Démarches à suivre : Lotissements de Sainte Radegonde et Gages Roquebrune

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Démarches à suivre ...

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L’urbanisme est l’expression d’une société, d’une façon de vivre ensemble. Selon les territoires, les cultures, les époques, il exprime et conditionne des modes de vie. Les expériences de

roquebrune

sainte-radegonde

et

de

à Gages illustrent, à l’échelle publique et privée, des prises de position volontaires pour proposer des modes d’habiter plus respectueux de l’environnement, du site, de l’homme et de son cadre de vie. Cette attitude face à un projet d’urbanisme est rare en milieu rural. L’exemple de Roquebrune, avec déjà 30 ans d’existence, n’a pas fait école. Pourquoi y a t-il si peu d’expériences similaires quand on constate l’étendue d’une urbanisation uniforme, phénomène national dénommé étalement urbain ? Quelles conditions faut-il réunir pour passer des paroles aux actes ? Nous proposons quelques pistes de réflexion : - la volonté du maître d’ouvrage et son projet politique, quel choix de vie en société veut-on promouvoir? - l’échelle collective du projet qui donne un cadre, qui organise ; - le savoir-faire des concepteurs, la capacité à projeter dans le temps et dans l’espace, l’indispensable adaptation du projet au lieu, au contexte et à l’usage ; - une mise en commun des compétences, une nécessaire collaboration entre les acteurs de l’aménagement, et un certain courage pour résister aux réticences culturelles ou techniques à changer d’habitudes. On oppose souvent qualité et économie. On se rend compte, à la compréhension de ces démarches, qu’il s’agit plutôt de choix d’investissement, d’aller à l’essentiel. Ces projets sont réfléchis dans le sens d’un mieux-disant plutôt que d’un moins-disant. On peut aussi évoquer une économie de matière grise par la mise en commun des compétences. Cela pose les questions de l’accès à la commande pour les concepteurs, architectes ou urbanistes, et de l’appréciation de ces savoir-faire par les maîtres d’ouvrage. Le rôle du C.A.U.E à travers ces présentations, est de proposer, de visu, de se rendre compte de la qualité de ces projets, d’échanger avec les artisans de ces expériences, de susciter des collaborations. Conseil d’Architecture d’Urbanisme et de l’Environnement

VENDREDI

11 juillet 2008



en contrebas du village, le terrain de Tregous

Opération d’aménagement lieu-dit Le Tregous commune de SAINTE RADEGONDE LE CONTEXTE : Une commune de 1700 habitants à la périphérie de Rodez (communauté d’agglomération du Grand Rodez) ; une situation du village de Ste-Radegonde en hauteur, l’église fortifiée, ancienne tour-refuge, agit comme un repère dans le paysage ; une augmentation rapide de la population, une urbanisation sous forme de lotissements privés, en impasse, dispersés au gré des opportunités foncières, sans lien entre eux, sans cohérence urbaine. PROBLEMATIQUE 1995 La municipalité s’interroge déjà sur la façon de redonner une centralité à ce bourg, important en termes d’habitants, mais dont le centre, de la taille d’un village rural, est peu fréquenté par les habitants et ne fonctionne pas vraiment comme un lieu où les gens se croisent et peuvent faire connaissance. Un premier travail avec le CAUE (étude préalable à l’aménagement des espaces publics du centre (1995 ) analyse les lieux et aboutit à un concours pour la requalification des espaces publics du centre village. (équipe P.Mac Aleese architecte dplg,J.P. Vignes paysagiste). Le projet propose de restaurer les lieux où la convivialité peut s’exercer, en travaillant sur les parcours, le végétal et la lumière.

UNE DÉMARCHE MUNICIPALE

2001 La nouvelle municipalité hérite de cet urbanisme des années 70 et des dysfonctionnements qui vont avec : un étalement urbain générateur de coûts (consommation de foncier, voirie, réseaux, déplacements), le manque de lien social (des espaces publics prioritairement conçus en fonction de l’automobile), une circulation pendulaire (aller-retours de la population qui travaille à Rodez) générant des problèmes de sécurité routière pour les piétons, notamment les enfants, des rétrocessions d’espaces de lotissement dans le domaine public compliquées (voirie, réseaux etc ). Une dépense de temps, d’énergie et d’argent pour la municipalité. VISITE 11 juillet 2008 avec L.TOUZÉ, adjointe à l’urbanisme P.ROCA D’HUYTEZA, architecte dplg, urbaniste OPQU C.JANY, lotisseur, P.PIGNOL, constructeur

Sainte Radegonde

Une démarche municipale : du Plan Local d’Urbanisme à l’habitat


le tregous : faire le lien entre le centre les lotissements et l’espace agricole

DES ÉTAPES 2002

Un diagnostic et des orientations Consciente de ses responsabilités, la municipalité souhaite maîtriser une urbanisation inéluctable et commandite l’agence Terres Neuves pour mener un diagnostic et proposer des orientations : - renforcer les pôles de centralité du village (commerces et équipements publics) - resserrer l’urbanisation entre les quartiers - créer des liaisons entre les quartiers - préserver le caractère rural (point de vue , espaces) - border les limites de l’urbanisation

2005

Traduire des intentions dans le P.L.U. Avec la communauté d’agglomération du Grand Rodez, la municipalité engage un Plan Local d’Urbanisme intercommunal qui traduira ces intentions. Le PLU est un outil pour maitriser l’urbanisation, organiser la vie collective et imposer des contraintes sur le domaine privé. La Concertation prévue par la loi est un des enjeux de sa mise en oeuvre.

2006

Anticiper : les Schémas d’Orientations Particulières d’Aménagement La commune de Ste Radegonde présente 2 schémas d’orientations d’aménagement sur le village principal. Facultatifs mais opposables, ce sont des documents majeurs qui traduisent graphiquement les intentions de la municipalité. Cette vision globale sur un secteur permet d’anticiper et d’organiser son urbanisation mais aussi de partager ce projet avec les différents acteurs de l’aménagement.

Etude d’organisation urbaine et de valorisation territoriale - Enjeux Terres Neuves - Montpellier

PLU de Sainte Radegonde - carte du zonage Cette carte permet de hiérarchiser les espaces. Le secteur du Tregous (au centre, en bleu foncé) qui va accueillir le futur lotissement a été qualifié zone 1AU (À Urbaniser en premier). Cette zone, limitrophe du centre village, doit à terme faire le lien entre le centre ancien (en jaune), les habitations à l’Est et les espaces agricoles et naturels au Sud. PLU Intercommunal du Grand Rodez

Atelier d’urbanisme, de paysage et d’architecture « d’une ville à l’autre »- Toulouse

Des Objectifs affirmés dans le PLU - respecter et valoriser la structure paysagère - assurer le lien entre le village, les lotissements et l’espace naturel - proposer une mixité de l’habitat (natures et types de logements variés) avec un habitat plus dense aux abords du village - favoriser les vues vers le village et vers le paysage


Topographie

Le schéma d’orientation d’aménagement du Tregous résulte d’une analyse du site, de ses contraintes et de ses atouts. La structure paysagère (topographie, structure végétale, parcours de l’eau.. ) les limites de propriétés foncières, les vues à valoriser vers le village (clocher repère, vers le paysage..) sont les fondements du projet d’urbanisme.

extraits de l’étude Enjeux et Scénarios d’orientation sur le secteur de Tregous

CONCERTATION : se mettre d’accord

Structures végétales, murets, points de vue

Tout le travail engagé avec ce document d’urbanisme permet à la municipalité de négocier avec un aménageur privé face à un projet qui ne correspondait pas aux orientations du PLU et convaincre l’aménageur du bien-fondé de ses choix d’urbanisme.

Les schémas d’orientation ont pour objectif de fixer les principes de la structure urbaine. Au Tregous ( 8 ha , 8 propriétaires fonciers), les voieries principales (en jaune) se positionnent sur les courbes de niveaux, les chemins piétons (pointillés verts) relient ce nouveau quartier au village, les espaces verts se calent naturellement sur la structure existante et sur les zones inconstructibles du talus. Des profils de voiries hierarchisées, sont dessinés pour expliciter la nature et la qualité attendues des espaces publics.

Une étude commandée par la municipalité présente les principes d’un projet d’urbanisation du secteur qui tient compte de la faisabilité économique ( nombre de lots ..) et des possibilités de phasage de l’opération en fonction de la propriété foncière. Le parcours de l’eau

Schéma d’Orientation Particulière d’Aménagement

Juin 2006 Maître d’ouvrage : commune de Ste Radegonde Enjeux et Scénarios d’orientation sur le secteur de Tregous Atelier d’urbanisme, de paysage et d’architecture D’une ville à l’autre , Toulouse Esquisse d’aménagement

Phasage de l’urbanisation


Références traditionnelles

UNE concertation réussie COLLABORATION et ASSOCIATION DE COMPETENCES Suite à cette première étude une collaboration s’établit ; une mission plus complète de plan d’aménagement et d’esquisses architecturales est confiée à l’agence d’urbanisme par l’aménageur et le constructeur.

Projet

UNE démarche de projet Projet architectural et projet urbain sont liés. L’analyse des caractéres architecturaux et urbains révèle les caractères particuliers du territoire : des matériaux, des couleurs, continuité des murs de clôtures et des façades en contact avec l’espace public, des volumes simples, une typologie de grange... L’analyse servira de base pour l’écriture contemporaine du nouveau quartier, la constitution de l’espace public et l’architecture des habitations. Les lots seront vendus construits et aménagés. Garder les objectifs du PLU dans la réalisation « À l’issue du PLU intercommunal du Grand Rodez, la commune de Ste Radegonde a souhaité poursuivre la démarche engagée jusqu’au bout en nous associant au promoteur d’une opération.

Champ du Moulin . salle des fêtes . crèche

Ce fut l’occasion de montrer comment peuvent être préservées les intentions fixées dans le PLU puis dans les orientations d’aménagement (densification, préservation des haies et murets, coulée verte en limite de talus, maillage viaire...). Occasion également d’approfondir la manière d’introduire un peu de densité dans une agglomération où la maison au milieu de sa parcelle de 1000m2 reste la norme. Le projet propose des pistes pour une intégration au village qui s’inscrivent néanmoins dans une écriture contemporaine. »

-école mairie place du village

église

en 1995

P. Roca d’Huyteza, architecte urbaniste, d’une ville àIntimité l’autre - des Toulouse accés côté rue


Façades et plans T4

Références contemporaines

Charte architecturale Le travail en collaboration avec l’architecte-urbaniste s’est traduit par la mise en place de principes architecturaux et urbains : le respect de la topographie du terrain, la conservation des murets en pierre et des haies, une imbrication des parcelles dans l’existant, une harmonisation et une simplification des volumes, hauteurs, largeurs, couleurs. Le dessin des façades (le principe des volets coulissants, évocation contemporaine des portes de grange), ou encore l’anticipation des emplacements d’extensions possibles, marquent aussi ce travail en collaboration, soucieux de respecter et valoriser l’existant et le caractère particulier du village. Les maisons ne sont pas qu’un objet individuel, elles construisent l’espace public et conjuguent urbanité et efficacité. Des volumes simples, une bonne orientation, une implantation correcte permettent d’obtenir un habitat plus économe à la construction et plus économe en énergie.


Les principes au niveau du quartier . constructions en limite de propriété . optimisation de la surface parcellaire . intimité mieux gérée . constitution d’un espace public . des voies hiérarchisées selon leur usage et leur situation . un système de recueil d’eaux pluviales à ciel ouvert


UNE DEMANDE SOCIALE émergente L’intégration de critères « environnementaux » devient un réel enjeu. Au delà de la simple opportunité commerciale, la prise en compte de ces paramètres dénote une prise de conscience des réalités et la prise en compte de cette demande sociale. Densité, Intimité, Évolutivité, Énergie, Investissement Ces questions sont au coeur des débats. Au dire même des aménageurs, les standards habituels de la maison au centre de la parcelle, non seulement ne répondent plus à une réalité économique mais ont également produit un résultat plus ou moins réussi et harmonieux, et « des villages artficiels ». Aujourd’hui, ils souhaitent s’inscrire dans une nouvelle relation à l’urbanisme : - Privilégier la densité - Rapprocher le logement de la ville - Mettre à disposition des terrains abordables Ces nouvelles contraintes, auxquelles s’ajoutent celle de l’énergie, ont incité les lotisseurs à répondre aux critères suivants : surface et intimité maximisées, évolution de la construction intégrée au projet, orientation correcte, habitat énergétiquement économe, le tout dans une densité plus importante. Le savoir-faire de l’architecte - urbaniste a permis de travailler sur une organisation et une architecture urbaines. Les maisons dessinent la rue. En rapprochant les maisons de la rue, on propose des jardins arrière protégés, une meilleure intimité. Un système de recueil des eaux pluviales à ciel ouvert est retenu, qui contribue à la qualité des espaces publics. Les coupes et profils sur les voies révèlent les diverses qualités et la hiérarchie des rues ou chemins. De nombreux cheminements piétons « pour aller à l’école, voir des amis » viendront faciliter les liens vers le village et permettront de traverser ce nouveau quartier. La qualité des espaces publics vient compenser une densité relative. Le label Effinergie : 50 kWh/m2/an (chauffage et eau chaude) En moyenne, aujourd’hui, la Consommation d’énergie primaire (Cep) est de 260 kWh/m2/an. La Réglementation Thermique (RT) qui s’applique dès maintenant à la construction neuve, RT 2005, demande une consommation de 180 kWh/m2. La RT 2012 demandera 50 kWh/m2/an. Pour atteindre ces performances , la morphologie des bâtiments (des formes compactes et simples), l’implantation et l’orientation optimum (implantation protégée, habitat groupé et exposition correcte), et la construction elle-même ( isolation renforcée matériaux, systémes énergétiques...) sont des critères prépondérants.

projet - image de synthèse

2007 Lotissement ‘‘ les Terres du Sud ’’ - Aménageur et Promoteur immobilier : Lotisseurs Ruthénois et Constructions les Gloriettes - Plan d’aménagement et esquisses architecturales : Atelier d’urbanisme, de paysage et d’architecture D’une ville à l’autre , Toulouse - Christophe Bois, géomètre expert, Rodez Superficie opération : environ 4 ha, soit 44 lots de 250 à 700m2. Coût de l’opération d’aménagement : 1 100 000 ht Coût : Foncier+Construction+Aménagement clôtures et plantations : 1500€ à 2000€/m2 (de 175 000€ à 230 000€ selon la taille des pavillons). - environ 10% supplémentaires d’investissement à l’achat ( par rapport à un habitat «similaire» soumis à la réglementation RT 2005) mais 57% d’économie de fonctionnement prévue. - moins de 250€ de consommation annuelle chauffage et eau chaude (sur maisons au label Effinergie) Autres chiffres - ordre de prix du foncier en agglomération ruthénoise :

de 25-30€ le m2 il y a quelques années à environ 100€ aujourd’hui - 75% de surface vendue auparavant par les promoteurs contre 57% dans ce projet , 23% d’espaces verts et 20% de voirie. La municipalité prend en charge les espaces verts du lotissement.



notes et croquis personnels ...

Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement 5 place Sainte Catherine 12000 RODEZ / tel : 05 65 68 66 45



Roquebrune Copropriété de Roquebrune à GAGES commune de Montrozier

Une démarche collective

Le contexte : les années 70 A l’origine de ce projet, l’initiative d’une équipe de jeunes qui a l’habitude d’organiser des sorties (ski, randonnées, rallyes, repas collectifs, cinéma ..) sans qu’il s’agisse d’une association formalisée. « Nous trouvions scandaleux les prix des terrains à bâtir et bien médiocres les lieux d’implantation des lotissements souvent éloignés des services tels que les écoles.» Ils trouvaient idiot d’aller « s’entasser à Rodez et de payer cher une acquisition immobilière ».

UN PROJET INNOVANT

Le projet était de construire ensemble par choix «social» et pour une économie de construction. « Il y a de l’espace en Aveyron. Sans faire de mitage, comment bénéficier de cet espace ? » « Il fallait pour ce projet un architecte prêt à prendre le risque d’un travail où les relations humaines auraient une importance capitale, aussi bien pour faire accepter des solutions innovantes que pour lutter contre les réactions trop individualistes qui, bien entendu, apparaissaient à chaque rencontre ».

LES ARCHITECTES

L’échelle collective du projet (19 habitations) permet cette démarche : travailler avec des architectes, réduire les coûts de conception et de construction, obtenir une bonne isolation et une « recherche d’harmonie urbaine ». Le travail avec cette jeune agence d’architectes et urbanistes bordelais a été l’objet de nombreuses rencontres, visites et discussions. La visite d’opérations similaires dans les Landes et sur Bordeaux a permis aux futurs habitants de toucher du doigt la qualité d’habiter qu’ils pouvaient attendre du projet. La démarche des architectes a été de proposer une enquête sur les modes de vie et les besoins des familles. Ce projet, alternative au lotissement conventionnel est remarquable par son adaptation au terrain naturel et la distribution de l’espace privé et collectif qu’il propose. Les statuts des espaces et les dispositions correspondantes sont d’ailleurs clairement explicités dans le réglement de copropriété. VISITE 11 juillet 2008 avec M. CHAUVAC, P.RIVIÈRE, R.RAYSSAC D.DELMAS, maîtres d’ouvrage et habitants

« les architectes : des gens qui nous aident à réfléchir sur la conception du projet que l’on voulait réaliser » Copropriété à l’horizontale .19 habitations . 1975 Maîtrise d’oeuvre : J.Hondelatte, JC. Duprat, M. Fagart , architectes à Bordeaux Surfaces habitables de 90 à 140 m2 Annexes de 40 à 60 m2 - 7 variantes Terrain : 750 m2 privatifs/copropriétaire 4,5 ha collectifs Coût à titre d’exemple: 146 m2 habitables + 60 m2 annexes + terrain privatif et collectif : 170 000F ttc Soubassement en béton banché Murs en blocs agglomérés de ciment, Bardage ardoises Dalle béton avec isolation incorporée Vitrerie double vitrage


DES OBJECTIFS Une Dimension Collective Le statut des espaces s’adapte au projet « social » voulu par les maîtres d’ouvrage. Défini juridiquement dans le réglement de copropriété il se distingue en espace exclusif, privatif ou collectif. Les parties privatives comprennent pour chaque lot la totalité des aménagements qui composent la maison individuelle prévue sur ce lot. Le droit d’usage exclusif comprend le sol d’assiette de la maison, de la voie d’accès à ladite maison ainsi que d’une partie du jardin attenant. Chacun détient les 5263 / 100 000 èmes indivis de la propriété du sol de l’ensemble. Intégrer les maisons au paysage et garder le terrain le plus naturel possible La question de l’intégration visuelle dans ce site de rochers s’est posée dès le départ. Une enveloppe en acier Corten était prévue à l’origine. Elle fut abandonnée au profit de l’ardoise pour des questions de coût. Les parcelles privées ne sont pas cloturées, le règlement l’interdit. Des maisons où l’intérieur est conçu avant les façades L’espace de vie a la priorité sur l’objet architectural. Il est essentiellement tourné vers le sud et l’espace naturel, « à la façon des grottes », très abrité du nord et ouvert sur le sud. Privilégier l’isolation de l’enveloppe A l’époque, ces maisons avaient un coefficient d’isolation 2 fois supérieur à la moyenne. Le volume compact limite au maximum les déperditions. Préserver les terres agricoles Cette implantation préserve les terres agricoles dans la vallée

Préservation des terres agricoles

« Quand les architectes prennent leur mission au sérieux, la fonction, l’usage doivent être pris au sérieux. L’architecture doit être pensée pour les gens. Les gens sont disposés à accepter une nouvelle forme quand ils comprennent la relation entre la forme et le contenu » Peter Zumthor, architecte


au NORD, les aires de Jeux, stationnement, étendoirs à linge la rue de desserte , espaces collectifs les accès et seuils des maisons, espaces exclusifs au SUD, les maisons et terrasses, espaces exclusifs les jardins, espaces privatifs le « Couderc », espace collectif

Espaces Exclusifs, Pivatifs et Collectifs

COUPE SUD-NORD

PARTI ARCHITECTURAL, URBAIN et SOCIAL Le projet tient compte des qualités intrinséques du site : un rebord du Causse Comtal, plateau calcaire en surplomb de la vallée de l’Aveyron. Implantation : Installées en ligne de crête, les maisons s’ouvrent plein sud avec une vue sur la vallée, plaine agricole, et la forêt des Palanges. Les jardins privatifs aux abords des maisons ne sont pas clôturés. Les limites des jardins privatifs seront dessinées autour des maisons (environ 750m2). A partir de la rupture de pente, la plus grande partie de la parcelle au sud est collective. Au nord, la route de 3 m 50 de large, sans bordure ni trottoir, distribue les accès (garage et entrée) et les espaces collectifs servants (stationnements collectifs, étendoirs à linge et jeux d’enfants). Des haies en limite de la parcelle, protégent du vent du Nord. La route a été dessinée volontairement étroite et sinueuse plus quelques dos d’âne «ralentisseurs». La nature du sol, calcaire, permet un stationnement sans nécessité d’imperméabiliser le sol. Convivialité : Vélos, patins à roulettes, relations de voisinage A l’usage, les lieux de rencontre quotidiens sont sur cette route, à l’entrée des maisons et non pas sur la partie sud comme on aurait pu le croire. L’ambiance du lieu, trés végétale, l’absence de clôtures formalisées concourent à cette convivialité. Les aléas du chantier L’habillage de la façade, le bardage, était prévu en acier Corten (plaques 1m x1m) pour prendre la teinte des « roches brunes» du site à la fois pour l’intégration (par oxydation) et pour un entretien réduit au minimum. En 1974 le prix de l’acier a été multiplié par 4 d’où le choix de l’ardoise en bardage. Cette solution apparaît aujourd’hui comme un meilleur choix aux yeux des habitants. Une faillite sur l’entreprise de maçonnerie a retardé le chantier. Il faudra au total 4 ans pour terminer l’opération.

Intégration au contexte :

rochers, ligne de crête, couleurs et formes, implantation et orientation.

Moindre imperméabilisation des sols

Espaces collectifs :

jeux, stationnement, voisinage


Façades

sud - jardin

Un habitat bio-climatique avant la lettre

nord - rue

en 1975 « les blockhaus »

Plans d’une des variantes (au nombre de 7) cave cellier

bureau

séjour

salon

ch. ch.

garage

cuisine

chambre wc

niv. 0 sous sol - rez de rue Coupes sud - nord

niv. 1 rez de jardin

ch.

vide sur salon bains wc

niv. 2 étage

est - ouest

Les réactions locales Ce projet a suscité de vives réactions et une grande curiosité liées au type de projet : « le mur de l’atlantique, les blockhaus ». Le terrain était un ancien couderc privé, paturé par les brebis, donc nu à ce moment là ; des réactions liées aux relations locales : pour les gens du village, c’est « le village du Crédit Agricole » (à quelques km sur le territoire communal se construit le siège du CA ; 7/19 des acquéreurs y travaillent (en 1975 le rythme de construction sur la commune était de 2 maisons / an - en 2008, il est de 10 à 12 / an )

en 1975 « les blockhaus »

en 1995

..on mesure l’audace des maîtres d’ouvrage, leur confiance vis à vis des maîtres d’oeuvre...et la virulence des réactions. aujourd’hui

Intimité des accés côté rue


Confort : La sensation de protection par rapport au nord, au froid, et au vent ( alt. du plateau du causse Comtal environ 600 m ) est très perceptible lorsqu’on est à l’intérieur de la piéce de vie ; celle-ci s’ouvre largement au sud, le paysage est cadré par les rochers et la végétation. Aux abords de la maison, la terrasse est largement intimisée par le relief, les rochers et le végétal. Intimité : L’intimité, sur la rue et sur les jardins privatifs, est obtenue en utilisant le potentiel du site et l’adaptation au terrain naturel. La distance entre les maisons est variable. Celle de P. Gabriac est à 4 m de sa voisine. Sans poser de problèmes majeurs de voisinage, il conseille néanmoins une distance de 6 m par rapport à la portée des voix entre les terrasses. Par contre, l’isolation intérieure garantit totalement l’isolation acoustique des maisons. L’absence de clôtures des jardins extérieurs dilate l’espace.

« Les rochers : un terrain de jeux quand nous étions petits, pour nous et les enfants du village » Céline Gabriac

Évolutivité : le statut privé de la copropriété permet une évolution des constructions plus facile, par rapport à des régles de prospect publiques. Par exemple la construction d’une véranda (photo ci-dessous) sur l’angle sud-ouest n’aurait pu se réaliser puisque, ni sur la limite de propriété (espace privatif de chacun) ni à 3 m de retrait. Elle a fait l’objet d’une discussion en A.G. de la copropriété et d’un accord des copropriétaires. Profitable aux 2 parties, elle donne une intimité supplémentaire à chacun en isolant du bruit et de la vue le voisinage, tout en procurant surface et isolation du vent d’ouest au propriétaire.

« Le fait qu’il n’y ait pas de clôture induit un respect »


Des charges communes (300 euros /an - 2008 ) La route n’a pas été transférée dans le domaine communal à la fois pour des raisons de sécurité : éviter d’en faire une voie de passage, et parce que sa largeur ne lui permet pas d’avoir un statut de voie communale (3,50 m largeur). Il aurait fallu l’élargir ce qu’ont refusé les copropriétaires. Le réseau d’eau potable, l’éclairage de la route sont à la charge de la copropriété (stop à 23h30). Le réseau d’assainissement a été raccordé en 2004 au réseau communal (à l’origine la fosse collective prévue pour 15 ans sera utilisée 30 ans sans problème). Le végétal : Côté Sud pas d’entretien (ancien couderc paturé par brebis). Cette partie de la parcelle est classée au PLU Zone Naturelle Espaces Sensibles (Calcaire magnésien . Présence orchidées - écureuils - loriots. ). Côté Nord, l’entretien végétal est restreint (espaces de jeux, étendoirs, accotements) Par rapport à un lotissement habituel, il n’y a pas et il n’y aura pas de vis à vis. Ici tout le monde profite de la vue au Sud, sur la vallée de l’Aveyron et les Palanges (forêt en face).

entrée Est de la copropriété

33 ANS APRÉS Aujourd’hui, 18 / 19 maisons sont occupées par les propriétaires (8 propriétaires occupants du groupe d’origine). Quand un acquéreur se présente, la question des clôtures est inévitablement posée, et oubliée 6 mois après l’acquisition. « Les chiens font partie de la copropriété »

vue vers les monts du Lévezou, au 1er plan la vallée de l’Aveyron

« On n’achète pas seulement une maison, on achète aussi un mode de vie ». Les premiers acquéreurs n’ont jamais eu

la volonté de créer une communauté à part. C’est pourquoi le lotissement n’est pas fermé, les enfants du village venaient jouer aux balançoires. Il n’y a pas non plus de salle collective, les habitants utilisent celles de la commune.

Une démarche qui demande du temps et de l’énergie Les maîtres d’ouvrage soulignent l’engagement des architectes sur ce projet et la dimension pédagogique de leur approche ; l’esprit «mutualiste» des maîtres d’ouvrage, l’aide de la municipalité pour l’acquisition du terrain et le conseil avisé du notaire. Un patrimoine familial contemporain Les petits-enfants des habitants sont très attachés à ce lieu et le reconnaissent comme une maison de famille. La fille de Pierre Gabriac, qui a vécu son enfance à Roquebrune, trouve cette démarche de construction réussie et souhaiterait l’adapter à des exigences écologiques et énergétiques actuelles. Elle constate la difficulté à trouver des personnes suffisamment motivées ou prêtes à prendre le temps, et des maîtres d’oeuvre qui s’impliquent à la fois dans l’habitat individuel et dans la « construction écologique ». texte réalisé suite à des entretiens avec Pierre Gabriac et sa fille, Michel Chauvac et Pierre Rivière

axonométrie éclatée

VISITE 11 juillet 2008 avec M. CHAUVAC, P.RIVIÈRE, R.RAYSSAC D.DELMAS, maîtres d’ouvrage et habitants


notes et croquis personnels ...

SAINTE RADEGONDE ROQUEBRUNE

VISITES 11 JUILLET 2008

INTERVENANTS

Pierre ROCA D’HUYTEZA Michel DELPAL Laurence TOUZÉ

Architecte dplg, urbaniste OPQU (office professionnel de qualification des urbanistes) D’une ville à l’autre - Toulouse

Maire de Sainte Radegonde Adjoint à l’urbanisme Mairie de Sainte Radegonde

Chrisian JANY Lotisseur - Aménageur Maître d’ouvrage ‘‘les Terres du Sud’’ Stéphane FLOIRAC Constructeur Scie les Gloriettes Michel CHAUVAC, Pierre RIVIÈRE, Raymond RAYSSAC, Daniel DELMAS, Maitres d’ouvrage, habitants de Roquebrune

CONSEIL D’ARCHITECTURE, D’URBANISME ET DE L’ENVIRONNEMENT DE L’AVEYRON 5 place Sainte Catherine 12000 RODEZ contact : Sylvie CURE architecte dplg

05 65 68 66 45 05 65 68 68 41

caue12@caue-mp.fr s.cure-12@caue-mp.fr

Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement 5 place Sainte Catherine 12000 RODEZ / tel : 05 65 68 66 45



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