architecture et design 1850 . 1920 . 1950
Le design, concept qui associe la forme, le matériau et l’usage à travers une approche artistique et industrielle, est né de mouvements réunissant artistes et architectes de la fin du XIXème siècle, précurseurs de l’époque moderne. Le choix des meubles qui nous sont prêtés, illustre cette relation entre architecture et design par une évocation de la période 1920 - 1950. A travers les bouleversements qui déterminent cette période, le mouvement moderne a profondément marqué, à la fois une rupture et un changement radical dans la manière d’envisager l’espace et le mobilier. L’acier, le verre, le béton armé, déjà utilisés dans l’architecture industrielle, seront employés pour un usage domestique, du mobilier à l’habitat. C’est l’apparition de l’automobile, de l’électricité, c’est une population qui croît dans les villes et qu’il faut loger, équiper dignement et à coût réduit. Réconcilier l’art et la machine afin d’atteindre cet objectif social aura été l’ambition de ces créateurs. Le concept d’Habiter s’est alors renouvelé pour s’adapter à des modes de vie et de production totalement différents. Parce que cette pensée influence encore profondément nos espaces, notre mobilier, nous vous proposons, au-delà des meubles, une « promenade architecturale ». Puisse ainsi s’exercer la mission du C.A.U.E., donner envie d’aller plus loin, de reconnaître le sens au-delà de l’apparence, et promouvoir la qualité de l’architecture.
Nous remercions vivement les personnes, diffuseurs et institutions qui nous ont prêté les meubles, et autorisé à la reproduction des images. © Adagp, Paris 2006 : Images Robert Mallet-Stevens et Mies van der Rohe, Archives Charlotte Perriand, Fondation Le Corbusier Centre Pompidou, Mnam-Cci - © Marie Clérin/galerieDOWNTOWNfrançoislaffanour - © Bauhaus-Archiv-Berlin © Alvar Aalto Museum - ©Museum of Finnish Architecture - © Fondation Pro Design Hackman, Musée du verre d’Iittala The Getty Research Institute © Julius Shulman - Yale University - Cassina - Knoll - Vitra. Conception, Coordination : Sylvie Cure architecte dplg assistée de Vincent Hurtes assistant-graphiste. Imprimerie : Groupe BURLAT - Rodez - juillet 2006
Conseil d’Architecture d’Urbanisme et de l’Environnement
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de la culture
Robert Mallet-Stevens
l’U.A.M.
Union des Artistes Modernes
Le manifeste de l’U.A.M. appelle l’artiste à la création de formes heureuses réalisées en série. « L’idée d’une œuvre globale guidera aussi bien la conception architecturale et urbaine que celle des espaces intérieurs et du mobilier. Cette conception d’ensemble incarne une image emblématique de la modernité.»
Villa Noailles, Hyères, 1925, état en 2000
La villa Noailles, comme les immeubles de la rue Mallet-Stevens incarnent une nouvelle façon de construire : surfaces lisses, toit plat, absence de corniches, éléments en porte à faux. « L’air, le soleil, la lumière. Bâtir c’est distribuer largement ces trois facteurs. Et ce sera la gloire du béton armé d’avoir autorisé des formes de maisons telles que l’air, le soleil, la lumière y pénètreront à profusion ».
Architecte, décorateur de cinéma, urbaniste avec la réalisation du lotissement rue Mallet-Stevens à Paris, le fondateur de l’Union des Artistes Modernes s’entoure de créateurs pour mettre en oeuvre ses projets.
Une oeuvre globale Théo van Doesburg , fondateur avec Piet Mondrian de la revue « De Stilj », signe le plafond de verre de la Villa Noailles en 1925. Villégiature de Charles et Marie Laure de Noailles, et de nombreux artistes dont ils furent les mécènes, cette villa labyrinthe ménage une surprise après l’autre et bénéficie d’équipements liés au confort domestique. Le vicomte de Noailles la voulait simple, fonctionnelle et sans ostentation. Dans cette démarche d’amélioration de la vie moderne, la chaise réfectoire de 1930 donne forme à une fonctionnalité nouvelle dans l’histoire du mobilier, à savoir la rationalisation de l’empilement.
Villa Noailles, Hyères, 1925 état en 2000
Hôtel Allatini, Ph. Marc Vaux, rue Mallet-Stevens, Paris, 1927
Villa Noailles, Hyères, 1925 état en 2000
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Marcel Breuer . Mies van der Rohe
L’art de construire Le Bauhaus, cette école fondée en 1919 par Walter Gropius en Allemagne, fut le creuset de l’architecture moderne. Dissous en 1933, ce mouvement a été porteur d’une nouvelle façon d’envisager le rôle social de l’art dans la société. L’enseignement, révolutionnaire, est basé sur une pratique commune des arts et des enseignements techniques. Paul Klee, Wassily Kandinsky seront professeurs au Bauhaus.
Etudiante avec masque de Schlemmer Fauteuil Wassily, Bauhaus, 1927
Maison de Walter Gropius - Dessau - 1925
A Dessau, Walter Gropius construit l’école et les logements pour les étudiants et pour les maîtres. Il met en application le manifeste du Bauhaus : une architecture en rapport avec son époque en utilisant les matériaux industriels, béton et acier. Marcel Breuer (1902-1981) conçoit l’ameublement intérieur de ces maisons dont le fauteuil en tubes métalliques et cuir, dénommé plus tard Fauteuil Wassily. Ce fauteuil représente une des premières utilisations de l‘acier dans l’ameublement domestique. Ludwig Mies van der Rohe (1886-1969) directeur du Bauhaus en 1930, construit en 1929 le Pavillon Allemand pour l’Exposition universelle qui a lieu à Barcelone. La Chaise Barcelona est conçue à cette occasion. Ce pavillon de représentation est un manifeste du mouvement moderne de l’architecture des années vingt. Le dépouillement et la pureté des espaces illustrent l’intégrité de la démarche constructive de Mies van der Rohe : « Less is more ».
Salon de Moholy-Nagy - Dessau Ameublement et fauteuil n°B3 Wassily Marcel Breuer, 1925
Pavillon Allemand, Exposition universelle de Barcelone Chaise et tabouret Barcelona Ludwig Mies van der Rohe, 1929
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Le Corbusier . Pierre Pie Jeanneret eanneret . Charlotte Perriand
L’Esprit Nouveau
Charlotte Perriand, perspective au pochoir de la salle à manger de l’appartementatelier de la place Saint-Sulpice, 1927
Le programme de l’Esprit Nouveau : des casiers, des chaises, des tables. Il s’agit de désencombrer l’espace intérieur de toutes armoires, buffets, consoles... au profit du strict minimum (tables, chaises, fauteuils) et se focaliser sur des casiers de rangement, incorporés à l’architecture en servant de partition sur des espaces ouverts. Charlotte Perriand (1903-1999) associée dés 1927 à Le Corbusier (1887-1965) et Pierre Jeanneret, est responsable du programme d’équipement de la maison. Sa création part des gestes pratiques, du mouvement du corps dans un espace utilitaire qu’elle étudie avec soin, au quotidien.
Une même géométrie s’exprime dans l’architecture de Le Corbusier. Elle sert les principes d’un Habiter nouveau résumé par les « 5 points d’une architecture nouvelle » : les pilotis pour libérer le sol, le toit-terrasse pour un espace utile, le système poteaux-dalles pour un plan libre et une façade libre, la fenêtre en bandeau pour plus de lumière.
Chaise longue basculante, 1928
Fauteuil Grand Confort, 1928
Bibliothèque à plots, 1952
d’après le Modulor système basé sur la mesure du corps humain : 1 m 83 debout 2 m 26 le bras levé
Maison La Roche - Paris, 1923 Fondation Le Corbusier depuis 1968
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Alvar et Aino Aalto
Habiter plus beau Alvar Aalto, architecte finlandais propose une vision plus proche de la nature et de l’humain. Le travail du bois et des formes organiques feront sa renommée internationale. Dès 1927, avec son épouse Aino Marsio, il mène des expérimentations sur le contreplaqué collé et courbé, matériau favori d’Aalto, « Mes meubles sont rarement, sinon jamais le résultat d’un design professionnel. Je les ai conçus pratiquement sans exception en tant qu’éléments de projets architecturaux ». Ses créations sont fortement inspirées par un profond humanisme, sensoriel et fonctionnel.
Eskimoerindens skinnbuxa, dessins Alvar Aalto, Concours de création, Iittala, 1936
Pour la Bibliothèque de Viipuri, il développe un mobilier simple, solide et économique, parfaitement adapté aux lieux publics. Posé sur des pieds en bouleau massif renforcés par des lamelles collées au niveau de la courbure, le tabouret à 3 pieds en L, empilable, est un best-seller absolu. Le procédé de cintrage du bois permet d’éviter une menuiserie compliquée.
Bibliothèque de Viipuri
Vase Savoy, 1936
En 1936, Aalto remporte le concours de création d’une pièce novatrice pour le stand finnois de l’exposition internationale de Paris. Les courbes du vase Savoy sont inspirées des jambières de cuir des femmes esquimaudes.
En 1932, Aalto réalise la conception du Sanatorium de Paimio et de ses intérieurs, non seulement les meubles, mais l’éclairage, les lavabos, rayonnages et poignées de porte. Le Fauteuil Paimio est conçu pour faciliter la respiration et profiter des rayons du soleil.
Fauteuil Paimio, 1932 La solution du cintrage du bois permet de fixer les pieds à l’assise du fauteuil sans recours à un chassis ou à une structure porteuse surajoutée.
Le plafond acoustique, en lattes de pin, de la salle de conférences se développe afin de permettre la bonne écoute du conférencier mais aussi l’écoute de quiconque dans la salle. Aalto offre ainsi un espace symboliquement ouvert au débat.
Sanatorium de Paimio, 1932-1933 « Un sanatorium doit dégager une atmposphère qui favorise la guérison et Fauteuil 1932 » la Paimio, convalescence
Sanatorium de Paimio, Balcons-solarium 1932-1933
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Charles et Ray Eames . Eero Saarinen . Harry Bertoia
Organic design Terminal de la TWA, New York - dessin Eero Saarinen, 1956
Innovation et Reconversion Après guerre, la reconversion d’une industrie de guerre se met au service de l’architecture et du design. Les plastiques issus de technologies développées pendant la guerre vont permettre de fabriquer en grande série un mobilier moulé compact pour un prix accessible à l’Américain moyen. Case Study House La crise du logement de l’après-guerre implique de chercher des solutions pour des maisons familiales produites industriellement, à bas prix. Le programme des Case Study Houses participe de cette préoccupation. La structure métallique de la CSH n° 8, conçue par Charles et Ray Eames, et Eero Saarinen, détermine son expression architecturale. Des formes organiques La même démarche réunit la Tulip chair de Saarinen et l’architecture du terminal de la Trans World Airlines. ‘‘J’ai voulu créer une chaise d’une seule pièce’’. Figer le mouvement dans le béton : colonnes, voûtes, auvents fusionnent en un élément unique pour abriter tous les besoins fonctionnels nécessaires du terminal de la TWA. Une chaise sculpture Harry Bertoia appliqua au design de ses sièges son savoir-faire de sculpteur. « Les chaises doivent bien tout d’abord correspondre à des impératifs fonctionnels, cependant réflexion faite, ce sont aussi des études de lignes et de métal dans l’espace ». Case Study House n°8 - Maison de Charles et Ray Eames, Californie, 1935
Diamond Chair, avec ou sans coussin, Harry Bertoia, 1952
Tulip chair, Eero Saarinen, 1956
Eames Plastic Armchair, Ray et Charles Eames, 1950
Case Study House n°8 - Maison et atelier de Charles et Ray Eames, Californie, 1935
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