Renouvellement urbain

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urbain

Renouvellement

La lettre d’information du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de Loire-Atlantique 1

Le développement intensif de l’urbanisation des communes est une des principales conséquences de cette croissance qui, par ailleurs, atteste du dynamisme et de l’attrait renforcé de notre département.

Décembre 2013

Le département de Loire-Atlantique est confronté depuis une vingtaine d’années à une forte et constante progression de la population sur ses territoires urbains et ruraux.

Après de longues décennies d’urbanisation principalement vouées à l’étalement, le renouvellement urbain des centres-bourgs et des centres-villes appelle aujourd’hui une actualisation des pratiques et le partage d’une culture nouvelle de l’aménagement et du développement local. Faire le choix de prioriser le confortement des espaces construits existants, en prenant en considération toutes les composantes sociales, économiques et architecturales du territoire participe, à n’en pas douter, d’une vision raisonnée et adaptée du développement urbain et du cadre de vie. Le CAUE de Loire-Atlantique, qui accompagne et conseille les collectivités dans ces domaines, a souhaité, par l’intermédiaire de cette lettre d’information, faire le point sur la question du renouvellement urbain. Son contenu propose, notamment, de mieux comprendre en quoi celui-ci participe autant de la limitation de la consommation de l’espace naturel et agricole que d’une réponse appropriée aux aspirations des populations locales à mieux vivre ensemble. Philippe GROSVALET Président du Conseil général de Loire-Atlantique Président du CAUE de Loire-Atlantique

Éditorial.............................................p. 1 L’émergence de nouveaux enjeux........ p.2 Renouvellement urbain et requalification des centres-bourgs.......p. 3 L’habitat social, un catalyseur pour le renouveau urbain....................p. 4 Renforcer la centralité d’un bourg l’exemple de La Chapelle-Heulin.........p. 5 L’intervention du professionnel de l’urbanisme..................................p. 6 Questions urbaines, réponses architecturales............p. 6 à 17 BIMBY or not BIMBY ?........................p. 9 Le renouvellement urbain diffus le risque du « coup par coup ».......... p. 10 Une friche n’est pas un vide Éloge du « déjà là ».......................... p. 12 Urbanité et espaces publics............. p.14 Bibliographie.................................. p. 19 Actualités du CAUE......................... p. 20

Photo ci-dessus : COMMUNE DES TOUCHES - Rue du Maquis Maîtrise d’ouvrage : Harmonie Habitat - 2013 Maîtrise d’œuvre : Agence Urbanmakers, architectes à Nantes « À proximité immédiate du centre-bourg, ce projet de logements fait écho aux bâtiments anciens du village des Touches : les toitures sont marquées, saillantes et sombres. Poursuivant la logique de densification du village, les nouvelles architectures s’intègrent avec discrétion, cherchent l’évidence formelle. Le projet compose avec la contradiction contemporaine propre aux villages, dont l’accroissement urbain ne doit pas supprimer l’authenticité qui fait la valeur des lieux. Destiné au locatif social, les 27 logements du programme s’organisent en quatre immeubles de logements intermédiaires et individuels groupés. Les bâtiments se caractérisent par leurs silhouettes à pignons, dans l’évocation contemporaine des « longères ». Les façades puisent dans les tonalités naturelles, les matières s’agencent avec sobriété et épaisseur, soulignée par des fenêtres dont l’encadrement est coloré. » - Texte Agence Urbanmakers.


Renouvellement urbain… DOSSIER :

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Brétignolles-sur-Mer (85) - Le nouveau quartier des Halles - Agence Magnum architectes-urbanistes, Nantes ; Sophie Blanchet architecte-urbaniste, La Rochelle - 2013.

L’émergence de

nouveaux enjeux

Le renouvellement urbain, bien qu’il appartienne à l’histoire de l’évolution des villes depuis toujours, n’a pourtant, étymologiquement parlant, qu’une quinzaine d’années d’existence. Si nous plaçons le curseur de l’histoire au Moyen-Âge, où le développement urbain ne put s’envisager qu’à l’intérieur de fortifications, ce n’est qu’à compter du XVIIIe siècle que les grandes percées urbaines et les plans d’alignement virent le jour en France. Ces derniers ne connurent pourtant, dans les faits, une véritable application opérationnelle qu’à compter du XIXe siècle, avec la planification urbaine d’opérations de démolition-reconstruction, notamment à Paris sous l’ère du préfet Haussmann. Le XXe siècle procura, par le biais de ses deux grands conflits, un triste mais consistant potentiel de reconstruction de la ville sur elle-même, à l’appui de procédures de renouvellement basées sur des approches et des visions différentes. Ainsi la Charte d’Athènes, rédigée en 1933, s’inscrivit-elle en rupture avec les reconstructions à l’identique d’après la guerre 14-18, en impulsant, après 1945, un urbanisme résolument moderne dans ses formes et dans ses échelles. De son côté, le législateur ne s’est concrètement emparé de ces questions de rénovation urbaine qu’à partir de 1958, au travers du Code de l’urbanisme, et surtout en 1967 avec le vote de la toute première loi dite d’« Orientation Foncière », confortant avant tout l’intervention volontaire de la puissance publique dans le domaine de l’urbanisme opérationnel (acquisition/démolition/ reconstruction des centres urbains). À compter des années 1970, le système, jusqu’alors très binaire, de démolition-reconstruction cède le pas à des interventions plus respectueuses du patrimoine architectural et urbain, et mieux adaptées au confort et à la pérennité d’occupation de ses habitants (opérations Habitat et Vie Sociale…). Puis, l’urbanisme de renouvellement glisse de plus en plus de l’implicite vers l’imposé. La « Loi d’orientation sur la ville » exige ainsi en 1991 la prise en compte de la mixité sociale dans les communes et initie, par ailleurs, la politique des Grands Projets de Ville, à l’appui de documents de référence devant afficher les objectifs politiques, économiques, sociaux et culturels d’une ville à l’horizon de 15 à 20 ans.

L’action étatique va ensuite progressivement se « sociologiser » jusqu’à la fin du millénaire, l’urbanisme se décentraliser, et les politiques publiques s’ouvrir à une plus grande pluralité d’acteurs, laissant ainsi aux collectivités territoriales et à leurs élus l’essentiel des responsabilités programmatiques et opérationnelles des questions urbaines. C’est finalement au tout début des années 2000, notamment au travers de la Loi SRU (Loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains) que les notions de reconstruction de la ville sur la ville et de renouvellement urbain apparaissent formellement dans une vision partagée de renouveau économique, de cohésion sociale et de limitation de la consommation de l’espace. Les outils se précisent également. De nouveaux documents d’urbanisme voient le jour (SCOT, PLU…), ayant vocation à mieux définir les projets de développement urbain en favorisant les réflexions sur le tissu bâti existant. En 2003, l’ambitieux programme national, issu de la « Loi d’orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine » et visant à réhabiliter 530 quartiers à l’échéance de 2013, se fait épauler techniquement et financièrement par l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU) spécifiquement créée à cet effet. Aujourd’hui, le renouvellement urbain n’est pas l’apanage des grandes villes et agglomérations. Toutes les échelles urbaines, jusqu’aux plus petites communes, doivent s’emparer du sujet pour forger une nouvelle identité urbaine locale où mixité de l’habitat, réinvestissement des espaces publics et accès aux fonctions élémentaires d’une vie citadine sont optimisés ou rétablis. De la parcelle à l’îlot, de la friche au quartier, chaque « potentiel » urbain inexploité, inutilisé, doit être identifié, diagnostiqué et mis en perspective dans le projet global d’urbanisme. Alors, peut-être, tendrons-nous, collectivement, à modifier en profondeur et durablement les dynamiques sociales et spatiales des villes et des bourgs contemporains.


Renouvellement urbain et

requalification des centres-bourgs Au début de Émile ou de l’éducation, Jacques Rousseau écrit « les hommes ne sont point faits pour être entassés en fourmilières mais épars sur la terre qu’ils doivent cultiver. Plus ils se rassemblent, plus ils se corrompent » (1762, Paris, Garnier, 1876, p. 34). Voilà bien la signature d’une urbaphobie qui légende l’une des tendances de l’urbanisation contemporaine dont les pouvoirs publics cherchent, au-moins dans les discours, à tourner la page en renouant avec les vertus des villes existantes et de leurs urbanités. S’il est bien question aujourd’hui de refaire la ville sur elle-même, cela vaut-il pour les petites communes, qui se trouvent aujourd’hui dans un ensemble qui dépasse largement leur morphologie et qui prend de plus en plus le nom de périurbanisation ?

Il est utile de débroussailler les deux notions volontairement associées dans le titre (la conjonction de coordination devant toujours être interrogée). D’un côté, le renouvellement urbain renvoie aujourd’hui plutôt à une visée partagée par les grandes villes de retravailler sur les tissus urbains existants, de reconquérir des espaces plus ou moins délaissés, qu’il s’agisse de friches industrielles, commerciales parfois ou d’opportunités foncières, pour redévelopper une centralité par exemple (on songe bien sûr ici au cas de Nantes, mais l’extension de la centralité est aussi à l’œuvre à Bordeaux, Lyon, Marseille…). C’est sûrement la loi SRU (Solidarité et Renouvellement Urbain) de 2000 qui a entériné cette orientation en la complétant par des enjeux de solidarité à l’échelle des agglomérations. D’un autre côté, la requalification des centres-bourgs renvoie à des réalités que l’on localise plutôt en secteur rural, avec une problématique de redynamisation commerciale la plupart du temps, dans un contexte de perte d’attraction tendancielle de ce que furent de véritables centres de proximité jusque dans les années 1960. Des programmes résidentiels sont aujourd’hui expérimentés avec de petits collectifs observables

dans des centres-bourgs de la banlieue proche des grandes agglomérations comme des territoires plus éloignés des grands centres. On assiste donc à une généralisation de programmes de densification, qui prennent des formes variées mais tendent à atténuer le fond d’une opposition ville / campagne qui a longtemps été structurante de la vision des territoires (en particulier dans l’Ouest de la France). Subsiste toutefois la force d’un modèle de bourg dans la région, la toponymie « centre-bourg » pour des villes de plus de 20.000 habitants (de Vertou à Saint-Herblain en passant par Orvault, pour parler de la région nantaise) étant largement le témoin de cette réalité. Si l’on parle tout de même du « centre-ville » d’Ancenis, bien des pratiques qui s’y déploient renvoient toutefois à ce qui se passe dans un centre-bourg : tonalité du marché hebdomadaire, des bars et cafés... L’urbanisation des cinquante dernières années a largement tourné le dos aux petites villes et à leurs sociabilités, à mesure que les modes de vie ruraux

s’estompaient à grande vitesse. Qualifiée à juste titre d’ère de la sectorisation (l’expression est de David Mangin), elle a mené à des juxtapositions souvent étonnantes : modernité d’un supermarché en entrée de ville, vieillissement accentué d’un patrimoine bâti hérité du XIXe siècle, développement « d’escalopes foncières » permettant de suivre les modes architecturales ainsi que les procédés constructifs des constructeurs de maisons individuelles, standardisation d’aires récréatives et sportives… Si on observe des velléités de transformation de cette donne, elles ne sont pas toujours à la hauteur : des « cheminements doux » sont créés sur une infime partie d’un territoire ou encore une piste cyclable se montre sur une portion non articulée au réseau départemental… La question du devenir des centresbourgs pose celle de l’hybridation de l’héritage de formes spécifiques avec les pratiques contemporaines de la ville, dans une structuration de plus en plus polycentrique des agglomérations. Cela ne va pas de soi : il est toujours plus facile pour les acteurs économiques de repartir d’un terrain à lotir, sans occupation

Au cœur même de certains bourgs, des délaissés agricoles ou artisanaux offrent aujourd’hui d’intéressantes opportunités de réécriture urbaine.

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Renouvellement urbain… DOSSIER :

Pour des communes comme La Chapelle-sur-Erdre, l’appartenance à une aire urbaine métropolitaine, et par ailleurs le passage de la ligne tram-train Nantes-Châteaubriant, sont le ferment de réflexions sur le renouvellement urbain.

préalable, et c’est vrai aussi bien pour les investisseurs commerciaux que pour les autres acteurs de l’immobilier. Les références habitantes dans les territoires moins urbanisés ne cadrent pas souvent avec des logements plus petits sur des parcelles plus contraintes et l’argument patrimonial se trouve bien souvent relégué après ceux liés à la fonctionnalité. Le défi est donc de taille et, pour peu que la conjoncture économique se fasse moins favorable, les programmes peuvent rester en suspens. C’est ce que l’on observe par exemple en ce moment à Saint-André-des-Eaux dans le cadre d’une audacieuse ZAC multisites partant à la reconquête de la centralité héritée.

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La remise en selle de cette notion, dans des acceptions opérationnelles, mérite que l’on s’y arrête. Si l’on peut, dans l’histoire de la ville, différencier différentes époques et une polarisation variable, disons que deux types de centralité ne fonctionnent pas au même stimulus. La centralité d’attraction est clairement commerciale et sa localisation dépend principalement d’une géographie de l’accessibilité qui a fortement changé avec la généralisation de l’automobile. La centralité d’organisation renvoie quant à elle davantage à une fonction politique qui vise à incarner un lieu depuis lequel un territoire est organisé. Il s’agit aujourd’hui d’assurer par exemple une présence de services publics dans

les centres-bourgs, de réaménager les abords de la mairie en déployant un minimum d’espaces publics de qualité. On voit bien, à cette occasion, l’enjeu d’un couplage avec la centralité d’attraction. En milieu rural, c’est devenu souvent une condition de maintien de tel ou tel service, éventuellement assuré par un acteur privé. C’est bien aussi à cette condition que telle ou telle place réaménagée peut être fréquentée. À la fois l’enjeu de « reconstruire la ville sur elle-même » (fut-elle petite et dégradée depuis plusieurs décennies) et celui de mieux lire les territoires sub- et périurbains incitent à réviser le décorum des centres-bourgs afin d’éviter le pastiche ou l’ersatz. Il arrive toutefois qu’une autre tendance vienne contrer cette nécessité : certains aménagements touristiques peuvent forcer le trait des attributs d’un terroir, d’un clocher, d’un village. Cette tendance relaie alors une idéologie assez localiste qui consiste à souligner une identité territoriale constituée cependant à une autre époque . En contournant cette tendance, il s’agit bien d’inventer des associations programmatiques : si l’on pense la plupart du temps aux liens entre commerce, services publics et résidences, on peut ajouter l’enjeu de la culture, qu’elle se décline par l’équipement ou par des pratiques moins stables – que l’on songe au cinéma itinérant par exemple.

L’habitat social

plupart des opérations de renouvellement urbain réalisées ou projetées. Et ceci, même quand sont exprimés des besoins en commerces, en équipements publics, en cheminements nouveaux, en réhabilitation de quartiers délaissés ou déqualifiés.

La thématique du logement social nourrit de nombreuses réflexions, au niveau des administrations et des collectivités locales, chez les organismes bailleurs et les concepteurs comme au sein des écoles d’architecture. L’expression des typologies bâties et des cellules de logements s’y montre particulièrement inventive, depuis de nombreuses décennies. L’habitat social a fourni beaucoup de modèles urbains et architecturaux. En témoignent les publications et expositions conçues notamment à l’occasion du centenaire de la Loi Bonnevay de 1913, et beaucoup de réalisations de logements collectifs, comme la Maison Radieuse, semi-collectifs comme les cités-jardins, ou individuels.

L’application de la Loi SRU et des quotas qu’elle fixe en matière de logements sociaux, tout autant que les volontés publiques de répondre à la demande sociale et de favoriser la diversité des populations et des générations, notamment par le retour de l’habitat social dans les centres, conduisent donc à placer au cœur des projets la réalisation de logements sociaux, collectifs ou individuels, en accession ou en location.

Or, la création de logements, en particulier sociaux, est au cœur de la thématique de la

Christophe BOUCHER Architecte au CAUE de Loire-Atlantique

un catalyseur pour le renouveau urbain

L’habitat social, ainsi, constitue souvent la « matière » même du renouvellement urbain, dans ses qualités bâties comme dans ses dimensions économiques et sociales.

Renouvellement et requalification sont des notions en « re » qui sont souvent mobilisées pour contrer des processus en « dé » (démembrement, déqualification…). Réparation, remédiation, régénération vont ainsi dans le même sens qui, si on le prend au sérieux, relève d’un tout autre horizon que celui de l’édification de nouveaux quartiers ex nihilo qu’ont représenté quantité de lotissements de différentes générations, y compris certains éco-quartiers dans la période la plus récente. A cet égard, le défi est de vraiment faire avec l’existant, en évitant les dérives fréquentes d’un patrimoine prétexte, du façadisme, et dans un impératif d’action évitant le « devenir-ruine » de certains espaces anciennement lieux de confluence, et progressivement désertés au détriment des contournements routiers accompagnés de leurs différents programmes directement branchés sur le réseau circulant. Facile à dire, le faire réclame sûrement des transformations à la fois dans les modalités de construire, dans les filières de la production spatiale et dans les manières d’impliquer des acteurs ressources du territoire.

Laurent DEVISME Enseignant-Chercheur, Directeur du laboratoire LAUA, École nationale supérieure d’architecture de Nantes.

Ensemble Callao conçu dans le cadre de la requalification du quartier du Petit Maroc à Saint-Nazaire. Maîtrise d’ouvrage : Silène Maîtrise d’œuvre : Reichen et Robert & associés, architectes mandataires - Platform Architectures, architectes associés - 2009


Renforcer

la centralité

d’un bourg l’exemple de La Chapelle-Heulin

Entretien avec Sophie ERRANTE, députée-maire de La Chapelle-Heulin La Chapelle-Heulin, commune du vignoble nantais, compte un peu plus de 3 000 habitants. En 2010, ses élus ont mené avec le CAUE de Loire-Atlantique une réflexion globale sur le centre-bourg, en préalable à une étude de programmation urbaine réalisée par l’Atelier Sites et Projets, architectes-urbanistes et paysagistes, et l’agence 7 Lieux, paysagistes. Quels sont les principaux éléments qui, en tant qu’élue, vous ont amenée à mettre en place une réflexion de fond sur le renouvellement urbain de votre commune ? Sophie ERRANTE : C’est tout d’abord le constat d’un manque quasiment « historique » de qualité du cadre de vie sur La Chapelle-Heulin, qu’il était devenu indispensable de traiter. J’ai souhaité, avec mon équipe municipale, conforter un véritable cœur de bourg, qui souffre cruellement d’un manque d’identité urbaine, en grande partie lié au fait qu’il se trouve à la croisée de deux routes départementales très fréquentées. Par ailleurs, la progression importante de la population risquait de nous confiner dans une situation de « commune dortoir ». C’est pourquoi, dans le cadre de cette réflexion sur le devenir du centre-bourg, nous avons essayé d’appréhender sa reconquête à partir de l’ensemble des enjeux économiques et sociaux qui se présentaient devant nous. À ce titre, le Plan Local d’Urbanisme, engagé au deuxième semestre 2008, avait déjà mis en lumière le besoin d’amélioration des pratiques quotidiennes des habitants pour accompagner le développement communal. Comme nous le pressentions, le renforcement de l’accessibilité des commerces, l’amélioration de l’usage des espaces publics et le confortement de l’habitat au centre du bourg étaient devenus des priorités incontournables. Quelle approche méthodologique avez-vous opérée avec les acteurs principaux ? (partenaires institutionnels, commission d’élus, professionnels …). S.E : Tout d’abord le choix de renforcer la centralité du bourg, qui a émergé du PLU, a fait l’objet d’une position unanime, y compris au niveau des organismes publics associés. Ce fut un excellent point de départ qui a entraîné dans son sillage l’adhésion de la population au Projet d’Aménagement et de Développement Durable du PLU. Cet enchaînement a également facilité la mise en place d’une Déclaration d’Utilité Publique sur le centre du bourg, outil efficace mais sensible dans le contexte d’une restructuration très volontaire du tissu urbain existant. L’accompagnement du CAUE avait, à cette époque, été également déterminant pour nous conforter dans la conduite stratégique et technique de notre projet de renouvellement urbain. La compréhension globale des enjeux, la vision d’ensemble du projet, la gestion du temps pour la mise en place opérationnelle des réalisations ont également été des éléments essentiels qu’il a fallu partager avec l’équipe municipale, dans un premier temps, et communiquer, ensuite, à la population.

Esquisse, document Atelier Sites et Projets, architectes-urbanistes à Montaigu.

Les phases de concertation publique avec les commerçants ont également été déterminantes dans le processus d’acceptation du projet. À l’appui des chambres consulaires de commerce et des metiers, et du bureau d’études que nous avons retenu, nous avons ainsi pu, tous ensemble, construire le socle d’une programmation urbaine adaptée aux besoins contemporains de la vie sociale et économique de notre commune. Dans le cheminement du processus évoqué, nous avons choisi une équipe pluridisciplinaire d’urbanistes, l’Atelier Sites et Projets et un aménageur, la SELA. Chacun, dans ses prérogatives et missions, va désormais pouvoir nous apporter des précisions concrètes sur les besoins quantitatifs et typologiques en matière d’habitat, d’une part, et, d’autre part, esquisser des réponses architecturales et urbaines de qualité. Je précise, enfin, que le logement social prendra également une part significative au programme des réalisations prévues en centre-bourg, en réponse à des besoins identifiés et destinés à maintenir une mixité de population au sein d’un cadre de vie agréable et convivial. Que diriez-vous des principaux écueils rencontrés dans la mise en place d’un tel projet ? S.E : Le premier est certainement la question du foncier. Même si la commune est en partie propriétaire des espaces concernés par le projet urbain, il me semble que c’est un point important à prendre en considération très en amont, afin d’y impulser les démarches et outils appropriés qui minimiseront les risques de blocage en phase opérationnelle. Enfin, sans parler nécessairement d’écueil, ce projet ambitieux d’urbanisme nous a obligé à faire certains choix au regard de nos finances communales. Ainsi, le projet de salle polyvalente qui était en cours de réflexion et programmé a été différé dans sa réalisation. Cela fait partie de notre rôle d’élu de gérer et de prioriser les investissements. À ce titre, la réflexion globale occasionnée par ce long et fastidieux projet de renouvellement urbain nous aura permis d’éclairer notre vision stratégique à moyen et long terme sur l’aménagement raisonné et adapté du territoire de La Chapelle-Heulin. Propos recueillis par Vincent Degrotte Directeur du CAUE de Loire-Atlantique

Vues d’étude, document Atelier Sites et Projets, architectes-urbanistes à Montaigu.

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Renouvellement urbain… DOSSIER :

L’intervention du

professionnel de l’urbanisme Entretien avec Patrick KERMARREC, architecte-urbaniste à Nantes

Quelle serait votre définition du renouvellement urbain ? Patrick Kermarrec : S’il s’agit souvent pour les grandes villes de « reconstruire la ville sur elle-même », par démolition et reconstruction, ce processus coûte trop cher pour les communes petites et moyennes, qui ne disposent pas d’un marché suffisamment porteur ou de financement ad hoc. Dans ces communes, la densification qui est associée au renouvellement urbain se manifeste néanmoins de deux façons : -- par la division parcellaire privée, qui est un phénomène qui prend de l’importance, et qui inquiète de plus en plus les communes car elles ne disposent pas toujours des moyens réglementaires pour maîtriser ce phénomène. La particularité de ces petites ou moyennes communes est que cette densification dans le diffus peut se faire aussi bien dans les hameaux que dans le bourg. D’ailleurs, dans le cadre du Master 2 « Villes et terri-

toires », nous encadrons actuellement un groupe d’étudiants géographes, architectes et juristes qui travaillent à mettre en place une méthodologie concernant les divisions parcellaires privées, étude commandée par la DDTM et ayant pour objet une commune rurale du Pays de Retz. -- par l’urbanisation d’espaces « libres » à l’intérieur du bourg, comme des stades, des jardins, de grandes parcelles non bâties… Néanmoins, du renouvellement urbain peut exister à l’intérieur des bourgs à l’occasion de la fermeture de certaines institutions ou équipements : anciens couvents, équipements obsolètes, ateliers ou petites industries, qu’il s’agisse de démolition-reconstruction ou de restructuration par changement d’affectation. Plus fondamentalement, pour les communes rurales, petites ou moyennes, avec lesquelles nous travaillons, je dirais que le renouvellement urbain consiste en une « mise à l’échelle » des bourgs subissant les effets de la métropolisation (accueil de nouvelles populations,

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nouvelles infrastructures, équipements et services nouveaux…). Les nouvelles constructions continuent en effet à s’implanter en grande partie par extension, plus mesurée peut-être que par le passé, et induisent une modification du fonctionnement global du bourg ou de la petite ville : l’élargissement de la notion de centre-bourg implique alors une redistribution des commerces, des services et équipements, des relations nouvelles entre les équipements et l’habitation, de nouvelles limites dues en particulier aux infrastructures, de nouvelles relations entre les espaces naturels ou agricoles et les espaces construits dans lesquels ils se trouvent de plus en plus intégrés. Toutes ces modifications induisent un fonctionnement et un sens nouveaux au bourg ou à la petite ville, qu’il s’agit de comprendre et rendre plus lisible. Il s’agit donc de dépasser la seule densification, qui sous-tend souvent la notion de renouvellement urbain, pour parler du fonctionnement général de la ville. D’ailleurs, souvent, le renouvellement urbain ne fait que « mettre à jour », reconnaître un existant qui a subi beaucoup d’évolutions ponctuelles par opportunités, que redonner un sens à cette évolution et chercher à encadrer les évolutions futures.

Plan d’aménagement d’un nouveau quartier, étude intermédiaire. Document agence Patrick Kermarrec.

Il faut enfin nuancer le « re » du mot « renouvellement », ne pas penser que l’on fera table rase de la ville existante pour bâtir une toute nouvelle morphologie. Toute intervention ne devrait être réfléchie que comme « modification » d’un état existant.

Questions urbaines

réponses architecturales Le renouvellement urbain n’est ni un dogme, ni une révolution, ni une régression. Il est, à partir d’une prise de conscience globale de l’expansion des territoires habités, une nouvelle attitude, une nouvelle attention portée aux sites déjà urbanisés, une nouvelle volonté de (re)créer dans les villes et les bourgs des lieux de vie, denses peut-être, mais agréables à vivre, reliés à leur contexte, et où se mêlent les générations, les niveaux de vie, les activités. La nécessité de densifier les espaces et de prendre en compte l’existant est, pour l’architecture, source de contraintes mais, depuis longtemps déjà, les architectes ont su jouer de ces limitations, s’y adosser, pour concevoir un habitat adapté à son époque, riche de diversités et de qualités d’usage, où la qualité de l’espace, des matériaux, des abords, s’offre en compensation au rapprochement des voisinages. Le XXIe siècle doit donc, inéluctablement, sortir des seuls modèles de la seconde moitié du XXe, ceux de la maison individuelle implantée au milieu de sa grande parcelle de pelouse ou de l’appartement normalisé infiniment répété dans des

tours ou des barres d’immeubles. Quels que soient les échelles de projet, la nature des programmes ou le vocabulaire architectural utilisé, le renouvellement urbain doit amener à l’essentiel, qui reste une économie de consommation d’espaces, une limitation des voiries, des réseaux, des déplacements automobiles, des coûts et des temps de transports. Il s’agit de redonner du sens au mot de « centralité », au plaisir d’habiter « en ville » (qu’il s’agisse de métropoles ou de bourgs) où se croisent les âges et les différences, où se mêlent petits et grands logements, où l’espace public offre une qualité de sérénité, de revêtements de sol et de végétation, où les services et les commerces sont proches, où l’image des lieux de vie est celle de l’équilibre entre des témoins patrimoniaux préservés et de nouvelles écritures architecturales. A cette vaste ambition, l’architecture est, pour ce qui la concerne, capable d’apporter des réponses concrètes, comme en témoigne les onze réalisations suivantes.

Questions urbaines, rép


Pour quels types d’interventions êtesvous sollicité dans le cadre d’une commande de projet de renouvellement urbain porté par une collectivité territoriale ? PK : Il s’agit souvent d’études prospectives, sans véritable cadre réglementaire, même si ces études peuvent déboucher ensuite sur de l’urbanisme réglementaire. Ces commandes peuvent avoir des échelles et des problématiques très variées. Il peut s’agir d’étude de développement et de renouvellement urbain de la zone agglomérée du bourg, mais la caractéristique des communes petites et moyennes est que la réflexion doit articuler le devenir du bourg au reste de son territoire et de ses hameaux. D’ailleurs, j’ai constaté à plusieurs reprises que nous aboutissions souvent à un projet qui proposait de mettre en place, entre le bourg et les hameaux ou écarts du reste de la commune, une urbanisation secondaire permettant de valoriser l’ensemble du territoire, en particulier par rapport à sa géographie, aux implantations historiques ou aux infrastructures qui le parcourent. Le modèle centralisateur, à toutes les échelles, étant très fort dans notre pays, ces propositions font l’objet de débats intenses. Nous avons aussi pu travailler sur un espace de 450 hectares touchant la rocade de Rennes, en bord de la Vilaine, dont l’occupation progressive (par de nombreuses fonctions sportives, éducatives, événementielles, industrielles, commerciales, d’extraction de matériaux…) avait commencé de gommer l’origine agricole paysanne. Le projet a consisté, entre autres, à accepter toute cette complexité et à créer des liens entre toutes les fonctions, en particulier par une « agriculture urbaine » qui puisse faire le lien entre toutes ces fonctions ainsi qu’avec les Rennais. Nous travaillons actuellement, à partir d’un projet de lotissement privé, à faire prendre en compte une mutualisation possible des voies, des stationnements, des espaces verts… Le simple positionnement d’une nouvelle voie en périphérie du lotissement prévu, afin de permettre la densification par division de grandes parcelles déjà bâties sur cette périphérie, nécessite toute une ingénierie sur les procédures à adopter pour rendre possible cette option. Nous sommes aussi en phase de candidature pour une mission de diagnostic et de réhabilitation d’une zone pavillonnaire en Mayenne, regroupant des lotissements des années 60 à 90. Il s’agit de voir l’évolution possible de cet ensemble d’un point de vue sociologique, urbain, économique, environnemental, dont la

Schéma axonométrique de l’implantation de logements sur l’ancien jardin du presbytère de Bouvron ; commune dont Patrick Kermarrec est architecte-conseil (voir fiche de l’opération page 13). Document agence Garo-Boixel architectes à Nantes.

Simulations de l’impact du projet d’implantation de logements dans l’ancien jardin du presbytère de Bouvron (voir fiche de l’opération page 13). Document agence Garo-Boixel architectes à Nantes.

thermique du bâti. Beaucoup de zones pavillonnaires construites dans les dernières décennies vont être amenées certainement à poser la question de leur renouvellement urbain. Un vaste chantier pour le futur ! Y a-t-il, depuis notamment la mise en application de la loi SRU, des évolutions dans les interventions et les pratiques des professionnels de l’urbanisme ? PK : La notion d’économie d’espace est certainement la notion la plus reprise et défendue par les élus, tout simplement parce qu’elle répond à des contraintes économiques de plus en plus fortes : coût du foncier, des réseaux, etc. Elle a d’ailleurs un effet pervers, car elle a tendance à augmenter le coût du m2 et à ne pas suffisamment prendre en compte les autres paramètres de la (non)-densification : perméabilisation des sols, perte de biodiversité par diminution du couvert végétal à l’intérieur des zones bâties, etc. La densification, par elle-même, ne remet pas en question et peut d’ailleurs accentuer l’erreur mortelle de toute opération d’aménagement : faire du remplissage, c’est-à-dire n’avoir aucune retenue par rapport à l’existant, qu’il s’agisse du ter-

Photographie : Patrick MIARA

NANTES - Cours des Arts et Halle de la Madeleine

55 logements, locaux professionnels, passage couvert, cour plantée Rues des Olivettes et Pelisson jusqu’à la Chaussée de la Madeleine - 2011 Maîtrise d’ouvrage : Lamotte Constructeur M. d’œuvre : In Situ Architecture & Environnement, architectes-urbanistes et Phytolab, paysagistes - Nantes

rain d’implantation comme du contexte. Les lotissements en sont l’exemple le plus évident. Et pourtant, c’est dans cette retenue par rapport au remplissage qu’un espace, conceptuel d’abord, puis construit ensuite, peut s’élaborer et donner un sens collectif à toute opération d’aménagement. Comme toujours, la prise en compte d’un seul paramètre, d’un modèle appliqué sans prise en compte des singularités et sans réflexion véritablement contextuelle, peut créer plus de dégâts qu’elle pense en réparer.

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Deux éléments nouveaux ont également amené les élus et tous les acteurs de l’aménagement à prendre en compte une vision plus globale et plus transversale de toute réflexion d’aménagement : la mixité sociale, par la nécessité de logements sociaux, et les problèmes liés à l’eau. En effet, au contact de leur population, les élus perçoivent très bien la crise du logement, et ils sont également confrontés aux contraintes liées à l’eau : zones humides, loi Littoral, nappes phréatiques, assainissement… Ils doivent intégrer ces données à leurs projets d’aménagement, certains élus cherchant d’ailleurs à transformer ces contraintes en atout.

Le quartier Madeleine-Champ de Mars est parcouru de venelles et de rues étroites. Les immeubles d’habitation, les maisons, les équipements publics y côtoient d’anciens ateliers et entrepôts, dans un patchwork de styles, de matériaux et de formes. L’insertion de ce programme mixte s’est faite selon plusieurs modes : remplacement d’un édifice sur rue par un immeuble de logements et de locaux professionnels, implantation en cœur d’îlot de locaux d’activités et d’un autre immeuble d’habitation, transformation d’une halle en passage couvert bordé de locaux tertiaires, réhabilitation d’un entrepôt en agence d’architecture. L’ensemble du bâti respecte l’organisation ancienne des voies publiques, et entoure une cour végétalisée, reliée aux rues adjacentes. A travers la halle, cet espace se prolonge en un cheminement traversant tout l’îlot. L’architecture associe la pierre, le bois et le béton usé des bâtiments anciens aux bardages de zinc et de métal rouillé et aux aplats de couleurs des constructions neuves. Les volumes découpés s’imbriquent ou se juxtaposent en douceur. L’esprit du quartier tout entier, dans son passé comme dans sa mutation récente, s’exprime ici dans une expression contemporaine.

ponses architecturales


Renouvellement urbain… DOSSIER :

Simulation de l’impact d’un projet d’implantation d’équipements, de commerces et de nouveaux logements dans le bourg de Tiercé (49). Étude réalisée dans le cadre du concours départemental d’urbanisme durable de Maine-et-Loire (voir page 19). Esquisse, document Atelier Sites et Projets, architectes-urbanistes à Montaigu, Agence 7 Lieux, paysagistes à Champtocé-sur-Loire (49).

Par ces deux biais, tous les acteurs de l’aménagement sont amenés à lutter contre la pensée sectorielle et intègrent progressivement d’autres thèmes : transports, économie vivrière, mixité habitat-activités, déchets, thermique…

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De nombreux acteurs de l’aménagement voient de plus en plus l’intérêt de démarches transversales de développement durable permettant d’aborder la complexité de toute opération. Elles revitalisent l’échange entre tous les acteurs, à l’intérieur de l’équipe d’étude comme avec le commanditaire. Mais certains acteurs préfèrent encore travailler dans des logiques simples, en sectorisant leurs interventions. Tout dépend alors de la volonté politique et des atouts fonciers, réglementaires, éventuellement financiers, que la collectivité détient pour amener ces acteurs à la négociation. La prise en compte de la concertation et de la communication publique dans vos interventions ? PK : Dans la période de mutation dans laquelle nous sommes engagés, où toutes les identités stables ont disparu, les enjeux de la démocratie font que, pour nous, la construction du projet individuel et la construction du projet collec-

tif sont liées, et doivent s’articuler. Dans ce sens, la démarche participative n’est pas une option mais la condition même de toute vraie recherche sur l’habiter. Elle seule permet d’approcher un tant soit peu la complexité de toute situation et espérer un nouvel habiter possible. Dans un certain nombre d’études, nous proposons par exemple, avec l’aide de sociologues, des entretiens et des ateliers participatifs sur des thèmes en lien avec la commande, y compris par des interventions physiques : déambulations, expérimentations in situ… En effet, dans cette incertitude où nous sommes concernant un nouvel habiter possible, toutes les approches, même décalées, permettant d’interroger ou de réinterroger l’existant, sont bienvenues et mêmes nécessaires. Parmi ces approches, l’expérience physique du lieu, sous différentes formes, constitue une ouverture vers une connaissance riche et renouvelée s’opposant à l’abstraction et aux fausses certitudes bureaucratiques et technologiques. L’enjeu politique que constitue toute participation fait qu’une méthodologie extrêmement précise doit être élaborée et soumise aux élus, même si elle doit aussi rester suffisamment ouverte pour évoluer au fur et à mesure de l’avancement de l’étude.

Mais je constate aussi que beaucoup d’élus de petites collectivités, qui ne disposent pas ou peu d’appuis techniques en interne, sont surchargés d’activités et de missions, travaillent dans l’urgence et tendent à se techniciser, à se professionnaliser. La participation, si elle peut leur apparaître comme désirable, n’est pas aussi souvent mise en place que nécessaire, certainement par peur de perte de temps et de la complexité qu’elle met en évidence. Quelles sont les principales difficultés (ou écueils) rencontrées par un urbaniste pour mener à bien un projet de renouvellement urbain ? PK : Il y a tout d’abord trois difficultés liées à toute opération d’aménagement, et qui ne sont pas propres au renouvellement urbain. La première est de croire que le territoire est un support, dans les deux sens du terme, c’est-à-dire une surface abstraite et neutre qui peut supporter n’importe quoi. Le phénomène de métropolisation, par la dispersion des fonctions qu’il projette sur tout le territoire, accentue cette tendance forte à laquelle il faut s’opposer. Nous cherchons toujours à privilégier une démarche montrant ce que le

Sur une parcelle étroite, dans un tissu pavillonnaire d’entrée de bourg, l’opération se décompose en cinq volumes abritant 11 logements aux entrées individualisées. Quatre « maisons », à l’échelle de leurs voisines, réunissent chacune deux habitations superposées ouvertes sur des jardinets en rez-de-chaussée et des terrasses à l’étage. Leurs pignons rythment le tracé courbe d’une venelle publique. Le dernier édifice, en angle sur rue, est un petit collectif de trois étages habités, au-dessus des garages. Les escaliers extérieurs et les coursives diminuent son épaisseur construite et découpent la surface de son pignon. Le retrait de son dernier niveau minimise son impact visuel en rapprochant sa hauteur perçue de celle des maisons du quartier. Les bardages de bois des parties hautes et des pignons achèvent de découper les volumétries générales, les maçonneries claires poursuivant les enduits blancs caractéristiques de la commune. Les toitures à deux pentes, allégées par leur couverture en métal clair, reprennent la typologie traditionnelle. C’est grâce à l’ensemble de ces dispositifs architecturaux que le projet est mis à l’échelle du bourg et du quartier dans lesquels il s’insère.

Photographie : Stéphane CHALMEAU

TRIGNAC - 11 logements sociaux semi-collectifs

11 logements sociaux - Rue du Stade - 2006 Maîtrise d’ouvrage : Logi-Ouest - Maîtrise d’œuvre : Agence Drodelot, architectes à Nantes

Questions urbaines, rép


territoire offre plutôt que le considérer comme une réponse à une demande, celle liée à la métropolisation. Plus précisément, nous vivons tous entre attachement et arrachement. D’un côté, attachement aux êtres et aux lieux, aux territoires et aux modes de vie façonnés au cours des siècles. De l’autre, jetés inexorablement dans le mouvement, et portés aussi par l’aspiration moderne à nous arracher à toutes les déterminations, nous sommes devenus des êtres déracinés, vivant dans l’incertitude, l’instabilité et l’errance. À quelque échelle que ce soit, tout projet d’aménagement de l’espace qui veut rendre compte de nos vies véritables et construire un nouvel habiter semble ainsi devoir s’inscrire dans une tension entre une vision « territorialiste » et une vision « déterritorialisante ». La vision territorialiste considère le territoire comme le résultat de la relation que les hommes entretiennent avec la matérialité des lieux, dans la longue durée. Une relation qu’il s’agit de renouer et d’actualiser. La vision déterritorialisante doit nous permettre d’échapper à la sacralisation des lieux pour faire advenir un espace

BIMBY or not

BIMBY ? « Second rideau », « parcelle en drapeau », la division parcellaire fait depuis toujours partie de l’histoire urbaine des villages et des bourgs. Dans cette démarche, les propriétaires cédaient une part de leur terrain ou la léguaient à leurs enfants. Le tissu urbain s’est ainsi densifié, complexifié, avec la création de murs de séparation, de droits de passages, de cours communes, de jardins partagés. Cette évolution a contribué à donner de l’épaisseur aux alignements bâtis. Au fil des ans, les mutations foncières ont com-

physique propice à la démocratie La seconde difficulté soulève la question du « résolutoire » et du « réflexif ». Le souhait d’apporter très vite des réponses, techniques en particulier, est une tendance qui peut parcourir aussi bien les élus, les habitants, les différents services que l’équipe d’étude elle-même : c’est l’aspect résolutoire. Pourtant, les meilleures réponses apparaissent quand la question est reformulée, faisant naître de nouvelles questions, permettant de repenser à un autre niveau, plus articulé avec d’autres problématiques. L’exemple d’un fait divers dans une école des EtatsUnis peut illustrer ce propos : un arbre, sous lequel les élèves blancs se réunissaient, a été abattu quand les élèves noirs ont aussi voulu se réunir dessous, les deux groupes s’étant affrontés. Estce que le racisme a été seulement posé et combattu ou a-t-il au contraire été renforcé par cette résolution technique consistant à abattre l’arbre en donnant l’illusion que le problème était résolu ? La troisième difficulté est souvent une programmation insuffisante des cahiers des charges, au point de vue fonctionnel mais aussi social et environnemental. Ces cahiers des charges passent souvent directement du diagnostic au pro-

plexifié les cadastres, et il n’était pas rare d’être propriétaire de plusieurs parcelles non mitoyennes dans un même îlot. Cette histoire des bourgs a parfois aussi contribué à la création d’un patrimoine bâti de qualité. Puis le XXe siècle a vu de nombreuses communes étendre leur agglomération de lotissements pavillonnaires. Depuis la loi SRU, urbanistes et élus tentent de maîtriser l’étalement urbain, et les parcelles sont passées de 1500 m2 dans les années soixante à 300 à 400 m2 ces dernières années. Le coût du foncier est devenu un véritable argument pour la division parcellaire, tant pour le vendeur que pour l’acquéreur. Les communes sont ainsi confrontées à ces découpages privés, et tentent pour certaines de lutter contre le phénomène. Ainsi s’est récemment développé le mouvement « BIMBY » (de l’anglais build in my backyard), démarche qui propose aux élus de modifier les PLU, afin de faciliter la division parcellaire, cela sous couvert d’un « projet global »1 .

jet, sans que soit clairement articulée la phase de définition des enjeux, des objectifs et de la programmation, revue à l’aune du diagnostic. Plus spécifiquement, la complexité d’un projet de renouvellement urbain, par le grand nombre d’acteurs concernés et par sa durée, pose, me semble-t-il, un problème spécifique pour les petites et moyennes communes : l’engagement progressif et équivalent de tous les acteurs. En effet, un certain nombre de liens informels entre vendeurs et acheteurs de terrains, entre lotisseurs et communes, entre porteurs de projets et communes… caractérisent ce jeu d’acteurs, dont beaucoup ne sont pas des spécialistes de l’aménagement, et induisent une certaine volatilité de leurs intentions, certains acteurs pouvant renoncer à leur projet alors même que la réflexion est déjà très avancée. Aussi importe-t-il de faire prendre des engagements progressifs, ainsi que suffisamment en amont, pour qu’un travail véritablement productif puisse se développer et être mené à terme. Propos recueillis par Christophe Boucher

Chaque propriétaire verrait alors son patrimoine immobilier évoluer, avec la possibilité de vendre un morceau de terrain pour adapter son propre logement (rénovation thermique, accessibilité, modification des besoins familiaux, etc.). S’il semble évident que le renouvellement des bourgs doit pouvoir s’inscrire autant dans ces zones d’habitats pavillonnaires que dans les centres anciens, la mise en place de projets BIMBY, dans sa définition actuelle, fait d’ailleurs débat2, car il ne permet pas d’agir globalement, chacun agissant selon son propre calendrier. On peut donc se demander si une addition de projets individuels est en mesure de fabriquer un projet urbain d’intérêt collectif. Nathalie KOPP Architecte au CAUE de Loire-Atlantique

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Voir le site internet www.bimby.fr Cf « L’imposture BIMBY » par Emilien Robin, revue Criticat numéro 12, automne 2013 1 2

SAINT-NAZAIRE - L’îlot Tilleuls 1

15 logements individuels groupés - rue des Saules et rue Pitre Grenapin - 2011 Maîtrise d’ouvrage : Silène Maîtrise d’œuvre : Jacques Boucheton, architecte à Nantes, Atelier Horizons, paysagistes à Sermaise (49)

L’opération s’inscrit dans la requalification globale d’un quartier, dans le cadre de l’ANRU, dont cet îlot de 156 logements, répartis dans 4 barres et une tour, et ses espaces extérieurs. Face à un ensemble pavillonnaire, à la place d’une banale pelouse, l’implantation de 15 maisons groupées assure une « couture » urbaine entre les deux typologies d’habitat. Au long d’un immeuble, les maisons délimitent une venelle piétonne plantée. Leurs façades à deux niveaux, irrégulièrement alignées, s’ouvrent sur des petits perrons plantés. Les volumétries simples et blanches prolongent celles des immeubles réhabilités. Côté rue, les maisons s’ouvrent sur leurs jardins. La limite entre l’espace public et le privé est marquée par les garages, les clôtures en bois et métal, et renforcée par des pergolas. La typologie individuelle, associée à la végétalisation des trottoirs et des bandes de stationnement, crée un lien direct avec l’ambiance des maisons et des jardins leur faisant face. La greffe opérée n’est donc pas seulement une opportunité de densification de la ville, mais, plus fondamentalement, la mise en relation spatiale de deux typologies urbaines et sociales longtemps antagonistes.

ponses architecturales


Renouvellement urbain… DOSSIER :

Le renouvellement diffus,

le risque du « coup par coup »...

La reconstruction des villes et des bourgs sur eux-mêmes est un processus séculaire, une réponse « naturelle » au déficit de terrains. Les centres anciens sont issus de cette sédimentation architecturale. Le phénomène du renouvellement est aujourd’hui au cœur de la réflexion des urbanistes, car considéré comme une alternative à l’étalement urbain. Il se réalise de différentes manières, notamment par des opérations immobilières implantées de manière diffuse dans les quartiers.

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Il existe plusieurs modes de renouvellement urbain :

À l’échelle du quartier, un risque de banalisation du cadre de vie ?

-- sous forme d’opérations d’ensemble maîtrisées (ZAC) où la collectivité intervient, pour la requalification de quartiers en déshérences ou l’urbanisation de poches constructibles ou de friches urbaines. Ce processus fait appel à des équipes de concepteurs pluridisciplinaires, à une maturation de la réflexion, à une concertation entre tous les acteurs, élus, professionnels et publics concernés. On peut penser qu’il aboutit, sur le site investi, à une cohérence générale et à une qualité du projet urbain.

Dans l’urbanisation diffuse, la programmation des types de logements n’est pas maîtrisée par les communes. Les opérations sont réalisées sans complémentarités entre elles, ni avec le contexte existant. Une part importante se réalise sous la forme d’appartements de petite taille, répondant aux critères des investisseurs mais pas nécessairement à la diversité des besoins de la population. De plus, on peut se poser la question d’une moindre exigence des propriétaires investisseurs concernant le « charme » de logements achetés sur plans et qu’ils n’habiteront pas : le logement est considéré comme un produit de défiscalisation plutôt que comme un habitat à personnaliser.

-- sous formes d’opérations spontanées, implantées de manière diffuse dans le tissu urbain, au gré de la disponibilité d’une ou de plusieurs parcelles urbanisables (zones U des PLU). Cette forme de renouvellement n’est pas initiée par la collectivité, qui ne peut que vérifier si l’opération respecte la règlementation. L’exemple le plus courant est celui d’un immeuble collectif remplaçant deux ou trois maisons. Ce type de renouvellement « au coup par coup », d’autant plus fréquent que le quartier est attrayant et son foncier valorisable, n’est souvent pas perçu dans son ampleur réelle. Pourtant, pour beaucoup de communes, c’est le processus le plus fréquent, et un levier majeur de l’évolution des tissus urbains et de leurs ambiances. Il peut donner de bons résultats, quand le projet est de qualité, intelligemment inséré dans son contexte. Il peut aussi conduire à un appauvrissement de l a qualité des ambiances urbaines et paysagères d’une ville ou d’un bourg.

Les opérations diffuses transforment progressivement le contexte urbain. On observe la suppression de la richesse végétale des jardins existants en cœur d’îlot (avec leurs fruitiers, leurs arbres d’ornement) remplacés par des stationnements minéraux (certes imposés par le règlement du PLU). Les sols naturels sont remplacés par des sols artificialisés. Dans le cas de la création des parkings souterrains, on supprime la capacité de planter de grands végétaux entre les immeubles, les espaces verts étant réduits à de la pelouse et à quelques massifs d’arbustes « décoratifs ». Cette transformation n’évolue-t-elle pas vers une banalisation du cadre de vie ? Outre cet aspect, c’est aussi la perte de la biodiversité ordinaire qui est réelle. Le PLU donne un cadre au renouvellement urbain diffus. Le règlement fixe les hauteurs, les gabarits, les alignements, les normes de stationnement, et les EBC (espaces boisés classés) protègent les arbres les plus remarquables, mais ces

La « minéralisation » totale des cœurs d’îlots est un appauvrissement de la qualité de vie des habitants.

prescriptions ne suffisent pas à garantir la qualité des ambiances urbaines. L’aménité La qualité urbaine passe par la prise en compte de « l’aménité » du cadre de vie au quotidien. Cette notion évoque les aspects agréables d’un environnement. Elle permet aux habitants d’être bien dans leur quartier, et d’apprécier des lieux même densément construits. Elle n’est ni quantifiable ni appropriable, ce qui rend son évaluation difficile, mais elle est une des bases d’une cité agréable à vivre. C’est peut-être cet aspect qui manque à un bon nombre d’habitants en zones urbaines, et ce qui les pousse à aller chercher cette aménité plus loin, dans une maison, à la campagne. L’aménité passe par la qualité des logements, au-delà des normes de surface et d’isolation thermique. La plus grande densité des projets sera acceptée et vécue agréablement si les logements présentent des « plus » indéniables. La qualité intérieure des logements doit présenter des caractéristiques qui les rendent agréables à vivre (suffisamment de lumière naturelle, des rangements, des pièces annexes comme des séchoirs... des chambres confortables en surface, des terrasses, des hauteurs de plafonds « qui respirent », des halls

En périphérie immédiate du centre-bourg, la restructuration du site de l’ancienne gendarmerie a permis, d’une part, la transformation du bâtiment en 9 logements collectifs, d’autre part la construction de 13 logements individuels groupés en deux îlots fermés implantés de chaque côté sur les abords non bâtis. La situation de l’ensemble, en limite d’une place publique, a motivé la création de deux venelles traversantes, mais la composition favorise l’intimité des logements, dont les accès privés sont situés dans les cours aménagées en cœurs d’îlots, à l’échelle de 4 et de 9 logements. L’ensemble forme un vaste quadrilatère, dont les volumétries sont à l’échelle du bourg. Les formes, les vides, les passages rappellent le découpage des îlots anciens, tout en affichant une écriture contemporaine et colorée. La rénovation thermique de la gendarmerie a été réalisée avec une isolation extérieure revêtue d’un bardage en ciment ondulé rouge, qui constitue un signal urbain fort. Les façades des logements individuels sont traitées en gris sombre, et les cœurs d’îlots en panneaux lisses de teinte vert clair.

Photographie : Google Maps

LE PELLERIN - « La Maison Rouge »

22 logements locatifs sociaux dont 9 collectifs et 13 individuels groupés - rue Pierre Chanson – 2010 Maîtrise d’ouvrage : La Nantaise d’Habitations - Maîtrise d’œuvre : Hybris, architectes à Nantes, pour la phase études, et Denis Léost, architecte à Nantes, pour la phase chantier.

Questions urbaines, rép


Dans le nouveau quartier du Riesenberg à Fribourg-en-Brisgau (Allemagne), qualité du traitement des abords et de la végétalisation des sols et façades.

d’entrée accueillants…). Le souhait de calme et d’intimité auquel chacun aspire en toute légitimité doit être pris en compte : bonne isolation phonique, mais aussi traitement des vis-à-vis par rapport aux vues extérieures. L’aménité, c’est aussi des espaces extérieurs agréables à sa porte. On les recherche comme le prolongement direct de la sphère privée et en réponse à un besoin de nature : terrasses, rez-de-jardin, seuils, jardins, arbres à contempler... Les espaces extérieurs sont ressentis comme agréables s’ils répondent aux aspirations humaines vécues au quotidien : la possibilité de descendre « prendre l’air », la possibilité de rencontrer son voisin, le plaisir de se chauffer aux rayons du soleil, de ressentir la fraîcheur d’un arbre en été, de croiser des parfums de fleurs, d’entendre les oiseaux, d’écouter le bruissement des feuillages au vent, ou tout simplement de regarder le ciel... Des outils possibles Le PLU peut imposer un « coefficient de pleine terre ». Ce pourcentage du terrain d’assiette du projet, non imperméabilisé, autorisera le développement d’une végétation à l’échelle des bâtiments, c’est-à-

dire notamment de grands arbres. Ceuxci, par leurs grands volumes, limitent les vis-à-vis, jouent un rôle de régulateur thermique et de couloir écologique. La contrainte des stationnements et de l’imperméabilisation des sols qui en découle peut être résolue par des parkings silos, communs à plusieurs opérations, à l’échelle d’un quartier (ce qui implique l’intervention de la commune). Certaines communes ont pris conscience que le PLU n’est pas ici suffisant, et complètent leur dispositif règlementaire par des chartes de qualité. La charte est un document rédigé par la collectivité, dont le contenu est variable. Elle peut afficher des objectifs de diversité de tailles des logements, de qualité des logements (pièces annexes, balcons, terrasses, traitement des halls d’entrée communs...). Elle peut demander de prendre en compte l’aménité au quotidien. Elle peut mettre en place des dispositifs d’information ou de concertation avec les riverains des opérations projetées.

Le renouvellement urbain, qui conduit en général à un plus grand nombre de logements à l’hectare, est présenté au public, par les collectivités et les professionnels de l’urbanisme, comme le moyen de réduire l’étalement urbain. Mais il est tout autrement ressenti par les habitants, qui le craignent. Les images de ville « étouffante », d’immeubles cachant le soleil, de « bétonnage », sont ancrées dans l’inconscient collectif, et ces craintes ne doivent pas être sous-estimées.

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Dans un document de planification, la notion de densification urbaine ne doit donc pas seulement s’exprimer en objectifs quantitatifs (un nombre de logements à l’hectare) mais doit rappeler la nécessité de travailler le cadre de vie à toutes les échelles, jusqu’à celle du logement et de ses abords. Gaëlle FÉAT Paysagiste-urbaniste au CAUE de Loire-Atlantique

La charte est une base de discussion avec les opérateurs privés.

Photographie : Stéphane CHALMEAU

SAINT-NAZAIRE - Les Hauts de Joalland à L’Immaculée

52 logements locatifs sociaux en collectifs ou semi-collectifs, mairie-annexe, bureau de Poste, foyer des anciens, local des services techniques - Bourg de l’Immaculée - 2007 Maîtrise d’ouvrage : Silène - Maîtrise d’œuvre : IDE.A, architectes à Nantes, Radu Vincenz, architecte-urbaniste à Nanterre, Ronan Desormeaux, paysagiste à Rennes

La restructuration du bourg de l’Immaculée est le résultat d’un long travail de réflexion. Une étude urbaine de l’architecte Radu Vincenz avait mis en évidence la nécessité de renforcer la centralité du bourg et de tenir compte des qualités du site en promontoire sur le paysage. En même temps, des analyses ont été conduites sur le fonctionnement des services publics, les besoins en logements et en espaces publics. Un programme mixte a pris forme, autour d’un axe principal décliné selon trois usages : la voiture, le cheminement piéton et son jeu de boules, l’escalier ouvert sur le lointain. Dans la partie basse, les services s’inscrivent dans la continuité de la rue commerçante. La convivialité de l’espace public est accentuée par la qualité des limites et les gabarits des constructions, immeubles collectifs côté bourg ancien et blocs « villas urbaines » côté tissu pavillonnaire. Les passages et points de vue enrichissent sa perméabilité. Sans pastiche, l’architecture s’inspire directement du bâti existant, par ses soubassements de béton avec agrégats de granit, les enduits blancs des façades, les volumes revêtus de zinc sombre des toitures et des niveaux en attique.

ponses architecturales


Renouvellement urbain… DOSSIER :

Une friche n’est pas un vide

Éloge du « déjà là »

Les cœurs d’îlots recèlent souvent un bâti délaissé, parfois de qualité. Anciennes dépendances, anciens locaux artisanaux ou ruraux, murs en pierre, sols pavés, sont autant d’éventuels atouts pour la conception d’une opération neuve, s’ils sont pris en compte dès le stade de la programmation.

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A l’origine, la « friche » est une terre non cultivée, où peut paître le bétail, mais l’expression « en friche » est rapidement devenue synonyme d’abandon, d’absence de soin, de culture. Il était alors normal que le sens du mot s’étende aux terrains abandonnés par l’industrie, au cœur ou à la périphérie des villes. Très vite, le concept a concerné l’environnement de ces délaissés fonciers, pour appréhender des quartiers tout entiers, globalement considérés comme des « friches urbaines » même si toute vie n’en avait pas totalement disparu. Ainsi en a-t-il été à Nantes du quartier Madeleine – Champ de Mars, après le départ des usines LU, ou des secteurs impactés par la fin des chantiers navals, comme l’île de Nantes ou le Bas Chantenay. Ici, des immeubles de logements, des ateliers, des équipements plus ou moins obsolètes, des espaces publics,

des terrains disponibles, ont été intégrés dans une réflexion urbaine visant à requalifier des « morceaux de ville ». La notion de « friche » concerne ici de vastes entités urbaines, où les opportunités de construction neuve doivent tenir compte de la préservation d’éléments existants intéressants, édifices, espaces publics ou éléments végétaux de qualité, et surtout de la présence d’habitants, d’activités, d’associations, qui doivent évidemment être associés aux mutations de leur cadre de vie. On peut remarquer que, dans les années 50 et 60, les « îlots insalubres » des centres historiques furent considérés comme des friches, c’est-à-dire des lieux sans avenir, qu’il convenait de raser afin de les remplacer par les formes nouvelles d’un habitat moderne, ensoleillé, de moindre densité, où la voiture trouverait sa place. Les théories du Mouvement moderne et de l’urbanisme de « zones »

s’étaient alors diffusées, et souvent trahies, jusqu’à l’échelle du moindre quartier ancien. Les années soixante-dix permirent de redécouvrir les qualités patrimoniales, mais aussi esthétiques et sociales, donc urbaines, des ensembles anciens, qu’on se mit non seulement à restaurer, mais à protéger à l’aide de périmètres de sauvegarde. Tout ceci montre que le regard sur un ensemble bâti peut évoluer, et qu’il est souvent hasardeux d’affirmer de manière péremptoire que tel ou tel site devrait être entièrement rasé « parce qu’il faut vivre avec son temps ». Il serait dans le même temps abusif de considérer que tout ce qui est ancien doit être conservé. A une échelle géographiquement plus limitée, celle des rues et des bourgs, l’usage du terme « friche » est peu utilisé. La logique est pourtant la même, dans le

BRAINS - Les jardins du Bourg L’opération s’insère au centre du bourg de Brains, entre son cœur historique et la salle polyvalente, à proximité immédiate des commerces et du groupe scolaire. À la place d’un ensemble de jardins, 22 maisons regroupées en bandes irrégulières délimitent une voie publique traversante, accessible aux voitures mais conservant la typologie d’un espace piéton végétalisé, tantôt rue et tantôt placette ou mail, relié à des venelles irriguant le tissu urbain. Les maisons à deux niveaux reprennent le gabarit des maisons de bourg traditionnelles. Elles s’ouvrent directement sur l’espace public, et sur de petits jardins arrières. Aux 22 maisons en accession s’ajoutent 6 logements locatifs, dont 4 appartements. Les variations des teintes des façades, blanches, grises, beiges ou rouges, accompagnent des nuances apportées aux écritures architecturales, tantôt directement inspirées des maisons anciennes avec des toitures en tuiles à deux pentes au contact des maisons existantes, tantôt plus contemporaines avec des toitures galbées recouvertes de métal en cœur d’îlot, ou franchement d’aujourd’hui avec les pergolas métalliques du petit collectif.

22 maisons en accession sociale et 6 logements locatifs sociaux - Centre-bourg - 2013 Maîtrise d’ouvrage : Groupe CIF Maîtrise d’œuvre : IP3, architectes à Nantes

Questions urbaines, rép


La tentation est souvent grande de comptabiliser les parcelles vacantes et celles qui peuvent être acquises, et de considérer en plan ce dont on pourra « faire table rase » avant de réfléchir à de nouvelles implantations. Mais il est primordial, afin que ne soient pas banalisés les centresbourgs anciens, que les projets neufs s’appuient sur les qualités de ce qui peut être préservé. En préalable à tout projet, en amont même de toute programmation, les élus et les professionnels de l’urbanisme doivent porter un regard attentif aux traces de ce qui existe encore, qu’il s’agisse de constructions, d’espaces, de végétaux, de sols, de témoignages d’activités passées, en bref de tout ce qui peut « faire patrimoine » et contribuer à la richesse, à la diversité, à l’identité des projets à venir. A ce stade, il ne s’agit donc pas seulement du respectable presbytère ou de la maison de bourg à tourelle d’escalier, mais parfois simplement d’un beau pavage, d’un puits ou d’un four à pain, d’un escalier ou d’un mur de pierre, d’une vieille forge, d’un grand chêne. Outre l’apport possible au cadre de vie qui va être recréé, et sans contradiction avec la volonté de concevoir de nouveaux types d’habitat et de nouvelles écritures architecturales, il s’agit de savoir innover tout en préservant et en réutilisant ce qui peut l’être. Il en va d’une responsabilité patrimoniale comme d’une démarche durable, car la préservation du bâti ancien est aussi celle de « l’énergie grise » qu’il contient, c’est-à-dire de l’énergie qui a été nécessaire pour extraire, produire et transporter les matériaux, niveler, creuser, bâtir,

Photographie : Patrick MIARA

délaissement ou l’abandon de quelques maisons anciennes (malcommodes, enclavées, en trop mauvais état…), de quelques annexes rurales ou artisanales dont l’activité a disparu ou s’est déplacée (ancienne forge, ancienne écurie-remise, ancien garage automobile…) ou de quelques parcelles enclavées autrefois cultivées (potagers, vergers…). Les urbanistes ont longtemps usé de termes peu valorisants, comme ceux de « dents creuses », de « délaissés », « d’arrières » pour qualifier les parcelles constructibles enclavées dans le tissu urbain. On pourrait aujourd’hui légitimement parler de « friches urbaines », ou de « friches de bourgs » lorsque, comme dans beaucoup de communes, des parties plus ou moins importantes des centres anciens sont aujourd’hui vides ou presque vides d’habitants et d’activités. Ces sites peuvent être, à une échelle moindre que celle des grands projets de renouvellement urbain, l’occasion de véritables projets de revitalisation des bourgs.

À Bouvron, l’implantation des logements du Courtil Saint-Mathurin a préservé les vestiges de l’ancien jardin clos, et une grande partie de ses arbres. Agence Garo-Boixel, architectes à Nantes, Atelier Horizons paysagistes à Sermaise (49).

ainsi que de celle dont on aura besoin pour détruire, évacuer, recycler et qui, comme toute énergie, ne doit plus être gaspillée. Il en va aussi d’une responsabilité sociale, si l’on pense aux inquiétudes, pour ne pas dire aux rejets, que suscite chez nombre d’habitants la mutation de leur cadre de vie habituel. La prise en compte d’éléments du passé est alors de nature à rassurer, car elle donne du sens aux projets, et leur assure de ne pas tomber dans la banalisation et l’indifférenciation. Elle est aussi l’occasion de partager les savoirs locaux, de mettre en valeur l’histoire communale, de créer du lien entre les générations ou avec les nouveaux habitants. La concertation est ici un moyen efficace, devenu nécessaire, d’enrichir la réflexion urbaine de l’apport des habitants.

rer quelques complications, quelques surcoûts, quelques délais supplémentaires de réflexion et de réalisation. Mais la qualité des lieux de vie et l’acceptation du « renouveau urbain » passent par cet effort mesuré.

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Christophe BOUCHER Architecte au CAUE de Loire Atlantique

L’attention bienveillante au « déjà là » est donc susceptible, sans doute, de géné-

Photographie : Patrick MIARA

BOUVRON - Le Courtil Saint-Mathurin

15 logements individuels groupés et 3 semi-collectifs - Rue Jean-Baptiste Olivier - 2011 Maîtrise d’ouvrage : Habitat 44 Maîtrise d’œuvre : Garo-Boixel, architectes à Nantes – Atelier Horizons, paysagistes à Sermaise (49)

A proximité immédiate du centre du bourg, le vaste jardin clos du presbytère, planté de fruitiers et d’un alignement de platanes, offrait une belle opportunité foncière. Son urbanisation semblait évidente, mais la manière dont le lieu a été investi apparaît comme un modèle de respect des caractéristiques d’un site et de plus-value apportée à un cadre de vie, dans toutes ses dimensions urbaines, architecturales, patrimoniales et paysagères. Les dix-huit logements, conçus selon plusieurs typologies différentes, y sont implantés en périphérie de la parcelle, autour d’une vaste cour-jardin. A un angle, un petit collectif de trois niveaux et une maison de plain-pied marquent l’entrée du bourg ancien. Ils se poursuivent, au long du mur en pierre préservé, par un long édifice bardé de bois, abritant les garages et trois logements. Côté platanes, deux bandes de quatre et cinq maisons mitoyennes donnent sur de petits jardins clos, des cours ouvertes, des terrasses alignées au long d’une tonnelle. Ces dispositifs variés s’adaptent aux ambiances du site et proposent des lieux de vie riches de charme et d’intimité. Le vocabulaire architectural et paysager se réfère en les détournant aux codes du monde rural ancien.

ponses architecturales


Renouvellement urbain… DOSSIER :

Urbanité

et espaces publics

Sur le site d’une ancienne école à Brétignolles-sur-Mer (85), les platanes préservés donnent sa qualité à l’espace aménagé en place de village (voir fiche opération page 17).

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La deuxième partie du XXe siècle a souvent été fatale à la qualité du traitement des espaces publics, la circulation et le stationnement de l’automobile ayant longtemps été le seul moteur de la programmation des opérations, dans les centres-villes, dans les bourgs traversés par un réseau routier, ou autour des implantations des logements collectifs et pavillonnaires. La prise en compte, depuis deux ou trois décennies seulement, de la nécessité de considérer l’espace public comme un lieu de vie et de diminuer l’emprise automobile au profit des piétons et des transports en commun, à d’abord conduit à la requalification d’espaces majeurs des métropoles, comme le Cours des Cinquante Otages à Nantes à l’occasion de l’arrivée du tramway. Cette logique s’est ensuite diffusée à des quartiers urbains entiers et aux « traversées de bourgs ». Et il est aujourd’hui communément

admis que le traitement des espaces publics, qu’ils soient existants ou projetés, nécessite les compétences d’urbanistes, d’architectes et surtout de paysagistes. La prise en compte des déplacements « doux », de la sécurité des personnes, de l’accessibilité à tous, ainsi que des atouts constitués par la présence du végétal et de l’eau, a profondément révolutionné la conception de l’espace. La remise en cause de la logique du « tout automobile » conduit même certaines collectivités à des politiques volontaristes de retour aux qualités disparues, comme à Pont-Château ou la redécouverte et la remise en valeur du lit et des rives du Brivet est un des axes forts de la requalification récente du centre-ville. Cette démarche qualitative appliquée aux espaces publics est donc devenue la règle, et notamment bien sûr dans le cadre des opérations de renouvellement urbain.

SAINTES (17) - L’îlot Arc de Triomphe L’opération s’inscrit dans une démarche de requalification du centre-ville historique de Saintes. L’îlot concerné présentait à la fois un caractère marqué d’insalubrité, et des caractéristiques urbaines fortes : un parcellaire en lanières parcouru d’étroites venelles traversantes bordées de murs en pierre, et des maisons anciennes alignées sur les rues périphériques, autour des jardins intérieurs. Une analyse fine de l’ensemble de ce patrimoine a conduit, selon les cas, à restaurer soigneusement les maisons, ou à en détruire certaines pour les remplacer par de petits collectifs à l’échelle du quartier. Un des aspects les plus intéressants du projet tient au fait d’avoir su préserver le caractère du cœur d’îlot, où certains jardins ont été bâtis de nouvelles maisons, où les murs séparatifs en pierre ont été restaurés, complétés ou rebâtis avec les pierres de récupération des maisons détruites, et où les venelles, éclairées et plantées, sont devenues voies publiques. Les maisons neuves, longues et basses, s’insèrent en douceur dans le paysage urbain. Leur architecture contemporaine en enfilades de pièces lumineuses, ouvertes sur leurs patios et jardins clos, s’abrite sous des toitures en tuiles.

36 logements locatifs, 15 logements et 9 maisons en accession Entre la rue de l’Arc de Triomphe et la rue Gaultier – 2002-2005 Maîtrise d’ouvrage : Ville de Saintes (jardins et dessertes), SEMIS de la Saintonge (logements et jardins privatifs) Maîtrise d’œuvre : BNR - Thibaud Babled, Armand Nouvet et Marc Reynaud, architectes à Paris

Questions urbaines, rép


LE PROJET D’ESPACE PUBLIC Les opérations de renouvellement urbain, même d’ampleur modeste, constituent des transformations de cadre de vie dans lesquelles le traitement des voies publiques, des abords d’équipements, des limites avec les implantations privées, des cheminements, font partie intégrante du projet. Les liens que le projet doit tisser avec son environnement urbain sont primordiaux pour assurer une bonne « greffe » des opérations, la définition et la continuité des espaces jouant ici un rôle essentiel. Et ceci d’autant plus que la nécessité de densifier certaines zones urbanisées ne doit pas leur faire perdre leurs qualités, mais au contraire être le moteur de la création d’espaces extérieurs nouveaux,

lieux de respiration, agréables à vivre. Composer ou recomposer les espaces publics nécessite une approche globale : mettre en relation les espaces, valoriser les qualités paysagères existantes, assurer la mixité des usages, mais aussi gérer la question des déplacements, de l’économie d’espace et d’énergie, de la gestion des eaux pluviales. La prise en compte croisée de ces préoccupations doit encourager de nouvelles pratiques de l’espace public : y séjourner, y jouer, s’y promener, le parcourir autrement que depuis l’habitacle d’une voiture. Penser un projet de renouvellement urbain à travers les espaces publics, c’est

permettre la diversité, accepter la complexité, pour finalement garantir la qualité et la réussite de la vie d’un quartier ou d’un bourg. Pour cela, le projet doit mobiliser tous les acteurs disponibles, depuis les maîtres d’ouvrage, élus et techniciens, jusqu’aux concepteurs urbanistes, architectes et paysagistes, sans oublier les habitants, qui peuvent être concertés et participer à la définition des besoins, et qui auront à gérer la limite privé-public (clôtures, haies, végétation de pieds de murs…), et sans se priver non plus de l’apport d’autres compétences de sociologues, de géographes, d’écologues, et même d’artistes, dont l’apport à l’espace peut être majeur.

(...) Les espaces publics s’entendent comme l’ensemble des espaces ouverts du domaine public constitués par la voirie, les places et placettes, promenades, rues et venelles (...), également les espaces de nature tels les parcs agricoles, quais, berges, jardins d’eau. Sans forcément relever du domaine public (...). (in « Quels espaces publics pour les éco-quartiers ? Innovation et fondamentaux ». Editions du CERTU, collection Dossiers n°261, 2013)

De même qu’il n’y a pas de musique sans silences, les rues, et places, mais aussi les parcs et jardins publics, donnent à la ville son rythme et son caractère (...). Ces formes ne peuvent être pensées en tant que vides : elles n’existent que dans leur relation avec le bâti qui les encadre et leur donne consistance et en permet la perception. (in « Morphologie urbaine. Géographie, aménagement et architecture de la ville », Rémy Allain. Editions A. Colin, coll. U Géographie, Paris, 2004) Piétonnisation et qualité du traitement des sols : un espace à vivre à Brétignolles-sur-Mer (85)

COMPOSER AVEC LE VIVANT La stabilité d’une structure urbaine (le maillage) et le bâti qui la compose n’évoluent pas à la même vitesse que le cycle du vivant. Composer avec le vivant, c’est tenir compte de sa nature et de son rythme. Contrairement aux bâtiments, les aménagements d’espaces publics ne présentent pas un aspect fini à la livraison du chantier. Ils évoluent avec le temps, les usages, le climat, le rythme des saisons, celui de la croissance et du développement des végétaux.

De même que celle du végétal, la présence de l’eau dans un projet d’espace public l’inscrit dans un nouveau rythme, celui du cycle de l’eau. Ainsi, la création d’espaces spécifiques (tels que les jardins d’eau, les noues, les bassins d’orage, etc.) donne à voir le circuit de l’eau jusqu’à son lieu de stockage et son infiltration dans le sol. À travers la visibilité du cycle de l’eau, l’image de l’espace public change au rythme du climat et des saisons.

Il faut attendre plusieurs saisons, plusieurs années, avant que le végétal ne se développe et assume sa présence dans les espaces publics. La présence du végétal inscrit l’espace public dans un processus en constant renouvellement : planter un arbre, suivre son développement, y apporter les soins ou tailles nécessaires, l’abattre lorsqu’il est malade, puis le remplacer par un jeune sujet.

Le sol ne se considère pas en tant que « surface », mais en épaisseur. Considérer cette « consistance » du sol, de la terre, c’est tenir compte de sa nature, de sa texture, et de la structure qui le compose. La biodiversité ne comprend pas seulement les êtres vivants qui habitent, se nourrissent et se déplacent sur le sol, mais aussi la vie qui fourmille ou qui vient s’ancrer dans les profondeurs

du sol. Si sa surface est revêtue d’un matériau imperméable, ni l’eau, ni l’air, ni la chaleur, ni la vie ne peuvent circuler. Le sol sera mort, imperméable à la vie aérienne et souterraine. C’est pourquoi, dans l’aménagement des espaces publics, le choix de matériaux perméables présente un intérêt qui dépasse celui de l’aspect esthétique. Il garantit la préservation des valeurs liées au sol et permet une meilleure gestion de l’eau pluviale.

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Dès la conception du projet, les paysagistes anticipent donc, sur le long terme, la gestion et l’évolution des espaces avec leur niveau d’entretien, les coûts, les actions à mener, les personnes à mobiliser (jardiniers, habitants, associations), le suivi du développement d’un milieu spécifique, d’un arbre ou d’un espace planté... La durabilité du projet, en somme.

Photographie : Patrick MIARA

NANTES - La maison Desforges

1 maison individuelle avec patio et garage - Impasse Joseph Peignon - 2010 Maîtrise d’ouvrage : privée - Maîtrise d’œuvre : Agence Magnum, architectes à Nantes

Le renouvellement urbain « diffus » se fait au gré de la disponibilité de parcelles constructives, et de l’envie d’y installer un programme particulier. La réalisation de cette maison illustre comment la qualité d’une architecture et l’intelligence de son rapport au contexte peut rendre possible l’insertion d’une maison contemporaine dans le tissu très dense d’un centre urbain historique protégé, le quartier du Bouffay à Nantes. L’analyse du site a conduit les architectes à faire évoluer la demande initiale du maître d’ouvrage, vers la construction d’une maison de quatre niveaux implantée en fond de cour, greffée sur le rez-de-chaussée d’un immeuble du XVIIIe siècle. L’habitation s’ouvre sur un petit patio central, et élève une façade urbaine avec garage sur une petite impasse arrière. Un escalier ouvert, ajouré, s’adosse à des baies vitrées et réunit les trois chambres et salles d’eau des étages, à partir d’un rez-dechaussée en enfilade ouvert sur le patio, et jusqu’à une petite terrasse aménagée au dernier niveau. Les percements, les portes et cloisons vitrées, les transparences des voilages et des résilles de métal, les teintes claires des parois, tout concourt au sentiment d’espace et de lumière.

ponses architecturales


Renouvellement urbain… DOSSIER :

LA PRÉSENCE DE L’ARBRE Alors qu’un jeune arbre, fraîchement planté, mettra plusieurs années avant de satisfaire l’ambiance attendue dans un nouvel espace public, la plantation d’un sujet adulte apporte rapidement une ambiance agréable et rassurante à un aménagement pourtant neuf. Ainsi, l’intégration d’arbres existants dans le projet est un moyen qui, de toute évidence, facilite l’ancrage du projet dans son site. Quant aux jeunes sujets, arbres ou arbustes, plantes vivaces ou annuelles, il faut leur laisser le temps d’occuper et de s’approprier l’espace, de progressivement faire ainsi évoluer le site, son image, ses ambiances.

Pour compenser leur petite taille, de jeunes arbres ont été plantés proches les uns des autres. Certé, Trignac, Loire-Atlantique. In situ Architecture et Environnement, urbanistes à Nantes, MAP, paysagistes à Nantes.

L’architecture peut respecter des arbres existants, et se laisser conquérir par des végétaux grimpants. Fribourg-en-Brisgau, Allemagne.

LA PRÉSENCE DE L’EAU La présence de l’eau, courante ou stagnante, a longtemps été gommée des opérations d’aménagement d’espaces publics. Elle est aujourd’hui recherchée, retrouvée, mise en valeur, pour des raisons esthétiques, environnementales, ou pour le plaisir d’usages ludiques de la ville.

Réaménagement d’un ruisseau. Quartier de Bottière-Chesnaie à Nantes. Atelier Bruel-Delmars, paysagistes à Paris, Pranlas-Descours, architectes-urbanistes à Paris.

Photographie : Patrick MIARA

Photographie : Patrick MIARA

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Redécouverte du lit du Brivet et réaménagement de ses rives à Pont-Château. Forma 6, architectes-urbanistes à Nantes, Phytolab, paysagistes à Nantes.

La ville de la fin du XIXe siècle, sur un plan en damier tourné vers le port et les chantiers navals, ne dura qu’un demi-siècle. Sa reconstruction selon un axe nord-sud reliant la gare à l’hôtel de ville s’est délibérément éloignée du port et de la base de sous-marins construite en 1943. Après la restructuration du centre commerçant autour de l’implantation du « Centre République » de Vasconi en 1989, le projet urbain « Ville-Port », entamé depuis les années 80 et aujourd’hui en voie d’achèvement, a consisté à donner à la ville un nouvel axe fort, dirigé vers la base réhabilitée et les bassins. Au cœur d’interventions urbaines de grande ampleur, la construction du Ruban Bleu est à la fois la création d’un ensemble tertiaire et de logements au cœur de la ville, celle d’un vaste espace semi-public piétonnier bordés de commerces et reliant l’axe nord-sud à la base, celle d’une façade urbaine ouverte en terrasse vers le port et refermant une nouvelle place, celle enfin d’un « remaillage » du tissu des rues adjacentes, qui se poursuivent en creux dans le nouvel édifice. Au sein de l’opération, la Maison du Peuple de 1974, devenue Maison des Syndicats, a reçu un nouvel habillage de ses façades.

Photographie : Philippe RUAULT

SAINT-NAZAIRE - Le Ruban Bleu

Logements, commerces et restaurants, Maison des Syndicats - 2008 Maîtrise d’ouvrage : Ville de Saint-Nazaire Maîtrise d’œuvre : Reichen et Robert, architectes-urbanistes à Paris – Platform Architecture, architectes à Paris

Questions urbaines, rép


LA VÉGÉTATION SPONTANÉE De nouveaux regards portés sur les essences végétales, la nécessité de ne plus employer de produits polluants, la volonté de minimiser les opérations d’entretien, et celle de favoriser la biodiversté animale et végétale, sont autant de raisons de laisser pousser spontanément une végétation naturellement adaptée à certaines conditions de vie.

A la place d’un trottoir minéral, une noue pavée laisse pousser la végétation spontanée, Bouvron.

Investissement de l’espace public par une végétation spontanée dans l’île de Nantes. Atelier de l’île de Nantes - Chemetoff, urbanistes-paysagistes.

LA MATIÈRE DES SOLS La requalification d’un lieu peut se faire simplement par un traitement soigné des sols, à travers une recherche de qualité qui tient compte de la perméabilité des sols, de la diversité des matières et des matériaux. Dans cette optique, les matériaux les plus simples et naturels sont souvent les plus efficaces. Il ne faut plus avoir peur de rendre visible le sol, la terre, et ne pas le recouvrir systématiquement d’un « revêtement de sol ». Les choix doivent être cohérents avec les ambiances recherchées, et avec la nature et la fréquence des usages de l’espace public.

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Photographie : Stéphane CHALMEAU

Abords de la mairie de Chauray (79). Agence Babylone, paysagistes-urbanistes à Paris.

Courtil Saint-Mathurin à Bouvron. Garo-Boixel architectes à Nantes, Horizons paysagistes à Sermaise (49).

Le réaménagement des abords de la collégiale de Guérande a donné lieu à un travail fin sur la nature et le calepinage des revêtements de pierre. Agence AUP, architectes-urbanistes à Nantes, Nicolas Fedorenko artiste.

BRÉTIGNOLLES-SUR-MER (85) - Le nouveau quartier des Halles

18 logements collectifs, commerces, halle de marché, médiathèque, parking souterrain - Centre-bourg - 2013 Maîtrise d’ouvrage : commune de Brétignolles-sur-Mer Maîtrise d’œuvre : Agence Magnum, architectes-urbanistes à Nantes, Sophie Blanchet, architecte-urbaniste à La Rochelle, Agence Zéphyr, paysagistes à Nantes

Dans le contexte d’une station balnéaire dont la population fixe est en augmentation constante, la restructuration du site d’une ancienne école a permis de redynamiser et de requalifier le centrebourg, pour en faire un lieu de vie « à l’année ». Une attention forte a été portée au traitement des espaces publics. Leur emprise piétonne, dont les sols dallés et pavés descendent depuis l’église au boulevard du Sud, alterne placettes, rues piétonnes et venelles, et les parvis des équipements publics existants ou créés par l’opération (halles, médiathèque). La circulation et les stationnements automobiles sont relégués sur une voie en contrebas. La volumétrie des bâtiments atteint trois niveaux, s’inscrivant ainsi en signal urbain de cœur de bourg, affirmant sa centralité, et se relie progressivement au bâti existant. L’écriture architecturale des bâtiments publics mêle le zinc, le bois et le verre. Celle des logements se réfère aux formes traditionnelles, avec des volumes cadencés et rythmés par les pentes des toitures en tuiles et les variations de teintes des enduits. Des soubassements de pierre affirment la qualité des rez-de-chaussée où s’ouvrent des façades commerciales.

ponses architecturales


Renouvellement urbain… DOSSIER :

L’INTERFACE ENTRE ESPACES PRIVÉS ET ESPACES PUBLICS LES SEUILS Le seuil d’une habitation à l’alignement sur la rue occupe, sans transition, l’espace public : une ou plusieurs marches en pierres ou en béton peuvent matérialiser une entrée dans l’espace privé. Parfois, le seuil prend de la hauteur lorsque l’entrée de l’habitation est plus haute que le niveau de la rue (rampes d’accès, palier, main courante, etc.). Ce petit trait d’union entre l’habitation et l’espace public mérite attention car il participe aussi à la qualité des espaces publics.

L’aménagement minimal que constitue une simple marche de pierre débordant sur les pavés bordant une voie participe à la qualité de l’espace public.

Les revêtements de sols perméables et les pieds de façades plantés facilitent l’infiltration de l’eau, et permettent à la végétation de relier le bâti et ses seuils à l’espace public. Béhuard (49). SARL Patrimoine & Architecture, maître d’œuvre aux Essarts (85).

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LE RECUL DES FAÇADES

L’INTERFACE PRIVÉE/PUBLIQUE

La façade principale d’un bâtiment, d’une habitation peut se placer avec un recul plus ou moins important par rapport à la rue. Ce recul est en général déterminé par les règlements d’urbanisme, soit pour rester dans la continuité d’une implantation existante et déjà en retrait, soit pour imposer le stationnement des voitures sur la parcelle. Le recul communément fixé à 5 mètres dans de nombreuses réglementations correspond à la longueur nécessaire au stationnement d’une voiture perpendiculairement à la façade. Malheureusement, ces espaces de recul, privés, en interface avec l’espace public, ne sont pas toujours traités de manière qualitative, ou sont parfois même délaissés au profit du jardin arrière.

Quels qu’ils soient, aussi petits qu’ils puissent être, les espaces privés en interface avec le domaine public peuvent, de tout évidence, participer à la qualité paysagère et à l’animation d’une rue, d’un espace public en général. De même, la qualité et la typologie de l’espace public environnant influencent les comportements des habitants pour qualifier ces espaces en interface. Une rue passante, ou un parking le long d’habitations, ne donnent pas envie aux riverains de s’ouvrir sur ce type d’espace public peu attrayant. Par réflexe, les habitants vont chercher à se renfermer sur leur espace privatif en le clôturant. Inversement, un jardin public ou une rue privilégiant les déplacements doux encouragent à créer une interface privée plus qualitative et plus ouverte sur l’espace public. Ainsi, la réflexion à mener sur les espaces publics prend tout son sens lorsqu’ils sont conçus pour être en interaction avec les espaces privés.

Quartier Madeleine - Champ de Mars à Nantes.

Ces espaces en interface offrent aux habitants une échelle d’appropriation accessible. Les multiples usages possibles provoquent les rencontres entre voisins : jardiner, ranger son vélo, se poser à table ou sur un banc, étendre du linge, jouer, etc. Il est important de définir en amont le statut de ces espaces et leurs règles de gestion, et qu’il y aie un accompagnement de la démarche. Cela permet de guider vers une certaine qualité d’appropriation cohérente avec les projets d’espaces publics, à l’échelle d’une rue, d’un quartier, d’un bourg. En France, le besoin d’intimité est fort, les habitants sont souvent en attente d’initiatives publiques pour qualifier ces espaces en interface. Dans certaines villes (Fribourg ou Brême en Allemagne, Montréal au Canada, San Francisco aux États-Unis, Londres en Angleterre), des actions à l’initiative des habitants ou d’associations sont menées pour qualifier et animer ces interfaces. Ces initiatives vont même jusqu’à intervenir sur l’aménagement et l’animation de l’espace public. Pauline PAULEAU Paysagiste au CAUE de Loire-Atlantique

De part et d’autre d’une voie étroite, des bandes plantées (« frontages ») créent une transition douce entre le domaine public et l’espace privé. Quartier Vauban à Frisbourg-en-Brisgau, Allemagne.


Bibliographie GÉNÉRALITÉS • • •

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RÉFÉRENCES

CHARLOT-VALDIEU Catherine, OUTREQUIN Philippe. L’urbanisme durable : concevoir un écoquartier. Ed. Le Moniteur, 2009. 295 p. DAGUIN Alexis, DRUON Philippe, CORBISEZ Jean-Pierre. La rue autrement. CAUE du Pas-de-Calais, 2008. 60 p. Coll. Autrement DEPRESLE Bruno, JOUTARD Pierre, BERTRAND Damien, VANONI Didier. Renouveler la ville : les nouveaux défis des professionnels de l’aménagement. Ed. Le Moniteur, 2008. 112 p. (Coll. Ville-aménagement) DER MADIROSSIAN Laure, VAUTRIN Brigitte. Aménager durablement les petites communes : écoquartiers en milieu rural ? CERTU, 2011. 209 p. (Coll. Dossiers) DER MADIROSSIAN Laure. Pour un habitat dense individualisé : 20 formes urbaines diverses et contextuelles. CERTU, 2009. 238 p. (Coll. Références) GEHL Jan. Pour des villes à échelle humaine. Ed. Ecosociété, 2012. 273 p. (Coll. Guides pratiques) HAUPTMANN Eléonore, WATES Nick. Concertation citoyenne en urbanisme : la méthode du Community planning. Ed. Yves Michel, Ed. Adels, 2010. 115 p. (Coll. Société civile) La traversée de bourg : pour construire un lieu partagé. CAUE de la Seine-Maritime, 2010. 34 p. LEFEVRE Pierre. Voyages dans l’Europe des villes durables : exposé des premiers projets urbains remarquables réalisés dans la perspective du développement durable. PUCA, CERTU, 2008. 395 p. (Coll. Recherche) MASBOUNGI Ariella (Dir. de pub.), GROUEFF Sylvie (Coll.). (Ré)aménager les rez-de-chaussée de la ville. Ed. Le Moniteur, 2013. 141 p. (Coll. Projet urbain) Réussir le renouvellement urbain : 15 maillons clefs pour la chaîne de mise en oeuvre des projets. Fédération nationale des agences d’urbanisme, Caisse des dépôts et consignations, 2001. 167 p. SOULIER Nicolas. Reconquérir les rues : exemples à travers le monde et pistes d’action. Pour des villes où l’on aimerait habiter. Ulmer, 2012. 285 p.

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Concours d’urbanisme & renouvellement urbain des communes rurales

Dans le cadre du Plan Départemental de l’Habitat conçu et mis en œuvre depuis 2009 par le Conseil général de Maine-etLoire, un programme de promotion d’un urbanisme durable pour les nouveaux quartiers d’habitat, « Habiter autrement, pour un urbanisme durable » est proposé aux collectivités du département. Associé aux contrats de territoires conclus avec les communautés de communes, un site exemplaire des potentiels de renouvellement urbain est retenu et fait l’objet d’un concours d’urbanisme,

BOUCHAIN Patrick. Construire autrement : comment faire ? Actes sud, 2006. 190 p. (Coll. L’impensé) BRINGAND Flore. Trilogie vertueuse : 1/ Densifier les lotissements existants : Pays de Rennes, Liffré et Chavagne ; 2/ Intensifier les grands ensembles : Rennes, Le Blosne ; 3/ Recycler les zones d’activités : Pays de Rennes, Liffré et La Mézière. Ed. Recherches, 2013. CAU Emmanuel, KLEIN Florent, MANDARON Nathalie. 6 histoires pour y croire : vers un urbanisme de qualité en milieu rural et périurbain. De l’expérience des Parcs naturels régionaux du Nord-Pas-de-Calais pour les territoires ruraux et périurbains. Espaces naturels régionaux Nord - Pas-de-Calais, 2011. 98 p. CAUE et concertation... pour une vraie participation ! Actes de l’Université d’été des CAUE, 7,8,9 septembre 2011, Pont-du-Gard. UR CAUE Languedoc-Roussillon, 2011. 64 p. (+DVD) COMBE Nathalie, SINIC Yann. Un monde pour soi. L’Harmattan vidéo, 2010. 123 min. (DVD) DAGUILLON Chloé, LE CREFF Renaud. Lisières vivantes : comment habiter les bourgs de l’Eure ? CAUE de l’Eure, 2011. 143 p. DEBRY Jean-Luc. Le cauchemar pavillonnaire. Ed. L’Echappée, 2012. 163 p. (Coll. Pour en finir avec) DEVISME Laurent (Dir. de pub.). Nantes, petite et grande fabrique urbaine. Parenthèses, 2009. 267 p. (Coll. La ville en train de se faire) JOUSSEAUME Valérie. L’ombre d’une métropole : les bourgs-centres de Loire-Atlantique. PUR, 1998. 209 p. (Coll. Espace et territoires) La ville éclaircie, un parcours habité : 64 logements, Ilot de l’Arc de Triomphe, Saintes. Europan, 2005. 48 p. (Coll. Europan réalisations) MARCHAND Jean-Michel (Dir. de pub.). Concours d’idées : maisons passives ligériennes : dessinons le patrimoine de demain. Parc naturel régional Loire-Anjou-Touraine, 2011. MASBOUNGI Ariella (Dir. de pub.). Nantes : la Loire dessine le projet. Ed. de la Villette, 2003. 191 p. (Coll. Projet urbain, n°26) PETITEAU Jean-Yves - REVERT Jean-François. Nantes, récit d’une traversée : Madeleine - Champ-de-Mars. Ed. Dominique Carré, 2012. 284 p. RENARD Jean. Les campagnes nantaises : un demi-siècle de révolutions sociales et paysagères, 1960-2010. PUR, 2012. 192 p. (Coll. Espace et territoires) Renouer : renouvellement urbain et écologique des espaces ruraux en faveur de la conversion et de l’éco-rénovation des bâtiments patrimoniaux. Espaces naturels régionaux Nord – Pas-de-Calais, 2012. 12 p. (Dossier de presse) ROBIN Emilien. « L’imposture Bimby ». Criticat, n°12, automne 2013, pp. 82-103

ouvert à trois équipes pluridisciplinaires, à l’issue duquel le projet lauréat se voit confier une mission de maîtrise d’œuvre complète (mission dite « Témoin »). L’accès des professionnels de la conception urbaine aux projets d’aménagement est une nouveauté à laquelle ont répondu, à ce jour, 63 agences, 53 communes s’étant engagées depuis 2009 dans la démarche. Le Prix départemental d’urbanisme durable vient valoriser tous les deux ans cette nouvelle façon de concevoir les nouveaux quartiers.

Écologisation du centre-bourg de Villevêque (49) Maîtrise d’ouvrage : commune - Maîtrise d’œuvre : F.au architecte-urbaniste mandataire GSP paysagiste - Ingé Infra BET VRD 23009 m2 aménagés - 46 logements par hectare (7 % de logements individuels - 28 % de groupés 65 % de collectifs ou intermédiaires)

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caue Actualités du

CONCOURS

EXPOSITIONS

PUBLICATION

PRIX DÉPARTEMENTAL D’ARCHITECTURE, D’URBANISME ET D’AMÉNAGEMENT 2014

INTENSITÉS Du 15 novembre 2013 au 15 janvier 2014 Grande Galerie – Maison régionale de l’architecture des Pays de la Loire 17 rue La Noue Bras de Fer à Nantes

Publications récentes du CAUE de Loire-Atlantique :

Lancé en 2002 par le CAUE et le Conseil général de Loire-Atlantique, ce prix concerne les projets publics ou privés exprimant toutes les facettes de la création contemporaine, dont les concepteurs sont architectes, paysagistes, urbanistes. L’édition 2014 concerne les réalisations des années 2012 et 2013 pour l’architecture et entre 2009 et 2013 pour l’urbanisme et l’aménagement. Le jury sélectionnera en juin les opérations qui seront présentées dans une publication et une exposition itinérante. Il définira en septembre les prix et les mentions décernées en décembre 2014. Renseignements : CAUE 44 tél.: 02 40 35 45 10 contact@caue44.com Dossier téléchargeable sur le site www.caue44.com Dépôt des dossiers avant le 31 mars 2014.

VISITES

Cette exposition, présentée sous forme de panneaux et maquettes, vise à montrer qu’il est possible de densifier la ville et de pallier l’étalement urbain. De la transformation d’un garage en studio à des immeubles de logements se glissant entre d’anciennes constructions, la diversité des réponses nous révèle l’ingéniosité des concepteurs et leur capacité à inventer de nouvelles façons d’habiter la ville.

La 17e édition de la Semaine de l’Architecture se déroulera du 31 mars au 4 avril 2014 dans l’ensemble de l’Académie de Nantes, en partenariat par le Centre Régional de Documentation Pédagogique. Elle donne l’occasion à des élèves de collèges et de lycées de découvrir des réalisations architecturales contemporaines et d’engager un dialogue avec leurs concepteurs et leurs utilisateurs. Une dizaine de réalisations ont été sélectionnées sur le département. Programme sur le site : www.caue44.com Inscriptions des classes auprès du CRDP : tél. : 02 51 86 85 00

FORMATION FORMATION RENOUVELLEMENT URBAIN

JOURNÉES DU PATRIMOINE DE PAYS ET DES MOULINS 2014 Les 14 et 15 juin 2014 sur le thème « Lumière et couleurs » Programme des manifestations en Loire-Atlantique sur www.caue44.com ou disponible au CAUE au printemps prochain.

CONFORT ET SANTÉ DANS LES ÉQUIPEMENTS POUR LA PETITE ENFANCE

Outil pédagogique de programmation architecturale consacré aux multi-accueils, accueils périscolaires, accueils de loisirs et écoles. Téléchargeable sur le site www.caue44.com ou disponible auprès du CAUE. BÂTIMENTS AGRICOLES ET PAYSAGES, DU PROJET AGRICOLE AU PROJET ARCHITECTURAL ET DE PAYSAGE

Dans le cadre de ses missions de formation, le CAUE proposera, à partir du printemps 2014, un nouveau module de formation à l’intention des collectivités. Ce module s’inscrit dans la continuité de la formation « Créer un nouveau quartier », et concernera la problématique du renouvellement urbain et celle de la requalification des bourgs. Il se déroulera, à la demande des collectivités, sur leur territoire lors d’une journée d’échanges. Renseignements : CAUE 44 Tél.: 02 40 35 45 10 contact@caue44.com

Réactualisation du document réalisé en 2003 par le CAUE. Téléchargeable sur le site www.caue44.com ou disponible auprès du CAUE. LES CHAUX ET LES SABLES DANS LES ENDUITS, ENTRETIEN ET RESTAURATION DES BÂTIMENTS ANCIENS

RESSOURCES DOC OUEST Le nouveau portail documentaire du CAUE www.caue-docouest.com

Refonte des parutions de 1998 et 2000. Ouvrage édité en partenariat avec la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (CAPEB) des Pays de la Loire et l’association Tiez-Breiz – Maisons et paysages de Bretagne ». En vente en librairie ou au CAUE, 25 euros.

RENCONTRES D’ARCHITECTURES 2014 7 au 11 avril 2014 10e édition d’une semaine de découverte de l’architecture pour les écoles primaires, en liaison avec le CRDP, l’Inspection Académique et le Rectorat. Le site de la Tour à Plomb à Couëron servira de support pédagogique.

MANIFESTATIONS

Editée à l’occasion des Journées européennes du Patrimoine de septembre 2013, cette plaquette poursuit la collection « Patrimoines du XXe siècle en Loire-Atlantique » initiée avec celle consacrée en 2012 au site de l’IFREMER à Nantes. Téléchargeable sur le site www. caue44.com ou disponible auprès du CAUE.

ARBRES REMARQUABLES EN LOIRE-ATLANTIQUE Jusqu’au 21 décembre 2013 au Quai Vert à Frossay

SEMAINE DE L’ARCHITECTURE 2014 31 mars au 4 avril 2014

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LA FACULTÉ DE DROIT ET DES SCIENCES POLITIQUES, NANTES 1970

Dans le cadre de ses initiatives destinées à mieux informer et à rendre plus accessible ses ressources documentaires, le CAUE a mis en ligne un portail documentaire. Au service de tous les publics, qui peuvent ainsi accéder à l’ensemble des ressources documentaires du CAUE 44. Au service des collectivités territoriales de la Loire-Atlantique, qui bénéficient d’un accès personnalisé leur permettant de consulter les documents spécifiques à leur territoire (études CAUE, photos, ouvrages, articles…).

Les anciens nos de la Lettre d’Information du CAUE sont téléchargeables sur www.caue44.com N° 1 Aménager/développer sa commune avec la loi SRU N° 2 L’espace est un patrimoine N° 3 Architecture contemporaine N° 4 Dimension(s) paysagère(s) N° 5 Le patrimoine de pays N° 6 Urbanité(s) N° 7 Tourisme et territoires N°8 Nouveaux quartiers N°9 1979-2009 : des maisons solaires au développement durable N° 10 De la pierre à l’herbe, des cimetières en mutations

n°11 - Décembre 2013 - Publication du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de Loire-Atlantique 25 rue Paul Bellamy - 44000 NANTES - Tél. 02 40 35 45 10 - E-mail : contact@caue44.com Directeur de publication : Vincent DEGROTTE - Rédacteur en chef : Christophe BOUCHER Comité de rédaction : Nadine BIZEUL, Emmanuelle BOMMÉ, Gaëlle FÉAT, Nathalie KOPP, Pauline PAULEAU Conception graphique : Nicolas BAUD Crédit photo : CAUE 44 (sauf mention contraire) Dépôt légal : Juin 2002 - Imprimerie : Val Production Graphique - N° ISSN : 1637-4452


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