Défendons lele Fort ! Illustrations d’Alex Diochon
Fort Verchères est situé sur la rive sud du fleuve Saint–Laurent, un peu en amont de Montréal (Ville–Marie, à l’époque), et dirigé par François de Verchères et sa femme Marie.
21 oct. 1692
Madeleine, ton père est à Québec pour ses obligations militaires et je pars moi aussi. C’est toi qui dirigeras le fort pendant notre absence.
C’est une grosse responsabilité.
Combien de temps serez–vous partie, maman ?
S’il se passe quelque chose, tire un coup de canon, et les gens des autres forts vont venir t’aider.
Aussi longtemps qu’il le faudra pour acheter tout ce qu’il nous faut pour l’hiver.
Oui, mon comman... maman !
Charles ! Louis ! Arrêtez !
Mais si les Iroquois nous attaquent, comme ils l’ont déjà fait quand papa était absent ?
C’est moi qui commande !
Et on les a attaqués en retour !
On les avait attaqués, tu sais. Parce qu’ils avaient tué le mari de Marie–Jeanne ! Et aussi Antoine et François–Michel !
Il reste encore huit Verchères pour combattre.
On n’aura pas à combattre. Sans maman et papa, on va jouer toute la journée !
22 oct. 1692
Les Iroquois ! !
Aux armes ! Aux armes !
Prenez vos armes, on est attaqués !
Tirez un coup de canon !
Dieu nous a sauvÊs pour aujourd’hui.
Mais il ne faut pas se faire surprendre cette nuit.
Les Iroquois...
Alliés wendats et algonquins
Troupes françaises
Mademoiselle, j’ai le regret de vous annoncer que deux de vos hommes ont été tués.
Ils s’en vont !
Mais vous pouvez être fière d’avoir défendu le fort avec aussi peu de monde.
Monsieur, je vous rends mes armes.
Nous vous saluons.
Le fort Verchères est de plus en plus délabré. Madeleine chasse le chevreuil pour nourrir sa famille. Fatiguée de cette pauvreté, elle écrit à une comtesse française. La comtesse, impressionnée par sa bravoure, prend des mesures pour que Madeleine touche la pension de son père après sa mort.
Madeleine épouse un lieutenant français en 1706. Elle a cinq enfants avec lui. Un jour, le gouverneur de la Nouvelle–France entend parler de son exploit et lui demande de lui en dire plus pour qu’il puisse raconter son histoire à la famille royale de France.
Elle embellit un peu la vérité...
Elle affirme avoir repoussé les attaquants pendant une semaine et avoir quitté le fort pendant le siège. Deux fois !
Une fois, dit–elle, pour accompagner des voisins au–delà des lignes iroquoises.
Et une autre fois pour... hum... rapporter de la lessive.
Cette statue de Madeleine a été commencée en 1911. Elle se dresse aujourd’hui sur la pointe de Verchères, près de Montréal.