Villages de l'Aveyron

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V I L L A G E S

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L ‛ A V E Y R O N


villages de l’Aveyron...

des lieux, des hommes, des projets Tout en conservant une forte identité rurale, l’Aveyron connait une mutation sociologique profonde. L’authenticité de ses paysages et de ses villages devient un réel atout touristique et résidentiel. Les villages attirent une nouvelle population qui recherche une autre manière de vivre. Investir dans l’espace public permet d’offrir à cette population un cadre de vie de qualité. Agir sur ces lieux de convivialité et de cohésion d’une communauté, crée une dynamique pour le développement d’un village. Le travail quotidien du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement s’attache à rassembler les acteurs autour d’une connaissance partagée des lieux. Par étapes successives, les professionnels du paysage, de l’urbanisme et de l’architecture apportent des réponses opérationnelles. Le projet d’aménagement d’espace public s’inscrit alors dans une mentalité rurale bien comprise, où ingéniosité et pragmatisme priment sur le décor. Illustré d’exemples recueillis depuis une dizaine d’années, ce livret vous invite à porter un nouveau regard sur le devenir de nos villages. A l’aube du XXI ème siècle, ces lieux sont pensés pour durer. Conçus avec sensibilité, modestie et bon sens, ils contribuent à la sérénité de nos territoires. Jean Marie Sirgue Conseiller Général de Saint-Sernin-sur-Rance Président du C.A.U.E. de l’Aveyron

On oppose souvent urbanité à ruralité, la ville à la campagne, mais urbanité recouvre un autre sens : « synonyme de civilité, il désigne un comportement positif qui implique respect de l’autre, bonnes mœurs et usages. » Roger Brunet - Les mots de la géographie


v i l l a g e s

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l ’ A v e y r o n . . . .

Agir sur l’espace public est un moteur, une dynamique pour des actions publiques et privées.... Agir sur l’espace public avec urbanité est un signe de renaissance, un acte de foi en l’avenir....

Un relief fort, une géologie variée, le climat, une civilisation rurale, ont conditionné des implantations singulières. Comprendre comment les lieux se constituent est nécessaire pour construire des projets adaptés à l’échelle et à la vocation de ces villages.

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des territoires multiples, des histoires urbaines, une évolution récente,

Un bien-être quotidien peut retenir ou attirer des habitants. La priorité aujourd’hui n’est plus tant dans les circulations et les équipements que dans la valorisation du cadre de vie. Aménager dans ce sens demande le travail de toute une collectivité aidée par une équipe de concepteurs et de techniciens.

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sociale, lieu de cohésion d’une communauté, expression de l’image de la commune. Un projet d’aménagement d’espace public en milieu rural requiert sensibilité et délicatesse, modestie et bon sens. Ces espaces gérés à l’échelle du village entraînent souvent des dynamiques d’urbanisation.

Les espaces publics , « décors de vie quotidiens, ..., sont les lieux où les hommes se reconnaissent semblables et échangent un peu de leur existence.» Pierre Sansot, philosophe et anthropologue.

des projets... des espaces publics, des changements d’usages, des dessins cohérents, des réponses techniques adaptées,

La richesse et la ressource de nos villages sont d’offrir un environnement de caractère, une diversité de lieux et d’ambiances. Les rapports humains font vivre les lieux : s’asseoir

L’espace public est devenu un enjeu majeur, lieu de vie

des hommes... un village, une identité, un avenir à construire, des projets à organiser,

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au soleil, discuter, jouer ou stationner. La proximité de l’habitant à l’espace public favorise ces relations de voisinage et son appropriation par le biais de perrons, devants de porte, ou plates bandes qu’il faut traiter avec soin.

des lieux...

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d’autres aménagements,...


des lieux, des territoires multiples

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La réalité du territoire aveyronnais est fondée sur une géographie contrastée qui a généré des milieux naturels différents. Cette diversité de milieux a conditionné l’occupation de l’espace par les hommes dans des implantations singulières, aux formes et structures d’une extrême variété. villages de coteaux,

Longtemps exclus des grands axes d’échanges, les villages aveyronnais se sont essentiellement organisés autour d’activités agricoles qui permettaient l’autarcie de leurs habitants.

A Montjaux, la succession de couches géologiques fait naître des sources à flanc de coteaux. Contrairement à l’image traditionnelle de la fontaine centrale, les sources sont ici captées par des fontaines bâties dans les murs de soutènement.

des implantations variées,

carte IGN éch: 1/25 000 ème

carte IGN, éch : 1/25 000 ème

La variété des paysages de l’Aveyron a amené une diversité d’implantations dans le site . Le relief, la nature du terrain, l’exposition au vent ou l’alimentation en eau,..., ont conditionné leurs structures multiples. Cette particularité des lieux a impliqué également des réponses architecturales diverses créant ainsi leur identité : couleur de la pierre, belvédères, murets, calades, fontaines,...

villages de crête, La forme urbaine de Combret épouse parfaitement, à l’origine, la ligne de crête pour dominer la rivière : une position de défense idéale. Les maisons s’accrochent au relief, serrées les unes contre les autres. Le village, avec sa palette de pourpres et d’ocres, vient affirmer le site et forme ainsi un contraste remarquable avec la colline verdoyante.

Combret, un village de crête qui offre une position de défense idéale.

villages de plateau,

carte géologique BRGM, éch: 1/50 000 éme

villages du bord de l‛eau,...

ces villages imposent des contraintes qui ont demandé des réponses techniques particulières, qui résistent au temps. C‛est ce qui fonde l‛identité d‛un lieu.

Préserver la qualité et la personnalité d’un paysage, demande de comprendre l’implantation de chaque village par rapport à son territoire .


des lieux,

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des histoires urbaines

Une culture paysanne, les besoins de défense, le développement des voies de communication ont déterminé la morphologie particulière des villages aveyronnais, témoins de l’histoire du Rouergue.

Les formes urbaines découlent d’histoires successives dictées par des volontés économiques, politiques ou religieuses: abbaye, château,... Elles évoluent par des extensions : la création d’une route, l’installation d’une activité, ... ou des réhabilitations : le déplacement d’un cimetière, des démolitions qui permettent la création d’une place...

une rue et une allée, St Victor, village agricole à l’origine, voit ses premières maisons se construire le long de la rue qui mène à l’église. A l’ouest, viendra se greffer le château doté d’une allée majestueuse. Le château démantelé à la révolution, l’allée devient publique. A la fin du XIX ème siècle, avec l’essor économique de la vallée du Tarn, elle se transforme en une avenue bordée d’immeubles, de commerces et de bâtiments publics. L’histoire de ce village peut se lire, encore aujourd’hui à travers la forme particulière de ses espaces publics, et l’architecture de ses bâtiments.

rue de l‛église

une civilisation rurale,

cadastre napoléonien 1811

En Aveyron, l’agriculture a conditionné l’implantation des villages. Les espaces publics y étaient avant tout destinés à des tâches agricoles, même si les jours de fêtes, ils trouvaient des usages plus ludiques. Chacun de ces espaces partagés portait un nom particulier : patus, foirails, aires de battage,... Cette civilisation rurale atteint son apogée à la fin du XIX ème siècle.

allée du château

des routes,... La route de Rodez à Estaing a généré la structure de Bezonnes, Saint-Julien-de-Rodelle et Sébrazac. La disparition de cet axe routier au profit d’axes perpendiculaires a inversé la croissance urbaine de ces villages.

...structurent nos villages et sont la résultante d‛un passé, d‛un lieu et du travail des hommes. une bastide,

un patus,

Au centre du village de Vaureilles, le «patus» communal est une surface destinée au paturage et aux activités agricoles. Il s’est développé à côté d’un fort villageois dont les traces sont encore lisibles autour de l’église.

un village fortié,

les baraques du Ségala,.. sont autant de formes d‛urbanisation qui témoignent d‛une diversité liée à une histoire qui leur est propre.

Vaureilles s‛est bâti autour d‛un patus, grand espace commun à usage agricole.

carte de Cassini

Comprendre une forme urbaine dans ce qu’elle doit à son héritage historique, dans les traces qui continuent à marquer le présent permet d’envisager ses extensions.


des lieux,

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une évolution récente

Le XX ème siècle a vu s’accélérer les transformations de notre environnement. S’il reste synonyme de confort avec l’arrivée de l’électricité, de l’eau courante,... il est aussi le reflet de ruptures urbaines et sociales.

des lieux d‛échanges à retrouver,

Vabres l‛Abbaye IGN 1945

La grande guerre de 1914-1918 bouleverse la vie des campagnes aveyronnaises et accélère le déclin de nos villages. Les monuments aux morts témoignent de lourdes pertes de population. Farrebique et Biquefarre (deux films de G. Rouquier) illustrent, l’abandon des anciens modes de vie après la seconde guerre mondiale. A ces changements de mentalités s’ajoute l’arrivée de progrès techniques qui permettent de s’affranchir des contraintes dictées par le territoire. La standardisation des moyens de production banalise et uniformise notre cadre de vie.

des ruptures urbaines,

Vabres l‛Abbaye IGN 1997 une extension à maîtriser, A Vabres l’Abbaye, le centre ancien est groupé autour de l’ancienne cathédrale alors que l’urbanisation récente s’étend sur plus d’un kilomètre. Les changements des modes d’habitation ont transformé le mode d’occupation des parcelles : de maisons mitoyennes en centre ancien, on passe aux maisons isolées dans une parcelle de lotissement.

En Aveyron malgré tout, la permanence d’une agriculture vivante, un relief puissant et un enclavement historique ont engendré une évolution lente qui a en partie préservé les caractères et l’identité de ces villages, aujourd’hui recherchés pour leur authenticité.

une urbanisation à gérer

Depuis les années 70, la consommation d’espace sans précédent pour l’habitat et les activités, a pour corollaire la déshérence des centres anciens. L’implantation de cet habitat peut être défavorable à une bonne intégration de nouveaux habitants, constituer un écran banalisant, et induire des coûts supplémentaires de viabilisation.

des lieux de vie à qualifier

un espace à rendre accueillant,

Anciens foirails, patus, de vastes espaces ont perdu leur fonction première. Tandis que de nouveaux lieux publics se créent autour de salles des fêtes,...souvent résiduels, sans fonction précise. Ils sont pourtant le lien entre le village ancien et les nouveaux quartiers, entre population d’origine et population nouvelle. Ils méritent d’être investis au même titre que des endroits plus nobles ayant déjà une histoire. .

des logiques techniques à coordonner

des stationnements à organiser...

Partout, la place croissante laissée à l’automobile est un véritable sujet de préoccupation. La sécurité, le stationnement sont des contraintes incontournables au même titre que la pose de réseaux électriques, la collecte des eaux pluviales, ou encore l’installation de conteneurs à déchets. sont autant d‛éléments à prendre en compte pour l‛équilibre et l‛organisation d‛un village.

Péri-urbanisation, mitage, aménagements standardisés, centres anciens abandonnés : les villages connaissent aujourd’hui une perte d’identité. Il reste à trouver un équilibre entre progrès et cadre de vie. Comprendre les logiques du lieu permet de composer, en toute harmonie et avec richesse, l’avenir de ces villages.

Vabres l‛Abbaye avec ses lotissements, connaît un étalement urbain, bouleversement morphologique qui perturbe sa lecture.


des hommes, un village, une identité, un avenir à construire

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La construction d’un lotissement, l’aménagement d’une place, l’implantation d’une école, la réhabilitation d’une mairie,... sont autant de projets qui demandent à considérer l’espace du village dans sa globalité et de s’inscrire dans une réflexion sur le long terme. Définir son identité, ses potentialités mais aussi ses dysfonctionnements contribue à une cohérence entre projets .

«L’histoire et la géographie de nos terroirs et de nos villes enseignent à qui veut l’apprendre que nos paysages ont été et sont façonnés par des multiples et mouvants enjeux, économiques, politiques, culturels,...»

révéler l’identité du village

prendre le temps d’un regard,

Ce travail est confié à des paysagistes urbanistes ou architectes, qui traduisent leur analyse dans une étude urbaine remise à la commune. Ils apportent, avec leur regard professionnel et extérieur au village, les critiques nécessaires à la bonne appréhension des potentialités et des dysfonctionnements du village. En confrontant ces éléments, cette étude aide à la décision pour des choix d’aménagements cohérents. Cette étape indispensable facilite la définition de projets réalistes tant au plan technique que financier.

Se donner le temps de «regarder» pour comprendre la relation qu’entretient le village avec son site, revoir son histoire et apprécier son évolution, mais aussi s’imprégner de sa structure architecturale. Ces composants, qui révèlent l’identité du village, sont à analyser et à confronter pour inscrire au mieux de futurs projets dans la continuité des lieux.

M. Claramunt, architecte - paysagiste

et anticiper.... Retrouver une nouvelle centralité

rendre vie au centre du village

au XIX°siècle, un village traversé

Le contournement de Valady par la route nationale 140, a transformé sa perception et engendré une perte d’activité L’acquisition d’une parcelle en bordure de la RN140, en lien direct avec la place, redonne à Valady une nouvelle entrée et une légitimité comme point d’accueil sur la route des vins de Marcillac. Le déplacement de la mairie réunit autour de la place les édifices publics du village.

en 1960 contourné par la RN140

aujourd’hui mis en valeur par le prolongement de la place qui affirme son entrée.

Relier les deux rives Saint Jean du Bruel s’est d’abord développé rive gauche, aujourd’hui le développement résidentiel se poursuit sur les coteaux sud. Accompagner l’extension de l’agglomération, redonner au carrefour routier de la halle une fonction de place, redécouvrir la Dourbie, rivière fondatrice de la cité et de son patrimoine industriel et enfin, structurer le développement urbain en y installant des services publics, sont autant d’éléments de programme mis en évidence par l’étude urbaine. Ils constituent des éléments de projet.

au moyen âge, un village rive gauche

au XIX ème siècle, dessin d’une avenue rive droite, densification du centre ancien.

aujourd’hui, affirmer l’urbanisation rive droite en lui donnant une identité de centre

élargir le centre en incitant à l‛implantation d‛activités et en afrmant l‛existant.


des hommes, des projets à organiser

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Ils constituent le patrimoine de demain et méritent que l’on prenne le temps d‘examiner ensemble les enjeux induits et d’organiser un programme échelonné dans le temps.

«S’intéresser aux gens permet de relire le patrimoine du village avec un nouvel oeil. L’objectif est de valoriser le patrimoine sans faire d’éclat, redonner un cadre de vie qui puisse réorienter la dynamique du village»

programmer pour un projet durable.

rassembler habitants et professionnels,

Cette étude urbaine propose un schéma d’aménagement définissant des projets que l’on va hiérarchiser dans l’espace et dans le temps. Des moyens financiers mesurés, des surfaces importantes à requalifier, obligent à fixer des étapes. Programmer permet d’utiliser à bon escient procédures et règlements. Le rôle et les missions de chacun sont alors définis et coordonnés dans un planning de l’opération : maître d’ouvrage, concepteurs, techniciens, artisans. Le projet peut alors s’engager à l’articulation entre ces étapes de définition et la réalisation des travaux. La qualité des réalisations repose sur la cohérence de cette chaîne d’interventions.

Savoir écouter les habitants permettra de comprendre les besoins de chacun et de retranscrire la mémoire de leur village. A travers cette connaissance partagée, certains pourront se réapproprier les lieux et d’autres, nouveaux arrivants, s’y sentir chez eux et s’y investir pour mieux faire vivre leur commune. L’étude urbaine, un outil de connaissance et de dialogue, qui relate aussi cette dimension sociale.

B.Redon, urbaniste

St Laurent d’Olt est un village implanté sur une crête en surplomb d’un méandre du Lot. De grandes demeures gardent le souvenir d’un riche passé commerçant.

construire des espaces en continuité avec le tissu urbain existant.

Implanter un bâtiment public, créer une place, Pour enrayer la désaffection du centre ancien, le besoin d’une place de village se ressentait. Parallèlement un projet d’équipement public était à l’étude. Réunir ces deux préoccupations a permis d’opter pour un projet de bâtiment qui restructure l’espace en créant une place. Le projet, lauréat d’un concours, répond aux caractères du village mis en évidence par l’étude urbaine: une implantation de la mairie en ligne de crête qui protège la nouvelle place des vents du nord, une volumétrie à l’échelle des grandes demeures du village.

vents dominants

L’extension des communes s’appuie sur la création de lotissements. De leur conception dépend l’image du village et l’intégration des nouveaux habitants.

Créer des liens entre quartiers construire dans la logique d‛implantation du village

. A Montlaur, l’aménagement d’un terrain communal en esplanade publique autour de la salle des fêtes a permis de relier le lotissement au centre ancien. Depuis cette réalisation, les lots jusqu’alors difficiles à vendre, car excentrés, ont trouvé acquéreurs. L’espace public est le lien entre les quartiers, un lien qui dépasse la simple voirie automobile.


des projets,

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des espaces publics

Lieux par excellence de la vie sociale, lieux de convivialité, d’échanges, avec soin et sensibilité pour le bien-être des habitants.

de rencontres, les espaces publics de nos villages méritent d’être traités

changer la perception des lieux,...

redécouvrir un centre ancien. En entrant dans St-Rémy on est orienté des l’abord du lotissement et à travers celui-ci vers la mairie. Le contexte de ce lotissement donne une image médiocre et banale au village. La mairie, belle grange reconvertie en bordure des berges du Bourdouvre , parait à l’écart du centre, bien que proche en réalité. La voie d’accès au centre ancien est mal valorisée. Le projet s’articule autour de la restructuration de ce cheminement vers la place. Il permet une découverte progressive du village, avec des vues multiples.

L’espace public est un élément de liaison. Il offre des repères, des continuités. Il participe à la compréhension du village. Il guide le regard et devient axes, cheminements, perspectives, dénivelés, cadrages... Composer l’espace public, c’est répondre à des pratiques sociales diverses, et contribuer à la cohérence et à la lisibilité du village.

1-entrée par le lavoir

3

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2- un parking 1

3-aménagement de la place, et de la rue allant vers la mairie.

donner un caractère de rue à un axe routier

avant travaux

Comme ici, à Gabriac, la rue principale est souvent l’espace public majeur de ces villages situés sur un axe routier. Le traitement des bas côtés permet de signifier cette double vocation automobile et piétonne en donnant la priorité aux piétons.

avant travaux la création d’une terrasse autour du tilleul, forme un sousbassement à l’église.

A St Rémy, la création d‛une terrasse autour du tilleul, forme le soubassement de l‛église Saint Rémy

L‛aménagement de la traversée de Gabriac redonne place aux piétons en toute sécurité.


des projets,

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de nouveaux usages

Rues, places, foirails ont déjà vécu plusieurs usages. L’arrivée de la voiture, la mécanisation agricole modifient leur utilisation. En prenant en compte ces nécessaires évolutions, le projet valorise autant les usages que les espaces.

s’adapter au progrès

au début du siècle,....

aujourd‛hui,...

le foirail est encore polyvalent,....

et demain son mail, trame arborée, organisera l‛espace en indiquant le passage des voitures, servira de lien entre les bâtiments publics,tout en offrant une lecture globale de cet espace central...

... et à de nouveaux modes de vie

La modestie des budgets, l’échelle des interventions, des surfaces importantes, des moyens humains peu nombreux obligent à aller à l’essentiel. Dès la conception, la gestion des lieux est prise en compte. Prévoir comment sera entretenu et géré l’espace fait partie intégrante du projet. La tradition de l’espace public est fondée sur la polyvalence. Sa qualité d’être vide est ce qui lui permet d’assurer son rôle de cœur de village en laissant ouvertes toutes les possibilités d’utilisation selon les heures, les jours, les saisons. En se défaisant de schémas trop urbains, l’architecte ou le paysagiste en tant que maître d’oeuvre propose des réponses modestes et sobres, adaptées à chaque situation.

concilier agriculture et tourisme A Canet de Salars, ces deux pratiques conditionnent l’aménagement des espaces publics dont le foirail, un vaste plateau libre où s’exercent des activités diverses, est l’élément central. Les aménagements devront y autoriser le stationnement d’engins divers (automobiles, camions, engins agricoles), le passage des animaux, et des événements plus exceptionnels (fêtes, marché,...). Le dessin d’un mail reste en cohérence avec les paysages spécifiques du Levezou, et donne une bonne image touristique du village. Ici le projet change l’image du lieu pour s’adapter à ses nouvelles fonctions.

de nouveaux lieux de repos et de rencontre Au pied de l’église romane de Sébrazac, le nouveau jardin préserve dans son dessin (un déambulatoire à ciel ouvert, à la manière des cloîtres monastiques), la mémoire de l’ancien cimetière dont il occupe l’emplacement. Depuis la tonnelle, ce jardin offre une vue sur la vallée, et marque l’accueil dès l’entrée du village.

Le jardin de Sébrazac, un nouveau lieu d‛échange en continuité de l‛église.


des projets,

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des dessins cohérents

Plus fortement qu’en milieu urbain, la qualité des espaces publics tant au plan esthétique qu’au plan technique.

soigner le détail

ruraux dépend de la minutie apportée au dessin des aménagements,

concilier vie sociale, stationnements et circulation

La qualité de ces aménagements d’espaces publics réside dans la justesse de la composition d’ensemble. Par le dessin l’espace s’organise, s’ordonne, s’oriente. Il s’adapte au terrain, souligne un dénivelé ouvre ou ferme une perspective. Un dallage en pierre, un sol en enrobé, un alignement d’arbres, un emmarchement, un caniveau ou des luminaires sont autant d’éléments au service de cette composition. Le lien entre ces éléments passe par le dessin de détail. Le soin du détail participe à la lecture simple et évidente du lieu. Il Michel Corajoud renvoie alors à des notions très simples de Paysagiste commodité, de confort et de plaisir.

«La difficulté d’un projet n’est pas d’accumuler des objets et des matériaux, mais le plus souvent de se priver de le faire, de convaincre les élus de la pertinence d’un projet simple et évident.»

la place de Goutrens avant,

après Le dessin de la place définit des espaces piétons, des espaces de circulation automobile et des stationnements, qui la rendent plus lisible. De plus, l’espace piéton en relation directe avec l’église, lui sert ainsi de parvis.

affirmer une centralité

Ajuster la planéité des sols assure un confort d’utilisation de cet espace. Une mise en oeuvre soignée redonne à ce parvis toute sa force symbolique. Le choix du luminaire s’adapte à la situation, ici une balise de stationnement.

vers Rodez mairie

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église

Le dessin soigné des sols organise une promenade entre les bâtiments publics principaux.

La réhabilitation du parvis de l‛église d‛Arques, lieu symbolique, marque le centre du village.


des projets,

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des réponses techniques adaptées

La mise en oeuvre assure la pérennité de la réalisation. En milieu rural, les matériaux de l’espace public sont présents avec force. Modestes et usuels, ils sont significatifs d’une économie rurale et des caractères d’un territoire. arbres

choisir les matériaux du projet «Nous avouons notre préférence pour les matériaux qui acceptent de vieillir, se bonifient, ils incitent au toucher. Ils se fondent aux lieux parce que le temps s’y inscrit, les intègre. Nous ne voulons mettre en oeuvre que des matériaux qui acceptent de se patiner...» JP Bonnemaison et S.Saget, architectes

Nature, aspect et colorimétrie des matériaux de construction participent à l’identité d’un village. De façon plus présente qu’en milieu urbain, la prescription et la mise en oeuvre des matériaux sont des éléments pivot de la pérennité d’une opération.

Tilleul, platane, marronnier sont les trois essences les plus fréquemment employées dans la composition des espaces publics. Les arbres permettent par leur envergure de définir la forme d’un espace et de lui apporter qualité et confort .

la végétation est un matériau de base en milieu rural. Mais son entretien

est parfois délicat. Adaptée aux contraintes de sols, elle identifie fortement les lieux. Elle souligne et agrémente des limites: entrées de villages, seuils, pieds de murs,...

fleurs

A la différence de jardinières préfabriquées, des plate-bandes sont réservées au pied des murs et signent ainsi des lieux habités

les matériaux de sol, usuels ou plus nobles, sont choisis selon leur destination, leurs usages et leurs qualités propres.

éclairage et mobilier urbain permettent de s’adapter aux différents

lieux, soulignent et hiérarchisent des voies, contribuent à des ambiances particulières. Ils participent à la construction des espaces. Choisis dans un registre contemporain, ils s’accordent avec les réalités du monde actuel.

murs et murets structurent le sol et l’espace. Leur mise en oeuvre soignée met en valeur la topographie accentuée des villages aveyronnais.

murs

avant, après

A Compeyre, le mur sert de protection tout en préservant des vues. Dans l’épaisseur du mur de soutènement, des réserves pour l’écoulement des eaux pluviales ont été prévues.

regards, grilles avaloirs, chambres de tirage

EDF ou télécom sont autant d’éléments techniques pris en compte dès la conception du projet. La pose de caniveaux apporte, outre son premier rôle d’écoulement des eaux pluviales, une finition soignée à la rue et redonne un gabarit à la voirie.

A Brousse le Château,

le mur de soutènement limite les stationnements et

crée une terrasse accessible par les deux équipements publics, mairie et salle des fêtes.


d’autres aménagements,

restructurer les centres anciens,

«Quelle que soit l’échelle de l’intervention elle doit être le fruit d’une réflexion liée au territoire, d’une volonté de sortir les lieux d’un anonymat qui les banalise. Le projet doit construire un urbanisme contemporain dans une nouveauté sans oubli, sans rupture avec la tradition.»

Abandonnés depuis plusieurs décennies, les maisons des centres anciens souffrent souvent d’un manque de lumière et d’espace extérieur. Des opérations très ciblées permettent d’aérer et de donner ainsi un nouvel attrait à ces maisons.

réhabiliter des façades, Les façades participent à la qualité des espaces publics, elles sont au regard de tous. Ordonnancement, menuiseries, couleur, enduits sont autant d’éléments qui participent à l’architecture du lieu. Le respect de ces particularités conforte le caractère du village.

«Savoir voir pour savoir faire» Claude EVENO

maîtriser une urbanisation En milieu rural, souvent un lotissement vient se juxtaposer sans se greffer au village. La contiguité mais aussi la continuité des espaces publics favorisent cette «greffe», si modeste soit-elle. L’extension d’un village n’est pas anodin, il faut intégrer au mieux ces nouveaux quartiers.

schéma de principe.

A Morlhon, la création du nouveau lotissement se conçoit simultanément avec l’aménagement de la nouvelle mairie et de sa place. L’ensemble peut constituer un vaste plateau central : nouveau centre du village.

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Ce travail requiert égards et prévenance envers les personnes et leur bien-être, considérations quant aux lieux et leurs identités. Une telle diversité de sites impose d’agir au cas par cas. Si elles paraissent modestes aujourd’hui, ces réalisations ont l’ambition de durer, de s’inscrire dans la pérennité et devenir intemporelles.


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C.A.U.E

une mission de service public Le Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement est un organisme départemental d’information, de conseil, de formation, de rencontres et d’initiatives, ouvert gratuitement à tous. Composé d’architectes, d’urbanistes et de paysagistes son équipe intervient hors de la maîtrise d’oeuvre. Il est créé pour promouvoir la qualité de l’architecture, de l’urbanisme et de l’environnement. Il assure des missions de service public dans un cadre et un esprit associatif. Les demandes dont il est saisi l’amènent, avec ses partenaires, à intervenir dans les démarches de développement local.

glossaire

le maître d’ouvrage

est la personne physique ou morale, pour le compte de laquelle les travaux (ou ouvrages) sont exécutés. C’est le maître d’ouvrage qui décide de la réalisation d’un équipement, en arrête le programme, passe les marchés d’études et de travaux, assure son financement et décide du processus de sa mise en oeuvre. Il en arrête l’enveloppe financière. Pour une commune, c’est le maire qui assure ce rôle.

le maître d’oeuvre

est la personne chargée par le maître d’ouvrage de concevoir l’ouvrage, de diriger l’exécution des marchés de travaux et de proposer leur réception et leur réglement. La responsabilité du maître d’oeuvre est essentielle. Son intervention est déterminante pour obtenir des ouvrages de qualité par leur conception, la maîtrise de leurs coûts d’investissement et de fonctionnement.

l’étude urbaine

est le document qui cherche à mettre en évidence ce qui caractérise les lieux, ce qui les structure, ce qui les perturbe afin de guider le projet d’aménagement propre au village concerné, au mode de vie de ses habitants, et à donner à la municpalité des éléments de décison pour des choix d’aménagements.

l ’ A v e y r o n . . . . exemples cités pages communes 6 7 8 9 10 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 24

Combret Montjaux Vaureilles St Victor et Melvieu Vabres l’Abbaye Valady St Jean du Bruel St Laurent d’Olt Montlaur St Rémy Gabriac Canet de Salars Sébrazac Arques Goutrens Brousse le Château Morlhon

études urbaines

M Laconde, 1999 D Aussibal, C.A.U.E, 1991 F. Cerepès, C.A.U.E, 2000 S. Cure, C.A.U.E, 1991 D. Aussibal, C.A.U.E, 1991 JC Marty, CA.U.E, 1992 D. Aussibal, C.A.U.E,1990 C. Mouneyrac, C.A.U.E, 1991 D. Aussibal, C.A.U.E, 1996 D. Aussibal, C.A.U.E, 1993 S. Cure, C.A.U.E, 1997 P. Vanderquand,C.A.U.E 1998 H. de Brouwer,1993 D. Legrand, 1997 C. Mouneyrac, C.A.U.E, 1993 D. Aussibal, CA.U.E, 1993 H. Basset, 1999

projets réalisés

S.Teisserenc; P.Causse (en cours) _ JC. Marty, (en cours) G. Boussaguet,1995 G. Coldefy, 1995 P Mac Aleese, 2000 P. Mac Aleese, 1993 R. Puech, 1995 A. Galtier, 1998 P. Mac Aleese, 1995 S.Teisserenc; P.Causse, 1998 A. Galtier, (en cours) P. Mac Aleese, 1995 JM. Levesque, X. Ravel, 1999 J. Gombert, 1996 M. de Florinier, J Lacombe, 1994 JC. Bonnet (en cours)

crédit iconographique

Photographies: Gilles Tordjeman / C.A.U.E. Cartes postales: Vaureilles, collection de Mr Jean Lacassagne Canet de Salars, collection des Archives Départementales de l’Aveyron Carte IGN n°2442 ouest St Sernin sur Rance (1/25.000) - autorisation n°210048 Cartes de Cassini n°16 et 17 c.I.G.N-Paris 2000 autorisation n° 210048 Cartes géologiques de la France (1/50.000) - Orléans - BRGM G.Mennessier et P.Colomb (1986) feuille Saint Beauzély n°909 G.Mennessier et P.Colomb (1983) feuille Millau n° 935

Photographies aériennes

Vabres l’Abbaye, IGN - Agence Midi Pyrénées - 31327 Ramonville mission 1948 - Réquista/Nant 2441-2641- cliché 52 (1/25.000) et mission1997 - (1/25.000) St Laurent d’Olt, cliché RODAIR Le cadastre napoléonien de Vaureilles est reproduit avec l’aimable participation de la Direction générale des impôts et de la commune.

le programme

est le document dans lequel le maître d’ouvrage fixe ses objectifs, définit les fonctions que doit remplir l’équipement et les activités qu’il prévoit, expose les buts et contraintes d’insertion du projet, précise les conditions techniques de fonctionnement, le cadre général de sa mise en oeuvre et son enveloppe financière.

le projet et les études sont inclus dans la mission de maîtrise d’oeuvre. Sous ces termes, ce sont les fonctions de conception et d’ingéniérie qui sont définies.

remerciements

Ce document est financé par le Conseil Général de l’Aveyron dans le cadre des manifestations de l’an 2000. Le C.A.U.E de l’Aveyron tient à remercier l’ensemble des maîtres d’ouvrages et maîtres d’oeuvres pour leur collaboration à cet ouvrage, ainsi que pour leur travail au quotidien dans nos villages.

Conseil Général de l’Aveyron, Place Charles de Gaulle - BP 724 - 12007 Rodez Cedex Tél : 05.65.73.44.44

conception

Rédaction: Sylvie Cure, Christine Mouneyrac et Claudine Steffann, architectes au CAUE de l’Aveyron. Composition: Claudine Steffann Dessins techniques: Isabelle Guitard Assistance technique: Société Burlat, Rodez Imprimerie: Rémy et Canitrot, Rodez

23, boulevard Laromiguière 12000 Rodez - tél : 05.65.68.66.45 Fax : 05.65.68.14.97 e-mail : c.a.u.e12@wanadoo.fr

publié en octobre 2000



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