BUSINESS AFRICA - Sept. 2016

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La Revue de la nouvelle élite économique africaine - N° 139 - Septembre 2016 - Distribué sur abonnement

INTER VIEW Ibrahima KOBAR

Chief Investment Officer

NATIXIS NATIXIS ASSET MANAGEMENT

TELECOMS Olivier TRAORE MANAGER

ACCENTURE

FINANCE Nathalie A. GABALA

Associée, Directeur des Investissements Afrique

EQUAT EQUAT OR CAPITAL CAPITAL PARTNERS LLC

Charles Bruno DOGBE CEO CCI PATRIMOINE

IMMOBILIER C C I PAT R I M O I N E , l ’ é m e r g e n c e d ’ u n

ac teu r maje ur de l’immob ilie r en Afrique



EDITORIAL

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Les femmes sont elles l’avenir de l’Entreprise ?

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e numéro de BUSINESS AFRICA est en grande partie consacré aux femmes d’origine africaine, cadres et managers en entreprise, notamment en France. Nous avons souhaité mettre un peu de lumière sur cette minorité silencieuse, qui a pourtant, tant de choses à raconter et surtout à apporter au continent africain. Ces femmes sont en fait plus nombreuses qu’on le croit. Leur effectif a plus que doublé ces dix dernières années. Leur évolution est positive, notamment pour ce qui concerne le niveau de formation, de rémunérations aussi. Mais des écarts importants persistent encore. Beaucoup de femmes restent cantonnées dans des postes administratifs ou tertiaires même si certaines encadrent de plus en plus des équipes. La persistance des stéréotypes dans les entreprises (femmes moins disponibles, moins impli-

Abba Singoro TOURE Directeur de la Publication quées et moins mobiles) et des comportements des femmes (orientation vers des secteurs traditionnellement féminins, moins d'appétence pour le pouvoir, volonté de concilier vie professionnelle et vie familiale) expliquent cette situation.

Pourtant, une meilleure mixité des équipes constitue un enjeu essentiel et pas seulement en France. En ne favorisant pas l'évolution des femmes cadres, les entreprises, qu’elles soient françaises ou africaines, se privent de compétences alors qu'elles doivent attirer tous les talents. Certaines entreprises évoluant dans le tertiaire l’ont bien compris. De fait, elles commencent à se préoccuper des carrières des femmes cadres et à revoir leurs pratiques. Recrutements plus diversifiés, rattrapage de salaires, accession à des postes de responsabilités avant ou après la maternité, services de proximité font ainsi partie de la "boîte à outils" utilisée par ces entreprises. Ainsi, elles remettent en cause de pratiques et des comportements hérités d'organisations rigides et peu enclines au changement. Bonne reprise à toutes et à tous !


BANQUE-FINANCE

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Ibrahima KOBAR Chief Investment Officer - NATIXIS ASSET MANAGEMENT “Les conséquences du BREXIT sur l'Afrique seront mineures” Ibrahima Kobar est depuis 2010, Chief Investment Officer et membre du Comité Exécutif de Natixis Asset Management. Il est à la tête du Département Fixed Income de la banque d'affaires, une équipe de plus d'une centaine de personnes dont une cinquantaine de gérants de portefeuille et plus d'une vingtaine d'analystes financiers. Cette troupe d'élites a en charge la gestion de près de 70% des actifs de Natixis Asset Management. C'est à ce manager hors pair et cet expert internationalement reconnu de la gestion des taux, que BUSINESS AFRICA a tendu son micro.

Comment se porte aujourd'hui le secteur de l'Asset Management ? Il y'a aujourd'hui une demande croissante de la part des investisseurs institutionnels, notamment les compagnies d'assurance qui ont des engagements au passif, des niveaux de taux à servir, alors que le taux français sur 10 ans n'a jamais été aussi bas, en dessous de 20 points de base. Les investisseurs ne trouvent donc plus le rendement nécessaire, il faut aller chercher des placements sur des actifs de plus en plus risqués pour avoir des rendements élevés ou sur des actifs moins liquides mais qui offrent des rendements intéressants. En France, depuis Août 2013, un décret a permis aux assureurs d'aller sur le marché des prêts aux entreprises parce que les banques se sont trouvées contraintes dans le financement de l'économie. Par ailleurs, la règlementation de Bâle 3 met des charges en capital très importantes à chaque fois que l'on finance, notamment les infrastructures.

Ibrahima KOBAR


BANQUE-FINANCE C'est ainsi que les assureurs se sont peu à peu substitués aux banques, avec, entre les deux, les Asset Managers, qui ont compris qu'ils peuvent y jouer un rôle. Mais il leur a fallu aller recruter des experts du financement de projets. Le développement des actifs réels est donc en réalité une réponse à la conjoncture, les taux sont tellement bas alors que les investisseurs ont besoin d'avoir des placements à rendements élevés. Je rajoute que traditionnellement, on achetait plutôt de la dette d'Etat et depuis 2010, on achète de la dette crédit. Il faut dire que la crise des dettes souveraines est passée par là, avec notamment le cas grec. Ce qui fait que les assureurs ont réduit le poids de leur portefeuille en dettes d'emprunt d'Etat au profit d'actifs beaucoup plus risqués. Quels sont, selon votre analyse les enjeux du BREXIT sur les marchés financiers ? Aujourd'hui, on ne peut faire que des hypothèses. Le BREXIT ne sera effectif que s'il y'a activation du fameux article 50. C'est à dire la notification officielle de la Commission européenne par les autorités britanniques du processus de divorce, avec des négociations qui s'étendent sur deux ans avec une possibilité de prorogation. A mon avis cette activation prendra un peu plus de temps car les autorités anglaises, tout comme les autorités européennes ne sont pré-

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parées à cette situation. Cela veut dire que l'on va avoir sur les marchés financiers, encore de l'incertitude sur le calendrier et donc sur les conséquences du BREXIT. Et concernant le continent africain, sera t-il fortement impacté par cette crise ? Je pense que les conséquences sur l'Afrique seront mineures, compte tenu du fait qu'elle n'est pas trop intégrée dans le système financier mondial. Par contre, là où l'Afrique pourrait être impactée c'est que le Brexit peut avoir des conséquences sur la croissance mondiale et du coup, sur la demande de matières premières. On pourrait alors avoir une baisse du prix du baril à nouveau. Mais d'une manière générale, j'estime quand même que l'impact sera moindre à court terme. Un élément positif pour l'Afrique est que si la FED retarde la hausse des taux, il est fort probable que le dollars US ne monte pas trop et cela peut être salutaire pour les pays émergents même si leurs situations économiques sont très différentes. Quelle appréciation portez -vous sur l'Asset Management en Afrique ? Je suis un fervent défenseur du développement de l'Asset Management en Afrique.

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Je crois d'ailleurs que c'est une activité qui va se développer parce que l'Afrique est rentrée dans une période de croissance positive, différente des autres. Beaucoup d'investisseurs, du fait du ralentissement de la zone euro, s'orientent vers le continent africain qui offre de meilleurs rendements. Il est vrai qu'il y'a encore de nombreux besoins à satisfaire, mais le développement des infrastructures et l'électrification seront des leviers importants pour le développement du continent. Il faut pour ce faire, des investissements massifs. Il y'a déjà l'émergence d'une classe moyenne qui consomme, ainsi qu'une nouvelle génération avec des problématiques d'épargne à long terme. Les marchés financiers se développent également et les Etats ne doivent pas phagocyter toute l'épargne disponible, il faut laisser la possibilité aux entreprises de lever, elles aussi, des capitaux pour financer leur croissance et créer des emplois. Il convient de créer un cercle vertueux, entre l'Etat qui doit créer les conditions, les investisseurs institutionnels et les Asset Managers. Ceci doit se faire dans des espaces intégrés comme l'UEMOA ou la CEDEAO car les marchés nationaux sont trop étroits. Je pense que l'essor de l'Asset Management se fera concomitamment avec le développement économique du continent l'Afrique. Propos recueillis par A.S.T, au lendemain du vote du BREXIT


ENTRETIEN AVEC...

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Fortuné Bawubadi AHOULOUMA Avocat Associé - Cabinet LABS-NS AVOCATS “En Afrique, tous les projets sont des projets d’impact”

Fortuné Bawubadi AHOULOUMA

Originaire de Kara au Togo, Fortuné Bawubadi AHOULOUMA a débuté ses études supérieures à Lomé pour les terminer à la Faculté de Droit de l'Université de Poitiers en France où il obtient un Doctorat en Droit Public. Il fera ses premières expériences professionnelles en qualité d'enseignant-chercheur en droit public (universités de Poitiers, Paris 1 Panthéon-Sorbonne et Mulhouse) puis comme juriste au sein de grandes entreprises françaises comme le Groupe La POSTE, dans le cadre de projets internationaux en lien avec l'Union Postale Internationale (UPU), la SNCF-Réseau (anciennement Réseau ferré de France) et l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Il crée ensuite à Paris en 2015 avec son associé Maître Fabien LAWSON le Cabinet d'Avocats LABS-NS AVOCATS un cabinet d'affaires de niche, dédié à la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE), à l'économie sociale et solidaire (ESS) et à l'innovation. Le Cabinet intervient en conseil, en contentieux, en formation et en représentation d'intérêts auprès des entreprises, des collectivités publiques, des incubateurs de Start-up ainsi que des particuliers.


ENTRETIEN AVEC... Qu'est ce qui vous a motivé à créer votre cabinet d'avocats alors que vous étiez juriste en entreprise, promis à une belle carrière ? LABS-NS AVOCATS est le fruit d'une longue réflexion sur les mutations que connaît la planète et l'impact que nous pouvions avoir dans ce cadre, notamment en Afrique. Mon Associé et moi, avons donc mené une réflexion sur le positionnement du cabinet et sur la meilleure manière de porter ce projet, véritable projet de société, pour être audible. Pour cela, nous avions fait le choix de ne pas créer le cabinet juste après nos études car nous n'aurions certainement pas eu la même approche qu'aujourd'hui. En ce qui me concerne, j'ai travaillé au sein d'entreprises privées et publiques françaises sur des projets nationaux et internationaux impliquant des problématiques du droit de l'environnement, du droit international nucléaire, du droit de l'eau et de la gouvernance des personnes publiques. Tout cela m'a permis d'acquérir une solide expérience et de développer des compétences que je mets aujourd'hui au service notamment du continent africain. C'est à mon avis, accessoirement à la vision que nous portons et aux valeurs que nous défendons à LABS-NS AVOCATS, une clé pour réussir, en tant qu'avocat sur la place parisienne. En résumé, avec mon associé Fabien, nous avons fait le choix d'un positionnement de LABS-NS AVOCATS en rapport avec la vision d'impact et de contribution aux changements sur le continent à laquelle nous sommes attachés. Nous travaillons aussi bien pour des clients Français qu'Africains sur des problématiques touchant à la RSE, à l'économie solidaire et à l'innovation. Ces 3 axes font véritablement sens dans le développement actuel de l'Afrique. Car aujourd'hui, ce que nous constatons, c'est que de plus en plus d'Africains portent une vision de changement pour le continent à travers le recours aux technologies de l'information et de la commu-

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nication. Des incubateurs de startups que nous accompagnons voient de plus en plus le jour en Afrique en raison de l'émergence de nombreux projets innovants portés par de jeunes Africains. Les startups africaines innovantes que nous conseillons ont besoin de cet accompagnement juridique pour structurer leurs activités et leur développement. Nous les accompagnons à travers une démarche pédagogique et distillons ainsi un esprit entrepreneurial structuré et donc sérieux, qui contribue à améliorer l'image des Africains. Pour atteindre cet objectif, LABS-NS AVOCATS s'appuie sur le mix de compétences à travers des partenariats conclus avec des juristes et des non juristes, qui permettent d'apporter des réponses innovantes et adaptées à nos clients. Le partage et le réseau sont une force au cœur de nos activités. C'est un vrai challenge pour donner du sens à ce que nous faisons. Quels sont les secteurs ou domaines d'intervention du Cabinet LABS-NS AVOCATS ? Nos domaines d'interventions sont le droit de l'environnement et de l'énergie, le droit des affaires (droit de l'OHADA notamment), le droit public des affaires, le droit de l'urbanisme et de l'immobilier et le droit de l'innovation. Nous traitons de dossiers variés touchant par exemple à l'économie sociale et solidaire et nous militons pour qu'en droit de l'OHADA, il y ait un cadre juridique qui permet de dynamiser ce secteur. Autre exemple en droit de l'environnement, nous intervenons en appui aux autorités publiques dans l'élaboration de projets de loi relatifs à la protection du littoral. En droit de l'énergie, notre intervention couvre des problématiques d'énergies renouvelables notamment. Dernier exemple, notre activité phare actuellement est tournée vers le droit de l'innovation et du numérique.

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Pour l'Afrique, la révolution numérique que vit le monde est porteuse d'espoir mais aussi de risques. Nous apportons aux nombreux acteurs Africains ou étrangers de l'innovation, notre savoir faire dans la protection notamment de leurs créations et des savoirs faire africains à travers les problématiques relatives à la propriété intellectuelle. Bien évidemment dans la structuration de leur activité, nous apportons nos compétences en droit des sociétés et les aidons à structurer leurs projets de manière à favoriser leur accès aux financements, de plus en plus nombreux, dédiés à la RSE, à l'ESS et à l'Innovation. Comment faites vous pour vous démarquer dans un secteur aussi concurrentiel que le conseil juridique sur la place de Paris ? C'est avant tout la vision, sans frontières, des fondateurs, c’est à dire présider à l'émergence d'une nouvelle donne en matière de conseil et de contentieux juridiques et en matière de représentation d'intérêts dans un contexte mondial renouvelé sur les plans environnemental, social et économique, et le positionnement de LABS-NS AVOCATS qui font la différence. Nous sommes un cabinet de niche et travaillons de ce fait sur des problématiques innovantes et à fort impact sociétal, environnemental et économique notamment sur des territoires émergeants comme l'Afrique. Et à ce sujet, compte tenu des conditions sociales et économiques en Afrique, tous les projets sont des projets d'impact et notre contribution à ces projets trouve donc tout son sens. Nous nous attelons, en tant qu'Africains, à travers le conseil, le lobbying, l'information et la formation à attirer l'attention des décideurs, des acteurs économiques et sociaux et de l'opinion précisément sur les enjeux et les opportunités pour l'Afrique de la révolution aussi bien économique, sociale, écologique que numérique que vit la planète.


PARCOURS

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Sarah ADEDIRAN Directrice Administrative et Financière du Groupe CGR

Sarah ADEDIRAN D.A.F du Groupe CGR


PARCOURS

BUSINESS AFRICA

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Etre d'origine africaine, femme et jeune et diriger la Direction administrative et financière d'une entreprise internationale, leader européen, qui emploie plus de 1400 personnes sur 19 sites dont 8 à l'international, et qui réalise 150 M€ de chiffre d'affaires, le fait est assez rare pour être anecdotique. Zoom sur le parcours de Sarah ADEDIRAN.

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l est de ces parcours plus atypiques que les autres. Qu'un opérationnel rejoigne le monde du Conseil après quelques années d'exercice est plutôt courant. Si l'inverse est moins vrai, il l'est encore davantage lorsque qu'un Manager au sein d'un des Big 4, promis à une belle carrière, décide de plaquer les chiffres et le reporting pour diriger les Finances et l'Administration au sein d'une entreprise. C'est le choix audacieux qu'a fait Sarah ADEDIRAN.

Bosseuse et déterminée Pourtant, rien ne prédestinait cette jeune femme d’origine sénégalaise, à prendre un tel virage dans sa carrière. Après des études secondaires et l'obtention de son Baccalauréat à Dakar, Sarah s'inscrit en prépa HEC et intègre Sup de CO de ROUEN. Quelques mois de stages en RH aux Galeries Lafayette et au Pôle Service Client de la Société Générale vont la convaincre que son avenir sera dans la finance. A la faveur d'un Forum de recrutement au sein de son Ecole, elle postule chez Ernst and Young et arrive à y décrocher un job au Département Audit et Commissariat aux comptes. Une expérience très formatrice qui la plonge au coeur de la finance d'entreprise mais aussi dans un environnement très hiérarchisé. Bosseuse et déterminée, elle gravit progressivement les grades passant d'assistante débutante à Manager 2 en six ans. Mais le métier d'audit au sein d'un Big Four a ses exigences et ne permet pas toujours de mener une vie privée épanouie, compte tenu du rythme soutenu auquel les auditeurs sont soumis. Sarah décide de quitter le cabinet et

commence à chercher un job qui serait moins prenant. Elle met à contribution ses réseaux et tape à toutes les portes.

De l’énergie à revendre A la suite de sa démission, elle passe de nombreux entretiens et se retrouve à plusieurs reprises sur la « short list » sans que sa candidature soit retenue. Une entreprise, pourtant va s'intéresser à son profil. CGR International, une multinationale, fournisseur des secteurs automobile et aéronautique, qui réalise 150 M€ de chiffre d'affaires dont les trois-quarts hors de France. CGR produit et commercialise tous types de composants et sous-ensembles fabriqués à partir de fils, tubes, câbles, feuillards en acier ou en alliages : ressorts, câbles, bras d'essuyage automobile, connecteurs... Le groupe est le leader européen des ressorts destinés à l'industrie automobile et aérospatiale. CGR emploie près de 1400 personnes sur 19 sites dont 8 à l'international (Allemagne, Espagne, Pologne, Roumanie, Hongrie, Chine, Mexique et Brésil). Le poste à pourvoir est initialement celui d'auditeur interne, mais après l'entretien d'embauche et à la faveur d'un départ à la retraite, Sarah se voit proposer le poste de Directrice Administrative et Financière du Groupe. Son potentiel et son dynamisme avait séduit les membres de la Direction. Mais à contrario des DAF "classiques", Sarah a un profil plutôt atypique puisque qu'elle n'est ni titulaire d'un Diplôme d'Etudes Comptables Supérieures, ni d'une expérience en entreprise, bien qu'ayant fait de l'audit financier en cabinet.

De plus, elle est recrutée à un moment où l'entreprise a doublé son chiffre d'affaires, notamment grâce à des acquisitions de sociétés et de ce fait, était en pleine croissance externe. Elle a du apprendre vite et sans relâche pour mieux appréhender ses différents champs d'action et relever le challenge.

Les qualités qu’il faut Au cœur de la multinationale, la jeune femme a trois missions essentielles : produire des comptes justes et fiables qui reflètent la réalité de l'exploitation, gérer la trésorerie du groupe et les relations avec les banques et enfin assurer l'optimisation fiscale du groupe. Aujourd'hui, Sarah a le sentiment d'avoir franchi la première étape, certainement la plus difficile. Elle demeure plutôt confiante sur sa fonction car elle est convaincue qu'une DAF doit avoir l'expertise nécessaire pour bien mener sa mission, montrer l'exemple et être un leader naturel sans perdre son humilité. Sur ces derniers points, elle estime avoir les qualités qu'il faut, pour avoir déjà révolutionné quelque peu les méthodes, notamment en contribuant à une meilleure communication interne et en développant une relation plus conviviale avec ses collaborateurs. « Pour être DAF il faut avoir la fibre, l'empathie suffisante et l'envie d'entrainer les hommes et les femmes avec lesquels on travaille. Etant issue d'un parcours en dehors des sentiers battus, je suis aujourd'hui convaincue que ce métier reste avant tout, même si le cursus a son importance, un métier de passion », conclut celle dont on entendra certainement parler dans les années à venir. A.T


L’INTERVIEW INTERVIEW

BUSINESS BUSINESSAFRICA AFRICA

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Mohammed TRAORE

Conseiller auprès du Directeur Recherche & Technologie du Groupe ENGIE

“L’enjeu en Afrique c'est l'accès pour tous à l'énergie et de façon sécurisée” à ce qu'il vit aujourd'hui avec un focus notamment sur la valeur du travail, l'importance du réseau, et du travail en équipe. Il effectuera son stage de fin d'études au sein de l'entreprise Amadeus, leader du secteur du tourisme et du voyage. Puis il sera confirmé au poste d'Analyste Produit pour travailler à la digitalisation de ce secteur à l'échelle mondiale. Ceci, dans le cadre du déploiement des solutions de billetterie électronique, qui a révolutionné l'industrie du voyage, dans les années 2000. Il rejoint ensuite le très renommé

Mohammed TRAORE

cabinet Ernst & Young (EY), un des « big 4 » en tant que auditeur et consultant Senior en Système d'Information. Sa mission est alors double : d'une part, accompagner les Grandes sociétés cotées principalement celles de l'énergie dans des projets d'envergure et d'autre part, garantir la sécurisation des technologies de l'information de ses clients. Après plus de dix années d'expériences fortes dans ce domaine, il rejoint le Groupe ENGIE (anciennement GDF-

Mohammed TRAORE possède un des

mention.

parcours, les plus brillants de sa géné-

Ensuite tout s'enchaîne Bourse d'étu-

ration.

des pour le Maroc en classes prépara-

Natif d'Abidjan en Côte-d'Ivoire, doué

toires, filière technique et sciences de

en Mathématiques, il se distingue très

l'ingénieur, il passe les concours d'en-

tôt par ses capacités intellectuelles. Il

trée aux grandes écoles marocaines et

sort en effet major de sa promotion au

françaises.

Baccalauréat série E (Sciences et

Admis à tous les concours, il opte pour

Techniques), qu'il obtient au Lycée

la prestigieuse Ecole Centrale à Paris.

Technique d'Abidjan avec bien sûr, la

Une formation selon lui, qui l'a préparé

SUEZ) pour piloter des projets de transformation ambitieux. Il

sera

ensuite

promu

comme

Conseiller Spécial auprès du Directeur de la Recherche et des Technologies du Groupe, avec la volonté d'apporter à sa culture de conseil en transformation, une dimension plus stratégique et business.


INTERVIEW Quelle appréciation avez-vous aujourd'hui du secteur de l'Energie ? Le secteur de l'Energie est en train de vivre une énorme révolution. Il a été pendant longtemps un secteur sans grand bouleversement mais aujourd'hui ce n'est plus le cas et il doit faire face à des enjeux majeurs. D'abord, le client s'intéresse davantage à sa facture et la veut de moins en moins cher. Il y a également la problématique du climat et les aspects liés à la dé-carbonisation. Ce sont autant de défis à relever et avec les technologies développées ces dernières années, on quitte une industrie à grosses centrales thermiques et autres, pour des systèmes plus locaux et décentralisés avec par exemple l'apparition des éoliennes ou encore des panneaux photovoltaïques qui sont aujourd'hui à des prix de plus en plus accessibles. On est donc dans une industrie qui va devoir se réinventer et apporter des solutions novatrices. Quels sont selon vous les grands enjeux du secteur ? Ma position en tant que conseiller auprès du Directeur en charge de la Recherche et des Technologies, me permet de voir les évolutions qui s'opèrent en Europe, en Afrique et dans le monde entier. Il y'a le volet climat auquel il faut apporter des réponses. Il faut trouver des solutions avec un impact positif sur l'environnement et qui puissent permettre à tout un chacun d'avoir accès à de l'énergie propre. Et pour ce qui concerne l'Afrique ?

BUSINESS AFRICA Le premier enjeu en Afrique c'est l'accès pour tous à l'énergie et ce de façon sécurisée. Il s'agit de pouvoir bénéficier de l'énergie avec des sources continues et disponibles. Ceci est d'autant plus important que l'on constate une évolution démographique de la population africaine, avec une forte concentration dans les zones urbaines et l'amélioration (nous pouvons nous en réjouir), de l'espérance de vie. Du coup des ressources comme l'énergie doivent être assurées sur l'ensemble des territoires et pour l'ensemble de la population. Hors des zones urbaines, les réseaux électriques font souvent défaut. Il faut par conséquent trouver des systèmes décentralisés qui n'ont pas besoin d'être rattaché au réseau principal et qui fonctionnent « off-grid » (de manière autonome). Il faudrait également que ces solutions soient à des coûts raisonnables. On sera, alors, capable de donner accès et fournir de l'énergie aux populations quelque soit leur localisation. Beaucoup d'initiatives sont aujourd'hui en cours en Afrique : les états euxmêmes ont des plans très ambitieux de développement du secteur énergétique. Il y a aussi des initiatives individuelles et louables, pour ne citer que quelques-unes : « Energies pour l'Afrique » lancée par Jean-Louis Borloo ancien ministre français de l'écologie, de l'énergie et du développement durable et celle du rappeur sénégalo-américain Akon dénommée « Lighting Africa », qui a pour objectif d'électrifier l'Afrique sur la base de panneaux solaires. Il faut savoir que lorsque l'on produit de l'énergie à partir du renouvelable (c'est-à-dire, le vent, le solaire ) cela implique de pouvoir stocker l'énergie

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produite à un coût acceptable pour faire face aux problématiques d'intermittences de ces sources. C'est donc un véritable challenge pour l'Afrique de pouvoir développer et accompagner un écosystème local et des environnements d'innovation de façon à créer des filières (production, distribution, installation et maintenance, etc.) qui permettront de soutenir ces développements dans la durée. L'appropriation et l'accompagnement de ces nouvelles technologies par les états sont un garant de la pérennisation. Les opérateurs d'électricité en Afrique se plaignent beaucoup de la fraude. Comment lutter contre ? Il faut tout d'abord travailler à rendre l'électricité la moins chère possible et accessible. Aujourd'hui, beaucoup d'efforts sont faits dans ce sens mais c'est un travail de longue haleine, on n'y est pas encore partout et pour tous. Il peut donc avoir ici et là, malheureusement, des fraudes et cela est bien entendu, destructeur de valeurs. Et plutôt que d'investir dans les infrastructures pour améliorer l'offre, l'argent est alloué aux contrôles et à la lutte contre la fraude. Dans ce cas ne faut-il pas libéraliser le secteur ? Je pense que le rôle de l'état dans le secteur énergétique est crucial, il apporte l'orientation stratégique à l'échelle du pays.. Ceci est très important. La libéralisation donne la possibilité à plusieurs acteurs d'intervenir dans l'offre de service mais l'ouverture au marché doit être faite sur la base d'un win-win (gagnant-gagnant) pour tous. Propos recueillis par A.C.D


ENTREPRISE

BUSINESS AFRICA

Lez OBAMBI CEO de WORTIS WORTIS

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ENTREPRISE

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Lez OBAMBI

Fondateur & CEO de WORTIS Gérer son entreprise à partir de son smartphone, c’est possible Lez Obambi conduit et développe ses affaires en toute discrétion, de Brazzaville à Paris. En 2015, il lance WORTIS, une start-up qui veut révolutionner le quotidien des PME et autres commerces de proximités, grâce à l'ingéniosité d'un travailleur aussi acharné que déterminé.

N

é au Congo Brazzaville, Lez Obambi commence sa carrière en 2006 à la Société Nationale de Pétrole du Congo (SNPC), une première expérience qui fera découvrir le monde de l'entreprise à cet informaticien de formation. Recruté ensuite par la filiale congolaise du Groupe MTN pour s'occuper de la Communication Corporate, il s'y découvre une âme d'entrepreneur et comprend vite que sa vocation n'est pas derrière un bureau mais plutôt dans la réalisation d'une idée un projet. Serial Entrepreneur En 2012, il s'installe en France, et complète son background d'un MBA, en Consulting et Stratégie à l'Ecole Supérieur de Gestion (ESG) de Paris. Il co-lancera également sa première start-up, une entreprise qui propose des forfaits téléphoniques pour appeler en Afrique centrale. Cette première expérience réussie fera de Lez Obambi un serial-entrepreneur.

En 2015, il crée WORTIS, une entreprise innovante et technologique qui conçoit et commercialise des caisses enregistreuses intelligentes et connectées, dotées d'un boitier analysant les données pour offrir au chef d'entreprise des informations sur l'évolution de son activité. Un défi technologique WORTIS s'attaque à un sacré défi technique puisque la start-up souhaite offrir une nouvelle expérience de gestion de son entreprise, en rendant tout cela possible à partir de son téléphone portable ! La Wortisbox fonctionne notamment sous Android, avec une interface conviviale et familière pour les utilisateurs. Les Wortisbox disposent d'une mémoire tampon et d'une batterie intégrée, qui assurent leur indépendance en cas de coupure d'électricité ou de perte de connexion internet. L'appareil est essentiellement destiné aux commerces de proximité, au PME

ainsi qu'aux membres de la diaspora qui entreprennent dans leur pays d'origine et qui peuvent grâce à cet outil, suivre à distance et en temps réel l'évolution de leurs activités à partir de leur téléphone. Un modèle économique original Le modèle économique est basé sur un système d'abonnement mensuel, qui débute à 34 euros en Europe et 15 000 FCFA en Afrique. L'abonnement comprend la mise à disposition de la Box, les mises à jour et le service après vente. Selon le fondateur Lez Obambi, la demande est déjà très forte, notamment sur le continent africain. Deux filiales sont d'ores et déjà opérationnelles, au Togo et au Congo et d'autres ouvertures sont en projet. Une levée de fonds est également à l'ordre du jour, pour permettre à la startup Wortis d'exprimer toutes ses potentialités. A.S.T


INTERVIEW

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Olivier TRAORE Ingénieur TELECOM

Manager à ACCENTURE PARIS

“Les Télécoms sont aujourd’hui plus que des commodités” Natif de Bamako au Mali, Olivier TRAORE est ingénieur Telecom, diplômé de Telecom Paristech. Embauché par Accenture en 2007, il y travaille aujourd'hui sur les comptes opérateurs Télécoms en France et Benelux et dans certaines filiales en Afrique. Il a effectué de nombreuses missions d'accompagnement sur les problématiques d'optimisation des processus de déploiement des réseaux mobiles, de relation client et de migration dans le domaine de l'internet fixe et du mobile. Il se focalise aujourd'hui sur les problématiques de transformation digitale des opérateurs Télécoms et nous livre ses sentiments sur le secteur des Télécoms et ses perspectives de développement en Afrique. Quelles appréciations avez-vous des enjeux des Télécoms en Afrique ? L'appréciation que j'ai, c'est qu'aujourd'hui, il y'a une claire distinction entre l'Afrique et l'Europe, dans la façon de concevoir les services de Télécommunications et la manière de les utiliser. Aujourd'hui en Europe, l'accès au haut débit par la fibre optique est très répandu. En Afrique, si l'on veut réaliser ces mêmes types d'accès, cela nécessiterait beaucoup de temps et de capitaux investis, avec des retombées économiques, à court terme très faibles. Beaucoup d'opérateurs Télécoms et d'Etats africains, ont compris qu'il

convient plutôt de développer les réseaux mobiles à très haut débit. Les Télécoms, aujourd'hui sont plus que des commodités, elles permettent de faire émerger de multitudes de services et d'usages qui impactent considérablement l'ensemble des secteurs économiques, aussi bien dans le domaine de l'agriculture, que celui de la santé, de l'éducation ou de la finance. Les couts des communications et surtout de l'internet ne sont-ils pas des freins au développement des Télécoms ? Le cout élevé des communications s'expliquent par un certain nombre de facteurs. Mais la première la raison est certainement le fait que les opérateurs investissent lourdement et doivent rentabiliser leurs investissements dans un délai le plus court possible. De ce fait, il appartient aux Etats de mettre en œuvre des conditions favorables à une baisse des tarifs. Et la régulation, quel rôle peut-elle jouer ? D'ailleurs est -elle efficace ? L'Afrique est divisée en zones économiques intégrées, les opérateurs de Télécoms, eux, sont globaux. De ce fait pour avoir une régulation efficace, il est nécessaire qu'il y'ait des autorités de régulation fédérées autour d'un organe central supranational qui pourrait donner des directives opposables aux Etats.

Un autre enjeu est la couverture des territoires, comment l'assurer de manière optimale ? La régulation a également un rôle à jouer à ce niveau, pour contraindre les opérateurs à l'internet social via le mobile, notamment avec le wifi. Certaines grandes villes africaines ont déjà lancé cette expérience notamment en partenariat avec les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) qui ont désormais pour objectifs de fournir la communication au plus grand nombre afin qu'il puisse accéder ensuite à leurs contenus. On constate en Afrique une évolution vers une concentration des opérateurs Télécoms, pensez-vous que cette tendance va se poursuivre et est-ce une bonne chose pour le secteur ? La concentration dans le secteur des Télécoms, que l'on observe en Afrique est une évolution normale des choses. Elle est nécessaire pour atteindre la taille critique qui permettra de faire plus d'investissements et donc plus d'innovation dans le secteur. Il est établi que dans les pays où il y'a beaucoup d'opérateurs, les tarifs des communications sont plus faibles, mais en contrepartie la capacité d'investissement et d'innovation des opérateurs est moins développée. Du coup les nouveaux usages sur les secteurs comme l'éducation, la santé, l'agriculture etc prennent plus de temps à être mis en œuvre.


INTERVIEW

Olivier TRAORE

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INVESTISSEMENT

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Nathalie Akon GABALA

Associée, Directeur des Investissements Afrique EQUATOR CAPITAL PARTNERS LLC “L’amélioration du climat des affaires reste un des grands défis du continent” Brève présentation de votre parcours, académique et professionnel ? J’ai un parcours qui assez atypique dans le « Private Equity » ; j’ai débuté ma carrière dans la banque commerciale ou j’ai passé environ 15 années avant de rejoindre Equator Capital Partners en 2010 en tant que Directeur des Investissements. Je suis aujourd’hui Associée en charge du portefeuille Afrique. En tant que banquier, j’ai travaillé pour les groupes Citibank et Standard Chartered Bank en Côte d’Ivoire, au Cameroun et en Afrique du Sud. Je suis diplômée de l’ESCP (l’Ecole Superieur de Commerce de Paris). Quelles sont les activités de Equator Capital Partners, notamment en Afrique ? Equator Capital Partners est la société de gestion de la famille des fonds d’investissements « ShoreCap », fonds dédié aux prises de participation capitalistiques minoritaires dans les institutions financières des marchés émergents. La société qui a son siège à Chicago, est entre autre une des sociétés pionnières dans la gestion de fonds dédiés aux institutions de microfinance,

avons un bureau à Johannesburg et prévoyons ouvrir des bureaux à Abidjan et à Nairobi dans les mois qui viennent.

Nathalie Akon GABALA

ayant débuté ses activités en Asie en 1998. A travers ShoreCap I et ShoreCap II, nous avons investi plus de $80 millions dans 25 institutions financières en Asie et en Afrique. En Afrique plus précisément nous avons investi dans des institutions de microfinance et des banques commerciales en Gambie, Uganda, Tanzanie, Zambie, au Zimbabwe, Rwanda, Nigeria, Kenya mais aussi dans les 7 pays de la zone UEMOA au travers d’une banque sous régionale. Nous

Avez-vous une cible particulière ? Si oui laquelle et pourquoi ? Les actionnaires des fonds sous gérance sont pour la plupart les banques de développement internationales telles la Banque Européenne d’Investissement, la SFI, CDC Group, FMO, ou KFW, à ce titre elles nous confient un mandat de développement et de promotion de l’inclusion financière. Nous exécutons ce mandat en supportant des institutions financières locales via un investissement en capital et l’apport d’une assistance technique. Notre objectif est d’inciter ces institutions a mieux servir les PME/PMI, mais aussi les microemprunteurs qui sont généralement exclus du système financier traditionnel. Quelle est votre valeur ajoutée sur un marché déjà très concurrentiel ? Je pense que le marché du Private Equity africain est encore naissant, les investisseurs sont très actifs au Kenya,


INVESTISSEMENT

BUSINESS AFRICA

17

Nigeria ou en Afrique du Sud, mais il

sance et un mouvement continue d’ur-

Les PME ont besoin de pouvoir renfor-

existe des opportunités en dehors de

banisation, dont le taux devrait attein-

cer leurs fonds propres pour se déve-

ces marchés-là, cependant elles sont

dre près de 55% à l’horizon 2020 ;

lopper et servir leurs marchés domesti-

plus difficiles a identifier.

pense

- L’émergence d’une classe moyenne

ques et régionaux, et elles peuvent le

que la spécialisation d’Equator et l’ex-

avec l’accroissement des pouvoirs

faire grâce aux fonds de capital inves-

périence de ses managers, qui sont

d’achats ;

tissement.

eux-mêmes anciens banquiers, contri-

- L’avènement du digital, internet et

Cela est d’autant plus important que

buent à son succès.

mobile money qui a permis d’améliorer

ces fonds apportent non seulement des

Nous avons l’habitude de dire que «

de façon significative l’inclusion finan-

capitaux mais aussi parfois, comme les

nous sommes des banquiers qui inves-

cière.

fonds ShoreCap, une assistance tech-

tissent dans des banques ».

Depuis 2010, plusieurs économies en

nique permettant un renforcement des

Nous sommes convaincus que l’impact

Afrique sub-saharienne se classent

capacités techniques et humaines qui

positif sur le développement et la renta-

parmi les économies mondiales à plus

font souvent défaut au PME. Rien

bilité sont complémentaires, cette

forte croissance.

qu’entre 2014 et 2015, le volume de

vision étant partagée et soutenue par

Mais le potentiel de l’Afrique réside

capitaux levés par lesfonds de Private

nos investisseurs.

aussi dans l’étonnante créativité, la

Equity pour des investissements en

Nous incitons les institutions financiè-

résilience, l’esprit d’initiative et l’énergie

Afrique sub-saharienne sont passé de

res dans lesquelles nous investissons à

de ses entrepreneurs.

1.6

prendre en compte les impacts environ-

Elle bénéficie désormais d’une jeu-

Cependant ces fonds restent encore

nementaux et sociaux dans leurs déci-

nesse formée dans les meilleures uni-

majoritairement destinés aux entrepri-

sions opérationnelles et stratégiques.

versités d’Europe ou d’Asie qui aspire à

ses Kenyanes, Nigérianes ou Sud-

Nous veillons également à la mise en

retourner en Afrique.

Africaines; l’Afrique francophone par

place des mesures de gouvernance

D’ailleurs alors que les fonds ShoreCap

exemple reste encore largement des-

aux standards internationaux.

I et II couvraient l’Afrique et l’Asie,

servie.

Etant un fonds de capital investisse-

ShoreCap III ne sera dédié qu’à

ment, nous avons vocation à « sortir »

l’Afrique, d’où l’ouverture de 2 bureaux

Quelles sont, selon vous, dans la

de l’entreprise a l’issue de notre

supplémentaires.

pratique les contraintes qui freinent

Je

période d’investissement, notre intérêt

à

4.5

milliards

de

dollars.

les investissements étrangers en

est donc parfaitement aligné avec celui

En quoi, d’après votre expérience, le

Afrique ?

des actionnaires : celui de créer de la

Private Equity peut-il être un levier

L’amélioration du climat des affaires

valeur pendant la durée de notre inves-

de développement pour les écono-

reste un des plus grands défis du conti-

tissement.

mies africaines ?

nent. Mais il convient de préciser les

L’ancien patron franco-béninois de

Le constat est simple et le calcul est

nombreux efforts entrepris ces derniè-

PAI Partners affirmait que l’Afrique a

facile : selon la Banque Africaine de

res années par les pays africains afin

30 années de croissance devant elle,

Développement, le secteur informel

de l’améliorer.

partagez-vous cette affirmation ?

représenterait près de 55% du Produit

Par exemple, dans le dernier rapport «

L’Afrique a certainement des années de

Intérieur Brut (PIB) cumulé de l’Afrique

Doing Business » de la Banque

croissance devant elle, par contre je ne

subsaharienne.

Mondiale qui mesure la qualité et l’évo-

saurais pas les quantifier.

Il est estimé que les PMEs contribuent

lution du climat des affaires à travers le

Chez Equator nous avons confiance au

à plus de 50% des emplois et a environ

monde, les reformes mises en place en

potentiel de l’Afrique et aux perspecti-

40% du PIB des économies africaines.

Afrique Sub-saharienne représentent

ves de croissances qui s’appuient

Le secteur privé sera le levier de crois-

environ 30% des 231 réformes mondia-

essentiellement sur 3 leviers :

sance des économies Africaines dans

les mises en place ./.

- Une population jeune en forte crois-

les années à venir.

Propos recueillis par A.C DIALLO


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BUSINESS AFRICA

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Abdoulaye TOURE Fondateur et CEO de M7 COM La Géolocalisation un levier de développement du secteur des Transports et de la stratégie de l'entreprise.

Abdoulaye TOURE TOURE CEO de M7 COM

C

'est en observant, lors d'un de ses séjours au Mali, son pays natal, l'explosion du taux d'équipement en véhicules de transports de marchandises et surtout au casse tête des propriétaires face à des chauffeurs peu scrupuleux, qu'Abdoulaye a eu l'idée de créer son entreprise M7 COM. Il a imaginé un logiciel de géolocalisation adaptée aux problématiques de transport en Afrique. Une solution novatrice L'ambition de M7 COM est de permettre aux propriétaires ou chefs d'entreprises de transports de savoir exactement où se trouvent leurs véhicules, car de nombreuses entreprises de trans-

port exercent leur activité, sans aucune optimisation et surtout avec de nombreux frais indus. Optimisation M7 COM a développé une solution qui améliore considérablement le suivi de leur flotte de véhicules. Pour Abdoulaye TOURE, l'optimisation du suivi est rendu possible grâce à la géolocalisation de la flotte automobile de l'entreprise qui peut, à tout moment, savoir où est localisé chaque véhicule et adapter son itinéraire en temps réel, pour répondre à tous les aléas. Pour lui, les avantages de la géolocalisation de la flotte sont nombreux et dépendent véritablement des besoins

Augmenter la productivité La géolocalisation permet à un transporteur routier, d'abord d'utiliser moins de véhicules : l'itinéraire de livraison de chaque véhicule est calculé pour avoir le meilleur rendement. Ainsi, le nombre de véhicules de la flotte est réduit et chaque véhicule est utilisé de façon optimale. Elle permet également de garantir une livraison des clients dans les meilleurs délais : en optimisant le suivi de flotte, chaque véhicule de livraison est assuré d'utiliser le trajet le plus rapide. Les clients sont donc livrés dans des délais plus courts. Enfin, elle permet d'augmenter la productivité des chauffeurs et de réduire la consommation en carburant : des trajets optimisés permettent de limiter le nombre de kilomètres parcourus. Une diminution de trajet qui entraîne de facto une réduction importante de la consommation en carburant. L'impact sur le budget et l'environnement est donc conséquent. le projet, autofinancé, a eu quelques difficultés à prendre véritablement son envol. « Nous aurions gagné du temps si nous avions des ressources humaines bien formées sur place », reconnaît M. TOURE. L'objectif de l'entrepreneur est de devenir, à moyen terme leader dans son secteur, d'abord au Mali, puis dans la sous région ouest africaine. A.C. DIALLO


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Idrissa COMPAORE Consultant - chef de projets S.I

Algorithmes prédictifs et outils de Datavisualization

C

ontrairement à son patro-

débauché par le Cabinet de conseils

nyme Idrissa n'est pas de

TALAN Groupe, qui le fait intervenir

nationalité

Burkina

chez GRDF comme Chef de Projets BI

mais

et Big Data.

Ivoirienne. C'est donc en Côte d'Ivoire qu'il entame et poursuit ses études

Data & Algorithmes

secondaires

supérieures.

Idrissa travaille aujourd'hui sur des pro-

D'abord au Lycée technique

et

blématiques liées à l'exploitation des

Eurelec Abidjan où il finit major

données de grandes volumétries avec

de sa promotion, puis au très

des bases de plus 11 millions de

sélectif

National

clients. Il s'appuie essentiellement sur

Polytechnique Houphouet Boigny

Institut

des algorithmes prédictifs et des outils

de Yamoussoukro après son

de Datavisualization pour mener à bien

admission au concours d'entrée.

son travail.

A la fin de sa formation, il est

Pour lui, la montée en puissance des

recruté par Versus Bank en 2007

technologies Big data a permis de faire

comme Ingénieur informaticien

un pas supplémentaire dans l'écoute et

puis chef de Département des

l'analyse des données clients, offrant

Systèmes d'Information.

L'une

ainsi l'occasion aux entreprises de

de ses missions principales a été

mieux comprendre les comportements

d'améliorer les performances et

et les besoins de leurs consommateurs

l'évolution du système d'informa-

afin d'affiner leurs offres. Les algorith-

tion bancaire et d'assurer le déploiement de la monétique

Idrissa COMPAORE

sous-régionale et internationale au sein de l'établissement financier.

Défis à relever

mes prédictifs seraient bien capables, à terme, de prévoir les évolutions économiques, marketing et sociétales à

y suivre un Mastère Spécialisé en Management des Systèmes d'Information En avril 2014, il effectue son stage de fin

venir, permettant ainsi aux marques de faire un bond dans la personnalisation de leurs offres. Le big data, littéralement les « grosses

Les péripéties de la crise ivoirienne de

d'études en chez Bouygues Telecom, en

2011 vont contraindre le jeune Idrissa à

stratégie de rationalisation des coûts au

changer de banque. Il conduit pendant

sein de la Direction Gouvernance et

deux ans les projets de migration du Core

Stratégie Infra.

banking et de déploiement de la plate-

Il rejoint par la suite l'un des grands cabi-

forme monétique de COFIPA Investment

nets du big four à savoir Deloitte où il tra-

Bank Côte d'Ivoire.

vaille pendant 9 mois comme chef de pro-

A la quête de nouveaux challenges,

jets SI en charge des évolutions du cube

Idrissa a choisi l'expatriation en France en

BI et de la performance des 9000 consul-

2013, où il parvient après concours, à

tants ainsi que la fusion de nouveau sys-

intégrer la prestigieuse grande école d'in-

tème d'information SIRH.

sens pour les différents métiers.

génieur qu'est l'Ecole Centrale Paris pour

Après l'expérience de Deloitte, Idrissa est

A.C.D

données ou données de masse », désigne des ensembles de données qui deviennent tellement volumineux qu'ils en deviennent difficiles à travailler avec des outils classiques de gestion de base de données ou de gestion de l'information. Le Big Data s'accompagne du développement d'applications à visée analytique, qui traitent les données pour en tirer du


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Laetitia KANGA BONY

Manager en Technology Consulting chez ACCENTURE “Passer d'une vision outils informatiques à une vision système d'information intégré” Arrivée en France à la faveur d'une Bourse d'Excellence de l'Etat ivoirien, Laetitia poursuit des classes préparatoires scientifiques et finit par intégrer l'Institut National des Télécommunications où elle opte pour une double compétence en Management et Ingénierie des Systèmes d'informations. A l'issue de sa formation elle fera un stage de 6 mois au sein du Groupe TOTAL sur l'optimisation de l'approvisionnement des raffineries puis à EDF sur des projets de transformation liés à la gestion de la Relation Client. Séduite par le Consulting, elle postule et réussit à être embauchée par Accenture, ex Arthur Andersen consulting, le plus grand cabinet de conseil au monde. Depuis 2012, elle est promue Manager, Directrice de Mission en Technology Consulting.

En tant que Directrice de mission en Systèmes d'information, en quoi consiste votre métier ? D'abord, d'une manière générale, la mission d'un Consultant est d'accompagner le client, dans son évolution, l'aider à identifier les leviers qui Laetitia KANGA BONY lui permettront d'assurer sa croissance. Ces leviers peuvent être des changements dans l'organisation, dans la stratégie ou tout simplement la mise en place outils adaptés. En tant que Consultants en Systèmes d'information et Organisation , nous intervenons notamment sur les systèmes d'informations de manière à les aligner avec les objectifs stratégiques du client. Ceci peut passer par une plus grande fiabilité des stocks, une meilleure optimisation des approvisionnements, en somme par une meilleure efficacité opérationnelle sur la supply Oui les missions de transformation SI chain. (systèmes d'information) que nous Les missions sont donc souvent réalisées sur le long terme ?

effectuons chez le client ont une durée d'un an minimum. En effet, il y a plu-

sieurs phases pour une mission type : l'analyse des besoins, la phase de mise en place du système et son déploiement chez le client.. Ces missions s'inscrivent dans le cadre de programmes stratégiques qui peuvent s'étaler sur une dizaine d'années. L'apport des Systèmes d'information n'est-il pas plus bénéfique aux grandes entreprises qu'aux PME ? Il est clair que les Systèmes d'information d'une entreprise de grande taille ne seront pas les mêmes que ceux d'une PME. Mais dans toute organisation, il est necessaire d'avoir des process clairs et bien définis et les Systèmes d'information peuvent aider à cela. On peut dire que les systèmes d'information sont un accélérateur de croissance, en particulier pour les PME.


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BUSINESS AFRICA

Il vous arrive de partir souvent en Afrique, quelle est votre appréciation du secteur des SI sur le continent ?

leur développement de carrière : telle est la double vocation d'un manager en cabinet de conseil en organisation et systèmes d'information.

l y a eu des évolutions significatives. Il y a quelques années, la confusion était fréquente entre informatique et Systèmes d'information. On ne comprenait pas par exemple que je fasse du conseil en systèmes d'information sans être une experte en programmation informatique. Mais maintenant cela a évolué, notamment en raison de l'implantation croissante des grands cabinets de conseils en S.I en Afrique. Le challenge assez souvent en Afrique c'est que, dans une même entreprise, chaque département, finance, achats ou RH a son système d'information, sans véritable intégration entre ces différentes briques Alors qu'il est plus bénéfique d'avoir un système d'information intégré entre toutes les fonctions, afin par exemple de permettre au Manager d'avoir l'information en temps réel sur l'ensemble des activités de l'entreprise. C'est aussi cela, passer d'une vision outils informatiques à une vision système d'information intégré et aligné avec les processus et l'organisation. Accompagner les entreprises dans l'alignement entre stratégie, organisation et systèmes d'information, tout en accompagnant les consultants dans

Quels sont aujourd'hui, les grands enjeux dans ce secteur ? D'une manière générale, un des enjeux majeurs, c'est la digitalisation, c'est-àdire les implications pour les entreprises de la montée en puissance du numérique sur l'ensemble de la chaîne de valeur Il y a aussi le fait que la manière de gérer les projets change, avec l'adoption croissante de la méthode Agile. Elle permet d'impliquer de plus en plus les utilisateurs et d'avoir une approche itérative. Cela fait partie d'un des challenges que nous avons en tant que Manager, savoir anticiper les changements tout en étant dans l'ère du tout numérique. Quelles sont vos perspectives professionnelles ? Ma perspective est de pouvoir rentrer en Afrique. J'estime que j'ai atteint une certaine maturité dans le cadre professionnel, ainsi qu'une certaine légitimité en raison de mes 10 années d'expériences. Et je souhaite mettre cette expérience au service de l'Afrique et notamment de

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la Côte d'Ivoire. Mettre au service du continent africain ma riche expérience de directrice de mission au sein d'un cabinet de conseil de premier plan est une perspective motivante. La légitimité ainsi que la maturité acquises durant mes 10 années d'expérience sont, à mon sens, des atouts clés . Ne craignez vous pas le risque d'être un peu trop en avance, techniquement parlant ? Une période d'adaptation sera forcément nécessaire, les cultures de travail et de management étant différentes d'un pays à l'autre. Ce n'est d'ailleurs pas un phénomène exclusivement africain, comme j'ai pu le constater au cours de mes 7 années de missions en direction de projet dans toute l'europe. Mais cette expérience me permet d'anticiper les tendances fortes de l'évolution du secteur en afrique. En outre, les méthodologies de direction de projet mises en œuvre au cours de mes expériences sont naturellement des avantages. Ces expertises sont des leviers de performance qui peuvent être mis au service de directions des opérations ou de cabinets de conseil en développement sur le continent Africain.


PARCOURS

BUSINESS AFRICA

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Zenab GANGUE Associate Manager chez ACCENTURE France La maîtrise du système d'information est un axe clé et stratégique pour la performance de l'entreprise. Elle requiert plusieurs compétences, il faut savoir mettre en place des outils de gestion, utiliser les ressources des technologies de l'information et de la communication (TIC), et être capable de conduire des projets transversaux. Des tâches que Zenab Gangué exerce de manière presque quotidienne. En effet cette guinéenne d'origine, est Associate Manager chez Accenture dans le domaine des systèmes d'information . Zenab accompagne notamment les entreprises dans leur transformation digitale en s'appuyant sur la méthodologie Agile Scrum.

Z

enab GANGUE a presque tout fait très tôt, Baccalauréat scientifique à 16 ans, cette férue de Mathématiques, d'origine guinéenne enchaine les réussites scolaires et universitaires. Elle obtient un Master MIAGE et un diplôme de 3ème cycle en Ingénierie des systèmes d'information avec une double diplomation au Canada, à l'Université de McGill. Un stage de 8 mois, en maitrise d'ouvrage chez Air France lui met les pieds à l'étrier. Elle découvre ainsi les rudiments de la gestion de projet et du recueil de besoin informatique. Après cette première expérience, Zenab est recrutée par ACCENTURE, comme analyste. Les efforts récompensés Des débuts plutôt difficiles pour la jeune consultante, en charge de travail notamment et à travers les nombreuses missions auprès des clients de l'entreprise de Conseil. C'est ainsi qu'elle participera à la refonte des systèmes d'information de nombreux grands groupes français. De gros projets internationaux qui l'amèneront à encadrer des équipes offshore sur différents sites géographiques en Inde et à l'île Maurice. Elle en profite pour monter en galon et devient Associate manager au sein de Accenture France.

Méthode SCRUM Aujourd'hui sa mission est d'accompagner les entreprises dans leurs projets de transformation ou de choix stratégique dans les systèmes d'information. Son domaine de prédilection est l'agilité et plus précisément la méthode SCRUM. L'un des principes de base de cette méthode est de valoriser les individus et leurs interactions plutôt que les processus et les outils. Le Scrum place les individus au centre des interactions et décloisonne les différents entités organisationnelles d'un projet informatique. Plusieurs études ont démontré qu'il est contre-productif qu'avant de développer un produit, il faille le planifier et en spécifier les moindres détails. En effet, prévoir tous les aspects de la production entraîne dans la plupart des cas frustrations et de la pertes de temps car les aléas surviennent fréquemment. C'est cette approche prédictive et séquentielle que la méthode « Agile » veut casser. Ainsi, au lieu de fixer les objectifs lointains, le mieux serait de procéder de manière itérative, de fixer des objectifs à court terme et commencer le développement sans perdre de temps. Chaque fois que cet objectif est atteint, on passe au prochain et ainsi de

suite jusqu'à atteindre le but ultime. Cette approche permet ainsi de réduire de manière drastique le « time to market ». Dans le cadre d'un développement agile, c'est le client qui transmet à l'équipe de développeurs sa vision du produit avec la liste des fonctionnalités qu'aurait ce produit. De ce fait, on raisonne plus « produit » que « projet », d'où l'utilisation du terme « gestion de produit » au lieu de « gestion de projet ». A la croisée des chemins Pour Zenab cette méthode a fait ses preuves et pourrait être d'une grande utilité pour les entreprises africaines, car selon elle, l'une des problématiques majeures de l'informatique est le facteur coût/temps. Il faut donc pouvoir réduire les coûts tout en réduisant les délais. Côté carrière, Zenab pense être à la croisée des chemins et estime avoir capitalisé suffisamment d'expériences dans son domaine pour prétendre à de nouveaux challenges. L'Afrique la tente bien sûr, mais elle souhaite laisser le temps au temps. Dans le court terme, elle souhaite s'investir dans le coaching Agile et la formation en général au sein d'entreprises africaines et pourquoi pas dans des universités.


PARCOURS

BUSINESS AFRICA

Zenab GANGUE

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A LA UNE

BUSINESS AFRICA

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Charles Bruno DOGBE


A LA UNE

BUSINESS AFRICA

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Charles Bruno DOGBE CEO de CCI PATRIMOINE

L’émergence d’un acteur majeur de l’immobilier en Afrique C'est dans ses bureaux, situés avenue Georges Clémenceau dans la zone de Nanterre-La Défense en région parisienne que Charles Bruno DOGBE et son staff ont reçu BUSINESS AFRICA. Le fondateur et CEO de CCI PATRIMOINE qui jouit d'une certaine notoriété dans le monde de l'immobilier, aussi bien en Afrique qu'en Europe, sait vous mettre à l'aise. C'est dans une ambiance très détendue et en toute modestie, qu'il se soumet à nos questions. Il révèle avec une grande fierté ses années de formation à l'Université Cheick Anta DIOP de Dakar, où il obtint un DESS en économie et Gestion, ses premières expériences professionnelles auprès de groupes européens et africains tel que Groupe ATEPA, et comme représentant d'entreprises espagnoles, au Togo, en Guinée Conakry et en Guinée équatoriale. Il évoque sans ambages ni détours son métier de promoteur immobilier, ses contraintes, les défis à relever mais aussi ses perspectives d'avenir.

S

on parcours atypique ne laisse pas indifférent : il suscite surtout de l'admiration ; voilà enfin un entrepreneur venu du sud, qui casse le mythe selon lequel, l'excellence doit toujours venir des pays du nord. Son parcours universitaire majoritairement passé en Afrique, honore les écoles et universités du continent. En effet, rares sont ceux qui décident de quitter l'Afrique pour venir s'installer en Europe et qui réussissent. Chez CCI PATRIMOINE, on considère que Paris est l'une des « capitales africaines » du continent ; une plaque tournante où grand nombre d'africains transitent à un moment donné. Selon Charles DOGBE, il est beaucoup plus facile de « capter » un grand décideur africain de passage à Paris que dans son propre pays. Malgré ses multiples aller-retour sur le continent africain, Paris reste pour le président du groupe CCI PATRIMOINE, une place stratégique dans son développement à l'international.

Ses expériences acquises sur le continent africain, notamment au Sénégal, en Guinée Equatoriale, en Guinée Conakry et au Togo, lui ont donné la certitude qu'il y'avait un immense vivier de demandeurs africains pour des produits immobiliers en Europe et en Amérique du Nord. De Consultant à Entrepreneur Il s'installe à Paris en 2004 et démarre comme consultant auprès de BNP International Buyers, une filiale du groupe BNP PARIBAS basée à Londres. Cette filiale destinée à l'origine aux Nord européens désireux d'acquérir des biens immobiliers en France était surtout spécialisée dans le crédit hypothécaire. Ce parcours professionnel lui donne l'impulsion pour se lancer dans l'entreprenariat, restant persuadé que c'est un atout et une priorité pour le continent africain. Charles DOGBE, après ce bref passage chez International Buyers, crée

en 2006 sa société, d'abord sous l'enseigne de TECNODIS International et quelques années plus tard CCI PATRIMOINE qui, à ses débuts, est plutôt apporteur d'affaires pour à des banques comme la Barclays, la Société Générale ou la BNP PARIBAS. CCI PATRIMOINE accompagne une clientèle africaine qui investit beaucoup dans la pierre en France, au Canada et en Belgique. Progressivement, l'entreprise évolue vers la structuration de fonds. Elle prend contact avec des promoteurs africains qui avaient de réels besoins mais qui manquaient de structuration. Charles Bruno DOGBE et son équipe, se proposent de les accompagner en les leur dotant d'une vraie expertise. Un des premiers programmes fut réalisé au Togo avec un promoteur local, pour une levée de fonds d'environ 9 milliards de Francs CFA. Une belle réussite !


A LA UNE

Après une réflexion murement menée, le choix est désormais assumé : Charles Bruno DOGBE se veut un acteur à part entière de la promotion immobilière en Afrique et défend farouchement cette position, rarissime, garante pour lui d'un travail de qualité car « La promotion immobilière est devenue pour beaucoup un métier de marketing », déplore-t-il. Son credo : la proximité à tous les niveaux. Pour des logements correspondant aux besoins de la population : « Nous privilégions un suivi constant et réactif sur les chantiers, avec un réseau de partenaires fiables. J'aspire à fournir à ma clientèle des produits finis soignés, bien situés, avec des surfaces bien pensées ».

Expertise en montage financier

Mais très rapidement, Charles Bruno DOGBE se rend compte que la structuration et l'accompagnement des petits promoteurs en Afrique ne suffisent pas. « Il y'avait également des problématiques de Management auxquelles il fallait répondre ». En effet, la promotion immobilière est une activité complexe, où interviennent plusieurs corps de métier : architectes, bureaux d'études, entreprises de construction, établissements financiers, qu'il faut savoir orchestrer. Sur ce dernier point, l'expertise de CCI PATRIMOINE dans le montage financier des Projets immobiliers est un atout majeur. Car, comme pourraient en témoigner nos lecteurs, l'obtention d'un crédit dans le cadre d'un programme immobilier, pose souvent problème : c'est l'une des principales barrières dans l'acquisition d'un logement. Les banques en Afrique, frileuses de prendre des risques, rechignent à octroyer des prêts dont le remboursement n'excède pas les 5 à 7 ans. Sans compter les taux d'intérêt appli-

BUSINESS AFRICA

qués qui avoisinent les 7 à 10%. « Il faut une implication du secteur bancaire pour des financements sur le long terme ; le manque d'engouement du secteur bancaire concerne aussi bien l'offre (les promoteurs) que la demande (acquéreurs) », souligne Charles Bruno DOGBE.

Insuffisances du cadre légal

Par ailleurs, le cadre législatif et règlementaire régissant le secteur immobilier demeure dans beaucoup de pays africains, quasi inexistant. La notion d'hypothèque n'est souvent pas clarifiée or c'est la première garantie sollicitée par les banques pour accorder un crédit immobilier. Les questions relatives au foncier demeurent un problème majeur dans nos pays d'Afrique subsaharienne où le droit coutumier est encore présent, engendrant un manque de réserves foncières ; les institutions étatiques doivent être plus efficaces à ce sujet. Autant de facteurs qui pénalisent le secteur selon le promoteur, qui déplore également l'absence de règles définies concernant la propriété verticale (immeuble collectif divisé en appartements). C'est la forme de copropriété la moins courante en Afrique « aujourd'hui, on ne peut faire de la promotion immobilière que pour la propriété horizontale. Si l'on veut faire des immeubles, ils seront difficiles à vendre en copropriété. Or il est clair que certaines villes africaines ne peuvent continuer dans l'horizontalité, pour des raisons de cout de transport etc.. ». Selon lui, il faut donc une plus grande implication des pouvoirs publics, d'abord pour doter les villes d'un véritable Plan Local de Développement Urbain ; ensuite pour exiger des différents acteurs de la chaine du Bâtiment, le respect des normes appliquées en la matière.

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S'agissant du faible recours aux matériaux locaux, M. DOGBE estime qu'il y'a des résistances d'ordre culturel (vivre dans une maison construite avec de la terre cuite par exemple reste encore aux yeux de beaucoup comme une régression sociale) et qu'il appartient aux acteurs de la filière, notamment aux bureaux d'études de « montrer que c'est possible ». Il est, en effet, beaucoup plus cher aujourd'hui de construire un immeuble R+2 en Afrique qu'en Europe, tout simplement parce qu'en terme d'études, les processus ont été optimisés en Europe et l'on sait exactement le coût qu'engendre la construction d'un bâtiment. Malgré tout, de bonnes perspectives Sur les perspectives du secteur, le promoteur se montre très optimiste, la preuve en est qu'il a entamé la deuxième phase de son développement, par l'ouverture de filiales dans différents pays du continent. Le bureau de Paris a pour vocation de développer le marketing et l'aspect commercial à l'international ; au Togo sont basées les directions Financière et techniques. Des programmes sont en cours de réalisation à Pointe Noire au Congo, à Niamey au Niger et bientôt un nouveau programme à Lomé et à Abidjan. Pour Charles DOGBE, « Le potentiel de l'immobilier en Afrique, notamment en Afrique subsaharienne est énorme, compte tenu de la croissance démographique et de l'urbanisation. » ; il souhaite une collaboration plus soudée entre les politiques, les entrepreneurs et les promoteurs. « Il n'y a pas de développement urbain réussi sans un partenariat de confiance entre les services publics et les professionnels. Mais sans se tromper : la principale vocation d'un logement, c'est bien la qualité de vie qu'il offre » conclut-il en nous rassurant. A.T


MANAGEMENT

BUSINESS AFRICA

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Orphelia Julie NGOUANG BOUPDA Cash Manager chez BNP Paribas Licence d'Economie à la Sorbonne, Master en Finance dans une Ecole de Commerce, stage en titrisation dans une filiale de General Electric et finalement recrutée par BNP Securities Service, puis par BNP Paribas Entreprise comme CASH Manager, Orphelia n'aura pas connu de trêve depuis la fin de ses études supérieures. Tant mieux. Le métier qu'elle exerce au quotidien, le cash Mangement est en plein essor notamment dans le secteur bancaire. Explications.

«

Au début de ma carrière j'étais spécialisée dans la finance de marché et de façon plus experte dans la gestion de Stock option. Il s'agissait de proposer et assurer une gestion optimum des plans confiés par les entreprises notamment le top management.. Aujourd'hui, mon expertise est mise au service du cash management, gestion des flux. J'apporte au quotidien des solutions concrètes aux grandes entreprises concernant leurs problématiques de flux liées». Ce sont en ces termes que Orphelia décrit son métier au sein de BNP Paribas un métier à l'en croire, qui se développe énormément et les banques y mettent de plus en plus de moyens car c'est de la gestion de flux et des moyens de paiement. Un secteur en croissance Plus concrètement, le Cash Management s'adresse à toute entreprise souhaitant gérer ses paiements (à l'encaissement et/ou décaissement) et optimiser sa gestion financière au quotidien. Il s'étend ainsi de la mise en place de moyens de paiements (virements, chèques, prélèvements, ...) à la gestion plus complexe et centralisée des flux des entreprises (optimisation de la trésorerie domestique ou internationale), en passant par l'implémentation de solutions de connectivité entre la Banque et les entre-

il faut informer les entreprises africaines sur l'avantage qu'elles gagnent à instaurer un service Cash Management.

Orphelia Julie NGOUANG BOUPDA prises. En Afrique le Cash management n'est pas encore développé, car le taux de bancarisation est y encore très faible même si le mobile money est en pleine croissance. Les banques essaient de proposer des solutions de cash management adaptée au Mobile Money mais les produits sont encore au stade embryonnaire. Notons également le fait que les ressources humaines qualifiées en la matière font quelques fois défaut. Mais pour Orphelia,

Rationalisation financière Il est vrai que pour l'entreprise africaine, les raisons d'améliorer l'efficacité dans la gestion financière par le cash management ne manquent pas. D'ailleurs la Cash Manager n'exclut pas à moyen court terme de participer au développement de ce secteur sur le continent africain. Pour elle, la chasse aux coûts trouve dans ce domaine, en Afrique, un terrain propice car la rationalisation financière arrive en tête des motivations de nombreuses entreprises africaines. Par ailleurs, les évolutions réglementaires, dans le champ des normes comptables comme dans celui du contrôle interne ou encore de la lutte contre le blanchiment d'argent, constituent un autre moteur de l'évolution du métier de Cash Manager. Quant à la maîtrise du besoin en fonds de roulement et de l'endettement net, elle prend en période de crise, une importance sinon vitale, du moins majeure aux yeux des investisseurs désireux de miser sur la croissance économique du continent. D.G


ENTREPRENARIAT

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LE POP-UP STORE DE RÉSONANCES NORD-SUD

Une escale africaine en plein cœur de Bastille Le 24 septembre prochain, Résonances Nord-Sud dévoile son tout premier Pop-Up Store : une boutique éphémère qui se veut une invitation à découvrir la richesse de l'Afrique qui entreprend en tissant des ponts solidaires entre le Sud et le Nord

A la rencontre des créateurs qui font Résonances Accélérateur de projets d'entrepreneuriat social ancrés entre l'Afrique et l'Ile-de-France, Résonances Nord-Sud a pensé son Pop-Up Store comme un lieu unique de rencontre, d'échange et de partage, en mettant à l'honneur des initiatives entrepreneuriales positives et inspirantes en lien avec le continent africain. A travers cet événement original,

l'accélérateur souhaite mettre en lumière les entrepreneurs qu'il a accompagnés et révélés, des créateurs issus des diasporas africaines portés par l'envie d'entreprendre pour devenir acteurs du développement de leur pays d'origine. Désireux de valoriser des initiatives porteuses de sens lors ce Pop-Up Store organisé en partenariat avec « Diaspora Got Talent » et « O.S.E.R l'Afrique », Résonances Nord-Sud a également convié

divers entrepreneurs partageant la même philosophie collaborative et inclusive qui l'anime, à l'image de « Trustin Africa », « Djouman », « CoFundy »... Événement grand public autour de l'économie sociale et solidaire en lien avec l'Afrique, cette journée entend ainsi faire résonner la diversité des talents qui la composent, tout en faisant la promotion d'un développement durable du continent.


ENTREPRENARIAT Inspirations et créations l'Afrique et l'Ile-de-France

entre

Le temps d'une journée, Résonances Nord-Sud investit donc le Sense Space, l'espace parisien dédié à l'innovation sociale. Les 300 m_ du lieu seront métamorphosés afin d'offrir au public une escale africaine en plein cœur de Bastille, entre gastronomie, créativité et innovation. À travers une diversité de parcours et de projets inspirants, Résonances Nord-Sud aspire à valoriser des produits et des services de qualité, s'inscrivant dans une démarche durable, sociale et solidaire. Afin d'éveiller vos sens et d'égayer votre curiosité, quatre espaces d'expos-vente seront proposés autour des thématiques chères à Résonances Nord-Sud : mode et artisanat, alimentation durable, numérique et enfin, énergies renouvelables. Les gourmands pourront ainsi se laisser conquérir par les chikwangues revisités de Marie-Clarisse Bonzia. Fondatrice de Chic-Kwanga, celle-ci ambitionne de développer une filière

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d'approvisionnement équitable, en structurant des coopératives de femmes productrices et transformatrices de manioc au Congo. Les amateurs de numérique pourront quant à eux découvrir « Pay Yes ! », l'application de paiement mobile par délégation et créatrice de lien social, pensée par Demba Dieng et Sadio Dicko. Au-delà de ces espaces de découverte, divers temps forts rythmeront ce samedi qui s'ouvrira sur un brunch aux saveurs du monde, concocté par les cuisiniers réfugiés des « Cuistots Migrateurs ». Vous pourrez ainsi cuisiner des produits phares de l'Afrique grâce aux ateliers culinaires de « Mama Sango » et d'« Amadouceur ». Vous pourrez également travailler sur des problématiques telles que le crowdfunding ou l'entrepreneuriat féminin, grâce à des tables rondes, ateliers et workshop animés par les partenaires de Résonances Nord-Sud. Enfin, un concert aux sonorités africaines viendra clôturer cette riche journée.

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Résonances Nord-Sud à la recherche de ses nouveaux talents Si vous êtes sensibles à la philosophie portée par Résonances Nord-Sud et que vous développez un projet d'entreprise sociale sur le double territoire Afrique et Ile-de-France, notez que Résonances Nord-Sud a lancé son troisième appel à candidatures, qui court jusqu'au 18 septembre. L'accélérateur recherche en effet les entrepreneurs en devenir qui composeront sa troisième promotion, dont la formation démarrera mi-octobre pour un accompagnement personnalisé devant durer six mois.

Le Pop-Up Store de Résonances Nord-Sud

Samedi 24 septembre

10h / 18h - Entrée libre Sense Space 11 rue Biscornet - 75012 PARIS Métro 5 - Bastille Toutes les informations sur le PopUp Store et l'appel à candidatures : resonances-nordsud.org | Facebook | Twitter | Linkedin


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