3 minute read
NOTE EXPLICATIVE DU PROJET
La ligne ferroviaire Morlaix-Roscoff
Cette ligne au riche passé historique, profondément imbriquée dans le territoire agricole a fonctionné jusqu’en 2018. Cette année là, de violentes intempéries emportent une portion des rails; cette destruction va sceller le destin de la ligne, déjà menacée de fermeture depuis des années pour des raisons économiques. Depuis, lors hors-service, elle laissée en friche: les rails non démontés voient feurir la végétation, les quartiers de gare sont délaissés, les bâtiments de gare délabrés. Cette ligne de chemin de fer est en réalité un véritable gisement pour le territoire du Haut-Léon, car elle est amenée à renaître pour diverses raisons.
Advertisement
Le train, un enjeu européen... et breton
Afn de bien comprendre les enjeux qui gravitent autour de cette ligne ferroviaire, il convient de regarder les conditions dans lesquelles elle a été édifée. Le territoire étudié, qui comprend la péninsule qui va de Morlaix à Roscof, est aussi appelé «Ceinture Dorée», en rapport à son agriculture très riche et développée. Le territoire, situé sur des terres loessiques très riches et donc fertiles, profte de sa proximité directe avec la mer et donc d’un climat doux, particulièrement en été. Ces conditions climatiques ont toujours favorisé l’agriculture maraîchère, et plus particulièrement les primeurs. La région est connue pour sa productions d’oignons roses tressés, aujourd’hui classés AOP. Ils sont exportés vers Angleterre depuis le 17ème siècle par les Johnnies, marchands ambulants qui transportent des tresses d’oignons à vélo. A partir de la seconde moitié du 19ème siècle, au moment où les rails feurissent en France, Roscof voit son chemin de fer construit. Il achemine, en plus des voyageurs, surtout les légumes, fruits et feurs locaux jusqu’à la capitale. Cette ligne connait ses heures de gloire entre 1957 et 1981, en devenant la ligne de chemin de fer de fret la plus rentable de France. Cependant, à partir des années 80, la ligne subit la concurrence du fret routier, diminuant ainsi massivement son utilisation. Le rapport Spinetta de 2018, qui prône l’ouverture à la concurrence et la fermeture des petites lignes TER peu rentables, ne sauvera pas son cas, bien au contraire. En 2020, un événement qui semble pourtant décorrélé du Haut-Léon vient renverser la donne: le Brexit. En efet, depuis la sortie du Royaume Uni de l’UE, Roscof devient le port le plus proche géographiquement de l’Irlande, et intègre donc la RTE-T (réseau transeuropéen de transport, destiné à développer les infrastructures qui facilitent les connexions entre les réseaux routiers, ferroviaires et fuviaux des Etats Membres). En intégrant cette RTE-T, tout le territoire roscovite bénéfcierait d’investissements importants et d’un accès à de nouveaux fnancements européens, qui visent à décarboner au maximum les transports, et à allier fret maritime à fret ferroviaire. Ce projet se place ainsi dans le scénario du retour du train entre Morlaix et Roscof.
La SICA, agent centralisant du territoire et de ses activités
En efet, historiquement, la ville de Saint Pol de Léon est le cœur du territoire agricole. Encore aujourd’hui, une grande partie de son économie tourne autour des activités agricoles, de la culture, de la transformation alimentaire, de la recherche, de la logistique, mais aussi du fret routier. Un acteur majeur de cette économie est la SICA. Cette société implantée à Saint Pol depuis 1888, cette société coopérative comprend un marché au cadran, qui permet la vente par un système d’enchères électroniques, assurant ainsi la clarté des prix, la rapidité des ventes et la centralisation des zones et des outils de production. Cette centralisation est notamment cristallisée dans le site de Vilar Gren, située au sud de la commune, qui centralise les volumes de produits, l’agréage, la préparation, l’acheminement des légumes à transformer ou empaqueter vers les usines Prince de Bretagne (situées à 2km à l’est de Vilar Gren) et l’expédition directe des produits non-transformés.
Une implantation historique et un programme local
Le Haut-Léon, bassin particulièrement fécond pour l’environnement agricole, grâce a la richesse de ces sols et à l’organisation de ses exploitations agricoles en une grande coopérative, est également connecté au rail. Sur place, la ligne de train se présente encore comme un membre fantôme dans le paysage autour duquel les fermes, les usines, les centres de production étaient connectées. Ainsi, l’ancienne gare de St Pol était déjà un lieu de chargement de marchandises en provenance et en direction de Roscof et Morlaix (donc de Paris). Cet emplacement, proche du bassin agricole, stratégiquement connecté à Vilar Gren et en bordure de chemin de fer, se révèle stratégique pour insufer un nouveau programme permettant de faire du train un bras logistique profondément utile au système agricole, en le rendant plus indépendant et autonome. Reconnecter ce territoire au rail par le fret permettrait également de remettre en circulation des trains de voyageurs. Le domaine de la recherche en agro-alimentaire tend à se tourner, depuis les lois de 2018, vers une fuidifcation des échanges des semis dits «paysans». Un pôle de recherche et de productions de semis paysans permettrait alors une autonomie relative à la SICA quant à l’origine de leurs semences et à leur approvisionnement. En plaçant dans un même lieu fret ferroviaire, site de recherche et gare de voyageurs, le projet se veut révélateur du fonctionnement du territoire agricole. Révélons le chargement, dévoilons les fux logistiques, oublions les grands hangars opaques; le projet doit être un outil de démonstration, de transparence des activités agricoles et ferroviaire, et ainsi valoriser les métiers qui les font vivre.