Mémoire vive

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L’UNIVERSALITÉ DE LA RÉFÉRENCE Camille Bresteau / Référence / 24 mai 2013





SOMMAIRE


PARTIE 1

PARTIE 2

TRAVAUX DE RÉFÉRENCE

ARCHITECTURE

L’UNIVERSALITÉ DE LA RÉFÉRENCE

INTRODUCTION

ENTRE URBAIN ET VÉGÉTAL Insérer une maison dans un site paysagé

10/11

Tentatives de définitions

42

CO-HABITER Partager commerce et habitat

12/13

Référence universelle, référence objective ?

43

DENSITÉ HABITÉE Du collectif à l’individuel

14/17

Le rôle de la référence

43

PALIMPSESTE Investir le souterrain

17/18

Quels critères à l’universalité ?

43

PLONGER VERS LA PISTE Profiter d’un panorama

20/21

N’LIBRE Négatif de Berlin

22

MUTATION URBAINE Renforcer une urbanité

1.LA NATURE, référence universelle ?

23

Quand il n’y avait rien d’autre

44

HABITER Du logement individuel au logement social

24/25

De la nature minérale et végétale

44

À la nature humaine

45

De l’architecture organique

46

À l’architecture biomorphique

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ARTS PLASTIQUES NOEUD URBAIN Entre expansion et délaissement

26/27

SAFARI DREAMS Rénover un fauteuil

28/29

CHEZ LE BOUCHER Chair contre chair

30/31

À FLEUR DE PEAU Paysages épidermiques

32/33

EXPÉRIENCES PERSONNELLES METTRE LA MAIN À LA PÂTE Découvrir, apprendre, comprendre

34/35

DE LA THÉORIE À LA PRATIQUE Premier pas en agence

36/37

L’AILLEURS Découvrir, se laisser surprendre

38/39

2.UNE RÉFÉRENCE ORIGINELLE ? Marquer son époque

48

L’invention

49

Avant-garde ou interprétation d’un précédent ?

50

Référence universelle VS culture populaire

50

Faire l’unanimité

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PARTIE 3 3.LA PROPAGATION DE LA RÉFÉRENCE

ORIENTATIONS PROSPECTIVES

1.PERSPECTIVES ÉTRANGÈRES

S’ouvrir à de nouveaux horizons

La médiatisation

52

Un projet en cours

58

Jusqu’au formatage ?

52

Personnaliser son parcours

58

La question du style

53

Prendre du recul

58

Être critique

53

Un complément d’étude ?

59

L’effet « rhizome »

54

Des opportunités

59

L’apprentissage du savoir

54

Des rencontres

59

La multiplicité des références

55

2.ET APRÈS ?

Le monde professionnel

Une transition à préparer

60

Mêler les acquis

60

Multiplier les approches

60

3.FINALITÉS

Mémoire en devenir

Quelle architecte en devenir ?

61

Boucler une boucle

61

BIBLIOGRAPHIE

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PARTIE 1 TRAVAUX DE RÉFÉRENCE


ENTRE URBAIN ET VÉGÉTAL

Insérer une maison dans un site paysagé

Nantes / Licence 1 / 2010-2011 Plan masse / 1000ème

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Le programme de cette habitation implique la présence d’espaces publics (salle d’exposition, cours d’arts plastiques) et d’espaces privés. Ce projet propose de créer un axe principal, qui accroche la rue pour se terminer face à la forêt. Un volume vient s’accrocher à cet axe, permettant de refermer la maison sur elle-même, face à la forêt. L’enjeu était ainsi d’orienter et d’implanter la maison en fonction de la morphologie du terrain et du paysage proposé. La maison s’adapte aux courbes de niveaux par un jeu de paliers. Le patio central planté crée un lien avec la nature environnante.


11

Plan RDC / 200ème


CO-HABITER

Partager commerce et habitat

Bornéo - Amsterdam / Licence 1 / 2010-2011

A partir d’un gabarit imposé, l’enjeu était d’optimiser l’espace et d’intégrer un logement, un commerce et des espaces extérieurs.

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Inspiré du quartier de Bornéo à Amsterdam, l’idée était de proposer un nouveau mode d’habiter. L’espace public devient un lieu de rencontre, de jeu, laissé à l’appropriation des habitants et des piétons. Le rapport à la rue change et la limite entre espace public et espace privé devient floue. A l’intérieur du logement, le patio central joue le rôle de lieu d’intéraction entre le salon de thé et l’escalier du logement. Des liens visuels se créent alors entre les usagers du salon de thé et les habitants du logement. Des espaces extérieurs côté rue permettent d’apprécier l’animation de la rue. Côté mer, les habitants et les clients peuvent profiter d’un panoraa et du calme de l’eau. La façade s’ouvre et s’ajoure pour créer un lien avec la place publique qui lui fait face.


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DENSITÉ HABITÉE

Du collectif à l’individuel

Nantes / Licence 2 / 2011-2012

Après avoir étudié le PLU, l’enjeu était de construire du logement collectif, le plus densément possible, selon les contraintes règlementaires.

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Le bâtiment se compose de 3 volumes, qui s’imbriquent les uns dans les autres. Il crée une barrière avec la rue et le boulevard en se plaçant en bord de parcelle. Un jardin collectif central, orienté au sud, permet l’apport de lumière dans le bâtiment. Il est laissé à la libre appropriation des habitants qui bénéficient ainsi d’un espace extérieur supplémentaire. Le programme inclut des logements du T1 au T5, mais également un espace de commerce au rez-de-chaussée, qui permet l’animation de la Place des Fonderies. Une crèche, située au dernier étage, surplombe le boulevard. Elle bénéficie ainsi d’un espace extérieur sur le toit du volume inférieur. Un parking semi-enterré offre le nombre de stationnements requis par le PLU. Plan de situation

Plan masse


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Boulevard Vincen

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Bâtiment voisin

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Ensuite, chaque étage courant se répète de manière quasi-similaire en alternant et enmixant les types de logements. Les logements bénéficient tous d’un espace extérieur (loggia ou balcon). Selon l’orientation, l’organisation des pièces jour/nuit s’inverse.

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Au rez-de-chaussée, des halls traversants accueillent les espaces de circulations verticales. Ils permettent un lien direct entre la rue et le jardin. Les habitants peuvent ainsi accéder de part et d’autre du bâtiment. Des locaux techniques (poubelles et vélos) sont accessibles depuis la rue. Les logements au rez-de-chaussée bénéficient d’un espace de jardin privatif qui marquent un recul par rapport au jardin collectif.

Place des Fonderies

N

Rue Louis Joxé

Plan RDC Hall d’entrée

T4

T2

Espaces techniques

T5

T3

T1

Espace commercial


T3 75m²

T4 105m² palier 9,7m²

T5 135m²

T4 105m²

LL SL

F

F

LL SL

F

T2 47m²

F

T2 47m²

F F

LL SL

Plan logements type

Vues intérieures des appartements

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PALIMPSESTE Investir le souterrain Nantes / Licence 2 / 2011-2012

Le long du Canal St Félix, le quai se soulève pour accueillir un programme mixte de loisirs. On y trouve notamment ce programme de cave à vins.

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Celui-ci s’organise autour d’un atrium central, éclairé par un puits de lumière central. Au premier niveau, des espaces de caves et de dégustation sont éclairés en second jour. Au second niveau, un bar s’ouvre sur le canal St Félix. Une structure en bois recouvre l’ensemble du volume. Les formes organiques et les strates évoquent l’idée de grotte, associée à l’architecture souterraine. Cette paroi se déforme pour devenir support de présentation pour les bouteilles, table ou comptoir. Du mobilier complémentaire inspiré de la structure bois complète l’aménagement intérieur du lieu.


Coupe AA / 200ème

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Coupe BB / 200ème


PLONGER VERS LA PISTE

Profiter d’un panorama

Paris - Hippodrome de Longchamp / BTS 2 / 2009-2010

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Dans le cadre de la restructuration totale de l’hippodrome de Longchamp, ce projet s’intéresse plus particulièrement à l’aménagement du restaurant panoramique. Dans un premier temps, l’idée était de jouer avec le volume du restaurant, en le décalant par rapport au reste de la tribune. Il surplombe ainsi la piste et vient troubler la rectitude de la tribune. Dans un second temps, un jeu de paliers, comme un dédale, est crée à l’intérieur du restaurant. Il permet à chaque visiteur de profiter de la vue, sans être gêné. Ces paliers se réduisent de plus en plus pour accentuer l’impression de plongée vers la piste. Le mobilier et les garde-corps se font discrets pour ne pas entraver la vue sur la piste, enjeu essentiel de ce projet. L’espace devient alors fonctionnel et confortable.


Coupe perspective

Plan / 500ème


N’LIBRE

Négatif de Berlin

Berlin / Licence 3 / 2012-2013

En préparation au voyage à Berlin, ce travail plastique effectué par l’ensemble des étudiants a pour objet de s’approprier le plan de Berlin.

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Dans un premier temps, nous avons redessiné le plan du centre de Berlin sur de la moquette. Nous avons découpé les pleins pour ne laisser que les vides, créant ainsi une forme de dentelle. Puis nous avons rangé les morceaux découpés par forme et par taille., inspirés par le travail d’Armelle Caron. Nous avons reconstitué un plan de ville imaginaire à partir des morceaux de Berlin, créant ainsi une réinterprétation de la ville de Berlin.

Berlin

Le nom de cette nouvelle ville « N’libre » s’est naturellement inspiré de Berlin, dont elle est un anagramme.

N’libre


MUTATION URBAINE

Renforcer une urbanité

Berlin-Gropius Passagen / Licence 3 / 2012-2013

A la suite de notre voyage à Berlin, nous avons choisi de nous intéresser au plus grand centre commercial de Berlin : le Gropius Passagen. En dehors de ses nombreux commerces, il propose également des services et des équipements de loisirs (clinique, salle de sport...). Finalement, ce centre commercial concentre presque toutes les fonctions d’une rue piétonne, sauf celle du logement. Le Gropius Passagen s’apparente alors à une ville non-habitée close. Nous avons décidé de le renforcer pour qu’il devienne un vrai morceau de ville, en multipliant encore ses fonctions, notamment par l’ajout de logements, ce qui permet de densifier encore ce lieu et de proposer ainsi une réponse à la question de l’étalement urbain. Nous avons ensuite voulu renforcer l’hybridité de ce lieu en redessinant le rez-de-chaussée pour qu’il s’apparente encore davantage à un centre-ville clos. Nous avons également développé un réseau de passerelles habitées pour renforcer le lien entre les deux bâtiments. Enfin, le toit, qui apparaît comme un délaissé urbain, à l’image des nombreux espaces délaissés que l’on trouve à Berlin (squats, terrains vagues, dents creuses, rives...) est utilisé comme un nouveau terrain de projet.

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HABITER

Du logement individuel au logement social

Nantes / Licence 1 / 2010-2011

L’’enjeu de cette première enquête sociologique était de confronter les modes de vie de 3 foyers nantais.

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L’analyse a ensuite été approfondie sur un des foyers, semblant plus riche par rapport aux informations fournies par les habitants et par la singularité de leur mode de vie. A partir de relevés habités, d’entretiens et de la visite de la maison, nous avons tenté de comprendre le mode de vie de cette famille, composée d’un couple et de deux enfants. Dans un premier temps, nous avons tenté de comprendre comment ce foyer était arrivé dans ce logement, puis nous nous sommes intéressés aux modes d’appropriation du logement. Au travers des travaux qu’ils ont effectué, mais aussi par la présence des enfants, cette famille s’est approprié ce logement de manière très libre et laisse transparaitre son mode de vie dans la maison (au travers des affaires qui traînent, des objets exposés, des meubles achetés...).


SQUARE

Chambre 2

Chambre 1 Salle de bain

Nantes / Licence 3 / 2012-2013

Cuisine

Les années 70 ont été marquées en France par la construction en masse de logements sociaux. Dans un souci d’économie de moyen et d’efficacité constructive, le modèle de la tour et de la barre ont été privilégiés. Au départ considérés comme confortables et innovants, ces logements ont rapidement trouvé leurs limites (isolation, fuites...). Les habitants ont également souffert de la vie collective imposée et trop présente. Les classes moyennes ont donc fuit ces logements, privilégiant l’accession à la propriété d’un pavillon. Les classes populaires sont alors restées, par défaut. Qu’en est-il aujourd’hui ? Comment vit-on dans ces immeubles, alors que les modes de vie évoluent ? Cette analyse s’intéresse plus particulièrement au quartier Bout des Landes / Nantes Nord, actuellement soumis au projet ANRU. En pleine rénovation, le quartier subit des changements de grande ampleur, par des processus de résidentialisation. Au travers de nombreux entretiens, nous avons tenté de comprendre comment les habitants vivent aujourd’hui a tranformation du logement qu’ils habitent depuis 20 ans.

Entrée T3

Entrée

Dressing

ASC

Entrée T3

Séjour Débarras

Toilettes

Placard Entrée

Salle de bain

25 Cuisine Séjour

PARKING

Chambre 1

Chambre 2


NOEUD URBAIN

Entre expansion et délaissement

Paris / BTS 2 / 2009-2010

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La ville naît progressivement, s’organise, se densifie, et finit par exploser dans une accumulation de bruits, une multitude de flux, de réseaux, de circulations diverses qui s’enchevêtrent, se mêlent et finissent par créer des noeuds, des moments forts dans la ville. La ville s’élève, prend de la hauteur et laisse derrière elle « un tissu déchiré, des lambeaux de territoire, des vestiges non-construits de la production d’espace » (Jean Attali - Le plan et le détail). La ville laisse donc apparaître un délaissement progressif, un effrittement qui va parfois jusqu’à la rupture et crée des inégalités dans la ville. La ville se construit en même temps qu’elle se détruit. Le délaissement et l’expansion se côtoient simultanément.

Maquettes de recherche


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Maquette finale


SAFARI DREAMS

Rénover un fauteuil

ECOREV - Nantes / Licence 2 / 2011-2012

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A partir de mobilier fourni par l’association Ecorev, il s’agissait de transformer, améliorer, réutiliser, réinterpréter ce mobilier déjà utilisé et usé. Nous avons fait le choix d’utiliser un fauteuil. Celui-ci nous a évoqué la détente, le bien-être et l’aisance. C’est pourquoi nous avons choisi d’améliorer ce fauteuil pour le rendre le plus confortable possible. Dans un premier temps, nous avons améliorer la structure en surélevant les pieds avant, afin d’avoir une position d’assise plus agréable. Nous avons ensuite recouvert la structure bois par de la mousse et renforcé le moelleux de l’assise et du dossier, pour accentuer l’aspect molletonné et donner envie de se lover dans le fauteuil. Nous avons recouvert le fauteuil par deux tissus très constrastés et kitsch, qui renvoient une image en rupture avec celle de l’ancien fauteuil. Le fauteuil a ensuite été complété par des accessoires : un reposepieds, un appuie-tête avec liseuses intégrées et une pochette à magazine cousue sur le côté du fauteuil.


1

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CHEZ LE BOUCHER

Chair contre chair

Nantes / Licence 2 / 2011-2012

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Vivant juste au-dessus d’une boucherie, j’ai souhaité photographier le travail de ces artisans. J’ai alors orienté mes choix photographiques sur la relation entre la chair humaine et la chair animale. Dans cet espace étroit, les bouchers frôlent les carcasses de viande qui sont suspendues de part et d’autre. Leurs outils de travail s’apparentent au outils de bricolage et amène une forme de violence dans le geste. Paradoxalement, d’autres gestes montrent davantage de douceur et de précision dans la découpe, dans le respect de la viande. L’ensemble de ces photos est dans un format unique carré. En effet, celui-ci permet de focaliser le regard sur l’élément central. Le rouge, omniprésent dans les photos, est accentué pour mettre en avant la chair, qu’elle soit animale ou humaine.


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A FLEUR DE PEAU

Paysages épidermiques

Nantes / Licence 2 / 2011-2012

A partir de l’analyse de l’oeuvre de Ron Mueck « Mother and child », j’ai choisi d’orienter mon travail sur l’hyperréalisme de la peau, de s’intéresser à ses particularités, ses rides, ses défauts, ses aspérités...

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Ron Mueck joue avec les échelles pour troubler le spectateur. C’est pourquoi cette série de photographies joue sur les cadrages : ils permettent de faire varier l’échelle de la photo, et donc de faire perdre ses repères au spectateur afin qu’il ne situe plus ce qui est pris en photo, qu’il ne reconnaisse pas immédiatement les parties du corps. Ces zooms permettent de voir les aspérités de la peau, de montrer au spectateur qu’il s’agit d’un corps humain. Certains cadrages permettent également d’amener une forme d’abstraction du corps où les formes, les plis peuvent faire penser à tout autre chose, ils peuvent évoquer des paysages... La variété des modèles, des types de peau, des parties du corps et des cadrages permet une diversité dans les photographies et des évocations très différentes. Denver

Eruption volcanique


Dans la vallĂŠe

Oasis capillaire

LacĂŠrations

Space mountain

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METTRE LA MAIN A LA PÂTE

Découvrir, apprendre, comprendre

Etriché / Chantier bénévole / Eté 2010

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Les enjeux actuels dans la construction amènent à se poser la question de la possible évolution des modes constructifs. Les enjeux de développement durable et d’écologie amènent au retour de certains matériaux, comme la paille. Poussée par l’envie de « mettre la main à la pâte » et de participer à un projet différent, en dehors du cadre de l’école, j’ai souhaité participer à un chantier bénévole pour la construction d’une maison en paille. Durant une semaine, j’ai pu participer à l’avancement de ce chantier de maison individuelle. Les principaux travaux ont été la pose d’enduit, d’isolant au sol et le passage de câbles électriques. Mais au-delà de ces tâches, j’ai beaucoup apprécié l’ambiance, l’esprit d’entraide et l’accueil qui m’a été réservé. Un tel projet donne envie de s’investir au moment de la construction, de devenir acteur dans cette étape car elle est riche en apprentissage. J’ai été très fière par la suite, lors de la crémaillère, de découvrir le projet fini, représentatif du travail de tous les bénévoles


Etriché / Stage ouvrier Licence 1 / Eté 2011

Enthousiasmé par ma première expérience sur le chantier bénévole, j’ai souhaité enrichir cette première expérience en intégrant une entreprise de construction bois. La première semaine a été consacrée à la pré-fabrication en atelier. Elle m’a permis de participer activement à la construction des murs (structure, isolation, pose de pare-pluie...). Cela m’a permis d’utiliser les outils et autre matériel. La construction a ensuite débuté sur place. Pendant 2 semaines, j’ai pu assister et participer à l’assemblage des éléments construits précédemment en atelier. J’ai pu comprendre les principes d’assemblage et de pose de la structure. Ce stage m’a permis de découvrir les qualités du bois dans les systèmes constructifs et les avantages de son utilisation (rapidité, propreté, efficacité...).

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DE LA THÉORIE À LA PRATIQUE

Premiers pas en agence

Montreuil-sous-bois / Stage en agence BTS 1 / 2008

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Ce stage a été l’occasion de découvrir le fonctionnement et le travail en agence. Epaulée par les deux architectes de l’agence, j’ai pu participer à des projets très différents, de l’échelle architecturale à l’échelle du mobilier. Dans un premier temps, j’ai produit toutes les pièces graphiques nécessaires au dossier de permis de construire pour l’extension d’une maison. J’ai ainsi rencontré les clients, ainsi que le service urbanisme de la mairie. J’ai également participé à la rénovation d’un appartement en moélisant le projet sur Archicad et en prenant contact avec de nombreuses entreprises pour des demandes de devis. J’ai également fait des recherches pour plusieurs projets de mobilier, démontables en bois, au travers de maquettes et de croquis, jusqu’au dessin des plans de découpe laser. J’ai pu apprécier la diversité du métier d’architecte, tant dans l’échelle des projets que dans les contacts avec les entreprises, les clients ou les services d’urbanisme.

Extension de maison Dessin et modélisation de l’existant et de l’extension, création du dossier permis de construire, présentation aux clients

Rénovation d’un appartement Dessin et modélisation du projet, demande de devis aux entreprises, discussions avec la cliente


Nantes / Stage Suivi de chantier Licence 3 / 2012-2013

Ce stage m’a permis, durant 4 mois, de suivre le chantier du PTMC (Plateau Technique Médico-Chirurgical) du CHU de Nantes. Les réunions hebdomadaires ainsi que les réunions de chantier ont été l’occasion de découvrir les relations entre les différents acteurs du chantier (entreprises, OPC, maître d’oeuvre, maître d’ouvrage...). J’ai ainsi pu appréhender les enjeux de chacun de ses acteurs et la complexité des relations. La grande échelle du projet amène à une organisation irréprochable pour que le chantier avance selon les délais imposés. Le rôle de l’OPC est alors primordial. Cependant, les nombreux imprévus amènent à repenser en permanence les interventions de chaque corps d’état au fur et à mesure de l’avancement. La complexité du programme m’a également permis d’approcher des points techniques très spécifiques à ce milieu. En effet, le domaine médical implique des équipements techniques très imposants qui demanent une mise en oeuvre spécifique (ventilation, désenfumage, climatisation, sécurité, stérilisation, hygiène...).

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L’AILLEURS

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Découvrir, se laisser surprendre

Curieuse de nature, j’essaie depuis plusieurs années de voyager autant que possible. D’abord au travers d’échanges scolaires en Angleterre, j’ai apprécié la découverte d’un nouveau pays, d’une autre manière de vivre, de manger mais aussi et surtout, un autre langage. Cela m’a donné le goût de la découverte. Depuis, je profite de chaque occasion pour voyager où que ce soit. Lors de mes voyages personnels (Ecosse, Irlande, Angleterre, Suède, Hollande, Espagne...), je cherche plutôt à me laisser surprendre. Ainsi, je crée mon parcours au fur et à mesure que je découvre le pays ou la ville. Au travers des rencontres et des découvertes, j’oriente la suite de mon voyage. Lors des voyages scolaires (Angleterre, Milan, Venise, Berlin, Rome), l’aspect pédagogique prend le dessus et oriente le voyage. Ainsi, la question du parcours et de l’organisation empêche la liberté et la surprise. Cependant, cette organisation permet des visites et des découvertes, proposées par celui qui l’organise, que je n’aurais sans doute jamais vues sans cela.

Stockholm / 2010 Découverte sous la neige, cette ville m’a pourtant semblée très chaleureuse, par ses couleurs et ses petites ruelles. La ville s’est adaptée au climat, à la morphologie du paysage, en investissant les petites iles qui la composent.


Angleterre-Ecosse / 2010 De l’architecture contemporaine de Londres, à l’architecture gothique d’Oxford, jusqu’à Glasgow puis au Loch Ness, ce voyage a été riche en découvertes. Les villes et les paysages se multiplient et ne se ressemblent pas.

Amsterdam / 2012 Amsterdam m’est apparue comme une ville bouillonnante, tant dans sa vie culturelle que dans son architecture. La Hollande semble avoir fait des contraintes de la mer et de son territoire restreint, une véritable force. L’architecture y a une véritable identité, qui a remis en cause ma manière de penser l’architecture.

39

Berlin / 2012 Berlin m’a laissé le souvenir d’une ville pleine de surprises.Chacun s’approprie les délaissés, les dents creuses comme un espace de vie. Pour le reste, la ville se reconstruit, se démarque et se recréer l’identité d’une ville contemporaine et exemplaire.



PARTIE 2 L’UNIVERSALITÉ DE LA RÉFÉRENCE


INTRODUCTION Tentatives de définitions Selon le Larousse,

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référence, n.f : - action de référer, de renvoyer à un document, à une autorité - fait permettant de connaître la valeur de quelqu’un - base d’une comparaison, personne ou chose à partir de laquelle on définit, estime, calcule, etc universalité, n.f : - caractère de ce qui concerne, implique tous les Hommes - caractère de ce qui convient distributivement à tous les individus universel, adj : - qui concerne l’univers, le cosmos - qui s’étend sur toute la surface de la Terre - qui embrasse la totalité des êtres et des choses - qui a le caractère de l’universalité

A partir de cette base de définitions, nous pouvons tenter de définir ce que peut-être l’universalité de la référence, ou encore une référence universelle. Selon les définitions du terme « universalité », une référence universelle serait une référence qui impliquerait tous les Hommes, partout dans le monde. On peut donc se demander quel type de référence pourrait avoir cette qualité, quel que soit l’espace géographique dans lequel on se trouve. Selon la définition du terme « référence », l’universalité de la référence pourrait être l’action de référer à une autorité qui concerne tous les Hommes. Cette définition inclut la notion d’autorité, et donc l’idée que la référence s’impose d’elle même, par l’ensemble de ses qualités, par sa valeur, sa reconnaissance face à la société et qui la rendrait donc légitime. La référence universelle ferait donc l’objet d’un concensus commun, elle serait le résultat de l’influence d’une majorité sur une minorité. Admise depuis longtemps, elle peut même faire partie d’un inconscient collectif, faisant oublier son caractère autoritaire.

L’Homme de Vitruve « aux proportions idéales » / Léonard de Vinci


Référence universelle, référence objective ?

Le rôle de la référence

Quels critères à l’universalité?

Chacun de nous, par ses expériences, son vécu, se créer un bagage de références qui lui sont propres. Ces références peuvent être très personnelles et intimes mais peuvent également faire partie d’un répertoire collectif. En effet, notamment dans le domaine de l’architecture, certaines références deviennent des incontournables dans le processus d’apprentissage. Les professeurs, les livres et les autres médias nous imposent des références, qui reviennent de manière récurrente et s’immiscent dans la tête de chacun. Cet ensemble de références communes font appel d’une objectivité. Elles font l’objet d’un concensus commun au sein de la profession et des connaisseurs, comme étant des références à connaître. On peut donc distinguer des références personnelles, subjectives, qui font appel à notre propre vécu, et des références universelles, objectives, qui font autorité par leurs qualités et qui répondent à des critères qui les rendent objectives, selon la société.

Dans une situation de conception architecturale, une référence est un élément externe que l’architecte trouve de manière consciente ou non et qui sert d’élément stimulant à la création. « Brandir une référence n’engendre pas un résultat et [...] ce dernier ne peut se comprendre qu’en analysant la manière dont cette référence est interprétée et la capacité du concepteur à l’inscrire dans le projet, à lui donner forme. » (Sauterau, 1993). Notre travail de concepteur est donc d’apprendre à se servir consciemment de notre expérience vécue, comme base de travail de projet. Peter Zumthor dit à ce propos : « Chaque projet exige de nouvelles images. Nos « vieilles » images ne peuvent que nous aider à en trouver de nouvelles. ». Il s’agit donc de renouveler et réinterpréter en permanence ces références qui nous appartiennent, qu’elles soient universelles ou non. L’acte d’interprétation permet alors de transformer une information générale en une connaissance particulière. L’interaction qui se crée entre le concepteur et son environnement peut alors être considérée comme un acte de création.

Pour être qualifiée d’universelle, une référence doit donc impliquer tous les Hommes et faire autorité. On peut donc se demander quels peuvent être les critères ou moyens qui amènent le caractère de l’universalité. De par sa présence partout sur Terre, la nature semble avoir le caractère de l’universalité. Nous verrons donc comment elle a pu être une inspiration à l’origine. Comment la nature a t-elle inspiré les premiers architectes et comment est-elle aujourd’hui constamment réinterprétée ? On peut également se demander si une référence, pour être universelle, doit être originelle. Est-ce que l’architecture avant-gardiste et l’invention, par leur caractère précurseur, deviennent de fait des références universelles ? Enfin, la médiatisation permet aujourd’hui la propagation de références choisies. Quelle est la légitimité de ces références ? Pourquoi font-elles autorité ? Comment l’apprentissage influe t-il sur le processus créatif ?

43


1.LA NATURE,

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référence universelle ?

Quand il n’y avait rien d’autre

De la nature minérale et végétale

Chaque projet construit aujourd’hui semble faire référence directement ou indirectement, de manière consciente ou non, à un ou des projets antérieurs. Mais qu’en était-il quand il n’y avait rien ? Quand rien n’avait encore été construit ? Les premières formes de construction et d’abri semblaient utiliser directement les éléments de la nature comme matériaux et comme structure. Ainsi, selon les zones géographiques, les matériaux disponibles varient et les civilisations se sont donc adaptées à ce qui était à leur disposition. Ne partant d’aucune référence construite, ils ont donc fait preuve d’inventivité pour imaginer des assemblages, des modes constructifs, en s’inspirant de la nature qui les entourait (structure des arbres, grottes, accumulation de pierres...). La nature était donc leur seul référence possible, n’importe où sur Terre.

Les premières constructions plus élaborées se sont également inspirées de la nature. Les premières pyramides égyptiennes, par exemple, se sont largement inspirées de la dune de sable. En effet, elles ont été érigées dans le but de symboliser « l’ascension du défunt du monde souterrain vers les Cieux ». Ainsi, Imhotep, architecte de la première pyramide, repris cette forme, partant d’une base large, vers une pointe qui cherche à toucher le ciel. La forme pyramidale est encore toujours réinterprétée et remise en question, au travers de créations contemporaines comme la Pyramide du Louvre ou encore la Pyramide, en projet, d’Herzog et de Meuron. Cette remarque entre en lien avec un projet de cave à vins, réalisé dans un espace souterrain [ PALIMPSESTE Investir le souterrain / P.18 ]. Je me suis alors inspirée de la grotte de l’Upper Antelope Canyon, pour tenter de recréer l’atmosphère lumineuse, mais aussi les strates et les courbes de la grotte. En faisant référence à un espace construit par la nature, et non par l’Homme, j’ai pu m’approprier très librement cette référence, sans avoir peur de tomber dans le plagiat.

Grotte de l’Upper Antelope Canyon


À la nature humaine Si la nature végétale est une source d’inspiration évidente, la nature humaine et animale a pourtant été également une référence pour de nombreux artistes, notamment dans le domaine de la peinture et de la sculpture. Les animaux étaient d’ailleurs les premiers éléments peints par les hommes préhistoriques. Depuis, les peintres se sont particulièrement approprié le corps humain, notamment au moment de la Renaissance. Les peintres et les sculpteurs représentent des personnages de la mythologie gréco-latine et dévoilent la nudité des corps. La volonté est de représenter le corps en conservant les proportions, une harmonie classique et une vision humaniste de la représentation du monde. De manière beaucoup plus contemporaine, le travail de Ron Mueck est également empreint du réalisme du corps. Il s’attache à sculpter de manière hyperréaliste des corps humains, aux différentes étapes de la vie, jusqu’à la mort. En jouant avec l’échelle, il provoque le spectacteur qui ressent une forme d’admiration, d’horreur ou de stupéfaction. Le corps humain, qui nous est pourtant familier, devient alors l’objet de

toutes les curiosités. L’analyse de l’oeuvre « Mother and Child » a fait l’objet d’un projet de photographies [ À FLEUR DE PEAU Paysages épidermiques / P.32 ]. L’analyse approfondie m’a permis de comprendre le travail de Ron Mueck, d’en comprendre les enjeux et de me les approprier dans mon travail. J’ai ainsi transposé certains codes de son travail de sculpteur dans ce projet de photographies. Le choix de cadrage m’a permis d’imposer mon propre point de vue sur le corps. J’ai ainsi souhaité faire perdre ses repères aux spectateurs, jusqu’à rapprocher l’image du corps d’un possible paysage. La nature humaine flirte alors avec la nature végétale. Lors d’un autre projet photographique [ CHEZ LE BOUCHER Chair contre chair / P.30 ], j’ai choisi de confronter la chair humaine à la chair animale, en m’immiscant dans une boucherie. Les photographies capturent la relation entre l’Homme et l’animal.

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Mother and child / Ron Mueck


De l’architecture organique

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Aujourd’hui encore, l’architecture organique s’inspire largement de la nature, en s’inspirant de ses formes, de ses courbes ou encore en profitant de ses atouts (bruit, paysage...). Frank Lloyd Wright a notamment fondé une partie de son travail sur les éléments naturels du paysage, l’eau, les rochers, les arbres, la végétation, les reliefs, allant souvent jusqu’à incorporer l’aménagement paysager dans les plans qu’il remet à ses clients : « En faisant de la nature le thème sous-jacent de toute sa création, il se distinguait des chefs de file de l’architecture moderne qui s’efforçaient d’élaborer une architecture représentative de l’ère de l’industrie et de la machine » (Kathryn Smith). Il s’inspire donc des éléments naturels tout en proposant des volumes géométriques simples. Jorn Utzon joue également avec la morphologie du terrain existant lorsqu’il crée les Fredensborg Houses au Danemark. Il parvient à créer un ensemble de maisons individuelles cohérent, protégeant chaque maison d’un quelconque vis-à-vis, tout en les faisant profiter d’un jardin privatif et d’une large vue sur le paysage autour.

Ces différentes oeuvres ont été une source forte d’inspiration pour un projet de maison individuelle [ ENTRE URBAIN ET VÉGÉTAL Insérer une maison dans un site paysagé / P.10 ]. L’enjeu était de s’adapter au terrain naturel proposé. C’est pourquoi la maison s’ouvre au maximum face à la forêt. Elle s’adapte aux courbes de niveaux par des jeux de paliers et en semi-enterrant une partie de la maison. La partie privée prend la forme d’un L, comme dans le projet d’Utzon, car elle permet d’intimiser le jardin et de profiter des quatre expositions solaires. La partie ouverte au public (atelier), se raccorde quant à elle naturellement à la rue. Les matériaux utilisés sont naturels : la pierre et le bois. Le patio laisse quant à lui transparaitre la végétation à l’intérieur et crée donc un lien indirect avec la nature.

Fredensborg Houses / Jorn Utzon


À l’architecture biomorphique Au délà de la simple évocation, certains architectes en reprennent les formes et les courbes, de manière parfois très significative. Ainsi, Frank Gehry s’est inspiré de la proximité de la mer lorsqu’il a sculpté le Musée Guggenheim à Bilbao. Cette approche très plastique a fait apparaître l’évocation d’un bateau et de poissons. L’entrelacement des courbes peut également faire penser à des vagues. Cette réalisation a été rendue possible par l’utilisation d’un logiciel spécifique, qui a permis la modélisation du bâtiment. En effet, les progrès techniques et informatiques ont permis une forme de libération dans le processus créatif. Les architectes s’autorisent des formes de plus en plus complexes, notamment dans le travail des courbes. Cette complexité fait notamment l’identité du travail de Zaha Hadid. Son style se caractérise par une prédilection pour les entrelacs de lignes tendues et de courbes, les angles aigus, les plans superposés, qui donnent à ses créations complexité et légèreté. Chaque projet devient alors une nouvelle prouesse technique à accomplir.

Cette nouvelle approche de l’architecture et cette forme de processus créatif a fait l’objet d’expérimentations dans le cadre du cours de morphologie. Il s’agissait de créer une forme complexe, à partir de l’analyse de l’île de Nantes. A partir de plusieurs cartes et maquettes, nous avons rassemblé les données dans un seul fichier. Nous avons ensuite expérimenté plusieurs formes de modélisations à partir du nuage de points que nous avions. Nous avons ensuite transposé cette forme biomorphique à l’échelle d’un kiosque qui pourrait prendre place sur le toit de l’école. La référence utilisée a donc été directement celle du site de projet, alors devenue un terrain d’expérimentations et d’analyses en tout genre : géologie, géographie, morphologie, étude des vents ou encore des bruits.

47 Expérimentations sur Rhinocéros

Insertion du projet sur le toit de l’école


2.UNE RÉFÉRENCE ORIGINELLE ? Marquer son époque

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Certaines oeuvres, par leur caractère novateur, ont su marquer leur époque. En effet, soit en rupture avec l’architecture de l’époque ou bien dans une volonté d’amélioration et d’innovation, certaines oeuvres sont devenues des références. En étant précurseur ou avant-gardiste, ces oeuvres deviennent une base d’expérimentation pour des projets futurs. Elles deviennent parfois l’oeuvre de référence d’un mouvement artistique, comme l’Ecole du Bauhaus de Dessau de Walter Gropius. Celle-ci est le symbole construit de l’esthétique et des réflexions sur l’architecture moderne posées par Gropius. Il écrira d’ailleurs un Manifeste pour mettre au clair la vocation de l’école : « Voulons, concevons et créons ensemble la nouvelle construction de l’avenir, qui embrassera tout en une seule forme : architecture, art plastique et peinture […] » (extrait du Manifeste du Bauhaus - Walter Gropius). De l’architecture, ce mouvement s’étendra rapidement à tous les domaines des arts plastiques, porté par la volonté de Gropius de mêler tous les arts. Le Bauhaus s’est donc imposé comme un mouvement novateur, critique de son époque,

qui a porté par la suite d’autres mouvements, en continuité ou en rupture avec celui-ci. La volonté d’innovation a parfois amené à de véritables révolutions, notamment dans le domaine du logement et donc dans les modes d’habiter. Certains projets architecturaux sont alors devenus de véritables laboratoires sociaux. La France, dans les années 50, subit une grave crise du logement, qui amène alors à la construction de logements en masse. On innove alors dans la forme, en créant le modèle de la tour et de la barre, et en collectivisant les logements. Cette forme architecturale a marqué cette époque et fait encore largement partie du paysage des villes françaises. Il est donc intéressant de voir comment ces logements ont évolué et comment on vit aujourd’hui dedans. Cela a fait l’objet d’une analyse sociologique sur le quartier de Bout des Landes [ HABITER Du logement individuel au logement social / P.24 ]. Cette étude m’a permis d’avoir un nouveau regard sur cette forme largement critiquée de logements. Malgré les conflits, une véritable vie collective se crée avec des liens particuliers entre les habitants.

Ecole du Bauhaus / Walter Gropius


L’invention Le caractère précurseur d’une oeuvre peut en faire une référence, et notamment lorsqu’il s’agit d’une innovation technique. Profitant de nouveaux matériaux et de l’évolution des technologies, certains architectes ont su marquer l’histoire de l’architecture par des oeuvres innovantes. Le travail du Corbusier est remarquable notamment de ce point de vue. Il a su expérimenter et innover en utilisant le béton tant pour ses qualités constructives qu’esthétiques. Cette caractéristique a marqué l’ensemble de son oeuvre et a donné l’impulsion à un nouveau style architectural. L’innovation et la nécessité de diffuser les avancées technologiques ont amené à la création des Expositions Universelles, dès 1851, pour présenter les réalisations industrielles des différentes nations. Elles représentaient la vitrine technologique et industrielle des participants, témoignant du progrès au cours de la révolution industrielle. Aujourd’hui encore, une exposition universelle se caractérise par « la vaste portée du thème choisi qui doit être un sujet d’intérêt et d’ac-

tualité pour l’ensemble de l’humanité ». La dernière, qui a eut lieu à Shangaï en 2010, s’est développée autour du thème « Une meilleure ville pour une vie meilleure », mettant ainsi en place le développement durable en milieu urbain au cœur des préoccupations des organisateurs et des participants. Ces expositions, par leur caractère universel, permettent ainsi de diffuser dans le monde entier les innovations technologiques. Les pavillons construits par les participants peuvent alors devenir des références universelles, de véritables symboles marquant les avancées technologiques de l’époque. La Tour Eiffel est sans doute un des exemples les plus marquants. Sa structure métallique et sa hauteur (la plus haute du monde à l’époque) en ont fait un monument remarquable. Elle est d’ailleurs incrite aux monuments historiques depuis 1964 et au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1991. Elle est le second monument qui attire le plus de touristes chaque année. Ces différents éléments en font une oeuvre de référence universellement reconnue, inscrite dans l’inconscient collectif.

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Avant-garde ou interprétation d‘un précédent?

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On peut penser que le rôle d’un concepteur est d’inventer en permanence, d’être toujours à l’avant-garde. Nos connaissances en histoire de l’architecture nous poussent inconsciemment à vouloir toujours inventer, faire ce qui n’a jamais été fait, pour éviter l’écueil du plagiat. Cette volonté farouche peut pourtant amener au résultat inverse : inventer ce qui l’était déjà. Finalement, le rôle du créateur n’est-il pas plutôt d’utiliser ce qui a déjà été fait, de l’interpréter pour l’ancrer dans le moment présent ? Peter Zumthor dit d’ailleurs à ce propos : « L’architecture reflète l’esprit de ses inventeurs et apporte ses propres réponses à la question du temps, par sa forme d’utilisation et son aspect, par son rapport aux autres architectures et par sa relation avec le lieu où elle se dresse.» Chaque architecture a donc un caractère unique, dû à l’acte d’interprétation et à sa capacité à s’ancrer dans le moment présent. La créativité du concepteur n’est donc pas remise en cause La référence utilisée ne nécessite donc pas d’être reconnue et reconnaissable, tant qu’elle est cohérente avec le projet en cours. Michel

Référence universelle VS culture populaire Léglise, en 1998, écrit d’ailleurs qu’ « un précédent n’est pas forcément prestigieux. C’est un objet qui contient de la connaissance encapsulée dans l’oeuvre réelle ou figurée. Cette connaissance ne sollicite pas de la même manière chaque concepteur, et elle est, comme le sens d’un texte, soumise à l’interprétation. ». Les vrais avant-gardistes sont donc rares. Finalement, peu d’architectes adhèrent continuement aux principes d’une manière de penser et de faire l’architecture. Christian de Montilbert dit d’ailleurs à ce propos que « seuls, peut-être, les initiateurs d’une approche, lorsqu’ils réussissent à l’imposer, peuvent obtenir la notoriété qui leur permettra d’y rester fidèle. ». A l’inverse, le plus grand nombre semble davantage évoluer d’une « manière » à l’autre, selon les influences que les modes architecturales exercent sur les commanditaires. La question de la mode peut alors faire alors entrer l’architecture dans la culture populaire. Un bâtiment « à la mode » peut-il alors devenir une référence universelle, de par sa popularité ?

Pour être universelle, la référence doit donc être diffusée dans le monde entier et faire l’intérêt de tous. On peut donc penser que les oeuvres qui ont ces caractéristiques font davantage partie d’un inconscient collectif, comme la Tour Eiffel. Elle appartiendrait donc davantage à la culture populaire qu’à un savoir spécifique en architecture. On peut alors se demander quelle est la limite entre une référence universelle et l’appartenance à la culture populaire. La Tour Eiffel semble finalement être passée d’un statut à l’autre. Lorsqu’elle a été construite, elle est devenue une référence universelle par ses qualités structurelles et techniques : elle a fait l’objet d’expérimentations qui ont permis des avancées technologiques notables dans le domaine de l’architecture, intéressant principalement les spécialistes. Cependant, à partir des années 1960, avec l’essor du tourisme international, elle connaît un succès massif qui la fait entrer au statut de monument touristique, historique et donc populaire. Aujourd’hui, elle attire pour la vue qu’elle offre, plus que pour ses qualités structurelles, qui sont surpassées par des projets pharaoniques dans le monde entier.


Faire l’unanimité L’architecture semble rester un domaine inaccessible au grand public, qui se confronte à « un déficit de langage » (Monique Eleb). La question de l’intelligibilité du langage architectural fût d’ailleurs placée au centre des préoccupations des architectes post-modernes à la fin des années 70, qui considéraient qu’un édifice devait pouvoir parler un double-langage, pour permettre de sortir de la dualité populisme/ élitisme. Monique Eleb, dans son étude, explique en ces termes que « ce qui est attirant et intéressant pour une certaine avant-garde, peut s’avérer inquiétant, mystérieux, illisible et parfois innommable voire scandaleusement provocateur pour le grand public. » Le Centre Georges Pompidou avait ainsi soulevé les foules lors de sa construction, considéré comme « inachevé » par le grand public. Cette forme d’esthétique est rejetée par une majorité, car elle n’appartient pas à un vocabulaire classique et commun, pour un public non-spécialiste de l’art et de l’architecture.

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Centre Georges Pompidou / Richard Rogers - Renzo Piano


3.LA PROPAGATION DE LA RÉFÉRENCE La médiatisation

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Aujourd’hui, l’universalité d’un phénomène ou d’une oeuvre peut être facilitée par la médiatisation de ceux-ci. Les différents médias (presse, radio, télévision) choisissent de mettre en avant certains projets plutôt que d’autres. Ils induisent, de fait, une forme référencement des projets qui méritent qu’on leur porte attention. Ces choix, selon l’orientation du média, se basent sur des critères variables. Certains projets, parce qu’ils sont publics et parce que leur programme est marquant, sont davantage mis en avant par l’ensemble des médias. On a ainsi récemment beaucoup médiatisé le Louvre-Lens et le Centre Pompidou de Metz. Les enjeux financiers, patrimoniaux et culturels, mais aussi le choix des architectes, en font des projets phares, qui apportent une nouvelle identité à ces villes et relèvent des paris audacieux. Les architectes, reconnus dans la profession, doivent alors faire également preuve d’audace pour être à la hauteur de ces projets. Les projets profitent ainsi de la renommée des architectes choisis, et inversement. Cette forte médiatisation en font des projets de référence par défaut,

Jusqu’au formatage ? car ils entrent dans notre répertoire de manière presque inconsciente. Reste ensuite à chacun de s’approprier ces projets, d’en faire une critique pour pouvoir mieux les réinterpréter. Les médias spécialisés opèrent quant à eux, des choix beaucoup plus spécifiques. Les projets choisis peuvent être de toute échelle et surtout concernent tous types de programmes. Ils ne sont pas choisis pour l’image ou le symbole qu’ils représentent, mais bien pour leur qualités architecturales, constructives, techniques ou esthétiques. Ils peuvent alors faire l’unanimité au sein de la profession et des spécialistes. La référence peut alors devenir universelle, mais uniquement dans un cercle de connaisseurs et d’intéressés. Christian de Montilbert met d’ailleurs en garde les constructeurs, sur le rôle que jouent les revues d’art et d’architecture. Ainsi, selon lui, prennent forme des modes qui influencent considérablement les constructeurs.

Ainsi, les médias donnent un accès en masse au domaine de l’architecture. Monique Eleb constate, dans son étude, l’influence de ces magazines sur la manière dont le grand public comprend et s’approprie l’architecture. Elle évoque un formatage du goût, construit par les lectures ou par l’exposition à la publicité, qui apparaît comme une réserve commune de savoir, dans laquelle les interviewés piochent à leur insu, comme s’il s’agissait d’un fond commun unanimement partagé et légitime, sur lequel ils n’ont pas à s’expliquer. La médiatisation en masse d’un projet lui donne donc une légitimité et une universalité aux yeux du grand public. La référence qui semble universelle à un public nonsavant ne le serait donc pas forcément pour un public averti. Malgré les connaissances acquises par les architectes, Philippe Trétiack nous met pourtant en garde contre un phénomène de standardisation planétaire de reproduction à l’identique. Il suggère de réinterpréter partout ce qui voudrait s’imposer comme un crédo unique, éviter le pastiche de ce qui fût et ne pas adhérer au nivellement mondial. C’est bien cette volonté qui demande de la créativité et du recul au concepteur.


La question du style La démultiplication d’un modèle identique, ou de caractères qui rendent des architectures semblables, tend à créer une forme de style. La définition de style est difficile à différencier de celle de phénomène de mode. Selon le Larousse, la mode est une manière passagère de se conduire, de penser, considérée comme de bon ton dans un milieu, à un moment donné. Le style, dans le domaine des Beaux-Arts, est défini comme l’ensemble des caractéristiques, résultant de l’application d’un certain système technique et esthétique, propres aux œuvres d’une époque. Le style semble donc être plus légitimité par sa dominance à son époque, par le concensus qu’il crée et sa durée dans le temps. La mode semble être un effet beaucoup plus personnel et passager, qui semble moins durer dans le temps. On peut alors se demander qu’est-ce qui fait la légitimité d’un style, qu’est-ce qui fait que l’on passe d’une mode à un style. Meyer Schapiro, en 1953, s’interroge sur ce point et en déduit que « ce n’est pas le contenu en tant que tel qui donne sa forme au style le plus répandu,

Être critique c’est le contenu en tant qu’il fait partie d’un ensemble dominant de croyances, d’idées et d’intérêts. ». Il y a bien là l’idée d’une domination de plusieurs choses qui se complètent et coïncident, pour faire émerger un style. Monique Eleb approfondit cette définition en évoquant plutôt un principe d’unification reconnu, qui gouverne l’ensemble des représentations d’une époque. Au cours de son étude, elle constate qu’il n’y aurait pas de rejet ou d’adhésion totale de l’architecture contemporaine, mais plutôt des strates de rejet et d’adhésion, selon sa place sociale, son accès à la culture et son expérience personnelle. Elle met ici en jeu l’idée que chacun porte une sensibilité différente à l’architecture, de par son investissement affectif, ses souvenirs de sensations dans l’espace et son attachement sentimental.

Au-delà des effets de mode, de style et de l’exposition aux médias, il semble donc important, en tant que concepteur, de prendre du recul et de comprendre les enjeux et les intérêts de ces derniers. D’autant plus qu’à la pratique « populaire », centrée sur l’intérêt spectaculaire d’une architecture au fort potentiel symbolique, on pourrait rattacher aujourd’hui l’attribution des grands prix et autres logiques de distinctions. Ces dernières mettent en avant, de fait, un architecte ou un projet parmi tant d’autres. Cette élection, souvent votée par des professionnels du domaine, semble devoir légitimer la qualité du travail d’un architecte. On peut cependant se demander quels sont les critères qui peuvent permettre d’appartenir à cette « élite » de l’architecture. Les choix de critères supposent alors d’avoir un regard tant critique qu’objectif sur des travaux si divers. La seule critique qui parait judicieuse semble finalement être celle qui juge de la qualité et de la pertinence d’un projet, en confrontation avec le contexte et le programme qui fondent le projet. Ce qui fait que chaque projet est unique, qu’un projet construit ici ne pourrait jamais être construit ailleurs.

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L’effet « rhizome »

L’apprentissage du savoir

rhizome, n.m : tige souterraine vivace, généralement à peu près horizontale, émettant chaque année des racines et des tiges aériennes.

Chaque individu est libre de se cultiver de manière auto-didacte par les médias et par ses propres expériences et voyages. Chacun se crée alors un répertoire de références qui lui sont propres. Cependant, lorsque l’on intègre une école spécialisée telle que l’ENSA Nantes, chacun est alors influencé par l’enseignement apporté. Les cours apportent une culture architecturale et donc un répertoire de références qui deviennent communes à l’ensemble du groupe étudiant. On peut donc se demander quelle est la légitimité de ces références, qui sont finalement le résultat du choix subjectif d’un professeur. Il s’agit donc bien de trouver des critères de pertinence pour choisir des références, qu’elles soient universelles ou très intimes, qui permettront de forger une culture architecturale aux étudiants. Il semble difficile d’imaginer qu’il puisse y avoir un savoir universel ou bien un apprentissage universel qui pourrait s’adapter à tous les étudiants. L’intérêt de l’apprentissage d’un savoir est donc plutôt que l’étudiant acquiert une culture qu’il sache comprendre pour se les réapproprier, les critiquer, les interroger et ainsi nourrir son propre projet.

Chaque création est le résultat de l’influence d’une multitude de choses vécues, vues, entendues ou crées. Ainsi, un projet de référence est lui même issus de projets antérieurs auquel il a fait référence, de manière consciente ou non. De cette manière, chaque projet crée un réseau de projets de référence autour de lui : des références dont il s’est inspiré et des projets qu’il va inspirer. On peut imaginer que ce réseau prend la forme d’un rhizome. Il existerait donc une référence universelle originelle qui a permis la création d’un premier projet, qui a lui même inspiré un nouveau projet et ainsi de suite. On peut imaginer qu’il y aurait plusieurs rhizomes et que ceuxci se croiseraient et complexifieraient ainsi le réseau. Les réseaux sont tellement denses et mêlés qu’il devient difficile de déterminer quelle était la référence originelle universelle.

Illustration d’un rhizome


La multiplicité des références Si la culture architecturale doit permettre à l’étudiant d’alimenter ses propres projets, il est également intéressant de s’ouvrir à d’autres domaines. En effet, en s’inspirant des arts plastiques, de la musique, de la photographie ou encore de la littérature, on modifie les rituels du processus créatif et cela peut alors amener vers d’autres univers. Le fait de s’inspirer d’un projet non-architectural permet d’éviter l’écueil du plagiat, de la copie ou de la similarité. Dans le domaine de la conception, « tout est susceptible de devenir référence. La mise en œuvre de la conception dans un projet se nourrit de toutes sortes de données potentielles. Ces données, l’architecte les tire du programme qui lui est proposé, du site, d’objets avoisinants, mais aussi de l’histoire de l’architecture, d’une image vue dans un film ou d’une rencontre aléatoire. » (Boudon, 1994) La conception amène donc une part de chance, de coïncidences et d’heureux hasards, qui fabriquent l’unicité, la spécificité et la surprise du projet. C’est un plus, souvent inconscient, qui fait de chacun un créateur unique, avec son propre bagage de références et d’expériences, et

façonne l’identité du créateur. Ainsi, pour un projet d’arts plastiques sur le thème de la ville [ NOEUD URBAIN Entre expansion et délaissement / P.26 ], j’ai choisi comme point de départ un texte de Jean Attali, Le Plan et le détail. Ces mots m’ont inspiré des images que j’ai ensuite tenté de mettre en volume au travers de maquettes expérimentales. Comment exprimer le déchirement, des lambeaux ou encore des vestiges ? Quels matériaux utiliser et comment les mettre en oeuvre ? Ce projet m’a marquée car cette référence écrite m’a laissé une liberté complète dans la production du volume. Les seules images que j’avais en tête étaient celles que j’avais imaginé et non celles que j’aurais pu voir dans un livre. L’architecture offre un objet concret et visible, souvent photographié. Le fait de se détacher d’une référence visuelle permet donc de s’imprégner d’autres choses, de mots, de paroles, de sons, de lumière, de sensations... L’alchimie des tous ces éléments permet alors de créer un projet à part entière, conceptuel, expérimental et inattendu.

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PARTIE 3 ORIENTATIONS PROSPECTIVES


1.PERSPECTIVES ÉTRANGÈRES

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S’ouvrir à de nouveaux horizons

Un projet en cours

Personnaliser son parcours

Prendre du recul

Après avoir étudié pendant 3 ans à l’école d’architecture de Nantes, il me semblait indispensable de me confronter et de m’ouvrir à d’autres approches de l’architecture. En effet, la licence permet de valider des bases et de forger une culture architeccturale. Le master semble pour moi permettre à l’étudiant de forger sa propre identité en tant qu’architecte et faire des choix qui lui sont propres et qui correspondent à un projet professionnel futur. C’est pourquoi je souhaite profiter de ma première année de master pour prendre du recul sur le travail accompli et faire évoluer ces acquis. La confrontation à l’étranger oblige ainsi à remettre en question des acquis, des connaissances. Elle permet en parallèle de continuer à s’enrichir par de nouveaux apprentissages et par l’envie de découverte, la curiosité et la capacité de s’ouvrir à de nouvelles choses.

Les trois années de licence permettent de proposer un socle commun de connaissances à tous les étudiants. Utiles et nécessaires, elles m’ont permis d’apprendre à analyser et à comprendre un projet architectural et ainsi me permettre de concevoir par moi-même. L’enseignement m’a semblé complet par la multiplicité es points de vue qu’il propose (historique, contructif, théorique, pratique...). Les choix d’option de plus en plus nombreux au fur et à mesure des années permettent d‘orienter son parcours et de personnaliser quelque peu sa formation. Cependant, ces choix restent limités et ne sont pas forément respectés. Ainsi, une fome de frustration apparait parfois. En effet, des orientations se dessinent de plus en plus au cours du temps et l’imposition d’une option (qui n’est donc plus un choix) peut fzire apparaitre une forme de déception et de frustration. Cependant, cela permet aussi de s’ouvrir à une approche que l’on n’aurait a priori jamais osé développer par nous même. Le master, par son système d’organisation différent, permet de fait une plus grande liberté et personnalisation de son parcours.

Passer une année à l’étranger permet ainsi de s’ouvrir à de nouvelles méthodes et de nouvelles formes d’approche de l’architecture et de l’enseignement en école d’architecture. En effet, j’ai le sentiment que le fait de rester pendant 3 ans dans la même école crée une forme de confinement et d’enfermement dans un processus enseigné. Par l’habitude et par la non-connaissance d’autres formes d’enseignement, j’ai parfois l’impression d’une forme de formatage des étudiants par l’enseignement commun. Se confronter à une autre école me permettra ainsi de retrouver une spontanéité et une envie de découverte. Ce sera ainsi l’occasion de prendre du recul sur l’enseignement proposé à Nantes, tant en critique positive que négative et de fait de me forger mon propre point de vue sur ma formation.


Un complément d’étude ?

Des opportunités

Des rencontres

Je pars donc à Munich pendant 10 mois. J’espère profiter de l’eneignement plus technique proposé par l’école. Les Allemands ont en effet une approche qui mêle davantage l’ingénieurie à l’architecture. Ceci leur permet d’être par exemple d’être plus en avance sur les recherches et mise en oeuvre permettant de faire face aux nouveaux enjeux de développement durable. L’aspect technique me semble en effet être une lacune de l’ENSA Nantes, mais plus généralement des écoles d’architecture en France. J’ai la sensation que la formation en architecture reste encore très attachée à l’ancienne formation qui se faisait aux Beaux-Arts. Pourtant le rôle de l’architecte a changé : il doit être capable de concevoir un bâtiment en prenant en compte des enjeux techniques très complexes et complémentaires. Cette lacune de l’eneignement est exacerbée par le peu de stages obligatoires pendant le cursus et le peu de temps laissé pour travailler en agence à côté. On peut d’ailleurs penser qu’une formation en alternance pourrait être tut à fait bénéfique et judicieuse pour se préparer au mieux au monde professionnel.

Outre l’intérêt de l’enseignement à l’étranger, le programme Erasmus offre également de nombreuses autres opportunités. Ainsi, le fait de vivre dans un autre pays permet de découvrir et de prendre conscience des différences culturelles, et donc de s’enrichir. Au-delà de la ville d’étude même, cette année invite au voyage plus largement. J’imagine en effet pouvoir également découvrir davantage l’Europe de l’Est (République Tchèque, Pologne, Autriche...) qui ont chacun une histoire et une identité forte. Cette confrontation à la différence permet de prendre du recul sur sa propre culture. Les modes de vie, l’histoire d’un pays, le climat ou encore la géographie, créent de fait des architectures différentes dans chaque pays. Il s’agit ensuite de comprendre ces différences, de les analyser pour pouvoir se les approprier et les réutiliser dans ses propres projets.

Cette année sera également l’occasion de nombreuses rencontres, tant avec des Allemands que des gens du monde entier. Cela pourra être l’occasion d’échanges très riches et instructifs. En effet, l’échange avec des gens différents permet de confronter des points du vue très différents. Après 3 ans dans la même école, cette année sera donc comme une parenthèse, loin de mon environnement proche. Il faut donc aller à la rencontre des autres, inconnus et étrangers, pour se former un nouvel environnement et se créer de nouvelles attaches. J’aimerai par ailleurs vivre en colocation avec des Allemands de manière à découvrir la ville par leur biais et partager leur vie quotidienne. De cette manière, j’aimerai rencontrer d’autres Allemands, en dehors de l’école d’architecture. J’appréhende donc cette année comme une année de rencontres et d’opportunités de découvertes. J’y vais donc dans un esprit de curiosité et d’ouverture.

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2.ET APRÈS ?

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Le monde professionnel

Une transition à préparer

Mêler mes acquis

Multiplier les approches

Malgré les stages effectués pendant mon BTS et en lience, ainsi que le stage de master à venir, les études nous préparent peu au monde du travail. Même si l’on est conscient que l’on ne peut pas tout apprendre pendant les études, il n’en demeure pas moins une forme de stress à l’idée d’être considéré comme un architecte à part entière, après l’école. La volonté d’être à la hauteur des attentes des autres et de l’image de savant que représente l’archutecte aux yeux de beaucoup de gens nous met la barre haute. C’est pourquoi j’aimerai effectuer la transition entre les études et le travail de manière douce. Je souhaiterais ainsi dès que possible, finir mes études tout en travaillant en parallèle dans une agence. Je pourrais ainsi confronter mes acquis théoriques à la pratique, me forger une expérience plus solide et obtenir de premiers contacts dans le milieu professionnel.

Mon intérêt pour l’architecture s’est développé au travers des différentes études que j’ai pu faire. En effet, avant d’intégrer l’ENSA Nantes, j’ai fait une MANAA (Mise à Nivea en Arts Appliqués) ainsi qu’un BTS Design d’espace. Ces études antérieures m‘ont permis de m’ouvrir à des domaines très spécifiques et divers, comme le design d’objet, la communication visuelle, le paysagisme ou encore l’architecture intérieure. La formation en architecture est donc venue comme un complément à ces études antérieures : je suis venue y chercher une approche à plus grande échelle, une approche socioogique ainsi que des connaissances plus techniques. Je souhaiterais donc, à la suite de mon master, pouvoir mêler ces connaissances et travailler à différentes échelles : de la grande échelle (peut-être même l’échelle urbaine), à l’architecture intérieure, voire même jusqu’au dessin du mobilier. J’imagine donc intégrer une agence qui proposer cette approche, en m’associant avec des professionnels de chacun de ces domaines pour compléter au mieux nos compétences.

Si les études nous orientent vers le métier d’architecte-concepteurconstructeur, je pense que le domaine de l’architecture est bien plus large que le simple fait de construire. C’est pourquoi, au-delà du travail en agence, j’aimerai m’ouvrir à d’autres approches de l’architecture, d’autres manières de parler d’architecture. J’apprécie notamment beaucoup l’approche sociologique et j’aimerai pouvoir approfondir cela au travers de recherches. En effet, l’architecture doit selon moi être conçu d’abord pour des gens, des futurs usagers potentiels auxquels on doit s’intéresser, dont on doit comprendre les besoins pour mieux y répondre. J’aimerai par ailleurs approcher le monde de l’édition, participer à la création ou à l’écriture d’un magazine ou d’un livre. Ce domaine m’intéresse car il permet de prendre du recul sur ce qui est dit et fait, de se tenir au courant de l’actualité et de s’intéresser à des sujets particuliers. Il me permettrait également d’appréhender le domaine de la communication et de la médiatisation, sujet sensible que j’ai déja évoqué dans la seconde partie de ce mémoire.


3.FINALITÉS

Mémoire en devenir

Quelle architecte en devenir ?

Boucler une boucle

Je n’ai donc pas de vision très précise de mon futur professionnel, si ce n’est au travers de beaucoup d’envies et de curiosité. Je souhaiterais donc travailler dans un milieu professionnel qui correspond à mes valeurs en terme d’architecture, afin d’être dans un environnement de travail dans lequel je sois à l’aise. Je pense que cela est nécessaire pour son épanouissement personnel et professionnel, de manière à pouvoir s’exprimer librement, sans avoir besoin de rentrer dans une manière de penser imposée et arbitraire. Je souhaiterais également restée ouverte à toutes opportunités qui me permettrait d’évoluer et de m’enrichir davantage, que ce soit par des expériences à l’étranger, dans des agences importantes ou dans des plus petites, et également, comme je l’ai dit précédemment, dans le domaine de l’édition. Je pense que la nouveauté permet d’évoluer et de ne pas tourner en rond. Il me semble donc essentiel de saisir toutes les opportunités qui peuvent être bénéfiques.

La licence se termine et ce mémoire est donc l’occasion de marquer un point final à cette étape. En effet, durant ces trois années, j’ai pu expérimenter, découvrir, apprendre, comprendre, mais aussi douter, me tromper, me remettre en question... La présentation de l’ensemble de mes travaux est donc l’occasion de faire le point et de prendre du recul sur le travail accompli, avec bonheur mais aussi parfois avec stupeur devant la maladresse de certains travaux ! Au travers du travail de réflexion, j’ai pu également m’intéresser à une notion qui est ancrée en permanence dans le processus créatif, et qui le sera encore et toujours. La question de la référence est en effet récurrente dans tout processus créatif. Enfin, au travers des orientations prospectives, j’ai pu me questionner sur mon avenir, sur les enjeux que j’y mets et sur l’architecte que j’ai envie de devenir. Cela me permet aujourd’hui d’avoir une idée plus claire de ma vision du futur et de mes objectifs à venir. Reste maintenant à les atteindre !

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BIBLIOGRAPHIE Livres : Peter Zumthor, Penser l’architecture, Birkhauser, 2006 Philippe Trétiack, Faut-il pendre les architectes, Editions du Seuil, 2001 Christian de Montilbert, L’impossible autonomie de l’architecte, Presses universitaires de Strasbourg, 1995 Articles : Monique Eleb, « L’Architecture entre goût et opinion. Construction d’un parcours et construction d’un jugement », Laboratoire Architecture, Culture et Sociétés, 2005 Estelle Thibault, « À quoi sert la critique architecturale ? », http://www.laviedesidees. fr, 2008 Thèse : Celso Carnos Scaletsky, Rôle des références dans la conception initiale en architecture, Institut National Polytechnique de Lorraine, 2003




Ce mémoire présente l’ensemble des travaux et des expériences qui ont marqué mon parcours depuis que j’étudie l’architecture. C’est donc une prise de recul nécessaire, avant d’intégrer le master. Une réflexion personnelle est menée en parallèle sur la question de la référence. Présente dans tout processus créatif, de manière consciente ou non, elle appartient parfois à un bagage personnel mais elle est également souvent ancrée dans un savoir collectif et légitime. À partir de quand une référence devient-elle légitime ? Existe-il des références universelles ? Y a t-il une référence originelle ? Quels sont les facteurs qui peuvent rendre une référence universelle ? Enfin, ce mémoire est l’occasion de prendre du recul sur les acquis et de se projeter dans le futur. Des questions se posent, des horizons se dessinent et des choix se font : quelle architecte suis-je en train de devenir ?

This report presents the whole works and experiences which affected my career since I study architecture. It was necessary to take a global view before integrate the master. A personal reflection is led in the same time about the reference. Present in every creative process, in a conscious way or not, it’s a part of a personal baggage but also of a collective and justifiable knowledge. Starting from when does a reference become legitimate ? Do universals references exist ? Is there an original reference ? Which factors could make a reference universal ? Then, this report gives the occasion to take a global view on knowledges and think forward. Questions arise, horizons become apparent and choices are made : which architect am I becoming ?


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