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La Chaux-de-Fonds, son histoire rencontre pionniers de la Réforme et horlogers de renom

La plus vieille maison de La Chaux-de-Fonds

–édifice Une bâtisse montagnarde de La Chaux-de-Fonds, construite en 1536, détient le titre du plus vieil édifice du canton. Son histoire rencontre pionniers de la Réforme et horlogers de renom.

Elle trône au cœur de La Chaux-de-Fonds depuis plus de cinq siècles, à proximité du Bois du Petit Château. Pour Charles Thomann, auteur de «L’histoire de La Chaux-deFonds inscrite dans ses rues» (éd. du Griffon, 1965), il faut remonter au XVIe siècle pour comprendre l’histoire de cette ferme de la rue du Nord, considérée comme l’un des plus anciens édifices du canton. Construite en 1536, la ferme «Mon repos» a longtemps hébergé des religieux, et notamment des adeptes de la Réforme. Sous l’influence de Guillaume Farel, réformateur et collaborateur de Jean Calvin, le curé Jacques Droz a notamment introduit progressivement le protestantisme dans la région. Au XVIIIe siècle, un incendie dévaste le bâtiment. Il sera ensuite reconstruit par la famille Courvoisier-Jonaïs, originaire de Monts-sur-Le Locle, qui y vécut sur douze générations.

HORLOGERS, GRAVEURS ET CÉRAMISTES

La ferme fut aussi le foyer de plusieurs horlogers de renom comme Pierre Jaquet-Droz (1721-1790), fondateur d’une entreprise internationale active dans la production de pièces horlogères de précision. L’un des projets qu’il supervisa – un célèbre ensemble d’automates réalisés entre 1768 et 1774 représentant «L’Écrivain, la Musicienne et le Dessinateur» – fut exposé dans toute l’Europe et se trouve depuis 1909 au Musée d’art et d’histoire de Neuchâtel (MAHN). La marque de haute horlogerie Jaquet Droz, issue de la même lignée, fait aujourd’hui partie du groupe Swatch.

L’oculus typique des fermes neuchâteloises orné d’un décor peint.

Au cœur du site culturel Unesco de La Chaux-de-Fonds, la ferme de la rue du Nord 110 est reconnue pour sa valeur nationale.

Plus d’un siècle après, en 1913, la ferme devint le lieu de travail d’Henri Hausler, graveur indépendant. «Dès 1941 et jusque dans les années 1970, elle est ensuite habitée par un architecte du nom de Bourquin et son épouse Henriette Grandjean, une des céramistes emblématiques du style sapin» explique Nathalie Tissot, présidente de l’Association pour la sauvegarde du patrimoine des montagnes neuchâteloises (ASPAM). Le style sapin, typique de La Chauxde-Fonds, découle de l’Art Nouveau. Il est caractérisé par des motifs floraux et principalement par des sapins inspirés par la faune et la flore jurassiennes et neuchâteloises. Les musées d’Orsay à Paris ou celui des Beaux-Arts de La Chaux-de-Fonds comptent dans leur collection certaines œuvres en style sapin de l’artiste Henriette Grandjean.

INSCRIPTION AU PATRIMOINE

«L’immeuble fut plusieurs fois remanié, précise Antoine Monnier, responsable des archives de La Chaux-de-Fonds. Il a néanmoins conservé son architecture typique des fermes des montagnes de la région.» Sur la façade latérale, audessus d’une porte donnant accès à la partie reconstruite de la ferme, est inscrite la date 1648. La façade méridionale est quant à elle dotée d’un oculus serti d’un décor peint qui domine une porte arquée. L’édifice a survécu pendant des siècles, mais ce n’est pas le cas de la maison voisine, la ferme du Petit Château qui se trouvait à l’est. Selon l’historien Charles Thomann, elle datait du XVIIe siècle mais a été démolie en 1890 pour laisser place à un grand immeuble locatif. La ferme, située au numéro 110 de la rue du Nord, a également risqué d’être démolie. La commune – deuxième ville de la région – voulait construire une route, mais l’ASPAM a réussi à sauver le bâtiment. La valeur historique et architecturale de l’ancienne bâtisse a été reconnue en 1994, la commune a donc renoncé au projet routier en faveur d’un aménagement piéton et d’un petit parc. La commune de La Chaux-de-Fonds est inscrite au patrimoine de l’Unesco depuis 2007 au même titre que sa voisine Le Locle. «La ferme se trouve dans le site culturel Unesco consacré à l’urbanisme horloger et est inscrite à l’inventaire fédéral des sites construits d’importance nationale à protéger en Suisse (ISOS), précise Nicole Froidevaux, historienne dans la section conservation du patrimoine de l’Office du patrimoine et de l’archéologie neuchâtelois (OPAN).Elle a été misesous protection et figure également en première catégorie du recensement architectural.»

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