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Commerce

Hôtellerie «L’AUTHENTICITÉ CONSTITUE NOTRE ATOUT TOURISTIQUE»

Célèbre hôtelier, François Baumann souhaite promouvoir le canton de Fribourg où il a grandi et développé trois établissements à succès.

Il a pris la gestion de son premier hôtel à seulement 22 ans, la célèbre Auberge aux 4 Vents de Granges-Paccot (FR), avec des collègues. Pourtant,

François Baumann ne semblait pas prédestiné à travailler dans l’hôtellerie. Ses parents étaient infirmiers, et pour son premier job d’étudiant, à 16 ans, il a été engagé en tant qu’aide jardinier. Ce sont ces petits boulots qu’il a fait durant ses études de commerce à Fribourg qui vont l’orienter vers ce domaine.

Rénovation de l’hôtel Alpha Décontracté, François Baumann est constamment à la recherche de nouvelles opportunités. «Je me suis toujours dit qu’il fallait entreprendre en étant jeune. Lorsque j’ai su que l’Auberge aux 4 Vents était à remettre, j’ai voulu me lancer puisqu’il s’agissait d’une adresse incontournable du canton de Fribourg. Comme je ne souhaitais pas prendre toutes les responsabilités, j’ai cherché des associés. J’ai également suivi des formations chez GastroSuisse pour perfectionner mes compétences.» Après cinq ans, des divergences en ce qui concerne la gestion de l’établissement surgissent et le poussent à se lancer dans une carrière en solo. «Mes associés préféraient laisser naviguer le bateau, alors que moi je souhaitais faire évoluer notre offre. J’ai donc décidé de laisser ma part et en 2010 j’ai repris l’hôtel Alpha au centre-ville de Fribourg, qui était totalement désuet.» Cette deuxième acquisition lui permet de gérer un établissement à sa manière. Grâce à l’aide financière de la famille et des proches, qui comble le manque de soutien des banques, il débute la rénovation de l’Alpha, pour le transformer en business hotel. En quelques années, François Baumann développe l’établissement, qui affiche rapidement un taux d’occupation annuel de 90%. Mais la volonté de s’agrandir persiste. En 2020, il reprend l’Auberge aux 4 Vents avec le restaurateur Philippe Roschy, >>

L'hôtel Le Sauvage situé dans la Vieille-Ville de Fribourg. LDD

lorsque ses anciens associés quittent l’établissement. «C’était une vraie opportunité à saisir. En revanche, je n’avais pas forcément planifié l’achat de l’hôtel Le Sauvage, en l’espace de quelques mois. Mais je trouve souvent que les meilleures choses arrivent par des occasions plutôt que par des décisions volontaires.»

Magie de la vieille-ville François Baumann voudrait faire davantage connaître Fribourg et ses trésors cachés, qu’ils soient culturels ou gastronomiques. «L’authenticité de ce canton et de ses habitants constitue un atout touristique indéniable. La magie de la vieille-ville ou de la nature à seulement quelques kilomètres du centre sont difficiles à trouver ailleurs. Et la gastronomie comprend de vrais délices, et pas seulement les produits les plus expor-

«Les meilleures choses arrivent par des occasions plutôt que par des décisions volontaires»

tés, comme la cuchaule, la moutarde de bénichon ou le jambon de la Borne – qui vient par ailleurs tout juste d’obtenir l’AOP.» Ouverts en janvier 2020, et fermés après seulement quelques mois en raison du Covid, l’Auberge aux 4 Vents et Le Sauvage n’ont pas trop souffert de la crise sanitaire et des différentes restrictions. «La plupart du chiffre d’affaires des deux établissements se fait l’été, et nous avons eu de bons résultats en 2020 et en 2021. Avec les aides financières que nous avons reçues en plus et quelques réductions des coûts, nous avons pu très bien passer le cap.» Cette période de creux lui permet également de diversifier ses activités: «Nous avons créé une escape room au Sauvage qui a plutôt bien marché!» François Baumann, bien connu dans le canton de Fribourg, souhaite rester simple. «Selon moi, la réussite passe seulement par le travail. Je n’aime pas le mot «entrepreneur» car je trouve qu’il incarne une vision un peu trop simpliste du métier. En revanche, j’adore entreprendre, et aussi prendre des risques!» Concernant l’avenir de l’hôtellerie, le Fribourgeois souligne la nécessité d’innover. «L’introduction d’une certaine flexibilité dans les horaires pourrait notamment se révéler intéressante. Faire des check-in et check-out à des heures établies me semble être une pratique assez désuète. La digitalisation peut permettre de simplifier la gestion des arrivées et des départs, et ainsi d’offrir plus de confort aux clients que l’on accueille.» Peut-être une nouvelle opportunité à saisir pour François Baumann... Antonio Rosati

Musique UNE BÉNÉDICTION POUR LES AMATEURS DE GUITARES

Bien connu sur la scène alternative romande en tant que musicien et ingénieur du son, Sacha Ruffieux a coiffé une troisième casquette en 2020, celle de commerçant. Située en face de la cathédrale de Fribourg, sa boutique Holy Guitars propose des instruments soigneusement choisis.

Difficile de l’imaginer avec autre chose qu’une guitare entre les mains. Et pourtant, c’est par l’accordéon que Sacha Ruffieux est entré dans le monde qui allait devenir le sien, celui de la musique. «J’ai sué sur cet instrument à vent entre 6 et 13 ans, puis, vers 15 ans, je suis passé à la guitare après avoir constaté que les gens qui en jouaient avaient l’air plus heureux que les autres», se souvient celui que les amateurs romands de musique alternative connaissent bien sous le nom de Sacha Love.

Belle collection Que ce soient ses parents, ses colocataires ou ses copines, tous ont dû s’y faire: lorsque l’on vit avec le quadragénaire fribourgeois, on trébuche forcément à un moment ou à un autre de la journée sur un instrument à cordes. Des guitares, vintage de préférence, cet ingénieur du son de formation en possède une jolie collection, qu’il laisse traîner un peu partout. Pas assez néanmoins pour satisfaire sa boulimie. Depuis mai 2020, il est le co-propriétaire du magasin Holy Guitars, niché dans le quartier du Bourg à Fribourg, juste en face de l’imposante cathédrale St-Nicolas. «Je vis au-dessus de cet espace incroyable qui abritait précédemment un atelier de sérigraphie. En décembre 2019, lorsque j’ai appris qu’il se libérait, je n’ai pas hésité», se souvient Sacha Ruffieux. Déjà en gestation, le projet de magasin de guitares élaboré avec Martino Lepori, un autre musicien du cru, s’en est trouvé précipité. «D’importants travaux étaient nécessaires et comme notre budget ne nous permettait de faire appel à des professionnels que de façon limitée, il a fallu les réaliser nousmêmes. Pas si évident pour quelqu’un comme moi, qui est né avec deux mains gauches.»

Le magasin Holy Guitars se situe à un jet de corde de la cathédrale St-Nicolas. LDD

Sacha Ruffieux, alias Sacha Love: «Nous ne proposons que des guitares que nous aurions envie d’utiliser nous-mêmes.» LDD

«En offrant un conseil de qualité dispensé par des passionnés, on parvient à fidéliser la clientèle»

«Au début, nous ne savions pas exactement ce que nous voulions. Par contre, nous savions précisément ce que nous ne voulions pas: un de ces gigantesques guitar centers avec un stock énorme, dans lesquels on trouve de tout.» Bravant l’onde de crise qui frappe de plein fouet les petites enseignes spécialisées, les deux complices ont opté pour «une ambiance boutique, un lieu à la fois chic et décalé, dans lequel les gens entrent juste parce que c’est joli, un peu comme dans un cabinet de curiosités». Dans les faits, le cachet de l’enseigne et son emplacement unique contribuent fortement à attirer les clients. «J’ai vécu presque toute ma vie à Fribourg, mais je n’avais jamais réalisé qu’il y avait autant de touristes!» Chez Holy Guitars, le visiteur est accueilli avec un café. S’il s’attarde, il se voit parfois offrir de trinquer en compagnie de l’un ou l’autre des patrons. «Notre philosophie, nous y croyons et y tenons dur comme fer: en offrant un conseil de qualité dispensé par des passionnés, on parvient à fidéliser la clientèle.» Sacha Ruffieux l’avoue, «il s’agit d’un modèle d’affaires atypique, parce qu’il table sur des revenus à plus long terme». Mais c’est aussi «ce qui le rend durable». Et si le projet est viable, c’est parce qu’ils se rémunèrent modestement et n'ont aucune dette.

Vintage et exclusivités Que découvre le mélomane lorsqu’il pénètre dans la boutique? «Notre créneau, c’est de ne proposer que des guitares que nous aurions envie d’utiliser nous-mêmes.» Holy Guitars vend essentiellement du vintage et des occasions, parfois en dépôt-vente. Côté guitares neuves, «nous travaillons avec plusieurs petites marques que nous représentons en exclusivité suisse, voire européenne», par exemple les américaines Kauer et Waterslide ou encore la belge Uma. Le principal défi pour les deux passionnés n’est d’ailleurs pas de faire apprécier ces guitares à leur clientèle. «La plupart du temps, nous sommes tentés de les garder pour nous, un peu comme un patron de bistrot porté sur la bouteille.» Heureusement pour son porte-monnaie, Sacha Ruffieux a d’autres occasions d’étancher sa soif de nouvelles «grattes». De par sa triple casquette d’auteur-compositeur-interprète (Sacha Love), de guitariste accompagnateur (Yellow Teeth, Marc Aymon, Stress) et d’ingénieur du son (il est le co-fondateur du studio d’enregistrement fribourgeois La Fonderie), le musicien est en contact quasi-quotidien avec d’autres amateurs de belles guitares. Et dans le cas de figure inverse, lorsqu’il souffre d’un tropplein de cordes et de riffs? «Il me suffit de monter chez moi et de caresser mon chat Georges, une activité qui m’épanouit presque autant que de jouer de la guitare, tout en sollicitant les mêmes muscles.» Patricia Michaud

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