Conseil d’Architecture d’Urbanisme et de l’Environnement de l’Aveyron
Le Châtaignier et le sécadou, emblèmes des Ségalas
Immeuble Ste Catherine, Place Eugène Raynaldy - 12000 RODEZ tél. : 05.65.68.66.45 - fax : 05.65.68.14.97 e-mail : c.a.u.e12@wanadoo.fr
LA SELVE Un village de vallée, caché Une commune de Ségala Par son sous-sol schisteux
Comme sur la majorité des Ségalas, les terrains agricoles étaient pauvres avant l’apport majeur d’amendements au début du 20ème siècle. Les principales roches sont des micaschistes qui se débitent en grands feuillets à surface brillante. Localement on peut rencontrer des lentilles de quartz formant des cristaux. Ces matériaux fournissent une pierre à bâtir de qualité irrégulière nécessitant d’être enduite.
Son relief alternant plateaux et vallées Des vallées moins creusées qui s’effacent devant la perception d’un vaste plateau
Par son relief alternant plateaux et vallées
Le territoire communal, drainé par les affluents du Giffou est très fragmenté par un réseau hydrographique dense mais peu encaissé. Le Cône partage en deux un territoire limité au nord par les crêtes du Céor et au sud par la Durenque. Ces cours d’eau coulent d’est en ouest. Le village est situé au confluent des ruisseaux de Bertrand et de Massebaque dont la réunion forme le Cône. Implanté entre 510 et 520m d’altitude, il est dominé par des plateaux dont l’altitude est voisine de 600m.
Par son paysage neuf forgé par une agriculture du 20ème siècle conquérante
L’agriculture des Ségalas au 19ème siècle exploite la diversité d’un territoire rude. Les châtaigniers (pour l’engraissement des porcs) se situent sur les puechs de moyenne altitude alors que les plus élevés sont couverts de landes parcourues par les troupeaux de brebis. Cultures (de seigle) et prés (irrigués par des rigoles) occupent les pentes. Les habitants possèdent parfois des vignes dans la vallée du Tarn. Au début du 20ème siècle, avec l’arrivée des amendements et des engrais, on assiste à un basculement de l’agriculture. La mise en culture des plateaux se fera au détriment des vallées non mécanisables abandonnées aux boisements. Par la suite, le développement de Roquefort et l’implantation de laiteries a généralisé prairies et champs pour l’élevage intensif d’ovins lait. Carte topographique d’après la carte IGN au 1/25000
Par son sous-sol schisteux donnant des terrains acides RD 911
Un Ségala du sud qui affirme là ses particularités
RD 902
Des vallées moins creusées qui s’effacent devant la perception d’un vaste plateau
Le réseau hydrographique, en forme d’éventail convergeant vers le confluent CéorViaur, diffère de celui du Ségala central (organisé en peigne autour du Viaur et de l’Aveyron). Les vallées sont également moins encaissées (une centaine de mètres contre le double ou le triple).
Une route nord sud qui ne peut se contenter des dorsales et franchit les vallées
La départementale 902, perpendiculaire au réseau hydrographique, ne reste pas en ligne de crête comme les axes majeurs du Ségala (notamment la D911, Villefranche - La Primaube). Elle est donc amenée à franchir plusieurs vallées de moindre importance, qui ralentissent néanmoins son parcours. Elle traverse donc les villages installés dans ces vallées.
Une route nord sud qui ne peut se contenter des dorsales et franchit les vallées
Des villages implantés sur ces franchissements pour bénéficier de la situation stratégique d’éperons rocheux Cassagnes, Salmiech… La Selve, sont des bourgs représentatifs de ces implantations en fond de vallée. Ils tirent profit de sites qui offrent à la fois une position défensive et un abri climatique. Autour du village, les versants bien exposés sont aménagés en terrasses jardinées.
Un village isolé par la nouvelle départementale
Une richesse plus tardive et une modernité plus affirmée, au royaume de la brebis L’autre particularité du sud Ségala est la prédominance de l’élevage ovin lait lié à l’implantation au début du 20ème siècle de laiteries pour Roquefort. Le canton de Réquista est aujourd’hui le premier canton moutonnier de France. Le paysage offre à la vue un bocage distendu souvent à peine esquissé par des haies basses où cultures fourragères et bergeries neuves témoignent d’une agriculture à la pointe de la technique.
3 époques, 3 villages Un patrimoine d’origine médiévale
Une première phase de conquête du territoire avec l’installation des Templiers (1148) et la création d’une sauveté (1162) Malgré la découverte de haches néolithiques attestant des défrichements préhistoriques, La Selve, ainsi que le signifie son nom, fut certainement un lieu boisé. Les invasions des sarrasins ravagèrent un pays dont le chef lieu était Bégon. L’installation des Templiers à La Selve en 1148 a marqué le début de la grande entreprise médiévale de reconquête du territoire. La création de la Sauveté en 1162 traduit la volonté de fixer la population. L’ordonnancement actuel du centre ancien autour de la rue centrale est le reflet de cet urbanisme médiéval.
Carte de Cassini vers 1777
Pont neuf de la D902
Un patrimoine d’origine médiévale Porte de la sauveté
Le Bertrand
Une situation défensive privilégiée : un village de vallée implanté sur un éperon rocheux, à la confluence de deux ruisseaux Le château, dont il reste aujourd’hui une tour et une partie d’une seconde, fut certainement le premier lieu fortifié avant la construction de l’enceinte destinée à protéger le village des ravages de la guerre de cent ans. Cela ne suffira pas à éviter plus tard sa dévastation par les protestants.
Le Massebaque Rue de la Mairie
Un faubourg suscité par la route
Au 19ème siècle, la route de Réquista passe devant la porte du vieux centre et décrit une grande épingle le long de laquelle s’étire une nouvelle partie du village. A la fin du 18ème siècle, la route de Rodez à St Sernin par Réquista n’est réalisée que jusqu’à Pont de Granfuel. Les habitants de La Selve sollicitent son prolongement pour permettre la commercialisation de leurs productions locales : draps et verre, ainsi que le développement des quatre foires annuelles. Sa création au 19ème siècle va susciter l’extension d’un premier faubourg le long de cette voie, sur les deux rives du Cône franchi par un pont étroit. Pour s’adapter aux véhicules à traction animale, la route recherche des profils plus plats et abandonne les chemins muletiers qui permettaient un accès direct au centre du village.
Une situation défensive privilégiée : un village de vallée implanté sur un éperon rocheux, à la confluence de deux ruisseaux Cadastre Napoléonien (vers 1800)
Un village isolé par la nouvelle départementale
Au début du 20ème siècle, la route coupe plus court, surplombe et isole le village, esquissant à peine un nouveau développement. La motorisation du trafic routier crée de nouvelles exigences pour les tracés des voies (tracés plus droits et parfois plus pentus, virages plus ouverts, chaussées plus larges) et conduit à éviter les traversées de villages. De même, les franchissements de cours d’eau nécessitent de nouveaux ouvrages d’art. C’est ainsi que la départementale est déviée du centre de La Selve et qu’un nouveau pont sur le Cône est construit en aval du Riou Blanc.
Un faubourg suscité par la route
Grandes périodes de l’évolution urbaine du village de La Selve
CAUE de l’Aveyron - MARS 2004 - Commune de La Selve - Opération coeur de village
Conseil d’Architecture d’Urbanisme et de l’Environnement de l’Aveyron
Le Châtaignier et le sécadou, emblèmes des Ségalas
LA SELVE Un village de vallée, caché PLAN DE SITUATION
Une évolution urbaine récente Le faubourg du 19ème siècle à relier à la route actuelle
D 90 2
le Cône
Immeuble Ste Catherine, Place Eugène Raynaldy - 12000 RODEZ tél. : 05.65.68.66.45 - fax : 05.65.68.14.97 e-mail : c.a.u.e12@wanadoo.fr
Ecole
Au milieu du 20ème siècle, la création du pont neuf court-circuite le bourg du 19ème siècle. La voirie nouvelle impose un nouveau mode de fonctionnement. Seuls quelques bâtiments rejoindront cet axe et profiteront un temps du transit routier (station service) avant que celui ci, plus rapide, ne délaisse les haltes intermédiaires. De nouveaux équipements voient le jour, s’insérant plus ou moins facilement dans le tissu urbain existant. La mairie, reconstruite suite à sa destruction par les armées allemandes en repli, impose une échelle nouvelle dans le vieux centre. La partie école, aujourd’hui transformée en salle de réunion, ouvre par sa cour le centre ancien vers le ruisseau de Massebaque et la rue qui le longe. Cette dernière, par son élargissement, ses plantations et les passerelles donnant accès aux bâtiments de la rive gauche, offre un espace de parcours semblable à un quai. Dans le faubourg, la salle des fêtes s’installe dans un espace déstructuré par la démolition ou le changement d’orientation de bâtiments entraînés par la déviation routière. Le bâtiment occulte à l’arrière le cours du Cône et présente à l’avant un espace où voirie et stationnement sont mal définis.
Restaurant
Garage
Salle des fêtes La Poste
le Bertrand
Multiservice
Eglise
le Ma
sseba
que
Une juxtaposition de bâtis contrastés, témoins des principales évolutions économiques et sociales La Selve présente des bâtis variés, reflets des moments les plus importants de son développement économique. Bien qu’en décroissance démographique, le village a su préserver et entretenir ce patrimoine diversifié au service d’un dynamique territoire communal et d’une population de vacanciers non négligeable. On remarque chronologiquement : - des vestiges médiévaux défensifs (porte Notre Dame et tour du château des Templiers) - les petits volumes avec, parfois, les étages en encorbellement des bâtis plurifonctionnels, construits dans l’ancienne enceinte ou les premiers faubourgs - quelques bâtiments plus imposants, aux façades ordonnancées par la régularité de leurs ouvertures signifiant le nouveau développement hors les murs à la fin du 19ème siècle - après les années 1950, le changement d’échelle dans le bâti témoigne de l’essor économique et agricole tardif du Ségala Réquistanais. Les bouleversements techniques donnent naissance à un nouveau type d’architecture qui associe encore la pierre locale aux matériaux industriels (encadrements de parpaings, linteaux métalliques…) permettant des volumétries ou des percements peu traditionnels.
Des références pour les futurs aménagements
Des références pour les futurs aménagements Un village soigné L’initiative exemplaire de l’association «Cône Bertrand»
Des lieux de vie à qualifier Le quai
La Mairie
Le village bénéficie d’un cadre paysager exemplaire, où berges et jardins se marient pour embellir le centre du village. Les aménagements sont un exemple d’intégration et de simplicité. Ils valorisent l’implantation particulière du village. Malgré l’attention portée à l’environnement et aux jardins, de la part des habitants, l’espace public détone par sa qualité minérale monotone, l’omniprésence de bitume et de places de stationnement.
Des lieux de vie à qualifier Les espaces publics n’affirment pas leurs usages Les évolutions successives du village ont contribué à créer de nouveaux espaces qui n’affirment pas leurs usages d’aujourd’hui, alors qu’ils jouxtent les espaces privés soignés. Espaces de vie autour des jeux de boules, salle des fêtes, mairie, boulangerie, ils méritent d’être valorisés par des aménagements en harmonie avec le cadre et plus respectueux des piétons.
Le quai
Place de la salle des fêtes
CAUE de l’Aveyron - MARS 2004 - Commune de La Selve - Opération
coeur de village