CASAMÉMOIRE EN DEUIL ..
La grande famille de Casamémoire vient de perdre un de ses membres fondateurs, Jamal Boushaba, qui s’est éteint le mercredi 20 Avril 2021. Jamal Boushaba, journaliste culture, critique d’art et curateur, a fait des études en arts appliqués avant d’entamer sa carrière de journaliste en 1990. Il lance le premier mensuel artistique marocain «Les alignés». Il a laissé une trace dans plusieurs journaux et magazines dont Telquel, Diptyk, la vie Éco, le Desk.. Il s’est fait aussi remarqué dans des émissions radio et TV. Grand militant, il s’était dévoué à la préservation du patrimoine architectural de Casablanca au sein de l’association Casamémoire. Quelques jours avant son décès, le défunt venait de rédiger son premier recueil de poésie intitulé Champs de nuits. 1
Jamal Boushaba, Jacqueline Alluchon et Rachid Andaloussi
Jamal Boushaba, membre fondateur de Casamémoire, a toujours été présent dans les différentes activtités de l’association (conférences, manifestations..), a milité pour la préservation du patrimoine casablancais et a supporté l’association dans ses moments difficiles. Il a instauré avec Jacqueline Alluchon les formations des guides-médiateurs, a participé dans l’organisation de l’événement phare de Casamémoire «Les Journées du patrimoine». Penché vers la prospection et la recherche, Il a assuré la direction de la rédaction du magazine Casamémoire le mag qu’il a créee avec Rachid Andaloussi, ainsi que la direction artistique du Guide des architectures du XXème siècle. Entre monographie et biographie, le défunt a mis en lumière les parcours de l’architecte Rachid Benbrahim Andaloussi, l’ariste peintre Younes EL Kharraz et le peintre Saâd Hassani, dans un style raffiné . Et il nous laisse son premier recueil de poésie «Champs de nuits».
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C’est avec affliction et tristesse profonde que j’ai appris le décès de mon ami Jamal Boushaba, grand journaliste et brillant critique d’art. J’ai eu le privilège et la chance de le connaître presque 30ans en arrière, le 8 mai 1992. L’intérêt qu’on avait en commun pour l’œuvre du plus grand et le plus authentique des artistes plasticiens marocains Feu Abbas Saladi. Ce dernier nous a réunit quand Jamal faisait partie de la jeune équipe engagée qui animait la rédaction de la fameuse revue «LES ALIGNÉS».Ce fut le meilleur papier sur Saladi après sa disparition pour le faire découvrir au grand public et surtout aux intellectuelles . En 1995, à la création de Casamémoire, nos convictions se sont croisées. Nous nous sommes côtoyés, nous avons appris à nous connaître, nous sommes devenu alors complices culturellement et intellectuellement . Il a su saisir à prime abord, pour un non architecte mais par sa grande sensibilité et son extrême intelligence, les signaux et le message de travail à travers mon écriture et mon langage architectural . Avec mon Ami Jamal, une amitié est née, la complicité intellectuelle s’est opérée, il m’a offert un support médiatique pour préciser mes idées et mes convictions, il a transpercé les secrets de ma vie professionnelle, il a fouiné, cherché, pour réaliser avec élégance et poésie, au final, ma biographie . Nous avons milité avec un groupe d’initiés (Jacqueline Alluchon, Sophia Tazi , Amina Alaoui, Monique Eleb, Jean-louis Cohen ..). Au centre de notre préoccupation, l’immersion dans la mémoire moderne de Casablanca pour sauvegarder et préserver son patrimoine architectural. En 1995, les bulldozers se sont mis en ordre de marche, rasant ainsi une partie des plus beaux joyaux architecturaux de la ville blanche, le Vox, les arènes, la piscine municipale, le théâtre, les magasins réunies de Lafayette, le très regretté hôtel d’Anfa qui portait une valeur et une symbolique universelle, la villa Mokri.. Sans parler d’un urbanisme catastrophique qui a démoli légalement et n’a force de la loi et en bonne et dû forme, un ensemble de quartiers de villas : le Gauthier, Racine, le Palmier ... Ce n’était non seulement la disparition des quartiers du centre historique, mais plus grave encore, ils constituaient par l’étendu du couvert végétal autour des bâtisses, le plus large et important espace vert et poumon parlequel respirait Dar Baida. Jamal tu étais sur le front avec ton arme préférée, ta belle et redoutable plume, en laissant tes empreintes indélébiles de ta pensée, tes convictions donnaient ainsi un sens et une dimension de valeur stratégique pour orienter la cause comme tu disais si bien: « on avait l’impression que cette poignée de militant du patrimoine criait en plein désert pour une cause à laquelle personne ne croyait ». La presse culturelle Marocaine est orpheline d’un géant d’un immense talent, un avant-gardiste dont la pertinence, l’acuité visuelle, faisait sa force et sa caractéristique. Jamal anticipait toutes les modes, il était branché, élégant, créateur d’une finesse rare et débordante, il était son propre modèle . JAMAL TU ES UN PUR PRODUIT MODERNE , CONTEMPORAIN , CASABLANCAIS, TA MARQUE SERA TOUJOURS PRÉSENTE ADIEU MON AMI Rachid ANDALOUSSI, ex-président et membre fondateur de Casamémoire. 3