La Galerie 22 met à l’honneur la famille GUERRIER, une famille d’artistes depuis 4 générations jamais rassemblée dans une exposition à ce jour.. C’est autour du sculpteur Francis Guerrier, représenté par la Galerie depuis plusieurs années, que nous avons le privilège de retrouver le talent de ses parents Raymond et Francesca Guerrier, peintre et céramiste, d’observer l’étonnant travail de gravure et de peinture de son grand-père maternel Francis Montanier et de découvrir l’univers créatif de ses filles : Pauline, jeune artiste en pleine ascension, passionnée par le travail de la matière sous toutes ses formes et sa sœur cadette Marie, s’étant comme lui, éprise de l’art du métal, et consacrée à celui-ci à travers la sculpture et la création de bijoux. Au delà du lien familial qui les unit, leurs différentes expressions artistiques suivent un chemin unique, intense et poétique.
Francis MONTANIER (1895 - 1974) Francis Montanier entre à l’école des Beaux-Arts de Lyon en 1912, puis est admis à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris où il continue l’apprentissage de la peinture avant d’être initié à la gravure. Le premier grand prix de Rome de Gravure lui est décerné en 1924. Il séjourne en Italie jusqu’en 1928. Durant cette période il se marie et a sa fille Francesca. Il s’initie à la technique des fresques du Quattrocento. Peu à peu il découvre l’Art moderne avec Courbet, Manet et Cézanne qui seront ses maîtres. Il s’installe à Paris en 1943 dans la maison de Derain face à l’atelier de Georges Braque qui devient son ami et découvre l’art contemporain. Inspiré par la nature, même dans ses œuvres apparemment les plus abstraites, il la transpose pour l’exprimer avec plus de force dans une évocation poétique. En 1951, il s’installe plusieurs mois par an à Eygalières où il vient travailler avec cette grande sérénité qui l’habite. Modeste et solitaire il trouve sa vraie consécration que deux mois avant sa mort au Musée des Beaux-Arts du Havre.
Francesca GUERRIER (1926-2011) Francesca Guerrier débute ses études à Paris dans l’environnement artistique de son père : le peintre Francis Montanier. Après ses études d’histoire de l’Art et d’Archéologie, elle débute sa carrière comme professeur de dessin. Elle manifeste son attirance pour le dessin, la gravure au burin, enfin la céramique qui deviendra son activité majeure enseignée par Giudette Carbonnel. Elle se spécialise dans les décors muraux sur plaque de lave, modèle et illustre des plats en terre cuite, crée des formes uniques en argile brute dite terre chamottée et réalise des sculptures où des figures abstraites aux lignes si élégantes, évoquent la solitude, la paix ou la fraternité. L'Art Sacré restera sa vocation. Elle l'explorera tout au long de sa carrière. Son œuvre se compose aussi de dessins, gouaches, peintures à l’huile et tapisseries.
Raymond GUERRIER (1920 - 2002)
Dès 14 ans, Raymond Guerrier travaille dans un atelier de photogravure parisien. Passionné dès son plus jeune âge par la peinture, il fait ses premières petites toiles à 16 ans. Autodidacte, il apprend le métier en visitant les musées et les expositions. C’est en 1952 que sa vie va être transformée. Un marchand de la Rue de Seine, Gilbert Stiebel, ouvre sa galerie aux jeunes peintres pour décerner un prix. Guerrier en sera le lauréat et sa récompense une exposition à Paris, suivie d’une à Londres. L’année suivante il obtient le prix de la Jeune Peinture qui lui ouvre les portes du succès et de la reconnaissance. En 1954, il quitte Paris pour s’installer au pied des Alpilles. De ses premières toiles très sombres aux paysages aux couleurs chaudes et contrastées du Sud, sa peinture va évoluer peu à peu vers une forme d’abstraction vigoureuse. Son œuvre est à l’image de l’homme qu’il fut robuste et poétique. Elle est composée d’huiles sur toile mais aussi de dessins, gouaches, papiers collés ainsi que de sculptures en terre cuite émaillée, un travail de la terre qu’il aura partagé auprès de son épouse Francesca.
Francis GUERRIER
Né en 1964 à Marseille, petit fils du peintre Francis Montanier, fils du peintre Raymond Guerrier et de la céramiste Francesca Guerrier, je vis et travaille aujourd'hui à Eygalières. J’ai exercé pendant vingt ans le métier de décorateur et scénographe pour l’Evènementiel, le théâtre, la danse, l’opéra et la musique. Depuis 2002, je me consacre à la sculpture. Mes premières pièces sur la mémoire intègrent la lumière et l’image. En 2005, j’ai fait le choix de la sculpture monumentale en acier. Je travaille aussi l'aluminium avec mes « Plumes d’Ange » de 8 à 15 mètres, montées sur ressort et mobiles au vent. Aujourd’hui, mon travail avec le métal, consiste toujours dans la mise en volume de tôles planes que je découpe mais surtout que je plie suivant des lignes courbes. C’est le métal qui par sa propre énergie, son ressort et sa résistance va se mettre en forme et créer le volume. Apres avoir imaginé des formes complexes souvent à partir de la spirale, aujourd’hui en quête des formes originelles, mes dernières pièces sont inspirées par la lune, par le ciel descendu sur la terre.
Pauline GUERRIER
Vit et travaille à paris. Née le 27 Novembre 1990 à Clamart en France, elle est le premier enfant d’un couple d’artistes. Son père, est sculpteur, et sa mère est danseuse et chorégraphe. Elle part vivre avec son père à Paris en 2008, et intègre les Beaux Art de Paris en 2009 dans l’atelier de Giuseppe Penone, qu’elle occupera durant ses trois première années. Elle rejoindra ensuite l’atelier d’Ann Veronica Janssen jusqu’à son diplôme de 5ème années en juin 2014. Actuellement elle travaille à Paris dans son atelier et au sein de l’ASFAP GALLERY à Bruxelles. Elle travaille en parallèle avec la Galerie Perpitch & Bringand qui présente régulièrement son travail depuis 2016 et le collectif « La Base » depuis 2010 dont elle est membre fondateur. A propos de son travail L’oeuvre de Pauline Guerrier se caractérise par la rencontre des médiums et des disciplines au sein d’un même espace de représentation. Elle est le fruit d’expérimentations plastiques inscrites dans une logique scientifique et poétique. En hybridant et en déplaçant les techniques propres à leurs disciplines, Pauline Guerrier crée des univers fictionnels où l’émotion et la poésie deviennent des données échantillonnables. Mais plus qu’une démonstration, l’oeuvre de l’artiste s’inscrit dans le champ d’une expérience esthétique sans cesse remise en jeu par ses conditions de visibilité au sein d’un espace et d’un temps propre au spectateur. Les univers fictionnels ainsi créés transforment les espaces d’exposition en des espaces partagés par des communautés éphémères réunies autour d’un même objet. Si la ritualité de l’expérience paraît prendre une place importante dans le travail de Pauline Guerrier, elle est à différencier du culte ou de l’adoration d’un objet aveuglant. Ici, l’oeuvre se fait spectaculaire dans sa pure modestie. Les matériaux, fils de laines ou morceaux de plastiques, sont simples et la conception est artisanale. Les vibrations, les scintillements, les mouvements inhérents aux oeuvres ne sont jamais ostentatoires. L’expérience esthétique s’apparente à une méditation où le fil ténu du tissu et où l’infime reflet de lumière tendent à aiguiser le regard du spectateur et à rendre visible l’invisible. En s’inspirant de rites préexistants et dans la pure tradition de la transmission, Pauline Guerrier réinvestit le champ artistique d’une communauté encline à établir de nouvelles relations aux autres et à la matière, dans une dimension méditative et sensible. Joffrey Guerin
Marie GUERRIER Née à Paris en 1992, diplômée de l’École Nationale Supérieure des Arts Appliqués et des Métiers d’Art. Spécialisée dans le travail du métal, elle utilise ce matériau comme base à toutes ses créations. Fascinée depuis l’enfance par l’univers des gemmes et des minéraux, elle s’en inspire et place la géométrie au cœur de son travail, en tant que partipris graphique et outil de construction. Restant intimement attachée aux savoir-faire artisanaux, elle construit son univers autour de figures connues (pyramide, rhomboèdre, cylindre, cercle) qu’elle façonne à la main, multiplie, tronque, évide, et compose dans un souci d’équilibre et d’harmonie. Souvent, son désir profond d’apporter à ses créations une dimension sensible et poétique la conduit à transgresser les règles rigoureuses de la géométrie, en associant le métal à d’autres matériaux choisis avec soin, moulés, coulés, taillés, tels que la cire, le béton, ou encore le bois. Son travail invite à s’interroger, ou simplement contempler le rapport des pleins et des vides, du brut et du transformé, de l’aléatoire et du contrôlé… Son désir de varier les échelles et combiner les techniques l’amène à la construction d’œuvres de plus petite taille : les bijoux. Conciliant son exigence de précision et son goût pour la mode, ces petites « sculptures à porter », subtiles et raffinées, se destinent à prendre le corps pour support d’exposition. En 2014, elle récupère la presse de son arrière-grand-père, et étend son travail à l’estampe contemporaine. Elle expérimente alors le gaufrage sur papier, et les techniques traditionnelles de gravure telles que l’eau forte, qu’elle détourne pour développer des procédés personnels d’encrage et d’impression. Elle réalise ainsi des séries de monotypes authentiques, faisant écho à son travail en volume.
Exposition 4G du 6 mai au 2 juillet 2017
© Textes :Jeanne Guerrier, Francis Guerrier, Pauline Guerrier et Marie Guerrier © Crédits photographiques : Jeanne Guerrier, Francis Guerrier, Pauline Guerrier et Marie Guerrier
© Editions Galerie 22 - 2017