Rapport de PFE - ENSAPVS 2016

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La vallée de la mémoire Camille LAUNAY



Camille LAUNAY

LA VALLÉE DE LA MÉMOIRE

Rapport de Projet de Fin d’Études Sous la direction d’Alessandro Mosca et Laurent Lehmann DE3 Réalités, Temporalités et Transformations École Nationale Supérieure d’Architecture Paris - Val de Seine Février 2016



SOMMAIRE

p. 7

Avant-propos

p. 9

Introduction

p. 15

Chapitre 1

Le Contexte p. 41

Chapitre 2

Le Projet Urbain p. 69

Chapitre 3

Le Projet Architectural p. 77

Conclusion

p. 83

Bibliographie et inspirations

5



AVANT-PROPOS

Ce rapport présente le cheminement d’une recherche, d’une exploration, à la fois urbaine, architecturale et personnelle. Après cinq années d’études parisiennes, enrichies d’une parenthèse finlandaise, cette dernière étape de mon parcours à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris Val de Seine ouvre sur une période nouvelle. Je me trouve au bout d’un premier cheminement, celui de l’apprentissage, des projets d’étude, avant d’aborder celui du chemin de l’expérience professionnelle. Le Projet de Fin d’Études constitue l’aboutissement d’un parcours. Il représente le terme d’une aventure étudiante semée d’expériences personnelles, s’ouvrant sur la vie professionnelle. Le travail mené tout au long du Projet de Fin d’Études a permis l’émergence d’un questionnement centré sur les relations complexes entre l’architecture, la culture, l’histoire, la ville, la construction, la politique… et sur notre place d’architecte.

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INTRODUCTION

Le contexte Un matin d’octobre, frais et sombre, une légère brume donne un côté mystérieux au paysage que je découvre. Laissant derrière moi la gare du RER, je m’élance à pied vers mon sujet d’étude. Je passe devant la résidence universitaire Jean Zay, en cours de réhabilitation. Sa couleur rouge vif tranche dans la grisaille parisienne. Je traverse la route bruyante, encombrée, et m’engouffre dans le parc de Sceaux à travers les portes de la grille en fer forgé. Un immense miroir d’eau s’étend à mes pieds. Ici règnent le calme et la nature, perturbés par quelques joggeurs matinaux et une poignée d’étudiants en architecture. Après avoir remonté une grande allée latérale, je débouche sur une voie rapide. Me voici arrivée. Je pénètre dans cet enclos isolé, noyé dans la nature, presque invisible depuis « le monde extérieur ». Les bâtiments de béton gris sont posés çà et là dans un vaste parc, chacun avec sa propre expression, mais formant un tout. J’ai l’impression d’avoir remonté le temps. Vais-je croiser Robert Peugeot ou Édouard Michelin au détour d’un couloir ? Telle fut, il y a de cela un an, trois mois, et cinq jours, ma première perception de l’École Centrale de Paris (ECP) en découvrant cette enclave verte et grise, coincée entre le parc de Sceaux, la Coulée verte du Sud parisien, et les nouveaux Ci-contre : le parc de Sceaux. 9


programmes de logement. Situé à Châtenay-Malabry (92), le site de l’ECP constitue le terrain d’investigation que j’ai choisi pour répondre à la thématique Réalités, Temporalités et Transformations. Ce domaine d’étude propose de s’intéresser au lien entre échelle urbaine et architecturale, avec comme perspective la reconnaissance et la valorisation du patrimoine, qu’il soit ancien ou moderne. Dernier projet de réflexion avant le grand saut dans le monde du travail de l’architecte, cette école aux allures de campus américain et à l’architecture mal-aimée des années 1970, a piqué ma curiosité tout en présentant un intérêt pour la compréhension de ce territoire décousu et isolé en bordure de commune. La problématique Amenée à déménager à Saclay, l’ECP laissera derrière elle 18 hectares et une vingtaine de bâtiments inoccupés. Ce départ soulève deux problématiques et implique deux échelles de travail. Tout d’abord à l’échelle urbaine. La commune de ChâtenayMalabry souhaite faire revivre ce morceau de ville en y réalisant une intervention urbaine de grande ampleur. Dans le projet qu’elle propose, aucune place n’est laissée à la réflexion sur les bâtiments existants. L’option choisie est simple : faire table rase du passé, et reconstruire du neuf. Mais est-ce juste ? Ces bâtiments des années 1970 à l’esthétique peu agréable n’ont-ils pas droit à une seconde vie ? Comment déterminer ce qui fait partie du patrimoine ? Selon quels critères ? Le patrimoine ne concerne pas que les vieilles pierres ou les


ruines. Il englobe aujourd’hui des constructions modernes ou encore des éléments appartenant à un paysage urbain. Ces questionnements ont constitué le fil conducteur de la conception du projet urbain développé durant le semestre 9. Réalisé en équipe, il a permis de définir des axes de réflexion sur lesquels se basera la pensée architecturale du Projet de Fin d’Études. La seconde échelle d’intervention concerne l’édifice architectural. L’ECP possède un fort potentiel de transformation. Par sa situation et sa proximité des transports en commun, elle incite la création d’équipements publics en vue d’un rayonnement départemental, voire régional du futur quartier. Il existe en Île-de-France une très forte demande en matière de logement, à laquelle ce nouveau quartier devra aussi répondre. Comment faire cohabiter des équipements publics importants avec des ensembles de logements denses ? Les équipements publics sont des bâtiments qui ont besoin d’espace pour respirer et s’épanouir. Les placer dans un tel contexte risque d’étouffer ce qui les entoure. Mon Projet de Fin d’Études s’inscrit dans cette problématique et se propose de répondre à une question : comment concilier équipement public de grande ampleur et quartier résidentiel à forte densité ? Il s’agit d’une réflexion sur une nouvelle conception du quartier urbain et une nouvelle façon d’occuper le territoire de la petite couronne parisienne, en mêlant une forte densité de logement et de grands équipements publics. Le site Le site choisi pour le projet se trouve en bordure de la place principale du quartier réaménagé. Il se situe entre deux éléments patrimoniaux conservés : le bâtiment d’enseignement au 11


nord, et l’ensemble Restaurant Universitaire (RU) - gymnase au sud. C’est une implantation nécessaire pour un équipement symbole, qui serait alors perceptible à différentes échelles et vitesses (piéton, cycliste, automobiliste, voire même tramway). La parcelle rectangulaire, orientée nord-sud, présente un dénivelé de 5 mètres et représente environ 6 500 m2 de surface totale au sol. Elle occupe une position particulière entre d’un côté une rue et de l’autre une place piétonne. Cela crée deux contextes qui impliquent un traitement différent du projet entre les deux.

Dans ce rapport de Projet de Fin d’Études, un premier chapitre présentera le contexte selon différentes échelles de perception. Le second chapitre sera consacré au projet urbain réalisé durant le semestre 9. Le dernier chapitre traitera des questionnements découlant de cette expérimentation liée à la conception urbaine, développera le programme choisi et présentera les lignes directrices du Projet de Fin d’Études.


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Chapitre 1

Le Contexte À l’échelle de la métropole Située en périphérie de Paris, la commune de Châtenay-Malabry représentera d’ici quelques années un pôle important à fort potentiel au cœur du Grand Paris. Ce projet d’aménagement à l’échelle de la métropole a vocation à améliorer le cadre de vie des habitants, à corriger les inégalités territoriales et à construire une ville durable. Cela implique la construction de nouvelles structures et infrastructures. La modernisation et l’extension du réseau de transport existant permettront le désenclavement de certains territoires et l’irrigation de nouvelles zones urbaines. Comment penser l’aménagement d’un tel territoire ? Les enjeux ne sont plus les mêmes qu’il y a dix, vingt ou cinquante ans. Les acteurs de ce grand défi se doivent de repenser les questions urbaines fondamentales : comment sera la ville durable de demain ? Comment s’y déplacera-t-on ? Quelle densité pour les nouveaux quartiers ? Et quelle sera la place de l’habitant ? Quels rapports entretiendront l’architecture, l’environnement et l’homme ? Le XXème siècle a profondément modifié le territoire français et son paysage. Pensé différemment, l’espace urbain associé à l’évolution continuelle des techniques a généré une ville complexe, basée sur un nouveau système urbain. Moins d’un 15


siècle plus tard, certains bâtiments et morceaux de territoire semblent déjà en fin de vie et soulèvent la question de leur légitimité à être qualifiés de patrimoine. Le travail urbain et architectural effectué sur le site de l’École Centrale de Paris se base sur cette problématique très actuelle du patrimoine du XXème siècle, ainsi que sur la question de la capacité à muter des territoires et des édifices. La ville de Châtenay-Malabry se situe à l’extrême sud du département des Hauts-de-Seine. À seulement quelques kilomètres de la capitale, bordée par le parc de Sceaux et traversée par la Coulée verte du Sud parisien, elle est au croisement de nombreuses infrastructures : l’A86, l’A6B, la station de RER la Croix de Berny, et la voie ferrée de la ligne TGV Atlantique partant de la gare Montparnasse. Dans le cadre du projet du Grand Paris Express, l’implantation d’une ligne de tramway à l’horizon 2020 prévoit de relier la Croix de Berny à Clamart, en desservant Châtenay-Malabry par son axe principal, l’avenue de la Division-Leclerc. Forte de cette attractivité, la ville est en plein développement et se dote de plusieurs secteurs économiques. Avec le départ de l’ECP et de la Faculté de pharmacie Paris XI vers le campus de Paris-Saclay, deux nouveaux écoquartiers vont être aménagés sur ces sites stratégiques pour la commune. Ces territoires vont pouvoir muter et accueillir de nouvelles fonctionnalités et de nouvelles entreprises pour renforcer l’essor économique de ChâtenayMalabry, ainsi que la création de nouveaux logements. Le futur aménagement de ces sites représente un apport essentiel à la mise en œuvre du Grand Paris dans le sud du département, afin d’améliorer le développement économique, la création d’emplois, l’attractivité et le rayonnement de la


métropole. À l’image du projet du Grand Paris, les enjeux environnementaux sont placés au cœur de la réflexion et sont pris en compte dès la conception des projets. L’importante trame verte de parcs et de bois qui compose notre métropole constitue un patrimoine végétal fragile et nécessaire à notre (sur)vie. Il est indispensable au développement qualitatif des villes. Avec ses 50% d’espaces verts, Châtenay-Malabry est l’une des villes les plus vertes et fleuries des Hauts-de-Seine. Le site de l’ECP constitue un terreau intéressant pour l’émergence de nouvelles idées adaptées à la volonté de renouvellement du territoire. Il permet aussi de se poser la question de la place de la nature dans un environnement urbain dense, et sous quelle forme. Faire dialoguer ville et nature permettra-t-il d’expérimenter de nouvelles formes urbaines ? Au début des années 1970, Châtenay-Malabry devient une ville universitaire avec le transfert de l’ECP et de la Faculté de pharmacie Paris XI. Plusieurs résidences universitaires sont construites pour accueillir les étudiants, dont celle de Jean Zay, à la limite d’Antony et de Châtenay-Malabry. En 1969, l’ECP s’installe sur le campus de Châtenay-Malabry. Les activités de l’école se déploient sur un immense parc de 18 hectares, hébergées dans plusieurs bâtiments autour d’un terrain de sport. L’ECP accueille aujourd’hui 1 800 étudiants, répartis dans onze départements d’enseignement, sur un total bâti de 58 600 m2. La Faculté de pharmacie Paris XI a ouvert ses portes à Châtenay-Malabry en 1972. Elle représente aujourd’hui quelques 56 000 m2, dédiés à la formation et à la recherche. Elle possède également un complexe sportif. 17


L’ensemble occupe un site de 13 hectares. La faculté accueille 3 500 étudiants, soit environ 10% de l’activité de l’université « Paris-Sud ». Ces deux sites dédiés à l’éducation confèrent à la ville de Châtenay-Malabry une place importante dans le réseau des campus universitaires de la métropole, accroissant ainsi son rayonnement métropolitain.

Ci-contre : Situation de Châtenay-Malabry dans la trame végétale de la métropole et dans le réseau des campus universitaires.


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À l’échelle de la ville La ville de Châtenay-Malabry est à l’origine un village agricole qui n’a cessé de se développer et de s’urbaniser au fil du temps. La ville telle qu’elle est aujourd’hui laisse supposer que les différentes phases de construction et d’urbanisation se sont superposées. Elle présente de nombreux éléments de différentes époques, différents styles et différentes échelles, mélangés entre eux. La commune s’est construite autour de deux axes structurants : l’ancienne route de Versailles, devenue aujourd’hui l’avenue de la Division Leclerc, et l’ancienne Voie des Princes qui rejoint maintenant le château de Sceaux et le centre-ville de Châtenay-Malabry. Ces deux axes sont toujours aussi importants dans le dessin de la ville et continuent de se développer au gré des différents projets portés par la commune. Châtenay-Malabry a attiré de nombreux hommes célèbres qui ont contribué à son histoire : Voltaire, Chateaubriand, Pierre de Clairambault, Edmont About, Jules-Barbier, Henri De Latouche, Eugène Sue, Armand Sully Prudhomme, Emmanuel Mounier, Henri Marrou, Jean-Marie Domenach, ou encore Paul Ricoeur. Au XXème siècle, la vocation agricole de la commune s’estompe peu à peu et les grands propriétaires locaux deviennent pépiniéristes et arboriculteurs. Avec la proximité de Paris, Châtenay adopte petit à petit un caractère plus résidentiel. En 1920, un décret associe les deux noms de Châtenay et de Malabry. En 1936, l’installation d’une cité-jardin, « La Butte Rouge », en bordure de l’ancien village, bouleverse la démographie de la commune, qui passe alors de 4 000 habitants à cette date à plus de 32 000 aujourd’hui. Ci-contre : Morphologie du site ; bâtiments remarquables ; topographie de la ville de Châtenay-Malabry ; coupe urbaine sur la ville.


Le parcellaire de la ville est majoritairement pavillonnaire, à l’exception des abords de l’avenue de la Division Leclerc, caractérisée par un ensemble d’immeuble de logements de type « barre ». Plusieurs motifs urbains coexistent à ChâtenayMalabry, allant de la petite maison de ville mitoyenne du centre-ville, aux grands ensembles que forme la cité-jardin de la Butte Rouge.

Château de Sceaux Bâtiment d’enseignement de Centrale Lycée Marie-Curie

Lycée Lakanal

Faculté de pharmacie Résidence Jean Zay

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AVANT 1936

La ville de Châtenay-Malabry est un village agricole. Elle possède de grandes étendues de forêt et de parc, ainsi que quelques belles demeures, dont la plupart existent encore aujourd’hui. Le village est traversé par la route de Versailles et la Voie des Princes.

1936

La cité-jardin de la Butte Rouge est construite. La première phase de construction est l’œuvre des architectes Joseph Bassompierre, de Rutté et André Arfvidson, et du paysagiste André Riousse. La cité-jardin est agrandie de 1949 à 1965 par des immeubles collectifs de type grand ensemble. Au fil des modifications, la cité-jardin est un excellent reflet de l’évolution de l’architecture, des techniques de construction et des normes de logement.

1969

Après la guerre, la ville se densifie, principalement par des projets de logement collectif. Le parc de Sceaux est redessiné et prend son aspect actuel. L’ECP s’installe sur son campus. Les années 1960 voient apparaître de nombreuses opérations de grands ensembles. La Butte Rouge connaît une troisième phase de construction.

1983

La Faculté de pharmacie Paris XI s’installe sur son site en 1972. L’autoroute A86 est inaugurée au sud de Châtenay-Malabry en 1975.

Aujourd’hui

Depuis le début du XXIème siècle, des programmes de logements et de bureaux se sont installés au nord et au sud de l’ECP. La ligne TGV Atlantique est mise en service en 1989. Elle est recouverte par la Coulée verte du Sud Parisien entre 1989 et 1993. Aujourd’hui, la ville a entrepris de nombreux projets de construction le long de l’avenue de la Division Leclerc qui accueillera bientôt le tramway T10.


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La ville de Châtenay-Malabry est composée d’une superposition de tissus urbains représentants différentes époques et différentes échelles. Elle est hétérogène dans sa composition parcellaire et dans sa densité. De nouveaux quartiers se sont greffés aux anciens, créant une différence d’échelle importante, ainsi qu’une hiérarchisation des cadres de vie. Le centre-ville, partie la plus ancienne de la ville, présente un tissu étroit et resserré, avec des habitations individuelles et de vieilles bâtisses, pour la plupart réhabilitées en équipements communaux, comme la médiathèque ou la maison des arts. Le quartier au nord de la Division Leclerc est constitué de parcelles pavillonnaires. Des immeubles de logements et des grands ensembles s’ajoutent à ce tissu, créant des ruptures et des poches de respiration dans le système urbain de la ville. Le patrimoine végétal de Châtenay-Malabry est très important. Le tissu urbain de la ville est ponctué par de grands espaces végétalisés : le bois de Verrières, le parc de la Vallée aux Loups et le parc de Sceaux. Comment mener une intervention urbaine dans ce contexte de ville stratifiée, composée de bâtiments aux multiples époques et styles architecturaux ? Grâce à plusieurs projets, la ville a déjà commencé à renouveler son territoire urbain, fondant ses interventions sur des questions économiques et foncières. Mais outre ces problématiques financières, il est important d’apporter une autre dimension à ces projets, en repensant le lien qui peut exister entre les différentes échelles et tissus urbains, sans oublier le cadre végétal exceptionnel de la ville. Le patrimoine doit être valorisé par le travail sur les relations entre la ville et ses parcs, la ville et ses bâtiments, et la ville et ses habitants.

Ci-contre : Extrait du cadastre des villes de Châtenay-Malabry, Sceaux et Antony, centré sur le site.


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À l’échelle du terrain En 1969, L’École Centrale de Paris déménage sur un nouveau site. Le terrain, occupé par des champs, appartient à la ville de Châtenay-Malabry. Le nouveau campus est composé de plusieurs bâtiments dédiés à l’enseignement et à la recherche. Il comprend aussi des équipements sportifs et une résidence étudiante. Le site est entièrement occupé par l’ECP. Son analyse contextuelle a soulevé des questions autour de cette fonction unique sur plusieurs décennies, et qui est la cause de son isolement. Quelles sont les conséquences de sa position excentrée dans la commune, de sa morphologie et son fonctionnement ? L’ECP est coincée entre le parc de Sceaux à l’est, et la Coulée verte à l’ouest, sous laquelle passe la voie ferrée. Bordée par trois villes, le site est contraint par deux axes de circulation, où le trafic routier est important et rapide. C’est un enclos entouré de barrières physiques, difficilement franchissables aujourd’hui. Sa fonction de campus et sa morphologie l’ont rendu autosuffisant et introverti. Le site est replié sur luimême, il ne possède aucun lien avec l’environnement qui l’entoure. C’est comme s’il ne faisait pas partie de la ville, mais semblait avoir été posé dans ce lieu. Aujourd’hui, son déménagement soulève de nombreuses questions. Quel usage pour ces 18 hectares ? Faut-il les rendre à la ville ? Quels nouveaux programmes ? Quelle doit être leur portée économique, architecturale et sociale ? Quel rayonnement la ville souhaite-t-elle ? Ces terrains libérés constituent une emprise foncière


importante et sont une véritable opportunité de développement pour la commune. Cette situation lui permet d’engager une réflexion sur sa propre stratégie urbaine et de développement économique. Le projet urbain proposé lors du semestre 9 rejoint ces questions de requalification d’un territoire dans la ville. Comment le développer pour accroître son rayonnement et lui redonner une identité ?

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Schéma d’étude du Plan Local d’Urbanisme sur le site de l’École Centrale de Paris.


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L’École Centrale de Paris L’implantation des bâtiments sur le campus de l’École Centrale de Paris profite de la nature du terrain légèrement vallonné, pour se placer en terrasse les uns par rapport aux autres, tout en ouvrant des vues sur le parc de Sceaux. Lors de la conception du campus, les architectes en charge du projet, Jean Demaret, François Vitale, Jean Fayeton et Pierre Drouin, ont choisi d’occuper le bas du terrain avec des espaces verts, des aires de jeu et la composition de la résidence pour lier les espaces boisés de l’ECP avec les massifs d’arbres du parc de Sceaux. Au centre, une grande aire découverte, occupée par le stade et dominée vers l’ouest par la longue allée de tilleuls, favorise l’ouverture de tous les bâtiments sur de vastes espaces dégagés. Avec cette composition tournante, les liaisons sont courtes entre les bâtiments. Le bâtiment d’enseignement : C’est un vaste carré de 85 mètres de côté contenant en son milieu une cour de 50 mètres environ. Les étages supérieurs sont dédiés à l’enseignement et à l’étude. Le dessous de la cour, au même niveau que le stade, est occupé par sept amphithéâtres. Les circulations verticales sont rejetées dans les angles du bâtiment. Il repose sur des colonnes circulaires fondées sur pieux, et est formé de deux constructions distinctes concentriques entièrement séparées par un joint de rupture. Les deux ossatures sont en béton armé. Le bâtiment des laboratoires : Le bâtiment des laboratoires se présente comme un long rectangle de 180 mètres de longueur et de 17 mètres de largeur,


Le bâtiment d’enseignement. Le bâtiment des laboratoires.

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élevé de trois étages. Il est relié au bâtiment d’enseignement par une galerie de service qui débouche au niveau bas des amphithéâtres. Ce bâtiment est porté par une ossature en béton armé, reposant sur des semelles également en béton armé. Il est divisé en trois tronçons de 60 mètres, dans lesquels se répartissent les laboratoires selon douze sections. Un espace important avait été prévu pour agrandir le bâtiment et obtenir dix-huit sections de laboratoires. Le gymnase et le restaurant universitaire : À l’extrémité sud des laboratoires se trouvent le restaurant et le gymnase. Ces deux bâtiments paraissent très différents, et sont pourtant reliés en rez-de-chaussée pour des commodités de fonctionnement. Ces deux services sont installés dans des structures en béton largement vitrées. L’ensemble est chauffé par de l’air chaud qui se développe en rideau chauffant le long des vitres pour éviter le rayonnement. La résidence des élèves : La résidence est organisée en pavillons séparés, volontairement implantés sur des niveaux variés et liés par des allées courbes, des dénivellations, des emmarchements, des talus et des terrasses. Chaque pavillon est construit sur un plan carré. Les chambres sont réparties à la périphérie en quatre groupes de six. Le centre est occupé par les locaux de service, les sanitaires communs et une salle de réunion. Tous les pavillons ont été réalisés en panneaux préfabriqués de béton armé.


Le gymnase et le restaurant universitaire. La rÊsidence des Êlèves.

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Patrimoine du XXème siècle Avec le déménagement de l’École Centrale de Paris, les bâtiments présents sur le site, datant des années 1970, posent la question de leur valeur architecturale. Ont-ils une valeur patrimoniale ? Le paysage du XXème siècle s’est créé en contraste avec celui du XIXème siècle. Existe-t-il déjà un patrimoine du XXème siècle ? Ou bien est-ce encore trop tôt pour le reconnaître ? Qu’est-ce qui fait qu’un élément devient patrimoine ? En France, le XXème siècle fut l’un des siècles les plus destructeurs mais aussi des plus productifs et constructeurs. La majorité des édifices conçus durant cette période témoignent de l’évolution technique, économique, sociale, politique et culturelle que la France a connue. Cependant, tout cela ne se perçoit pas forcément dans l’expression architecturale des édifices modernes. Le béton, l’acier et le verre ont remplacé la pierre. Ces nouveaux matériaux n’ont pas vraiment séduit le plus grand nombre. Les formes se sont modifiées et les volumes ont évolué. En suivant cette pensée, nous avons engagé notre analyse des bâtiments de l’ECP. D’après ces critères, possèdent-ils une valeur patrimoniale ? Dans quelle mesure pourraient-ils avoir une seconde vie ? Faut-il les démolir et pourquoi ? Au vu de l’importante valeur foncière des terrains, la ville de ChâtenayMalabry souhaite la démolition totale des bâtiments pour y implanter un programme plus rentable. À l’opposé de la ville, notre démarche de réflexion est patrimoniale, architecturale et durable. Nous avons estimé que cet ensemble bâti valait la peine d’être considéré pour en faire un terrain de réflexion Ci-contre : plan masse de l’ECP en 1969. En bleu, les bâtiments que nous envisageons de conserver à cette étape du projet.


et d’expérimentation. C’est l’occasion de tester de nouvelles conceptions et de nouvelles approches urbaines, à partir d’un contexte particulier et unique. Pour cela, il faut tout d’abord réaliser un diagnostic patrimonial détaillé du site, afin de pouvoir déterminer quels bâtiments présentent un intérêt de conservation. Cette démarche s’inscrit dans le processus de requalification du site, par sa mutation programmatique et sa transformation urbaine et architecturale.

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Vers une intervention urbaine Une première analyse du site a permis de dégager plusieurs constats. Constat n°1 : un site enclavé. Le site est actuellement une enclave entre le parc de Sceaux et la Coulée verte. Les espaces appartenant à l’École Centrale de Paris sont des lieux passifs et non réceptifs, sans relation avec leur environnement proche. Vue du « dehors », l’école ne semble pas exister. Elle présente un système d’enclos, de composition interne et indépendante, à l’opposé du système de la ville avec ses tracés, son découpage et ses bâtis. Constat n°2 : les espaces végétalisés. La ville de Châtenay-Malabry possède de nombreux parcs et espaces verts. Elle est encadrée par de grands parcs et bois. Le parc de Sceaux constitue un paysage patrimonial de grande ampleur, à proximité directe du site de l’ECP. Constat n°3 : la topographie. En pente vers le parc de Sceaux, le site possède une topographie vallonnée, dont le relief constitue une approche intéressante pour le traitement des espaces et leurs interconnexions. Constat n°4 : le bâti existant. La réflexion patrimoniale a permis de mettre en lumière l’intérêt de certains bâtiments existants pour un travail architectural de requalification et de transformation. Le site de l’ECP possède de nombreux atouts urbains et paysagers qui ne sont que très peu exploités aujourd’hui et qui en font un objet d’étude très intéressant pour une intervention urbaine. Grâce à la mise en place de stratégies d’évolutions et


d’actions, l’intervention urbaine se base sur l’élaboration d’un parti pris urbain et d’un diagnostic patrimonial du site. Cette démarche vise à définir une philosophie d’intervention pour la requalification intelligente du quartier. Le projet urbain du semestre 9 propose la conception d’un nouveau quartier, favorisant le logement, l’accueil des entreprises et la réinsertion commerçante. Le travail réside dans l’élaboration d’espaces communs et la création de circulations douces, en lien avec le contexte urbain existant. Une attention particulière est portée aux relations entre les différents éléments composant l’espace public, et aux interstices entre espaces publics et privés. En rationalisant le foncier, en offrant des espaces de qualité et en traitant les porosités ainsi que les articulations, le travail urbain permet de désenclaver le site pour le rendre à la ville et lui redonner un souffle de vie.

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Les limites Constater les limites du site, ses points d’attraction et sa relation au contexte urbain.

Un axe dynamique, commerçant et circulant, l’avenue de la Division Leclerc.

Porosités À l’ouest : mettre en valeur la coulée verte et ses relations et accès au site.

À l’est : requalifier l’avenue Sully-Prudhomme pour un accès doux au parc de Sceaux.

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Schémas d’approches et d’intentions pour l’intervention urbaine.


La topographie Le relief du site permet des points de vue vers le parc.

Connexions Connecter le site à l’avenue de la Division Leclerc, en introduisant des espaces séquentiels.

L’approche topographique vise à orienter le site vers le parc.

Traiter les entrées de ville et les noeuds de circulation pour désenclaver le site.

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Chapitre 2

Le Projet Urbain Cadrage d’intervention Le projet urbain du semestre 9 a pour objectif de désenclaver le site étudié et de redynamiser l’entrée de ville qu’il constitue, en y apportant de nouvelles activités à rayonnement communal, voire départemental. Le quartier présente un fort pouvoir foncier, mais également un important potentiel de développement grâce notamment à la mise en place du tramway qui possèdera deux arrêts à proximité du site. Pour réaliser ce projet urbain, nous avons travaillé selon quatre étapes. Il a fallu tout d’abord définir un cadrage d’intervention, puis établir un diagnostic patrimonial, proposer des intentions urbaines, pour enfin projeter une stratégie de planification et des hypothèses de programmation. Objectifs Le travail urbain vise à tirer parti de l’opportunité que représente l’École Centrale de Paris, afin d’élaborer un projet axé sur le logement et de nouveaux équipements. En garantissant une mixité des fonctions urbaines, la création de véritables lieux de vie pourra redonner de la valeur à cette entrée de ville bien desservie par les infrastructures, et réintégrer le quartier à la ville. Le renforcement de la trame verte est primordial afin 41


d’améliorer les qualités urbaines du site et le cadre de vie. Le projet espère affirmer l’identité communale en renforçant le réseau de liaisons douces et en améliorant le traitement des entrées de ville. La conception du projet urbain vise à préserver l’environnement et les habitants des pollutions et des nuisances. Pour cet exercice de renouvellement urbain, l’étude de la trame verte prépondérante sur le site nous a amené à orienter nos intentions sur un travail de tissage et de maillage entre l’urbain et le végétal. Identification des enjeux Plusieurs enjeux sont mis en avant. Tout d’abord l’annexion de plusieurs parcelles adjacentes au site, pour pouvoir développer de façon cohérente et logique notre intention urbaine, tisser des liens et créer des connexions entre les différents morceaux de ville. Ensuite, raccorder l’est et l’ouest du site, c’est-à-dire le centre-ville au parc de Sceaux. La création d’une transition verte pour se connecter à l’immense mais très morcelée trame verte qui traverse le département et la ville. Donner de l’importance à la Coulée verte qui se retrouve étranglée au bord du site, permettra de faire respirer cette limite. Faire entrer le parc dans la ville, au moyen de mails verts pénétrants, aura pour effet d’ajouter de la valeur au quartier et d’y améliorer la qualité de vie. Enfin, la requalification des deux axes structurants du site, l’avenue Sully-Prudhomme à l’est et l’avenue de la Division Leclerc au sud, entrainera le changement de statut de ce site enclavé.

Ci-contre : identification des enjeux.


Zones d’intervention

Transition verte

N

Tirer le parc vers l’urbain 43


Plan de situation présentant le cadrage d’intervention. Échelle 1.10 000


N

45


Diagnostic patrimonial Une des principales problématiques du développement de ce projet urbain est la réflexion patrimoniale sur des édifices à forte valeur programmatique existants sur le site. Une fois le diagnostic patrimonial réalisé, il faut émettre des hypothèses de programmation, adaptés aux exigences et au potentiel des bâtiments conservés. Quelles sont les caractéristiques particulières qui vont permettre à certains bâtiments d’être conservés ? Comment les intégrer dans le nouveau projet urbain ? Quelques bâtiments du campus de l’École Centrale de Paris possèdent un intérêt de conservation. C’est sur eux que va se baser la conception du projet urbain pour écrire un nouveau chapitre de l’histoire de ce territoire. Nous avons choisi de conserver le bâtiment d’enseignement pour sa morphologie singulière et ses amphithéâtres partiellement enterrés. Le bâtiment paraît modulable et pourrait accueillir un programme important. Il présente une grande transparence en rez-de-chaussée haut, et domine l’ensemble du site. Sa structure en béton performante semble permettre une extension verticale. Enfin, il constitue un des points forts de l’identité visuelle de l’ECP et serait donc également conservé à titre de mémoire. Ce bâtiment semble destiné à héberger le programme fort du projet urbain, permettant de redonner un élan au quartier. Nous envisageons d’y implanter un centre de congrès, un programme ambitieux qui permettra de faire graviter l’ensemble du quartier autour de ce point d’ancrage. Ce programme apportera aussi une


Plan et coupe du bâtiment d’enseignement existant. À gauche, construction des amphithéâtres. À droite, le hall aujourd’hui.

47


qualité supérieure à la ville, la rapprochant de Sceaux et de son haut niveau de vie. Une partie des plots de logement de la résidence des élèves semble intéressante à conserver, malgré leur faible potentiel de mutation dû à leur structure faite de mur de refend. Leur typologie reste cependant adaptée à une reconversion en bureaux. Agrémentés d’une double-peau, ces bâtiments, singuliers par leur forme et leur position dans le site, pourraient reprendre vie. Ils pourraient également être greffés sur une typologie différente de bâtiments neufs, afin de les réintégrer dans le tissu urbain. Enfin, l’ensemble du gymnase et du restaurant universitaire a retenu notre attention grâce à leur morphologie singulière, marquée par le rapport de style et d’échelle qui existe entre les deux bâtiments. Bien que le gymnase ne possède qu’une faible surface au sol restreignant ses capacités de mutation, il possède une façade particulière et une qualité de lumière intérieure intéressante. Le restaurant universitaire présente une structure classique poteau-poutre-dalle, facilitant sa mutation. Les deux bâtiments ont chacun leurs caractéristiques et leurs points forts. Les faire dialoguer ensemble serait l’occasion de réaliser un projet axé sur différents rapports architecturaux et spatiaux. Pour valoriser le site à l’échelle des habitants, le gymnase pourrait accueillir une halle de marché, et le restaurant universitaire pourrait abriter des services communaux.


Plans et hypothèses de projet. 49


Plan de situation montrant les bâtiments supprimés. Échelle 1.10 000


N

51


Intentions urbaines Nous avons abordé le travail d’urbanisme sur le site choisi à partir de l’analyse faite au préalable, des besoins et des exigences de la ville, et de nos propres convictions quant à la nécessité de redonner une identité urbaine et naturelle à ce territoire. Le projet urbain tend tout d’abord à relier différents points attractifs du site, traduisant différentes intentions : permettre des flux sans interruption, connecter le cœur de la ville aux transports en commun majeurs pour le dynamiser, et devenir un centre attractif pour les communes de ChâtenayMalabry, Sceaux et Antony. L’espace a besoin d’être densifié, tout en mêlant trame verte et douce et réseau viaire. La trame verte mise en place se rattache au parc de Sceaux et à la Coulée verte en offrant un maximum d’espaces verts et de percées visuelles pour les habitants. L’envie de s’ouvrir sur le parc de Sceaux a amené ce projet à tendre des axes d’est en ouest, prolongeant le réseau existant de la ville dans cette direction. La modification du tracé de la Grande Voie des Vignes pour la rapprocher du bâtiment d’enseignement, au nord, permet de dégager l’entrée du parc et de créer un espace de transition. Le besoin de connecter l’entrée de ville au centre-ville nous a ensuite poussées à réfléchir à un axe reliant directement le nord et le sud du site. Une grande percée commence alors à se dessiner, traversant tout le site et venant perturber le tissu urbain. Elle s’ouvre sur une large place publique au centre du projet. Cette respiration dans le quartier s’associe au travail topographique, implantant les nouveaux logements en


terrasse afin qu’ils puissent bénéficier de vues agréables sur le parc. Ces premières intentions urbaines ont permis l’esquisse d’un premier plan masse, accompagnée de réflexions sur les qualités que nous souhaitions donner aux espaces publics, entre densité, urbain et nature. À la suite de ce travail, les stratégies urbaines se sont précisées et une programmation du quartier a été proposée.

53


Premières intentions urbaines appliquĂŠes au plan masse. Échelle 1.10 000


N

55


Réflexion sur les espaces publics

Rencontre Partie de la plaque purement fonctionnelle de la voirie : lieu de circulation, de déplacements mixtes et à caractère doux, avec priorité au piéton. 1. Rencontre avec le parc

2. Mixité des rencontres

3. Entrée de ville

Moment Espace de l’îlot, ou espace en relation directe avec l’îlot, en contraste avec la plaque fonctionnelle de la voirie : lieu privilégié, créateur d’activités, majoritairement végétal avec des espaces en pleine terre. 1. Biodiversité et cœur d’îlot

Ci-dessus : coupe urbaine.

2. De l’îlot à la place

3. Le mail vert


Intervalle Espace complémentaire entre la plaque fonctionnelle de la voirie et l’îlot : rôle de respiration, d’articulation, et d’activation de la rue, majoritairement minéral. 1. Un entre-deux urbain

2. Un square comme espace de transition

57


Stratégies de planification La planification urbaine du nouveau quartier s’est élaborée en plusieurs étapes. Tout d’abord, la volonté de favoriser les déplacements piétons et les axes verts dans la ville a conduit à la mise en place de nombreuses liaisons vertes, orientées estouest, pour recoudre le parc de Sceaux à la ville de ChâtenayMalabry. Ensuite, le découpage en îlots du site s’est appuyé sur une volonté d’irrigation nord-sud, créant des axes structurants et commerçants le long de la place centrale du quartier. Celleci permet d’offrir un espace public généreux au futur centre des congrès, programme qui s’attache à requalifier le bâtiment d’enseignement de l’École Centrale de Paris. Ce programme initie alors le développement d’une « bande d’équipements » dédiés à la culture, aux professionnels et aux services communaux, aussi bien pour les habitants du quartier que pour les usagers venant d’ailleurs. Enfin, une voie importante vient perturber ce système orthogonal pour mettre en avant le caractère dynamique d’entrée de ville du quartier. Cette diagonale est créée pour rallier le centre-ville et fait pénétrer les flux directement au sein du nouveau quartier. Hypothèses de programmation Châtenay-Malabry est une ville principalement résidentielle. Elle souhaite cependant relancer des activités d’entreprise, notamment sur le site de la Faculté de pharmacie Paris XI. En suivant cette logique, nous avons adopté pour le site de l’ECP une démarche dynamique et un programme attractif, avec des activités diversifiées, un fort impact professionnel, tout en développant l’offre de logements de qualité en bordure du parc de Sceaux et de la Coulée verte. Le programme ambitieux


du centre des congrès apporte un rayonnement, régional et même métropolitain au quartier. Une halle d’exposition et un hôtel sont créés dans la « bande d’équipements », ainsi que des espaces plus petits à l’échelle de la commune : un marché, une crèche, des locaux sociaux et associatifs. Les logements se développent autour de cette « bande d’équipement », profitant de vues privilégiées sur le parc de Sceaux ou la Coulée verte. Chaque îlot de logement possède son propre espace extérieur semi-public ou privé, et est rattaché au quartier par des circulations douces.

Mails vert, connecter.

Îlots et voies, découper.

Équipements, dynamiser.

Schémas de principe de planification urbaine. 59


Plan masse du projet urbain (janvier 2015). Échelle 1.10 000


N

61


±84.OO

±84.OO

±76.5O

±79.OO

±84.OO

M

±89.OO

N

Détail du plan masse. Échelle 1.2 500


Maquettes de site. 63


Logements Bureaux Équipements, commerces et services Logements 510 studios 17,0 % 650 T2 21,6 % 650 T3 21,6 % 540 T4 18,0 % 490 T5 16,3 % 460 T6 16,0 % 603 chambres CROUS 3 000 logements Axonométrie de programme.

14 400 m 29 200 m2 38 300 m2 38 600 m2 42 000 m2 39 300 m2 10 000 m2 2

225 000 m2

Bureaux Cellules Open-space

12 400 m2 24 800 m2

Total Services et commerces Hôtel Commerces

37 000 m2 16 000 m2 25 000 m2

Total

41 000 m2


Équipements Centre des Congrès 34 000 m2 Halle d’exposition 6 000 m2 Établissement scolaire 10 000 m2 Crèche 1 000 m2 Marché couvert 1 000 m2 Centre de loisirs 1 200 m2 Espaces communaux et sociaux 1 000 m2 Total

Zone d’intervention : 28,7 hectares Programme : 357 000 m2

54 200 m2 65


Conclusion Le projet urbain réalisé durant le semestre 9 traite aussi bien de la grande échelle urbaine d’un territoire, que celle plus petite d’un quartier. Les qualités de la ville sont remises en lumière dans un nouveau développement urbain, au sein d’un ensemble architectural complexe. L’organisation spatiale de la ville repose sur une hiérarchie des circulations et une progression entre les espaces. Le système ainsi créé n’est pas isolé du reste de la ville, il atteint son objectif de désenclaver le quartier. Ce dernier est de nouveau perméable et autorise le passage d’un point à un autre. Ce travail urbain nous a permis de nous familiariser avec le site, de dévoiler ses enjeux et de mettre en avant ses atouts afin de déterminer l’approche urbaine et architecturale que nous voulions adopter. En tant que travail préalable au développement architectural, il s’est révélé être un questionnement sur la ville contemporaine et sur l’évolution du territoire dans lequel va s’inscrire l’architecture. Dans l’optique du Projet de Fin d’Études, nous envisageons d’approfondir le développement des équipements, dont l’articulation ancre le projet dans la ville. Le projet de centre des congrès initiera la requalification du bâtiment d’enseignement, mettant en valeur son rapport au quartier et à la place. L’hôtel et la halle d’exposition seront l’occasion de définir une nouvelle écriture architecturale, en travaillant le rapport au sol et les relations entre les différents programmes et ainsi que les différents niveaux topographiques. L’îlot du marché constituera quant à lui l’opportunité d’offrir un espace Ci-contre : évolution du plan masse au cours du projet urbain.


commerçant et social aux habitants. L’accent sera mis sur la mutation des bâtiments afin de les faire dialoguer ensemble tout en privilégiant un nouveau rapport à leur contexte proche.

N

67



Chapitre 3

Le Projet architectural À la fin du semestre 9, souhaitant poursuivre mon travail sur le thème du patrimoine, j’ai choisi de traiter la mutation du bâtiment d’enseignement de l’École Centrale de Paris. Son volume particulier et sa surface importante m’intéressaient. L’analyse architecturale constitue la première étape fondamentale du projet de réhabilitation. Après de longues semaines passées à décortiquer le bâtiment pour en comprendre son mécanisme dans les moindres détails, il s’est révélé être beaucoup moins modulable que nous le pensions. Sa structure particulière empêche toute modification radicale. Mis à part un nouveau cloisonnement intérieur et un changement des façades, ce bâtiment offre très peu de libertés d’intervention, et peut difficilement devenir autre chose qu’un bâtiment dédié à l’enseignement. Le projet de réhabilitation du bâtiment d’enseignement ne répondant pas à mes attentes, et ayant constaté le caractère contraignant de cet exercice, j’ai décidé de considérer un autre terrain d’investigation, toujours situé dans le quartier de l’ECP. Le bâtiment d’enseignement constituant le point d’ancrage du projet urbain développé précédemment, il ne pouvait pas être question de le détruire pour implanter le projet à cet endroit et faire un programme neuf.

Ci-contre : croquis de recherche. 69


Zone d’intervention Laissant de côté le bâtiment d’enseignement et son programme de centre de congrès, j’aspire toujours à travailler sur un bâtiment public pour mon Projet de Fin d’Études. Le projet doit donc se trouver dans la « bande d’équipement » du nouveau quartier. La zone d’intervention envisagée pour un nouvel équipement public se situe en bordure de la place principale, là où nous pensions implanter une halle d’exposition et un hôtel. Ce choix est lié à plusieurs constats. L’emplacement choisi permet d’envisager un lien est-ouest intéressant, de par la nature différente de ces deux contextes : d’un côté la place, lieu de rencontre pour les usagers ; de l’autre une rue, plus intime et lieu de passage. La topographie marquée à cet endroit permettra d’ancrer le bâtiment dans son site et induit une volonté de jouer sur la conception architecturale pour créer un lien entre les espaces et les différents niveaux. Enfin, le contexte très hétérogène du site, d’un côté des immeubles de logement, de l’autre des équipements publics de différentes échelles, et finalement une grande respiration urbaine, laisse envisager un travail architectural tout en finesse pour arriver à dialoguer avec tous ces éléments. Véritable articulation urbaine au cœur du quartier, le projet devra jouer un rôle de liaison à plusieurs échelles.

Ci-contre : le site choisi et ses enjeux.


N

71


Du thème au programme Travaillant à présent sur un bâtiment neuf, je n’étais plus restreinte par les caractéristiques d’un bâtiment déjà existant. Dans le cas de la réhabilitation, ce sont bien souvent les particularités de l’édifice qui amènent à un programme spécifique. Je me suis demandée quel pourrait être le programme le plus adapté à ce site, mais aussi à l’identité de la ville et à mes propres envies pour ce dernier projet d’études. Ayant déjà abordé les programmes d’exposition et de l’hôtellerie, j’ai souhaité m’attaquer à une thématique complètement différente. Avec comme perspective l’exercice du métier d’architecte et la réalité du monde du travail, il était important pour moi que ce projet se rapproche au plus près des besoins actuels de la commune et s’ancre dans la réalité. Déjà bien équipée dans tous les domaines, je suis allée chercher plus loin, au niveau départemental. La ville de Châtenay-Malabry a toujours été une ville d’hommes de lettres. M’intéressant à cette particularité, j’ai appris que les Archives départementales des Hauts-de-Seine, aujourd’hui hébergées à Nanterre dans un bâtiment datant de la fin des années 1970, étaient arrivées à saturation. Les magasins ont atteint leur capacité de stockage maximale et les locaux vétustes ne répondent plus aux normes techniques actuelles. Le site qu’elles occupent actuellement ne permet pas la construction d’une extension, et la mise en place d’une annexe serait trop onéreuse en fonctionnement et en ressources humaines. Leur offrir un nouveau bâtiment à Châtenay-Malabry est donc un sujet d’actualité. Il se justifie car il se trouverait situé à seulement quelques encablures de Paris, proche des transports en commun, dans un futur Ci-contre : organigramme de fonctionnement des archives départementales.


quartier dynamique, et dans une ville à l’important patrimoine historique et surtout littéraire. La particularité d’un centre d’archives est que 70% de son programme consiste en des espaces aveugles et hermétiques pour la conservation des documents. Alors comment faire vivre les 30% restants sans qu’ils ne soient étouffés par les magasins de stockage ? Trois pôles sont à développer pour ce type de bâtiment : • « Collecter » : réception des versements, tri et conditionnement. • « Conserver » : magasins de stockage, ateliers de conservation. • « Communiquer » : accueil du public, expositions, auditorium, administration et salle de lecture.

Parking Service éducatif - Accueil groupes

Auditorium

Administration

Hall d’accueil

Logement de fonction

80m² 100m²

Locaux communs

100m²

Expositions permanentes

50m² 15m²

10m²

Locaux techniques

15m²

Exposition temporaire 75m²

150m²

300m²

Locaux informatique

Salle de lecture et locaux annexes 100m² 70m²

700m² Ateliers

Salles de tri Dépôt intermédiaire 250m²

50m²

120m²

Magasins de stockage

Stockage fournitures, matériel

200m²

300m² Réception des versements

40m²

10 000m²

Pilon

40m²

Quarantaine

40m²

Livraisons

73


Problématiques et architecturales

premières

intentions

Le centre d’archives est un programme complexe qui demande beaucoup d’attention et de rigueur. Sa mission est importante puisqu’elle est de conserver des archives, patrimoine précieux et source de connaissances de l’activité des hommes, des femmes et des sociétés. Le point qui m’a causé le plus de souci est sans conteste la spécificité du centre d’archives, à savoir la disproportion et la contradiction du programme, et le fait que les troisquarts soient immobiles et aveugles. Le centre d’archives se présente à la fois comme un coffre-fort, comme un lieu de travail et comme un lieu culturel ouvert sur l’extérieur. Comment donner vie à un tel bâtiment et comment l’intégrer dans son contexte sans avoir l’impression qu’il ait été rentré au forceps ? Je suis passée par de nombreuses étapes, et ai testé de nombreuses solutions, de la plus improbable à la plus rationnelle. Le programme requiert une parfaite maîtrise de l’espace. Une organisation rationnelle permet d’optimiser les surfaces de stockage. L’autre particularité du centre d’archives est la charge que doivent supporter ses planchers. Quand un logement doit soutenir 150 kg/m2, c’est presque dix fois plus pour les magasins de stockage. L’essence du programme est un élément moteur de la création architecturale. Il crée des logiques. C’est dans cette optique que j’ai tracé les premières intentions architecturales. Le projet est séparé en deux entités. D’un côté, la « boîte » des archives. Ce volume tend à être le plus compact et performant possible. Il vient marquer et fermer la place par sa position, en étant aligné au nord sur les bâtiments existants. La façade est de ce Ci-contre : schéma d’implantation du projet et premières intentions.


volume, contenant les circulations desservant les magasins de stockage, est séparée de la place, mais garde un contact visuel par ses ouvertures. Le mouvement des archivistes en façade reste présent et donne vie au bâtiment. Devant se trouve le volume dédié aux espaces de communication. La communication au public est l’autre facette des archives, et non la moindre. Situé au même niveau que la place, il instaure un dialogue avec l’espace public. Le volume fusionne par sa forme avec l’environnement urbain et permet de lier les deux niveaux topographiques du site. Il se déploie tout en légèreté et en fluidité, à l’opposé de la statique et du poids du volume de stockage.

N

75



CONCLUSION

Ce projet aura pris sa source à l’échelle de la ville et du grand paysage, pour aboutir trois semestres plus tard à la mise en place d’un quartier à l’échelle architecturale. Cette évolution progressive a permis au processus de conception de s’enrichir, de voir l’émergence de grands principes urbains et d’une conception architecturale personnelle. L’échange et le travail en équipe constituent à mes yeux un des éléments fondamentaux du métier d’architecte. Le projet urbain réalisé en équipe durant le semestre 9 nous a offert la possibilité de dialoguer, d’échanger des idées, de soulever ensemble des problématiques et d’engager des réflexions intéressantes. Ce projet est le fruit d’échanges nourris par le partage d’opinions, lesquelles ont favorisé le cheminement de la pensée. Aborder ensuite le projet architectural individuellement est un travail enrichissant pour soi-même. Il permet de mettre en pratique les connaissances acquises lors des cinq années d’études. Ce site a induit des interrogations évoquées dans ce rapport : quelle posture adopter avec un tel programme ? L’analyse du lieu a permis de générer les premières postures, les premières intentions. L’ensemble de ces étapes a donné lieu à des choix 77


qui m’apparaissent judicieux au regard du contexte et du programme choisi pour ce site. Le projet architectural se veut le reflet de ces questionnements, la continuité du projet urbain et la manipulation de formes architecturales, de matériaux et de structures. La posture adoptée est donc celle de la rationalité, de la légèreté et de la mise en valeur d’un paysage. C’est à travers le projet architectural que le site connaîtra une seconde vie.

« Le grand architecte français du XVIème siècle, Philibert de l’Orme, écrivit « l’architecture sert à lutter contre la mélancolie ». Plus récemment Christian de Portzamparc expliqua simplement que l’architecture servait à rendre les gens heureux. Ces pensées pourraient d’autant plus s’appliquer aux édifices [d’archives], qu’il n’est pas facile de les appréhender, la plus grande partie de ces lieux étant composée d’espaces de conservation, peu ouverts vers l’extérieur. » Aurélie Filippetti, ex-Ministre de la Culture et de la C o m mu n i c a t i o n

Ci-contre : croquis de recherche et maquette d’études.


79



81


Archives nationales de Pierrefitte-sur-Seine, Massimiliano Fuksas, 2013. Archives dテゥpartementales d窶凖四e-et-Vilaine, Ibos Vitart, 2007. Archives dテゥpartementales des Hauts-de-Seine, Bernard Feypell et Bernard Zoltowski, 1978.


BIBLIOGRAPHIE ET INSPIRATIONS

CHAMOUARD Patrick (1987), Les Archives départementales des Hauts-deSeine, Conseil Général des Hauts-de-Seine, Paris, 199 p. SAÏE-BELAÏSCH France (2013), Les Archives dans la cité, Architecture d’archives 2004-2012, Archives de France, Paris, 238 p.

83


Le travail de projet urbain réalisé sur le site de l’École Centrale de Paris à Châtenay-Malabry (92) a donné naissance au Projet de Fin d’Études. Ce rapport présente les différentes étapes qui ont conduit à la conception du projet. Il montre les dispositifs mis en place, du travail urbain à l’échelle du territoire et de la ville, jusqu’au processus architectural prenant en compte les édifices existants, une topographie particulière et l’intégration du site à la ville. architecture - patrimoine - environnement - développement urbain bâtiment public - bâtiment d’archives

Camille Launay

Rapport de Projet de Fin d’Études Sous la direction d’Alessandro Mosca et Laurent Lehmann DE3 Réalités, Temporalités et Transformations École Nationale Supérieure d’Architecture Paris - Val de Seine Février 2016


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