Avis réforme congé parental - mai 2015

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Avis concernant la réforme prévue du congé parental Caritas Luxembourg se félicite des changements prévus par le gouvernement, constate encore quelques questions ouvertes, met en garde contre certaines difficultés et renvoie à son avis du 3 mars 2015. Caritas Luxembourg salue la volonté de réforme du gouvernement. Une plus grande flexibilité des mesures du congé parental a été nécessaire, de même qu’un assouplissement des conditions d’accès. Certaines de ces nouvelles dispositions soulèvent de nouvelles questions, voire problèmes, tandis que certaines questions restent toujours ouvertes. Certains arguments de l’avis de Caritas Luxembourg du 3 mars 2015 restent d’actualité.

Les propositions du gouvernement, faisant partie de l’accord partiel de la tripartite du 24 avril 2015, qui sont à saluer. Autant l’assouplissement des conditions d’accès (réduction du nombre minimum d’heures travaillées de 20 à 10 h/semaine, présence de plusieurs employeurs différents, changement de patron pendant les 12 mois précédant le congé parental de même que pendant le congé parental, …) que la flexibilisation (possibilités supplémentaires d’un congé parental à 4/8 mois et d’un congé parental fractionné – un jour de travail par semaine pendant 20 mois ou 4 périodes d’un mois endéans une période de 20 mois) peuvent élargir le nombre de personnes ayant recours au congé parental, ayant eu recours jusqu’ici à l’allocation d’éducation. De même il est fort probable que ces nouvelles possibilités augmentent la demande du côté des pères. Le seul bémol est que la flexibilisation ne va pas aussi loin que proposée par Caritas Luxembourg (un total de 2.080 heures à prendre selon le gré des parents). Est à saluer également le fait que le congé parental pourra être demandé jusqu’à l’âge de 6 ans de l’enfant, de même que le fait qu’il est possible que les congés parentaux des deux parents se recoupent tout ou en partie.

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Des questions non résolues. Bien que le document de presse du gouvernement mentionne les dispositions qui n’ont pas changées, il ne mentionne pas celle qui préconise que les deux congés parentaux doivent être pris par les deux parents respectivement. Est-ce à dire qu’elle n’existera plus ? Et quid des monoparentaux ? En amont de la Tripartite du 24 avril le gouvernement avait aussi prévu que pendant la période d’un congé parental il ne serait plus possible de profiter des chèques service-accueil. Le document actuel reste muet à ce sujet. Reste aussi la question, quelles alternatives à proposer aux parents qui actuellement recourent à l’allocation d’éducation, faute d’emploi. Pourrait-on prétendre au nouveau congé parental aussi en tant que demandeur d’emploi inscrit, voire au moins facultativement en cas de demandeur d’emploi indemnisé dans le cas où cette indemnité de chômage serait moins élevée que la nouvelle indemnité de congé parental ? Et quid des parents où la reprise du travail après le congé de maternité s’avère impossible faute d’offre de garde adéquate ?

De nouveaux problèmes soulevés. Relever l’indemnité au revenu du bénéficiaire met fin à la pratique que chacun recevait la même somme. Cela peut créer de nouveaux problèmes en termes d’égalité devant la loi. Aussi la garde des enfants de parents gagnant plus coûterait plus à l’avenir que celle de parents gagnant le SSM p.ex. Il est à ce moment difficile de prévoir les suites que cela peut entraîner. De même le nombre d’heures auquel peuvent prétendre les parents n’est plus le même pour les différentes alternatives. Dans le cas classique du congé à 6/12 mois (à temps plein/à temps partiel) il s’agit de 1.040 heures pour chaque parent, donc d’un total de 2.080 heures. Dans le cas du congé parental à 4/8 mois ou d’un congé fractionné il ne s’agit plus que de 640/700 heures par parent. Est-ce que cela voudra dire que celui qui opte pour un congé parental fractionné renonce automatiquement à un bon tiers de son congé parental ? Ce serait un prix cher à payer pour le plus de flexibilité ! Et cela mènerait dans une situation, où il faut se demander, combien de parents se verraient à l’avenir devant la pression de leur patron, de prendre un congé parental plus court !


Propositions de Caritas Luxembourg qui vont plus loin. La proposition de Caritas Luxembourg (cf. son avis du 3 mars 2015 sous http://www.caritas.lu/Ceque-nous-disons/Questions-politiques-et-sociales/Stellungnahme-zur-Reform-des-Congé-parentalund-zur-Abschaffung-der-Allocation-d’éducation) prévoit de laisser au parent de choisir comment répartir les 2080 heures de congé parental, en accord avec leurs besoins. En plus nous avions préconisé que l’accord du patron ne devrait pas être nécessaire, mais que les patrons qui se trouveraient devant des difficultés spéciales pourraient avoir recours à un processus de médiation. Aussi avions-nous préconisé l’octroi de plus d’heures de congé dans le cas où effectivement les deux parents se partagent le congé parental. Ceci, en combinaison avec une campagne de sensibilisation pourrait augmenter le nombre de pères qui prennent le congé parental.

Mise en vigueur inacceptable. Comme il est prévu que la réforme du congé parental n’entre pas en vigueur avant 2017, il n’est pas acceptable que l’allocation d’éducation soit déjà abolie en date du 30 juin 2015. Comme les deux mesures sont des alternatives, et comme celles et ceux qui prennent actuellement l’allocation d’éducation faute d’accessibilité au et de flexibilité du congé parental ne peuvent pas être renvoyés jusqu’en 2017 (car au moins le premier congé parental à prendre directement après le congé de maternité n’est plus possible alors), il faut absolument aligner l’abolition de l’allocation d’éducation et l’entrée en vigueur du congé parental réformé.

Luxembourg, le 4 mai 2015

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