Architecture, Bois
& DĂŠveloppement Durable
en Pays de la Loire
Cet ouvrage a été réalisé à l’initiative conjointe d’ATLANBOIS et de l’URCAUE des Pays de la Loire dans le cadre d’une volonté commune de promouvoir l’usage du bois dans la construction en Pays de la Loire par la mise en valeur de l’architecture bois et des qualités environnementales de ce matériau. Il est le fruit d’une sélection de réalisations opérée par l’URCAUE, les cinq Conseils d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement (CAUE) des Pays de la Loire, ATLANBOIS et le Comité National pour le Développement du Bois (CNDB). Ses auteurs ont conçu cet ouvrage à partir du reportage photographique réalisé à l’automne 2003 par Marc de Tienda. Il a bénéficié du soutien apporté par les membres du comité de suivi de la mise en œuvre de l’accord cadre « Bois-Construction-Environnement », comité créé à l’initiative de la Direction Régionale de l’Equipement des Pays de la Loire, aujourd’hui animé par ATLANBOIS au sein de l’Observatoire Régional de la Qualité de la Construction.
Coéditeurs : URCAUE des Pays de la Loire (www.urcaue-paysdelaloire.com) ATLANBOIS (www.atlanbois.com) Comité de sélection : Jean-Yves RIAUX (CNDB), Vincent DEGROTTE, Bruno LETELLIER, Jérôme JACOUTOT, Jean DEVÊCHE, Joël MAUGIN (directeurs des cinq CAUE des Pays de la Loire), Gilles GARBY (délégué régional de l’URCAUE des Pays de la Loire) et Nicolas VISIER (délégué général d’Atlanbois). Rédaction : Domique GAUZIN-MÜLLER (architecte, journaliste, auteur aux éditions du Moniteur des ouvrages « 25 maisons en bois », « Construire avec le bois », « L’architecture écologique »), Christophe BOUCHER (architecte, CAUE 44), Jean-Yves RIAUX (maître-charpentier, délégué régional du CNDB Bretagne - Pays de la Loire). Conception graphique : Dany CARTRON et Nicolas BAUD, infographistes au CAUE 44.
L EB O I SA V A N C E .
Architecture, Bois
& DĂŠveloppement Durable
en Pays de la Loire
P R É FAC E Cet ouvrage est une invitation à la découverte d’une architecture et d’un matériau respectueux de l’environnement. Il révèle la diversité de la création en Pays de la Loire par la présentation de 43 réalisations récentes, qui témoignent de la richesse des écritures et des savoir-faire liés à l’utilisation du bois. Cette publication n’est ni un inventaire, ni un palmarès. Elle inaugure une collection qui vise à mettre en valeur les qualités esthétiques et techniques d’un matériau, d’une filière de la construction ou de l’aménagement. Le bois est ici à l’honneur, notamment pour ses caractéristiques environnementales. Ce matériau renouvelable joue en effet un rôle majeur dans les politiques de développement durable, et notamment dans la lutte contre l’effet de serre, grâce à la sylviculture, à sa capacité à stocker le carbone et donc à éliminer le CO2, à ses possibilités de recyclage, à la valorisation des sousproduits de son industrie. En France, la part du bois dans la construction était en 2000 de l’ordre de 10 %. Dans l’accord cadre « Bois-Construction-Environnement » signé en 2001, l’Etat et les professionnels se sont engagés à augmenter ce pourcentage de 25 % pour le porter à 12,5 % dès l’année 2010. Si notre région est peu boisée, elle se classe parmi les premières en France pour la seconde transformation du bois. Son dynamisme se traduit par une
forte activité de construction, même si la maison en bois est encore peu développée, et par une créativité architecturale où le bois prend une place de plus en plus grande. Les architectes, les paysagistes, les bureaux d’études, les entrepreneurs, les fabricants, mais aussi les maîtres d’ouvrage publics et privés, doivent aujourd’hui prendre conscience de ces enjeux. C’est dans cet esprit que l’Union régionale des CAUE des Pays de la Loire, dans le cadre de sa mission de promotion de la qualité de l’architecture, de l’urbanisme et des paysages, et ATLANBOIS, association interprofessionnelle de la forêt et du bois en Pays de la Loire, se sont associés pour coéditer cet ouvrage, réaliser une exposition itinérante, et organiser des formations professionnelles. Ce projet est le fruit d’un partenariat exemplaire de tous les acteurs régionaux, élus et professionnels liés à la filière bois, à la promotion de la qualité de l’architecture, et au développement durable. Cet ouvrage témoigne auprès de tous les publics d’un nouvel « art de bâtir » inscrit dans une approche responsable du développement, grâce à la richesse des apports du bois aux constructions et aux paysages des Pays de la Loire.
Dominique LE MENER, président de l’Union régionale des C.A.U.E. des Pays de la Loire.
3
4
39 - Réhabilitation de l’abbaye, Nieul-sur-l’Autise (85)
SO MMAIR E
Bois & Développement durable..................................................................... p.07 Bois & Architectures................................................................................... p.13 Bois & Structures....................................................................................... p.19 Bois & Vêtures.......................................................................................... p.25 Bois & Techniques.. .................................................................................... p.31 Bois & Ambiances..................................................................................... p.37 Bois & Matières........................................................................................ p.45 Bois & Couleurs........................................................................................ p.51 Bois & Paysages....................................................................................... p.57 Annexes.................................................................................................. p.62
5
6
FORÊT DU GÂVRE, Photographe : Bernard RENOUX
BOIS & DÉVELOPPEMENT DURABLE Le bois est un matériau par essence écologique, mais sa contribution au développement durable de notre planète va bien au-delà de cette évidence. Dans les pays industriels, comme dans les régions en voie de développement, son utilisation a des implications sociales, économiques et culturelles, qui s’appuient sur des traditions séculaires. Matériau de construction des hommes de la préhistoire, le bois a donné lieu à une extraordinaire diversité dans les interprétations architecturales et les solutions constructives, de l’empilement de rondins taillés au silex aux structures raffinées des églises en bois debout norvégiennes
ou des pagodes chinoises. Si la fabrication mécanisée du clou fut un pas décisif dans l’évolution des structures en bois, le 20 e siècle fut surtout marqué par l’essor des produits dérivés : lamellé-collé, contreplaqués de parement ou de structure ; panneaux à base de particules, de fibres ou de lamelles orientées. Ces produits de haute technologie, qui valorisent des essences de faible qualité ou des sous-produits de scierie, permettent au bois de dépasser les limites dimensionnelles et mécaniques imposées par l’arbre et lui confèrent les caractéristiques d’un matériau industriel, sans lui ôter les qualités d’une matière vivante.
7
Le bois, matériau renouvelable et sain Pour garantir à long terme la santé et le confort de nos enfants, il est indispensable de préserver les écosystèmes et économiser les matières premières encore disponibles. Cet objectif passe par la maîtrise de la qualité environnementale des constructions et amène à considérer les nuisances liées à chaque phase du cycle de vie d’un bâtiment : production des matériaux, mise en œuvre, fonctionnement et maintenance, chantier de démolition et élimination des déchets. Une construction dont l’ossature, l’agencement et le bardage sont en bois mobilise peu de matière et d’énergie. Le matériau de base est une ressource naturelle renouvelable ; la pollution de l’eau, de l’air et du sol est très faible. L’emploi du bois répond également aux aspirations des usagers à une plus grande qualité de vie dans leur logement et leur cadre de travail : air sain à l’humidité naturellement régulée, surfaces douces et chaudes au toucher, confort thermique. La légèreté du bois facilite une mise en œuvre sans gros engins, limitant bruits et poussières pendant le chantier ; la préfabrication en atelier réduit le montage du clos-couvert à quelques jours. Les déchets peuvent être recyclés, brûlés en produisant de l’énergie ou biologiquement dégradés. L’alternative écologique à certains traitements nocifs du bois réside
8
dans le choix d’essences naturellement durables et dans la protection constructive des bois au niveau de la conception et de la mise en œuvre. Il s’agit de réduire au minimum indispensable la quantité de bois à traiter.
Une forêt durablement gérée La forêt française est gérée depuis 50 ans selon les principes du développement durable : la récolte de bois reste inférieure à la production biologique, la capacité d’accroissement est maintenue pour le futur et l’exploitation tient compte des critères de diversité biologique et génétique. Le volume sur pied (1,8 milliard de m 3) s’accroît d’environ 80 millions de m 3 par an, grâce aux peuplements forestiers plantés depuis 1946 (essentiellement des résineux et surtout du douglas), et cette progression va connaître une forte augmentation dans les années qui viennent. Mais le volume récolté chaque année représente à peine les 2/3 de l’accroissement biologique. Notre pays dispose donc d’un potentiel de bois très important qui doit absolument être exploité pour que les forêts jouent leur rôle de poumon vert. Au cours de leur croissance, les arbres assimilent et fixent le carbone et libèrent de l’oxygène, grâce à la fonction chlorophyllienne. Lorsque la forêt n’est pas exploitée et que l’arbre se décompose sur place, le carbone est rejeté dans
l’atmosphère sous forme de CO 2. L’emploi du bois est donc un moyen efficace pour lutter contre l’accroissement de l’effet de serre, qui est dû principalement à l’augmentation du taux de CO 2 : 1 tonne de bois mise en œuvre dans le bâtiment, c’est environ 1,6 tonne de CO 2 en moins. Si le bois est brûlé en fin de cycle, le gaz carbonique stocké par l’arbre repart dans l’atmosphère. On peut alors considérer que le bilan du bois vis-àvis du réchauffement global est nul, alors que celui des autres matériaux de construction (métal, béton, verre et matières plastiques) est positif, puisque leur production et leur recyclage, qui nécessitent beaucoup d’énergie, dégagent une quantité importante de CO 2.
Penser globalement, agir localement La forêt couvre environ 30 % du territoire français, avec un taux de boisement variant de 10 % dans le Nord, en Normandie et en Bretagne à plus de 35 % en Auvergne, en Lorraine, en Alsace et en Provence, voire à 63 % dans les Landes. Il est possible de trouver des bois locaux, dont l’utilisation stimule l’économie régionale et limite les transports, donc la pollution. De plus, « l’emploi de matériaux locaux est source de fierté », comme le souligne l’architecte stéphanois Yves Perret, qui s’engage depuis plus de 20 ans au service d’une architecture bioclimatique, en ins-
taurant un vrai partenariat avec les artisans. Donner la préférence à la production nationale, à performances égales, ne signifie pas le boycott des bois d’importation, qui peuvent présenter des avantages spécifiques. Dans ce domaine, il serait plus « équitable » d’aider les pays qui disposent de forêts tropicales à les gérer durablement et à investir dans un outil industriel (scieries, chaînes de production de panneaux) pour qu’ils profitent de la valeur ajoutée générée par leurs propres ressources.
Le bois, moteur économique Les activités de la filière bois française sont comparables à celles de l’industrie automobile ; elle mobilise environ 450 000 personnes, de l’exploitation forestière à l’industrie du papier. Le bâtiment est le premier marché du bois : il consomme 65 % des sciages nationaux, voire 80 % des sciages de résineux. La part du bois dans le marché des matériaux de construction, environ 10 %, reste cependant marginale. Renforcer la filière bois est un enjeu politique. L’objectif est de conserver, voire de créer des emplois dans des régions rurales, souvent situées dans des zones montagneuses difficiles d’accès et peu attractives pour la plupart des activités industrielles. L’implantation de scieries, de producteurs de panneaux ou d’entreprises de
9
charpente et de menuiserie à proximité de la matière première préserve l’équilibre social d’une région et dynamise son économie, comme le prouve l’exemple du Vorarlberg, ce petit Land autrichien dont la remarquable architecture contemporaine en bois attire chaque année des milliers de professionnels du monde entier.
Agir avant qu’il soit trop tard Actuellement, les pays « riches » représentent moins de 25 % de la population mondiale, mais utilisent plus de 75 % des ressources. Sur une planète à la démographie galopante (1,5 milliard en 1900, 6 milliards en 2000), où il faudra à l’horizon 2050 nourrir et loger 9 milliards d’habitants, les matières premières (gaz, pétrole, minerais) s’amenuisent avec une rapidité alarmante. Le bois, ressource renouvelable, est donc le matériau de construction privilégié du développement durable. Lors de la Conférence européenne réunie à Helsinki en juin 1993, plusieurs domaines d’action ont été définis pour concrétiser les engagements pris au Sommet de Rio : gestion durable du patrimoine forestier, réduction des gaspillages dans l’exploitation du bois, valorisation énergétique de la biomasse et, en priorité, développement de l’emploi du bois dans la construction.
10
La démarche environnementale, un état d’esprit Au-delà des données quantifiables, le bois symbolise mieux que tout autre matériau l’Esprit du développement durable. D’abord parce que tous les acteurs de la filière, du sylviculteur au charpentier, ont un rapport étroit, presque sensuel, avec la nature, et sont donc particulièrement sensibles à sa préservation ; mais aussi parce que ces professions exigent un savoir-faire qui valorise le travail de l’Homme et lui donne envie de partager ses connaissances. L’exemple du Vorarlberg, basé sur une étroite collaboration entre maîtres d’ouvrage, concepteurs et artisans, illustre de manière très motivante tous les avantages que l’on peut tirer de la démarche environnementale sur le plan humain, écologique et économique. La coopération entre les hommes n’est que le reflet de celle qui doit exister entre les matériaux : ce qui est écologique, ce n’est pas d’employer un maximum de bois, mais de mettre en œuvre la juste quantité du bon matériau au bon endroit. La mise en commun des compétences est l’âme du développement durable.
Dominique Gauzin-Müller
06 - Relais nature, Pornichet (44)
11
32 - Espace museal, Malicorne-sur-Sarthe (72) 42 - Entreprise Piveteau, Sainte-Florence (85)
12
BOIS & ARCHITECTURES Depuis que l’homme construit, ses expérimentations se situent à la rencontre de ce dont il dispose, de ce qu’il peut en faire, et de ce qu’il sait en faire. Autant que des usages sociaux, les formes des premiers habitats sont donc nées des matériaux et des savoir-faire disponibles. Au cours des évolutions de l’architecture, les liens entre la matière et la forme se feront progressivement de plus en plus complexes. On gardera par exemple, dans le dessin ou la structure de certains édifices en pierre de l’Antiquité grecque, la mémoire des constructions en bois qui les avaient précédés. On accompagnera plus tard la définition des « styles » architecturaux du choix préférentiel, culturel, de telle technique ou de tel matériau. L’utilisation du bois, dans le monde entier, est une des bases de cette culture de la construction et de la création d’espaces. Mieux encore que la pierre, le bois permit par exemple dès le XIIe siècle d’élever vers le ciel la silhouette élancée des églises norvégiennes en « bois debout », dont certaines charpentes s’organisent autour d’un pilier central. Dans les villes du XVe siècle, c’est le savoir-faire des charpentiers qui autorisa les encorbellements des maisons à colombages. Plus près de nous, l’inventivité de l’architecture balnéaire doit beaucoup aux bois des débords
13
de charpente, des loggias et des bow-window, des menuiseries et des décors sculptés et peints. Pourtant, là où la pierre était disponible, la construction « en dur » pris l’ascendant, reléguant le bois aux charpentes et aux constructions annexes, ateliers ou granges rurales. En Pays de la Loire comme dans d’autres régions, on distingua le durable, le lourd, l’immuable, du provisoire, du léger, de l’utilitaire. Et cette hiérarchie séculaire perdure dans nos mémoires. La rupture opérée par le mouvement moderne des années 20 imposa le béton et le verre comme matières mêmes de l’architecture, à peine soulignés de fins profils d’acier. Le bois ne joua plus qu’un rôle secondaire, réfugié au plus près de l’humain,
dans les intérieurs où sa chaleur et ses courbes compensaient certaines rigueurs conceptuelles. En France notamment, l’industrialisation des composants de l’architecture acheva de cantonner le bois aux éléments jugés esthétiquement secondaires, comme les contreplaqués, les portes isoplanes ou les charpentes en fermettes agrafées. Mais les trois dernières décennies ont vu naître un désir profond de rendre au cadre de vie un équilibre qui semblait rompu. Avec la redécouverte des notions de milieux écologiques ou de paysage, avec un nouveau regard porté sur les architectures du monde rural et sur les savoir-faire anciens, le bois a repris une place majeure dans notre imaginaire et dans nos manières de construire. Heureusement pour l’architecture, car la nostalgie n’est jamais créatrice en soi, ce retour de l’utilisation du bois s’accompagne aujourd’hui de nombreuses évolutions esthétiques et techniques, pour le choix des essences comme pour leur traitement ou leur coloration, pour les possibilités d’assemblages ou de préfabrication, pour les mixités d’usage avec les métaux, les résines, la pierre ou le béton. On redécouvre aujourd’hui les qualités d’un matériau à part entière, riche d’une adaptabilité technique sans pareille et d’une dimension culturelle forte, liée aux images patrimoniales, symboliques et écologiques dont il est porteur. CB
37 - Ateliers Loiseau, Chantonnay (85)
14
23 - Salle de Loisirs, Vivy (49)
15
31
10
16
08
Photographe : Stéphane CHALMEAU
12
27 08 - Maison individuelle, Nantes (44) 10 - Extension d’une maison individuelle, Saint-Herblain (44) 12 - Maison du sel, Guérande (44) 24 - MAPA, Liré (49) 27 - Maisons individuelles, Simplé (53) 31 - Maison individuelle, La Brulatte (53) 24
17
CNDB
18
CNDB
BOIS & STRUCTURES Le bois porte en lui ses propres logiques physiques, constructives, économiques. Il remplit de multiples fonctions. La structure n’est pas la moindre d’entre elles. La transformation du matériau bois en élément structurel relève de modes de production aussi bien artisanaux qu’industriels. L’un des intérêts du bois utilisé en structure étant qu’il est possible de s’affranchir de son utilisation exclusive, en l’associant au métal, à la pierre, au béton. Le bois est peu à peu réintroduit structurellement dans l’architecture contemporaine. Son utilisation relève de la tradition et de la nature, mais il va bien au-delà, car il permet une gradation d’échelle et une conception actuelle de l’espace. Nombre de réalisations récentes s’écartent d’ailleurs des clichés traditionalistes du bois et, dans ce cas, la construction n’est plus dictée par la seule recherche des formes, mais par une utilisation sobre et logique du matériau.
19
Une bonne connaissance de la charpente et des mécaniques, une exploitation du rationalisme de la construction, le choix des assemblages, la complémentarité des matériaux, peuvent donner aux architectures une légèreté spatiale que l’on attribue plus souvent à des constructions métalliques. Dans ce cas, ne sommes-nous pas dans des logiques comparables ? L’optimisation statique et constructive des éléments, le choix de dimensions favorables au transport, la préfabrication totale ou partielle, la durée extrêmement courte des temps de montage permettent d’aboutir à des systèmes de construction particulièrement économiques et flexibles. En outre, la diversité des structures réalisables avec le bois est étonnante : colombages, poteaux, poutres, construction en plate-forme, halles, dômes, etc. L’expression des structures est importante, et parfois l’ordre structurel raconte d’autres discours que celui de la construction. La structure ne doit pas être définie par sa seule fonction « porteuse », elle doit parler avec le matériau qui l’anime. Le bois peut ici apporter des réponses. Bien connaître le matériau avec ses particularismes est nécessaire. C’est pourquoi une relation étroite et anticipée entre l’architecte, l’ingénieur, et le praticien, est indispensable pour trouver les réponses que le bois est prêt à nous offrir. JYR.
20
École supÊrieure du bois, Nantes (44)
21
CNDB
22 19
18
01
Photographe : Willy BERRE
07
CNDB 01 - Bibliothèque municipale, Anetz (44) 07 - Maison des îles, Rezé (44) 18 - Atelier communal, Blaison Gohier (49) 19 - Groupe scolaire Adrien Tigeot, Angers (49) 40 - Maison individuelle, Sainte-Florence (85).
40
23
39 - Réhabilitation de l’abbaye, Nieul-sur-l’Autise (85)
24
15 - Hôtel d’entreprises « Le Carré », Couëron (44
BOIS
&
VÊTURES
Le vêtement humain et le revêtement architectural ont en commun de couvrir pour un triple but : masquer, protéger et parer. Le verbe parer étant ici à comprendre dans ses deux sens, celui d’offrir une défense - un parement comme celui d’apporter un décor - une parure. Le mot vêture, dans sa consonance même, est à la rencontre de ces différentes notions. Constituées d’éléments jointifs ou non, de planches ou de tasseaux posés bord à bord ou à recouvrement, verticalement ou horizontalement, ou de panneaux préfabriqués, les vêtures de bois offrent à l’architecture d’infinies possibilités. Elles savent se faire épaisses et opaques, telles un lourd manteau isolant des attaques extérieures, ou s’aérer, se distendre en réseaux filtrant la lumière solaire, et laissant le regard traverser une paroi ou un bâtiment tout entier. Elles savent isoler du froid et de la chaleur, se faire étanche aux climats extérieurs, ou laisser couler entre leurs éléments le flux rafraîchissant des brises d’été. Elles savent se tendre en peaux lisses et brillantes, se rétracter en épidermes mats et rugueux, se structurer parfois en lignes géométriques d’ombres et de
25
30 - Maison de Pays de Loiron, Loiron (53)
26
lumières, donnant aux parois une profondeur et une vie changeantes. Elles savent prendre toutes les teintes, celles naturelles des essences brunes, beiges, oranges ou rouges, celles des bois grisant sous l’action du temps et de la lumière, celles infinies des peintures, celles transparentes des lasures, celles maritimes et fluviales des goudrons noirs. Elles savent obéir au dessin des façades et s’enrouler en limite des portes et des fenêtres, ou filer devant les ouvertures, les loggias, les vues, sans interrompre leur rythme propre, imposant la régularité de leur géométrie aux élévations devenues surfaces. Elles savent être fixes, comme parties prenantes d’un gros-œuvre immobile, ou basculer soudain, coulisser, s’ouvrir en volets, auvents, portes ou fenêtres, pare-soleil… Elles savent clore le volume d’un bâtiment, comme une limite clairement visible entre intérieur et extérieur, ou le prolonger en gardecorps ou en acrotères invisibles, en platelages de terrasses ou de cheminements extérieurs, en auvents protecteurs de nouveaux espaces frontières. Elles savent rassurer, en faisant parfois référence aux essentages irréguliers des pignons de granges, ou surprendre, présenter les technologies les plus récentes de préfabrication, de fixation, de traitement de surface, de coloration. Les vêtures de bois peuvent être beaucoup de choses différentes. Il suffit de le leur demander. CB
22 - Salle de tennis, Soulaines-sur-Aubance (49)
27
18
13 12 - Maison du sel, GuÊrande (44) 13 - Bâtiment de la presse, Nantes (44) 18 - Atelier communal, Blaison-Gohier (49) 25 - Maison individuelle, Champ-sur-Layon (49) 33 - Maison des associations, La Flèche (72)
28
33
25 12
29
Photographe : Stéphane CHALMEAU
Photographe : Willy BERRE
CNDB
30 CNDB
BOIS & TECHNIQUES Bois : un mot d’une syllabe, qui cache tout un monde de contes de fées et de merveilles. Cette phrase de l’homme d’Etat allemand Théodor Heuss peut nous emmener rapidement vers la poésie du matériau et de son monde originel, la forêt, en nous écartant d’un élément essentiel pour sa transformation : le choix technique. Rappeler l’importance du matériau bois dans l’architecture de tous les pays et de toutes les époques est évidemment inutile. Bien que peu enraciné dans notre tradition constructive, à l’inverse de certains pays, le bois trouve une nouvelle actualité à travers l’évolution récente des techniques : techniques de collage ou d’assemblage, recherches et applications sur de nouvelles transformations du matériau originel à des fins structurelles, logiciels de calculs et de conception en relation avec des machines à commande numérique qui permettent d’optimiser le bois dans son intégralité et dans sa forme initiales… Le matériau ancestral, grâce à tous ces environnements parallèles, est plus que jamais prêt à répondre aux volontés des architectes et des ingénieurs. Il reste à convaincre certains maîtres d’ouvrage
31
intéressés qui, paradoxalement et par manque d’information, restent sur une vision traditionnelle du matériau. De l’utilisation originelle et traditionnelle, non perturbée jusqu’aux années soixante, ont émergé des techniques et des technologies diverses, apportant à l’usage du bois tout un lot de possibilités constructives : le lamellé-collé, qui sort de son image de poutre monoxyle pour retrouver les plaisirs de la forme en tous sens, de la triangulation ou de l’adjonction d’autres matières qui le rendent plus performant ; le lamibois qui, à partir de plateaux de déroulage de pin collé et scarfé en grandes dimensions et grosses épaisseurs, permet toutes les structures courbes ou droites ; le parallam, bois reconstitué permettant d’obtenir de fortes sections et de grandes longueurs ;
CNDB
32
le bois massif abouté, bois reconstitué à partir d’éléments massifs définissant des « barres » longues et sans défaut. On n’oubliera pas les poutres en I, si légères, et les lourds panneaux de bois massifs contrecollés, capables de constituer des pré-dalles ou des murs préfabriqués avec une excellente résistance au feu. On n’oubliera pas non plus les panneaux de toutes natures, de grandes dimensions et devenant structurants. Tout ceci doit se connecter, s’assembler. L’assemblage est une vieille tradition des hommes du bois. Tenons, queues d’aronde, enfourchements, plaques, boulons, goussets, broches, sont autant de formes aux appellations poétiques ou techniques qui permettent de réunir les éléments de bois ou des matériaux différents, en décuplant les performances de chacun d’eux. Apparente, l’attache est le symbole de la lisibilité de la structure, cachée, elle allège les lignes. S’assembler, c’est aussi, à travers les techniques requises, ce que doivent faire les hommes du bois pour accomplir l’œuvre finale : construire. Pensons à cette maxime de Saint-Exupéry pour magnifier leurs métiers : « La pierre n’a pas d’autres espoirs que de rester pierre, mais en s’assemblant elle devient temple ». Le matériau n’a pas d’importance, c’est la finalité qui prédomine. JYR
CNDB
33
CNDB
CNDB
16
34
CNDB
CNDB
CNDB 16 - Maison individuelle, La Plaine-sur-Mer (44)
CNDB
35
24 - MAPA, LirĂŠ (49)
36
28 - Bâtiment agricole, Saint-Michel-de-Feins (53)
BOIS & AMBIANCES Il n’est pas de matériau moins neutre que le bois dans son rapport à l’espace habité, et notamment par ses apports aux volumes intérieurs. Une pièce aux parois revêtues de bois éveille en chacun de nous des sensations diverses, imprégnées peut-être de la nostalgie des abris primitifs, huttes salvatrices des premiers hommes ou cabanes éphémères et ludiques de l’enfance. Plus sûrement, les images récurrentes de certains types d’habitats peuvent colorer notre regard et, surtout, modifier notre perception des qualités d’un espace, en y associant par exemple la chaleur refuge des chalets de montagne, les idées de liberté et de nature attachées aux maisons américaines, le sentiment de sérénité et d’équilibre graphique que procure l’habitat traditionnel japonais… Les boiseries moulurées des maisons de maîtres ou les parquets cirés des salons bourgeois, mais aussi les cloisons de planches des chambres de campagne ou les bois vernis des cabines de bateaux, sont aussi des images fortes, vécues ou aperçues, admirées parfois. Ces références diverses déclinent toutes les utilisations du bois, de la plus humble manière au raffinement le plus grand, depuis le simple empilement de rondins ou le pauvre
37
peuplier en planches jusqu’au chêne panneauté ou à l’acajou le plus précieux. Et toutes ces images hissent le bois au sommet de la hiérarchie culturelle des matériaux « nobles ». Ces associations d’idées, le plus souvent inconscientes, peuvent devenir des citations directes, lorsque les architectes font par exemple appel à des formes et à des techniques inspirées de l’habitat japonais (17 et 25 p42) ou de l’architecture agricole (39 p39). À cette imprégnation culturelle s’ajoutent les qualités propres du bois, qui suffisent à donner aux ambiances intérieures telle ou telle qualité particulière. Ses propriétés isolantes, par exemple, et donc la sensation ressentie au contact d’un lambris ou d’un parquet, ont cette aptitude. Nul ne sait si « toucher du bois » porte vraiment bonheur, mais il est un fait que le bois n’est pas
seulement agréable à l’œil. Le fait même d’avoir à le cirer, par exemple, ne s’apparente-t-il pas autant à un geste affectif qu’à un acte de strict entretien ? L’ouïe est directement concernée par l’usage du bois, puisque les qualités de ce matériau procurent aux volumes boisés une acoustique particulière, sans réverbération, apaisante. Le son même des pas sur une terrasse ou une coursive de bois peut évoquer les vacances ou le pont des bateaux, le mouvement, l’ailleurs… Concernant le regard, la mise en œuvre du matériau peut générer des ambiances spécifiques, des ouvertures visuelles, des qualités de filtration de lumière, par le seul dessin d’une charpente restée apparente (4), le simple espacement des lattes d’une coursive (9 p41), la légèreté d’un bardage agricole (28 p40). Enfin, l’infinie variété des teintes et des matières, due au choix des essences comme à celui des colorations ou des finitions, concourt évidemment à cette richesse des « ambiances bois ». Le bois offre ainsi aux concepteurs une palette diversifiée d’outils techniques et sensitifs, au service de la création d’ambiances traditionnelles ou inédites. En témoigne le traitement du bâtiment d’entrée de l’abbaye de Nieul-sur-l’Autise (39), avec le « détournement » d’usage d’une technique traditionnelle et sa confrontation sereine avec des formes contemporaines en verre et métal. CB
05 - Salle de danse, Saint-Sébastien-sur-Loire (44)
38
39 - Réhabilitation de l’abbaye, Nieul-sur-l’Autise (85)
39
Photographe : Philippe RUAULT
28
20
04
40
20
29 04 - Maison individuelle, Le Pallet (44) 09 - Maison individuelle, Nantes (44) 20 - Centre de formation des apprentis, Angers (49) 28 - B창timent agricole, Saint-Michel-de-Feins (53) 29 - Halte fluviale, Laval (53) 09
41
40
17
42
25
16 - Maison individuelle, La Plaine-sur-Mer (44) 17 - Maison individuelle, Saint-Michel-Chef-Chef (44) 25 - Maison individuelle, Champ-sur-Layon (49) 40 - Maison individuelle, Sainte-Florence (85). 43 - Sanitaires et chaufferie de la salle des fĂŞtes, Les Landes-Genusson (85)
43
25
16
43
CNDB
44
CNDB
BOIS
&
MATIÈRES
Les matières que montrent les bois sont de deux ordres : celui de la biologie et celui de la technique. Chaque essence de bois, et à l’intérieur d’elle-même chaque pièce de bois, possède en effet sa matière propre, organique. Elle est le souvenir matérialisé de la vie de l’arbre, de sa croissance, du climat qui l’a vu naître comme de sa prédisposition génétique à prendre telle ou telle structure ligneuse, et donc tel ou tel veinage, telle ou telle teinte, telle ou telle dureté, telle ou telle homogénéité. Les veinages graphiques de certains résineux, les nuances douces des fruitiers, les contrastes de teintes des chênes, les rouges flamboyants de certains exotiques, sont autant d’exemples de ces variations. La découpe même du bois mettra en valeur ou masquera certains aspects de cette matière, selon le sens de la coupe et selon l’emplacement de la pièce dans le tronc de l’arbre : bois de fil ou bois de bout, cœur ou aubier, nœuds, courbures du veinage, etc. À l’intérieur d’une même essence, le bois pourra ainsi présenter des matières très variées, que l’on pourra pour de seules raisons esthétiques assembler en
45
nuances contrastées ou réunir en surfaces homogènes. Leurs imperfections, nœuds ou irrégularités, pourront être supprimées ou contribuer au jeu de matières souhaité. Mais la matière des revêtements de bois est aussi celle que l’on donne au matériau et à l’architecture, par la finition comme par la méthode de pose que l’on choisit. Une même essence de bois pourra ainsi produire des effets très différents, selon que l’on décidera de raboter, de poncer et de traiter sa surface, jusqu’à la rendre lisse et brillante, toutes ses teintes et veines rendues lisibles, ou de la laisser irrégulière et mate, brute, modeste. Pour des raisons d’adhérence ou d’acoustique,
par exemple, les surfaces de bois pourront être rainurées, percées, et offrir ainsi des matières nouvelles, à la fois techniques et esthétiques. Le choix des produits de finition permettra de figer cet aspect originel, ou de le laisser évoluer sous l’action du climat et du temps. De la même façon, la méthode utilisée pour assembler les éléments de bois influera directement sur la matière même de l’architecture, sur les jeux d’ombres et de lumières, sur l’épaisseur ou la légèreté apparente des volumes construits, sur le caractère stable ou changeant de leur aspect extérieur. Ce sont ici par exemple le calepinage des éléments de bois, lames ou panneaux, le traitement de leurs limites et de leurs espacements, de leurs joints et de leurs éventuels recouvrements, qui permettront le jeu des matières. Le bois, comme autrefois les parements de pierre et parfois les surfaces de béton ou d’enduit, permet la création de matières variées, traditionnelles ou neuves, dont toutes les possibilités n’ont peut-être pas encore été exploitées dans l’architecture contemporaine. C’est en s’offrant comme matière vivante à l’architecture que le bois peut légitimement prétendre à la qualification de matériau noble. CB
CNDB
46
CNDB
47
Photographe : Willy BERRE
CNDB
08 Photographe : Willy BERRE
09 08 - Maison individuelle, Nantes (44) 09 - Maison individuelle, Nantes (44) 18 - Atelier communal, Blaison-Gohier (49) 29 - Halte fluviale, Laval (53)
CNDB
48
CNDB
29
18
CNDB
49
35 - Maison individuelle, VancĂŠ (72)
50
35 - Maison individuelle, VancĂŠ (72)
BOIS & COULEURS Longtemps, le bois d’œuvre fut laissé tel qu’il était lors de son débit en poutres et en planches. Les teintes naturelles, sous l’action des rayonnements solaires et lunaires comme sous celle des intempéries, grisaient plus ou moins vite, selon l’essence de bois dont on disposait à proximité. Les architectures rurales ont longtemps conservé ces habitudes, ainsi que celle de passer le bois au goudron, pour le protéger du pourrissement et des parasites. Les portes des granges, les volets et les bardages de planches passaient ainsi doucement de leur teinte d’origine ou de la couleur noire jusqu’au gris clair. Ce vieillissement naturel des bois fut ainsi la règle, pendant des siècles. Il est pourtant souvent considéré aujourd’hui comme la marque d’un manque d’entretien ou, pire, comme un défaut inhérent à l’utilisation des revêtements de bois. Si les colombages des maisons de ville et les charpentes des églises reçurent dès le Moyen-Âge des peintures et des badigeons aux teintes vives, il fallut attendre le vingtième siècle pour que l’usage des peintu-
51
res se démocratise réellement, et pour que les nuances disponibles se diversifient. Les goûts et les modes, mais aussi les cultures régionales (avec la disponibilité plus ou moins grande de certains pigments), ont fait varier l’emploi des couleurs. En Pays de la Loire, les colorations sont restées sobres, depuis les simples volets gris-bleu des maisons ligériennes jusqu’aux rouges sang-de-bœuf des portes d’église ou des communs de châteaux, en passant par le noir profond des ateliers d’artisans, des abris ferroviaires ou des salorges guérandaises.
24 - MAPA, Liré (49)
52
Les évolutions techniques permettent aujourd’hui de colorer les bois selon des nuanciers toujours plus précis, qu’il s’agisse de peintures ou de lasures. Des produits sophistiqués permettent à la fois de traiter le bois et de le colorer, et l’architecture contemporaine peut dorénavant s’émanciper de ses pratiques anciennes. Ce qui n’empêche pas les concepteurs de citer des références colorées, avec le noir de la nouvelle Maison du sel de Guérande (12), le bleu balnéaire des cabines de plage de Saint-Gilles-Croix-de-Vie (38) ou le bois grisé de certains bâtiments d’exploitations agricoles. Dans le cas de l’habitat, où les références architecturales se font parfois plus lointaines, et pour certains bardages de locaux industriels, les couleurs se font plus vives, plus libres, quand ce n’est pas le ton même du bois choisi qui est mis en valeur. CB
14 - Immeuble de bureaux, Ch창teaubriant (44)
53
42
38
11
54
26
11 - Logements collectifs Village Saint-Lupien, RezĂŠ (44) 23 - Salle de loisirs, Vivy (49) 26 - Logements collectifs, Laval (53) 27 - Maisons individuelles, SimplĂŠ (53) 36 - Services techniques, Les Herbiers (85) 38 - Cabines de plage, Saint-Gilles-Croix-de-Vie (85) 42 - Entreprise Piveteau, Sainte-Florence (85)
36
23
27
55
41 - AmĂŠnagement de bord de mer, La Barre-de-Monts (85) 29 - Halte fluviale, Laval (53)
56
BOIS & PAYSAGES Le concept de paysage est avant tout une notion culturelle, un regard porté sur un territoire auquel chacun de nous associe des images esthétiques, et notamment picturales. Nous percevons les éléments présents dans ce paysage, constructions ou infrastructures, végétaux ou matières, formes ou couleurs, comme autant de signes valorisants ou perturbateurs. Dans cette construction mentale qui nous fait aimer (ou non) les paysages que nous traversons, le bois joue un rôle important, presque toujours positif, en ce qu’il nous renvoie à des images patrimoniales, naturelles, enfantines. Dans les paysages ruraux, le bois est la marque de fabrique des granges, des portails, des clôtures, des cabanes de jardins... Il est directement lié, dans notre imaginaire autant que dans la réalité, aux arbres qui ponctuent l’espace rural, aux forêts, aux réserves de bois. Les grands volumes des nouvelles exploitations agricoles semblent ainsi s’intégrer sans heurts, à condition qu’ils soient au moins revêtus de bois. Une implantation contemporaine comme la maison de retraite de Savennières (24) semble posséder une légitimité toute naturelle, en ce qu’elle compose à elle seule, grâce à la pierre et au bois, un paysage de murs, de bardages et de jardins clos.
57
Dans les marais salants de la côte atlantique, les volumes bardés de noir des greniers à sel nous sont devenus familiers, et la présence des longues halles sombres de la Maison du sel de Guérande (12) nous semble ainsi tout à fait normale. Au bord de la mer, les structures entrecroisées des jetées et des quais, les bateaux, les architectures balnéaires, sont autant de références d’architectures et d’infrastructures en bois, qui nous permettent d’apprécier la promenade sur les platelages des nouveaux aménagements côtiers. Ces notions de ponts, de passerelle, de passages en bois, s’expriment aujourd’hui dans des aménagements qui nous paraissent légers, réversibles, comme implantés pour une durée déterminée dans des paysages que nous voudrions voir inviolés. À lui seul, leur matériau semble parfois combler notre besoin d’évasion, alors que leur réalisation en béton nous les ferait considérer comme une agression envers les paysages qu’ils traversent. La passerelle qui court au long de la vallée de l’Erdre (3) joue aussi de ce registre. Visuellement très présente, elle nous semble pourtant marquer une forme de non-ingérence dans un paysage fait d’eau, de terre et d’arbres. CB
41 - Aménagement de bord de mer, La Barre-de-Monts (85)
58
03 - Passerelle sur l’Erdre, Nantes (44)
59
21
41
60
02
28
02 - Péniche Lola, Nantes (44) 21 - Maison de retraite, Savennières (49) 28 - Bâtiment agricole, Saint-Michel-de-Feins (53) 34 - Bâtiment agricole, Piacé (72) 41 - Aménagement de bord de mer, La Barre de Monts (85)
34
61
[01] - Bibliothèque municipale Anetz (44) MÉNARD Xavier (arch.)
[02] - Péniche Lola
Nantes (44) SALMON Jean-François (arch.) classe B.C.E. : 3
[03] - Passerelle sur l’Erdre
Nantes (44) Service des espaces verts de Nantes entreprises : DODIN (pieux), S.L.E.
[04] - MAISON INDIVIDUELLE
Le Pallet (44) BAZANTAY Michel et GASTÉ Sylvain (arch.) entreprise : TRILLOT constructions classe B.C.E. : 2
[05] - Salle de danse
Saint-Sébastien-sur-Loire (44) ROULLEAU Michel et PUAUD Claude (arch.)
[06] - Relais nature
Pornichet (44) GIMBERT Joël (arch.) entreprise : LEDUC
[07] - Maison des îles Rezé (44) ATHÉNA (arch.) entreprise : LEDUC classe B.C.E. : 3
[08] - Maison individuelle Nantes (44) AD HOC Architecture (arch.) entreprise : MILLET
[09] - Maison individuelle
Nantes (44) IN SITU Architecture et Environnement (arch.)
62
[10] - extension d’une Maison individuelle Saint-Herblain (44) A2 Architecture (arch.) entreprise : MCR classe B.C.E. : 3
[11] - Logements collectifs Village St-Lupien Rezé (44) ATHÉNA (arch.)
[12] - Maison du sel
Guérande (44) ROULLEAU Michel et PUAUD Claude (arch.) entreprise : ICE Bois classe B.C.E. : 3
[13] - Bâtiment de la presse
Nantes (44) ROULLEAU Michel et PUAUD Claude (arch.) entreprise : CRUARD classe B.C.E. : 3
[14] - Immeuble de bureaux Châteaubriant (44) HAUMONT-RATTIER (arch.)
[15] - Hôtel d’entreprises « Le Carré » Couëron (44) COUSIN Jean-Luc (arch.)
[16] - Maison individuelle La Plaine-sur-Mer (44) MARTIAL Philippe (arch.) entreprise bois : RENOUX classe B.C.E. : 1
[17] - Maison individuelle Saint-Michel-Chef-Chef (44) BRARD Dominique (arch.)
[18] - ATELIER COMMUNAL
Blaison-Gohier (49) GASTEBOIS Sylvain et PIERRÈS Jérôme (arch.) classe B.C.E. : 3
[19] - Groupe scolaire Adrien Tigeot
Angers (49) LEBRETON H., de COQUEREAUMONT A. et P. (arch.) charpente, ossature et menuiserie bois : entreprise VINCENT classe B.C.E. : 2
[20] - Centre de formation des apprentis
Angers (49) LEBRETON Hervé et de COQUEREAUMONT Anne et Pierre (arch.) structure et parement bois : entreprise COPPET classe B.C.E. : 3
[21] - Maison de retraite
Savennières (49) PAPPAS Georges (arch.) et BASTIDE Jean-Pierre (arch.) pour la direction des travaux
[22] - Salle de tennis
Soulaines-sur-Aubance (49) COUSIN Jean-Luc et DUQUOC Bruno (arch.) charpente bois : entreprise PARCHARD couverture, étanchéité, bardage : SOTEBA classe B.C.E. : 0
[23] - Salle de Loisirs
Vivy (49) COUSIN Jean-Luc (arch.) charpente et bardage bois : entreprise BOUSSIQUET classe B.C.E. : 3
[24] - MAPA (Maison d’Accueil pour Personnes Âgées) Liré (49) ROULLEAU Michel (arch.) charpente et bardage bois : entreprise BRÉHÉRET
[25] - Maison individuelle Champ-sur-Layon (49) RIAUX-BERNARD Léna (arch.) entreprise : THOMASSON
[26] - logements collectifs
[27] - Maisons individuelles
Simplé (53) COLBOC Jean-Baptiste (arch.) entreprise : CRUARD classe B.C.E. : 3
[28] - Bâtiment agricole Saint-Michel-de-Feins (53) Mr MAURICE
[29] - Halte fluviale
Laval (53) ELIE (Ville de Laval, Services techniques)
[30] - Maison de Pays de Loiron Loiron (53) HAUMONT-RATTIER (arch.)
[31] - Maison individuelle
La Brulatte (53) BOISSEAU Laurent (arch.) entreprise : CRUARD classe B.C.E. : 3
[32] - Espace musÉal
Malicorne-sur-Sarthe (72) BAPST Caroline, PANTZ Bruno et BON François (arch.)
[33] - Maison des associations La Flèche (72) SCHEFFER Pascal (arch.) classe B.C.E. : 3
[34] - Bâtiment agricole
Piacé (72) RIGOLAGE Christophe (arch.) SICA Vendée
[35] - Maison individuelle
Vancé (72) Pièces Montées (Fabienne PAUMIER) entreprise bois : CHARPENTE CÉNOMANE
Laval (53) VAN TREEK (arch.)
63
[36] - SERVICES TECHNIQUES
Les Herbiers (85) GUICHETEAU Jean-René (arch.) entreprise : CHARPENTIER André classe B.C.E. : 3
[37] - ATELIERS LOISEAU
Chantonnay (85) CHABREYRON (arch.) entreprise : LOISEAU Menuiseries
[38] - CABINES DE PLAGE
Saint-Gilles-Croix-de-Vie (85) TURPIN et KOLAN (arch.) entreprise : SA BONNIN CHARBONNEAU
[39] - RÉHABILITATION DE L’ABBAYE Nieul-sur-l’Autise (85) TETRARC (arch.) entreprise : FERIGNAC
[40] - MAISON INDIVIDUELLE Sainte-Florence (85) ARCHI GRAPH (arch.) classe B.C.E. : 3
[41] - Aménagement de bord de mer
La Barre-de-Monts (85) Sylvie Blanchet (arch.) b.e.t. JAGUENAUD entreprise bois : SA BONNIN CHARBONNEAU
[42] - Entreprise Piveteau
Sainte-Florence (85) SA DURAND MÉNARD THIBAULT (arch.) entreprise bois : GO ELIE Laurent charpentes : FOURNIER
[43] - Sanitaires et chaufferie de la salle des fêtes Les Landes-Genusson (85) LUCAS-BERTRAND Annie et BERTRAND Jean-François (arch.) classe B.C.E. : 2
[CNDB] - photographies du Comité National pour le Développement du Bois
64
LES CLASSES B.C.E. (Bois-Construction-Environnement) La capacité du bois à stocker le carbone et à éliminer le dioxyde de carbone (CO2) a conduit le législateur à souhaiter faire progresser la part de ce matériau dans la construction. Afin d’inciter les maîtres d’ouvrage à s’inscrire dans cet objectif, un décret en cours d’élaboration prévoit un affichage du volume de bois utilisé dans un ouvrage et ceci selon une méthode de calcul simple, adaptée aux différentes catégories d’ouvrages. Une étude du marché de la construction a permis de mesurer le taux moyen de pénétration du bois dans 12 typologies d’ouvrages et de définir 3 seuils permettant d’identifier 3 classes : • classe 1 : le volume de bois utilisé dans un ouvrage est compris entre le volume moyen constaté dans une typologie et + 25 % par rapport à cette moyenne, • classe 2 : le volume de bois utilisé est situé entre + 25 % et + 100 % par rapport à cette moyenne, • classe 3 : le volume de bois est supérieur à 100 % par rapport à cette moyenne. Le ratio est mesuré en dm3 de bois/m2 de SHON (surface hors-œuvre nette d’un bâtiment). À titre d’illustration, le bois est aujourd’hui beaucoup plus utilisé dans une maison individuelle que dans un hôpital. Le seuil de la classe 1 sera ainsi de 60 dm3/m2 de SHON pour une maison individuelle et de 25 dm3/m2 de SHON pour un hôpital. Un maître d’ouvrage peut ainsi, lors de la programmation de son projet, indiquer dans quelle classe il souhaite situer son bâtiment afin que le maître d’œuvre prenne en compte cette volonté lors de la conception de l’ouvrage. Pour que cette procédure soit simple à gérer, une méthode de calcul forfaitaire par ratios a été établie à partir d’une étude sur la consommation moyenne de bois par élément d’ouvrage (planchers, murs, menuiseries, etc.). Vous pouvez retrouver ces 43 projets parmi ceux présentés dans le référentiel bois du site www.atlanbois.com
« Le caractère prioritaire qui s’attache au développement de l’usage du bois dans la construction est reconnu pour les motifs suivants : - Le bois est un matériau renouvelable. - Le bois consomme peu d’énergie pour sa production et sa transformation industrielle. - Le bois contribue à la réduction de l’effet de serre en stockant durablement dans les constructions le gaz carbonique absorbé par les forêts. - Le bois et la forêt contribuent à l’équilibre économique et paysager du territoire, du fait de la sylviculture et des activités qui en découlent. » Extrait de l’engagement contenu dans l’accord cadre « Bois-Construction-Environnement » signé entre l’Etat et les principales organisations professionnelles le 28 mars 2001.
Cet ouvrage est édité avec le concours financier du : • Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation, de la Pêche et des Affaires Rurales : Direction Régionale de l’Agriculture et de la Forêt des Pays de la Loire, Service Régional de l’Environnement, de la Forêt et des Affaires Rurales, • Ministère de l’Equipement, du Logement, des Transports, du Tourisme et de la Mer : Direction Régionale de l’Equipement des Pays de la Loire, • Conseil Régional des Pays de la Loire.
ISBN : 2-9517444-1-2 Copyright photos : sauf mention contraire, Marc de Tienda pour Atlanbois
Financé par la Draf des Pays de la Loire
La notion de développement durable est aujourd’hui une préoccupation dont nul ne conteste plus l’importance. En architecture comme dans beaucoup d’autres secteurs d’activités, sa traduction dans la réalité des pratiques suppose une connaissance des enjeux et un engagement sans faille de tous les acteurs. Dans le domaine de la construction, l’utilisation du bois, matériau entièrement renouvelable, apporte des réponses environnementales concrètes, notamment en matière de lutte contre l’effet de serre. À cette dimension s’ajoutent les qualités esthétiques, techniques, économiques, mais aussi symboliques, d’un matériau qui est l’une des bases de notre culture de la construction et de la création d’espaces. Grâce aux constantes évolutions des techniques et des savoir-faire qui lui sont liés, le bois accompagne aujourd’hui la créativité contemporaine. Il retrouve une place majeure dans l’art de bâtir et dans les paysages urbains et ruraux. Les auteurs de cet ouvrage abordent les différents apports du bois à l’architecture et à l’aménagement, dans une optique de développement durable, et illustrent leur propos par la présentation de 43 édifices publics et privés récemment réalisés dans les cinq départements de la région des Pays de la Loire.
10 €