Sommaire Edito
p. 3
Défendre l'idéal démocratique : une urgence !
p. 5
Information, médias et démocratie Du règne de la pensée unique et de la précarité des journalistes…
p. 7
Du renouveau de la question laïque Entre confusions et crispations…
p. 13
De la mise sous contrôle des chômeurs
p. 17
Le dialogue social : un outil du modèle social européen
p. 20
Quelques unes d'entre nous
p. 24
Le Hip-hop Les atouts d'un mouvement artistique et social
p. 26
ECHOS LAÏQUES DE VOS ACTIVITES BRUXELLOISES
p. 32
Bruxelles Laïque est reconnue comme association d’éducation permanente et bénéficie du soutien du Ministère de la Communauté française, Direction Générale de la Culture et de la Communication, Service de l’Education permanente. Bruxelles Laïque asbl Avenue de Stalingrad, 18-20 - 1000 Bruxelles Tél.: 02/289 69 00 Fax: 02/502 98 73 E-mail: bruxelles.laique@laicite.be www.brux.laicite.be
Edito rial
Festival 2005, militance et musiques sans frontières Le 10 novembre prochain, le Festival des Libertés ouvrira ses portes au Pathé Palace. Le menu de l'édition 2005, au vu des catégories et contenus de programmes proposés s'annonce d'ores et déjà de haute gamme. Dix-sept jours de conférences, de débats, de tables rondes, de projections cinématographiques, de théâtre, d'expositions et de musique! Un énorme pari que nous espérons, une fois de plus, relever avec succès. L'édition 2005 revêt une connotation particulière pour plusieurs raisons. Au regard de sa formule actuelle, elle marque un tournant dans la jeune histoire du Festival des Libertés. En effet, c'est la première fois que nous réussissons à l'organiser deux fois de suite au même endroit ! En l'occurrence, le Pathé Palace dont le cadre s'adapte particulièrement bien au concept pluridisciplinaire et artistique du festival. Et pour qui connaît l'histoire, ce n'était nullement gagné d'avance. Contrairement à l'année passée où l'équipe du festival s'était contentée de s'adapter à la configuration particulière du Pathé Palace, pour cette édition, elle a la volonté réelle d'investir les lieux, de les transformer, de les faire vivre et vibrer autrement pendant les deux semaines et plus de festival. C'est dire les efforts techniques et les trésors d'imagination à déployer pour concevoir et monter le décor d'un événement, qui pendant dixsept jours se voudra à l'image des valeurs qu'il incarne: celles d'une société vivante, humaniste, démocratique, tournée vers le progrès et l'échange. Au niveau de ses principes et de ses valeurs, le Festival des Libertés se veut l'expression individuelle et collective d'un désir de changement qualitatif de la vie, ici comme ailleurs. Une enceinte de débat démocratique, un espace d'interculturalité dont l'action se définit comme un engagement permanent à défendre les droits et les libertés, le développement de la conscience critique, la participation et le dialogue social. Dans cette perspective, le festival cherche avant tout à favoriser la rencontre de personnes, de convictions, d'identités et d'opinions, dans des interrogations communes, des aspirations convergentes et une même envie de société libre, d'un monde juste et équitable. L'édition 2005, inscrite dans ces identité et orientation politiques définies par Bruxelles Laïque, entend inviter la communauté citoyenne à une réflexion sur la participation comme valeur démocratique, mais surtout sur les outils qui permettent son effectivité. En l'occurrence, la liberté d'expression et le droit à l'information. Ces deux instruments, même s'ils demeurent acquis au niveau des principes et du droit, restent cependant tributaires de toute une série de situations et de conditions qui les rendent précaires et inopérants dans la réalité quotidienne de notre fonctionnement démocratique. Si la liberté de parole est admise, elle est rarement acceptée et donne souvent lieu à des crispations, notamment lorsqu'elle s'inscrit, comme actuellement, dans un climat social alourdi par les tensions communautaires et le poids des représentations collectives. Ainsi, le rôle émancipateur dévolu à la liberté d'expression se heurte à des barrières culturelles et sociales qui en dénaturent complètement la vocation et en limitent la portée. L'information, quant à elle, ne répond plus tout à fait aux exigences de qualité et de rigueur qui doivent être les siennes dans une démocratie. Or, on ne peut pas dire qu'elles sont présentes tant l'information paraît trouble, parasitée par toutes sortes d'interférences idéologiques, financières et contextuelles qui mettent en exergue le rôle des médias et de la presse dans leurs rapports ou leur coalition éventuelle avec des pouvoirs
3
politiques ou économiques, la situation et les conditions de travail des journalistes. Pour toutes ces raisons, le festival met en débat la question de la liberté d'expression et du rôle de l'information parce qu'elle conditionne et détermine le sens, la valeur et la qualité de la participation citoyenne, donc de la démocratie elle-même. Cependant, mis à part les aspects fondamentaux que nous venons de souligner, les préoccupations du festival concernent d'autres facteurs périphériques de la participation. En l'occurrence, les discriminations, les exclusions et les intolérances surtout vis-à-vis de groupes sociaux marginalisés et de minorités culturelles. Que dire dans ce cas précis, des nouvelles mesures d'accompagnement de chômeurs? Sinon, qu'elles viennent renforcer des stigmatisations et des mises en marge déjà présentes, affaiblissant plus encore le sentiment d'appartenance à une même communauté sociale et renforçant parallèlement le repli identitaire et l’éloignement de la société globale. Par ailleurs, au niveau continental et transversal, le Festival des Libertés, étape symbolique d'une “Année européenne de la Citoyenneté” élargit ses préoccupations à l'ensemble des questions liées à la construction de la citoyenneté et à l'élaboration d'un modèle social prenant en compte les aspirations des individus et des peuples pour une Europe sociale, démocratique et multiculturelle. Et par rapport au contexte actuel du monde, le festival dénonce les inégalités, s'insurge contre l'exploitation éhontée des ressources de la planète par les grandes puissances économiques et plaide pour une nouvelle forme de coopération Nord-Sud privilégiant le respect des droits et libertés, la qualité de vie et d'environnement des populations. Rassemblement démocratique, mais aussi festif, le Festival des Libertés 2005 laisse une place très large à la fête et à la musique avec des artistes et des groupes de renommée internationale afin que cette édition soit un rayon de lumière dans une année mondiale marquée par des conflits politiques et sociaux, des désastres écologiques, des attentats terroristes et les stigmates d'une misère croissante et endémique. Nous avons choisi de consacrer cette édition de Bruxelles Laïque Echos à la présentation de notre Festival des Libertés auquel nous invitons chaleureusement nos fidèles lecteurs.
Ariane Hassid Présidente
4
Défendre l'idéal démocratique : une urgence ! Le nouveau capitalisme mondial, emblème apologique de l'économie libérale, est la face attrayante d'une doctrine politique dangereuse pour le monde, la société libre et les hommes. Cette doctrine repose sur trois piliers: Dieu, l'Argent et le Pouvoir. Au nom de cette trinité, on encage des libertés, on piétine des droits, on sème la misère et le chaos ! Pareille à une religion conquérante, elle tente partout aujourd'hui de faire accepter comme alternative unique et salutaire, sa foi, sa loi, son code moral, son idéal de bonheur et sa vision de la vie. Servie par de puissants apôtres, en la personne de multinationales de la Finance et de l'Economie mondiales, elle propage partout son évangile, sa philosophie politique, sa théorie du monde et sa conception de l'Humanité. Jamais dans l'Histoire, une idéologie n'a disposé d'une force d'attraction comparable, ni réuni autant de pouvoirs entre ses mains ! C'est ainsi que, disposants d'une puissance financière plus importante que les budgets des Etats, ses serviteurs, présents dans chaque pays, sont entrés dans les capitaux nationaux de grandes entreprises, de sociétés de transports, de groupes d'assurance, de télécommunication et d'organismes financiers, pour acquérir légalement des pans entiers de secteur public. La communication, l'information et la culture font partie presque intégrante de leurs domaines de concession. Chaînes de télévision, presse, réseaux de production et de diffusion d'articles culturels, etc. Leur empire est immense, leur emprise sur le monde incommensurable et leur contrôle sur les esprits un fait acquis. Nous vivons, pourrait-on dire dans un monde “matrixé”1 où les citoyens sont maintenus en permanence dans l'illusion réconfortante d'une liberté factice et d'une démocratie qui n'est que le décor séduisant et symbolique d'une soumission librement consentie. Résistance, engagement, vigilance, démocratie, liberté ne traduisent plus des urgences dans la conscience collective. La majorité semble convaincue que la liberté, le droit et la démocratie ne sont plus à conquérir et sont devenues des possessions définitives, tels des titres de propriété dans le coffre d'un notaire. Autrement dit, des valeurs thésaurisées, qui au fil du temps, perdent leur sens et leur signification sociale. (1)
L'absence des citoyens dans le débat public, leur maintien volontaire dans l'ignorance quasi-générale de ses enjeux cruciaux par des médias de moins en moins indépendants, sont les effets les plus alarmants d'un processus sournois de détournement des individus de la gestion politique de la vie publique. Ce phénomène se mesure par leur désengagement des mouvements de régulation de la vie collective, affaiblissant grandement le pouvoir d'influence de la société civile, les capacités opérationnelles des mouvements démocratiques et des organismes de défense des droits et libertés publics. On se souvient qu'en France, l'extrême droite politique représentée par Jean-Marie Le Pen a failli remporter les présidentielles de 2002 en profitant de ce phénomène de désengagement social et politique de nombreux citoyens français ! Plus que la démocratie, c'est l'idéal démocratique qui se trouve menacé ! Et l'urgence est à sa défense, ici comme ailleurs. Et maintenant ! Le Festival des Libertés 2005 qui ouvre ses portes le 10 novembre dans le cadre somptueux et réaménagé du Pathé Palace s'inscrit pleinement dans la défense de cet idéal démocratique sans lequel aucun combat pour le progrès politique et social n'est possible. Défendre l'idéal démocratique, c'est refuser que des paroles de liberté soient confisquées, des opinions emprisonnées et l'information mise sous contrôle. C'est refuser l'ordre moral de la pensée unique, l'unilatéralisation de la conscience politique et l'étouffement de la culture de contestation. Interroger précisément dans le cadre de ce festival 2005 notre actualité sur les conditions présentes de la liberté d'expression, l'état de l'information comme valeur et bien commun, l'émergence de mesures antisociales, la création des inégalités, le sens de notre appartenance à l'Europe et la crédibilité de son modèle social. Convaincu qu'une société ne peut démocratiquement évoluer que par le débat public, la transparence, l'information et le dialogue, le Festival des Libertés privilégie
En référence à Matrix, film culte réalisé par les frères Wachowski.
5
la réflexion critique et la mise en perspective des idées et des opinions pour faire vivre l'esprit démocratique et la citoyenneté, seuls garants du dynamisme social et de la pérennité des droits et des libertés. Enceinte de débat démocratique, certes, mais aussi espace festif et convivial, le festival 2005 fait une place importante à la musique comme outil d'émancipation culturelle pour souligner le rôle prépondérant
des artistes dans l'action politique, considérant l'art en général et la musique en particulier comme un ciment social, qui représente en tant qu'exercice de la liberté, la première condition d'une société libre et désaliénée. L'accès à la culture et au jugement esthétique parce qu'ils renforcent les liens sociaux, sont des enjeux démocratiques dont les résonances rythmiques et musicales du festival 2005, se veulent l'illustration la plus complète. Ababacar Ndaw
Rendez-vous au Festival 11/11 - Un combat de pleins droits Dans le cadre du lancement de la campagne 11.11.11, la soirée sera introduite par Fouad Lahssaini, président du CNCD-11.11.11 (Centre National de Coopération au Développement). 20h00 : La quatrième guerre mondiale de Jacqueline Soohen et Richard Rowley USA - 2004 - 74 min - VO st fr A travers le monde entier, la violence inhérente au processus de néolibéralisation fait d'innombrables victimes. Mais ceux qui refusent la terreur imposée par cette “guerre contre tous” s'organisent autour d'actes de désobéissance civile. Les images parfois douloureuses de ce film nous montrent aussi que les chemins de la résistance sont multiples et qu'ils ouvrent la voie à d'autres mondes possibles.
21h45 : I know I'm not alone de Michael Franti USA - 2003 - 104 min - VO st fr/ang Armé de sa guitare et d'une camera vidéo, le leader du groupe anglais Spearhead Michael Franti, a voulu constater par lui-même la situation de pays en conflits armés : Irak, Palestine et Israël. En partageant sa musique avec des familles, des musiciens, des soldats, il pose un regard personnel et sensible sur la condition de ceux qui sont douloureusement affectés par la guerre.
18/11 - 20h00 Darwin's Nightmare (Le Cauchemar de Darwin) de Hubert Sauper Belgique/France/Autriche - 2004 - 107 min - VO st bil fr/nl Primé dans de nombreux festivals internationaux, Le Cauchemar de Darwin interpelle les consciences à travers une fable accablante sur les délires d'une époque entraînée dans les abîmes de l'inhumanité par l'idéologie du profit. Loin d'un film à thèse, la force de ce documentaire est de donner une image concrète aux effets pervers de la mondialisation néolibérale. A travers une histoire d'êtres humains et de poissons, Hubert Sauper met des visages et des prénoms sur une réalité dont nous avons plus ou moins tous conscience, mais qu'il nous est difficile de représenter et plus facile d'occulter…
6
Information, médias et démocratie Du règne de la pensée unique et de la précarité des journalistes… Pourquoi Bruxelles Laïque a-t-elle choisi de donner une place centrale à la question des médias et de l'information dans l'édition 2005 de son Festival des Libertés ? A plusieurs reprises déjà, notre association a porté une attention particulière à ce sujet, nous confortant chaque fois dans l'idée que les médias, et l'information en particulier, jouent un rôle essentiel dans la construction d'un espace public démocratique et d'une citoyenneté active.
construction des représentations et la perception que la société a d'elle-même. En questionnant la responsabilité des médias, et plus particulièrement, le traitement de l'information aujourd'hui, notre volonté n'est pas de désigner des boucs émissaires au déficit démocratique et citoyen que nous constatons. Il s'agit de défendre, avec force analyses et revendications concrètes, ce que nous considérons comme un pilier de la démocratie.
En mai 2004, lors d'une table-ronde1 organisée en collaboration avec le Département des Sciences de l'Information et de la Communication de l'ULB, notre inquiétude quant à la montée de l'extrême droite et son enracinement progressif nous avait amenés à réfléchir sur le rôle des médias et de l'information en tant qu'outil indispensable à la qualité démocratique de nos sociétés. S'il est difficile d'avancer une explication définitive sur la montée de l'extrême droite, nous constations tout de même qu'elle s'inscrivait, en partie, dans un climat de malaise, de défiance vis-à-vis des institutions démocratiques, mais aussi dans un climat d'incompréhension face aux grands phénomènes de société et à leur complexité, débouchant de plus en plus souvent sur un sentiment d'impuissance ou de peur et amenant certains à choisir des solutions plus radicales ou simplistes à travers, notamment, le vote populiste. “Les médias, et le traitement actuel de l'information, participent-ils à cette défiance ?”, la question avait été centrale au cours du débat.
Prolongement de la liberté d'expression, la liberté de presse constitue un des droits fondamentaux de la société civile lui permettant d'exercer un contrôle permanent de l'action des pouvoirs constitués2. Le rôle de l'information est en effet essentiel pour dénoncer les abus de pouvoir, les situations d'injustice, les violations de droits… Ainsi, de par leur rôle de contre-pouvoir démocratique, les médias ont souvent été appelés “quatrième pouvoir” et les journalistes “chiens de garde” de la démocratie.
Les acteurs associatifs, dont nous faisons partie, ont conscience, à travers le travail quotidien qu'ils mènent sur le terrain, de l'impact des médias aujourd'hui sur la
Au-delà, mais en lien avec son rôle de dénonciation, l'information - et donc les médias qui la diffusent - joue également un rôle important dans le processus démocratique, en ce qu'elle participe à la construction d'une citoyenneté active. Comme le rappelle la proposition de résolution déposée au Sénat en avril 2003, sous l'impulsion du groupe Bruschetta3, “la mission fondamentale de la presse est de diffuser des informations vérifiées, vérifiables et suffisamment rigoureuses pour avoir un rôle pédagogique, et par-delà de permettre la construction d'une opinion publique remplissant son rôle de stimulant positif du modèle démocratique”.4
“Les médias font-ils le lit de l'extrême droite ?”, 12-05-2004. En présence de Manuel Abramowicz, coordinateur de la rédaction de Résistances (www.resistances.be), auteur de plusieurs ouvrages contre l'extrême droite, le racisme et l'antisémitisme ; Marc de Haan, directeur de l'information de Télé Bruxelles, président du Groupe Bruschetta asbl ; Karim Fadoul, journaliste à la Dernière Heure ; Jean-Jacques Jespers, chargé de cours au Département Sciences de l'Information et de la Communication ULB, ancien journaliste à la RTBF ; Marc Lits, directeur de l'Observatoire du Récit médiatique UCL ; Bénédicte Vaes, journaliste politique et sociale au quotidien Le Soir. 2 Voir à ce sujet l'article de Benoît Frydman, “De l'expression et du statut de la société civile dans l'ordre international”, Bruxelles Laïque Echos n°49. 3 www.bruschetta.be 4 Résolution déposée au Sénat le 3 avril 2003 par Jean Cornil, Paul Galand, Philippe Mahoux et Marie Nagy. 1
7
Information et pluralisme en danger ! Dans de nombreux endroits dans le monde, chaque jour, des journalistes sont censurés, menacés, emprisonnés quand ils ne paient pas le prix de leur vie pour vouloir remplir leur rôle de “chien de garde de la démocratie”. Si ces situations sont à dénoncer avec détermination et si nous devons nous solidariser avec les combats des journalistes persécutés, les campagnes de Reporters sans Frontières ne devraient pas occulter d'autres réalités, d'autres atteintes à ce droit fondamental qu'est la liberté de presse. Ces atteintes sont plus proches de nous, même si moins visibles, elles sont au cœur de nos sociétés modernes dominées par la loi du marché à laquelle n'échappent pas les médias et les moyens de communication. Certes, les constats ne sont pas nouveaux. Mais la “prise en main des médias par de grands groupes industriels dont les métiers de base sont parfois très éloignés”5, “le regroupement de l'ensemble des médias aux mains de quelques-uns de ces groupes qui agissent désormais à l'échelle mondiale”6 et la prépondérance de la logique commerciale sont des phénomènes qui renforcent chaque jour “la confusion entre information et marchandisation” dans “un engrenage diabolique dont on ignore l'issue”.7 Il est essentiel de prendre conscience de l'ampleur des effets des logiques économiques sur le rôle des médias et sur le traitement de l'information, de plus en plus réduite à sa stricte valeur commerciale. “L'exigence de profitabilité à laquelle la presse est soumise est-elle compatible avec son rôle démocratique ? Permet-elle de préserver le caractère réellement informatif et critique de la presse ? Les journalistes sont-ils en mesure de respecter une déontologie au regard des conditions socio-professionnelles dans lesquelles ils évoluent ?”8 Ces questions sont aujourd'hui cruciales. Lors d'un colloque9 organisé au cours du Festival des Libertés 2003, Jean-Jacques
Jespers10 avait souligné l'urgence “de se livrer à une analyse du discours médiatique dominant, surtout en matière de représentations sociales. D'abord parce que les médias - et en particulier la télévision atteignent littéralement tout le monde : 96,8% des Belges francophones sont reliés au câble. Mais surtout parce que leur impact sur le lien social, donc sur la démocratie et les libertés, est de plus en plus préoccupant.” Lors de son exposé, l'ancien journaliste de la RTBF avait démontré les conséquences désastreuses de la “marchandisation” de l'information avec la prééminence du marketing sur le rédactionnel, la “faitdiversification” de l'information, la prédominance de l'émotionnel, de la “proximité”, du vécu sur l'analyse, l'homogénéisation des contenus… “La stratégie concurrentielle des médias se caractérise par une recherche de la connivence avec le public autour de quelques axes : émotion, compassion, simplification, homogénéisation. Le problème est que cette homogénéisation est fatale au pluralisme de la pensée et de l'expression des médias. D'une part, les formes propres à la télévision ne favorisent pas l'émergence d'une représentation multiple et critique (…). D'autre part, une des méthodes utilisées par la télévision pour rassembler l'auditoire le plus nombreux possible, c'est de refuser des sujets ou des nouvelles qui contredisent les préjugés dominants et les vrais débats d'idées, car cela pourrait effaroucher une partie du public avec lequel on veut établir une relation fidèle. Pour être entendu par beaucoup, il ne faut gêner personne. (…) Ainsi, les médias contribuent à l'élaboration de ce que Ignacio Ramonet a appelé la pensée unique, et que la sociologue allemande Elisabeth Nölle-Neumann caractérise par la spirale du silence : la peur de se marginaliser en pensant à contrecourant. Si les médias parviennent grâce à leur homogénéité idéologique, à imposer
Pour ne prendre que l'exemple de la France, 70% de la presse appartient aux deux principaux groupes d'armement, Dassault et Lagardère. Exemple cité par Didier Beaufort, Média-business : la liberté d'expression sous l'emprise des multinationales, in La Démocratie, c'est pas que des mots, Dossier pédagogique Annoncer la couleur. 6 Didier Beaufort, idem. 7 Ignacio Ramonet, Médias en crise, in Combats pour les médias, Manière de voir, n°80, avril-mai 2005. 8 Voir Résolution Sénat, op. cit. 9 Vivre dans la diversité, 6 octobre 2003. 10 Chargé de cours au Département des Sciences de l'Information et de la Communication de l'ULB. 5
8
l'idée que leurs représentations sont unanimement partagées, qu'elles sont la seule vérité admise par tous, alors il faut beaucoup de courage ou d'inconscience pour affronter cette unanimité apparente et proclamer d'autres vérités.”11 Dans de nombreux débats posés par Bruxelles Laïque, comme par d'autres acteurs de la société civile, nous sommes souvent confrontés à cette “spirale du silence”. Le débat sur la laïcité tel qu'il a été posé médiatiquement constitue un exemple emblématique pour notre association. (Lire article dans ce numéro, Du renouveau de la question laïque. Entre confusions et crispations). Mais plus largement, dans notre engagement pour la paix civile et la justice sociale, et dans notre travail de dénonciation des entraves qu'elles subissent, nous constatons que le contrôle de plus en plus prégnant des domaines de l'information et de la culture par une poignée de multinationales a transformé nombre de secteurs médiatiques en instruments de l'idéologie de marché. “Ces hyperentreprises contemporaines, par des mécanismes de concentration, s'emparent des secteurs médiatiques les plus divers, dans tous les continents, et deviennent de la sorte, par leur poids économique et par leur importance idéologique, des acteurs centraux de la mondialisation libérale”.12 Conséquences ? “Les mouvements sociaux sont traités avec mépris, les journalistes se retrouvent condamnés à la précarité”.13 La distanciation avec les groupes de pressions idéologiques et la fin des monopoles n'auront donc pas permis que se renforcent le pluralisme des médias et leur rôle de
contre-pouvoir démocratique. Au contraire, les contraintes socio-économiques qui pèsent aujourd'hui sur les rédactions sont de plus en plus perçues, par les journalistes eux-mêmes, comme contradictoires avec une éthique de l'information. “La logique de management qui exige une hausse de rendement et une baisse des coûts conduit souvent à une détérioration des conditions de travail dans les rédactions, et donc à une détérioration de la qualité de l'information”.14 “Qui peut encore consacrer les semaines nécessaires à une enquête ? Tout au plus quelques heures sont accordées pour cerner les questions les plus complexes qui se posent à la société contemporaine. Trop de “reportages” sont le fruit sec de communiqués de presse, de quelques coups de téléphone ou d'une dépêche d'agence étrangère. Recouper l'information, se rendre compte sur le terrain, ces verbes fondateurs du journalisme se conjuguent au conditionnel plutôt qu'à l'impératif. En presse écrite comme audiovisuelle, les technologies nouvelles transforment le journaliste en “metteur en page - photographe - cameraman - preneur de son monteur”, menaçant les métiers techniques sans dégager plus de temps pour la production intellectuelle. (…) Les journalistes ne sont pas tant, comme on le fantasme souvent, aux prises avec des puissants qui dans l'ombre agitent les ficelles d'une presse servile. Ils perdent leur indépendance parce que les pouvoirs leur offrent l'information sur un plateau, sans qu'ils aient la possibilité de lui faire subir un examen critique adéquat”.15
19/11 - 20h : Miguel, në terren (On the spot), documentaire de Enrico Miro et Lluis Jené, sera projeté pour la première fois en Belgique. Grand Prix Sergio Vieria de Mello du Festival des Droits Humains de Genève en 2005.
Jean-Jacques Jespers, idem Ignacio Ramonet, Le Cinquième pouvoir, in Combats pour les médias, Manière de voir, n°80, avril-mai 2005 13 Combats pour les médias, idem. 14 Compte rendu d'un forum sur le Pluralisme des médias. Rapporteur : Jean-Jacques Jespers - Sénat 10 mai 2005 15 “Ah, ces journalistes…”, Carte blanche de Marc de Haan pour le Groupe Bruschetta, Le Soir, 14 juillet 2004. _ http://www.bruschetta.be 11 12
9
Résistances pluriformes et alternatives C'est conscients des dérives que fait peser la seule logique économique sur leur capacité à rester un contre-pouvoir et à remplir leur rôle démocratique, que de nombreux journalistes16, ainsi que des acteurs de la société civile, plaident aujourd'hui pour que la puissance publique garantisse et contrôle l'accès du public à une véritable offre pluraliste d'information. Des propositions existent : la reconnaissance légale de l'autonomie des rédactions et du statut du journaliste, un système de subventions conditionnées17 à des normes de qualité (formation des journalistes, déontologie…), une plus grande transparence dans l'actionnariat… Les acteurs de la société civile doivent soutenir et relayer ces préoccupations auprès des pouvoirs politiques et permettre une réelle mise en débat du rôle et de l'avenir des médias, car plus fondamentalement, il y va de l'avenir de la démocratie. Contrairement à une idée répandue, les journalistes n'ont pas tous une vision corporatiste de leur profession et beaucoup de ceux que nous rencontrons dans le cadre de nos activités ont conscience de leur responsabilité démocratique. Des ponts doivent se créer… Les lieux de réflexion entre journalistes et acteurs de la société civile sont indispensables. Il est par ailleurs de notre rôle d'exercer en permanence une vigilance citoyenne et d'interpeller nos médias sur la manière dont ils nous informent. En outre, les initiatives d'éducation aux médias sont à renforcer partout, et en priorité au sein de l'école. Mais ces démarches ne peuvent faire l'économie d'une analyse en profondeur des enjeux. “La santé démocratique d'une
société dépend beaucoup de la vitalité, de l'indépendance et de la diversité de sa presse. Hélas on le sait, la tendance lourde et continue pousse à la concentration des groupes de presse et à la marchandisation de l'information. Le mur d'incompréhension qui sépare les citoyens des lieux de décision et la tentation grandissante du vote extrémiste invitent à une vigilance absolue. C'est au service de la citoyenneté que la puissance médiatique doit être mise. Dans ce contexte, le monde politique démocrate semble mûr pour comprendre qu'il a bien plus à craindre de médias ronronnants que d'une presse libre et forte.”18 Dans notre pays, comme partout dans le monde, des initiatives “alternatives” foisonnent et même si elles sont souvent limitées par le manque de moyens -dérisoires par rapport aux “mass médias”, elles rencontrent de plus en plus l'intérêt d'un public en recherche d'“un autre type d'information”. “Par la plume, le clavier d'ordinateur, le micro ou la caméra, de nouvelles formes de lutte, de défense des droits humains ou plus simplement de modèles de vie, de culture, d'environnement, d'acquis sociaux voient le jour.”19 Ainsi peut-être un “cinquième pouvoir” est-il en train de naître : “il a vocation à rassembler tous ceux qui se reconnaissent dans le mouvement social planétaire et qui luttent contre la confiscation du droit d'expression.”20 Chaque initiative alternative, chaque acte de résistance à l'infernale “spirale du silence” constitue un souffle d'air pour la démocratie. Le Festival des Libertés a, comme bien d'autres initiatives de la société civile, modestement cette ambition.
Sophie Léonard
C'est notamment la position défendue par Martine Simonis, secrétaire générale de l'Association des Journalistes Professionnels - Voir compte-rendu ci-dessus. 17 C'est déjà le cas en Communauté française depuis le décret de 2004 sur l'aide à la presse qui impose de nouvelles conditions aux entreprises éditrices : respect des conventions collectives, reconnaissance d'une société de rédacteurs, respect du code des principes de journalisme. 18 Carte blanche Marc de Haan, idem. 19 Didier Beaufort, idem. 20 Ignacio Ramonet, idem 16
10
Rendez-vous au Festival 14/11 - 21h : Table-ronde sur les atteintes à la liberté de la presse au Maroc. Organisée en collaboration avec Na’oura, Groupe de Solidarité Belgique-Maroc. En présence de Ahmed Benchemsi, directeur de l'hebdomaire TELQUEL, récemment condamné à une peine avec sursis et une amende très lourde; Abderrahim Berrada, avocat et militant associatif; Hassan Arabi du quotidien Bayane Al yaoum; Said Anis de la RTM (division de l'information télé marocaine) et Nadia Ben Sellam du quotidien Al Alam. Si elle est bien réelle, la démocratisation de la société marocaine portée par une société civile dynamique - dont font partie de nombreux journalistes - souffre néanmoins encore de nombreux obstacles. La presse indépendante marocaine aborde de plus en plus des sujets autrefois tabous, tels la monarchie, la laïcité, la question des droits humains, du Sahara, de l'homosexualité… Pourtant, la liberté de presse souffre toujours de nombreuses entraves au Maroc et des journalistes sont encore persécutés et condamnés à de lourdes peines pour avoir exercé pleinement ce droit fondamental. 16/11 - 20h : Conférence : islam et médias Avec Alain Gresh, rédacteur en chef du Monde Diplomatique, auteur notamment de “L'islam, la République et le monde” (Fayard, 2004); “L'islam en questions” (avec Tariq Ramadan) (Actes Sud, 2001) et Thomas Deltombe, auteur de “L'islam imaginaire. Construction médiatique de l'islamophobie en France” (La Découverte, 2005). Si l'analyse du traitement médiatique de l'islam et des musulmans est certes à mettre en lien avec le fonctionnement des médias et le traitement de l'information de manière plus générale, il paraît cependant urgent d'aborder cette question face aux représentations de plus en plus prégnantes sur un inéluctable « choc des civilisations » dont les extrêmes de tous bords font leurs choux gras.
guerre, d'épidémie,… le Sud ne fait guère irruption dans les médias du Nord qu'à l'occasion de catastrophes humanitaires. Comment intéresser le Nord aux réalités du Sud autrement qu'à travers ces tragédies ? 20/11 - 20h : Table-ronde : les alternatives à la critique des médias Introduction par Jean-Jacques Jespers ancien journaliste à la RTBF et chargé de cours au Département Information et Communication de l'U.L.B. Avec Mike Tolley (Radio Air Libre), Nicolas Torres Correia (Radio Panik), José-Manuel Nobre Correia (Politique), Manuel Abramowicz (RésistanceS), Anne RemicheMartynow (Planète en question - RTBF), Nathalie Caprioli (Agenda Interculturel), Gwen Brees (Nova), Xavier Bodson (Agence Alter). Sur les ondes et le net, au sein d'une presse indépendante ou associative, dans certaines salles obscures ou dans les derniers bastions d'un service public qui n'a pas encore tout à fait perdu son âme, … certains s'échinent, le plus souvent bénévolement, à résister à la logique des “mass médias”. Quels objectifs se fixent-ils ? Quelles sont leurs difficultés et leurs perspectives ? 23/11 - 20h30 : Conférence : médias et mouvements de contestation. Conférence par Serge Halimi, journaliste au Monde Diplomatique, auteur de “Les nouveaux Chiens de garde” (Raisons d'agir, 1997), “Quand la gauche essayait” (Arléa, 2000), “L'opinion, ça se travaille... Les médias & les “guerres justes”. Du Kosovo à l'Afghanistan.” (avec Dominique Vidal Agone, 2002) et “Le grand bond en arrière” (Fayard, 2004). La conférence sera introduite par JeanJacques Jespers. Les groupes contestataires, qu'il s'agisse de partis, d'associations, de mouvements ou de collectifs, ont-ils raison d'agir comme si le rapport aux médias allait de soi ? Peuvent-ils se servir des grands moyens de communication sans s'y asservir ?
18/11 - 20h : Ciné-recontre : le traitement de l'information du Sud Suite à la projection du Cauchemar de Darwin, rencontre sur le traitement de l'information du Sud avec André Linard, journaliste et directeur d'InfoSud-Belgique et Marie-Soleil Frère, chercheuse à l'ULB, spécialisée dans les médias subsahariens.
Mais aussi de nombreux documentaires : Le 19-11, trois reportages exceptionnels sur des journalistes (Tamara en Tchétchénie, Nobert Zongo au Burkina Faso, et Miguel, reporter international tué en Sierra Leone) mettront en évidence la responsabilité démocratique des journalistes.
La majorité de l'information sur le Sud est produite par les grandes agences de presse du Nord… et qu'il s'agisse de famine, de
Le 20-11, trois documentaires aborderont la question de l'information en temps de guerre.
11
18
Du renouveau de la question laïque Entre confusions et crispations… Alors que la rentrée scolaire en Belgique laisse plus que présager la relance du “débat” sur le port du “foulard islamique” dans les écoles, il est fort à craindre de nous voir repartir pour une nouvelle valse politico-médiatique sur la laïcité. Certes, nous devrions nous réjouir du renouveau de la question laïque qui, à intervalles réguliers - au moins chaque rentrée scolaire -, inonde le débat public. Mais c'est le plus souvent la perplexité qui nous gagne, tant il nous semble que l'air du temps est à la confusion et à l'instrumentalisation des concepts et des idéaux. A nos frontières, les constats sont similaires et nous ont, d'ailleurs sans doute, largement influencés par le biais des médias et de la télévision en particulier. Les réflexions de fond sur la laïcité menées par des associations françaises, dans le cadre de la commémoration de la loi de 1905, ont été occultées par l'adoption et les répercussions de la loi du 15 mars 20041 réduisant le débat sur la laïcité à celui de la religion, de l'islam et du foulard en particulier. Les débats politico-médiatiques qui se sont succédé, depuis la relance, en 2003, de la “question du foulard islamique” par Nicolas Sarkozy à partir d'une question de papiers d'identité, ont non seulement imposé peu à peu l'idée que “la laïcité subirait un assaut”2, mais ils ont également masqué les véritables enjeux de la laïcité aujourd'hui et la nécessité d'un débat démocratique à ce niveau. Si on peut le déplorer, il serait pourtant vain de nier le fait que le débat sur la laïcité se focalise essentiellement sur la question de l'islam. Tout comme il n'est pas facile d'ignorer certaines réactions épidermiques de plus en plus récurrentes, y compris au sein de certains courants laïques, il est de plus en plus évident que “la question musulmane suscite partout sur le
Vieux continent des peurs similaires, peurs qui mobilisent des parties importantes des sociétés d'accueil et peuvent les faire basculer rapidement de la tolérance au rejet”.3 De nombreuses études, comme le rapport de l'International Helsinki Federation for Human Rights (IHF)4, mettent en avant la dégradation du climat social envers les musulmans, en particulier depuis le 11 septembre, et dénoncent le climat de méfiance grandissant, ainsi que les discriminations et la marginalisation dont ils sont de plus en plus victimes en Europe. Dans une analyse très pertinente sur le renouveau de la question laïque en France, Joël Roman5 explique que la nouvelle faveur dont a joui le débat sur la laïcité se situe en réalité au confluent de trois crises: une crise culturelle liée à la revendication de l'autonomie de l'individu et à l'essor du différentialisme, une crise sociale avec le détricotage des liens du travail et la montée de l'exclusion sociale et une crise politique posée à partir de la question de la souveraineté nationale dans le cadre de l'intégration européenne notamment. Pour Joël Roman, il n'est pas étonnant que, dans ce contexte, l'islam, au croisement de ces trois questions culturelle, sociale et politique, cristallise le débat. “Pourtant, la présence musulmane rend visible une question renouvelée à l'heure de l'Europe et de la mondialisation : qu'estce que vivre ensemble ? Peut-on fonder sur des bases rénovées les sociétés européennes en y intégrant, dans un projet commun, ses multiples composantes, sans sombrer ni dans l'uniformité ni dans le communautarisme ? Vaste défi…”6
Loi du 15 mars 2004 encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenace religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics. 2 Lire la contribution d'Alain Gresh, Islam et laïcité à l'ouvrage Islam de France, Islams d'Europe, Commission islam et laïcité, Editions L'Harmattan, Paris, 2005. 3 Alain Gresh, rédacteur en chef du Monde Diplomatique ; Michel Tubiana, président de la Ligue des Droits de l'Homme (France), Islam de France, Islams d'Europe, idem, p.7. 4 Intolerance and discrimination against Muslim in the UE, mars 2005. 5 Le renouveau de la question laïque et les principaux courants laïques aujourd'hui, in 1905-2005 : les enjeux de la laïcité, Commission islam et laïcité, Editions L'Harmattan, Paris, 2005, pp. 37-49. 6 Idem note 2 1
13
Plaidoyer pour une éthique du débat démocratique Dans ce contexte donc, poser une réflexion réelle et constructive sur la laïcité et ses enjeux, en Belgique, en France, comme au niveau européen, nécessite au préalable de dépassionner le débat, de déjouer les peurs et de désamorcer les logiques d'affrontement basées sur des représentations figées pour redonner enfin la place à une éthique du débat démocratique. S'agissant des questionnements actuels autour de l'islam et des musulmans, il nous paraît essentiel de lutter contre toutes les formes de pensée unique, dogmatique et essentialiste ; notamment celle de plus en plus répandue dans certains médias, à savoir l'idée d'une “menace islamique” ou d'un “choc des civilisations” inéluctable entre “l'islam et l'occident”, “l'islam et la laïcité”. Animée de cette conviction et consciente des obstacles à lever, Bruxelles Laïque tente, en toute modestie, de contribuer au débat à travers ses publications, l'organisation de conférences, de débats et de rencontres visant à replacer au centre du projet et de l'idéal laïque, ses ambitions de paix civile et de justice sociale. Face à des défis importants, tels la mondialisation, la construction européenne, l'é-
mancipation des femmes, la gestion de la pluralité grandissante de nos sociétés, la survie d'une école pour tous…, face aux constats inquiétants du déficit démocratique actuel, de la montée des idéologies de haine, face aux discriminations nombreuses dont souffrent certaines catégories de la population, il est temps qu'un débat réel s'attaquant aux problèmes de fond puisse remplacer le choc des passions. “La laïcité ne peut se cantonner au ciel des idées. La misère est sourde à l'égalité de droit, l'exclusion est grosse de révoltes et le “vivre ensemble” paraît comme une provocation.”7 Dans son brillant livre “L'islam, la République et le monde”8, en conclusion du chapitre consacré à la laïcité, Alain Gresh cite Emile Poulat : “Une société laïque est une société qui ne cesse d'apprendre, non sans peine, à vivre avec ses désaccords publics, préférés à leur résolution par une pensée imposée ou la guerre civile. Alors, à chacun sa vérité ? Oui et non : la laïcité n'est pas le théâtre de Pirandello où chacun s'enferme dans la sienne. Elle exige le courage du débat, le goût de la rencontre et de l'échange, entre gens que séparent leur histoire, leur culture, leur milieu, et que la vie oppose par tradition.”9
Photo extraite de l’exposition Quelques-unes d’entre nous, Joss Dray
Pierre Tournemire, Laïcité, nous écrivons ton nom… La longue histoire d'une loi de raison. L'actualité d'un engagement. Une ambition pour le siècle qui s'ouvre. in Les idées en mouvement, Hors série n°6 Laïcité 1905-2005, mars 2005, p.64. 8 Aux éditions Fayard, 2004. 9 Emile Poulat, Notre laïcité publique, Berg International, 2003 7
14
Indispensables solidarités Cette année, Bruxelles Laïque a souhaité donner un écho particulier à la réflexion menée au sein de la Commission islam et laïcité10 en France - à ne pas confondre avec la Commission Stasi11-, non pour recommencer un sempiternel débat, très peu productif à mon sens, sur la comparaison entre les modèles de laïcité “à la belge” ou de l'“exception française”. Mais parce que la démarche de cette commission, et des acteurs qui la portent, est empreinte d'“une culture du débat et du dialogue qu'on aimerait voir se généraliser”.12 Créée il y a bientôt dix ans par la Ligue de l'Enseignement française, la Commission islam et laïcité est aujourd'hui sous l'égide de la Ligue des Droits de l'Homme et du Monde Diplomatique, même si la Ligue de l'Enseignement y reste une des composantes importantes. Animés par une “philosophie de l'intégration” et une référence commune, celle des droits de l'homme et du citoyen, les acteurs de la Commission, d'une grande pluralité idéologique et aux statuts très divers, ont d'emblée orienté leur réflexion sur deux fronts : une approche juridique et une approche concernant “les mentalités et les comportements”, avec en trame de fond une question : “comment concilier l'unité politique et la diversité culturelle d'un peuple appelé à s'élargir ?”13 Considérant que la citoyenneté n'est jamais acquise, qu'elle doit être sans cesse revisitée, approfondie, améliorée, sans pour autant faire dis-
paraître les valeurs identitaires, culturelles ou cultuelles, propres à chacun, la Commission islam et laïcité constitue un lieu de formation de consensus par le débat, un lieu d'éducation et de ressource intellectuelle. Comme en témoigne, Pierre Tournemire, Secrétaire général adjoint et président du Comité national laïcité de la Ligue de l'Enseignement française, dans un numéro hors série du mensuel de l'association14, Les idées en mouvement, si la Ligue s'est souvent vu, et se voit toujours, reprocher le pluralisme de cette Commission, elle a su résister aux pressions, convaincue de cette démarche “qui a démontré que le dialogue et la réflexion commune favorisent toujours la compréhension.” Nous subissons déjà des pressions identiques de la part de ceux qui préfèrent la voie de l'incantation et de l'imposition dogmatique au chemin d'un débat serein et sincère, mais nous résisterons. Nous résisterons à ceux qui, au nom de la liberté d'expression, empêchent que s'instaure “un climat favorisant un dialogue de confiance modifiant les relations sociales et évitant les affrontements stériles générateurs d'incompréhension et de haine.” Et nous résisterons tout autant à ceux qui confondent opinion et connaissance, ceux qui, forts de leurs convictions aussi nobles soient-elles, excluent définitivement le doute et la remise en question.
Pour en savoir plus • 1905-2005 : les enjeux de la laïcité, Commission islam et laïcité, Editions
Sophie Léonard
L'Harmattan, Paris, 2005. • Islam de France, Islams d'Europe, Commission islam et laïcité, Editions L'Harmattan, Paris, 2005. • Jean-Michel Ducomte et Pierre Tournemire, La laïcité, un bien commun, une démarche, une construction permanente, document remis à la Commission sur l'application du principe de laïcité dans la République, Ligue de l'Enseignement, novembre 2003. • Pierre Tournemire, Laïcité, nous écrivons ton nom… La longue histoire d'une loi de raison. L'actualité d'un engagement. Une ambition pour le siècle qui s'ouvre, in Les idées en mouvement, Hors série n°6 Laïcité 1905-2005 mars 2005. • Alain Gresh et Tariq Ramadan, L'islam en questions, débat animé et présenté par Françoise Germain-Robin, Editions Babel (Actes Sud), 2002. • Alain Gresh, L'islam, la République et le monde, Editions Fayard, 2004. http://islamlaicite.org Commission sur l'application du principe de laïcité dans la République 12 Michel Morineau, La Commission laïcité et islam : historique et philosophie d'un débat, in 1905-2005 : les enjeux de la laïcité, op.cit., p12. 13 Michel Morineau, op cit., p19. 14 Les idées en mouvement, Hors série n°6 Laïcité 1905-2005 op.cit. 10 11
15
Rendez-vous au Festival 13/11 - 20h : Un racisme à peine voilé Documentaire de Jérôme Host France, 2004, VF, 75 min. En proie à une véritable campagne d'appel à la censure en France, le film revient sur la polémique du foulard qui a abouti à la demande de Chirac en mars 2005 à une loi sur les signes religieux à l'école. Il donne la parole à ceux qui ne l'ont pas eue lors du débat médiatique qui a fait rage pendant des mois autour de cette question. Rencontre avec Toufik Balaache, chargé de mission “Citoyens dans leur Diversité” à la Ligue de l'Enseignement française. Il témoignera notamment de son travail de sensibilisation sur la laïcité avec le monde enseignant et associatif en France.
16
16/11 - 20h : Conférence : islam et médias Avec Alain Gresh, rédacteur en chef du Monde Diplomatique, auteur notamment de “L'islam, la République et le monde” (Fayard, 2004); “L'islam en questions” (avec Tariq Ramadan) (Actes Sud, 2001) et Thomas Deltombe, auteur de “L'islam imaginaire. Construction médiatique de l'islamophobie en France” (La Découverte, 2005). Si l'analyse du traitement médiatique de l'islam et des musulmans est certes à mettre en lien avec le fonctionnement des médias et le traitement de l'information de manière plus générale, il paraît cependant urgent d'aborder cette question face aux représentations de plus en plus prégnantes sur un inéluctable “choc des civilisations” dont les extrêmes de tous bords font leurs choux gras.
De la mise sous contrôle des chômeurs Tout comme la liberté d'expression, la participation des citoyens à la vie sociale est un enjeu démocratique majeur. Ainsi, un des objectifs du Festival des Libertés 2005 est de dénoncer des phénomènes d'exclusion qui empêchent les individus de jouir pleinement de leurs droits. Dans cet état d'esprit, nous voulons montrer comment les logiques - parfois irrationnelles- du marché de l'emploi entravent la participation des citoyens les plus fragiles. Depuis le 1er juillet 2004, les chômeurs âgés de moins de 30 ans doivent prouver leur disponibilité pour le marché de l'emploi. Ce plan d'activation du comportement de recherche d'emploi a été élargi aux chômeurs de moins de 40 ans, depuis le 1er juillet de cette année. Si le calendrier prévu est respecté, à partir de l'été 2006 la tranche d'âge suivante (40-50 ans) sera aussi concernée. A première vue, ce qui a changé, c'est la fréquence des rapports entre l'ONEM et le chômeur: ses efforts pour trouver un travail seront évalués lors d'une série d'entretiens avec un facilitateur. Si ces efforts sont considérés comme insuffisants, le chômeur sera convoqué à plusieurs reprises. Une sanction temporaire pourra être prise à son encontre, s'il ne peut pas prouver qu'il cherche activement du travail. Il est possible qu'au bout de deux évaluations néga-
tives, une dernière chance lui soit accordée, après quoi, s'il ne peut pas prouver qu'il a amélioré son comportement de recherche, il pourrait être exclu définitivement du chômage. En définitive, le nouveau plan exige, outre la disponibilité du chômeur, une activation du comportement de recherche, ainsi que des preuves de cette “activation”. Ce contrôle est couplé d'un suivi par l'ORBEM ou le FOREM, qui se concrétise par la possibilité de signer un contrat de projet professionnel. Le chômeur s'engage à mener une série d'actions concrètes pour améliorer sa recherche, par exemple, suivre un “module de détermination”, un accompagnement spécifique, une formation ou effectuer une recherche d'emploi. Lorsque les politiques sociales s'articulent autour du contrôle des individus et conditionnent l'accès aux droits fondamentaux, il faut se poser des questions quant à la santé des mécanismes d'intégration des membres les plus fragiles de nos sociétés. Ainsi, les enjeux de ces nouveaux « plans d'accompagnement » nous semblent contraires à une démarche démocratique, surtout lorsque, à l'égard du contexte de leur apparition, ils sont accompagnés de la stigmatisation des victimes et d'une gestion du marché de l'emploi qui bénéficie exclusivement aux intérêts des entreprises.
Une démarche paradoxale La position commune des fédérations patronales sur la question, rendue publique en juin 2003, soutient que “la disponibilité des chômeurs laisse à désirer. La légitimité du système, tout comme les objectifs européens en matière d'augmentation sensible des taux d'emploi de la population active, nécessite que les personnes qui perçoivent des allocations soient également disponibles pour le marché du travail”1. Si les chômeurs doivent prouver leur disponibilité, cela sous-entend qu'ils pourraient ne pas pouvoir ou ne pas vouloir travailler. Le bénéficiaire des allocations est présenté comme quelqu'un de passif face à sa situation. C'est sur lui que repose la
responsabilité du manque d'emploi. Cela impliquerait qu'un comportement plus “actif” de la part des individus ferait augmenter le taux de l'emploi. On présente les chômeurs comme étant responsables de leur situation… et du haut taux de chômage ! Or, dans un contexte libéral, le chômage peut être une nécessité. Si l'on se réfère à l'étude “Le chômage, fatalité ou nécessité?”2, le phénomène est considéré comme une source de croissance, de par les mouvements de main-d'œuvre qu'il entraîne. Les auteurs de cet ouvrage -qui a remporté le prix européen du livre d'économie- soutiennent que l'assurance-chômage doit être maintenue car la recherche
17
d'emploi est une activité économique utile et non pas une maladie de société. Ainsi, même dans une perspective libérale, le chômeur ne peut être culpabilisé de son inactivité. C'est néanmoins ce que le plan d'accompagnement sous-entend. Les droits sociaux, comme celui des allocations de chômage, ont été conçus pour protéger les travailleurs des aléas du marché et, par là, ils jettent les bases de l'intégration sociale. Leur universalité est en train de se désintégrer sous nos yeux car un bon nombre de citoyens ne pourront pas prouver leur disponibilité. En effet, produire les preuves demandées exige parfois des compétences et des démarches qui, elles aussi, impliquent des moyens qui ne sont pas toujours à la portée de tout le monde. Quelle peut être la situation d'une mère seule qui doit se rendre “disponible” en trouvant un moyen de garde pour ses enfants en bas âge, tout en étant au chômage?3. Il faut savoir que trouver une place chez une gardienne ou dans une crèche à Bruxelles relève du parcours du combattant. Les crèches publiques attribuent prioritairement leurs places disponibles aux enfants de parents qui ont un travail. Les
listes d'attente sont extrêmement longues et les crèches privées sont impayables. Que faire ? Que peut faire quelqu'un qui n'a aucune expérience de l'écrit pour prouver qu'il a effectué des démarches sans disposer de lettres de motivation ou d'autres documents ? Il peut avoir fait le tour de toutes les entreprises susceptibles de l'engager, avoir eu des entretiens oraux, mais sans les compétences pour consigner ces démarches par écrit, celles-ci peuvent s'avérer insuffisantes. Comment un chômeur en situation de détresse psychologique, fragilisé par des échecs successifs - familiaux, sociaux et financiers - peut-il trouver la force de faire encore des démarches pour prouver qu'il cherche un emploi, qui est tout simplement trop rare dans les grandes villes comme Bruxelles ? La gestion de ces situations est devenue courante pour les permanents de la Boutique d'Emploi de Bruxelles Laïque, et elle leur impose une adaptation constante pour faire face aux nouvelles exigences qui pèsent sur les personnes accueillies.
Une atteinte aux droits sociaux… En conditionnant l'accès aux droits sociaux, par l'exigence de preuves d'activation, le système oblige le chômeur à accepter que l'administration lui impose un comportement particulier (le contrat de projet professionnel). Mais l'administration ne s'engage à rien d'autre qu'à poursuivre sa mission. De même, lorsque les chômeurs sont exclus du chômage, ils n'ont pas la certitude d'être pris en charge par d'autres systèmes d'assistance. Les CPAS auront-ils les moyens suffisants pour assumer les nouvelles dépenses que le plan fera peser sur eux ?4 Une étude sur les effets des nouvelles politiques sociales en Europe et sur les conditions de vie des sans emploi5 dénonce les dérives de l'orientation de l'emploi à tout prix, où les droits sociaux sont réduits à leur plus simple expression. Ces droits sont
conditionnés et de moins en moins universels. Dans les nouveaux programmes d'activation, l'exclusion des “moins employables” des droits au chômage les reclasse dans une nouvelle catégorie, celle d'assistés. Au sein de cette catégorie, le choix est restreint : l'assisté est poussé à accepter tout “emploi”. Or, ces emplois sont créés à partir de dérogations aux règles générales en vigueur. C'est-à-dire : précaires et instables, sans que l'expérience ou la qualification du demandeur soient prises en compte.6 Il ne s'agit pas ici “d'augmenter le volume d'emplois pour diminuer le nombre de “pauvres”, mais d'utiliser cette main-d'œuvre “pauvre” pour augmenter le volume de l'emploi”.7 Ce sont les entreprises qui récoltent les bénéfices de cette mise à leur disposition de main-d'œuvre bon marché, flexible et corvéable à merci.
Position commune FEB-UWE-VEV-UEB sur le Contrôle et disponibilité des chômeurs et demandeurs d'emploi. Source : http://www.500.be/site/fr/UEB/Economie%20generale/Emploi%20et%20formations/Emploi/texte 2 CAHUC, P. et ZYLBERBERG, A. Le chômage, fatalité ou nécessité. Flammarion : 2004 3 Voir à ce sujet l'article de Bénédicte Vaes paru dans le journal Le Soir du 16 juin 2004 1
18
…et à la vie privée. Le contrôle de l'attitude du chômeur est constant. Il doit prouver qu'il est employable et cela se traduit par l'acceptation d'une série de comportements infantilisants et disqualifiants. Toute preuve officielle d'un comportement actif étant favorisée, la participation à des “stages” est proposée aux chômeurs et leur participation y est fortement encouragée. Il s'agit de “trappes à l'inactivité”, des programmes qui n'ont parfois qu'un seul but : obliger le chômeur à se lever tôt. Ces démarches, ainsi que d'autres informations sur les activités que le chômeur réalise pour se rendre employable, sont centralisées dans un réseau informatisé (la rédaction d'un CV, de lettres de motivation, d'un entretien d'orientation ou d'un bilan professionnel) : le Réseau bruxellois de plate-formes locales pour l'emploi. De cette façon, les organismes de contrôle peuvent suivre les démarches qu'un chômeur effectue auprès de différents services d'accompagnement.
Les travailleurs du réseau d'opérateurs d'insertion socioprofessionnelle sont confrontés à de nouveaux problèmes déontologiques. Etant reliés de différentes manières à l'organisme d'accompagnement (l'ORBEM) et sachant qu'ils vont transmettre des informations en la défaveur du chômeur, ils rencontrent également leur détresse. Dans ce contexte d'urgence, l'accompagnement des chômeurs vise à subvenir aux besoins les plus élémentaires : soutien, reconstruction identitaire, accès aux allocations... D'autres situations, comme par exemple, la dénonciation de la discrimination à l'embauche, ne peuvent pas être prises en charge, puisque c'est la survie qui est en jeu. Si la santé de la démocratie se mesure à la manière dont l'Etat traite les groupes les plus fragilisés, on pourrait conclure que la nôtre n'est effectivement pas au mieux de sa forme. Paola Hidalgo
Rendez-vous au Festival Dans le cadre du Festival des Libertés, nous vous proposons d'aborder le thème de la discrimination à l'embauche dans le contexte des nouveaux plans d'activation des chômeurs. En effet, dans un système qui conditionne les droits sociaux, l'exclusion des “moins employables” des droits au chômage pousse les individus à accepter tout “emploi”. Les victimes des discriminations seraient donc des candidats aux emplois en marge des droits sociaux. Il nous a semblé important de dénoncer cette entrave à l'intégration d'un groupe particulièrement fragilisé.
19h30 Le plafond de verre Documentaire de Yamina Benguigui France, 2004, VF, 52 min
22/11 : Ciné-rencontre : Discriminations à l'embauche
Le film sera suivi d'une rencontre avec un représentant de la commission “droits économiques et sociaux” de la Ligue des Droits de l'Homme Estelle Krzeslo, Centre de sociologie du travail, de l'emploi et de la formation, Institut de Sociologie - ULB Pascale Frippiat, Boutique Emploi de Bruxelles Laïque
18h30 Improvisation théâtrale sur le thème de la discrimination à l'embauche
Yamina Benguigui (Mémoires d'immigrés) nous montre les effets de l'exclusion liée à l'origine ethnique sur le parcours professionnel des jeunes diplômés issus de l'immigration. Bien qu'ils aient su gravir tous les échelons de la formation, ils ne parviennent pas à franchir les portes de l'entreprise, porteuse de tous leurs espoirs. Pour eux comme pour la société, c'est un terrible constat d'échec.
http://www.stopchasseauxchomeurs.be/fichiers/Questiongenotarena.PDF KRZESLO, E. Existe-t-il une zone d'emploi à “risque social” ? In Travail-Emploi-Formation n°4/2003 p. 53-67 6 LÉVY, C. Vivre au minimum : Minima sociaux et condition salariale : l'Europe vue d'en bas In Travail-EmploiFormation n°4/2003 p. 69-88 7 LÉVY, C., op. cit., p. 75 4 5
19
Le dialogue social : un outil du modèle social européen Le processus actuel de ratification du traité établissant une Constitution pour l'Europe1, au-delà de ses implications purement politiques, aura eu le mérite de ramener au cœur du débat la représentation du projet européen aux yeux du citoyen. Les études “Eurobaromètres”2 récentes, ainsi que les débats nationaux précédant les ratifications parlementaires et référendaires, ont permis d'identifier un contexte au sein duquel l'individu se trouve souvent tiraillé entre des sentiments contrastés. Le manque de visibilité et d'accès à une information compréhensible a inévitablement contribué au développement d'un sentiment de suspicion, favorisant ainsi l'émergence d'un phénomène de rejet. Consciente de l'importance et de la nécessité de s'impliquer dans le débat européen, Bruxelles Laïque, fidèle à sa vocation d'animateur de la société civile, participe à la réduction des distances séparant l'individu de la construction européenne et s'inscrit dans une volonté de ramener le débat européen dans le champ citoyen. Dans cette optique, la constitution d'une base informative accessible apparaît comme un préalable nécessaire à l'élaboration d'une opinion cohérente face au caractère “spécialisé” et parfois “ésotérique” des questions touchant à l'intégration européenne. Dans ce contexte nébuleux, une des lignes transversales qui a animé le débat s'est posée sur la question du “modèle social européen” (MSE). Partisans et détracteurs du Traité constitutionnel se sont échinés à développer leurs arguments pour ou contre la préservation du MSE tel qu'ils le conçoivent respectivement. Toutefois, différences de perception, approches électoralistes et affirmations contradictoires ont souvent renforcé la confusion de l'observateur et pris le pas sur la tenue d'un débat constructif.
Qu'en est-il réellement du MSE ? Est-il possible de dégager une acception consensuelle de ce modèle encore trop opaque pour de nombreux Européens ? Malgré un usage de plus en plus important du terme par le milieu scientifique et dans le jargon politique émanant de l'Union européenne, une définition précise du concept de “Modèle Social Européen” demeure difficile à établir. La nature même du MSE rend délicate toute tentative de réduction en une définition fermée. Il consiste en réalité en la délimitation d'un cadre normatif fixant des critères minimums à respecter dans le domaine du monde du travail, tout en laissant la liberté à chaque pays de les mettre en œuvre en fonction des spécificités de chaque système national. Ce respect du fameux “principe de subsidiarité”3 permet ainsi aux Etats attachés à une protection sociale généreuse d'aller plus loin que ce qu'exige le cadre général du MSE. L'originalité du MSE réside aussi et surtout dans son mode de gestion basé sur le principe de concertation entre partenaires sociaux européens, à travers ce qui a été appelé le dialogue social. Dès lors, “il faut reconnaître que le modèle social européen repose plus sur son système de valeurs plutôt que sur les systèmes à travers lesquels il est mis en œuvre”.4
La date butoir d'approbation du traité, initialement fixée au 1er Novembre 2006, a été repoussée de manière informelle jusqu'en 2007. 2 Les Eurobaromètres sont des enquêtes d'opinion semestrielles réalisées par la Commission européenne dans les Etats membres et dans les pays candidats. Réalisée depuis 1974, l'enquête s'adresse à environ 1000 personnes par pays. 3 Le principe de subsidiarité consiste à réserver uniquement au niveau communautaire ce que les Etats membres ne pourraient effectuer que de manière moins efficace (Art. 5 Du Traité instituant la Communauté européenne.) 4 Begg, I. and J. Berghman (2002) 'EU social(exclusion) policy revisited?', Journal of European Social policy, 12 (3), 179-194. 1
20
Une évolution graduelle Les pouvoirs communautaires dans le domaine social étaient relativement limités dans les premières phases de la construction européenne. En effet, le processus décisionnel en vigueur reposant sur le principe de l'unanimité au sein du Conseil, l'opposition d'un seul pays suffisait pour empêcher toute prise de décision. Un changement fondamental est survenu au milieu des années quatre-vingts avec la décision d'établir le Marché unique (1987) et l'augmentation du recours au vote à la majorité qualifiée qui a permis de limiter les blocages apparus sous le régime de l'unanimité. A l'époque déjà, la perspective d'un marché épuré de toute entrave au libre échange au sein de l'Union, couplé avec l'accession de plusieurs pays à faible revenu (Portugal, Espagne, Grèce et Irlande) suscitait des craintes de voir les normes sociales et du travail des pays au coût du travail plus élevé affectées par une possibilité de dumping social.5 Pour pallier cette situation, la Communauté a dès lors eu recours à l'adoption de normes minimums du travail, facilitée par le vote à la majorité qualifiée, et au développement d'un modèle de concertation entre partenaires sociaux (organisations représentatives du monde du travail et du patronat6) incarné par le “dialogue social”. Le protocole social du traité de Maastricht (1992) a introduit le vote à la majorité qualifiée dans plusieurs nouveaux domaines et renforcé le rôle des partenaires sociaux, désormais colégislateurs dans des domaines liés au monde du travail. Ces nouvelles dispositions signifient que si l'UE lance une initiative dans le secteur du marché du travail, les partenaires sociaux sont habilités à postposer le processus légal d'adoption afin de négocier un accord susceptible d'être par la suite incorporé au sein de la législation européenne après décision du Conseil.7
A ce jour, les partenaires sociaux ont négocié trois accords cadres portant sur le droit aux congés parentaux (1995), les droits des travailleurs à temps partiel (1997) et les droits des travailleurs temporaires (1999), transposés par la suite en Directives européennes. Deux accords cadres signés sur le télétravail (2003) et le stress sur le lieu de travail (2004) ont également été négociés. Le dialogue social au niveau sectoriel a conduit entre autres à l'adoption d'accords cadres européens transposés en Directives sur le temps de travail dans les secteurs du transport maritime (1999), de l'aviation civile (2000), des entreprises ferroviaires (2000), du transport routier (2002), ainsi qu'à l'adoption de codes de conduite au sein des entreprises multinationales. Ces mesures, combinées avec une série de réglementations portant sur la santé et la sécurité sur le lieu de travail, sur l'égalité de salaires et les conditions de travail ont rendu possible la constitution graduelle d'un ensemble de droits européens pour les travailleurs. Ce processus a essentiellement contribué à élever les standards de vie dans les pays européens les moins développés, mais a aussi contribué à l'amélioration de la protection des travailleurs au Royaume-Uni ainsi, qu'à empêcher toute attaque sur les droits du travail déjà établis dans plusieurs pays européens du Nord. En outre, une “Stratégie européenne de l'emploi” concentrée sur la coordination des politiques d'emploi des Etats membres à travers la création d'indicateurs communs de références, d'analyses des plans d'actions nationaux et surtout des consultations régulières avec les partenaires sociaux, fut incorporée dans le traité à l'occasion du sommet d'Amsterdam en 1997.8 Ce fondement social fut complété par un “dialogue macro économique” destiné à faciliter les échanges d'information entre
Dumping social : Concurrence déloyale fondée sur des coûts de travail moins élevés, dus essentiellement à l'absence de mécanisme de protection des travailleurs. 6 Les partenaires sociaux sont la CES (représentant des travailleurs), l'UNICE (représentant des employeurs), la CEEP (secteur public) et l'UEAPME (représentant des PME). 7 Dølvik, J. E. (1997) Redrawing boundaries of solidarity? ETUC, social dialogue and the Europeanisation of trade unions in the 1990s, Oslo: Arena. 8 Foden, D. (1999) 'European employment policy: progress within too narrow confines', in E. Gabaglio and R. Hoffmann (eds.), European Trade Union Yearbook 1998, Bruxelles: ETUI,199-216. 5
21
partenaires sociaux, la Banque Centrale Européenne et les autorités européennes responsables de la coordination des politiques budgétaires. Ces différents développements ont débouché sur l'émergence d'une législation
sociale européenne spécifique; son contenu et ses répercussions sur la réalité sociale de l'UE lui ont conféré une crédibilité en vue de promouvoir un modèle social cohérent, notamment à travers ses relations extérieures.
Un modèle à consolider Même si beaucoup de promoteurs d'une “Europe sociale” considèrent la dimension sociale de l'UE assez décevante en comparaison avec son pendant économique, elle demeure néanmoins à ce jour la tentative internationale la plus aboutie en matière d'établissement d'un lien entre intégration économique et création d'un système transnational de marché du travail. Ces réalisations associées aux transferts importants dont ont bénéficié les régions européennes les plus désavantagées ont permis de freiner les mouvements de dumping social et de stimuler le développement économique et social dans les Etats membres les moins avancés. Dans ce sens, l'expérience de l'UE peut être regardée comme un exemple de globalisation continentale où le processus de dérégulation économique a été accompagné par un désir de construire des structures de gouvernances politiques incorporant une dimension sociale. L'implication des partenaires sociaux à travers le développement d'un modèle de concertation incarné par le dialogue social et la reconnaissance de leur rôle dans le processus décisionnel, rôle d'ailleurs inscrit dans la constitution européenne,9 constitue à cet égard une innovation fondamentale. Si ce constat devait atténuer quelque peu les campagnes de dénigrements récurrentes dont fait l'objet le MSE, il ne devrait pas non plus occulter un autre versant de la contestation. Le “non” au Traité constitutionnel se fonde sur deux approches opposées. D'une part, certains partisans du non reprochent à la Constitution une orientation trop libérale. D'autre part, certains opposants au traité constitutionnel le jugent socialement trop contraignant. Ces derniers, fidèles à l'approche néo-libérale prônant une limitation de l'interventionnisme étatique et confiants
dans la capacité autorégulatrice du marché, considèrent la nature même du cadre normatif européen comme excessivement rigide. Ils revendiquent un renforcement majeur des autonomies nationales afin d'assurer le maximum de flexibilité. Cette tendance, présente sur la scène politique européenne depuis les origines mêmes de l'Union et reflétée dans certains articles du traité pour une constitution européenne, constitue un danger réel d'évolution régressive du modèle social européen. Mais des perspectives plus encourageantes se dessinent déjà. S'inscrivant dans une volonté de reconnaissance des acquis du MSE et de la nécessité de le préserver et de le renforcer, un groupement d'économistes européens renommés a ainsi publié récemment un “appel pour un modèle social européen”. Ce mémorandum se fonde sur “l'affirmation du modèle social européen qui doit constituer le socle de la réforme de l'UE”. Pour ces 300 économistes, “une politique économique alternative doit reposer sur plusieurs principes essentiels : un large débat public, un plus grand contrôle démocratique et la participation de tous les citoyens au développement économique. De tels débats doivent permettre de formuler les objectifs du modèle social européen qui, à nos yeux, sont au moins au nombre de quatre : le plein emploi, une protection sociale de qualité, la justice sociale et un développement respectueux de l'environnement”.10 Le défi de l'Europe sociale est bien là. Démontrer que face au “fatalisme de la mondialisation”, il est possible de construire et de consolider un modèle social durable empreint de justice sociale et de solidarité. Mario Friso
9
Article 47 de la Constitution européenne : “Les partenaires sociaux et le dialogue social autonome” “Un appel de 300 économistes pour un modèle social européen.” http://www.politis.fr/article424.html
22 10
Rendez-vous au Festival 24/11 - 20h Table ronde : Quelle citoyenneté européenne possible ? Avec Maria Helena André (secrétaire générale adjoint de la Confédération Européenne des Syndicats), Marie-Paule Connan (Marches Européennes contre l'exclusion), Raoul-Marc Jennar (politologue), Françoise Castex (députée européenne) et un représenatnt de la DG “Education et Culture” de la Commission européenne. Alors que l'année 2005 fut proclamée par le Conseil de l'Europe “Année de la Citoyenneté par l'éducation”, le rejet massif du “Traité
établissant une Constitution pour l'Europe” des Français suivi par celui des Hollandais a ouvert une crise majeure au sein de l'Union européenne. Cette remise en cause des institutions européennes, si elle a révélé l'ampleur du fossé qui sépare les dirigeants européens de leurs citoyens, est l'occasion de s'interroger sur la citoyenneté européenne, source de légitimité de l'Europe politique qu'il reste à construire, et sur les possibilités réelles d'exercice et de contrôle démocratiques à un niveau de gouvernance supranationale.
Le 19 mars dernier, Bruxelles Laïque et le Centre d'Action Laïque avaient répondu à l'appel des mouvements sociaux et des syndicats européens à manifester contre la directive Bolkestein et “pour une Europe sociale, égalitaire, solidaire et pacifique”. Grâce au succès de la mobilisation, les gouvernements ont prétendu faire marche arrière, mais ce n'était que pour mieux revenir à la charge. En effet, la directive Bolkestein est plus que jamais d'actualité dans l'agenda institutionnel européen. Trois courants se distinguent dans les négociations en cours : les partisans du retrait pur et simple de la directive, ceux proposant des amendements - restreignant le champ d'application de la directive à neuf secteurs et remplaçant le fameux “principe du pays d'origine” par le “principe de reconnaissance mutuelle” - et ceux voulant la conserver en l'état. Lors d'une réunion préparatoire le 12 septembre dernier, les différents députés européens et représentants des mouvements sociaux favorables au retrait de la directive ont averti qu'une nouvelle mobilisation de grande ampleur serait nécessaire pour faire peser leur voix dans les débats parlementaires. Une journée d'action européenne est donc prévue le 15 octobre prochain. Un rendez-vous à ne pas manquer.
23
Quelques-unes d'entre nous Quelques-unes d'entre nous est autant une exposition qu'un processus de création. A l'origine, c'est la rencontre entre une photographe, une journaliste, la responsable d'un lieu, la Maison des Tilleuls, à Blanc-Mesnil, en Seine SaintDenis, et des femmes du quartier qui va donner lieu à la mise en place du projet. Créer un véritable dialogue avec des femmes de Palestine, du Liban, d'Afghanistan qui vont entrer en contact les unes avec les autres par un échange de photos et de correspondance. Parti d'un désir commun de se connaître, de déconstruire des stéréotypes et des ignorances sur nos propres vies et celles des femmes d'ailleurs, ce processus s'est peu à peu transformé pour chacune en une expérience d'ouverture et de construction. Pour la plupart des femmes des Tilleuls, découvrir la photographie, lire et interroger les images était une démarche totalement nouvelle. L'écriture, à partir non seulement de ce que délivrait l'image mais de ce qu'elle renvoyait de liens avec sa propre vie, permettait une réappropriation et une mise en commun : “Nous étions habituées à aller voir des expositions mais nous n'aurions jamais cru pouvoir en créer une”. Croiser des expériences individuelles dans un rapport de confiance, leur permettait de faire émerger des paroles libres et singulières et de s'inscrire dans un espace collectif. Le premier temps de la rencontre eut lieu il y a deux ans, au moment du débat public en France sur la laïcité et sa soudaine mise en péril qui devait se traduire par la loi sur l'interdiction des signes religieux à
24
l'école avec ce qu'il renvoyait de brutalité et révélait de peurs identitaires, dans ce qu'il faisait émerger de stéréotypes et de représentations fantasmatiques. Pour des femmes qui fréquentent la maison des Tilleuls, nombreuses à porter le foulard pour des raisons plurielles et complexes et pas seulement religieuses ou culturelles, cette loi prise, soi-disant pour les protéger, allait surtout les stigmatiser, rendre infernal leur accès à la vie publique et au travail et était vécue comme une violence supplémentaire. Essayer de comprendre cette violence ensemble et le contexte de radicalisation des discours et des crispations idéologiques, en débattre, c'était aussi affronter ensemble, plus fortes, le réel et son soudain basculement. S'en prendre à la présence en France des populations d'origine étrangère n'était finalement peut-être pas si nouveau mais récurrent dans l'histoire. Ce métissage des êtres et des cultures, que l'on cherche à nous faire vivre comme une menace et un danger, est pour nous quelque chose de précieux et d'heureux que nous voulions tenter de mettre en mots et en images. Pour Zouina Meddour, directrice de la Maison des Tilleuls, les gens sont “fatigués de subir la violence verbale qui désigne comme responsables de tous les maux les habitants des quartiers populaires. Ils ne se reconnaissent pas dans la description catastrophique qui en est faite, les jeunes surtout en ont marre d'être catalogués, globalisés, discriminés. Les femmes se
demandent s'il s'agit du même quartier lorsqu'elles entendent parler des quartiers où elles vivent”. La violence existe, évidemment, mais elle frappe d'abord les habitants, particulièrement en termes de perte d'emploi, de problèmes de logement, d'accès aux soins… Parfois les gens eux-mêmes reproduisent des clichés. Yamina remarque : “Les habitants de Blanc-Mesnil Sud ont un regard négatif sur les Tilleuls, qui est au nord de Blanc-Mesnil, le quartier a une mauvaise réputation.” Avec l'exposition, c'est aussi une façon de montrer le lieu où l'on vit et ce que l'on y créé. “ On a appris à regarder des photos autrement, sans texte. On a appris que nous pouvions faire un texte nous-mêmes. Ces photos qui viennent de loin, nous ont renvoyées à notre propre vécu, on ne peut pas savoir réellement ce que ces femmes ont vécu, mais elles nous permettent de parler de notre propre histoire.” Parler de sa propre histoire, c'est aussi s'inscrire dans un quartier qui vit, résiste, où le tissu associatif est riche et où les habitants sont présents, impliqués, contribuant chacun à leur manière, selon leur désir et leur disponibilité. Ce que l'exposition voudrait montrer, c'est la nécessité de la libre circulation des personnes et des idées, la nécessité d'en finir avec les images et les représentations dont l'on est quotidiennement abreuvé et qui empêchent de ressentir et de connaître la réalité dans sa complexité. Habiba, ne parlait pas français lorsqu'elle est arrivée à Blanc-Mesnil et la maison de quartier lui a beaucoup apporté : “Je croy-
ais qu'une mère de famille doit rester à la maison, faire le ménage et s'occuper des enfants. Ici, j'ai appris qu'on peut vivre autrement, j'ai appris à communiquer, à parler et à écouter et qu'une femme a le droit de s'exprimer et de revendiquer.” La Maison des Tilleuls est vécue par l'ensemble du groupe comme un lieu rare et privilégié. Un lieu avec une histoire forte et enracinée, inscrite dans la cité, avec des femmes de toutes les origines parlant une dizaine de langues différentes, et de tous les âges. Où les femmes se retrouvent depuis plusieurs années, font aussi bien de la cuisine que de l'informatique, organisent des salons de thé à thèmes, des rencontres, un festival. Où elles découvrent que le plus important, pour n'importe quelle femme, c'est de sortir de l'enfermement des murs d'un domicile, qui fait souvent écran à l'apprentissage de la langue, de la rencontre, de l'autonomie… Elaborer ensemble la réflexion puis la conception scénographique de Quelques-unes d'entre nous, penser sa circulation, la réinventer, c'est s'inscrire dans un renouvellement permanent, un dispositif où les capacités des unes et des autres sont sollicitées, où chacune devient actrice et créatrice pour exprimer un point de vue sur le monde. Choisir des images et des témoignages recueillis auprès de femmes d'ailleurs, c'est aussi tenter la transformation du monde et accepter qu'il nous transforme. Comme le souligne Absa : “On se connaît depuis longtemps, mais avec ce travail on a appris à se connaître différemment. On a appris à vivre avec d'autres, avec des femmes dont on n'aurait pas imaginé l'existence.”
Marina Da Silva
Rendez-vous au Festival 15/11 - 19h : Quelques-unes d'entre nous Exposition multimédia - Rencontre C'est l'histoire d'une rencontre avec des femmes d'un quartier en Seine Saint Denis, la Cité des Tilleuls, et des femmes d'ailleurs, de Palestine, d'Afghanistan.
La projection de l'expo sera suivie d'une rencontre avec les femmes de la Maison des Tilleuls (Blanc-Mesnil - Seine Saint Denis). En présence de Marina Da Silva, journaliste, Joss Dray, photographe et Zouina Meddour, directrice de la Maison des Tilleuls.
25
Le Hip-hop Les atouts d’un mouvement artistique et social La rencontre des logiques économiques et technologiques qui dominent nos sociétés postmodernes exacerbe la compétition et l'individualisme et laisse un vide que les institutions traditionnelles de socialisation (famille, école, dispositifs d'emploi …) ont du mal à combler. L'individu contemporain ne veut plus rentrer dans des schémas de socialisation figés dans lesquels il ne se reconnaît plus. Les jeunes ne se sont jamais autant désengagés des secteurs associatif, syndical et politique. Dans ce contexte de chômage, de crise et de méfiance, ils préfèrent composer eux-mêmes leur identité de façon originale, en puisant parmi les modèles culturels que la mondialisation a rendus accessibles. Parmi ceux-
ci, la culture hip-hop doit être envisagée comme une alternative privilégiée, un mode de vie façonnant l'existence de ceux qui s'en réclament. Des sociologues tels que Hugues Bazin1 ont en effet montré que la culture hip-hop peut être un mode de socialisation2 juvénile “une sorte de repère qui permet à ces jeunes de se composer des identités positives leur permettant de s'insérer culturellement à partir de références multiples, hétérogènes, souvent stigmatisées”3 et qu'il donne aux individus “des repères identitaires qui leur permettent de structurer leur individualité dans un environnement qui ne leur est pas toujours favorable (racisme, exclusion, échec scolaire)”.4
Naissance d'une alternative Pour comprendre pourquoi la culture hiphop5 est vécue par nombre de personnes comme alternative et militante, il convient de s'attarder sur les origines du mouvement. Le hip-hop est né dans les années '70 en réaction aux conditions de vie dans les ghettos noirs américains. En réponse à leur exclusion, les Afro-Américains disposent de peu de solutions, et beaucoup entrent dans des gangs qui s'affrontent violemment. A cette époque apparaît une nouvelle expression musicale aux origines multiples6, alors qu'un nouveau type de danse debout et au sol se développe sur les trottoirs du Bronx et que les premiers graffitis apparaissent dans le métro newyorkais. Afrika Bambaataa eut alors l'idée de détourner la violence des jeunes des ghettos en énergie créatrice grâce à ces nouvelles disciplines fortes d'un potentiel artistique inouï. Dans la rue, unique terrain de jeu, les défis artistiques s'organisaient dans un esprit de rivalité positive. Incitant
les Bboys7 à se surpasser dans leur disciplines, ils canalisaient nombre de pulsions violentes et laissaient entrevoir la possibilité d'un avenir constructif, créateur. Avec les autres pionniers du mouvement, il rassembla ces expressions artistiques sous l'appellation “hip-hop” et créa la Zulu Nation dont les principes sont expliqués dans un code de conduite qui deviendra une référence et un vecteur d'unification. Les valeurs et attitudes prônées sont la non-violence, l'antiracisme, l'émancipation, le respect de l'autre, la tolérance, le dépassement de soi, la nécessité de s'instruire, etc. Dès sa naissance aux Etats-Unis, la culture hip-hop se propage sur les cinq continents, notamment grâce aux Bboys américains de la Zulu Nation qui parcourent le monde pour faire découvrir leurs créations et incitent les novices à s'en approprier les bases. Une alternative était née.
Pour ceux qui veulent approfondir le sujet, je recommande le livre de M. Bazin : La Culture Hip-Hop, Desclée Debrouwer, Paris, 1995. 2 Guy Bajoit définit la socialisation comme “le processus par lequel l'individu, par la gestion relationnelle de soi, (re)construit sans cesse son identité, en vue de participer à la vie sociale”, in : Guy Bajoit (dir.), La socialisation des jeunes dans un monde en mutation, De Boeck Université, Bruxelles, 2000, p. 16. 3 Bodson X., La culture hip-hop comme mode de socialisation juvénile, in : Guy Bajoit (dir.), op.cit., p. 326. 4 Ibid., p.347 5 On dit “la” hip-hop pour parler de la culture tandis que “le” hip-hop se réfère au mouvement. 6 Le rap s'inspire entre autres de la musique noire américaine (soul, jazz, funk…) et la musique jamaïcaine (origine du sound system). 7 Nom donné aux jeunes hommes qui composent le mouvement. L'équivalent féminin est B.girl. 1
26
Afrika BAMBAATAA Aasim 1960"Our world is free. Be what you be" De son vrai nom Kevin Donavan, Afrika Bambaataa surnommé "le parrain du hip-hop" a donné ses lettres de noblesse à ce mouvement né dans les années '70. Comme DJ fondamental du Bronx, il est à la base de la création du collectif Zulu Nation dont le but était de rassembler les jeunes des différents gangs dans la paix et la fête. Des millions de jeunes dans le monde se reconnaissent aujourd'hui dans son message universel d'ouverture et de paix... et y ont trouvé une alternative positive à la violence et à la déprime.
27
Une école de la vie Comment expliquer que trente ans après son émergence, les passions pour la hip hop sont toujours aussi vives alors que beaucoup pensaient qu'il ne s'agissait que d'un phénomène de mode ? Deux dimensions fondamentales expliquent à mon sens pourquoi autant de jeunes se sont reconnus dans le hip-hop et continuent à faire vivre cette culture, bien loin des mass média qui en donnent une image superficielle et déformée, notamment à travers le rap business. Le premier aspect est d'ordre artistique. Proposant trois types d'expression aux déclinaisons multiples8, le hip-hop a créé un nouveau langage esthétique. La musique, la déclamation, le chant, la danse, le dessin : en tant qu'art pluridisciplinaire, le hip-hop propose un véritable choix à ceux qui s'investissent dans l'une ou l'autre expression. Le tag9 a fait de la signature un art. Le rap a inventé la poésie urbaine et poussé nombre de jeunes en décrochage scolaire à utiliser un dictionnaire. Le caractère démocratique de la pratique des arts hip-hop favorise également l'engouement. Pour rapper ou slamer, il n'est pas nécessaire d'économiser pour acheter un instrument de musique puis d'apprendre à en jouer pendant de longues années. Il suffit de savoir aligner quelques phrases. Un papier et un stylo pour taguer, un sol lisse pour breaker, les conditions matérielles ne sont pas un obstacle à la pratique d'un art hip-hop. Ce qu'il faut, c'est l'envie de créer et beaucoup de persévérance, surtout si on veut “sortir du lot”. Partout où la musique hip-hop s'exporte, les jeunes commencent par copier le style américain, puis finissent par trouver leur propre style, puisant dans leurs références culturelles propres. Parmi les différents styles de danse hip-hop (smurf, poping, locking, robot,…), le break à la particularité de se danser au sol en défiant les lois de la gravité Tout en ayant ses propres codes et particularités, il s'inspire d'autres disciplines comme l'acrobatie, les arts du cirque, la gymnastique, les arts martiaux, la capoeira, etc. De sa pratique résultent des effets bénéfiques, que ce soit en terme de condition physique, de créativité, et d'affirmation de soi.
8
Les breakers s'entraînent dans des halls de gares, des places publiques et transforment des lieux de passage en lieux de vie. Le phénomène du tag qui envahit les villes du monde traduit une volonté de se réapproprier l'espace public et de dénoncer la tristesse de l'esthétique urbaine. Le graff abolit les préjugés traditionnels de l'art en offrant une version originale du Land Art, un rempart contre la muséomania et contrecarre ainsi l'idée que l'art serait réservé à une élite. En confondant graff, tag et vandalisme, on passe à côté d'une réflexion sur notre rapport au cadre urbain que suscite ce genre de pratiques. Les rappeurs racontent leur quotidien, la vie dans leur quartier. Enfin, ils exposent leur propre vision du monde. A travers la prise de parole, les laissés-pour-compte découvrent la liberté d'expression et les constats sonnent comme des dénonciations. Le rap est devenu vecteur d'une critique de la société, en particulier pour les jeunes issus des milieux populaires et liés à l'immigration, premières victimes des mécanismes d'exclusion sociale. La combinaison de ces deux aspects explique pourquoi la hip-hop est vécue par beaucoup comme un mode de vie à part entière, une “école de la vie” favorisant l'émancipation individuelle. Au-delà de l'image qu'en donnent les médias, la culture hip-hop se vit au quotidien, comme un mode de vie à la fois artistique et résistant.
Musicale (rap, slam, deejaying, beat-boxing), corporelle (debout : smurf, popin', lockin', hypej,.. et au sol : breakdance) et graphique (tag, graff). Le tag est une signature que l'on retrouve sur les murs les plus laids de la ville, tandis que le graff est un dessin plus ou moins grand, une fresque colorée que l'on trouve dans des lieux moins exposés.
28 9
La seconde dimension est sociale, voire revendicative. Les disciplines développées apparaissent comme une résistance à la violence sociale et économique qui sévit dans les quartiers oubliés des grandes villes. Façonnées dans le moule urbain, leurs pratiques mêmes inventent de nouveaux rapports à la ville à travers l'occupation et la transformation de l'espace urbain.
Une culture universelle La déferlante hip-hop des années '80 a donc abouti à la constitution d'un mouvement à l'échelle mondiale où les événements internationaux (battles) foisonnent. Progressivement, un cloisonnement s'est opéré entre les trois grandes disciplines qui ont des évolutions parallèles. Le succès commercial du rap a donné une image tronquée du hip-hop et a occulté les deux autres expressions artistiques quasi inconnues du grand public. On constate, par exemple, une grande différence entre la marginalisation du graff et le rap qui génère d'énormes profits, alors que le break reste coincé dans le débat amateurisme/professionnalisme. Nous l'avons dit, la culture hip-hop se nourrit des apports de jeunes d'origines et d'influences diverses. Culture métissée, la hiphop séduit des personnes de tous horizons sociaux et ethniques, rapproche des jeunes de tout milieux et origines et devient un moyen de rencontre interculturelle. En con-
sidérant que la créativité peut être moteur de combats et de résistances démocratiques, cette contre-culture participe à la promotion d'une société tolérante, diversifiée, égalitaire, visant à l'émancipation des personnes et doit être défendue en tant que telle. La dimension militante de la hip-hop a fait de l'ombre à sa richesse artistique, et bien qu'avec les années on puisse considérer que la hip-hop est devenue un mouvement artistique “parmi d'autres”, la reconnaissance institutionnelle est loin d'être acquise. En Belgique, en l'absence de structure consacrée à la promotion de la hiphop, à l'exception remarquable mais insuffisante de la Fondation Jacques Gueux (rebaptisée Lézarts Urbains10), le mouvement reste plutôt souterrain, ce qui fait son “charme”, mais ôte tout espoir à ses protagonistes d'en vivre dignement. Quoiqu'il en soit, ce qui fait vivre la hip-hop, c'est la passion. Olivia Welke
Rendez-vous au Festival La Hip-Hop au Festival des Libertés Samedi 26 novembre: La dernière journée du Festival des Libertés aura pour objectif de mettre en évidence les atouts d'une culture somme toute mal connue. Une fois n'est pas coutume, les différents types d'expression hip-hop seront réunis pour une journée exceptionnelle de plaisirs, de découvertes, d'échanges, de réflexions et de souvenirs. Pour le bonheur des yeux, des oreilles et des cœurs militants. Le programme de la journée proposera : - des ateliers : breakdance (danse au sol), écriture (rap, slam) et mixage (Deejaying). L'objectif est de permettre un premier contact avec les techniques de bases et d'encourager la créativité. - une table ronde : le hip-hop a beaucoup évolué ces vingt dernières années et les enjeux ont changé. Les intervenants de la
10
http://www.lezarts-urbains.be
table ronde (18h) tenteront de faire le point sur l'évolution du mouvement, ici et ailleurs et sur ses perspectives d'avenir. - des prestations artistiques par les valeurs montantes ou confirmées du mouvement hip-hop en Belgique. Les meilleurs breakers belges du moment feront un “battle ” tel qu'il se déroule dans les compétitions de breakdance. Des DJ, rappeurs et slameurs belges assureront l'ambiance musicale. Des artistes français et anglais seront aussi mis à l'honneur pour mettre en évidence les connections internationales du mouvements hip hop et sa vitalité à l'étranger. Jaba, graffeur liégeois hors pair, réalisera un graffiti sur le thème des libertés. Que vous soyez novices, passionnés ou simplement curieux, vous ne regretterez pas cette rencontre avec quelques-unes des figures emblématiques du mouvement hiphop en Belgique.
29
Marcel Khakifé Musicien libanais de renommée mondiale, artiste de l'Unesco pour la paix, Marcel Khalifé est devenu le symbole de toute une génération, tant dans le Moyen Orient que dans le monde entier. Si le Festival des Libertés entend promouvoir la défense d'une société de libertés, progressiste et démocratique, une société riche d'échanges où la mise en valeur des liens qui nous rassemblent participe à déconstruire certaines représentations figées, Marcel Khalifé en est une incarnation possible. Maître incontesté de l’oud, le luth oriental à qui il donne une vie propre, Marcel Khalifé dépasse les règles d'interprétation stricte, étend le champ des sonorités et en élargit le potentiel. Artiste et musicien polyvalent, il tente de préserver l'héritage musical arabe tout en le révolutionnant. Passeur de frontières, il combine avec brio et audace l'ancienne tradition musicale arabe et des éléments et instruments occidentaux, rappelant de la sorte la contribution de la musique orientale dans l'évolution musicale occidentale.
Messager de paix, Marcel khalifé ne peut être réduit à sa dimension purement musicale. Le parcours de l'homme et celui de l'artiste se fondent dans une vision humaniste et globale. Grâce à son art et à travers lui, il a lutté pour la justice en Palestine. Loin de tout confessionnalisme, il a combattu pour la paix au Liban et pour la primauté de l'homme. Son message est un message d'amour transcendant le fanatisme et l'intolérance, mais aussi un message de résistance. Sa musique et sa voix deviennent un infatigable chant d'amour et de fraternité aux victimes de l'oppression quelle qu’en soit la forme. Artiste engagé, pour qui “se taire” est synonyme “d'approuver” lorsqu'il s'agit d'injustice, d'obscurantisme et de haine, Marcel Khalifé et son oud constitueront à n'en pas douter un moment fort du Festival des Libertés 2005.
Le 12 novembre à 20h au BOZAR En collaboration avec les Bozar et Maussem dans le cadre du Festival de Luth
Rendez-vous au Festival 15/11 - 20h30 : La vie rêvée de Fatna Avec force et lucidité, les textes de Rachida Khalil et Guy Bedos nous racontent les destins croisés de trois femmes d'aujourd'hui, par petites touches, parfois féroces ou déchirantes, mais toujours drôles. Après un succès retentissant en France, une première belge à ne pas manquer !
“Rachida Khalil incarne au fil de différents personnages le destin annoncé de la femme arabe, le racisme ordinaire de la voisine de palier et la soif de liberté des filles de sa génération. Cette batailleuse de charme est drôle, féroce, tendre. (…)” Le NOUVEL OBS, 20-01-05 Production Théâtre de Suresnes Jean Vilar
Aiguillages asbl Service Laïque d'accompagnement administratif. Dimanche 11 décembre 2005 Projection du film de Julie Bertucelli Depuis qu'Omar est parti. Lieu : Centre Culturel Jacques Franck à 1060 Saint-Gilles à 10h30. DDrrooiitt dd''eennttrrééee :: 88 €.. RReennsseeiiggnneem me en nttss 0 02 2/ /5 53 34 41 10 04 47 7..
AJL Woluwé-Saint-Pierre et l'AML d'Auderghem Samedi 8 octobre 2005 Rallye pédestre en forêt de Soignes et/ou buffet tartines/fromage blanc. Départ à 14h30. PP..AA..FF :: rraallllyyee 44 € ((eennffaannttss 33 €)) ,, rreeppaass 88 € ((eennffaannttss 55 €)) .. II ll eesstt ppoossssiibbllee ddee ppaarrttiicciippeerr sseeuullee-me m en ntt àà ll''u un ne ed de ess d de eu uxx aaccttiivviitté éss.. RReennsseeiiggnneem me en nttss:: 0 02 2/ /7 76 62 20 06 63 32 2o ou u0 02 2/ /7 77 70 01 19 94 45 5..
Amis de la Morale Laïque d'Anderlecht avec le soutien du centre culturel d'Anderlecht Du 24 octobre au 29 octobre 2005 inclus Exposition "Le latin dans la publicité". Lieu : Salle Eugène Baie, rue du Chapelain 1 à 1070 Anderlecht. OOuuvveerrtt ttoouuss lleess jjoouurrss ddee 99hh àà 1122 hh eett ddee 1133hh3300 àà 1166hh,, llee ssaam meeddii ddee 1100hh àà 1133hh eett ddee 1144hh àà 1177hh ((ffeerrm mé é lle ed diim maan ncch he e)).. EE n nttrré ée e lliib brre ee ett g grraattu uiitte e.. RReennsseeiiggnneem me en nttss :: 0 02 2/ /5 52 22 22 20 05 57 7o ou u aam mllaa@ @b be ellg gaacco om m.. n ne ett..
VViissiittee gguuiiddééee ppoouurr ll eess ggrroouuppeess uunniiqquueem meenntt ssuurr rréésseerrvvaattiioonn aauupprrèèss ddee M Mm mee CCll éém myy OOllbbrreeggttss aauu 0022// 552233 3322 4499.. Du 21 au 26 novembre 2005 inclus Exposition "De Viris: personnages illustres de la Rome antique". LLiieeuu :: SSaallllee EEuuggèènnee BBaaiiee,, rruuee dduu CChhaappeellaaiinn 11 àà 11007700 AAnnddeerrlleecchhtt.. OOuuvveerrtt ttoouuss lleess jjoouurrss ddee 99hh àà 1122 hh eett ddee 1133hh3300 àà 1166hh,, llee ssaam me ed dii d dee 1100hh àà 1133hh eett ddee 1144hh àà 1177hh ((ffeerrm mé é lle ed dii m maan ncch he e)).. EE n nttrré ée e lliib brre e.. RReennsseeiiggnneem me en nttss :: 0 02 2/ /5 52 22 22 20 05 57 7o ou u aam mllaa@ @b be ellg gaacco om m.. n ne ett..
VViissiittee gguuiiddééee ppoouurr ll eess ggrroouuppeess uunniiqquueem meenntt ssuurr rréésseerrvvaattiioonn aauupprrèèss ddee M Mm mee CCll éém myy OOllbbrreeggttss aauu 0022 552233 3322 4499.. Dimanche 2 octobre 2005 Rallye automobile dans le Pajottenland. Tout au long du parcours, il y aura des points-relais où les participants seront soumis à une série d'épreuves. Départ à 10 h (accueil dès 9h00) au site du Luizenmolen rue des Papillons à Anderlecht. De 12h30 à 14h30 : repas à la “Groene Poort”, Dorpstraat 31 à Gooik. Arrivée prévue au Luizenmolen vers 16h30. Remise des prix à 17h30. LLaa ppaarrttiicciippaattii oonn aauu rraallllyyee eett llee rreeppaass ddee m mii d dii ((p pll aatt e ett d de esssse errtt)) sso on ntt p prro op po ossé éss aau up prriixx d de e2 20 0€ ppaarr ppeerrssoonnnnee ((1100 € ppoouurr lleess m mo oiin nss d de e1 12 2 aan nss)) .. RRéésseerrvvaattiioonn iinnddiissppeennssaabbllee aauupprrèèss dd''IIssaabbeellllee EEm mm me erryy aau u0 02 25 52 22 22 20 05 57 7 oouu ppaarr m maaiill :: aam mllaa@ @b be ellg gaacco om m..n ne ett
AML de Jette Mercredi 12 octobre 2005 Conférence de l'Union Rationaliste par Yves Roggeman (professeur et vice-recteur de l'ULB qui fut une des personnes-clés du processus de Bologne en Belgique “L'espace européen de l'enseignement supérieur et le processus de Bologne”. LLii eeuu :: CCAALL CCOOM M (( U ULLB B,, P Paarrkkii n ng g2 2 aavve en nu ue eA Arrn naau ud d FFrraaii tte eu urr 3 30 01 10 05 50 0B B rru uxxe elllle ess)) àà 2 20 0h h.. PP..AA.. FF :: GGrraattuuiitt ppoouurr lleess m me em mb brre ess d de e ll ''U UR RB B,, aau uttrre ess 2 2 €,, é éttu ud dii aan nttss 1 1 €.. RReennsseeiiggnneem me en nttss :: b be en n..rro od drriig gu ue ezz@ @n niim mb blle essiitte e..cco om mo ou u0 04 47 75 5/ /7 74 49 92 28 82 2..
Le Centre régional du Libre Examen, L'Espace Senghor et La Revue Politique Mercredi 28 septembre 2005 vous convient à une Soirée THEATRE suivie d'un DEBAT Mercredi 28 septembre 2005. A 19h30 : représentation du spectacle « Fabbrica » d'Ascanio Celestini, mise en scène de Pietro Pizzuti avec Angelo Bison (production du Théâtre du Rideau de Bruxelles). A 21h Conférence-débat : « Le mouvement ouvrier à l'épreuve de la mondialisation : quel syndicalisme pour demain ? » Avec Raymond COUMONT, secrétaire général de la Centrale nationale des employés et Mateo ALALUF, sociologue, professeur à l'ULB Présentation et animation du débat : Henri GOLDMAN, POLITIQUE, réseau de débats. PP..AA.. FF.. :: 1111 € -- 77,,55 € ((eenn pprréévveennttee aauu CCeennttrree CCuullttuurreell dd''EEtttteerrbbeeeekk)),, 99 € ((ccaarrtteess JJ,, sseenniioorrss eett ddeem maan nd de eu urrss d d''e em mp pllo oii)) -- P Paarrtte en naaiirre ed de e ll''A A rrttiicclle e2 27 7.. A Accccè èss àà llaa cco on nffé érre en ncce eg grraattu uiitte e.. LLii eeuu :: CCeennttrree ccuullttuurreell dd''EEtttteerrbbeeeekk -- EEssppaaccee SSeenngghhoorr,, 336666 cchhaauussssééee ddee W Waavvrre e ((P Piié étto on nn niie err JJoouurrddaann)) -- 11004400 BBrruuxx eell lleess..
RReennsseeiiggnneem meennttss eett rréésseerrvvaattiioonnss:: CCeennttrree dduu LLiibbrree EExx aam meenn :: -- 6666 rruuee CCooeennrraaeettss àà 11006600 BBrruuxxeelllleess FFaaxx :: 0022// 553355 0066 9933 -- TTééll :: 0022// 553355 0066 7799//7788 CCoouurrrriieell :: ffssiiddiibbee@ @cceennttrreelliibbrreexx ..bbee
Bureau Administrateurs
Direction de rédaction
Comité
Présidente: Ariane HASSID Vice-Présidente: Pascale SCHEERS Vice-Président: Michel PETTIAUX Secrétaire: Francis DE COCK Trésorier: Jean-Antoine DE MUYLDER Philippe BOSSAERTS Sara CAPELLUTO Carmen CASTELLANO Michel DUPONCELLE Francis GODAUX Eliane PAULET Paul Henri PHILIPS Yvon PONCIN Johannes ROBYN
Fabrice VAN REYMENANT
Sophie LEONARD Ababacar N’DAW Olivia WELKE Cécile RASSINFOSSE Paola HIDALGO Mario FRISO
GRAPHISME Cédric BENTZ & Jérôme BAUDET EDITEUR RESPONSABLE Ariane HASSID, Présidente de Bruxelles Laïque, 18-20 Av. de Stalingrad - 1000 Bruxelles ABONNEMENTS La revue est envoyée gratuitement aux membres de Bruxelles Laïque. Bruxelles Laïque vous propose une formule d’abonnement de soutien pour un montant minimum de 7€ par an à verser au compte : 068-2258764-49. Les articles signés engagent la seule responsabilité de leurs auteurs.