Bruxelles_Laique_Echos_2006_03

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Sommaire EDITO DOSSIER : LAICÏTÉ PHILOSOPHIQUE Introduction Pierre Galand La Laïcité philosophique : un moteur de progrès de notre société Philippe Grollet Un humanisme délivré des dieux... Guy Haarscher Laïcité philosophique ou philosophie(s) de la laïcité Entretien avec Anne Morelli historienne des religions Felice Dassetto Loi des cultes : statu quo ou changement ?

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LU POUR VOUS Quelle spiritualité aujourd’hui ?

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PORTAIL Laïcité philosophique

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EN MOUVEMENT 35 ans de défense du cours de morale laïque

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• Photo couverture : Aline Franck

Bruxelles Laïque est reconnue comme association d’éducation permanente et bénéficie du soutien du Ministère de la Communauté française, Direction Générale de la Culture et de la Communication, Service de l’Education permanente. Bruxelles Laïque asbl Avenue de Stalingrad, 18-20 - 1000 Bruxelles Tél.: 02/289 69 00 Fax: 02/502 98 73 E-mail: bruxelles.laique@laicite.be www.brux.laicite.be


Edito rial

“L’ignorance et la peur, voilà les deux pivots de toute religion.” Paul Henry Thiry d’Holbach

Le sens d’un combat

Nous avons voulu consacrer ce numéro à la laïcité philosophique, d’une part, parce qu’elle est l’essence de notre philosophie politique et de notre action sociale, et d’autre part, pour souligner son rôle moteur dans l’émancipation des mentalités et l’évolution de la culture publique sociale. En revendiquant dans le passé, les droits de la conscience comme principe politique, elle a ouvert des espaces de libertés, de progrès intellectuels et moraux, qui ont façonné le visage de notre modernité. Cette modernité si chèrement acquise est aujourd’hui remise en cause par une somme de réalités qui menacent la paix sociale et les libertés individuelles. Elles se nomment : - retour insidieux du religieux et de la morale de l’ordre, de la soumission et du conformisme dans l’espace public et les mentalités - montée du communautarisme et du fondamentalisme qui proposent un ancrage religieux, la rupture sociale, le refus du modernisme, de la science et prônent la violence politique. - extrême droite, catholique et politique qui menace la cohésion sociale, l’identité nationale, les libertés individuelles et publiques. - pouvoir des médias, de par leur rôle dans les constructions collectives de représentations qui le plus souvent faussent la perception de la réalité et le jugement des individus. - déterminisme social, misère, précarité, comme facteurs d’inégalité de chances. - racisme, discriminations, sexisme et homophobie, toujours actifs dans la vie sociale. Face à tous ces défis nouveaux et cruciaux, où il s’agira tout autant de libérer l’homme de la soumission à Dieu, que de protéger l’individu des systèmes idéologiques de pouvoir et de domination, quelle orientation donner à notre combat ? Quelles réponses sommes-nous à même de proposer dans une société secouée par une crise de valeurs morales, de sens social et politique ? Au regard de notre rôle dans le passé, comment pourrait se définir celui que nous avons impérativement à assumer aujourd’hui pour défendre l’espace public et le respect effectif des libertés ? Ces questions, à notre avis, dessinent les contours d’enjeux vitaux pour le devenir, l’expansion et la pérennité des valeurs laïques dans la société. La fin de l’hégémonie spirituelle de l’église catholique dans l’espace public et dans les mentalités peut, certes, élargir et renforcer notre pouvoir d’influence dans la société, mais tout dépendra de notre capacité à proposer un sens, politique, social, culturel qui épouse les aspirations communes et diverses des individus à s’émanciper de toutes formes de tutelle. Non seulement de celle des religions, mais aussi des pouvoirs organisés qui cherchent à assujettir leur libre-arbitre, à dérégler leur jugement ou à museler leur liberté d’expression. La religion est certes, l’adversaire politique, historique, culturel et emblématique de la laïcité philosophique, mais elle n’est pas la seule comme nous l’avons illustré plus haut. Voilà pourquoi, plus qu’un contre-pouvoir face aux religions, la laïcité philosophique doit être perçue comme un outil de développement politique et social, dont la vocation ultime est d’émanciper les individus et de favoriser l’édification d’une société libre, libérée et libératrice. Ariane HASSID Présidente

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DOSSIER

La laïcité philosophique

aujourd’hui

Il semblerait, pour reprendre une image “baudelairienne”, que la laïcité philosophique oscille aujourd’hui entre deux postulations, deux tendances marquées. L’une voulant l’enracinement dans la défense des valeurs et des droits de la communauté des non-confessionels, et l’autre, l’ouverture et l’adaptation nécessaire à l’évolution de notre société et aux réalité du monde. La tension ou la tentation existe, communautaire d’un côté, et universaliste de l’autre. A l’instar donc, pourrait-on dire, du catholicisme ou de l’islam, la laïcité philosophique ne semble pas échapper à une crise de sens éthique et politique, qui, sans aucun doute, interpelle sa capacité à renouveler sa pensée, sa vison de l‘individu, de la société et du monde. En ce sens, la laïcité philosophique doit-elle rester un combat communautaire à vocation sociale ou devenir un combat social à vocation universelle ? Doit-elle seulement s’inscrire dans “La défense des droits des non croyants” ou au contraire transformer son engagement communautaire en engagement pour la citoyenneté ? Nous avons à propos de ce qu’on pourrait qualifier de “dilemme laïque”, interpellé des personnalités de la laïcité organisée, reconnues pour leur engagement et la profondeur de leur réflexion, comme Anne Morelli, Philippe Grollet, Pierre Galland, Guy Haarscher et à des personnes extérieures comme Felice Dassetto, dont le

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point de vue est sensiblement proche du notre. Nous leur avons à tous, posé la question suivante : “La laïcité philosophique a historiquement constitué une force de changement dans la société belge en tant qu’instrument de progrès moral et intellectuel. Face aux évolutions-mutations inhérentes à la modernité (perte de sens, déclin des valeurs collectives au profit d’un individualisme exacerbé, retour du religieux, désarroi moral, chocs culturels..) la laïcité philosophique a-t-elle toujours ce rôle de moteur de changement bénéfique pour la société ? Comment peut on mesurer l'influence de la laïcité philosophique sur l'évolution de notre société, sur nos références, nos modes de vies ?” Nous avons réuni l’ensemble de leurs réponses dans ce dossier que nous vous invitons à découvrir, et qui nous l’espérons, vous permettra de mieux saisir la nature des enjeux de la laïcité philosophique, confrontée aux offensives insidieuses du religieux dans l’espace public, à la montée communautarisme, à la banali-sation des discriminations, et à l’adhésion de plus en plus manifeste d’une partie de l’opinion publique, aux thèses et idéaux de l’extrême droite politique.


Marx Ernst “les dieux obscurs” © Galery Anthony d’Offay - Londres

La laïcité philosophique :

un moteur de progrès de notre société Par Pierre GALAND*

Est-il possible de mesurer l’influence de la laïcité philosophique sur l’évolution de notre société, sur nos modes de vies ? La philosophie n’est-elle pas un questionnement de l’être en ce monde, une réflexion sur la sagesse, sur notre présence au monde, sur notre devenir individuel et collectif ? Il me paraît incontournable de faire le lien avec la laïcité politique dans la mesure où c’est elle qui représente le champ d’action qui permet aux laïques de faire face aux “évolutions-mutations inhérentes à la modernité”.

Voici donc une série de réflexions à partir des interpellations faites aux laïques, et au mouvement laïque, s’ils veulent rester à l’avant-garde de ce que j’appellerai, le progrès de l’humanité. On ne peut en effet se revendiquer des valeurs des Lumières et de la Déclaration des droits de l’Homme sans être en permanence mobilisé pour leur réalisation et leur défense opiniâtre. L’injustice et l’insolidarité doivent nous révolter et nous motiver dans l’action en tant que laïque, car, justice et solidarité comme fondement de la construction

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sociétale, sont une fin en soi et non un précepte de droit divin.

grandes villes. Ce sera le tour de Bruxelles début novembre 2006.

La mutation inhérente à la modernité que nous connaissons est bien plus que perte de sens, ou déclin des valeurs collectives. C’est un phénomène sans précédent dans un cycle court de l’histoire de l’humanité. Nous sommes, depuis 30 ans, entrés de manière accélérée dans un nouveau contexte international, auquel aucune nation, ni même aucun peuple de la planète, n’échappe. Les uns, consommateurs de biens et services, sont soumis à cette nouvelle servitude de “l’avoir” moderne. Ils y sont entraînés par une série de techniques nouvelles telle la publicité de masse. Ce n’est plus le productivisme qui aliène mais le consumérisme. Les autres, vivant essentiellement dans le Tiers-monde mais aussi chez nous, sont victimes d’exclusion car ils ne participent pas du circuit économique et s’organisent dans la survie à la périphérie du modèle dominant.

L’athéisme et l’agnosticisme progressent-ils en Belgique ? Y a-t-il eu, en corollaire à la “déchristianisation” une plus grande conscience des Belges d’appartenir à une communauté philosophique non confessionnelle ? Les démocrates laïques non confessionnels imaginent-ils que les garanties de liberté en matière d’option spirituelle et de neutralité de l’Etat constituent en soi un cadre suffisant pour l’épanouissement de la laïcité philosophique ? Les démocrates qui font confession d’une religion, et qui attendent la même neutralité de l’Etat, partagent-ils cette préoccupation ? L’environnement européen, celui de l’Europe - élargie à la Pologne notamment - l’influence croissante de la pensée chrétienne nord-américaine et celle de l’Islam, sont autant de phénomènes qui renforcent la présence du religieux ou des religieux dans nos sociétés. Et la désaffection, ou le recul pris par un nombre important de chrétiens et de musulmans par rapport à leurs églises et mosquées, n’empêche nullement celles-ci d’accroître leur visibilité. Rappelons-nous le déferlement médiatique autour de la mort du pape. Cette visibilité accrue n’est pas innocente et vise à faire passer, au travers des mass média, différents messages dont certains s’adressent clairement aux législateurs nationaux et européens.

A partir de là, comment entamer une réflexion sur le rôle moteur de changement pour la société dont se revendique la laïcité philosophique ? D’entrée de jeu, j’avancerai que l’Etat demeure encore, en ce 21ième siècle, un levier essentiel pour garantir, par un corpus de lois approprié, la séparation des Eglises et de l’Etat. Croire que cette séparation entre l’espace public et la sphère privée, en laquelle le citoyen exprime librement ses convictions philosophiques et religieuses et exerce des pratiques cultuelles, est un acquis, est quotidiennement démenti dans les faits. D’autre part, quelle est l’ampleur de la “déchristianisation” ? Cela a-t-il une influence sur l’élargissement d’un consensus de type républicain quant aux progrès de la séparation Eglises/Etat ? Si l’on s’en réfère aux enquêtes publiées régulièrement par les centres de sociologie religieuse, de moins en moins de Belges se sentent liés à l’institution religieuse et soumis aux préceptes de l’Eglise catholique. Ceci est vrai dans la plupart des pays d’Europe latine. Pour autant cela les libèret-il de l’espace sociologique chrétien ? Cette réalité interpelle en tout cas l’Eglise de Malines et l’amène, en coordination avec Rome, à organiser des actions européennes de “ré-évangélisation” des

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La mode aujourd’hui dans les médias est de mettre face à face ou face au public, côte à côte, un curé, un rabbin, un imam, un pope, un pasteur… et un représentant laïque. Cela me pose problème dans la mesure ou l’athéisme, pas plus que l’agnosticisme, ne participent du cultuel. Ils ne se réfèrent pas au divin, n’ont ni textes sacrés ni catéchisme. Les fondements de la laïcité philosophique sont ceux de la modernité dans son ensemble, dans son effort pour faire progresser la société et l’humanité, en dehors de toute référence divine, surnaturelle ou métaphysique. Il n’y a ni Vatican ni Mecque de la laïcité. Il existe d’ailleurs en Europe une multitude de formes et d’expressions de la laïcité qui résulte de l’histoire européenne, marquée par les différents conflits entre l’Eglise de Rome et les Etats. Le modèle européen de la laïcité est riche de sa diversité et il serait dangereux de laisser entendre que seule la France représenterait, en quelque sorte,


l’aboutissement du modèle de la laïcité européenne. Ce qui donne sens commun au modèle européen, c’est d’avoir fait de la religion une affaire strictement privée et d’y avoir abouti au terme de modalités très différentes d’un Etat à l’autre. Aujourd’hui, deux grands courants semblent converger en Europe en ce qui concerne la laïcisation, comme le souligne le philosophe Pierre-Henri Tavoillot, président du Collège de Philosophie à la Sorbonne. “L’autonomisation de la société à l’égard de la religion peut en effet se produire soit d’en haut, à partir de l’Etat – logique de laïcisation – soit d’en bas, à partir de la société civile elle-même – logique de sécularisation”. Ceci l’amène à dire que la séparation de l’Eglise et de l’Etat n’est pas l’unique preuve de laïcité. Une lecture des lois fondamentales des différents pays européens est utile et importante à cet égard. On y voit comment se construit légalement l’autonomisation de la société à l’égard de la ou des religions, au nom de la liberté de conscience ou de la promotion des droits humains les plus fondamentaux. La plénitude des garanties d’égalité entre les deux sexes et l’égalité en droit des options philosophiques en sont deux paradigmes essentiels à mes yeux. Cette richesse des expériences, des combats et la diversité des progrès réalisés, sont importantes car elles permettent à d’autres pays de construire petit à petit une laïcité adaptée à leur histoire, à leur culture et aux défis particuliers rencontrés face à la religion la plus répandue, voire même la religion d’Etat. La laïcité philosophique constitue donc, tant pour l’individu que pour la communauté à laquelle il peut souhaiter appartenir, une recherche, un engagement qui concerne la citoyenneté, une démarche opérative en vue de la construction d’une société émancipatrice, libératrice mais aussi ambitieuse pour la promotion et l’accomplissement des droits humains : chantier d’une exigence sans précédent, compte tenu de notre insertion dans le village planétaire. Fille des Lumières, la laïcité philosophique est fondée sur les valeurs positives d’égalité, de fraternité et de liberté. Elle se situe à l’avant-garde d’une conception de vie, d’une éthique et de la construction

ardue du sens non révélé que l’être humain, tous les êtres humains, cherchent à donner individuellement et collectivement à leur destinée. C’est la raison pour laquelle je suis convaincu que la laïcité, et particulièrement la laïcité organisée, est capable d’être une force de transformation de la société pour assurer le progrès de l’humanité. L’exigence qui est la nôtre est, bien entendu, de réfléchir afin de redéfinir et de préciser sans cesse le cadre conceptuel dans lequel la laïcité organisée conçoit son projet de société et organise sa mise en oeuvre. Cette exigence est d’autant plus forte que le monde qui nous entoure est loin d’avoir fini la mutation qu’il vit depuis maintenant 30 ans, avec la double accélération due à l’implosion de l’URSS et à l’émergence d’une confrontation entre les pays dit émergents du Sud et les EtatsUnis et leurs alliés (Lire dans un document étasunien préparatoire à la réforme de l’Otan les termes “missions civilisatrices de l’Otan” donne froid dans le dos). Dans nos sociétés, semble dominer un désenchantement, une désaffection tant du politique que du cultuel. Cela tient en grande partie, comme l’explique Jacques Attali, par le fait que nombre de concepts fondamentaux autour desquels nous fonctionnons, en politique comme en laïcité, remontent à la fin du 18ième siècle et ont été conçus dans un espace donné, celui des nations. Or ces frontières ont explosé sous le coup des deux guerres mondiales du siècle dernier et sous l’émergence dominatrice du “tout au marché” de l’économisme actuel. Le global, la mondialisation sont imposés et nous imposent de relever les enjeux d’une dimension sans précédent, s’agissant d’organiser le vivre ensemble de peuples différents. Comme le dit Attali, “peut-on vivre ensemble quand on est des peuples différents ? Y-a-t-il une survie possible de l’espèce humaine ? Est-ce que les conflits de génération sont supportables ?”. Nous voilà donc propulsés au-delà de nos concepts traditionnels, obligés d’affronter un devenir d’une exigence sans précédent pour le “vivre ensemble” planétaire. Quelle est la place des laïques dans cette nouvelle globalisation des enjeux et des défis ?

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A nous de sortir de nos conforts intellectuels, à nous de redéfinir nos exigences de laïques dans ce cadre nouveau et déstabilisant. Faute de moyens, nous n’y occupons pas la place qui nous permettrait de faire avancer nos propositions d’hommes et de femmes probes et libres. Nous n’apparaissons pas dans les différents courants altermondialistes. Nous sommes sous-représentés à l’échelle européenne, face aux lobbies religieux de type scientologiste, évangéliste, Opus Dei, Lefébriste, islamiste. Nous n’occupons pas l’espace pourtant disponible et attendu, en vue de faire entendre, de défendre et d’avancer des propositions humanistes laïques, tant au niveau européen que dans les enceintes internationales. Enfin, j’ai rencontré à travers le monde, dans le cadre de missions de coopération, des hommes et des femmes luttant contre l’obscurantisme des sectes et des religions intégristes, pour la promotion du libre examen et des droits des humains. Il est choquant de constater la solitude de ces personnes et l’absence d’un réseau international de coopération pour soutenir ceux qui, dans des circonstances tellement difficiles, mènent le combat laïque pour nos idéaux communs.

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Il s’agit donc d’établir un état des lieux de l’influence actuelle de la laïcité sur l'évolution de notre société “intégrée” dans l’Europe et la globalisation planétaire. Deux pistes sont, pour moi, prioritaires. La première : redonner du sens à la vie des gens sans qu’ils doivent recourir aux différents divins en mettant à leur disposition les instruments qui leur permettront de créer de l’égalité, de la solidarité et du bonheur. La seconde : participer plus activement à donner à la jeune génération les clefs de la compréhension de nos sociétés, principalement par une éducation de qualité pour tous, en combattant toutes formes de replis sur soi (replis identitaires, égoïstes) tant au local qu’au global. Cela fait partie des défis à relever dans notre travail commun pour le progrès de l’humanité. Pierre GALLAND *Sénateur, Elu président du CAL en 2006, il endossera la fonction présidentielle en mars 2007.


délivré des dieux…

Un humanisme

Par Philippe Grollet*

Depuis l’aube des temps, les hommes ont été confrontés à la peur d’un environnement hostile, incompréhensible et à l’angoisse de la mort. Pour expliquer l’inconcevable, ils ont inventé les dieux. Pour vaincre leurs peurs, ils ont eu recours à la magie. Pour apprivoiser la mort, ils ont imaginé un au-delà, paradisiaque. Aux peuples barbares et cruels correspondaient des dieux barbares et cruels. Comme aujourd’hui, le dieu des fanatiques est intolérant et fanatique. Alors que le

dieu des humanistes, quels qu’ils soient, est un dieu d’amour, de générosité et d’ouverture. C’est donc bien l’homme qui crée “dieu” à son image et à sa ressemblance. Au fil du temps, les religions ont organisé les rapports des hommes avec leurs dieux, dont, en gardiennes de la mythologie, elles ont codifié l’histoire. Elles ont décrété le “vrai dieu” (le leur) et les “faux dieux” (ceux des autres). Rabbins, prêtres, imams, pasteurs se sont érigés en interprètes des

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dieux et l’autorité qui en découle en a fait des moralistes, pour le meilleur et pour le pire. Les religions ont favorisé le dépassement de soi et contribué à présenter aux individus une autre dimension de l’humain : audelà du “moi”, de la famille et même de la tribu. Mais elles ont souvent prétendu détenir la vérité et se sont laissées instrumentaliser, à toutes les époques, par les chefs et les sorciers, les hommes du pouvoir et les hauts dignitaires religieux, qui ne se sont pas privés d’utiliser Yahvé, Jésus ou Allah pour asseoir leur autorité, étendre leur pouvoir et lever des armées pour satisfaire leurs cyniques intérêts. Aujourd’hui encore, on mesure à quel point la religion est utilisée dans presque tous les conflits. Par ailleurs, les profondes mutations sociales, politiques, économiques et technologiques du dernier siècle et, singulièrement des dernières années, ont fait émerger, dans tous les domaines, nombre de questions nouvelles. Et on ne conçoit pas sérieusement trouver des réponses, voire des enseignements utiles, dans des doctrines religieuses arc-boutées sur des textes millénaires ne rendant évidemment pas compte des problématiques contemporaines. Imagine-t-on trouver dans la Torah, les Évangiles ou le Coran, des indications sur la manière de codifier la fécondation humaine ou les recherches sur embryons ? Certains s’y essayent mais la mystification est par trop évidente. Une idée déjà très ancienne…. Au 6e siècle avant JC en Ionie, des penseurs précurseurs recherchaient une explication aux phénomènes naturels en dehors des mythes et qui soit acceptable pour la raison. Par l’observation, le raisonnement, en appliquant une démarche de type scientifique, ils développaient des théories sur l’origine du monde et son devenir. Le sophiste Protagoras d’Abdère (485-411) livrait déjà une pensée subversive, tant du point de vue de la religion que de la politique. C’est à lui que nous devons L’homme est la mesure de toute chose, un aphorisme d’une stupéfiante modernité qui lui vaudra une condamnation pour impiété. Pour Diagoras de Melios, (415 avant JC), la croyance dans les dieux est née de la frayeur des hommes devant les phénomènes naturels. Les Sceptiques, donnant une définition positive du doute,

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apparaissent comme les précurseurs du libre examen, Pyrrhon (360-v. 272 av. JC) introduit l’idée qu’il est impossible de connaître la moindre vérité et qu’il faut donc suspendre son jugement. Enfin Épicure (341-270 av JC), affranchi des dieux, substitue à leur adoration la recherche du bonheur proposant une réalisation terrestre à l’homme : “En ce qui concerne les dieux, il n’y a rien à craindre. De même, il n’y a rien à craindre de la mort. L’être humain est capable d’être heureux. Il peut supporter les douleurs de l’existence.” Aujourd’hui, en Belgique et aux Pays-Bas, entre 40 et 50 % de l’ensemble de nos concitoyens se détachent des mythologies … et des religions qui les portent. Un phénomène semblable est observable dans toute l’Europe. Il gagne même la très chrétienne Europe centrale et orientale. Cela ne veut pas dire que toute cette population verse dans le nihilisme, le cynisme et l’immoralisme, même si beaucoup, à l’intérieur et à l’extérieur des religions, peuvent être tentés par le repli sur soi et l’adoration d’un nouveau dieu, le dieu-marché. Si haut que remontent les fondements de l’athéisme philosophique, aussi appelé “laïcité philosophique”, son émergence sur le plan social est tout à fait récente. Certaines enquêtes le mettent en évidence : aujourd’hui, de 30 à 40 % de la population belge a cessé de croire en dieu. Que les agnostiques ou les athées soient un peu plus ou un peu moins nombreux importe peu. D’ailleurs, la valeur d’une conception, qu’elle soit religieuse, laïque, philosophique, scientifique ou artistique, ne tient évidemment pas au nombre de ses adeptes. Aujourd’hui, l’athéisme philosophique est un phénomène de masse alors qu’il y a à peine 150 ans, il ne concernait que de rares intellectuels, complètement isolés, jusque dans leur proche famille. Dans une société multiculturelle et multiconvictionnelle comme la nôtre, la priorité des priorités est celle du “vivre ensemble”. Avec les guerres de religion, la vieille Europe a payé le prix. A la doctrine “un prince – une religion” prétendant créer l’unité de l’Etat (et la paix intérieure), à la soumission du peuple à la religion de son roi, a succédé le modèle de “laïcité politique”.


La laïcité politique, avec des modalités très diverses, s’est imposée progressivement dans tous les Etats démocratiques. Le modèle français, dont la loi de séparation des Eglises et de l’Etat est l’instrument le plus connu, n’est qu’une de ces modalités. La “laïcité à la belge” en est une autre. Et chaque Etat de droit, en fonction de son histoire et de ses rapports de force intérieurs, a aménagé les rapports entre le politique et les religions.

Les associations non confessionnelles (qu’on désigne parfois sous le néologisme de “laïcité organisée”) mènent de longue date (et, bien avant la fondation du CAL en 1969) un combat pour une société laïque, dotée de pouvoirs publics impartiaux, garants des droits humains et d’une séparation effective des Églises et de l’Etat. C’est le sens de la “laïcité politique”, dont le CAL n’a pas, et ne revendique d’ailleurs pas, l’exclusivité.

L’Etat laïque tend à l’impartialité en matière philosophique et religieuse, il refuse d’intervenir dans les affaires intérieures des communautés confessionnelles, comme il refuse aux Églises d’intervenir dans les affaires publiques, il tend à n’accorder aucun privilège à la religion dominante et à n’imposer aucune charge particulière aux citoyens quelles que soient leurs convictions, religieuses ou philosophiques. Il s’agit bien entendu d’un objectif à atteindre. Car il faut bien le constater, dans un pays comme la Belgique, où la laïcité politique a pourtant fait d’énormes progrès en trente ans, ces principes sont encore loin d’être totalement respectés.

Parallèlement, le CAL et ses différentes composantes défendent les valeurs et les droits des membres de la communauté des “non-confessionnels”, qui ont des conceptions particulières en matière de dogmes, de transcendance ou de vérités révélées. Mais dans le champ de cette “laïcité philosophique”, le CAL, pas plus que les associations qui le composent, ne produisent de discours identitaire, ni ne s’érigent en maître à penser alternatif des membres de cette communauté. Il est essentiel de souligner.

Dans la mesure où la laïcité politique impose à l’Etat de traiter tous les citoyens sur un même pied, croyants ou incroyants, se réclamant de telle tradition ou de telle autre, agnostiques ou athées, celui-ci doit naturellement apporter aux communautés philosophiques non confessionnelles le même appui que celui qu’il apporte aux communautés confessionnelles et suivant les mêmes critères. Curieusement, c’est au sein même de la communauté non confessionnelle et parmi les agnostiques et les athées que se pose, de manière la plus critique, la question de l’affirmation non confessionnelle (comme s’il était moins légitime et à la limite de la grossièreté de se proclamer agnostique ou athée alors que personne ne contestera le droit de quiconque à se définir religieusement). De même, la prise en charge de services à la population dans une perspective non confessionnelle (pour faire bref le subventionnement du CAL) titille certains qui, par contre, s’accommodent fort bien de la prise en charge, par les pouvoirs publics, de services analogues programmés sur une base confessionnelle explicite.

Cette action, en tant qu’instrument de progrès moral et intellectuel, a apporté un important tribut (important mais non exclusif) à l’évolution de la société belge. Elle s’est manifestée dans les domaines les plus variés touchant à l’éthique, à l’éducation, à la culture, à l’assistance morale, au social. Elle a pris les formes les plus diverses de l’action politique visant à la modification de nos lois ou au travail de terrain, par la mise en oeuvre d’actions locales très concrètes s’appuyant en grande partie sur le bénévolat. Il serait outrecuidant et sot de prétendre que la mission est aujourd’hui accomplie. Qu’il s’agisse de construire une société juste, progressiste et fraternelle, dotée d’institutions publiques impartiales, garante de la dignité de la personne et des droits humains… ou de défendre, au sein de cette société, une conception philosophique délivrée des dieux (ou plus exactement délivrée des imposteurs qui s’en prétendent les porte-parole), le travail ne sera jamais achevé, comme la construction de la démocratie ne sera jamais achevée et laissera, de génération en génération, de nouveaux défis à relever, jour après jour. Face aux défis actuels, à la perte de sens, au déclin des valeurs collectives au profit d’un individualisme exacerbé ou d’un repli sur une conception sectaire et dogmatique

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du religieux, face au désarroi moral, aux chocs culturels, à l’appauvrissement croissant du Sud et à la paupérisation des défavorisés du Nord, la laïcité philosophique est évidemment plus nécessaire que jamais. Conjuguée à l’action de tous les démocrates, quelle que soit leur conviction, elle doit pouvoir s’affirmer avec d’autant plus d’urgence que la disparition des balises anciennes, désacralisées à juste titre (Dieu,

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le père, le patron, le chef de famille, le travail, la famille, la patrie), laisse un vide chez beaucoup ; elle doit s’affirmer d’autant plus que l’on ne voit pas comment les religions pourraient regagner, à terme, la crédibilité perdue. Philippe GROLLET *Avocat au barreau de Bruxelles, a été successivement président du Cercle du Libre Examen de l’ULB (1973-1975), président de Bruxelles laïque (1980-1986) et président du Centre d’Action Laïque (1988-2005).


Laïcité philosophique

ou philosophie(s) de la laïcité ? Par Guy HAARSCHER*

Il y a de cela peu de temps, le professeur Jean Baubérot, de l’Institut (parisien) des Hautes Etudes en Sciences sociales, a fait circuler une très intéressante “Déclaration universelle sur la laïcité au XXIe siècle”1. Si, en effet, nous considérons que les valeurs que véhicule la notion de laïcité doivent être “offertes” à tous, le mot “universel” est ici bienvenu. Une difficulté a immédiatement surgi, d’apparence anodine, mais touchant en vérité à des problèmes fondamentaux : comment traduire le terme “laïcité” pour que ce que nous

proposons soit intelligible à tous ceux qui ne parlent pas le français, c’est-à-dire à la toute grande majorité de ceux que désigne l’adjectif “universel” ? Déjà en anglais, lingua franca du monde contemporain, l’exercice se révèle périlleux. Les AngloSaxons parlent certes de liberté religieuse, de séparation des Eglises et de l’Etat, de non-discrimination pour des raisons d’engagement spirituel – toutes notions centrales pour ce que nous visons quand nous prononçons le mot “laïcité” –, mais le terme ne signifie rien pour eux ; il est

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proprement intraduisible, du moins si nous désirons obtenir un équivalent anglais simple et capable de mobiliser les énergies citoyennes. Le mot a certes du sens dans les autres pays de langue romane et de tradition catholique, comme l’Espagne (laicidad) et l’Italie (laicità). Mais il n’est pas sûr que la notion française de laïcité soit la même, et le concept belge est encore différent. En France, la laïcité est devenue, depuis 1946, un principe constitutionnel accepté par croyants et non-croyants. Certes, il est normal qu’en démocratie, différents individus et différents groupes donnent des sens qui peuvent varier à des notions qui font pourtant l’objet d’un consensus : les mots “démocratie” ou “social” ne signifient pas la même chose dans la bouche et sous la plume d’un socialiste ou d’un libéral. De même, il existe un débat et des controverses autour de l’idéal de laïcité. Mais nous pouvons dégager un noyau dur qui constitue, si l’on veut, l’ “essence” du terme. Penchons-nous sur cette question avant de tenter de résoudre les épineux problèmes de traduction et de tenter de dépasser notre provincialisme. “Laïcité” vient, tout le monde le sait, de laos qui, en grec, est une des manières de dire “peuple”. Un Etat laïque agit pour tout le laos et n’est pas monopolisé par les tenants d’une confession privilégiée, “officielle”. Il ne prend pas part au débat relatif aux orientations spirituelles : il doit être strictement neutre à cet égard et se conduire comme un arbitre. Une telle exigence est, si l’on y réfléchit bien, en rupture radicale avec les doctrines et les pratiques les plus courantes dans l’histoire. Celles-ci persistent aujourd’hui dans de nombreux pays et régions du monde. Trop souvent, le pouvoir a été exercé (ou l’est encore) au nom d’une conception officielle de la vie et de son sens, prise en charge, protégée et encouragée par l’Etat, seul détenteur du monopole de la violence légitime. Dans ce contexte, ceux qui ne croient pas ce qu’il faut croire et ne pensent pas ce qu’il convient de penser risquent la discrimination, voire la persécution ou, pis encore, l’extermination. L’exigence première de la laïcité consiste à établir, à l’opposé de l’Etat “confessionnel”, un Etat neutre par rapport aux engagements spirituels, respectant la liberté de conscience et interdisant toute discrimination pour motif religieux. En ce sens, l’Etat soviétique léniniste et stalinien, qui

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avait adopté l’athéisme comme doctrine officielle (“la religion est l’opium du peuple”, disait Marx), n’était pas plus laïque que le régime d’Inquisition chrétienne médiévale ou les régimes saoudien et iranien d’aujourd’hui. Au lieu de persécuter les athées ou ceux qui ne croyaient pas au “bon” Dieu, le régime persécutait les religieux en général. L’Etat était donc partie prenante à un combat “spirituel”, ce qui le disqualifiait a priori du point de vue de l’idéal de laïcité. Le combat laïque se distingue donc nettement du combat anti-religieux. C’est un combat anti-clérical contre les “clercs”, représentants d’une confession (ou d’une doctrine athée) particulière et désireux de l’imposer, à ceux qui n’en veulent pas, par le “bras séculier” de l’Etat et par la violence. Quel est alors le lien spécifique existant entre cette idée si importante de laïcité et l’athéisme ou l’agnosticisme ? Un lien assez problématique, si l’on y réfléchit bien. Prenons l’exemple des Etats-Unis : la “guerre culturelle” y fait rage entre ceux qui veulent rester fidèles à la godless Constitution des Pères fondateurs et ceux qui, remontant jusqu’au Pères Pèlerins du Massachusetts au XVIIe siècle, veulent que l’Amérique soit une nation chrétienne. Mais le combat pour le maintien d’une séparation stricte entre les Eglises et l’Etat aux Etats-Unis est mené par de nombreux croyants (il y a peu d’agnostiques déclarés, encore moins d’athées). Cette situation est liée à l’histoire du pays2. Je suis persuadé que nombre de mes amis américains signeraient volontiers la Déclaration de Baubérot, laquelle réaffirme les principes de séparation, de liberté de conscience et de non-discrimination. Même si le mot “laïcité” est à peu près intraduisible. Un certain nombre d’entre eux contesteraient même la référence à un Dieu “général” par les pouvoirs publics et dans la sphère publique, qui choque tant les Européens. Cette référence n’est acceptée par la Cour suprême que pour autant qu’elle n’ait de valeur que symbolique et ne privilégie bien entendu en aucun cas l’une des “dénominations”. Elle serait malgré tout gênante, pour moi, athée déclaré, si j’étais citoyen américain et voyais le pouvoir, censé me représenter avec tout le laos, invoquer une entité qui m’est étrangère. Je répète souvent que je suis un militant de la laïcité (comprise au sens défini plus haut), mais non de l’athéisme. Je ne sais si le monde se porterait mieux ou moins bien


avec plus (ou moins) de croyants ou de non-croyants. Mais ce dont je suis sûr, c’est que le monde se portera d’autant mieux que les Etats et les sociétés se laïciseront. La laïcité a des ennemis bien définis : le fanatisme, la bêtise, l’ignorance, le racisme. Les religions sont grosses de ces défauts majeurs, mais rien n’indique qu’une religion libéralisée et décléricalisée constitue une moins bonne assise pour la laïcité que l’athéisme ou l’agnosticisme. Après tout, il y a des athées nationalistes, racistes, bourrés de préjugés. L’exemple du pharmacien Homais, médiocre athée “voltairien” si bien campé par Flaubert dans Madame Bovary, en porte témoignage. La philosophie est-elle anti- ou areligieuse? Elle interroge en tout cas la condition humaine et traque le préjugé, religieux ou autre. Je me sens beaucoup d’affinités avec un certain nombre de mes amis agnostiques ou athées, mais également avec des religieux “libéraux”, qui n’ont aucune intention d’imposer leurs convictions à d’autres. Leur engagement est pour moi mystérieux, voire incompréhensible : j’éprouve comme une évidence intime (sans bien entendu être à même de le “démontrer”) que les religions constituent des créations, des projections humaines, qui charrient le meilleur et le pire. Mais j’ai beaucoup à apprendre sur la vie et sur le monde de ceux qui ne pensent pas comme moi eu égard aux fins ultimes de l’existence. La laïcité telle que je l’ai définie pose des problèmes philosophiques fondamentaux. Il nous reste à trouver un mot pour rassembler les trois concepts clé de séparation (ou à tout le moins de neutralité de l’Etat), de liberté de conscience et de non-discrimination. Ceux qui, comme moi, n’appartiennent à aucune Eglise, n’ont pas le monopole du combat laïque. Des croyants sont, nous le savons, parfaitement capables d’utiliser leur raison (la “philosophie”) dans la vie sociale sans la corrompre par le dogmatisme. Le progressisme de certains d’entre eux nous étonnerait en ce qui concerne l’avortement, l’euthanasie, l’utilisation du préservatif (notamment pour lutter contre le sida), et l’expérimentation sur les cellules souches.

Il n’y a pas de “laïcité philosophique” qui serait le domaine réservé des noncroyants. Certains soutiendront qu’athées et agnostiques ont sans doute une expérience à partager, et peut-être subsiste-t-il malgré tout une certaine distance entre eux et les croyants avec qui ils partagent les valeurs laïques telles que je les ai définies. C’est possible. Mais nous devons avant tout éviter la confusion des concepts, danger majeur pour la pensée critique et le libre examen dont nous nous faisons les hérauts. Il existe une exigence laïque de neutralité de l’Etat, de liberté de conscience et de non-discrimination. Cet idéal, pour ne pas se transformer en catéchisme séculier, requiert une réflexion philosophique approfondie. Les périls qui menacent de telles valeurs ne sont que trop connus, et nous devons agir avec ceux qui ne partagent pas nos convictions de “mécréants”, dans la loyauté et la discussion ouverte, contre les fanatiques. Certains athées, comme l’exemple de l’Union soviétique nous l’a montré, ne sont pas des laïques. La majorité d’entre eux le sont, bien que la conscience claire des enjeux du combat leur fasse parfois défaut. Et, comme en témoignent notamment ceux qui, aux Etats-Unis, luttent courageusement contre les attaques des fondamentalistes en défendant la liberté et la science (Darwin contre la bêtise “créationniste”), on peut être croyant et laïque. Pour saisir les enjeux de la laïcité, il est urgent que nous dépassions notre provincialisme belgo-belge et que nous développions une notion qui puisse être reprise au niveau mondial par tous ceux qui refusent les intolérances, religieuses et autres. “Descartes inutile et incertain” disait, sans doute injustement, Pascal de l’auteur des Méditations métaphysiques. En tant qu’athée, je peux entendre cette critique de l’arrogance “rationaliste”, sans baisser la garde à l’égard d’une bigoterie que n’a pas évitée l’auteur des Pensées, même si son jansénisme avait de la grandeur. Guy HAARSCHER Professeur à l’ULB *Philosophe, professeur ordinaire de la Faculté de philosophie et lettres de l’Université libre de Bruxelles

On peut la trouver à l’adresse http://www.droitshumains.org/txtref/2005/Images/declaration_bauberot.pdf. 2 Voir sur ce point G. HAARSCHER, “Laïcité et espace public aux Etats-Unis et en Europe”, à paraître in Actes du colloque organisé pour le cinquantième anniversaire de “La Pensée et les Hommes”, Bruxelles, Editions de l’Université de Bruxelles, 2006. 1

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Entretien avec Anne Morelli,

Historienne des religions Anne MORELLI*

Q : La demande et l’offre spirituelle ont évolué. En tant qu’historienne des religions, quel regard portez-vous sur l’évolution du rapport individus et croyances. Y a-t-il comme le suggèrent certains une nécessité de redéfinition des croyances et spiritualités modernes ?

concept m’est totalement étranger, il n’existe pas pour moi de quête de spiritualité. Il y a un sens que l’on donne à la vie, il y à un sens que l’on donne à notre passage sur terre, il y a une morale que l’on peut avoir, mais pas de spiritualité selon moi.

Je n’aime pas du tout le concept de spiritualité. En effet “spiritualité” si vous regardez dans le dictionnaire, c’est ce qui concerne l’âme et comme je n’ai pas d’âme je n’ai pas de spiritualité. Dès lors ce

D’autre part quand on dit que le paysage religieux s’est recomposé, je trouve qu’il s’est recomposé dans notre pays de manière positive. Nous sommes passés en l’espace de 200 ans d’une situation de

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monopole religieux à une situation de choix multiple puis à une possibilité d’échapper à toute religion. Dès lors le rôle de la laïcité est aussi de permettre à ceux qui n’ont pas envie de se définir par rapport à une “spiritualité” ou par rapport à une religion d’être des citoyens à part entière. C’est quelque chose de nouveau et de très important, puisque lorsque la Belgique s’est constituée, la religion catholique bénéficiait d’un quasi monopole. Aujourd’hui celui qui s’affirme sans référence “spirituelle” ou religieuse a aussi sa place dans la société et peut bénéficier d’une aide morale, psychologique ou autre… La laïcité c’est d’une part l’organisation politique de la société, mais c’est aussi sur le plan philosophique la défense du droit des non croyants. Aujourd’hui dans notre pays nous sommes dans une vague montante parce que toutes les enquêtes récentes démontrent que non seulement la pratique religieuse baisse mais la foi diminue et le nombre d’incroyants et d’athées qui se déclarent comme tels augmente sondage après sondage. Il y a donc là une catégorie extrêmement importante, surtout chez les jeunes, et la laïcité doit être la courroie de transmission de cette fraction de la société qui de plus en plus se considère sans lien avec les religions et spiritualités. Q : Comment réagissez-vous face à l’affirmation selon laquelle cette désaffection du religieux ne signifierait pas automatiquement une adhésion à la laïcité, car celle-ci serait perçue en tant que contre religion qui ne correspondrait qu’en partie à l’agnosticisme contemporain ? Je pense que les gens qui ont quitté les religions deviennent de plus en plus des incroyants. Ce sont les incroyants qui sont le fondement même des mouvements laïques et leur agnosticisme ou leur incroyance représente quelque chose de très concret pour créer un mouvement d’opinion laïque. Cela ne veut pas dire que les gens sont anti religieux mais ils ne sont pas croyants et ne pensent pas qu’il est nécessaire de se rallier à un pilier religieux. A partir de ce moment-là, je ne crois pas du tout qu’ils soient en-dehors de la laïcité, mais dans la laïcité. Je prendrai comme exemple le cas des mariages mixtes qui existent aujourd’hui en nombre croissant. Dans une société de plus en plus mixte, soit on se fait la guerre religieuse, soit on tente de gommer un certain nombre de

particularismes religieux. Beaucoup de familles adoptent une éducation que nous pourrions qualifier de “laïque”, qui ne prend les religions que comme étant des traditions historiques, mais qui ne les empêchent pas de vivre sans référent religieux. Comment appeler cela si ce n’est des gens qui vivent la laïcité dans leur famille ? Q : La laïcité philosophique peut-elle être moteur d’un dynamisme nouveau en matière de culture publique et politique dans laquelle pourraient se combiner les intérêts de laïques et non-laïques ? Ce qui est sûr c’est que nous pouvons faire beaucoup de choses en commun. On peut travailler avec des gens très religieux parce que sur le plan politique nous poursuivons un objectif commun. Par exemple, je peux manifester avec les quakers ou le mouvement chrétien pour la paix contre l’intervention US en Irak ou contre les bombardements israéliens au Liban. Ce sont des mouvements pacifistes avec qui je peux collaborer, cela n’empêche pas que nous ayons chacun notre spécificité sur le plan des croyances ou de l’incroyance, et je ne vois pas pourquoi nous devrions gommer ces différences. Q : Alors que la laïcité philosophique a eu dans le passé l’occasion de s’exprimer lors de débats de société tels que la contraception, le divorce ou l’avortement, peut on considérer qu’elle joue aujourd’hui encore ce rôle de fer de lance du progrès moral, social et politique ? Pour moi, il est évident que la laïcité philosophique remplit toujours ce rôle. A titre d’exemple, le moteur de l’émancipation des femmes dans notre pays, c’est la laïcité. Les premières femmes qui ont été élues étaient laïques, les femmes qui ont été à l’origine des modifications du code de la famille étaient des laïques. La laïcité a vraiment joué un rôle moteur. A la question de savoir si la laïcité philosophique joue toujours ce rôle aujourd’hui, je répondrais par l’affirmative. Dans le sens où d’abord rien n’est jamais acquis. Il y a actuellement des tentatives de remettre en question le droit à l’avortement. Et qui monte au créneau ? Ce ne sont pas les femmes catholiques, juives ou musulmanes, mais bien les femmes laïques qui craignent de perdre des acquis. Dans d’autres questions éthiques, il est évident que les combats sont loin d’être gagnés.

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Dans notre pays nous avons obtenu le droit à l’euthanasie, mais combien de pays au monde ont ce droit ? Pas plus de cinq, et dans tous les autres pays on assiste à un conflit ouvert entre laïcité et église. Voyez ce qui se passe en Espagne, c’est un gouvernement laïque (Zapatero) qui a obtenu des modifications sur le plan sociétal, sur la reconnaissance des droits des homosexuels… Mais l’église freine de tout son poids afin que ne soit pas accordé le droit à l’euthanasie ou le droit pour les homosexuels d’adopter des enfants. C’est donc un combat qui est loin d’être terminé. De plus, nous ne parlons ici que des pays occidentaux, allez donc voir au Pakistan, en Inde, en Algérie ou dans un grand nombre d’autres pays. Tout y est encore à faire du point de vue de la laïcité. Il y a encore des combats à mener qui peuvent nous sembler élémentaires, dignes du 19ème siècle et qui sont loin d’être gagnés. Dès lors je pense que l’avenir de la laïcité philosophique est malheureusement devant elle car il y a encore une multitude de combats à mener, que ce soit dans le domaine de l’émancipation des femmes ou dans le domaine du respect des incroyants. Il y a une infime minorité de pays dans le monde qui acceptent les incroyants. Pour les autres, à commencer par Israël, il faut se définir exclusivement par appartenance à une religion. Or, on doit pouvoir se définir comme étant noncroyant, ni juif ni musulman ni chrétien sans encourir le risque d’être discriminé. Dans les pays musulmans les tribunaux sont très souvent des tribunaux religieux, si vous n’êtes pas religieux vous êtes contraint de vous plier à la loi “divine”. En conséquence, il y à une moisson énorme à réaliser pour les laïques dans le monde, et ce n’est pas parce que des pays comme la France, la Belgique ou le Canada vivent une situation relativement favorable que c’est le cas dans le reste du monde. A titre d’exemple, l’euthanasie demeure proscrite en Italie, alors qu’un juge a été damné à la prison pour avoir refusé de juger sous un crucifix. En Italie les musulmans, les athées et juifs sont soumis obligatoirement à un référent chrétien dans le domaine judiciaire. L’Italie est pourtant un pays fondateur de la communauté européenne, un pays dit moderne et europhile. En Pologne également la situation est préoccupante. On y assiste à une régression de la laïcité sanctionné par l’interdiction de l’avortement et la remise en question de toute une série de droits acquis par 40 ans de laïcisation de la société polonaise. Donc je

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crois que, malheureusement, nous devons faire face à un grand nombre de défis qui nécessitent une quantité importante de travail et de combats laïques car il existe en permanence le risque que les religieux reprennent du terrain. Dans nos pays, nous observons une union sacrée entre les musulmans, les juifs et les catholiques pour réinvestir l'espace public alors que les religieux ne sont qu’une minorité dans notre pays. L'automne sera selon moi assez chaud car l'église catholique a décidé de faire une grande opération sur Bruxelles pour réimplanter la religion dans la rue à l'occasion de la semaine de la Toussaint. Cela a signifié planter des croix dans l'espace public. Est-ce normal ? L'un plante un croissant, l'autre une étoile et moi je plante un flambeau et on arrive à des situations conflictuelles que nous ne voulons pas mais que les religieux tentent d'imposer. Q : D'un point de vue plus spécifique à la laïcité en temps que philosophie, peut-on identifier les indicateurs qui permettent d’en mesurer l’influence sociale, notamment en ce qui concerne l’évolution des mentalités et des comportements ? Je crois que le meilleur indice de la progression de la laïcité philosophique, c'est le comportement des gens. Est-ce que les populations se conforment encore aux directives des églises ? Les jeunes attendent-ils d'être mariés pour cohabiter? Estce que les gens s'interdisent de divorcer ? Non, ils ne suivent plus les directives de l'église, leur comportement est un comportement de détachement par rapport aux injonctions religieuses et cela, je crois que c'est l'indice le plus flagrant. Les religieux ont beau prêcher l'une ou l'autre morale, ils le font dans le désert car sur le terrain, les gens ne les suivent plus. Nous n'avons plus de famille avec 12 enfants même si la contraception est considérée par l’église catholique comme quelque chose d'interdit. Les jeunes cohabitent qu'ils viennent d'un milieu catholique ou laïque. Tout cela constitue des indices particulièrement forts. Le nombre de gens qui demanderont l'euthanasie va être un indice de la laïcisation de la société et je pense qu'il faut suivre cela de près et voir dans quelle mesure la société se laïcise mais je pense qu'elle se laïcise plus vite qu'on ne le croit. Par ailleurs, je pense que comme dans “Le bourgeois gentilhomme” de Molière où


monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, il y a beaucoup de gens dans notre pays et ailleurs qui font de la laïcité sans le savoir. Ils ont un comportement de détachement vis-à-vis de la religion. Ils ont une liberté d'esprit face à la religion, ils ont une attitude philosophique d'incroyance mais ils ne se revendiquent pas pour autant de la laïcité et, parfois, ils ne savent même pas qu'il y a des mouvements laïques organisés. Par exemple en Espagne, qui a connu une laïcisation fulgurante, il n'y a pas d'organisation laïque ou très peu. Néanmoins, le comportement de nombreux espagnols aujourd'hui est un comportement laïcisé. Je crois que c'est le plus important mais ce serait intéressant de fédérer ceux qui ont un comportement laïque pour pouvoir être un groupe de pression en face des religieux qui sont eux très bien organisés et depuis fort longtemps.

Q : L’'avenir sera t’il favorable pour la laïcité ? Je ne sais pas s'il sera favorable mais nous avons beaucoup de matières dans lesquelles il va falloir intervenir. Nous avons beaucoup de terrains de combat, nous avons beaucoup de luttes à mener mais les religieux s'arment aussi et ils s'unissent contre l'agnosticisme, contre l'incroyance et ils créent des unions sacrées entre eux pour essayer d'endiguer le mouvement de laïcisation de la société. Je ne peux pas du tout dire que la laïcité sortira vainqueur de ces combats mais je peux dire qu'il y aura beaucoup de combats à mener dans les prochaines années.

*Professeur de critique historique à l'Université libre de Bruxelles.

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A travers une réflexion sur la loi belge du financement des cultes, Felice Dassetto remet en cause la représentativité établie des institutions religieuses et agnostiques en termes d’expression spirituelle et philosophique dans un contexte post-moderne. D’aucuns pourraient, sans doute, avec juste raison, se poser la question de l’adéquation du point de vue développé par Felice Dassetto avec le reste des analyses présentées dans ce dossier. Cependant, il faut considérer que la laïcité est un espace de débat, un espace ouvert, où mêmes les opinions qui semblent nous contredirent, ont le droit d’être entendues. Nous avons estimé que ce point de vue pourrait être intéressant dans le cadre de notre dossier. Il pourrait s’inscrire dans une perspective d’ouverture et d’évolution du débat sur la laïcité dans un environnement en mouvement.

statu quo ou changement ?

Loi des cultes :

Par Felice DASSETTO*

Des questions graves d’ordre social et politique traversent nos sociétés et le monde. Des événements dramatiques les bouleversent. La loi belge du financement des cultes (dans le jargon juridique venu de l’histoire dite du “temporel du culte”) ne compte certainement pas parmi ceux-ci. En plus, cette loi fonctionne tant bien que mal, elle a ses routines. Ceux qui en bénéficient sont plus ou moins satisfaits du partage du gâteau qui en découle. Il pourrait donc apparaître relativement inutile de remettre la question des

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financements des cultes sur le tapis. Et pourtant, il ne serait peut être pas inutile d’y réfléchir calmement afin d’essayer de rendre les dispositions institutionnelles plus adéquates avec des sensibilités contemporaines. En 1870, après des débats qui ont duré plusieurs décennies, les différentes forces sociales qui composent l’Etat belge, sous la pression des partis catholiques et libéraux, ont abouti à une loi qui régit le financement des cultes reconnus en les


intégrant dans les politiques publiques de l’Etat. On accordera d’abord des subsides aux religions catholique, anglicane, israélite. On y ajoutera les autres confessions protestantes, et, dans les années 1970, l’Orthodoxie et l’Islam. Sous pression du monde laïque et Franc-maçon, on y inclura aussi les institutions de la “laïcité”, ou plus exactement de l’agnosticisme et de l’athéisme militant (symbolisées par le flambeau). Ces instances se poseront comme quasi-église, visant à contrebalancer ou à contrer les religions, parmi lesquelles, notamment, l’Eglise catholique et sa puissance réelle ou présumée. Cette loi de 1870 est le reflet de la situation du religieux dans les temps modernes, au XIXe et pendant la première moitié du XXe siècle. Elle se fonde sur quelques principes et postulats qui s’imposent encore comme une évidence. Tout d’abord, on considère que les institutions religieuses et agnostiques reconnues offrent des services “spirituels”, parfois monopolistes, considérés d’intérêt collectif. Deuxièmement, ces institutions sont en nombre limité. Souvent, l’un ou l’autre culte, telle l’Eglise catholique en Belgique, est majoritaire et domine la scène sociale. Troisièmement, ces quelques institutions suscitent des adhésions de manière relativement stable dans le cycle de vie, voire même dans le cycle des générations. Quatrièmement, ces institutions, religieuses et agnostiques, sont sensées représenter la totalité de l’expression religieuse, spirituelle, philosophique des populations. C’est ainsi, par exemple, qu’encore aujourd ‘hui, à des débats audiovisuels sur des questions morales, en particulier à la télévision publique, dans le souci d’un prétendu respect des équilibres, on invite côte à côte un prêtre, un rabbin, un pasteur, un représentant des institutions du Flambeau et, depuis quelques temps, un théologien musulman. Ces personnes sont sensées représenter l’ensemble des sensibilités spirituelles alors que, de facto, elles ne peuvent être considérées comme les porte-parole autorisés que d’une minorité de la population. Sur la base de ces postulats, on a considéré légitime et d’intérêt général que le budget de l’Etat finance certains cultes et le contre-culte laïque.

Cette vision des religions et du contre-culte reflète mal la situation contemporaine “postmoderne”. Dans le monde contemporain, l’offre religieuse se diversifie tant par les nombreux cultes issus du christianisme, en particulier protestant, que par l’islam, le bouddhisme ou d’autres nouvelles religions. Par ailleurs, une partie très importante de la population n’a pas de référentiel religieux absolu, de telle sorte que le religieux ne peut plus prétendre à être un bien d’utilité collective. Cette prétention ne peut pas non plus être assumée par les institutions du Flambeau. Celles-ci correspondent au temps de la modernité ; elles se formulent dans un esprit contre-religieux qui ne correspond qu’en petite partie à l’agnosticisme pratique ou à l’indifférence religieuse -variable parfois selon l’âge et le cycle de la viecontemporains. Ces mêmes institutions semblent parfois prétendre continuer à détenir le monopole et être le fer de lance de la vision séculière de l’Etat – ce qui est vrai historiquement- alors que celle-ci est devenue l’évidence contemporaine. Vision qui aboutit à l’absurdité imposée il y a quelques années par un ministre de l’enseignement d’obliger des licenciés de l’Université catholique de Louvain à suivre des cours de “laïcité” pour pouvoir enseigner dans le réseau officiel. Cette vision retarde d’au moins un demi-siècle. En somme, globalement, la société s’est vraiment sécularisée, dans le sens où les spiritualités sont multiples, changeantes et les adhésions issues de choix et identités éminemment individuelles. Les identités et les attitudes spirituelles ne s’identifient plus de manière exclusive avec les religions et la contre-religion du Flambeau : ces instances issues de la modernité ne peuvent plus prétendre au monopole. Les attitudes spirituelles contemporaines fondent souvent leur raison d’être sur des pratiques et des expériences personnelles ou de groupes, variables selon les moments de la vie, liées à un vécu humain de générosité, de souffrance, de beauté : l’aide aux populations du Tiers monde, aux pauvres, aux malades du Sida, aux enfants cancéreux, aux prisonniers politiques, aux souffrants. Mais on peut citer aussi les investissements dans diverses expériences esthétiques, musicales et bien d’autres. Bien évidemment des instances religieuses ou de la “laïcité” rendent de nombreux services à la société en général, par l’encadrement des jeunes, l’assistance aux malades, aux prisonniers.

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La question n’est pas là. C’est que la vision de la place des cultes et du contre-culte qui sous-tend leur mode de financement apparaît terriblement en décalage par rapport aux mentalités contemporaines et au rapport avec les questions fondamentales de l’existence. Elle pourrait aussi apparaître comme peu équitable, car une partie importante de la population pourrait avoir le sentiment de payer des taxes pour l’avantage d’une minorité, sans que des services ne soient reconnus d’intérêt collectif. Tout comme elle peut considérer navrant que les débats médiatiques continuent à penser que ces représentants institutionnels minoritaires soient le reflet des opinions de l’ensemble de la population. La question n’est pas à poser en terme de statistiques d’utilisateurs et on ne peut pas comparer ces financements à ceux d’autres activités culturelles comme celles des musées ou des activités musicales par exemple. Certes, celles-ci également sont fréquentées en majorité par un certain type d’utilisateurs. Mais actuellement il ne semble pas y avoir un débat autour de la légitimité “en général” de ces activités. Il est peut être temps de tourner la page de la loi des cultes de 1870 et de la vision qui l’accompagne. Et ceci malgré une attitude maintien qui pourrait aboutir à une alliance sacrée pour la défense de leurs intérêts, entre des représentants des diverses confessions religieuses, celles des institutions du Flambeau, sans parler des musulmans qui sont au seuil d’obtenir des subsides après des années d’attente. Faut-il renoncer dès lors à tout financement public et à ne considérer ces instances que comme des instances privées qui recherchent leur propre financement ? C’est une voie possible. Une autre voie est celle envisagée épisodiquement depuis quelques années par le monde politique et qui parle d’un impôt “philosophiquement dédicacé”. Il ne s’agit pas d’une taxe en plus. Il s’agit d’indiquer sur sa déclaration d’impôts l’affectation d’un pourcentage des taxes (que l’on paie de toute manière) pour tel ou tel culte ou contre-culte. Cette idée a déjà plusieurs avantages. Elle donne la possibilité au citoyen de se responsabiliser et de choisir en fonction de ses convictions. Elle rapproche le finan-

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cement des cultes et du contre-culte au nombre d’adeptes ou tout au moins aux nombres de personnes qui sont en attente de leurs services. Elle oblige ces instances à pratiquer une transparence et à convaincre la population, avec des paroles et par leurs pratiques que l’argent qui leur est octroyé est bien utilisé. Toutefois cette proposition reste fortement conservatrice, car elle est associée à une vision “moderniste” des cultes. Elle ne tient pas compte des transformations contemporaines évoquées plus haut. Elle suppose que les cultes et le contre-culte ont le monopole de l’offre et des accomplissements spirituels. On pourrait penser plutôt à un impôt dédicacé pour financer des actions “spirituelles et non marchandes”. On pourrait prévoir la possibilité pour les citoyens de financer de multiples institutions religieuses et philosophiques, mais également des actions d’aide comme par exemple de 11.11.11 ou CAP 48. Il pourrait prévoir le soutien à des fonds artistiques, de préservation du patrimoine, ou encore à des activités scientifiques humanitaires. Cet impôt devrait en plus pouvoir être panaché entre ces diverses possibilités. Et bien entendu respecter les différences de points de vue des membres du ménage. Cette hypothèse n’est en rien formulée dans un esprit d’hostilité à l’encontre des cultes ou du contre-culte actuellement financés. Elle procède d’une intention, illusoire peut-être, de clarification mais aussi de respect pour ces institutions qui sont guidées par une noblesse d’intention. Elles ont tout avantage, afin de remplir leur tâche en pleine légitimité, de ne pas s’engouffrer dans des marchandages qui sapent leur crédibilité ou de ne pas se fonder exclusivement sur des acquis issus d’un statu quo passéiste ou de rapports de force politiques. Cette clarification pourrait d’ailleurs permettre de poser la question, combien importante, de l’enseignement des religions en général et de la philosophie dans l’école en évitant des tiraillements qui ne manqueront pas de sous-tendre cet enseignement, car il n’y aura plus à déguiser sous ce débat la question de la rivalité entre instances et leur financement. Certes, cette hypothèse tourne la page d’un passé et innove institutionnellement.


Ainsi, elle ne prend plus en compte l’argument parfois évoqué qui consiste à dire que le financement du culte catholique fut justifié comme compensation des biens confisqués à la Révolution. Evoquer cet argument c’est se fonder sur le passé. Et s’y fonder d’ailleurs, en ouvrant la possibilité à quelqu’un de commencer à demander à cette institution si, depuis autant de décennies, la compen-sation n’a pas déjà dépassé la valeur des biens confisqués. Elle ne prend pas en compte non plus le rapport de force que les institutions du Flambeau ont réussi à imposer il y a quelques décennies pour contrecarrer ce qu’elle considéraient être le monopole des financements octroyés aux religions et en particulier à la religion catholique considérée à tort ou à raison dominante ou excessivement privilégiée.

Une réflexion calme autour de ces questions qui renouvellent l’engagement citoyen mériterait d’être entamée. Elle le serait d’autant mieux si elle pouvait être conduite sans arrière-pensées et hors des sphères exclusives des intérêts des cultes et du contre-culte. Mais bien entendu, dans toute société on peut continuer à fonctionner en pensant en retard. Felice DASSETTO

*Sociologue et Professeur à l’Université catholique de Louvain.

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LU POUR VOUS

aujourd’hui ?

Quelle spiritualité “Dialogue entre un chrétien et un libre-penseur” Voici un livre qui n’est certes, pas récent. Il a été publié, il y a quatre ans. Nous l’avons extrait de notre bibliothèque pour vous le proposer, parce qu’il est symbolique et instructif à plus d’un titre. Sans compter que son propos est toujours actuel et s’inscrit pleinement dans une vision de société multiconfessionnelle, fraternelle, démocratique et égalitaire. Dans un contexte de co-habitation où les croyances s’entrechoquent plus qu’elles ne s’interpellent, ce livre met en scène un dialogue entre deux hommes de culture et de convictions. Deux hommes que tout apparemment sépare. Deux philosophes, l’un Benoît Lobet est chrétien, et l’autre Jacques Sojcher, un libre-penseur. Au départ chacun mesure la distance qui le sépare de l’autre. Cependant dans ce dialogue, aucune arrière-pensée dogmatique. Aucun des deux ne cherche à

Collection Dialogues, sous la direction de Hervé Broquet Editions Labor 2002, Barbiana SC, Bruxelles

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imposer ses convictions, mais à les éclairer pour l’autre. Ainsi, au fil de leur échange, ce fossé qui semblait les séparer se comble de leur fraternité d’êtres pensants lancés dans une quête commune, qui finalement les réunit, même si chacun construit des réponses différentes. Et cette fraternité reconnue, éprouvée, finit par transcender les clivages pour témoigner de la capacité de deux hommes à construire du sens et à l’offrir en partage à d’autres, croyants ou non croyants. Ce livre offre donc a chacun, quelle que soit sa croyance ou son incroyance, l’occasion d’enrichir sa réflexion et de retrouver “par des chemins différents, ses frères en humanité.” Ababacar NDAW


PORTAIL

philosophique

laïcité

Les mouvements qui s’engagent dans la recherche de nouvelles formes de progrès social ont hérité des idéaux chers aux laïques. En effet, toute revendication qui s’appuie sur la liberté de conscience, l’autonomie de l’individu et la libre détermination porte en elle la flamme initialement défendue par les laïques militants. Actuellement, une galaxie de mouvements engagés dans le changement social reflète ces valeurs laïques dans leurs revendications. Dans ce portail, nous avons voulu vous présenter quelques uns d’entre eux. A travers leurs sites, ils posent des nouveaux débats au sein de la société, à partir d’une approche critique. Ils permettent aux individus concernés par les questions qu’ils traitent, de trouver des avis et des ressources, dans un esprit de tolérance. Notre portail s’ouvre principalement sur des thématiques liées à la sexualité et la mort. Ces sujets semblent cristalliser les débats éthiques les plus controversés. Peut être, cette focalisation sur le corps et ses processus témoigne de nouvelles limites entre le privé et le public et de nouvelles formes de liberté ? À vous de vous faire une idée. Bonne lecture ! P@ola HIDALGO http://www.amnestyinternational.be/d oc/rubrique87.html Amnesty International propose aussi un survol des droits des personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles, transsexuelles ou transgenres (LGBT) dans le monde. Le comité LGBT existe depuis 2003 au sein de cette ONG de défense des Droits Humains. Sur son site, on peut constater que les cinq continents, le Sud et le Nord sont concernés par la problématique des violations des droits des minorités sexuelles. Les rubriques, essentiellement classifiés par pays et zone géographique permettent d’accéder facilement aux informations récentes sur les campagnes et dernières nouvelles sur la question.

http://www.genreenaction.net/ Ce site français retrace de manière assez exhaustive l’état des droits des femmes dans les pays en voie de développement. Il est mis à jour très régulièrement et les informations sur la question du “genre et développement” sont proposées de manière brève et synthétique. Vous pouvez trouver aussi des ressources très intéressantes en ce qui concerne l’égalité des sexes dans le monde : des conférences, des formations, des livres, des films et des débats y sont répertoriés de manière continue.

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http://www.womenonwaves.org/ L’élargissement de l’Europe a ravivé la question de l’accès à l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) sur le continent. Quelques pays, comme le Portugal et la Pologne, conservent une politique restrictive. Pour braver l’interdiction de l’IVG dans ces zones géographiques, un mouvement féministe a imaginé un moyen pratique et original pour donner aux femmes l’accès à l’IVG de manière sûre : un bateau où l’on pratique des avortements. Mais la campagne de ce mouvement ne se limite pas à la saga maritime où les bateaux ‘prochoix’ doivent faire face aux navires de guerre… une mine d’informations sur l’avortement dans le monde sont disponibles on-line sur ce site, ainsi que des articles sur la question, traduits en plusieurs langues.

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http://www.admd.net/sommair.htm Même si en Belgique l’euthanasie est autorisée, il est intéressant de se pencher sur la question. Choisir une fin de vie dans la dignité est un droit essentiel et L’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité propose un site qui reflète cette revendication. Sous la rubrique “Un droit, un choix, une liberté”, les articles de fond permettent à chacun d’entre nous de se construire un argumentaire solide pour défendre cette option. Ils se révèlent assez utiles dans des contextes où, comme en France, la loi reste restrictive. D’autres questions très intéressantes et connexes sont aussi abordées. De quoi alimenter une réflexion plus que nécessaire autour des droits des patients en général et des soins palliatifs en particulier.


EN MOUVEMENT

AML Molenbeek : 35 ans de défense

du cours de morale laïque

L’association “les Amis de la Morale Laïque” (AML) de Molenbeek, créée le 25 janvier 1971, a fêté cette année son 35ème anniversaire. Elle fait partie des associations ayant eu un rôle majeur dans l’instauration du cours de morale laïque (CML) en Belgique, où l’enseignement fut histo-riquement un des principaux terrain d’affrontement dans le processus de sécularisation du pays. Cependant, l’association s’est fait connaître en débordant de loin le domaine de prédilection. Ma rencontre avec Mme Hermine Thirion, présidente de l’association, et son mari Roger, secrétaire de l’AML, a été l’occasion de faire le point sur l’évolution de leur combat. Le cours de morale laïque L’association les AML de Molenbeek est “née du succès d’une revendication du CGSP-enseignement qui a réussi à ce que le CML soit confié à un professeur spécialisé”, explique M. Thirion. Le rôle des AML consiste depuis lors à assurer la formation des maîtres et des professeurs de ce cours. Un autre des objectifs premiers est d’assurer la présence des enfants du cours de moral non confessionnelle à la fête de la jeunesse laïque. Le CML a été a plusieurs reprises mis en danger, la dernière en date étant la volonté de le remplacer par un cours de philosophie, “ce qui ne nous dérange pas en soi, mais aux conditions expresses de savoir qui va le donner, quelle sera la formation des professeurs et que le principe de libre examen soit respecté à l’intérieur du cours”. En outre, à Molenbeek, où les élèves vont majoritairement au cours de religion islamique, la tenue des CML pose des problèmes d’organisation. Les CML se voient confiés quelques heures par semaines à des professeurs qui enseignent une autre matière qui n’ont pas forcément la motivation ou la formation suffisante, ou encore ils sont programmés pendant les heures d’éducation physique, ce qui incite les parents à inscrire leurs enfants aux cours de religion. Nous l’aurons compris, la défense du cours CML est plus que jamais d’actualité, mais l’association a su se faire connaître à travers d’autres domaines. Un espace culturel et libre exaministe En effet, les parents et les libres-penseurs

qui ont créé les AML à l’époque, en ont profité pour jeter les bases d’une association laïque à Molenbeek, qui comme nous le rappelle M. Thirion, est “une vieille terre de libre pensée ouvrière”. Les personnes intervenant pour assurer la représentation de la laïcité philosophique à savoir “l’autonomie de la raison” - dans l’enseignement, ont donc finalement créé un espace culturel et libre exaministe, organisant des événements culturels (expositions, concerts) et se positionnant sur des questions de société (conférences) qui, il y a une vingtaine d’années, réunissaient régulièrement plusieurs centaines de personnes. Mais les succès historiques d’hier semblent difficilement envisageables aujourd’hui, l’engouement des militants laïques ayant faibli et la relève tardant à se manifester. “Nous sommes peu de personnes à assurer le travail au quotidien même si nous sommes encore nombreux aux grands rassemblements. Pourtant nous sommes plus nécessaires que jamais”, souligne Mme Thirion. Roger Thirion rappelle en effet que les laïques ont aussi un rôle “primordial face à la montée de tous les fascismes, de tous les fanatismes et de tous les communautarismes. La laïcité philosophique et la laïcité sociétale sont deux objectifs complémentaires et nous nous battons sur les deux fronts.” Dans son évolution historique, la laïcité philosophique entre donc en résonance avec la laïcité politique, les deux pans se renforçant mutuellement. Et je laisserai le mot de la fin à Madame la présidente : “La laïcité ne s’impliquent pas dans certains combats, elle a pourtant sa place dans toutes les questions touchant aux droits de l’homme”. Enfin, madame Thirion se fait un devoir de souligner la sympathie concrète des autorités communales à l’égard des AML (même si ses débuts ont été très difficiles...) : mise généreuse à sa disposition des locaux communaux, aide des services communaux, subventions, volontarisme politique en matière d’enseignement communal. Olivia WELKE

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Aiguillages asbl, service laïque d’accompagnement administratif Repas convivial Date : dimanche 19 novembre 2006 à 12h. Lieu : restaurant du CPAS de Saint-Gilles rue Bernier 40 à 1060 Bruxelles

€, soutien 5€ € P.A.F : repas 15€ Renseignements et inscriptions : Aiguillages asbl, le jeudi de 9h30 à 18h30 au 02 534 10 47, aiguillages@skynet.be

Les Amis de la Morale laïque d'Anderlecht Mise en place d’un atelier d’apprentissage du français comme langue étrangère pour adultes scolarisés. Dates : inscription du 4 septembre 2006 au 15 septembre 2006, test le 22 septembre 2006. Les cours se donneront les mardi et jeudi de 9h à 12h du 3 octobre 2006 au 4 juin 2007. Lieu: AML Anderlecht rue de Veeweyde 38 à 1070 Anderlecht. PAF : gratuit Infos complémentaires : 02 520 39 99 ou par courriel : amla@belgacom.be Avec le soutien de Bruxelles Laïque asbl, de la Commission Communautaire française ( COCOF ), du FIPI et du Service de l’Education Permanente de la Communauté française.


L’AML d’Auderghem, le Centre laïque d’Ixelles et l’AML de Watermael-Boitsfort Conférence sur le thème Comment vivre aujourd’hui avec l’islam ? par Monsieur Chemsi Khan, Docteur en droit de l’ULB, initiateur de la Fondation pour promouvoir le courant humaniste de l’Islam en Europe. La conférence sera suivie d’un débat. Date : vendredi 17 novembre 2006 à 20 heures. Lieu : Aux Ecuries de la Maison Haute, 3 Place Antoine Gilson à 1170 Watermael-Boitsfort

€ pour les non membres, 5€ € pour les membres des associations PAF : 6,50€ € pour les étudiants. organisatrices et du CEPULB, 2.50€ Renseignements : 02/673 13 12 (Mme Vanlanduyt).

Bruxelles Laïque asbl Réunions de “réflexion sur les cérémonies laïques” ouvertes à tous les membres des A. M. L. de la région bruxelloise. Dates : le 18/10/06 les parrainages laïques, le 15/11/06 les mariages laïques, le 20/12/06 les mariages laïques, le17/01/07 les cérémonies funèbres laïques, le21/02/07 les cérémonies funèbres laïques (tous les 3e mercredi de chaque mois), de 18h à 20h. Lieu : Bruxelles Laïque, 18-20 avenue de Stalingrad à 1000 Bruxelles. Renseignements et inscriptions : 02 289 69 32

Laïcité Berchem Visite guidée du musée de la dynastie Date : dimanche 15/10/2006 à 10h30 Lieu : Musée Belvue- Place des Palais Bruxelles

€, non membres 5€ €, enfants jusqu'à 12 ans inclus gratuit P.A.F : membres 3€ Renseignements et inscriptions jusqu'au 11/10/2006: 02 465 09 14 Visite guidée de l'exposition Architecture Maçonnique Date : dimanche 19/11/2006 à 14h Lieu : archives d'architecture Moderne rue de l'Ermitage 55 à 1050 Ixelles

€, non membres 5€ €, enfants jusqu'à 12 ans inclus gratuit P.A.F : membres 3€ Renseignements et inscriptions avant le 1/11/2006: 02 465 09 14

Centre régional du Libre Examen en collaboration avec le Cactus, le Monde selon les Femmes, les Femmes prévoyantes socialistes et la Ligue des familles Colloque Des associations et des femmes ….Présentation des études réalisées Date : mardi 14 novembre 2006 de 9 h à 17 h Lieu : Maison du Peuple de Saint Gilles, 31 Parvis de Saint-Gilles à 1060 Bruxelles Renseignements : 02/535.06.78/79 – fsidibe@centrelibrex.be ou vlacroix@centrelibrex.be Banquet républicain “Silence, opération fichage des citoyens” Micro puce, carte d’identité électronique, carte SIS, banque carrefour des entreprises, déclaration fiscale et de TVA sur Internet…Si la cyberadministration a accompli ces


dernières années des progrès considérables, certains craignent qu’elle devienne un “Big Brother” en puissance à l’égard des citoyens et des entreprises. Il est clair que les systèmes mis en oeuvre ou en cours de développement posent de nombreuses questions relatives à la protection de la vie privée. Qui a accès à l’information transmise aux autorités publiques et comment ? Comment sont traitées et conservées les données et par qui ? Les échanges d’information entres les différentes administrations sont-ils autorisés ? Quels sont les droits et garanties accordés ou à accorder aux citoyens et entreprises ? Quels sont les dérives et les abus possibles et comment peut-on y remédier ? La législation relative à la protection de la vie privée est-elle adaptée ? Date : mardi 28 novembre 2006 à 20 h Lieu : F.O.R.E.T. asbl, Boulevard de la 2ème Armée Britannique 27 à 1190 Forest (rez-dechaussée à droite - se situe au croisement de la rue du Feu) Vours trouverez le plan sur http://www.mappy.be P.A.F : 16 euros (apéritif, repas, dessert, café, vin compris) Renseignements : 02/535.06.78/79 – fsidibe@centrelibrex.be ou vlacroix@centrelibrex.be En partenariat avec la CLASS Violence conjugale Projection du film espagnole “Te doy mis ojos” (Je te donne mes yeux) de la cinéaste espagnole Iciar Bollain et débat avec Vincent LIBERT, directeur de Praxis (groupe de responsabilisation pour les auteurs de violence) et Béatrice GIRARD coresponsable du Centre de prévention des violences conjugale et familiale, Benoît Demaeyer, psychologue au Service Laïque d’Aide aux justiciables et aux victimes Date : jeudi 12 octobre 2006 à 19 h 30 Lieu : CAL, Salle Willy Peers - Campus de la Plaine ULB – Accès 2 ,Avenue Arnaud Fraiteur 1050 Bruxelles Renseignements : 02/535.06.77/78 – pdeboeck@centrelirbex.be ou vlacroix@centrelibrex.be Banquet républicain “Quel avenir pour le Liban” Date : fin octobre 2006 à 20 h ( à préciser ) Renseignements : 02/535.06.77/78 – pdeboeck@centrelirbex.be ou vlacroix@centrelibrex.be Le CCLJ et le Comité belge Ni Putes, Ni Soumises en collaboration avec le Centre régional du libre Examen, Collectif pour un Islam d’ouverture, Amazone avec le soutien de l’AML de Schaerbeek. Sous l’égide de l’Université Libre de Bruxelles et le Haut patronage de l’Echevin de la Culture de la Commune de Schaerbeek Dans le cadre des conférence : Fraternités ! Les premières rencontres de la laïcité, l’égalité et la mixité : Ces traditions qui nous enferment Avec: Leila BABES (sociologue) : “Le voile démystifié”, Avirama GOLAN (sociologue, journaliste du Ha'aretz) : “Le fondamentalisme juif”, Nasser RAMDANE (porte-parole SOS Racisme) : “L'homosexualité dans les quartiers”, Sabreen ALRASSACE (Amnesty


International France) “Les contraintes, les discriminations et les violences à l'égard des femmes lesbiennes”, Maureen LOUHENAPASSY (SIREAS) : “témoignage de terrain sur les mouvements évangélistes”, Une actrice de terrain : “Les traditions qui enferment l'école” D'où viennent tous ces tabous et ces traditions qui nous enferment, nous étouffent et nous empêchent d'aller vers l'Autre. Toutes ces “vaches sacrées” ont-elles leur place dans la société interculturelle du nouveau siècle ? Sont-elles compatibles avec les valeurs de la laïcité, de l’égalité et de la mixité, avec le métissage et le vivre ensemble dans le respect mutuel ? Nous laisse-t-on le libre choix entre la fidélité aux traditions et leur dépassement ? Date : jeudi 7 décembre 2006 à 20 h Lieu : salle du musée de la Maison communale de Schaerbeek Place Colignon - 1030 Schaerbeek Renseignements : CCLJ : 02/543.02.70 - info@cclj.be Ni putes ni soumises : 02/535.06.79 contact@niputesnisoumises.be

En partenariat avec LHAC- .Laicité et Humanisme en Afrique centrale Colloque d’un jours “Quelle place pour les religions et la laïcité en Afrique Centrale ?” Date : jeudi 14 décembre 2006 Renseignements : 02/535.06.77/78 – pdeboeck@centrelirbex.be ou vlacroix@centrelibrex.be

L’association Morale laïque à Ixelles Avec ou sans sucre Projection, suivie d’un débat autour d’un thé ou d’un café, du film The Bomb. Date : dimanche 22 octobre 2006 à 15 heures Lieu : chaussée de Boondael 210 à 1050 Bruxelles. P.A.F : gratuit

La Ligue de l’Enseignement et de l’Education permanente asbl Formation des cadres associatifs. Animer des actions et des projets collectifs, des outils pour la cohésion et l’intégration sociale. Le module propose des outils concrets et une démarche réfléchie pour animer des actions et des projets collectifs. Programme : la construction du groupe, la définition des objectifs, des rôles et des tâches, l’évaluation et le contrôle des résultats… Dates : les 16, 17, 23 et 30 novembre 2006, les 5, 12 et 21 décembre 2006. Lieu : place Rouppe 29 à 1000 Bruxelles

€ pour les membres, étudiants, seniors, demandeurs d’emploi et 119€ € P.A.F : 99€ pour les autres personnes. Informations : 02 511 25 87 ou www.ligue-enseignement.be


Managez votre association ! Formation des cadres associatifs. La formation a pour objectif de favoriser chez les participants une réflexion approfondie sur la fonction d’encadrement, d’animateur permanent ou de responsable bénévole dans les associations et de les sensibiliser à une démarche cohérente de pilotage des associations. Dates : 15 jours( 112 h ) de formation répartis entre le 28/10/2006 et 4/3/2006 et comprenant un week-end en formule résidentielle à l'Abbaye de Brogne. Lieu : place Rouppe 29 à 1000 Bruxelles

€ pour les membres, étudiants, seniors, demandeurs d’emploi et 19€ € P.A.F : 149€ pour les autres personnes. Informations : 02 511 25 87 ou www.ligue-enseignement.be Mieux communiquer pour mieux s'associer Formation pour adultes Dates : samedi 21/10/2006, dimanche 22/10/2006 et dimanche 12/11/2006 de 9h30 à 17h. Lieu : place Rouppe 29 à 1000 Bruxelles

€ pour les membres, étudiants, seniors, demandeurs d’emploi et 99€ € pour P.A.F : 79€ les autres personnes. Informations : 02 511 25 87 ou www.ligue-enseignement.be La communication assertive Formation pour adultes Dates : jeudi 19/10/2006 et jeudi 26/10/2006 de 9h15 à 16h15. Lieu : rue De Lenglentier 1 A 1000 Bruxelles

€ pour les membres, étudiants, seniors, demandeurs d’emploi et 99€ € pour P.A.F : 79€ les autres personnes. Informations : 02 511 25 87 ou www.ligue-enseignement.be Formation de Formateur Formation pour adultes Dates : samedi 25/11/2006, dimanche 26/11/2006 et dimanche 3/12/2006 de 10h à 17h. Lieu : place Rouppe 29 à 1000 Bruxelles

€ pour les membres, étudiants, seniors, demandeurs d’emploi et 99€ € pour P.A.F : 79€ les autres personnes. Informations : 02 511 25 87 ou www.ligue-enseignement.be Pédagogie de l'animation Formation pour adultes Dates : mardi 21/11/2006, jeudi 23/11/2006 et vendredi 24/11/2006 de 10h à 17h. Lieu : place Rouppe 29 à 1000 Bruxelles

€ pour les membres, étudiants, seniors, demandeurs d’emploi et 99€ € pour P.A.F : 79€ les autres personnes. Informations : 02 511 25 87 ou www.ligue-enseignement.be


Une parole vivante…pour un théâtre et une pratique du témoignage Formation pour adultes Dates : samedi 2/12/2006, samedi 9/12/2006 et dimanche 10/12/2006 de 10h à 17h. Lieu : place Rouppe 29 à 1000 Bruxelles

€ pour les membres, étudiants, seniors, demandeurs d’emploi et 99€ € pour P.A.F : 79€ les autres personnes. Informations : 02 511 25 87 ou www.ligue-enseignement.be Faire société par le conte ( atelier d'expression et de créativité ) Formation pour adultes Dates : samedi 25/11/2006, dimanche 26/11/2006 et dimanche 26/12/2006 de 9h30 à 17h. Lieu : place Rouppe 29 à 1000 Bruxelles

€ pour les membres, étudiants, seniors, demandeurs d’emploi et 99€ € pour P.A.F : 79€ les autres personnes. Informations : 02 511 25 87 ou www.ligue-enseignement.be Polyphonies du monde, multiplicité des voix Formation pour adultes Dates : samedi 9/12/2006 et dimanche 10/12/2006 de 10h à 17h. Lieu : place Rouppe 29 à 1000 Bruxelles

€ pour les membres, étudiants, seniors, demandeurs d’emploi et 89€ € pour P.A.F : 69€ les autres personnes. Informations : 02 511 25 87 ou www.ligue-enseignement.be La prise de parole en public Formation pour adultes Dates : possibilité de choisir entre deux sessions soit les week-ends , samedi 21/10/2006, dimanche 22/10/2006 et samedi 11/11/2006 de 9h30 à 17h ou en semaine le lundi 6/11/2006, le mardi 7/11/2006 ou le jeudi 9/11/2006 de 10h à 17h. Lieu : place Rouppe 29 à 1000 Bruxelles

€ pour les membres, étudiants, seniors, demandeurs d’emploi et 99€ € pour P.A.F : 79€ les autres personnes. Informations : 02 511 25 87 ou www.ligue-enseignement.be Mieux gérer le stress dans la vie professionnelle et les associations Formation pour adultes Dates : jeudi 16/11/2006 et vendredi 17/11/2006 de 9h30 à 17h. Lieu : place Rouppe 29 à 1000 Bruxelles

€ pour les membres, étudiants, seniors, demandeurs d’emploi et 89€ € pour P.A.F : 69€ les autres personnes. Informations : 02 511 25 87 ou www.ligue-enseignement.be La boîte à outils du “manager relationnel” Formation pour adultes


Dates : lundi 23/10/2006 et mardi 24/10/2006 de 9h30 à 16h30. Lieu : place Rouppe 29 à 1000 Bruxelles

€ pour les membres, étudiants, seniors, demandeurs d’emploi et 89€ € pour P.A.F : 69€ les autres personnes. Informations : 02 511 25 87 ou www.ligue-enseignement.be Les dix outils de base de la gestion de projets Formation pour adultes Dates : jeudi 9/11/2006, vendredi 10/11/2006 et mardi 14/11/2006 de 9h30 à 16h30. Lieu : place Rouppe 29 à 1000 Bruxelles

€ pour les membres, étudiants, seniors, demandeurs d’emploi et 99€ € pour P.A.F : 79€ les autres personnes. Informations : 02 511 25 87 ou www.ligue-enseignement.be Les adolescents à hauts risques Formation pour adultes Dates : jeudi 9/11/2006, jeudi 14/12/2006, jeudi 11/1/2007, jeudi 8/2/2007 et jeudi 8/3/2007 de 9h30 à 16h30. Lieu : place Rouppe 29 à 1000 Bruxelles

€ pour les membres, étudiants, seniors, demandeurs d’emploi et 270€ € P.A.F : 255€ pour les autres personnes. Informations : 02 511 25 87 ou www.ligue-enseignement.be Animer des actions et des projets collectifs Formation pour adultes Dates : jeudi 16/11/2006, vendredi 17/11/2006, jeudi 23/11/2006, jeudi 30/11/2006, mardi 5/12/2006, mardi 12/12/2006 et jeudi 21/12/2006 de 9h30 à 16h30. Lieu : place Rouppe 29 à 1000 Bruxelles

€ pour les membres, étudiants, seniors, demandeurs d’emploi et 119€ € P.A.F : 99€ pour les autres personnes. Informations : 02 511 25 87 ou www.ligue-enseignement.be

Pour la Solidarité asbl Dans le cadre des Midis de la Solidarité Etre “bien” dans ses racines et s’ouvrir aux métissages. Rencontre avec Fatoumata Fathy Sidibé, journaliste et écrivaine, auteure du roman Une saison africaine, Présence africaine, 2006. La rencontre sera animée par André Linard, Agence de Presse InfoSud-Belgique. Des extraits de l’ouvrage seront lus par Kami One, Femme de lettres Date : mardi 3 octobre 2006 à 12 h Lieu : rue Coenraets 66 à 1060 Bruxelles P.A.F : gratuit Informations : 02/535.06.87 - cecile.marquette@pourlasolidarite.be ou www.pourlasolidarite.be


L’AML de Schaerbeek en collaboration avec l’AML de Jette Conférence de Madame Hermine Bockhorst sur son livre Femmes dans les griffes des aigles. Madame Bockhorst, ex journaliste du journal Le soir, parlera de la filière albanaise de la prostitution et des retombées de son livre. Date : vendredi 20 novembre 2006 à 20 h ( ouverture des portes à 19h30 ). Lieu : salle de conférence de l’Ecole 1 rue Josaphat 229 à 1030 Bruxelles. P.A.F : gratuit Informations : 02 460 58 27, diane41513@hotmail.com Conférence de Monsieur Cheref-Kahn Quel enseignement de et sur l’islam dans un état de droit ? Date : vendredi 24 novembre 2006 en soirée Lieu : salle des mariages de la Maison communale de Schaerbeek Place Colignon 1030 Schaerbeek P.A.F : gratuit Informations : 02 460 58 27, diane41513@hotmail.com

Service Laïque d'Aide aux Justiciables et aux Victimes - BII asbl – SLAJ-V. Agréé par la Communauté française et la Commission communautaire française Siège social : 148, avenue Ducpétiaux – 1060 Bruxelles Tél. : 02/537.54.93

Fax : 02/343.78.15

E-Mail : coordination@slaj.be

president@slaj.be

Un service – plusieurs sections. Entretiens et aides psychologiques, sociales et juridiques à la demande des personnes concernées ainsi qu’à leurs familles et leurs proches. L’ensemble des services est gratuit et ouverts de 8h30 à 17h30 du lundi au vendredi. Section “Aide aux Victimes et proches” Activités particulières : Groupes de psychodrame pour personnes ayant vécu des transgressions sexuelles dans l’enfance : inceste, abus sexuels. Rencontrer d’autres personnes ayant vécu une problématique d’abus sexuel dans l’enfance et à la fois entreprendre un travail thérapeutique permettant de se dégager du traumatisme vécu. Entretien préalable nécessaire. Animateurs : Anne-Françoise Dahin et Juvencio Herrero. Dates : le groupe se réunit deux fois par mois le mardi de 17h30 à 19h. Lieu : rue Haute 296 B et 314 – 1000 Bruxelles Renseignements : 02/537.66.10 – Fax : 02/537.12.22 Groupe pour proches de personnes assassinées s'adresse à toute personne adulte ayant perdu un proche dans le cadre d'une infraction pénale. Un lieu de parole, d'échanges et de soutien encadré par deux professionnelles de l'aide aux victimes.


Animateurs : Anne-Françoise Dahin et Eva Plaes. Dates : le groupe se réunit une fois par mois le mardi de 17h30 à 19h. Lieu : rue Haute 296 B et 314 – 1000 Bruxelles Renseignements : 02/537.66.10 – Fax : 02/537.12.22 Atelier d’écriture pour victimes d’infraction pénale : communiquer de manière créative son vécu de victime. Les textes sont édités dans le journal “Jonctions” qui est un moyen d’échanges entre les victimes et les auteurs d’infractions pénales (atelier d’écriture en prison). Entretien préalable nécessaire. Animateurs : Martine Stassin et Charlotte Soumeryn-Schmit. Lieu : rue Haute 296 B et 314 – 1000 Bruxelles Renseignements : 02/537.66.10 – Fax : 02/537.12.22 Debriefing : Interventions sur les lieux (professionnels ou privés) avec les personnes qui ont subi l’agression. Renseignements : 02/537.66.10 – Fax : 02/537.12.22 Sections “Aide aux détenus et leurs proches” “Aide pré et post pénitentiaire et leurs proches” 148, avenue Ducpétiaux – 1060 Bruxelles Renseignements : Tél. : 02/537.54.93 – Fax : 02/343.78.15 (répondeur). Activités particulières : “L’Accueil” : espace d’accueil chaleureux et agréable, salle d’attente et de détente en nos bureaux pour les familles, proches et enfants qui rendent visite à une personne incarcérée. L’écoute offerte peut déboucher sur un suivi. Salle de jeux pour enfants et les tout petits. Permanence juridique : pour les familles et leurs proches. Dates : Ouvert tous les matins de 8 h 30 à 13 h et le mercredi après-midi de 15 h à 17 h. Renseignements : 02/537.54.93 – Fax : 02/343.78.15 (répondeur). Organisation de formations certifiées C.F. En collaboration avec la Direction de la prison de Forest et Berkendael, l’Ecole de coiffure d’Ixelles (promotion sociale). Formation en base de restauration, en esthétique, cours d’informatique à la prison de Berkendael (prison pour femmes). Renseignements : 02/537.54.93 – Fax : 02/343.78.15 (répondeur).



d’Administration

Conseil

Direction Comité

de rédaction

Philippe BOSSAERTS Clément DARTEVELLE Francis DE COCK Jean-Antoine DE MUYLDER Francis GODAUX Ariane HASSID Eliane PAULET Michel PETTIAUX Paul-Henri PHILIPS Yvon PONCIN Johannes ROBYN Pascale SCHEERS Laurent SLOSSE Dan VAN RAEMDONCK Cédric VANDERVORST

Fabrice VAN REYMENANT

Sophie LEONARD Ababacar N’DAW Olivia WELKE Cécile RASSINFOSSE Hülya ERTORUN Paola HIDALGO Mario FRISO

GRAPHISME Cédric BENTZ & Jérôme BAUDET EDITEUR RESPONSABLE Ariane HASSID, Présidente de Bruxelles Laïque, 18-20 Av. de Stalingrad - 1000 Bruxelles ABONNEMENTS La revue est envoyée gratuitement aux membres de Bruxelles Laïque. Bruxelles Laïque vous propose une formule d’abonnement de soutien pour un montant minimum de 7€ par an à verser au compte : 068-2258764-49. Les articles signés engagent la seule responsabilité de leurs auteurs.



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