plus adaptés aux besoins des épargnants.

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Il serait souhaitable, en outre, de monter des Fonds d’investissement “à petits tickets” pour renforcer les fonds propres des PME et leur permettre ainsi un meilleur accès au financement. Quel est votre mot de la fin ?

La question de financement des PME est posée avec acuité, les décideurs publics ont recours à de multiples solutions à cette problématique et certains pensent que la Bourse peut y jouer un rôle majeur. Quel est votre sentiment sur ce point ? Beaucoup pensent en effet, que face à la problématique du financement des PME, le marché boursier aurait un rôle direct à jouer. Je ne suis pas tout à fait d’accord avec cette affirmation. Je pense, pour ma part, que la Bourse n’a pas vocation à financer directement les PME, car cette fonction exige une certaine proximité entre prêteur et client, nécessaire pour un suivi constant. Il faut donc créer des banques de PME à capitaux publics comme la BNDE au Sénégal. Dans ce cas, il sera possible d’organiser des levées de fonds pour ces banques spécialisées.

Vous voyez en Tunisie, le nouveau ministre des finances, Fadhel Abdelkhefi, est un ancien dirigeant d’institutions financières. Il a su s’approprier le dossier boursier et prendre les mesures adéquates pour dynamiser le marché financier en dinar et la Bourse de Tunis. En UEMOA, si nous avons l’avantage de bénéficier d’un marché élargi, nous devons faire face à une responsabilité politique diluée ce qui constitue un réel handicap pour faire évoluer la réglementation qui doit normalement précéder toute innovation. Ainsi donc, nous souhaitons bénéficier d’une meilleure écoute de la part des pouvoirs publics mais aussi des régulateurs car d’une part, le recours aux marchés est central dans tout processus de développement et d’autre part, l’inclusion financière des populations fait partie des éléments de structuration du tissu social. Propos recueillis par A.C. Diallo


LOGISTIQUE

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NECOTRANS met en redressement judiciaire une partie de ses activités C’est le 26 juin, au cours d’une audience au Tribunal de Commerce de Paris que le groupe Necotrans a demandé la mise en redressement judicaire de ses onze sociétés françaises. Les filiales opérationnelles en dehors de la France et l’ensemble du réseau international du groupe ne sont pas concernés et continuent cependant à fonctionner normalement. Cette demande vise, selon la Direction du Groupe, à poursuivre le processus de recherche d’un partenaire stratégique et de cession d’actifs engagé en décembre 2016, avec un objectif de préservation de l’activité et de l’emploi en Afrique où le groupe réalise près de 100 % de son chiffre d’affaires.

Necotrans est un groupe français qui réalise plus de 95 % de son chiffre d’affaires consolidé (830 millions d’euros en 2016) en Afrique. En 2014, l’entreprise a connu un fort développement avec de nouveaux investissements engagés notamment sur le terminal vraquier de Dakar (Sénégal) et le port fluvial de Brazzaville (République du Congo). En 2015, le groupe a acquis la société MCK spécialisée dans la logistique et le

Quérel, Président du groupe Necotrans depuis 2013, qui a initié un plan stratégique pour développer les activités en Afrique dans la gestion des terminaux portuaires, la logistique pétrolière et la soustraitance minière. « Cette restructuration était indispensable pour améliorer notre rentabilité et à terme modifier la structure capitalistique de Necotrans à 100 % familiale, ajoute Grégory Quérel Grégory Quérel. Président du groupe Necotrans Selon un communiqué publié par le Groupe, les fondamentaux et le potentiel du réseau de Necotrans ne seraient pas en cause aujourd’hui. génie civil minier en République démoIls offriraient au contraire des possibilicratique du Congo, et remporté l’appel tés pour une nouvelle trajectoire de d’offres du terminal polyvalent du port croissance. de Kribi, au Cameroun. « Sans vouloir nier nos difficultés de Rappelons que le groupe Necotrans a trésorerie provoquées par la réduction été créé een 1985 et s’est vite imposé du fret maritime et la baisse des cours comme un acteur clé de la logistique des matières premières, cette mise en internationale. L’entreprise compte redressement judiciaire va nous per- aujourd’hui plus de 4 000 collaboramettre de continuer la recherche d’un teurs, dont 3 500 en Afrique, et 126 partenaire tout en poursuivant l’ensem- implantations dans plus de 40 pays, ble de nos activités », explique Grégory dont 25 sur le continent africain.


DROIT

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Laurent BADIANE

Avocat à la Cour, Cabinet KGA Avocats “La lutte contre la cybercriminalité est un enjeu primordial” Laurent BADIANE est Avocat, inscrit au barreau de Paris depuis 2007 et titulaire d'un DESS en Droit de l'informatique et du multimédia de l'Université Paris 2 Panthéon-Assas (Master 2). Il est associé en charge de la pratique Propriété Intellectuelle et Nouvelles Technologies du Cabinet KGA Avocats. Le Magazine BUSINESS AFRICA a recueilli ses analyses sur les enjeux ainsi que les aspects juridiques du Numérique. INTERVIEW.

Quels sont selon vous, les grands enjeux mondiaux du numérique aujourd'hui ? Les systèmes d'information et de communication occupent désormais une place centrale dans le fonctionnement de nos sociétés et favorisent le développement économique et le partage de l'information et des connaissances. Cependant, le « cyberespace » est un milieu, sans frontière, évolutif et anonyme, qui pose la question de la protection des données sensibles et stratégiques (technologiques, commerciales, scientifiques,

logiciel malveillant “Mirai” est à l'origine une série d'attaques à l'échelle mondiale contre le prestataire de service Dyn entrainant la mise hors de service pendant plusieurs heures d'Amazon, de Twitter et d'eBay, mais aussi le Libéra qui a été privé d'accès internet pendant une semaine. Enfin il y’a la vague de cyberattaques « sans précédent » qui a frappé les vendredi 12 et samedi 13 mai 2017 au moins 150 pays, affectant le fonctionnement Laurent BADIANE de nombreuses entreprises, notamment les etc.). Ces dernières années les hôpitaux britanniques, le construcattaques informatiques contre les systèmes d'information des Etats et teur français Renault et le système des entreprises se sont multipliées bancaire russe. et sont devenues de plus en plus La prévention, la lutte contre ces attaques informatiques et la protecsophistiquées. Par exemple, en 2010 les hackers tion des infrastructures numériques du collectif Anonymous ont lancé constituent un enjeu majeur du une série d'attaques contre Visa, numérique aujourd'hui au niveau MatserCard et Paypal, en 2015 international. Cela implique une l'antenne de TV5 monde a été per- coopération entre les pays et les turbée par des pirates se réclamant organisations internationales ainsi de Daech ; en 2016 l'utilisation du qu'entre le secteur public et privé.


DROIT

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On parle beaucoup de la protec-

tage de contenus, etc.).

renforcement des institutions afri-

tion des données personnelles et

L'une des problématiques du droit à

caines, la promotion et la protection

du droit à l'oubli numérique, en

l'oubli concerne l'équilibre entre

de la propriété intellectuelle, la

quoi constituent-ils des problé-

respect de la vie privée d'une part,

création de systèmes de gestion

matiques ?

et droit à l'information et liberté

collective et le renforcement de ces

d'expression d'autre part.

systèmes, l'accroissement des cré-

La collecte, le traitement et le

dits à la science et à la technologie

stockage des données à caractère

Pensez-vous que le numérique a

et l'intensification de la collabora-

personnel (nom, adresse postale,

un avenir en Afrique ? A quelles

tion entre les pays africains ».

email, adresse IP, habitude de vie

conditions ? Comment le continent africain

etc.) sont devenus indispensables aux acteurs de l'économie numéri-

Très certainement, comme l'atteste

peut-il, juridiquement se prému-

que dans leur stratégie marketing

notamment le développement des

nir contre les dérives du numéri-

et plus particulièrement pour leur

services bancaires et financiers

que, quels mécanismes mettre

offre de services personnalisés

digitaux (M-Pesa), des plateformes

en place ?

(réseaux sociaux, sites de vente en

(Jumia) et des Smart cities (au

ligne, services mobiles, objets

Rwanda).

Il est important d'instaurer des lois

connectés etc.).

Cependant, l'instauration d'un cli-

sur la cybercriminalité afin garantir

Ces services reposent principale-

mat de confiance, la protection des

la

ment sur un modèle économique

données personnelles et la lutte

numérique et en particulier pour les

impliquant la monétisation des don-

contre la cybercriminalité sont des

transactions en ligne.

nées personnelles des utilisateurs

enjeux primordiaux du développe-

Même si les Etats africains ne sont

en contrepartie d'un accès souvent

ment du numérique dans le monde

pas au même niveau dans la lutte

gratuit.

et en Afrique.

contre la cybercriminalité et l'instau-

L'exploitation des données person-

Il appartient, en outre, aux Etats

ration d'un cadre légal, il est fonda-

nelles doit être encadrée d'un point

africains de mettre en œuvre les

mental d'harmoniser le cadre légal

de vue juridique afin d'éviter les

engagements

la

et réglementaire applicable compte

dérives (notamment fichages des

Conférence ministérielle africaine à

tenu du caractère international de

consommateurs à leur insu, col-

Dakar de novembre 2015 sur la

la cybercriminalité.

lecte et transfert des données à

propriété intellectuelle au service

La Convention de l'Union africaine

l'étranger de manière illicite, etc.).

d'une Afrique émergente.

sur la cybersécurité et la protection

Le droit à l'oubli permet aux person-

Plus particulièrement en créant «

des données à caractère personnel

nes d'obtenir l'effacement de tex-

un environnement propice à l'inno-

a été adoptée à Malabo le 27 juin

tes, de propos, d'images ou de

vation et à la créativité grâce au

2014. Cette convention attend la

vidéo les concernant publiés sur

renforcement du cadre financier et

ratification des 15 premiers instru-

internet (réseaux sociaux, moteurs

réglementaire pour appuyer l'inno-

ments de ratification pour entrer en

de recherche, plateformes de par-

vation et la créativité moyennant le

vigueur.

pris

lors

de

confiance

dans

l'économie

Propos recueillis par A.C. DIALLO


FINANCE

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Pedro NOVO

Directeur des financements export à Bpifrance « L'Afrique est une terre d'opportunités et y faire du Business n'est pas beaucoup plus risqué qu'ailleurs »

Pedro NOVO

Pedro NOVO possède une expérience de 15 années dans l'accompagnement de projets commerciaux ou industriels. Aujourd'hui en charge des financements et de la promotion de l'export au sein de Bpifrance, il s'est donné comme objectif de desserrer l'étau mental qui fait que les entreprises françaises rechignent encore à aller vers l'international. Pour lui, Bpifrance qui est une banque de proximité, est aussi la banque publique de l'export français. La clef de voute de Bpifrance est le financement et l'investissement au capital des entreprises de toute taille pour le développement de leur potentiel de croissance. Ceci se traduit par divers services, liés notamment à l'export. L'export et l'internationalisation constituent en effet des étapes clés de la croissance des entreprises. Conquête de nouveaux marchés, diversification de clientèle, croissance externe, opportunités de commercialisation sont autant d'atouts qu'offre l'international aux PME et aux ETI.


FINANCE

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es études ont démontré que les entreprises qui réalisent plus d'un quart de leur chiffre d'affaires à l'international présentent de meilleures perspectives de croissance, d'emploi et d'investissement que les autres. Elles sont aussi, globalement, plus résistantes et confiantes en l'avenir. Les PME frileuses à l’export Malgré les perspectives de croissance offertes, l'export reste un sujet délicat pour les entreprises françaises, en particulier pour les PME et les ETI. La part de marché de la France dans les exportations mondiales est passée de 6,2 % à 3,3 % en 25 ans. Cette situation est notamment liée à un nombre d'entreprises exportatrices relativement modeste en France. Ainsi, la France compte-t-elle 2 fois moins d'entreprises exportatrices que l'Italie, et 3 fois moins que l'Allemagne ; et seules 2 ETI nationales sur 5 ont une activité à l'export. La population des entreprises exportatrices présente, en outre, plusieurs visages puisque environ un tiers des primo-exportateurs se reconcentrent l'année suivante sur le marché national et les 1 000 premiers exportateurs assurent 70 % du chiffre d'affaires à l'export. "Mais le déficit chronique de la balance commerciale doit néan-

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moins être mis en perspective. L’Afrique en ligne de mire De nombreux autres signaux, bien plus encourageants, laissent à penser que l'export français réserve de belles promesses : le retour de l'investissement international sur le territoire, l'accélération des acquisitions d'entreprises étrangères, le changement d'états d'esprit des entrepreneurs et la croissance très forte d'année en année du recours à nos produits financiers dédiés à l'export." explique Pedro Novo. La révélation du potentiel international des PME et ETI suppose de les soutenir dans leur ouverture, d'une part en leur apportant, de la façon la plus globale possible, un accompagnement ciblé et, d'autre part, en mettant à leur disposition les outils financiers adéquats. Et dans cette optique, le continent africain est au coeur de la stratégie de la banque publique d'investissement avec un objectif : faciliter les échanges et les partenariats entre les entreprises françaises et africaines. L'Afrique y représente environ 50% des projets financés par le crédit export. Bpifrance investit par ailleurs dans les entreprises africaines : c'est ainsi que plus de 77 millions d'euros ont été souscrits en janvier 2017 dans AfricInvest, un gestionnaire qui investit dans des fonds

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d'investissement en Afrique. Pour Pedro NOVO, Directeur Export de Bpifrance, il faut désormais « que les entrepreneurs français et africains partagent leurs ambitions et entrent dans une logique de co construction de projets, de transmission des savoirs et de gestion participative ». Partager les risques Car il faut le reconnaître, pour la majorité des entreprises françaises, faire du business avec l'Afrique est synonyme de risques importants. Ce à quoi M. NOVO répond : « L'Afrique est un terrain d'opportunités et faire du business en Afrique n'est pas beaucoup plus risqué qu'ailleurs, pour peu qu'on se prépare correctement, que l'on s'entoure et que l'on trouve les bons partenaires locaux. Jamais autant de moyens n'ont été réunis dans une seule structure pour aider les entreprises françaises à l'international. Crédit export, rachat de crédits fournisseurs, assurances export etc. » Le partage des risques pris par Bpifrance, couplé aux actions de partenariats noués avec les structures africaines devrait sans doute être de nature à faciliter l'accès au financement des opérations export, mais également à contribuer à un retour sur investissement plus rapide. Propos recueillis par AST


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« Il faut susciter de la passion car le passionné a une appétence pour l’effort et la recherche de l'excellence »

Guy Paulin TEKOMBONG Responsable du contrôle des risques de marché Société Générale CIB Paris Son quotidien, c'est bien sûr avant tout la Finance de marché, c'est également le Management de ses équipes et de la passion. Lui même ne se considère t-il pas comme un passionné, cette catégorie de personne « qui tiennent le monde en équilibre suspendu dans le vide», selon ses propres termes. Guy Paulin TEKOMBONG est un banquier à part, à seulement 34 ans, il dirige un des services les plus stratégiques de la Banque de Financement et d'Investissement de la Société Générale, l'un des leaders européens de services financiers. Actif, l'homme ne tient pas en place, sa capacité de travail et son énergie se traduisent par une force de conviction hors norme et contagieuse.

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e retour de New York et préparant un voyage en Inde, c'est au quartier La Défense, dans la tour Basalte abritant les activités de trading de la banque que Guy Paulin nous reçoit. Ce franco-Camerounais de 34 ans n'a pas oublié d'où il vient, malgré un parcours plutôt élogieux et une ascension professionnelle fulgurante. Né dans l'Est du Cameroun, c'est proche de Yaoundé qu'il effectue ses études secondaires. Diplôme d'Ingénieur Statisticien en poche, il est embauché par la Coopération allemande au Cameroun (GTZ) comme consultant pendant une année. Mais son désir est de poursuivre ses études et de se frotter aux meilleurs. C’est ainsi qu’il débarque en France pour effectuer un Master en Management avec une spécialisation en Finance de marché. Brillant et studieux, Guy Paulin sortira major de sa promotion. Ce parcours élogieux lui ouvre les portes des grandes entreprises françaises. Entré par la grande porte Après un passage à BNP PARIBAS, il intègre la Société Générale à travers le très sélectif « graduate programme ». Sur les milliers de candidats qui, cha-

que année postulent à ce programme, seule une poignée est généralement retenue. Une sélection drastique donc, mais qui a un avantage considérable puisque les graduates bénéficient du coaching d'un cadre de la direction RH et du mentoring par un cadre dirigeant. Un atout bien exploité par le jeune recru et qui sera d'un apport considérable dans son ascension professionnelle. Ascension fulgurante Guy Paulin travaille d'abord sur les problématiques de valorisation des produits dérivés. Ces produits complexes, utilisés pour la couverture des risques, et qui ont été célèbres ces dernières décennies de par leurs utilisations dans des scandales de spéculation financière. Très vite, le jeune franco-camerounais se fait remarquer par sa hiérarchie, qui ne tarde pas à lui confier des responsabilités plus importantes. C'est ainsi qu'il prend sous sa coupe une équipe d'analystes Valorisation. Deux ans après, il évolue et prend le management de l'équipe en charge du contrôle des risques de marché des activités de trading sur les produits de taux et change. Une fonction qui demande d'être tranchant: « les arbitra-

ges que nous faisons sont décidés dans la journée et souvent dans l'heure » nous confie t-il. Pas de plafond de verre A l'évocation du fameux plafond de verre limitant les carrières en occident, le financier avoue qu'il ne s'est jamais réellement posé la question de savoir s'il existe. Car pour lui, ce qui est important, c'est de créer de la valeur, de s'épanouir tout en restant soi même, et de changer dès qu'on a la sensation de ne plus s'épanouir. Pour ce qui est du continent africain, Guy Paulin estime que l'un des enjeux majeurs demeure la diversification des sources de financement. Selon lui, une dynamisation des marchés internes, du crédit et des commodités créerait de la valeur. Se définissant comme faisant partie de la catégorie « des passionnés », ces personnes qui « tiennent le monde en équilibre » il plaide pour qu'une attention particulière leur soit consacrée « il faut susciter de la passion car le passionné a une appétence pour l’effort et la recherche de l'excellence » et de conclure: « l'Africain doit oser et arrêter de voir les contrainA.S.T tes partout ».


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Guy Paulin TEKOMBONG

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Marilia MAYAKI HAMAR Conseiller Juridique à BOUYGUES Travaux Publics

“Il faut faire de sa «féminité » un atout et savoir s’imposer par ses compétences”

Marilia MAY MAYAKI HAMAR

“Le rôle de conseil juridique s'inscrit aujourd'hui dans une plus grande proximité avec les fonctions managériales et opérationnel les. Il ne s'agit plus de se cantonner à un rôle de technicien du droit (peu accessible et au « jargon » parfois abstrait) mais d'apporter des solutions concrètes, adaptées aux exigences des projets indus triels et de leurs multiples intervenants.”


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Après avoir effectué une partie de sa scolarité à Caracas (Venezuela), Marilia MAYAKI HAMAR obtient son Baccalauréat au Lycée Français de Niamey (Niger). Admise en classes préparatoires littéraires, elle préféra s'orienter vers des études de droit afin de privilégier une compétence technique permettant une meilleure insertion professionnelle. Un premier stage au sein d'un cabinet d'avocats parisien de premier plan, spécialisé en droit des affaires, lui permit de réaliser que le métier de juriste nécessitait une compréhension des enjeux non seulement juridiques mais également stratégiques et financiers des dossiers que nous traitons. Elle suivra ensuite le MBA/Master 2 en Droit des Affaires et Management de l'Université de Paris 2 Panthéon-Assas, avant d’intégrer le Magistère en Relations Internationales de l'Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Une fois diplômée, elle est recrutée par la filiale sud-africaine de la société Veolia Water Technologies. Pendant près de deux ans, elle assurera une mission de conseil pour l'ensemble des activités Design & Build en Afrique sub-saharienne. “Cette expérience m'a permis de développer une approche extrêmement opérationnelle et pragmatique du rôle de conseil juridique, en lien avec une culture anglo-saxonne très orientée « résultat » et « risk management » et de mieux appréhender l'indispensable interaction entre la fonction juridique et l'agenda stratégique de l'entreprise”. En avril 2011, elle rejoint le siège parisien du groupe avec en charge, sur le plan juridique, l'ensemble des activités du pôle “Afrique”. Depuis 2014, Marilia est Legal Counsel (Chef de Groupe) au sein du groupe Bouygues Travaux Publics. Pourquoi avez-vous choisi d'étudier le Droit ? quelles ont été vos motivations ?

En quoi consiste votre fonction au sein de Bouygues Travaux Publics, quelles en sont les spécificités ?

Tradition familiale sans doute. J'ai en effet grandi entourée de livres de droit. Mes grands-parents, ma mère ainsi que mon oncle ont été et sont avocats. Je n'ai donc pas véritablement tergiversé. Le droit apparaissait d'une certaine manière comme une évidence. Après pourquoi le rôle de conseil juridique plutôt que la « robe » ? Je crois que je souhaitais une plus grande proximité opérationnelle. J'aurais probablement pu rejoindre de grands cabinets d'avocats mais l'entreprise et plus globalement l'industrie étaient plus « parlants », plus concrets et mieux adaptés à la diversité de mon parcours académique. L'entreprise m'offrait également une plus grande exposition internationale, une plus large autonomie et une implication concrète dans les choix et orientations stratégiques.

Le rôle de conseil juridique s'inscrit aujourd'hui dans une plus grande proximité avec les fonctions managériales et opérationnelles. Il ne s'agit plus de se cantonner à un rôle de technicien du droit - peu accessible et au « jargon » parfois abstrait mais d'apporter des solutions concrètes, adaptées aux exigences des projets industriels et de leurs multiples intervenants. C'est ce que je m'efforce de faire au sein de Bouygues Travaux Publics, où je suis responsable juridique des activités « Mining » et « Post-tensioning » pour l'Europe, l'Amérique du nord, l'Amérique latine, l'Inde et l'Afrique. J'apporte une expertise juridique sur l'ensemble des activités « construction », « conception-construction », clés en main (EPC) et financement, depuis la phase d'identification des «cibles» (accompagnement des opérationnels

aux réunions clients pour les projets stratégiques, conseil, rédaction, négociation et structuration des relations contractuelles), jusqu'à la phase de soumission des offres (analyse des risques juridiques, rédaction et négociation des contrats «partenaires» et «clients») puis d'exécution et post-exécution (identification et rédaction des claims, gestion des contentieux). Pour ce faire, je coordonne une équipe internationale de quelques personnes qui sont respectivement basées à Lisbonne, Mexico et Bombay. Vous êtes une femme, jeune, et d'origine africaine, ces qualificatifs ontils été des freins ou plutôt des atouts dans votre carrière ? Croyez-vous au fameux plafond de verre ? J'espère que la compétence « fait oublier » la jeunesse (sourire). Mes origines africaines et sud-américaines ont, quant à elles et jusqu'à présent, plutôt toujours été très bien accueillies.


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Être une femme en revanche n'est pas au premier abord un avantage dans un milieu industriel plutôt très masculin. Il peut même constituer un obstacle dans certains cas - impossibilité de travailler sur des dossiers dans certains pays, comme l'Arabie Saoudite par exemple. Néanmoins, j'ai toujours estimé qu'il fallait faire de cette « féminité » un atout. Il faut maîtriser ses dossiers, prouver sa compétence, et « délivrer ». Cette exigence permet d'être respectée et, ce faisant, de lutter contre les préjugés. Au-delà, il faut s'imposer et, surtout, savoir s'imposer. Vous avez été parmi les initiateurs de l'African Business Lawyers Club, Pourquoi ce Club ? Quel bilan en tirez-vous aujourd'hui ? A l'époque de sa création en 2011, Cédric Sinarinzi et Jacques Jonathan Nyemb (les co-fondateurs) m'avaient contacté pour faire bénéficier au club l'expérience acquise à travers d'autres projets associatifs (dont notamment l'organisation du Salon « Livres d'Afrique » à l'Unesco en 2006). La vision, les valeurs et les objectifs du club m'ont tout de suite séduit : donner une meilleure image du doing business

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en Afrique et humblement contribuer à son amélioration. J'ai été ravie d'y apporter une contribution à travers l'organisation - en partenariat notamment avec Medef International, PwC, Clifford Chance, Herbert Smith Freehills et le groupe Azalaï Hotels (créé par M. Mossadeck Bally) - de ses quatre premières conférences, qui ont porté sur l'énergie, le private equity, les nouvelles technologies et les biens de consommation en Afrique et ont réuni plusieurs centaines de participants à chaque édition (avec un auditoire essentiellement composé de cadres supérieurs, de jeunes professionnels, d'industriels, d'entrepreneurs, de consultants, d'analystes financiers et de dirigeants d'entreprise). Par ailleurs, j'ai également créé au sein du club un programme intitulé AWoLead (« ABLC Women Leadership Programme»), destiné à renforcer les capacités de leadership des femmes membres et Guests du club. Ce programme, parrainé par Mme Françoise Le Guennou, est un réel succès et son impact sur la vie des participantes a été parfois décisif. Aujourd'hui, je me réjouis de constater que le club continue de grandir (plus de 100 membres aujourd'hui), que son panafricanisme s'accentue (près de 30

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nationalités représentées) et, il convient de noter que de plus en plus de membres, initialement basés à Paris, sont maintenant rentrés en Afrique (Cameroun, Guinée Conakry, Côte d'Ivoire, Tchad, Rwanda, Kenya, etc.), et ont au demeurant créé ou rejoint des structures prometteuses dans leur pays d'origine ou dans une région à forte croissance. Quelles sont vos perspectives pour les prochaines années ? Avez-vous l'Afrique en ligne de mire ? Je n'ai pas de plan de carrière et n'en ai jamais eu ! Je saisis progressivement les opportunités professionnelles telles qu'elles se présentent. Ce qui est certain, c'est que je souhaite rester le plus longtemps possible dans le secteur privé, qui reste très formateur et particulièrement challenging au plan professionnel. Même si j'entretiens un lien évidemment privilégié avec le continent africain (notamment le Niger mais pas seulement), je reste ouverte au monde et ne souhaite pas avoir une vision rigide en cloisonnant les compétences ou les « géographies ». Propos recueillis par ACD


TRIBUNE

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L'accès difficile des PME africaines aux financements bancaires : à qui la faute ? Les crédits bancaires accordés à l'économie représentent 20 % du PIB, en moyenne, en Afrique subsaharienne. Malheureusement, cette « performance » ne tient pas la comparaison avec le Maroc (environ 80 % aujourd'hui), le Brésil ou la Chine (respectivement 60% et 135 % en 2014), bref avec des pays ayant enregistré, sur les dernières décennies, une avancée spectaculaire sur le plan économique et social.

I

l est souvent dit, et écrit, que la raison principale de ce retard réside dans la politique de gestion des risques des banques subsahariennes qui serait, le plus souvent, copiée sur celles de leurs homologues européennes et donc inadaptée aux fameuses « particularités » africaines tant redoutées et décriées. Si cette affirmation ne semble pas dépourvue d'un certain fondement et correspond à une partie (pour ne pas dire plus) de la réalité du terrain, n'y at-il pas d'autres raisons qui pourraient expliquer un phénomène qui constitue un véritable frein à l'émergence africaine et à l'essor de sa classe moyenne? En d'autres termes, s'il est incontestable que les établissements financiers implantés en Afrique subsaharienne pourraient réaliser davantage d'efforts pour s'adapter aux jeunes entrepreneurs locaux, l'inverse est-il vrai ? La réponse est, selon mon expérience, oui ! De quelle manière ? En structurant mieux leurs projets et en accordant plus d'importance à des sujets fondamentaux qui, de fait, sont trop souvent négligés par les principaux intéressés faute de formation ou d'information pertinentes. Soyons pragmatiques et avançons quelques exemples concrets : Les « business plan » (ou plans d'affai-

de grand nombre de projets prometteurs à l'origine. La fiscalité, le droit du travail, le choix de la structure juridique de l'entité, ainsi que leurs impacts sur la création d'entreprise, sont encore trop souvent méconnus. La mise en place de tableaux de bord et d'indicateurs de suivi quantitatif et qualitatif de la performance ne constitue pas toujours une priorité alors qu'elle devrait l'être .Le « pilotage à vue » est donc parfois privilégié au détriment, notamment, d'une politique de maitrise des couts rigoureuse.

Par Christian KAZUMBA Directeur Général AdKontact Mali et Burkina Faso

res) préparés et présentés à l'occasion d'une demande de financement ne répondent que très rarement aux normes internationales, tant sur le fond que sur la forme, et ne permettent pas de générer la crédibilité et la confiance indispensables dans une relation financière.Peu de jeunes investisseurs maîtrisent les règles de base de la gestion comptable et financière d'une structure. Ainsi, beaucoup de négligences ou d'imprécisions se retrouvent en termes d'appréhension et d'anticipation des problématiques de trésorerie d'entreprise, pourtant responsables de l'échec

Un pas l'un vers l'autre Le banquier et l'entrepreneur en Afrique doivent faire chacun un pas l'un vers l'autre afin de concilier des états d'esprit et des méthodologies de travail qui, pour le moment, sont encore trop souvent antinomiques. A vrai dire, si cela ne se fait pas, on voit mal comment les PME-PMI subsahariennes pourraient financer pleinement leurs investissements, se développer et donc générer, de manière massive, des emplois stables caractérisés par un cadre contractuel sécurisant. Ne nous voilons pas la face, il y a urgence sur ce sujet : alors que la contribution des PME à la création de postes est de 90 % en moyenne sur la planète, elle n'est que de 45%, à peine, sur le continent .


CONSULTING

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Aries investissements joue dans la cour des grands Le secteur du conseil financier, peu connu du grand public, est en pleine croissance en Afrique et devrait le rester pendant plusieurs années encore. L’essor du secteur peut être expliqué par le fait que chaque entreprise, société ou organisation, qu’elle soit publique ou privée, doit trouver des fonds pour assurer sa croissance. La frilosité des banques commerciales y est certainement aussi pour quelque chose. Longtemps dominé par les Big 5 (Deloitte, KPMG, Ernst & Young, Accenture et PricewaterhouseCoopers) ce secteur, qui se renouvelle en permanence, est aujourd’hui le terrain favori de certains cabinets africains au nombre desquels ARIES INVESTISSEMENTS, une entreprise qui fait aujourd’hui référence, grâce notamment aux expertises croisées de Loic MACKOSSO, Regis MATONDO et Ntoudi MOUYELO, les principaux animateurs.

Loic MACKOSSO

Regis MATONDO


CONSULTING

L

’Afrique figure parmi les regions du

MAGAZINE BUSINESS AFRICA

Pionnier en Afrique centrale

monde où la structuration des mar-

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majeurs dans l’exercice de ses activités.

chés financiers est des plus faibles.

ARIES Investissements est donc une

Il y’a tout d’abord le manque de prépa-

Ainsi les places boursières tardent

société de conseil financier à vocation

ration des entrepreneurs qui ont du mal

encore à atteindre des performances

de banque d’affaire. “Nous sommes

à appréhender les enjeux et surtout

satisfaisantes. Mais pour de nombreux

pionniers dans le secteur du conseil

sous-estiment les attentes des parte-

spécialistes, cette situation n’a rien d’ir-

stratégique et financier dans la région

naires financiers. Par conséquent, l’in-

réversible. le secteur financier africain

Afrique centrale. Notre stratégie est

formation attendue par ces derniers

se trouverait aujourd’hui dans la même

clairement la différenciation vis à vis de

pour apprécier favorablement un projet

situation que celle de l’Asie il y’a une

nos concurrents et notre approche du

de financement n’est pas toujours dis-

vingtaine d’années.

métier nous amène à « construire des

ponible.

ponts » entre l’Afrique et le reste du

En outre, la faible structuration des

monde” déclare Loic MACKOSSO, un

entreprises et les faiblesses en terme

Combler un vide

des fondateurs du cabinet.

de gouvernance dans certains cas sont

Les places boursières africaines doi-

“Nous sommes capables d’accompa-

à même de contrarier le bon déroule-

vent faire face à de multiples obstacles:

gner nos clients aux profils variés,

ment d’une opération de levée de

le manque d’infrastructures de pointe

investisseurs tant africains que non afri-

fonds.

(notamment informatique et Telecoms)

cains, entrepreneurs, institutions, gou-

mais aussi et surtout, une culture de

vernements, dans la conduite de leurs

l’actionnariat populaire peu répandue.

projets d’investissement en Afrique

Qu’à cela ne tienne, face aux besoins

mais également en dehors. Cela, bien

Mais ces obstacles, au demeurant sur-

croissants des entreprises locales en

entendu, dans le strict respect des

montables, ne semblent pas découra-

ressources financières, et l’appétence

standards internationaux en la matière”

ger outre mésure l’équipe d’Aries

d’investisseurs étrangers pour le conti-

renchérit Régis MATONDO, associé en

Investissements. “Dans les dix prochai-

nent, certains entrepreneurs ont décidé

charge des lévées de fonds.

nes années nous ambitionnons de

de prendre le “taureau par les cornes”. Une des initiatives en la matière, Aries

Ambition affichée

devenir une institution financière afriLever les obstacles

caine de référence au service des éco-

Investissements, est née au Congo

nomies africaines. Nous entendons

Brazaville, portée par de jeunes finan-

Une levée de fonds étant une opération

contribuer à l’éclosion d’un véritable

ciers ayant servi dans les plus presti-

de longue haleine, qui consomme énor-

capitalisme africain, animé par des

gieux entreprises et cabinets en

mément d’énergie et de temps, le finan-

champions nationaux” conclut, confiant

France.

cier

et déterminé Loic MACKOSSO.

déplore

plusieurs

obstacles

A.T


TELECOMS

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Amadou DIOP

Président de MNS CONSULTING GROUP

«Les Télécoms sont stratégiques pour l’Afrique» Natif de Dakar, Amadou DIOP est titulaire du mastère de l'ENST Bretagne, option Réseaux et Services Mobiles de la promotion 2004. Il débute sa carrière à Londres dans la filiale R&D de France Telecom, l'opérateur historique français. Il sera ensuite recruté par Altran UK avant de rejoindre le Groupe SONATEL à Dakar comme chef de projet, pilotant notamment le lancement de l'internet mobile au Sénégal. Une expérience riche qui a valu à Amadou le sobriquet de « DIOP GPRS » . A l'issue de la mission à la SONATEL, il retourne à Paris et réintègre le bureau Parisien d'Altran. Il s'inscrit à l'ESSEC pour un Executive MBA au terme duquel il rejoint l'équipe corporate d'Altran où il est nommé, à 34 ans, « Group Director » en charge des secteurs Réseaux puis Electronique. Unanimement salué pour ses compétences et sa performance Amadou a paradoxalement le sentiment d'être arrivé au bout de quelque chose et de toucher ce fameux plafond de verre ! Il décide alors au bout de 3 ans, à la surprise générale, de démissionner pour créer avec deux anciens collègues, un cabinet de conseil en stratégie et ingénierie, MNS CONSULTING GROUP, spécialisé dans le secteur des Télécoms et du Numérique. Pouvez-vous nous présenter en quelques mots MNS CONSULTING GROUP ? MNS CONSULTING GROUP est un Cabinet de conseil, spécialisé dans le secteur des Télécoms, créé en France et disposant d'une filiale régionale à Dakar au Sénégal. Nous présentons deux types d'offres : Il y'a d'abord le conseil en stratégie, qui comprend le Business consulting, la définition de la stratégie, l'élaboration des schémas directeurs techniques et économiques, la due diligence, l'excellence opérationnelle etc La seconde offre regroupe nos activités de conseil en ingénierie, notamment l'expertise sur les réseaux, les plateformes de services, les systèmes d'informations, le digital etc

sence effective et privilégions la proximité avec nos clients.

Pensez-vous qu'il y a de réelles opportunités pour des entreprises comme la vôtre ? Oui, je pense qu'il y'a un véritable marché, mais il doit être structuré car le besoin existe. Beaucoup de cabinets interviennent en Afrique de manière opportuniste, en envoyant des consultants en mode « mercenaire ». Nous, nous avons opté pour une pré-

Quels sont d'après vous, les principaux défis auxquels le secteur doit faire face ? Il y'a encore des problèmes de taux de couverture et d'accès. Il faut également créer du contenu africain, si nous ne voulons pas être, demain, culturellement dépendants des GAFA. Enfin, il faut réfléchir aux meilleurs moyens de protéger nos données et pourquoi pas, créer des moteurs de

Quels sont selon vous les enjeux majeurs du secteur des Télécoms en Afrique ? Les Télécoms sont stratégiques pour le continent africain avec un marché du mobile estimé à 70 milliards de dollars de chiffres d'affaires. En Afrique sub-saharienne, la contribution du secteur au PIB est de l'ordre 5 à 6%, soit plus de 100 milliards dollars avec des gains de productivité sur l'ensemble de l'économie, évalués à plus de 50 milliards de dollars. Tout ceci démontre que les Télécoms sont le socle du développement de l'Afrique et la nouvelle économie est une réelle opportunité pour le continent.

recherche dans nos langues locales. Que faut-il faire pour cela, techniquement ? L'idée est d'aller vers des réseaux moins couteux et plus facile à gérer. Il faut déployer des infrastructures tout IP (all IP) et mettre le cap vers la virtualisation. Et qu'en est-il de la régulation ? C'est un sujet majeur et une vraie problématique. Il faut l'admettre la régulation du secteur des Télécoms n'est pas, dans beaucoup de pays africains, à la hauteur des enjeux. Malheureusement cette fonction est souvent attribuée pour récompense politique, à des personnes qui ne connaissent pas grand chose au secteur. La mission du régulateur n'est pas simplement d'attribuer des licences à des opérateurs, elle va bien au delà. Le régulateur doit également assurer les conditions du développement des infrastructures Télécoms sur l'ensemble du pays, notamment par l'exigence auprès des opérateurs, des investissements nécessaires. Hélas bien souvent, cela est loin d'être le cas. Propos recueillis par A.S.T


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Président MNS CONSULTING CONSULTING GROUP

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