La vie d'un guerrier gaulois

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Ludovic Moignet • Yann Kervran

La vie d’un

Guerrier

Reporter du

temps

Gaulois préface de Christian Goudineau Professeur au Collège de France



Ludovic Moignet • Yann Kervran

La vie d’un

Guerrier

Gaulois La fin de l’indépendance : 80-33 av. J.-C.

collection Reporter du Temps dirigée par Yann Kervran


73 avant notre ère

Jules César, jeune général romain, est nommé tribun (chef) militaire : c’est le début d’une exceptionnelle carrière militaire et politique.

Les Gaules peu avant les campagnes de César, avec les noms latins des tribus

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C’est la fameuse révolte des gladiateurs de Spartacus, durement réprimée. 6 000 esclaves furent crucifiés tout au long de la voie Appia.

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À Rome deux nouveaux consuls sont désignés : Crassus et Pompée.

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César devient questeur, collaborateur d’un magistrat qui s’occupe des finances.

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César devient sénateur et l’année suivante édile, c’est-à-dire qu’il est chargé de l’approvisionnement de Rome ; il gère la police et l’organisation des jeux et des fêtes.


77-67

avant notre ère

Un ls de chef Catuvulcos, fils de Moririgis, pensait qu’il allait vivre une vie de privilégié, sans aucun devoir. Mais il apprend vite qu’il lui faudra très rapidement assumer de nombreuses responsabilités. Très jeune, il doit recevoir une stricte éducation, similaire à celle que les Grecs lointains de Sparte connaissaient. Bien que Moririgis soit assez

moderne d’esprit, il a à cœur de faire élever son fils dans la tradition et veille à ce qu’il soit formé comme lui-même le fut quand il était enfant. Pour l’instant, le monde de Catuvulcos s’arrête aux frontières du domaine de son père. Il n’a guère le loisir de penser à ce qui se trouve au-delà, avec ses journées déjà bien remplies.

Contexte historique Avant la conquête, la Gaule était divisée, à ce qu’en disent les auteurs romains, en plusieurs parties. Tout le sud de la France (la Transalpine ou Province romaine qui devint la Narbonnaise ultérieurement) était romain depuis le IIe siècle avant notre ère. À Rome, des troubles sérieux avaient entraîné l’avènement d’un dictateur : Sylla, chargé de rétablir l’ordre après la suppression des consuls. À sa mort en 78, l’agitation reprit de plus belle. Caius Julius Caesar naquit à Rome en 100, durant le mois Quinctilis, appelé plus tard Julius (d’où Juillet dans notre calendrier) en son honneur. Il appartenait à l’illustre famille des Julia qui prétendait descendre de Iule, fils d’Enée, amené en Italie après la chute de Troie. Par ce lignage, César revendiqua, lorsqu’il prononça l’éloge funèbre de sa tante Julia, une ascendance remontant à Vénus. Brillant élève de l’école, mais aussi du gymnase, il faisait partie de la jeunesse dorée de Rome et marqua les esprits par son élégance. Il grandit au milieu de troubles sanglants (première guerre civile).

Bien que tous les exercices auxquels il est soumis lui pèsent énormément, il comprend peu à peu qu’il ne s’agit que de le préparer à un destin d’exception, chargé de diriger et mener un peuple. Il n’a que dix ans, mais devient déjà un homme.

En 80, il s’enrôla dans l’armée et fit ses premières armes en Asie où il eut l’occasion de se venger, avec une rapidité foudroyante, de pirates qui l’avaient rançonné quelques années auparavant. Avant la Guerre des Gaules, les Gaulois et les Romains avaient déjà une longue histoire commune, essentiellement grâce au négoce. À cette époque, la « mode romaine » avait très largement modifié les us et coutumes de nombreux peuples gaulois sous influence. La religion des druides avait perdu de sa primauté auprès de la classe dirigeante, au bénéfice de la politique et du commerce. Les guerriers gaulois fréquentaient régulièrement leurs futurs ennemis romains en tant que mercenaires, à leurs côtés ou face à eux. Certains étaient déclarés officiellement « amis de Rome » et en adoptèrent partiellement les pratiques. Pendant ce temps, aux confins de la Gaule Belgique, bien loin de la vie méditerranéenne et de son faste, les traditions étaient plus vivaces, et opposaient même une résistance au flux des marchandises qu’on cherchait à leur faire adopter, le vin notamment. Pourtant, la civilisation celtique vivait ses derniers instants.

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Deux petits fils de nobles s’amusent à échanger des coups avec des armes factices. Ces activités sont encouragées par Moririgis et ses pairs, car leur métier sera de donner la mort. On apprend donc à désacraliser l’acte très jeune ; que l’on ne s’y trompe pas, ces enfants seront bientôt des tueurs sans pitié, pour le plus grand bonheur et la plus grande fierté de leurs parents.

L’initiation au combat Les jeunes nobles étaient initiés très tôt aux techniques de combat. On peut imaginer que dès que la coordination motrice de l’enfant le permettait, ils étaient entraînés assez durement. En partant certainement du jeu, ils devaient recevoir les bases. L’épée et le bouclier étaient manipulés dès l’enfance et devaient devenir des extensions des membres. La lance était l’arme la plus utilisée sur les champs de bataille, d’abord parce qu’elle coûtait moins cher, mais aussi parce qu’elle demandait moins de dextérité et de savoir-faire. Seule l’épée était l’arme de prédilection de l’élite aristocratique. Le bouclier était à la fois défensif et offensif. Il servait à porter des coups, perturber l’adversaire, masquer les mouvements d’épée…

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Installés aux abords de l’enceinte, Catuvulcos, Couiros et quelques amis s’amusent à lancer des javelines. Ils aiment à se défier les uns les autres, pariant à l’avance sur celui qui sera le plus précis, le plus puissant ou le plus régulier dans ses lancers.

Les armes de jet Il faut s’entraîner quotidiennement pour que des javelines deviennent redoutables. Certains guerriers se spécialisaient dans cette arme et en transportaient un grand nombre dans un carquois adapté. Ils servaient à harceler et désorganiser les lignes ennemies. Ils pouvaient aussi freiner ou stopper une charge adverse en lançant de très loin (de derrière leurs lignes par exemple) des milliers de projectiles à l’aide de courroies en cuir. Plusieurs tailles et modèles de javelines ont apparemment existé et ne sont plus connus que par leur nom : gaeso, materis etc. Ces lanceurs de traits pouvaient être déposés rapidement par la cavalerie sur un point du champ de bataille (en s’accrochant à la selle, la crinière ou la queue) et récupérés ensuite. Ce type de guerrier était vêtu légèrement et peu protégé : la mobilité extrême restait leur seule défense et ils ne devaient pas se retrouver au corps à corps avec leurs adversaires.

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Deux fils de soldurios s’entraînent à la touche avec des épées en bois pour ne pas se blesser trop sévèrement. Le respect est une composante majeure de ce type de duel. Le plus jeune a été touché dans le dos par un coup d’estoc et il doit le reconnaître. Mais un arbitre est parfois nécessaire pour faire appliquer les règles.

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L’art de la guerre L’art de la guerre chez les Gaulois était un acte sacré. Des codes qui échappaient aux contemporains latins et grecs ont dû surprendre les adversaires des régions éloignées. Les Gaulois affectionnaient tout particulièrement l’engagement en duel, car il permettait de révéler les qualités valeureuses. Certains d’ailleurs se feront remarquer dans les arènes romaines ! Sous la République romaine, un type de gladiateur est nommé « le Gaulois » en raison des origines des premiers combattants, adoptant comme simple équipement un casque, un grand bouclier et une longue épée avec laquelle il frappait de taille.


Catuvulcos et Amarcolitana ont une nourrice attitrée, Éponagena (litt. « née d’Épona »), particulièrement dévouée à sa tâche. On peut même dire qu’elle aime les enfants de Moririgis. Elle s’occupe de leur toilette et est chargée de les nourrir convenablement et suffisamment. De façon générale, elle veille à ce qu’ils ne manquent de rien. Un goûter dans la campagne est un moment très apprécié de l’aîné, Catuvulcos.

Cette pause est la bienvenue après les heures passées à monter et dresser des chevaux. Amarcolitana raffole des pâtisseries, tout particulièrement des anneaux de miel qu’elle dévore. Éponagena est soucieuse de l’avenir de ces deux jeunes qui seront les futurs dirigeants de la tribu des Morini. Ce sera difficile pour eux, même si ce sont des aristocrates. D’ailleurs, la servante pense que la vie n’est jamais facile, pour

personne. Elle a élevé de nombreux enfants d’artisans puis de nobles et elle sait que chacun, dans cette société, est condamné à l’excellence. Mais elle est particulièrement inquiète pour Catuvulcos, promis à un avenir héroïque et donc préoccupant. Un druide l’a prédit : « Il doit accomplir un destin exceptionnel : il fera perdurer le culte d’une divinité qui lui sera tutélaire. Elle le protégera en retour de son souffle divin ».

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Catuvulcos et sa soeur Amarcolitana s’amusent dans un corucos (coracle). Le jeune garçon rêve de devenir un jour comme son père et il aime à jouer au moritex (navigateur). Mais il lui faut encore beaucoup apprendre, il est loin de maîtriser la technique de godille avec une seule rame. L’embarcation a tendance à tourner sur elle-même plus qu’à avancer, ce qui fait beaucoup rire Armarcolitana. Tandis qu’ils prennent du bon temps, les deux enfants ne courent aucun danger ; un peu à l’écart, Pelignos veille à ce qu’ils restent en sécurité dans le cordon de galets. Et il a vérifié que la retenue d’eau laissée par la marée n’était pas très profonde.

Les petits navires de cuir Les coracles gaulois étaient de petites embarcations faites d’une armature en osier ligaturé et de peaux de buffle faisant coque, graissées pour l’étanchéité. Jules César en utilisa durant sa campagne d’Espagne en 49 avant notre ère.

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Catuvulcos et Couiros jouent à se défier régulièrement sous l’œil amusé d’Amarcolitana. Une amitié de plus en plus forte unit ces deux jeunes nobles gaulois. Couiros et Catuvulcos se sont juré, par jeu, qu’ils resteraient fidèles l’un à l’autre. Même si c’est une promesse d’enfants, la parole, chez les Gaulois, est sacrée ! Et ce serment aura des conséquences, dans ce monde et dans l’autre…

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Catuvulcos et Couiros jouent à la chasse au cerf devant Isara et Adlauda (litt. « la belle alouette »), la soeur de Couiros qui excite la bête avec un sifflet en os. L’ambact Curmisagios (litt. « celui

qui cherche la bière ») surveille et surtout observe le comportement de Catuvulcos. L’esclave qui se cache sous la peau a ici une occasion inespérée de se faire apprécier de cette noblesse

généralement inaccessible. Il faut qu’il fasse attention, car il serait mal vu qu’il blesse un des petits nobles, mais il ne doit pas non plus donner signe de mollesse pour ne pas qu’ils s’ennuient.

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Pelignos, le serviteur et paysan, ramène Catuvulcos et Amarcolitana au domaine. Ils ont échappé à la surveillance d’Éponagena ! Il y a fort à parier qu’ils seront sévèrement punis, mais leur nourrice également ! D’autant que c’est une pratique régulière de Catuvulcos et Amarcolitana… Isara, leur mère, sera furieuse. Même s’ils sont les enfants du seigneur du lieu, ils doivent obéissance. Il est temps que la rigueur et la discipline leur soient inculquées. Isara envisage de faire venir un précepteur étrusque fort réputé afin qu’il leur enseigne l’écriture du latin et du grec. Et l’entraînement militaire de Catuvulcos sera confié au champion de la tribu : Curmisagios, le meilleur ambact de Moririgis !

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La mort doit vite faire partie de l’enseignement de Catuvulcos. Et le mieux pour la découvrir est de la donner à de grands animaux : biches, cerfs, sangliers, boeufs sauvages, loups, etc. C’est pourquoi Moririgis emmène son fils à la chasse. L’arc est parfois utilisé, mais un pieu ou une lance est généralement plus efficace face

au gibier dont le cuir est épais. Catuvulcos doit maîtriser toutes les armes, même celles qui ne sont pas tout à fait de son rang. Il apprend la technique de l’affût, de l’approche, atouts importants pour un chasseur. Catuvulcos et son père se sont donc approchés de la grande ferme voisine sans se faire repérer par les guerriers.

C’est déjà une première victoire ! Mais hors de question de chasser sur les terres d’un autre propriétaire terrien. Surtout de la même tribu ! Ce serait faire un affront, une provocation inutile pour Moririgis qui entretient toujours de bonnes relations avec son voisinage.

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Cela fait deux jours que Catuvulcos, son père et l’ambact Curmisagios marchent dans la forêt et les marécages. Ils ont aperçu des traces de sanglier, mais Moririgis répugne à tuer cet animal sacré sans la présence d’un prêtre ou sans raison bien précise, comme un rituel par exemple. Sa force et son ardeur au combat

sont un modèle pour tout guerrier. C’est une divinité importante figurée sur les trompes de guerre, les carnyx ou, plus rarement, sur les monnaies. Mais on ne représente pas ses dieux à la légère chez les Gaulois. Comme le font de manière si ridicule les Romains ou les Grecs !

L a ve ill e, autour du feu, Curmisagios racontait comment son arrière grand-père avait ri en voyant toutes ces divinités si mal figurées dans les contrées lointaines. « Quelle honte ! Ces ignares ne voient même pas qu’ils offensent les dieux ! » Curmisagios vient en effet d’une longue lignée de mercenaires, qui ont beaucoup voyagé. Il est le premier à devenir ambact (guerrier d’élite et garde du corps). C’est un immense honneur qui rejaillira sur toute sa descendance.

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La trompe celtique Le carnyx était une trompe verticale d’environ un mètre quatre-vingt de haut en tôle de bronze, dont le pavillon symbolisait généralement une hure de sanglier. Il existait aussi des instruments en bronze et bois, dont des exemples ont été découverts dans divers pays d’Europe. Des figurations de ces instruments, comme sur le célèbre chaudron de Gundestrup, témoignent de sa présence de l’Asie Mineure à l’Irlande. On en voit aussi des représentations sur des pièces de monnaie. Avant la découverte exceptionnelle de sept exemplaires complets en 2004 dans le sanctuaire de Tintignac (Limousin), on ne connaissait que quelques fragments épars. Le carnyx était vraisemblablement utilisé pour transmettre les ordres sur le champ de bataille et pour certains rituels. Les auteurs grecs et latins écrivirent que les Celtes en jouaient régulièrement lors des affrontements.

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Ça y est ! Un magnifique cerf est au bout du chemin. C’est Moririgis qui va tirer, car son arc est puissant, et il faut une flèche décisive. L’animal sera remercié de s’être offert ainsi. Une partie sera consommée, une autre présentée aux divinités du sanctuaire morin, une autre au dieu tutélaire de la famille de Moririgis : Morieepa, déesse locale de la mer.

Enfin, les restes non consommables seront données aux artisans, pour le tannage par exemple, ou pour la récupération des tendons pour faire des cordes ou des attaches extrêmement robustes. Les bois serviront de manches de couteau. Rien ne sera gaspillé ou perdu sur la bête. Le don de la vie doit être respecté.

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Depuis peu, des phoques sont revenus dans la baie de Morieepa. Les anciens parlent parfois d’une colonie qui était venue s’installer, qui disparut voilà bien longtemps, dérangée ou plus certainement exterminée. En effet, leur graisse et leur viande sont excellentes. Et leur peau possède des propriétés extraordinaires : un bardocucullus fait dans leur cuir vous assure imperméabilité et chaleur pendant de longues années. Moririgis et son fils vont en tuer deux qui se sont allongés sur un banc de sable à marée basse. Moririgis avait promis à ses pêcheurs qu’il leur ramènerait deux beaux spécimens ! Il y a longtemps, en mer, lors d’une campagne de pêche chez les Aremoricains, Moririgis avait vu des dauphins et il en avait même mangé. Mais il préfère le phoque, dont la graisse a de si nombreux usages, depuis les onguents de druides jusqu’aux divers soins pour la peau.

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Comme l’arc, la javeline ne sera pas l’arme de prédilection de Catuvulcos. En tant que noble, ce sont l’épée et le bouclier qu’il privilégiera. Mais il se doit de maîtriser tout ce qu’un Gaulois utilise au combat : arcs, javelots, frondes, lances, etc. ne doivent plus avoir de secret pour lui. Son père teste ici sa dextérité, son obéissance

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et sa volonté en le faisant tirer sur son instructeur. Il ne doit pas avoir peur de rater son coup ou de faire mal à Curmisagios. Il doit le faire, c’est tout, sans discuter ni s’interroger. Et surtout sans même y réfléchir : l’ambact est là pour ça, il ne se pose pas de question, lui. Son geste sera parfait.


Sur la côte des Morini, dans le cordon dunaire, lorsque le temps le permet, on peut voir les falaises brittonnes. Curmisagios montre à Catuvulcos les bateaux de son père sur l’horizon. Le commerce de l’étain est florissant. Depuis peu, Moririgis tente d’exporter du vin romain, mais les Brittons refusent pour l’instant d’en consommer.

Ses meilleurs clients restent les Atrébates (région d’Arras, dans le Pas-de-Calais) qui ont installé une colonie belge sur l’île il y a de nombreuses années. Leur cité brittonne porte d’ailleurs le même nom que celle du continent. C’est là-bas que Moririgis a rencontré Isara l’Icénienne, la mère de Catuvulcos. Curmisagios raconte

comment ils se sont connus. Il le sait bien, car il était présent ce jour-là. Il est rare, au sein de la noblesse, qu’un mariage soit amoureux. Généralement, ils sont arrangés pour sceller des liens entre les peuples celtes afin de se prémunir d’une éventuelle agression ou d’une rupture de contrat commercial.

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L’ e n t r a î n e m e n t de Catuvulcos est intensif : courir vite, longtemps, sauter haut, loin, lancer fort et avec précision, nager, monter à cheval. Il a donc des exercices quotidiens, qui sont ceux de tous les combattants de l’Antiquité. Curmisagios lui a raconté qu’en Grèce, les guerriers se rencontrent pour se mesurer les uns aux autres de manière pacifique. Ils appellent ça les « Jeux Olympiques ».

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Pa r m i l a c i n q u a n t a i n e de guerriers au service de Moririgis, un ne le quitte jamais. C’est Curmisagios, qui est son ambact (de ambactos, « ceux qui sont autour »), sorte de garde du corps voué corps et âme à son seigneur. Ils sont liés par un serment puissant qui conduira le soldat à donner sa vie sans fléchir si son maître venait à disparaître, d’une manière ou d’une autre. C’est une tâche sacrée qui lui assure un statut particulièrement honorable, en plus d’une existence confortable. Curmisagios a déjà sauvé Moririgis lors de débats politiques houleux où la diplomatie a vite laissé place aux armes, pratique courante chez les Gaulois. Au cours de ces débats, un protocole rigoureux est respecté. On ne doit pas couper la parole sous peine de sanctions humiliantes. Et les nobles imposent leur respect, par la force si nécessaire. Curmisagios et Moririgis se remémorent quelques anecdotes. Une certaine complicité s’est instaurée entre les deux hommes au grand dam de la classe aristocratique des Morini, qui trouve cela inconvenant.

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Curmisagios vient de blesser son élève. Un coup de hampe de lance dans le nez a un peu choqué Catuvulcos. L’ambact le sermonne en lui disant de se relever vite !

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Cela n’est rien à côté des futurs combats qu’il devra mener. Catuvulcos regarde autour de lui… Il est seul. Personne pour le soutenir ou le réconforter. Il sent monter

en lui un sentiment puissant à l’encontre de son tortionnaire : la haine. Il entre sur la voie du combattant.


Curmisagios n’épargne pas Catuvulcos. Il le fait courir dans le sable meuble et en pente ! La soif tenaille le garçon qui n’aura le droit de boire dans la gourde que si son entraîneur estime que ses efforts ont été suffisants. L’endurance doit être acquise rapidement pour le jeune noble qui s’est habitué un peu trop aux bonnes salaisons gauloises. Les privations et les humiliations sont nouvelles pour lui. Mais Curmisagios sait qu’il doit être implacable avec son élève. C’est comme cela qu’il en fera un guerrier avec des capacités physiques et mentales supérieures à la moyenne. La résistance aux manques lui permettra de supporter les conditions difficiles des raids militaires chez les autres peuples, notamment ceux qui se trouvent au-delà du Rhin. Il est possible que Catuvulcos se voie imposer une initiation guerrière brutale vers le début de sa puberté. Il se doit d’être prêt.

Un physique de guerrier Les découvertes archéologiques des tombes aristocratiques gauloises le prouvent : taille supérieure à la moyenne et ossature robuste laissent supposer qu’ils n’ont pas souffert de carences alimentaires. Des traces d’insertions tendineuses puissantes sont les vestiges d’une forte musculature acquise à force d’entraînements.

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À quelques lieues gauloises du domaine de Moririgis, il est un endroit que les très anciens utilisaient pour leurs rituels : une tourbière sacrificielle. Ces lieux de culte sont un peu tombés en désuétude et ne sont plus fréquentés que par quelques uidla (litt. « sorcières ») et par leurs adeptes des basses classes sociales. Depuis plus d’un siècle, les sacrifices humains

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diminuent car ils éveillent moins d’intérêt. Mais ceux qui arpentent ces endroits sont des nostalgiques de cette époque. C’est chez les uidla que les pauvres gens vont se faire soigner, vu que les prix pratiqués par le clergé ne sont pas à leur portée. Vieilles recettes et potions infâmes semblent les guérir. À moins que ce ne soit la force de persuasion des sorcières.

Dans la tourbière, de nombreux animaux ont été sacrifiés aux dieux infernaux et les humeurs de leur putréfaction sont là pour les nourrir. Des carcasses entières de chevaux pourrissent lentement sur de longues perches, des crânes de bovidés et d’ovins sont plantés sur des pieux, derniers vestiges de corps engloutis par les divinités souterraines.


L’odeur est insoutenable. Catuvulcos est effrayé, mais il est obligé d’assister au sacrifice d’un être abject. Ce dernier, esclave depuis l’an dernier, a été razzié puis vendu à Moririgis. Et c’est lui qui faisait disparaître des poules depuis quelque temps. De plus, il a offensé les dieux gaulois en sacrifiant les volailles à sa divinité germanique Tivar, le sanguinaire. C’est pourquoi Morieepa est furieuse. Elle a provoqué une grande tempête, détruisant de nombreux navires. Même si les sacrifices humains sont désormais assez mal vus, Moririgis veut apaiser le courroux divin en offrant le corps du Germain sournois. Il a décidé de le faire discrètement dans la tourbière. La strangulation est la meilleure méthode pour pratiquer une divination en même temps. En observant les soubresauts et la lente immersion du cadavre dans les boues éternelles, Moririgis aura peut-être les réponses à ses questions concernant Catuvulcos. En effet, la soeur de ce dernier fait des songes puissants. Et le dernier en date a troublé Moririgis : elle a vu son frère se battre contre une louve, aidé par une jument blanche…

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Pétrifié, Catuvulcos regarde cette scène étrange. Quelque chose au fond de lui-même lui crie de partir. Il a la nausée. Mais une force mystique est à l’oeuvre en ces lieux, il en est fasciné. Il sait que cérémonies et sacrifi ces seront son lot quotidien. Mais c’est la première fois qu’il assiste à l’agonie d’un être humain, de la main de son père, de surcroît. Moririgis vérifie si le Germain est bien décédé et observe les sécrétions qui sont sorties de sa bouche. Il veut être sûr que le mot prononcé au milieu des gargouillis est celui qu’il a cru entendre, « Épona ». Attentif au moindre signe, Moririgis essaye de voir au-delà des apparences. Soudain, il comprend. L’évidence est sous ses yeux : Catuvulcos sera sous la protection de la divinité cheval, elle est à sa droite derrière lui ! Et de part et d’autre de son fils : un faucon qui attaque une louve ! Il n’y a pas de hasard chez les Gaulois : les motifs des boucliers sont là pour parler à Moririgis aujourd’hui : son enfant, Catuvulcos, le faucon de combat, entrera en lutte contre les fils de la louve, les Romains. Et cela se fera sous la protection d’une divinité puissante : Épona.

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Une prêtresse guide Milosmerta venue déposer un ex-voto (petite statuette en bois représentant la personne ou la partie du corps en souffrance) auprès d’une source sacrée. La guérison est généralement rapide à condition que personne n’y touche, ce qui serait un sacrilège. L’intendante du domaine a enfin eu un enfant après son offrande de l’an passé. Son mari, menuisier, lui avait sculpté des organes génitaux féminins. Neuf lunes plus tard, ses voeux furent exaucés et, aujourd’hui, elle remercie les dieux de l’endroit en présence d’un membre du clergé : elle fait don de monnaies en bronze et place une nouvelle statuette en bois pour soulager les maux de ventre de son bébé. Le bleu de la source est tellement vif que seule la magie peut le créer. En teinture, on l’obtient avec la guède, plante répandue surtout chez les Ambiani, un peu au sud du territoire des Morini. La prêtresse en a teint sa robe. Mais c’est aussi un antiseptique et un cicatrisant puissant. Les guerriers d’élite s’en enduisent le corps après les batailles alors que leurs plaies saignent encore parfois. Certains serviteurs crédules voient alors un sang bleu couler des blessures de leurs maîtres et se posent des questions...

Les sources et points d’eau sacrés L’eau était sacrée chez les Gaulois : c’était le lieu de passage vers l’autre monde, celui des dieux et des héros. C’est pourquoi de nombreuses sources et résurgences étaient sanctifiées et accueillaient des cérémonies religieuses. La religion chrétienne s’est parfois simplement accaparé ces lieux en leur attachant un saint local pour s’en approprier les vertus miraculeuses et faire en sorte que les habitudes des pèlerins perdurent sous un nouveau dieu.

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Catuvulcos assiste très tôt aux rituels et sacrifices. Les prêtres du culte veulent en faire un officiant. Il doit rapidement savoir lire et écrire le gaulois, le latin et le grec. Un précepteur étrusque lui enseigne ces langues et un barde lui fait réciter chaque jour des milliers

de vers, des textes et autres chansons. Les mathématiques, l’astronomie, la géographie, la mythologie n’auront plus de secret pour lui. Un druide, en personne, vient parfois lui apprendre l’ordre du monde, les savoirs ésotériques et la pratique des rituels.

Le clergé gaulois Le druide était l’intermédiaire entre les dieux et les hommes. Érudit, philosophe, il était le gardien de la foi et de la sagesse, et correspondait à la première fonction de la tripartition indoeuropéenne décrite par Georges Dumézil. Personnage de tout premier plan de la société celtique, il était placé au-dessus de la noblesse et des rois dont il était généralement le conseiller et la mémoire. Il constituait le véritable ciment de la civilisation celtique, bien que sa réalité historique échappe encore aux chercheurs. Un seul nom bien attesté est parvenu jusqu’à nous, celui de Diviciacos.

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Moririgis, en compagnie de son ami Windobrannos (litt. « le corbeau blanc »), reçoit Caius, un vétéran romain. Un seul légionnaire l’accompagne dans le domaine jusqu’à la maison du maître, les autres l’attendent à l’extérieur. C’est la première fois que Catuvulcos rencontre des soldats romains. Il avait déjà vu des marchands, bien entendu, mais jamais deux guerriers tout équipés. Et il est surpris d’entendre Caius parler un peu le gaulois.

Ce dernier est venu racheter la tête d’un centurion tué il y a vingt ans par le père de Moririgis. Depuis, elle était rangée précieusement dans un coffre, enduite d’huiles parfumées pour la conserver. De temps en temps, le noble aime à présenter sa collection et celle de sa famille à ses nobles visiteurs. C’est une grande fierté d’avoir autant de trophées. Et Moririgis n’est pas vraiment disposé à rendre cette tête, d’autant moins à la légion à laquelle ce centurion appartenait et dont le vétéran est le représentant.

Mais ce dernier lui propose une bourse pleine de statères, des esclaves et une amphore de vin. Moririgis hésite, car, sa flotte ayant souffert de la dernière tempête, il aurait bien besoin de tout cet argent. Alors que la tractation semble aboutir, les deux gardes du corps se jaugent. Voilà tout à fait le genre de conversation qui pourrait mal tourner.

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Couiros, fils d’ambact et grand ami de Catuvulcos, doit partir. Il est envoyé chez un oncle qui est un guerrier renommé dans le pagus (litt. « pays ») des Nerviens. En tant que fils de l’élite des combattants morini, il sert d’otage : si les accords passés entre les deux tribus ne sont pas respectés, Couiros sera exécuté. Mais si tout se déroule bien, il bénéfi ciera d’une excellente éducation et du meilleur entraînement militaire. Il sera traité comme l’un des leurs… ce qu’il deviendra vite, d’ailleurs. Les adieux entre les deux amis, sous le regard de la mère et de la soeur de Couiros, sont poignants. Bannaninnos (litt. « le serviteur à corne »), un serviteur attitré, va le suivre dans cette nouvelle vie.

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Catuvulcos est très triste de voir partir son ami. Cette vie de noble commence à lui peser. Il en vient à envier les enfants des catégories sociales inférieures. Même s’ils sont moins aisés, ils ont moins d’obligations. Ses frustrations vont alimenter une colère sourde. Il est en train de devenir un homme. Il s’isole de plus en plus et son précepteur est inquiet, son assiduité dans les apprentissages se dégrade et pire, il fait montre d’obstination. Or, dans un an, il doit passer son initiation guerrière. Une épreuve terrible à laquelle certains ne survivent pas…

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Lorsqu’il a un peu de temps libre, Catuvulcos va voir les chevaux aux écuries. Il a une affection profonde pour ces animaux. Il ne sait pas pourquoi, mais, avec eux, il oublie ses soucis. Il se sent en sécurité, réconforté. Les choses sont simples pour ces bêtes, elles

peuvent être puissantes et endurantes tout en étant sensibles. Pourquoi veut-on tuer l’enfant qu’il est ? Pourquoi doit-il être fort ? Lorsqu’il pense à Couiros chez les Nerviens, il se dit que cela doit être pire pour lui. Catuvulcos lui, voit encore sa famille. Mais il lui semble

que Moririgis fait tout pour l’éviter depuis quelque temps. Son père a-t-il honte de lui ? Il en a peur, bien qu’Isara lui a maintes fois expliqué que c’est la tradition : tant qu’il n’aura pas réussi son initiation guerrière, son père fera tout pour ne pas être vu à ses côtés en public.

Les chevaux Les Gaulois étaient passionnés par les chevaux. Ils n’hésitaient pas à dépenser des fortunes pour en acquérir certains. Le prestige du cavalier était rehaussé par celui de l’animal. C’était un objet de récompense qui pouvait remplacer la solde. Polybe nous rapporte qu’il constituait le prix, en plus de riches sayons, accordé au vainqueur d’un combat singulier qu’Hannibal avait organisé entre des Gaulois. Le cheval était non seulement au centre de la société, mais encore plus de la vie militaire et des affrontements. La tactique était toujours conçue en fonction de sa présence et de son utilisation. La cavalerie avait à chaque fois le beau rôle et une partie des fantassins avait pour principale mission de s’occuper des cavaliers et de leurs montures. Un autre exemple de cette prééminence du cheval se trouvait dans le fait que, lors des dénombrements, on comptait sur un pied d’égalité les guerriers d’élite et les montures. En outre, le cheval était chez les Gaulois une divinité : Épona. Le rapport à cet animal n’était pourtant pas exempt de pragmatisme, puisque, au moins dans la région septentrionale de la Gaule, il était communément consommé.

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Adlauda, la soeur de Couiros, est très malade. Elle est prise de quintes de toux et a de la fièvre. Elle est soignée au mieux, mais, malgré cela, son état ne s’améliore pas. Deux esclaves s’occupent d’elle en permanence et lui prodiguent les soins conseillés par le druide de la communauté. Le grand druide des Morini a même été mandé par Moririgis. Il doit venir de l’oppidum dans les jours prochains quand il aura expédié ses affaires courantes. Mais hélas, il arrivera trop tard. Catuvulcos lui chante des chansons, lui récite les poèmes qu’il a appris, il sera là jusqu’à ses derniers instants. Il lui promet que son voyage vers l’autumnos doro, la porte de l’autre monde, se passera bien. Qu’elle ne s’inquiète pas, il se reverront dans une existence future, lorsque les cycles de leurs incarnations successives cesseront enfin. Il en est persuadé, ils se retrouveront, car la mort n’est que le milieu d’une longue vie.

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César devient grand pontife et prêteur ; il s’occupe ainsi de la religion et de la justice. Puis il part en Espagne pour la deuxième fois ; il y fait de nouvelles conquêtes et revient à Rome avec son armée victorieuse. Après les « ovations », on le nomme imperator.

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Alors que Crassus et Pompée sont réélus, César demande à être le troisième consul. Ce sera le premier gouvernement avec trois dirigeants : le premier triumvirat (en latin : tri pour trois et vir pour homme).

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C’est le début de la Guerre des Gaules. Durant cette première campagne, les Helvètes puis les Germains sont défaits.

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Deuxième campagne de César, contre les Belges. Il cherche à soumettre les différents peuples de Belgique au nord de la Seine : les Suessiones (de Soissons), les Bellovaques (de Beauvais), les Ambiens (d’Amiens), les Nerviens (du Hainaut) et les Éburons (de Tongeren – en français Tongres – une ville située entre Liège et Maastricht).

La tenue de guerre de Catuvulcos, après son initiation, est exposée fièrement dans une demeure de son père.

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En révolte Alors que Catuvulcos a une vingtaine d’années, l’époque est très troublée et les Belges s’inquiètent. Le grand peuple des Helvètes prépare sa migration. Ils sont à l’étroit entre les montagnes des Alpes et du Jura et partent pour s’installer dans le pagus des Santons en Aquitaine. Pour cela, ils vont traverser les Gaules de part en part, ce qui nécessite de nombreuses tractations avec les

tribus qui voient passer quelques dizaines de milliers d’Helvètes sur leur territoire. Naturellement, cela inquiète certains peuples, Séquanes, Éduens et Allobroges, de même que le défenseur de la Province romaine toute proche, le proconsul Caius Julius Caesar (Jules César). Ce dernier met finalement en marche ses légions, en partie à la demande de ses alliés Éduens.

Contexte historique La Gaule entre dans l’Histoire : l’ouvrage de Jules César La guerre des Gaules la fait sortir de la protohistoire en 58 avant notre ère. Jules César se voit confier pour cinq ans le gouvernement de la Gaule, Cisalpine puis Transalpine (la Province romaine du sud de la France). C’est à ce moment qu’il est sollicité par le peuple gaulois des Éduens en Bourgogne. Ces « Amis de Rome », parce qu’ils ont embrassé le modèle romain et sont des alliés depuis longtemps, se sentaient menacés par les Helvètes (de la

Même si cette agitation est loin dans le sud, en Gaule Belgique les assemblées de la noblesse se tiennent de plus en plus souvent. Les Belges alliés sont inquiets des troubles, bien qu’ils demeurent confiants dans l’avenir, en raison de leur puissance militaire.

Suisse) qui avaient entrepris d’émigrer vers la Saintonge (autour de la ville de Saintes). César commandait alors neuf légions et des mercenaires, ce qui faisait environ 100 000 hommes. Ses légionnaires, extrêmement disciplinés et bien entraînés, pouvaient aisément parcourir jusqu’à 40 km par jour, avec tout leur équipement.

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