Dossier :
1979-2009 : Des
maisons
solaires au développement durable…
La lettre d’information du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de Loire-Atlantique
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Les Hauts de Feuilly à Saint-Priest (69) Architecte : TEKHNÊ architecte à Lyon
Décembre 2009
édito
Le choc pétrolier du début des années 70 avait fait découvrir aux pays industriels la fragilité de leur économie et leur étroite dépendance énergétique mais il aura fallu encore attendre plus d’un quart de siècle pour voir notre pays, bien après plusieurs de ses grands voisins européens, s’engager explicitement dans des politiques d’encouragement à l’habitat économe et de développement des énergies renouvelables.
La ville de demain devra satisfaire les besoins immédiats de ses habitants tout en préservant les ressources indispensables à sa pérennité. Si tout le monde s’accorde sur ce principe de gestion durable de nos espaces de vie, chacun est-il prêt à en accepter les contraintes dans sa vie de tous les jours ? Cela passe nécessairement par la remise en cause de nos habitudes de consommation du sol, de l’eau, des énergies de chauffage et d’éclairage, des déplacements et des matières premières. D’où la nécessité de faire appel à l’imagination créatrice de nos concitoyens dont l’intelligence collective sans cesse sollicitée, est capable de susciter des projets urbains innovants, attentifs aux réalités sociologiques locales et générateurs d’économies pour les ménages et la Collectivité forte d’un lien social réactivé. Les véritables énergies renouvelables sont celles qui procèdent des initiatives solidaires. Claude NAUD
Conseiller général Président du CAUE
Édito.................................. p. 1 Dossier : 1979-2009 : Des maisons solaires au développement durable…
Re-évolution culturelle............. p. 2
1982 : les»Habitants solaires»sous le regard du sociologue................ p. 3 Les années 70-80 : Architectures de maisons passives pour gens actifs.p. 4 1981-2009 des interrogations récurrentes............................ p. 7 1979-2009 : 30 ans d’actions pour la maîtrise de l’énergie................ p. 8 Les espaces Info-Energie, des points de conseil grand public............. p. 9 Les années 2000, le durable et le soutenable............................p. 10 Concours international de maisons solaires................................p. 13 Initiative : un projet d’éco-cité à Saint-Nolff (56).......................p. 14 Entretien avec Joël LABBÉ, Maire de Saint-Nolff............................p. 15 Le cadre de la règle et la réalité du cadre..................................p. 16 La maison ancienne et le développement durable........... p.17 Bibliographie sommaire et solaire............................. p.18
Regard sur : Le rêve héliotropique à l’épreuve des faits................ 19 Actualité du CAUE.............. p.12
Sommaire
° n
Le CAUE de Loire Atlantique a fêté ses trente ans en 2009. Ces trois décennies de profondes mutations, de ruptures et de prises de conscience nous conduisent à réinterroger nos pratiques de consommations énergétiques. Elles exigent du CAUE qu’il adapte son activité de conseil.
DOSSIER :
Illustration : Pierre CHICOT Publication CAUE 44
1979-2009 : Des maisons solaires
Re-évolution culturelle
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A l’occasion de la célébration en 2009 de l’anniversaire de sa création, le CAUE de Loire-Atlantique a souhaité revenir sur un de ses premiers thèmes de travail, qui avait abouti en 1982 à une exposition et à la publication « Habitat solaire en Loire-Atlantique ». Il y a trente ans, pour des raisons à la fois politiques, culturelles et économiques, des architectes et leurs clients ont expérimenté, en Loire-Atlantique comme ailleurs, des techniques énergétiques innovantes, des formes architecturales nouvelles, des modes de vie différents. L’irruption de l’écologie dans le débat politique, les crises énergétiques et le renchérissement du coût des matières premières, mais aussi les conséquences culturelles de la remise en cause des modèles consuméristes à la suite de 1968, avaient amené une minorité à s’attacher à la réalisation concrète de maisons dites « solaires » ou « bioclimatiques ». Économes en énergie, faites de matériaux écologiquement acceptables, intégrées à leur contexte paysager, elles étaient souvent inspirées de pratiques marginales développées aux Etats-Unis par des autoconstructeurs ou des théoriciens de l’architecture. Leurs volumes biais, leurs plans complexes, leurs vitrages ouverts au soleil ont tranché dans la production des maisons individuelles dites « traditionnelles ». Dès le milieu des années 80, pourtant, le modèle dominant de la maison aux enduits beiges, sur plan rectangulaire et avec sa toiture à deux pentes, a reconquis l’intégralité de la production de masse, une fois normalisés les seuils minimaux d’isolation thermique. Les préoccupations liées à la notion de développement durable sont aujourd’hui au cœur de toutes les réflexions concernant la construction, l’urbanisme et le paysage. Ici comme dans tous les autres domaines de l’activité humaine, elles obligent à une remise en cause profonde des modes de penser, de concevoir, de construire. Contrairement aux années 70, la remise en cause des pratiques n’est plus le fait d’une minorité militante. Elle est dans tous les discours, sinon dans toutes les pratiques. Et ses traductions réglementaires, techniques, quantitatives, sont immédiates, pour les maîtres d’œuvres publics comme privés.
Sans pour autant que la dimension culturelle de la mutation n’aie eu le temps de se produire. Aussi les messages les plus audibles sont-ils aujourd’hui ceux de bureaux d’études ou de spécialistes posant en vérités indiscutables des principes ou des choix qui pourraient pourtant faire débat. Des questions sont posées, aux collectivités locales comme aux architectes, aux constructeurs comme aux maîtres d’ouvrage. La maison individuelle est-elle encore une réponse écologiquement acceptable ? L’étalement urbain qu’elle suppose est-il encore souhaitable ? Les économies d’énergies rendues obligatoires sont-elles annulées par l’augmentation constante des surfaces construites ? La réalisation d’éco-quartiers est-elle compatible avec les volontés affirmées de mixité sociale, générationnelle ou d’usages ? Le développement durable trouvera-t-il son aboutissement par le biais de réponses techniciennes et réglementaires, ou par des changements de pratiques et de comportements trouvant leurs sources dans de véritables mutations culturelles ? Les questions sont nombreuses et complexes, et les réponses simplistes dangereuses. Au bout d’une seule logique quantitative et énergétique, il y aurait la nécessité de construire des maisons compactes, aux percements rares et peu ouvrants, obligatoirement alignées en bandes Est-Ouest, aux volumes et aux matériaux normalisés. Ceci montre combien il est essentiel de garder à l’esprit l’importance de la qualité de l’architecture et des formes urbaines, qui sont la base d’un cadre de vie épanouissant, et dont la dimension culturelle ne peut se réduire à un simple calcul de performance énergétique. Le regard rétrospectif porté dans ce dossier souhaite apporter une contribution à ce débat, en rappelant des réflexions menées depuis des décennies, en montrant des maisons où les préoccupations énergétiques n’entraient pas en contradiction avec la qualité des espaces et des usages, mais au contraire enrichissaient la créativité de leurs concepteurs.
au développement durable…
1982 :
les «Habitants solaires» sous le regard du sociologue
A la fin des années 70, la construction de maisons solaires est un phénomène marginal, qui génère pourtant très tôt des travaux de recherche. Le sociologue Salvador JUAN, aujourd’hui enseignantchercheur à l’Université de Caen, va notamment publier en 1982, pour le Ministère de l’Urbanisme et du Logement et la toute nouvelle Agence Française pour la Maîtrise de l’Énergie, un rapport intitulé « Mythe, symbolique, idéologies de la maison solaire », basé sur le vécu et le discours d’habitants de maisons solaires dans sept régions de France. Dans un article publié quelques années plus tard*, le chercheur analyse le versant symbolique présent dans le fait social de « l’habiter solaire », c’est-à-dire le « système de représentations qui accompagne le fait de demeurer, de s’installer, de vivre dans une maison solaire ». Deux composantes lui semblent ici fondamentales : le temps et l’espace. « Une des notions les plus fondamentales pour comprendre l’acte d’habiter une maison solaire est celle de maîtrise. Dans le fait de produire et consommer sa propre énergie, on retrouve le désir de faire soi-même et pour soi-même ce que distribuent des appareils lointains et centralisés. »
Il s’agit en effet pour ces habitants d’exprimer des désirs qui sont ceux de fuir la ville, de privilégier l’entraide, d’inventer un autre rapport à la consommation, dans « une recherche d’une maîtrise du dedans comme défense à l’aliénation du dehors. »
Un premier paradoxe apparaît ici chez les « habitants solaires » dans cette question du dedans et du dehors : « On observe une certaine distance entre la valeur d’ouverture affirmée comme valeur universelle et les modalités concrètes que prend cette idéalité. Si l’ouverture au soleil, à la lumière, à la nature est explicitement valorisée, l’ouverture à autrui reste peu définie, même si elle est par ailleurs affirmée comme fondamentale. » Devant ces désirs de lumière et de chaleur pénétrant le « dedans », le sociologue formule une hypothèse : « Si des images de vie sont puissamment exprimées à travers les représentations de la maison solaire, c’est que peut-être l’angoisse de mort reste fortement présente, plus sans doute que chez d’autres individus. » Il s’agirait donc bien aussi d’un rapport au temps, exprimé notamment dans les notions de rythmes lumineux, de variations saisonnières, de retour infini du soleil. La maison passive notamment, à l’instar de la serre, est perçue comme un lieu qui annule le temps, qui préserve les « moments les plus intenses de quête fusionnelle avec la nature. »
« Avec une maison ordinaire, la lumière et la chaleur fonctionnent comme des actants qui créent la relation d’opposition dehors/dedans. Dans la maison solaire, ce n’est pas le cas, les multiples modes de pénétration du soleil dans la maison abolissent le clivage référentiel extérieur/ intérieur. Il ne semble pas y avoir un « dedans-maison » et un « dehors-nature », il y aurait une intégration du dehors au dedans, une totalité complètement fusionnée. »
Ceci pouvant aller jusqu’à faire passer le statut d’espace autonome de la maison à celui d’une représentation imaginaire du corps luimême, et donc d’une enveloppe idéale pour ce corps. Au lieu d’être un espace chauffé par un système technique, la maison solaire passive est comme un corps « qui réchauffe et qui se chauffe lui-même, comme il respire ». Une distinction s’opère ici nettement entre la maison solaire « passive », dont l’architecture ellemême est vecteur de bien-être, et la maison simplement chauffée par des apports dus à des capteurs extérieurs, qui reste une maison vécue comme « normale », où le solaire demeure au dehors.
Si ce fusionnel « spatial » paraît donc bien exprimé, sa dimension temporelle pose d’autres questionnements. Dans les premières maisons solaires, l’optimisation des apports thermiques suppose une prise en charge manuelle, par leurs habitants, de systèmes d’occultation et de ventilation à réguler en fonction des variations d’ensoleillement ou de température. Il devient alors difficile de concilier les rythmes « naturels » de la maison solaire avec ceux, « artificiels », de la vie sociale. « La présence continuelle des habitants dans la maison solaire, qu’elle relève du plaisir ou de la nécessité, ne peut se réaliser
que dans un contexte de travail à domicile ou d’absence de travail. »
La dissociation entre les rythmes « naturels » et les rythmes « sociaux » n’est pas l’apanage des seuls « habitants solaires » : « si le danger existe pour chacun, la maison solaire cherche à l’amoindrir mais la contradiction s’y révèle plus apparente. Pour ses habitants, un des compromis possibles consisterait à automatiser les fonctions thermiques de la maison solaire mais elle suscite un certain nombre de réserves. Sans se résigner à ne pas habiter pleinement la maison solaire, et à moins de réunifier un travail socialement utile et l’habitat, la seule issue possible consisterait à transformer les rythmes des rapports sociaux. » Dans ses conclusions, le sociologue note donc que dans le vécu autant que dans l’imaginaire des habitants : « Le refus est bien une dimension essentielle de l’acte d’habiter une maison solaire. Qu’il soit direct ou indirect, explicite ou implicite, qu’il prenne la forme d’une contre-culture ou d’un engagement social, le refus du productivisme est omniprésent (…) La maison solaire est dans une logique de développement des rapports sociaux dans le hors-travail, de la sociabilité, de l’entraide, et de la sphère du nonmarchand. »
* Le temps et l’espace de la maison solaire, texte de 1983 paru en 1985 dans le numéro 46 de la revue Espaces et Sociétés Christophe BOUCHER Illustrations Publication CAUE 44
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DOSSIER :
1979-2009 : Des maisons solaires Les années 70-80,
Architectures de
maisons passives
Un petit regard rétrospectif sur la fin des années 70 nous permet de remettre au goût du jour ces maisons «bioclimatiques» ou «solaires» qui n’ont pas pris une ride dans le contexte actuel de l’architecture « durable ». Il s’est, en effet, construit beaucoup de choses il y a 30 ans que l’on semble redécouvrir aujourd’hui. En 1984, une publication, éditée par le CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment) et l’Agence française pour la maîtrise de l’énergie (aujourd’hui ADEME) recensait l’habitat bioclimatique dans les Pays de la Loire. Parmi 180 opérations d’habitat individuel ou collectif, dont 68 en Loire-Atlantique, on trouve des réalisations d’architectes comme Philippe Vion, Daniel Alasseur, ou Christian Cochy. Le CAUE a voulu donner la parole à cette génération de concepteurs, pour essayer de comprendre les liens ou les différences qui peuvent exister entre la fin des années 70 et aujourd’hui.
pour gens actifs
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Maison à La Ville-Joie, La Baule - Philippe VION, architecte
Un bioclimatisme intuitif
Entretien avec Philippe VION, architecte ayant enseigné à l’École nationale supérieure d’architecture de Nantes et installé aujourd’hui à LA BAULE. CAUE 44 : Il y a une trentaine d’années, vous avez construit plusieurs maisons bioclimatiques. Était-ce un positionnement professionnel ? Cette démarche était-elle marginale ou répandue ? P.V. : À la fin des années 70 et au début des années 80, la démarche n’était pas marginale, mais la production architecturale l’était, même s’il y a eu beaucoup de réalisations. Il y avait à l’époque beaucoup de publications sur l’architecture bioclimatique (Maisons bios, La maison autonome, livre de Robert Chareyre paru en 1980). Donc l’idée n’était pas marginale. CAUE 44 : Y avait-il dans cette démarche une dimension politique ? P.V. : Je pense, oui. Les publications et les réflexions sur ce thème venaient des architectes, bien sûr, mais surtout de la demande. Mes clients de l’époque étaient, en gros, des soixante-huitards, peut-être motivés par les économies d’énergie, mais en tous cas motivés par des attitudes marginales, d’autonomie,
comme celles présentes dans les manuels de construction alternative Domebook ou Shelter, ou comme celles d’être indépendants des sources d’énergie traditionnelles. C’était donc une demande d’une partie de la clientèle, pas des gens marginaux mais des gens qui voulaient être différents. Il y a eu aussi une demande de maisons en bois. CAUE 44 : Y a-t-il eu une demande sociologique qui a disparu, et qui revient aujourd’hui, ou bien y a t-il toujours eu ce courant là, minoritaire, pendant 30 ans ? P.V. : La demande concernant le bois a toujours existé, avec des publications régulières sur le sujet, mais la demande de bioclimatisme avait pratiquement disparu dans les années 90. Je citerai le cas de ma première maison, construite en 1976, et pour laquelle toute la production d’eau chaude était d’origine solaire, avec une toiture recouverte de panneaux solaires, (à l’époque la toiture était traditionnelle, en ardoise, et les panneaux fixés par des pattes métalliques qui les décollaient de la toiture). Les propriétaires ont décidé il y a une
quinzaine d’années de démonter tous ces panneaux, d’ailleurs restés en très bon état. Ils avaient tourné la page. Ils avaient fait du solaire parce que c’était dans l’air du temps, pas pour faire des économies. Mais en général les propriétaires de maisons bioclimatiques étaient dans une démarche de se différencier. CAUE 44 : Toutes ces maisons de la fin des années 70 ont des formes en rupture avec la maison traditionnelle. Était-ce lié au bioclimatique, ou à cette volonté « soixante-huitarde » de casser les modèles ? P.V. : Le bioclimatisme était une donnée de base du projet. Il fallait par exemple intégrer des vérandas, et non pas les appuyer contre la maison. Il y avait le dispositif des murs Trombe, que l’on a abandonné par la suite. Cela amenait forcément des dispositions architecturales particulières, pour des maisons très protégées au Nord, très ouvertes sur le soleil. CAUE 44 : Pourrait-on parler d’une esthétique de la maison solaire ? P.V. : Oui. Et à l’époque on s’accro-
au développement durable… chait beaucoup, à la suite des mouvements de l’Ouest américain, à la fois à des démarches d’autoconstruction, et à des conceptions basées sur des régulations géométriques, des trames, avec le côté un peu intellectuel de ces mouvements marginaux, qui conduisait à mêler par exemple des dômes, des formes géométriquement très élaborées, et un certain bricolage, fait de bouts de bois et de ficelles… Tout ça a dû avoir une influence sur nous à l’époque. Les premières maisons bioclimatiques que j’ai construites étaient très tramées. Il fallait pour moi qu’un projet soit basé sur une régulation. Peut-être à l’époque cherchions-nous à nous accrocher à quelque chose, pour développer un projet. On a plus aujourd’hui ce besoin de se référencer à des formes géométriques précises. Mais à la fin des années 70 beaucoup de projets étaient basés sur l’hexagone ou l’octogone. Les architectes construisaient par exemple beaucoup d’écoles basées sur des trames rectangulaires, triangulaires, octogonales. CAUE 44 : L’ancienne école d’architecture de Nantes en a été un exemple. P.V. : Tout à fait, avec le carré en diagonale dans le carré. C’était d’ailleurs peut-être le signe d’une certaine pauvreté, de ne pas savoir comment développer un projet. Et en tous cas une manière de rompre avec l’orthogonalité, qui finalement est revenue ensuite. CAUE 44 : Vous avez continué à construire des maisons bioclimatiques ? P.V. : J’ai dû en faire trois ou quatre, et puis la demande s’est arrêtée. J’ai construit ensuite beaucoup de maisons en bois, ou mixtes en métal et bois. Ensuite sont arrivées les pompes à chaleur, la géothermie. Mais des maisons dites « bioclimatiques passives » comme on disait à l’époque, non. La clientèle a changé, et pendant toute une époque l’énergie n’était pas chère, on ne faisait pas attention. Je repense aux clients qui ont démonté un jour leurs panneaux solaires. Ils avaient un système de ballon dans le sous-sol de la maison, avec un relais électrique. Ils n’ont jamais cherché à calculer quel était l’apport solaire, donc on voit bien que le prix de l’électricité n’était pas un souci premier. Maintenant c’est en train de changer. CAUE 44 : Avez-vous fait un bilan, sur d’autres maisons, de leurs per-
formances énergétiques ? P.V. : Oui. Dans le cas d’une des premières maisons que j’ai faite, à La Baule, les propriétaires ne dépensent pratiquement pas d’énergie. On a une maison en parpaings de béton, avec des murs très épais isolés par l’extérieur, donc ayant une forte inertie. Sans d’ailleurs à l’époque faire de calculs, mais de manière complètement empirique, la maison est devenue très confortable. Avec un grand bien-être, un feu de bois qui assure pratiquement tout le chauffage. J’ai fait une autre maison à Guérande, pour laquelle j’ai un peu accentué cette idée-là, et ça a moins bien marché. Ce sont des maisons implantées dans la campagne, pour lesquelles l’apport d’énergie pour la cuisine est le gaz liquide, qui était préféré à l’électricité à l’époque. CAUE 44 : Puisque ces maisons dérogeaient aux formes traditionnelles, y a-t-il eu des rejets administratifs ? P.V. : À l’époque je n’ai jamais eu de problème. Même à Guérande, pour laquelle j’avais présenté une maquette à une commission qui m’a plutôt appuyé. CAUE 44 : Il y avait dans vos projets des toitures en ardoise. Mais il y a aujourd’hui des problèmes avec des toitures végétalisées, des toituresterrasses ou le bois qui posent problème dans certaines communes. P.V. : J’ai eu un projet avec une toiture-terrasse dans une commune où le maire était tout à fait pour, à titre personnel, mais où les toitures terrasses étaient interdites. Et le projet a finalement été abandonné. Mais c’est le seul souci que j’ai rencontré. J’ai eu de la chance. Certains ABF sont par exemple scandalisés par les panneaux solaires sur les toits, mais je crois qu’il faut une certaine souplesse. C’est déjà bien quand on met des panneaux solaires. Et c’est dommage que certaines communes soient très rigides. J’ai construit des maisons que je ne pourrais plus faire aujourd’hui, dans des communes où on m’imposerait des toitures en ardoise ou en chaume… CAUE 44 : Dans le numéro 338 de la revue « Techniques et Architecture », paru en octobre 1981, une de vos réalisations est présentée sous le titre « Maison passive pour gens actifs ». P.V. : Résidence principale à l’époque, devenue résidence secondaire lorsque ses propriétaires ont quitté
la région, elle est aujourd’hui en cours de rénovation à l’identique, par les mêmes personnes, pour être habitée à l’année. C’est une maison avec véranda centrale, dont la forme reprend certains principes traditionnels de toitures en ardoise, avec noues et croupes. Le plan sépare les espaces de nuit et de jour. La construction est en murs épais en parpaings banchés avec un système de circulation d’air. L’isolation est à l’extérieur, ce qui à l’époque ne se faisait pas beaucoup. C’est une maison confortable qui ne consomme pratiquement pas d’énergie. Le seul problème rencontré pouvait être des surchauffes en été, et la véranda peut donc être complètement isolée du reste de la maison, par un système de volets. CAUE 44 : La véranda est à la fois un lieu de vie et un système énergétique. P.V. : Tout ça a été fait de manière complètement intuitive, sans aucuns calculs, en utilisant des principes de murs Trombe, d’isolation renforcée, d’apports solaires, de circulation dans les parois de l’air chaud capté dans la véranda. Il y a quand même une chaudière au gaz, avec ballon de gaz liquide pour l’eau chaude. Aujourd’hui on mettrait des panneaux solaires. CAUE 44 : On a pu faire des maisons bioclimatiques en s’appuyant sur des règles de bon sens, et non pas en se basant uniquement sur des calculs d’ingénierie. P.V. : Dans l’idée qu’on avait à l’époque, de « gens actifs », la vie dans une maison c’est aussi de mettre un pull-over quand il fait froid, d’accepter des changements de température, ce qui n’est pas facile. Alors qu’on sait par exemple que pour une meilleure santé il ne faut pas trop de différences de température entre l’extérieur et l’intérieur de la maison, à chaque saison. C’est aussi de pouvoir ouvrir ou fermer un volet au bon moment, d’intervenir, et pas uniquement de tourner le bouton d’un thermostat. Les « gens actifs » sont des gens qui interviennent dans leur maison, qui ne restent pas sur un réglage automatisé, qui acceptent des écarts. Ce qui rejoint les pratiques dans les maisons anciennes, où les chambres étaient plus fraîches que la pièce de vie, par exemple. Entretien réalisé par Christophe BOUCHER en octobre 2009
Un engagement écologiste et sociétal Entretien avec Daniel ALASSEUR, Architecte à Nantes CAUE 44 : Dans les années 70-80, vous avez conçu et réalisé un certain nombre de maisons solaires. Etait-ce un positionnement professionnel. Qu’est-ce qui vous y a amené ? D.A. : Positionnement professionnel serait une drôle de manière de dire, c’était davantage une position de vie. Je ne sais pas si j’aurais quitté l’architecture, parce que malgré mon désir de ne pas m’y enfermer, je dois bien reconnaître que je ne sais rien faire d’autre. Ce qui est certain, c’est que lorsque je me suis inscrit à l’Ordre, sans savoir où j’allais, simplement parce que j’étais à bout de ressources et qu’il me fallait bien tenter quelque chose pour en sortir, j’avais déjà mis le pied dedans, j’étais armé pour répondre à la demande qui m’est tombé dessus à mon grand étonnement. Mais pour être précis, l’idée de maison solaire n’était pas essentiel pour moi, il s’agissait surtout de vivre
une façon de faire l’architecture en cohérence avec mon engagement écologiste, la façon collective et souvent ludique de l’époque, la recherche d’un rapport social différent. C’est seulement en le faisant que j’ai découvert que la maison était un champ privilégié d’expression architecturale, dans une relation forte avec le maître d’ouvrage. Je n’y avais jamais songé auparavant. CAUE 44 : Cette démarche, à l’époque, était-elle marginale ou répandue, au sein de la production architecturale ? D.A. : Tout à fait marginale, mais la marge était large et souvent conviviale. CAUE 44 : Les préoccupations environnementales étaient-elles présentes dans les écoles d’architecture ? Et étaient-elles liées à des positionnements politiques ? D.A. : A vrai dire je ne suis pas très
bien placé pour parler des écoles d’architecture, mais le bouillonnement politique du printemps 68 y frémissait toujours, et certainement les positions idéologiques, mais aussi sociétales, notamment féministes (encore que là j’enjolive peut-être un peu) l’emportaient largement sur les préoccupations environnementales, qui n’étaient souvent même pas désignées, en dehors de l’émotion créée par la découverte de la violence de la pollution industrielle. CAUE 44 : Pour quelle clientèle ces maisons ont-elles été construites ? D.A. : Tout simplement pour la clientèle qui en avait les moyens, ce qui fait quand même toutes sortes de gens. CAUE 44 : Avez-vous suivi l’évolution de ces clients d’alors, leur vécu dans ces maisons bioclimatiques ? Et si oui pourrait-on tirer un bilan (à la fois écologique et d’usage) de ces expériences ?
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DOSSIER :
1979-2009 : Des maisons solaires D.A. : Non très peu. Je ne pense pas qu’aujourd’hui il serait intéressant d’en faire l’analyse comme des réalisations particulières. Je crois davantage à l’utilité des confrontations au fil de l’eau. Les publications et médiatisations sont innombrables, il reste qu’il faut débattre, confronter, décrypter, vérifier, échanger, progresser, en en prenant le temps dans une relation humaine la plus directe possible.
continues dans le temps, avant que ne reviennent aujourd’hui en force les préoccupations environnementales.
CAUE 44 : Avez-vous connu des problèmes de réglementation, de permis de construire, de rejet de formes architecturales ?
CAUE 44 : La notion de « bioclimatique » a permis dans les années 80 des expérimentations architecturales, sur le plan constructif et sur le plan formel, et des réflexions sur les rapports d’une maison à son site. Dans la production de maisons individuelles d’aujourd’hui, tiret-on aujourd’hui un enseignement des « maisons solaires » d’il y a 30 ans ? Ou bien repart-on de zéro ?
D.A. : Bien entendu, mais je ne pense pas avoir rencontré à ce sujet plus de difficultés que la moyenne des architectes. CAUE 44 : La construction de maisons « solaires » a-t-elle été une préoccupation limitée dans le temps, la maison régionaliste banalisée ayant très vite réoccupé tout le « marché » ? Ou bien y a-t-il toujours eu des expériences, marginales mais continues dans le temps, avant que ne reviennent aujourd’hui en force les préoccupations environnementales ? D.A. : La réponse est mot pour mot la deuxième proposition : il y a toujours eu des expériences, marginales mais
CAUE 44 : Continuez-vous aujourd’hui un travail de réflexion sur les concepts d’architecture « durable » ? D.A. : Je ne fais que ça, ça ne s’arrange pas avec l’âge.
D.A. : Il me semble que l’on peut dire que la qualité et la quantité des publications et médiatisations évoquées plus haut ont produit leur effet, et qu’une sorte de substrat, sans doute davantage plus généralement écologiste que strictement solaire, habite aujourd’hui tous les esprits. Le revers est que bien entendu cela ne va pas sans un grand nombre de clichés, d’imitations, ou de fausses idées répandues. Ce qui
fait que parfois, paradoxalement, on se dit qu’il serait tout aussi bien de repartir de zéro. CAUE 44 : Avez-vous des contacts avec des jeunes architectes engagés aujourd’hui dans la production de maisons « durables » ? D.A. : Je n’ai pas à me soucier, la relève est là pour me pousser gentiment vers la sortie, mais à vrai dire je me demande si ça n’est pas aujourd’hui plus difficile que cela ne l’a été pour moi. En tous cas il y a beaucoup de dialogue et de vrais bons moments. CAUE 44 : L’utilisation du bois dans les maisons solaires s’est–elle imposée « naturellement », dans les années 70, comme un apport de type écologique ? A-t-elle joué un rôle dans l’esthétique des « maisons solaires » ? D.A. : Il s’agit à mon avis de deux histoires parallèles, pas toujours concomitantes, au point qu’aujourd’hui on évoque souvent un concept de mixité quand les deux voies se retrouvent fortement, provoquant me semblet-il un nouvel enrichissement du vocabulaire architectural, en tous cas des maisons. Entretien réalisé par Christophe BOUCHER en novembre 2009
La fidélité aux fondamentaux bioclimatiques Entretien avec Christian COCHY, Architecte à Saint-Nazaire
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Maison Audic à Saint-Nazaire, 1983-1984, vues Sud et Nord, Christian Cochy architecte
CAUE 44 : Dans les années 70-80, vous avez conçu et réalisé un certain nombre de « maisons solaires ». Etait-ce un « positionnement » professionnel, qu’est-ce qui vous y a amené ? C.C. : Je suis entré à l’École d’Architecture de Rennes en 1967. J’y ai donc vécu 68 comme un très salutaire courant d’air mental, qui m’a fait prendre conscience de la dimension Politique (au sens noble) de l’acte de projeter des constructions pour autrui. Pour autant, les préoccupations écologiques étaient très peu présentes dans l’école d’archi d’alors, dominée par la prise de conscience sociologique. Mais l’ouverture d’esprit provoquée par 68 m’a permis, je pense, d’y être réceptif, dès mon entrée dans la profession en 76. Les idées écologiques émergeaient alors dans la société. Comment ne pas être intéressé par les expériences d’architecture solaire menées aux Etats-Unis, dont commençait à nous parler la presse (marginale et aussi spécialisée) ? Dès que j’en ai pris conscience, il m’est apparu évident que l’on devait intégrer le soleil dans la conception de nos projets. Cela me semblait aussi une occasion formidable d’enrichir
nos fondamentaux et de faire évoluer nos expressions architecturales, au delà de recherches trop majoritairement et stérilement formelles. Je me suis testé, partiellement et progressivement, sur quelques projets individuels à la fin des années 70, au fil de mon auto-formation, pour me sentir prêt, en 79, à imaginer un premier bâtiment bioclimatique en solaire passif : un petit collectif autogéré de 9 logements (La Bosse) à Saint-Nazaire. J’en ai ensuite réalisé un second en 83 pour 2 familles (Chemin-Dechoiseul), à Saint-Nazaire, puis une école maternelle solaire (Élisa Lemonnier) de 3 classes en 84 à Saint-Nazaire (1er prix Architecture Ambiance Energie en 89). Ont suivi quelques projets individuels et des petits projets hospitaliers, dont des petites unités de longs séjours à Heinlex (accent mis sur le confort d’été) de 90 à 2007, un CATTP BBC (Basse Consommation), toujours pour le Centre Hospitalier de Saint-Nazaire, qui sera livré en fin 2009, et deux maisons individuelles BBC, dont la dernière actuellement à l’étude sera construite en 2010. CAUE 44 : Cette démarche, à l’époque, était-elle marginale ou répandue, au sein de la production
architecturale ? C.C. : Marginale hélas, et cela m’a toujours surpris, tant cette prise en compte des facteurs climatiques et du soleil me semblaient aller de soi. Je n’ai toujours pas compris que mes confrères de 68 et d’après aient mis tant de temps à s’y intéresser. Peutêtre étaient-ils rebutés par le caractère souvent plastiquement ingrat des propositions militantes. Il nous revenait alors de proposer des réponses architecturales. CAUE 44 : Pour quelle clientèle ces maisons ont-elles été construites ? C.C. : Mes deux premiers collectifs bioclimatiques ont été réalisés pour des « soixante-huitards », militants de gauche avec une sensibilité écologique, pour moitié enseignants. Par la suite, l’offre orientant la demande, tous mes projets (publics ou privés) sont devenus naturellement bioclimatiques. CAUE 44 : Avez-vous suivi l’évolution de ces clients d’alors, leur vécu dans ces maisons bioclimatiques ? Et si oui pourrait-on tirer un bilan (à la fois écologique et d’usage) de ces expériences ? C.C. : J’ai bien sûr, autant que pos-
au développement durable… sible, accompagné mes clients dans leur vécu de ces bâtiments, pour en tirer les enseignements. Cela m’a permis d’essayer d’en corriger les défauts, et d’affiner progressivement ma démarche, en élargissant ma conscience des paramètres en jeu dans une telle approche. Ma première bonne surprise a été celle d’habitants du premier collectif « La Bosse », me disant qu’au delà des performances énergétiques obtenues (50% d’économies de chauffage), ils avaient le sentiment positif que l’hiver était plus court dans leur nouveau logement. Une autre a été l’intérêt porté par Mme CHAUVEL (CSTB Nantes) sur les qualités de lumière naturelle observées dans la maternelle Élisa Lemonnier. Les objectifs de respect du confort d’été dans les unités de long séjour, validés lors des canicules récentes, et la satisfaction quant au confort exprimée par les habitants des maisons passives sont autant d’encouragements à poursuivre dans cette voie. CAUE 44 : Avez-vous connu des problèmes de réglementation, de permis de construire, de rejet de formes architecturales ? C.C. : Non, car Saint-Nazaire, où j’ai réalisé la majorité de mes projets, a toujours été très ouverte à l’expérimentation. J’ai toujours considéré alors être le seul responsable des limites auxquelles j’avais pu porter un projet.Il m’a fallu attendre 2008 pour connaître ce type de difficulté (rejet de forme), pour un projet individuel BBC, auquel pourtant je croyais beaucoup, au Pellerin. CAUE 44 : La construction de maisons « solaires » a-t-elle été une préoccupation limitée dans le temps, la maison régionaliste banalisée ayant très vite réoccupé tout le « marché » ? Ou bien y a-t-il toujours eu des expériences, marginales mais continues dans le temps, avant que ne reviennent aujourd’hui en force les préoccupations environnementales ? C.C. : J’ai l’impression que, passée la crise de l’énergie des années 70-80, les expérimentations sont restées marginales, avant le réveil que nous connaissons aujourd’hui. J’espère qu’il sera durable. Je me réjouis que la prise en compte des facteurs majoritairement énergétiques des années 70 se trouve à présent enrichie d’une approche sanitaire et environnementale. CAUE 44 : Continuez-vous aujourd’hui un travail de réflexion sur les concepts d’architecture « durable » ? C.C. : Bien sûr. Comme indiqué précédemment, parti d’une prise de conscience énergétique (anti-nucléaire), j’ai découvert et également intégré progressivement dans ma démarche la lumière naturelle, le confort d’été, les matériaux sains CAUE 44 : La notion de « bioclimatique » a permis dans les années 80 des expérimentations architecturales, sur le plan constructif et sur le plan formel, et des réflexions sur
1981 2009
des interrogations
récurrentes
les rapports d’une maison à son site. Dans la production de maisons individuelles d’aujourd’hui, tiret-on aujourd’hui un enseignement des « maisons solaires » d’il y a 30 ans ? Ou bien repart-on de zéro ? C.C. : Bonne question. En ce qui me concerne, mes projets récents sont peut-être moins radicaux formellement que les premiers (oppositions Nord-Sud, silhouettes coques protectrices), évolution due peut-être à l’intégration plus grande de nouveaux paramètres décrits avant, ainsi qu’à l’évolution de ma palette constructive. Je constate aujourd’hui un appauvrissement formel vers le parallélépipède boisé, sans doute dû en partie à la recherche du maintien de l’économie globale, pour compenser le recours à des composants de meilleure qualité. J’espère qu’il n’est pas aussi un effet pervers de l’intégration (dont je me félicite) de la DAO dans notre travail. Il me semble que nous vivons actuellement un réajustement difficile mais nécessaire dans notre façon de concevoir des bâtiments. Depuis la dernière guerre, éblouis par les performances formelles et financières que nous permettaient les nouveaux produits proposés par l’industrie, nous avons conçu des bâtiments de moins en moins pérennes et de plus en plus pathogènes. La prise de conscience actuelle devrait à mes yeux nous conduire à remettre les choses à leur juste place, mais aussi à leur juste prix. CAUE 44 : Avez-vous des contacts avec des jeunes architectes engagés aujourd’hui dans la production de maisons « durables » ? C.C. : Non, ou très peu (brèves rencontres pourtant toujours passionnantes), de mon fait sans doute, par manque d’énergie et de disponibilité, travaillant seul à 61 ans… CAUE 44 : Comment jugez-vous aujourd’hui les nouvelles approches environnementales dans l’architecture de la maison individuelle ? Et notamment la réflexion sur la forme architecturale ou la forme urbaine (dans la mesure où l’on voit par exemple apparaître aujourd’hui des projets de «lotissements» de maisons en bande à exposition NordSud unique) ? C.C. : Je me réjouis bien sûr de la prise en compte des paramètres environnementaux dans la construction. Pour compléter ce qui précède, sans doute à cause de mon implantation dans une ville pauvrement reconstruite, je suis sensible au rejet souvent formulé ici du parallélépipède hégémonique (qualifié de « boîte à chaussure ») que je traduis par une demande de plaisirs formels variés, par un rejet de l’uniformité. Il importe que les architectes retrouvent humainement et subjectivement toute leur place dans l’acte de construire, en se référant plus aux fondamentaux qu’aux modes, pour ne pas laisser des normes ou des calculs thermiques générer des volumes à leur place. Voir aussi l’apparition de
solutions types, comme les toitures végétalisées, qui labelliseraient écologiquement de facto un projet. CAUE 44 : L’utilisation du bois dans les maisons solaires s’est–elle imposée « naturellement », dans les années 70, comme un apport de type écologique ? C.C. : Il m’a personnellement semblé, dans les années 70, que le recours au bois avait autant un sens pratique d’économie et d’autoconstruction, que celui plus écologique (bilan carbone) qu’il a pris aujourd’hui. J’ai moi-même auto-construit (avec un confrère), pour mon diplôme en 76, pour un groupement de pêcheurs sur l’île d’Houat, un bâtiment tout en bois (détruit aujourd’hui), pour une somme dérisoire et ne nous voyant pas maîtriser une autre filière constructive.Pour autant, revenu sur le continent, mes premiers projets bioclimatiques, construits par des entreprises, dans une région où le bois était traditionnellement réservé aux charpentes et aux menuiseries, n’ont pas dérogé à cette habitude. Je l’intègre davantage dans mes projets depuis 1990, depuis ma plus grande prise en compte de l’impact écologique des matériaux. Pour autant, resté fidèle à mes fondamentaux bioclimatiques (dont l’importance de l’inertie), je tente à présent de concilier, pour les enveloppes, les qualités du bois (charpente, bardage, menuiseries mixtes) avec celles de matériaux lourds (murs en agglos pleins ou en terre cuite pleine, planchers en béton) isolés par l’extérieur. CAUE 44 : L’utilisation du bois a-telle joué un rôle dans l’esthétique des « maisons solaires » ? C.C. : Au regard de ce qui précède, je distinguerais son rôle passé et actuel : - prépondérant dans les projets auto-construits, des années 70 et actuelles, passant de l’économique, pratique, facile, à l’écologique, avec une expression faisant souvent référence à un mélange de traditions, - un rôle prépondérant aujourd’hui dans les projets réalisés par les entreprises, pour l’image écologiquement positive acquise dans l’auto-construction, et pour la capacité de la filière bois à l’avoir placé comme « La Solution Naturelle et Écologique » pour l’habitat de demain. Plébiscité aussi par des clients demandeurs de vérité et d’humanité, pour contrebalancer les égarements technologistes et consuméristes de notre société. La production actuelle, sous l’influence des magnifiques exemples du Vorarlberg, semble avoir tendance à s’internationaliser, en générant partout la même architecture (parallélépipédique fendue). Je pense qu’il nous revient d’interroger nos fondamentaux (toujours) pour trouver les assemblages pertinents adaptés à chaque région et à chaque projet. Entretien réalisé par Christophe BOUCHER en décembre 2009
Dans le numéro 338 de la revue « Techniques et architecture » d’octobre 1981, consacré à l’habitat individuel, l’éditorial pose les enjeux de la construction pléthorique et non maîtrisée des maisons individuelles, dont la conception échappe pratiquement complètement aux architectes. Pointant le « glissement progressif du statut de la maison vers celui d’un simple bien de consommation », Jean-Michel HOYET y indique quelques pistes novatrices, avant de conclure son texte dans des termes d’une étonnante actualité, presque trente ans plus tard : « D’autres pratiques, moins liées aux institutions, ont également retenu notre intérêt, notamment celles qui s’articulent sur une technologie particulière comme la filière bois ou les nouvelles exigences en matière d’économie d’énergie. Au-delà de la maison elle-même, il était nécessaire de s’interroger sur son mode d’implantation et sur les principes de groupement, car le malaise souvent dénoncé provient moins des seuls édifices que de leur anarchique prolifération. Mais ces différentes orientations qui éclairent chacun des aspects particuliers de la conception ne doivent pas masquer le souci essentiel sans lequel toutes ces recherches et suggestions resteront vaines : le travail sur l’espace architectural, condition indispensable d’une réelle qualité ». Christophe BOUCHER
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DOSSIER :
1979-2009 : Des maisons solaires 1979-2009 :
30 ans d’action Le CAUE a fêté en 2009 ses 30 ans d’existence, et c’est pour nous aussi l’occasion de jeter notre regard 30 ans en arrière, de retracer la politique de l’ADEME sur cette période et d’analyser en parallèle l’évolution des pratiques, notamment dans la construction de l’habitat individuel. Le Grenelle s’annonce avec de grandes ambitions sur le sujet… Il est donc très intéressant de cerner les évolutions et les blocages que nous avons vécus depuis 30 ans… et donc depuis le 1er choc pétrolier.
8
1979 est l’année du second choc pétrolier… La découverte de notre grande vulnérabilité quelques années seulement après l’année 1973, celle du 1er choc pétrolier qui avait pris tout le monde par surprise, après une période de reconstruction, de relance de l’activité économique qui s’appuyait sur une énergie abondante et bon marché. A l’époque, comme encore maintenant, l’énergie est essentielle au développement de nos sociétés, c’est le « carburant » de nos systèmes économiques. Ce contexte nous a conduit à l’époque à une politique d’offre énergétique efficace pour assurer ses ambitions de développement. Ce choc pétrolier nous rappelle à l’ordre et nous invite durement à penser et à développer aussi une politique de la demande qui soit compatible avec nos contraintes. En 1974, c’est l’affirmation d’un important programme de production d’électricité d’origine nucléaire, et la création de l’AEE (Agence pour les Économies d’Énergie) dont beaucoup doutaient de la pérennité… Une petite décennie avec un fort accent d’économie d’énergie et le début du développement des énergies renouvelables. Le gisement d’économies d’énergie réalisables à des coûts peu élevés est important. Mais pour capter ce gisement il faut innover, convaincre. Pour cela l’État décide de s’appuyer sur un organisme « léger », « moderne » : une agence d’objectifs pour agir à sa place et en son nom. L’État adopte des lois, met en place des mesures réglementaires, fiscales, et porte déjà le message qu’économiser l’énergie ne veut pas dire austérité. 1982, c’est la création de l’AFME (qui élargit le champ de l’AEE), la « chasseuse de gaspi », celle qui rassure le français et lui affirme que la créativité peut beaucoup dans un tel contexte. Les données économiques lui donnent raison quand, sur la période 1973-1981, le PIB augmente de 22,5 %, la consommation d’énergie primaire n’augmente que de 5,8 %. C’est la preuve que l’on peut produire autant de biens et services en consommant moins d’énergie. C’est une époque où les moyens consacrés à la recherche sur ces sujets augmentent sérieusement. La contractualisation, d’abord entre Établissements publics de l’État puis avec les collectivités, apparaît. Le baril de pétrole est alors à 38 dollars. 1985, c’est le contrechoc pétrolier. Le baril redescend à 15 dollars. Le soutien aux grands investissements d’économies d’énergie n’est plus une priorité, et seules les actions d’information et de communication persistent. Les moyens financiers et humains de l’AFME sont alors réduits d’un tiers. On ne parle plus d’écono-
pour la
maîtrise énergie
de l’
Regard porté par Joëlle KERGREIS, déléguée régionale de l’ADEME des Pays de la Loire
mies d’énergie mais de maîtrise de l’énergie. D’ailleurs, dès 1990, alors que depuis 1973 l’intensité énergétique n’avait cessé de baisser, elle se remet à augmenter. Malgré tout, la société affirme sa préoccupation quant à la dégradation de la qualité de l’environnement. 1992, c’est la création de l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) qui résulte de la fusion de l’AFME, de l’ANRED (déchets) et de l’AQA (qualité de l’air). Mais 1992, c’est d’abord la conférence de Rio et une loi ambitieuse sur la gestion des déchets. Progressivement, le problème des ressources énergétiques refait surface et, vers 2000, la société est demandeuse d’un service public d’information des citoyens, neutre
sur la thématique de l’énergie. C’est le tout début des Espaces Info Énergie cofinancés par l’État et les collectivités. C’est la relance de politiques d’efficacité énergétique et la synergie avec la lutte contre le risque de changement climatique. 30 années qui nous situent à un virage : l’amorce d’une réconciliation entre le temps long, celui de l’épuisement des ressources, du changement climatique engagé, et le temps court, celui de nos attitudes au jour le jour, celui des temps de retour sur investissements. La nécessité de gérer le quotidien sans entacher l’avenir, en misant sur le développement technologique, sur des raisonnements économiques en coût global, sur un nécessaire changement de nos comportements, est un défi nouveau à relever, 30 ans après.
au développement durable… Les espaces
Info-Énergie
des points de conseil grand public Entretien avec Edith EMEREAU, Directrice de l’association ALISÉE
Les usages privés de l’énergie génèrent 47% des émissions nationales de gaz à effet de serre (source ADEME). En Pays de Loire, l’habitat représente 34 % des consommations d’énergie, dont 75% pour le chauffage des logements (source bureau d’études Explicit, 2008). Un tiers de la consommation régionale est aussi lié au secteur des transports et déplacements, dont le déplacement des personnes. Ainsi, l’action des particuliers apparaît incontournable pour répondre aux problématiques énergétiques. L’information et le conseil s’imposent, comme préalable aux choix d’aménagements et d’équipements qu’ils sont amenés à effectuer en qualité de maîtres d’ouvrage, afin d’en mesurer clairement les conséquences techniques, économiques et environnementales.
Stand Espace Info-Énergie
CAUE 44 : Qu’est-ce qu’un Espace Info-Énergie (EIE) ? E.E. : Depuis 2001, l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie), en partenariat avec les collectivités locales, a mis en place le réseau des Espaces Info-Énergie. Ce service de proximité apporte aux particuliers, petites collectivités et entreprises, des conseils objectifs et indépendants dans les domaines de l’utilisation rationnelle de l’énergie et du recours aux énergies renouvelables. Le réseau s’appuie sur des associations et organismes à but non lucratif, ancrés dans la vie locale, et spécialisés dans l’information et le conseil sur la maîtrise de l’énergie et les énergies renouvelables. L’association ALISEE a reçu l’agrément de l’ADEME en 2001 pour animer l’Espace Info-Énergie de Loire-Atlantique. Cette action s’inscrit aujourd’hui dans le cadre d’un partenariat avec l’ADEME, Nantes Métropole, le Conseil général de Loire-Atlantique et la Région des Pays de la Loire. CAUE 44 : Quelles sont les actions d’un EIE ? E.E. : Les conseillers énergie accueillent les particuliers et répondent gratuitement et de façon indépendante aux questions liées à la maîtrise de l’énergie et aux énergies renouvelables (conception du logement, isolation, équipements de chauffage et de production d’eau chaude, véhicules et transports, énergie solaire, bois énergie, éolien, aides financières…). Ils apportent des renseignements pratiques sur les réflexes simples et les équipements ménagers à adopter pour optimiser leurs consommations d’énergie. Les Espaces Info-Énergie organisent et participent également à des programmes d’animation et de sensibilisation pour aller à la rencontre du public (salons, conférences, visites de sites exemplaires…). CAUE 44 : Comment a évolué le contexte énergétique dans le domaine de la construction de logements depuis une trentaine d’années ? E.E. : « En France on n’a pas de pétrole, mais on a des idées ». Au cours des années 70, alors que les ménages
français subissaient les conséquences économiques du premier choc pétrolier, les acteurs de la construction et de l’énergie cherchaient des alternatives pour réduire notre dépendance énergétique vis-à-vis du pétrole. Deux stratégies ont alors été mises en œuvre en parallèle : d’une part diversifier les sources d’énergie, d’autre part améliorer la performance des bâtiments et des équipements afin de réduire leurs besoins en énergie. En 1973, le fuel représentait plus de 50% de l’énergie consommée pour le chauffage des logements, alors que cette même source d’énergie n’est employée que dans 5% des logements neufs construits en 2007. Ces valeurs témoignent d’une mutation énergétique, qui laisse une large place au chauffage au gaz et à l’électricité : respectivement 32% et 61% des logements construits en 2007 (source : CEREN). Depuis trente ans, un travail conséquent a été mené pour tendre à une réduction des besoins en énergie des logements, notamment pour le chauffage. La première réglementation thermique française (RT), qui apparaît au cours de la première crise pétrolière, fixe des objectifs minimums à respecter pour l’isolation et la ventilation des bâtiments neufs. Cette réglementation a fait l’objet de plusieurs révisions (1976, 1982, 1998, 2000, 2005), et une prochaine version est en cours d’élaboration (RT 2012). La RT 2005 définit des objectifs de performance globale des bâtiments, exprimés en kWh/m²/an, et prend désormais en compte la consommation d’énergie liée au rafraîchissement, pour éviter les surchauffes en période estivale. Depuis 2007, la réglementation thermique est étendue au secteur de la rénovation des bâtiments existants. Si l’isolation et la ventilation sont des paramètres déterminants sur la consommation d’énergie pour le chauffage des logements, la conception des bâtiments (compacité, orientation, inertie…) joue aussi un rôle très important. Dans le contexte des premières crises pétrolières, de nombreux acteurs de la construction ont exploré les potentialités qu’offrent les principes de la conception bioclimatique pour optimiser le confort thermique des bâtiments en limitant le recours aux
systèmes « actifs » (chauffage, climatisation). A titre d’exemple, on peut citer la réalisation des « maisons tournesol », construites au début des années 1980. Depuis, les prix de l’énergie ont connu une accalmie, et les principes du bioclimatisme ont été oubliés dans la plupart des opérations de construction de logements des deux dernières décennies. Plus récemment, avec l’émergence des nouvelles problématiques énergétiques, les questions d’énergie sont revenues au premier plan des préoccupations des français. Toutefois, la combinaison des enjeux économiques, géopolitiques, sociaux et environnementaux nous conduit à appréhender ces questions de manière plus globale. Depuis trente ans, l’habitat en Pays de la Loire s’est majoritairement développé au travers de la construction de maisons individuelles, qui représentent 72% du parc de logements à l’échelle régionale (France : 56%). Cette évolution est à l’origine de problématiques d’étalement urbain (en Loire-Atlantique, la consommation d’espaces dédiés à l’urbanisation représente l’équivalent de deux terrains de football chaque jour (source bureau d’études Explicit, 2009) et de problèmatique de déplacements reposant majoritairement sur l’usage de la voiture. CAUE 44 : Quelles en ont été les principales répercussions pour l’activité de conseil des E.I.E. ? E.E. : Depuis leur création en 2001, les Espaces Info-Énergie sont intervenus principalement en réponse à des préoccupations de choix énergétiques des particuliers, notamment pour le remplacement de systèmes de chauffage. Au-delà de la réponse à ces préoccupations, le rôle des conseillers énergie consiste à ouvrir la réflexion, afin d’aider les publics à appréhender leurs questions énergétiques de manière plus globale, en particulier en intégrant une réflexion sur la performance du bâti. Depuis plus d’un an, les conseillers énergie observent une évolution de la typologie des demandes, qui témoigne d’attentes d’informations et de conseils sur la conception et l’isolation des logements. Sur fond de crise, la maîtrise de l’énergie suscite donc un regain d’intérêt, et précède la question du recours aux énergies renouvelables. Ainsi, comme le suggère la définition du Développement Durable (« Répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs », source : Rapport de Brundtland, 1986), il convient en premier lieu de s’interroger sur la définition de nos besoins. Entretien réalisé par Vincent DEGROTTE en décembre 2009 ESPACES INFO-ÉNERGIE EN LOIRE-ATLANTIQUE : NANTES : 18 rue Scribe (02 40 08 03 30) SAINT-NAZAIRE : 4 avenue du Commandant L’Herminier (02 51 16 48 25). Réseau régional : 0810 036 038 Site internet : www.info-energie-paysdelaloire.fr
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DOSSIER :
1979-2009 : Des maisons solaires LES ANNÉES 2000,
durable le
soutenable et le
Toutes les activités humaines, des plus mondialisées aux simples gestes de la vie quotidienne, sont aujourd’hui remises en question au nom du développement durable. La construction, et notamment celle des logements, fait partie des domaines où la pression s’exerce fortement, et où les réglementations semblent le plus rapidement mises en place, parfois même avant que les savoirs ou les technologies ne puissent apporter de solutions écologiquement incontestables. Dans cette rapide évolution des discours, des conditions de production, des luttes d’influence et des contraintes administratives, les architectes doivent adapter la conception même de leurs projets, et réaffirmer leur rôle. Le CAUE a recueilli le point de vue de deux jeunes concepteurs nantais.
Construire en
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harmonie avec la nature
Entretien avec David JUET, architecte, agence KENENSO à Nantes
CAUE 44 : L’agence KENENSO est de création récente, et ses architectes ont été diplômés au cours des années 2000. Les concepts de développement « durable » ou « soutenable » et leurs implications dans l’architecture, ont-ils été présents au cours de l’enseignement reçu dans les écoles d’architecture où vous avez été formés ? D.J . : Je suis fils d’agriculteurs, j’ai grandi dans un monde où la notion de Nature était prégnante. Passionné par l’architecture, j’ai très tôt, lors de mes études, souhaité une rencontre entre ces deux éléments. J’ai entrepris, en autodidacte, des recherches personnelles sur les notions environnementales, suivi une option paysage en 4e année, et surtout proposé un travail personnel de fin d’études sur le thème « architecture vivante et démarche bioclimatique ». L’école, dans ces années 1995-2001, n’abordait malheureusement pas ces préoccupations environnementales. Mes premières expériences en agence se sont faites dans des structures portant cette même philosophie, notamment l’agence nantaise FORMA 6. J’ai beaucoup appris au travers de cette expérience et y ai trouvé une réelle crédibilité. Lorsque j’ai créé KENENSO, j’ai spontanément mis en œuvre, pour mes premières créations, mes connaissances et mon regard sur les notions environnementales. Très vite j’ai suivi la formation longue, proposée par l’URCAUE des Pays de la Loire, délivrant le diplôme en « architecture, développement durable et processus à Haute Qualité Environnementale ».
CAUE 44 : Votre engagement dans ce domaine vous semble-t-il partagé par la majorité des architectes de votre génération, ou s’agit-il d’une prise de position plus personnelle ? D.J . : Il me semble que la création de mon atelier d’architecture coïncide parfaitement avec « l’euphorie environnementale » de ces 5 dernières années. Je pense que ma génération est très sensible à cette question. J’ai peut-être, par mon parcours, une petite longueur d’avance sur l’approche du sujet et surtout sur son application, peut-être aussi un certain recul et un discernement quant aux enjeux environnementaux. Il me semble tout de même faire partie des créateurs pour qui cette notion environnementale est une préoccupation essentielle. Le nom de mon agence en témoigne (le mot KENENSO est issu du japonais et pourrait se traduire par la notion de « construire en harmonie avec la nature »). Avoir souhaité ne pas mettre en avant ma propre signature, mais celle de KENENSO, témoigne de cette philosophie particulière. Cette démarche fait partie intégrante de mes valeurs et de ma personnalité. Je veux croire en une démarche soutenable servant une architecture intègre. J’ai besoin de trouver du sens pour avancer et continuer à créer. Oublier un de ces deux éléments est pour moi tout simplement impossible. CAUE 44 : À la fin des années 70 et au début des années 80, des architectes ont construit des maisons « solaires » (ou « bioclimatiques ») en Loire-Atlantique comme ailleurs. Connaissez-vous cette production ?
D.J . : Oui, en partie. Ces concepteurs avaient bien souvent une démarche pouvant être qualifiée d’expérimentale, de marginale, et ont parfois même été la risée d’une grande partie de l’opinion publique et de la profession. On les qualifiait peut-être trop souvent d’ex « soixante-huitards », n’ayant pas réussi à passer le cap de l’hyper-productivisme et de la philosophie uniquement capitaliste. On en revient aujourd’hui ! Ces constructions ont pour intérêt d’avoir une démarche audacieuse. Elle témoignent de l’observation de l’histoire de l’architecture et de la réintégration des logiques constructives locales et ancestrales. Elles questionnent l’usage, la démarche humaniste, et replacent l’usager et son environnement au cœur du processus de création. Des architectes très en vogue aujourd’hui, comme entre autres le très talentueux japonais FUJIMORI, ont une production pouvant faire écho à ces créations des années 70-80. Pour autant, le grand talent de ce dernier réside principalement dans le fait qu’il a su réinterpréter la notion de cabane et d’habitat sain et simple, en créations architecturales portant aussi une réelle dimension artistique et poétique. Je pense que l’enjeu, aujourd’hui, réside principalement dans l’adéquation « architecture-environnement ». CAUE 44 : Et, si oui, a-t-elle pu vous apporter des enseignements (d’ordre technique ou conceptuel) ? D.J . : On tire toujours enseignement des expériences des autres. Je pense que l’on n’invente pas vraiment grand-chose. On prolonge
au développement durable… tions environnementales. Est-ce la conséquence d’une demande particulière de la part des maîtres d’ouvrage ? D.J . : La notion « d’exprimer », est un élément de réflexion très intéressant. Un bâtiment doit il exprimer son caractère environnemental pour être considéré comme tel ? Ces dernières ont-elles eu une approche globale des choses (intérêt spatial, architectural et plaisir d’y vivre, questions liées aux éléments de santé publique, durabilité des matériaux…) ? Il est vrai que certains maîtres d’ouvrage sont particulièrement impliqués et moteurs dans la conception environnementale. Je pense notamment à une de mes premières réalisations où tous les choix, ou presque, ont été questionnés en regard de ces préoccupations.
Maison Cabrette à La Baule, 2009, agence KENENSO architecte
éventuellement une démarche, une recherche. Ces expériences m’ont principalement rappelé que les choses restent simples, que la logique et la justification d’une architecture sont la clef d’une réussite environnementale. J’ai tout de même toujours voulu prendre un certain recul par rapport à ces expériences, car pour moi ce qui est essentiel est d’avoir un regard global sur la démarche environnementale. On peut faire le bâtiment le plus HQE qui soit, tout en faisant un projet parfaitement anti-environnemental ! C’est pourquoi remplir bêtement les cases des critères HQE m’importe peu. Je suis contre les certifications, les labels et tous ces critères de normalisation, notamment au regard sélectif trop cadré, voire conduit par des lobbys industriels et/ou des démarches politiques trop souvent peu cohérentes avec les enjeux environnementaux. Il suffit de voir qui donne ces certifications, sur quels critères, avec quelle analyse et surtout dans quelle logique. L’attribution des éco-prêts et crédits d’impôts est très discutable, la mise en œuvre d’éléments techniques visant des économies d’énergie peut l’être tout autant (bilan énergétique des panneaux solaires…). CAUE 44 : La prise en compte de préoccupations environnementales semble s’effectuer chez vous par le biais de la conception architecturale plutôt que par une approche techniciste, énergétique. Travaillez-vous avec des bureaux d’études techniques spécialisés dans ce domaine ? D.J . : Pour ce qui est des marchés privés de maisons individuelles, nous travaillons uniquement en interne, et apportons une réponse techniciste induite par nos formations régulières en matière environnementale et par nos expériences. Pour ce qui est des marchés plus conséquents ou publics, nous pouvons faire appel à des bureaux spécialisés,
notamment pour la réalisation d’études thermo-dynamiques, permettant une meilleure anticipation des performances énergétique du bâtiment. Nous n’hésiterons pas, autant que nécessaire, à pousser nos évaluations sur d’autres critères environnementaux, auprès de bureaux spécialisés DD et HQE, mais souhaitons pour autant rester impliqués dans les choix opérés, et être les garants d’une architecture durable. CAUE 44 : Parmi les « dogmes » édictés en matière d’économies d’énergies, le fait de privilégier une orientation nord-sud est mis en avant par beaucoup d’acteurs de la construction. Qu’en pensez-vous ? D.J . : Je n’ai pas d’avis préconçu sur la question. Je pense que la position à adopter en regard de l’orientation est beaucoup plus profonde et complexe que la simple vision nord-sud des choses. Bon nombre de logements, de par les formes urbaines, les ombres portées ou toutes autres contraintes liées à l’environnement proche, ne peuvent répondre à cette orientation nordsud. D’autres encore présentent un fort intérêt pour de larges ouvertures au nord, notamment pour des questions de confort visuel (bureaux, bibliothèque…) mais aussi pour des questions liées au plaisir et à l’intérêt particulier que cette orientation peut apporter (vue sur mer…). Il faut repenser la notion d’ouverture et dissocier parfois les notions de cadrage sur le paysage, celles d’apports de lumière et celles liées aux apports énergétiques. Nous avons en ce sens suffisamment de technicité (triple vitrage, protections solaires…) pour répondre à ces contraintes. Le rôle de l’architecte est de donner un sens architectural à toutes ces données. CAUE 44 : Votre agence a déjà produit un certain nombre de maisons individuelles. Certaines expriment plus que d’autres des préoccupa-
CAUE 44 : Dans le domaine environnemental, avez-vous l’impression de jouer un rôle « prescripteur » par rapport à vos maîtres d’ouvrage ? D.J . : Oui, pleinement. Quelles que soient les raisons pour lesquelles on nous démarche pour un projet, nous avons peu de peine à sensibiliser les maîtres d’ouvrage sur ces questions environnementales. Ils sont plutôt ouverts et attentifs à ces notions, même si parfois ils n’y connaissent pas grand chose ou s’y intéressent peu de prime abord. En ce sens, nous avons eu pas mal de retours de leur part, évoquant le fait que l’aventure du projet vécu ensemble les avait à la fois sensibilisés, et parfois très fortement, aux questions de culture architecturale et environnementale. Ces échanges sont pour nous une réelle source de satisfaction. CAUE 44 : Pensez-vous que, dans le domaine de l’habitat « durable », et face à d’autres acteurs de la construction, les architectes puissent jouer un rôle particulier ? accru ? marginal ? D.J . : Je pense que oui : l’architecte est le principal acteur dans le domaine de l’habitat « durable », et face à d’autres acteurs de la construction, il en est le « maître de l’œuvre ». C’est lui qui est à l’origine du projet, voire même influe sur le programme, et c’est lui qui va prescrire et coordonner tout un système et des réseaux pour construire. Une exposition très intéressante, « ARCHITECTURE = DURABLE », réalisée par le Pavillon de l’Arsenal à Paris, nous parle justement de ce rôle essentiel que l’architecte a en matière environnementale, et comment « architecture » et « durable » sont deux notions indissociables. Je pense que tous les concepteurs doivent, demain, avoir cette conscience environnementale, sans quoi ils seront confondus avec la masse des promoteurs et des constructeurs, qui pour la plupart ne sont intéressés que par les notions de profit et de rentabilité. L’architecte « porte en son nom » la mission de construire de la façon la plus intelligente et soutenable possible. Entretien réalisé par Christophe BOUCHER en décembre 2009
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DOSSIER :
1979-2009: Des maisons solaires
Maison à Saint-André-des-Eaux, Rachel GARNAUD
règles de bon sens Des
entretien avec Rachel GARNAUD, architecte à Nantes
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CAUE 44 : Vous venez de terminer la construction de deux maisons à SaintAndré-des-Eaux, pourquoi deux maisons sur une seule parcelle ? R.G. : À l’époque P.G., le maître d’ouvrage, travaille à Paris comme consultant. En parallèle de cette activité, il crée son entreprise, spécialisée dans l’aménagement intérieur et les techniques d’ossature bois. Il souhaitait ainsi, via le projet de Saint-André-des-Eaux, avoir à la fois un premier chantier pour son entreprise, et également s’installer dans la région en construisant sa propre maison. Cependant, des changements de vie vont modifier le programme, l’arrivée d’un bébé lui suggère de continuer son travail de consultant à Paris, plus stable et rémunérateur qu’une jeune création d’entreprise. Il se pose donc beaucoup de questions sur la viabilité de son projet et s’inquiète de perdre de l’argent, si toutefois il devait finalement vendre cette maison et rester sur Paris. CAUE 44 : Concevoir une maison écologique nécessite une approche différente de la construction, donc de l’architecture du bâtiment. Quels étaient les objectifs de votre client, ou de vos clients ? R.G. : Mon client voulait optimiser l’enveloppe budgétaire, et il m’a laissé le soin de mettre à profit mes connaissances pour que, malgré cette contrainte, l’architecture et l’écologie puissent malgré tout trouver leur place. La contrainte qu’il m’avait donnée était d’utiliser le procédé « KLH ». Sur le plan architectural, les concepts bioclimatiques, qui me semblent pour la plupart des principes de bon sens, m’ont permis de poser les bases de ce projet, tout en gardant une ligne cohérente avec le budget. En effet, un projet pensé autour de ces notionsclés permet de valoriser les apports solaires en soignant en premier lieu l’orientation. De plus, la forme du bâti, volontairement dense, limite les linéaires de façades et ainsi les surcoûts. La compacité permet alors de minimiser la surface d’échange avec le milieu extérieur, limitant ainsi les déperditions thermiques. La norme HQE définit d’ailleurs des valeurs de rapport surface d’échange/volume intérieur permettant de juger de la performance d’un projet architectural. Les pièces «sas», les zones « tampons », et même les avant-toits protègent du froid venant du nord et des vents dominants. L’isolation renforcée et le peu de vitrage en façade nord suppriment les zones froides. La
grande surface vitrée exposée au sud assure une bonne luminosité dans les pièces à vivre et optimise les apports solaires hivernaux. CAUE 44 : Pour réaliser une maison écologique, il faut répondre à un certains nombres de critères : des critères énergétiques pour réduire la consommation, des critères de choix de matériaux pour réduire l’impact environnemental, la prise en compte de l’aspect sanitaire du bâtiment (choix de matériaux sains et qualité de l’air), ainsi que ceux de la gestion de l’eau. Ce projet de maison, dans quelle démarche l’inscrivez vous ? R.G. : Ce projet est avant tout né d’une réflexion d’ensemble, à la fois durable, alternative et écologique : il est né d’une interrogation à la fois sur la rareté du foncier constructible et sur la barrière que représente son prix pour certains ménages (impact social et économique), mais également de l’impact et de l’aberration de l’étalement en zone urbaine et périurbaine. Le prix du foncier et le rêve ou fantasme de la maison individuelle entraînent un processus d’étalement, lui-même relié à l’attraction produite par les territoires périphériques, qui proposent des pris souvent moins onéreux. Un des enjeux est donc de maîtriser les déplacements et donc la mobilité liée à cette attraction ; car même si elle accompagne et stimule la croissance économique, elle génère des effets indésirables en termes sociaux, territoriaux et environnementaux. Le partage du foncier peut être un outil de régulation de l’étalement et de maîtrise de la surconsommation d’énergie liée aux déplacements.
Je souhaite que cette réflexion permette de faire évoluer les mentalités et donne des propositions alternatives à la maison individuelle. Je pense que ce type de démarche doit être engagée, surtout à une époque où la mobilité est un facteur de liberté et d’accès à l’ensemble des réseaux culturels et sociaux. Ce partage du foncier, au-delà de l’aspect écologique, est aussi une réflexion sociale. CAUE 44 : Quels ont été pour vous les choix, et les priorités que vous avez mis en avant pour la réalisation de ces deux maisons ? R.G. : Partage du foncier : intégration de deux maisons au lieu d’un habitat unique. Valorisation de l’habitat groupé. Égalité par la mise au point de critères de départ : orientation similaire, limitation des vis-àvis. Réécriture contemporaine d’un volume à deux pentes. CAUE 44 : Quelles sont les incidences de vos choix sur l’implantation et sur l’architecture des deux maisons ? R.G. : L’implantation a été soigneusement adaptée au site, les deux maisons ont été dessinées en décalage l’une de l’autre afin de limiter au maximum les vis-à-vis. L’idée était également d’offrir la même orientation nord-sud et la même vue sur les champs voisins situés au sud de la parcelle, pour chacune des deux maisons. CAUE 44 : Pensez vous que vos choix ont fortement dicté l’architecture et l’organisation spatiale des maisons ? R.G. : Oui, effectivement : volume dense, façade nord peu ouverte, zone tampon, façade sud largement vitrée… Cependant, même si ces
Maison à Saint-André-des-Eaux, Rachel GARNAUD
au développement durable… choix orientent le projet et rendent son enveloppe compacte et dense, j’ai malgré tout travaillé ce projet comme une réponse alternative et j’ai donc cherché à produire un habitat possédant les qualités de la maison individuelle, et venant aussi comme une réponse et une réécriture au modèle traditionnel. CAUE 44 : Vous avez une pratique courante de ce type de réalisations, quelle a été la part d’expérimentation, dans ce projet ? R.G. : L’expérimentation a porté sur la réflexion autour de l’étalement urbain, et de l’accès au foncier. En ce sens, ce projet m’a amenée à proposer une démarche d’ensemble, audelà de la seule conception. J’ai ainsi défendu mes conceptions globales de l’aménagement. Elle a aussi porté sur la technicité particulière du KLH, que je connaissais par des lectures et via le Salon de la maison bois d’Angers, mais que je n’avais pas encore eu l’occasion de mettre en œuvre. J’ai pu apprécier les qualités de ce procédé, sa rapidité et le confort intérieur qu’il procure. CAUE 44 : Pensez-vous que ces nouvelles pratiques soient à la portée de chaque usager ? R.G. : Je pense que ces nouvelles pratiques peuvent être en partie à la portée de tous. Le climat, l’ensoleillement et le confort thermique sont des composantes essentielles et incontournables d’un projet architectural. Ces éléments peuvent dans un premier temps facilement être pris en compte par un bon concepteur, par quelques bons réflexes : orientation et implantation soignées, densité du volume, répartition des ouvertures en fonction de l’ensoleillement et
des vents dominants, zone de sas ou « tampon » et limitation des ouvertures en façade nord. Je pense qu’il s’agit peut-être avant toute chose d’un engagement, d’une prise de conscience et d’un réel désir de les mettre en œuvre. CAUE 44 : Pensez vous qu’un modèle de constructeur puisse satisfaire aux exigences d’un tel habitat ? R.G. : Du point de vue de la conception, je reste sceptique sur cette possibilité. Les maisons de lotissement des constructeurs se choisissent effectivement sur catalogue et sont la plupart du temps alignées sur la voirie. Dans de nombreux cas, il y a une non prise en compte totale de l’exposition au soleil. Les plans reprennent parfois des formes traditionnelles et/ou locales, sans se soucier de l’exposition. Je reste très critique sur leur « modèle » car ils ont abouti non seulement à des aberrations très répandues, mais également à une pauvreté architecturale qui malheureusement a envahi notre quotidien. Je pense que la simple idée de « modèle » est peu cohérente avec ce type de démarche. Cependant, je pense que des règles de bon sens et quelques principes techniques peuvent leur permettre de proposer des modèles plus performants. CAUE 44 : Pour la réalisation de ces maisons, avez-vous eu des adaptations à faire à cause de la réglementation du PLU ? R.G. : La réglementation (PLU) sur Saint-André-des-Eaux était contraignante, avant tout parce qu’elle favorisait la reproduction des modèles de constructeur type pavillon (ton d’enduit beige avec toiture à deux pentes en ardoise).
Il a donc fallu dans un premier temps « essuyer » un refus. Le projet présentait des toitures terrasses (interdites sur le volume principal), que l’on souhaitait végétaliser, ainsi que des panneaux de bardage qui reprenaient un thème de « camouflage », dans des teintes allant du vert pastel au vert kaki - qui ont aussi été refusées. J’ai donc revu le projet dans son ensemble, car je devais impérativement intégrer des toitures à deux versants en ardoise et rester sur des teintes relativement neutres. Je me suis alors interrogée sur la réécriture de ce type de modèle, et j’ai alors tenté d’en donner une écriture contemporaine. CAUE 44 : Pouvez vous aujourd’hui mesurer l’impact financier d’une démarche bioclimatique sur le coût de la maison ? R.G. : L’impact financier représente environ un surcoût de 20 à 30%, mais ce surcoût est probablement rapidement compensé par les économies d’énergie et le confort optimisé. Il faut donc envisager cet impact financier comme un investissement à long terme. CAUE 44 : En quelques mots, quels conseils donneriez-vous pour qu’un plus grand nombre de constructions soient adaptées aux enjeux environnementaux ? R.G. : Rendre accessible les règles et le bon sens du « bioclimatisme » à chaque porteur de projet, via des guides ou des plaquettes facilement abordables. Valoriser le travail et l’intervention d’architecte-conseil autour de chaque projet, même mineur. Valoriser et communiquer autour des chantiers-pilotes de maisons labellisées BBC, car elles seront la norme de demain, notamment avec la RT 2012. CAUE 44 : Avez-vous d’autres projets en cours ? R.G. : Je travaille actuellement sur un projet de maison BBC (bâtiment basse consommation) qui sera construite via un procédé de caisson standardisé, donc reproductible. Cette maison est située à Ligné et sera labellisée BBC. Ce projet a été présenté au concours des maisons « éco-innovantes » de la Région des Pays de la Loire et le chantier a démarré il y a quinze jours. Entretien réalisé par Nathalie Kopp en décembre 2009
Concours international de maisons solaires SOLAR DECATHLON 2010 Le département de l’Énergie des États-Unis basé à Washington organise tous les deux ans un concours international de constructions de maisons solaires. Le cahier des charges demande une maison, de 75 m2, entièrement équipée, avec une alimentation uniquement solaire. Le Solar decathlon se caractérise par 10 épreuves (architecture, bilan thermique, innovation…). Dans l’ensemble, les équipes ont privilégié la compacité du bâtiment. L’équipe allemande de l’université de Darmstadt a remporté les deux dernières éditions. Une compétition européenne est lancée pour juin 2010 et se déroulera à Madrid.
Team Germany (Technische Universität Darmstadt) surPLUShome
The Ohio State University Solar House I
University of Arizona SEED [pod]
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INITIATIVE
Éco-cité un projet
d’
à Saint-Nolff (56)
Conjuguer au mieux architecture, urbanisme et environnement
La commune de
Saint-Nolff
Commune de 3 750 habitants et de 2 500 hectares située à 10 km de Vannes et à 15 km du Golfe du Morbihan. C’est l’une des 24 communes de la Communauté d’Agglomération du Pays de Vannes et l’une des 38 communes du futur Parc Naturel Régional du Golfe du Morbihan. La commune de Saint-Nolff a rejoint en 1997 le réseau international des «communes du monde». Par cette adhésion, le Conseil Municipal s’est engagé à respecter les ressources de la planète et à mettre en œuvre une politique de développement durable et solidaire.
LE PROJET
Sur des parcelles variées, les jardins exposés au sud sont protégés par des haies, des murs ou des clôtures bois, des celliers. La récupération des eaux de pluie se fait globalement, par des noues et fossés stockants et infiltrants, et à l’échelle de la parcelle pour un usage domestique.
dées, etc. Des ouvertures importantes au sud et réduites au nord doivent contribuer à l’objectif recherché de la norme BBC (Basse consommation, 55 kWh/m2/an), avec une orientation optimale du bâti, des volumétries compactes, une isolation répartie (monomur) ou extérieure.
Des prescriptions architecturales exigeantes encadrent la construction : le PVC est par exemple interdit pour les menuiseries, bardages et clôtures ; l’ardoise est déconseillée en toiture ; les enduits à la chaux sont conseillés, avec des teintes foncées recomman-
Des prescriptions paysagères (essences végétales locales recommandées, arbres persistants interdits, emplacements et dimensions des arbres réglementés, nature des clôtures, etc.) complètent le cahier des charges.
Quelques points forts du projet : un programme d’habitat élargi (occasion, locatif, activités compatibles…) une morphologie urbaine adaptée : accès automobile limité, trame viaire épurée, parcelles de 350 m2 et habitat individuel diversifié. une trame verte en «ramification» associant corridors écologiques, liaisons douces, espaces publics, jardins, limites privatives… une approche environnementale aboutie (gestion des eaux de pluie, déchets…)
Illustrations : TERRITOIRES EN MOUVEMENT, urbanisme et paysage, Vannes - Bernard MENGUY, architecte, Vannes
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Dans un site rural en prolongement de l’urbanisation existante, la ZAC est traitée « comme un morceau de village », où des continuités de maisons mitoyennes structurent des ruelles, venelles et sentiers. La voiture est laissée « à la porte du quartier ». La mixité des usages (habitat, activités, bureaux) est possible, et la mixité sociale favorisée par une répartition aléatoire du statut des parcelles (lots libres, lots réservés à des primo-accédants, lots pour promoteurs et logements sociaux).
Maître d'ouvrage Mairie de SAINT-NOLFF Assistant à maître d’ouvrage EADM - Aménagement du Morbihan, Vannes Architecte Bernard MENGUY, Vannes Développement Durable, Urbanisme et Paysage Territoires en mouvement, Vannes BET technique BOURGOIS, Vannes BET environnement DM Eau, Rennes Plan masse
Des exigences en matière d’habitat Vers une démarche volontaire d’habitat écologique
Minimiser l’impact environnemental des constructions en préservant les ressources naturelles, et en s’inscrivant dans une démarche bioclimatique Valoriser les économies d’énergie et promouvoir les énergies renouvelables (solaire, photovoltaïque et géothermie) Mettre en oeuvre des matériaux de construction à faible incidence sur la santé des habitants Créer des espaces de vie valorisants et éducatifs, en privilégiant le lien social Optimiser la gestion de l’eau Repenser la place de la voiture Promouvoir des constructions à hautes performances énergétiques (BBC, isolation renforcée, vitrage performant, structure à forte inertie)
Coupe de principe
Entretien avec
Joël LABBÉ
Maire de Saint-Nolff
CAUE 44 : Qu’est-ce qui a poussé la municipalité à s’engager dans une démarche novatrice pour la création de ce nouveau quartier qu’est l’éco-cité du Pré Vert ? J.L. : La création de ce nouveau quartier s’inscrit dans une suite logique de la politique d’aménagement en cohérence avec l’Agenda 21 local engagé depuis 2005. Au début, il a fallu prendre le temps pour convaincre du fait que ce soit l’ensemble du quartier qui sera traité d’une manière innovante, afin de sortir de la culture du lotissement conventionnel consommateur d’espaces. CAUE 44 : Quel est le projet politique de la municipalité, d’une manière plus globale, par rapport à l’urbanisation de son territoire ? En quoi le projet d’éco-cité du Pré Vert s’inscrit-il en cohérence avec le projet politique de la municipalité ? Et en quoi est-il différent ? J.L. : Dans le cadre de la révision du PLU en 2005, les nouvelles zones d’urbanisation ont été strictement recentrées sur le bourg. En utilisant la procédure ZAC, la collectivité acquiert les zones à urbaniser au fur et à mesure des besoins, afin de réaliser des opérations publiques d’aménagement (les terrains en réserve sont classés en 2AU et ne peuvent être urbanisés qu’après révision du PLU). L’éco-cité du Pré Vert, qui prévoit 130 logements sur trois ans, est la première opération de la nouvelle génération. Sous tendu par les orientations de l’Agenda 21 local, le projet politique global de la municipalité est clairement affirmé et affiché, en dehors de toute recherche de consensus mou. Le suffrage de 2008 a montré qu’une majorité de la population adhérait à ce projet. Ainsi, l’éco-cité est en totale adéquation avec le projet politique : formes d’urbanisation permettant la densification afin de rompre avec l’étalement urbain ; habitat économe tendant vers le bioclimatique ; économies d’énergie ; utilisation des énergies renouvelables ; mixité sociale, générationnelle et fonctionnelle ; limitation de la place de la voiture. Autant d’aspects en cohérence entre la nouvelle urbanisation et le projet politique.
CAUE 44 : Par rapport à tous ces objectifs et par rapport aux caractéristiques du site, quel a été le parti d’aménagement des urbanistes ? Quel cadre de vie avez-vous imaginé avec eux pour les futurs habitants de l’éco-cité du Pré Vert ? Pour qui a-t-elle été conçue ? J.L. : Le quartier est organisé à l’image d’un village : les maisons juxtaposées bordent des venelles piétonnes propices à la convivialité. L’intégration paysagère est finement travaillée avec des plantations d’espèces locales reconstituant un aspect bocager. L’éco-cité n’a pas été conçue pour une catégorie particulière de population (surtout pas un quartier à bobos !). Au contraire, la mixité est favorisée : 30 % des logements sont sociaux et l’accueil des jeunes ménages est favorisé. CAUE 44 : Comment la commune a-t-elle communiqué auprès des habitants, quelles ont été les réactions, les interrogations, voire les réticences ; notamment par rapport au parti d’aménagement qui impose de laisser la voiture aux abords du quartier, mais aussi par rapport aux obligations définies dans le cahier des prescriptions architecturales et paysagères ? J.L. : La communication a été essentielle au fil de l’avancée du projet, qui a été suivie par un comité de pilotage ouvert à des non élus, dont des membres de l’association « SaintNolff 21 ». Deux réunions publiques de présentation ont été organisées ainsi qu’une réunion spécifique à l’attention des riverains. De plus, l’éco-cité a été au cœur des débats lors de la campagne électorale des municipales. Les critiques ont porté sur la taille des terrains (« concentration »), sur les contraintes de la pratique de la voiture jusqu’aux habitations, sur le cahier des charges exigeant pour la qualité des constructions et aussi sur le fait que la municipalité, par sa volonté de réaliser des opérations publiques, ne laisse pas la liberté aux propriétaires privés de faire ce qu’ils veulent en vendant à des promoteurs. Mais beaucoup d’habitants ont été sensibilisés sur ces nouvelles logiques au fil de la mise en œuvre de l’Agenda 21,
confortés par les débats nationaux qui ont abouti au Grenelle. Aux accusations de concentration, nous avons répondu : densification ; sur le cahier des charges exigeant : nécessité ; sur l’absence de la voiture : tranquillité, sécurité pour les enfants et les personnes âgées ; sur les intérêts privés des propriétaires : intérêt public au service du plus grand nombre… CAUE 44 : Que retenez-vous aujourd’hui de cette expérience, notamment par rapport au travail effectué avec les urbanistes ? Que vous inspire ce projet et cette démarche pour les futurs projets sur la commune ? J.L. : La conception de ce projet, qui est étalée sur trois ans avant le début des premiers travaux (qui viennent juste de commencer), a été véritablement une ouverture, une belle aventure d’imagination et de créativité. La perception aussi pour tous les acteurs concernés de contribuer à faire évoluer les logiques d’aménagement. Le choix de nos prestataires a été également essentiel pour la réussite de l’opération : la SEM morbihannaise EADM, l’agence d’urbanisme Territoires en Mouvement et l’architecte Bernard Menguy ont su être à l’écoute, et aussi être en capacité de faire des propositions correspondant à nos attentes. En conclusion, nous sommes convaincus, ici, que face aux nouveaux défis, les collectivités publiques se doivent de reprendre les choses en main, en jouant pleinement leur rôle politique mettant en avant l’intérêt public face aux intérêts privés. Il a fallu faire preuve d’audace et de capacité à la prise de risque : risque notamment d’être battus aux élections. La suite a prouvé qu’associant au mieux la population, en communiquant sur les motivations de cette politique, une majorité est à même d’y adhérer : cela est extrêmement encourageant pour l’avenir. Entretien réalisé par Delphine LAINÉ-DELAUNAY en novembre 2009
Coupe de principe sur le parking Ouest
Coupe de principe sur le parking le long de la RD 182
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DOSSIER :
1979-2009 : Des maisons solaires le
cadre
règle et la réalité du cadre de la
Depuis 1960, le territoire français s’est transformé, par le biais d’une urbanisation plus ou moins galopante selon les régions. Les communes de Loire-Atlantique n’ont pas été épargnées et, depuis 10 ans, on constate une explosion de nouvelles opérations, bâties sur un modèle unique. La surface d’urbanisation s’est multipliée par trois, pour une population qui n’a fait que doubler dans le même laps de temps. Les années 60 : le POS
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Si le rêve de 80 % des français est d’avoir une maison et un jardin à la campagne, les réponses offertes ont progressivement fait disparaître des paysages ruraux, remplacés par des territoires banalisés, au découpage systématique en lots de 1000 m2, de part et d’autre de routes surdimensionnées, sans aucune approche environnementale. De lotissement en lotissement, petit à petit, l’habitat s’est éloigné du lieu de travail, bouleversant même la manière d’habiter. L’habitant est devenu un résident. La pression foncière, le besoin de logements ont conduit les politiques locales à laisser rapidement se développer les agglomérations, sans aucune visibilité sur leur évolution urbaine, et avec pour conséquence l’explosion de besoins en équipements publics (les écoles dans un premier temps, puis les accueils pour la petite enfance). Les modes de vie, les distances, contraignent les familles à avoir recours à ces services matin et soir. Les plans d’occupation des sols (POS) ont fabriqué une urbanisation exclusivement dédiée à la voiture, mettant en péril la vie de ces « pendulaires » lors des fluctuations monétaires du pétrole, et les rendant de plus responsables des émissions de CO2. Par ailleurs, les logements, isolés au milieu de leurs parcelles, implantés sans prise en compte du contexte (soleil, vent, topographie…) et respectant seulement les alignements et distances prévus dans les règlements, sont en eux-mêmes de forts consommateurs d’énergie. Ce phénomène d’urbanisation, plutôt périurbain, a commencé à s’étendre aux agglomérations des communes du département, transformant radicalement la morphologie des centres bourgs. Un constat qui ne laisse indifférents ni les politiques, ni les professionnels, d’autant que cette urbanisation n’a pas généré la qualité de vie espérée à la campagne.
Les années 2000 : la Loi SRU
Au moment où les scientifiques s’interrogent sur l’avenir de la planète et le réchauffement climatique, apparaît la Loi SRU. Implacable, elle impose aux élus, sans prise en compte des contextes locaux, une réduction de l’étalement urbain et une meilleure prise en charge du besoin en logements sociaux, calculé sur la base de 20% de logements sociaux dans chaque commune. Très rapidement, les aménageurs saisissent l’opportunité et proposent de nouvelles opérations, plus denses, plus compactes. La surface de la parcelle diminue, mais la maison trône toujours au milieu de son terrain, de plus en plus près des limites, mettant en péril l’intimité de chacun. Les habitants se protègent derrière des éléments ajoutés, clôtures, bois tressés, palissade de brandes, toiles plastiques, autant de matériaux qui nuisent à la qualité des limites de l’espace public, et qui sont consommateurs de ressources.
Les années Grenelle : le développement durable
Depuis 3 à 4 ans, les pouvoirs publics ont lancé le chantier du développement durable, incitant aménageurs et particuliers à réfléchir autrement la fabrication de la ville, et celle de la construction. Économiser l’énergie devient le leitmotiv dans les nouveaux quartiers, dans la construction de la maison. Même la maison de constructeur s’inscrit dans cette démarche. Les administrations et organismes publics, mais aussi les marchands de matériaux et de technologies, les bureaux d’études
spécialisés, les thermiciens s’engouffrent dans cette brèche, multipliant les actions, les informations, les publications. Sur les salons, le particulier trouve les produits qui lui permettront « d’accessoiriser » sa maison pour la rendre plus économe. Pour atteindre les objectifs fixés par le « Grenelle de l’environnement », chaque logement devra répondre en 2012 aux critères de baisse de consommation d’énergie, avec un seuil fixé à 50 kWh par m2 de SHON et par an, ce qui correspond au label actuel « BBC » (Bâtiment de Basse Consommation énergétique). Dans cette logique, la conception des quartiers et de la maison devrait demander une attention nouvelle. Or une nouvelle règle s’ajoute aux précédentes, qui recommande l’implantation nord-sud de l’habitat. Aujourd’hui apparaissent ainsi des opérations totalement mono-orientées, c’est-à-dire où les maisons sont implantées de manière uniforme. Cet engouement suscite quelques interrogations, l’une concernant la systématisation du principe nord-sud pour l’habitat, l’autre concernant la qualité des nouveaux quartiers basés sur ce principe. Si cette orientation est tout à fait propice au confort de la maison et à l’économie d’énergie, donc à la réalisation d’un habitat responsable, elle n’est pas un modèle unique. D’autres façons d’habiter, d’autres réponses techniques, des choix particuliers de matériaux, peuvent compenser des orientations différentes. Comment peut-on répondre à une diversité de besoins des habitants en imposant un habitat unique, conforme à des exigences de calcul, donc normalisé ? Dans les récents quartiers, les formes urbaines générées par le seul principe de l’économie d’énergie tendent à s’uniformiser. Si le projet urbain ne s’appuie que sur le principe d’implantation nord-sud, comment pourra-t-il s’inscrire dans la diversité des contextes urbains et paysagers des communes ?
au développement durable… Architectures et paysages …. Chaque site, chaque projet nécessite une approche particulière, « cousue main », qui prenne en compte les caractéristiques spécifiques du lieu et du programme. L’application de règles systématiques, pour la densité, l’économie d’espace urbanisé, les économies d’énergie, l’orientation de l’habitat, est-elle une bonne alternative aux lotissements réalisés depuis les années soixante ? Ces règles ne sont elles pas, d’années en années en train de construire l’uniformité de nos paysages. ? Ne sommes nous pas en train de pratiquer une simple homothétie des plans de lotissements des années 60, en mieux orientée ? Face à ce risque d’uniformisation, qu’en est-il de l’identité de la commune ? Comment se saisir des règles d’urbanisme, de leurs difficiles applications et contradictions ? Ne serait il pas plus judicieux d’établir les règles
à partir d’un vrai projet urbain, trop souvent oublié dans les documents d’urbanisme ?
Vers un urbanisme de projeTS… Nous pouvons nous interroger sur certaines pratiques qui consistent à inscrire, pour l’ensemble d’un nouveau quartier, le seul principe d’économie d’énergie, oubliant dans la précipitation qu’un quartier s’inscrit dans un contexte, qu’il doit tisser une histoire autour d’une diversité de formes urbaines, d’espaces publics, d’architectures, d’habitants. Dans les années 80, on parlait de « maisons bioclimatiques », et les architectes proposaient des habitations dont l’architecture même participait à l’économie d’énergie. On tente aujourd’hui, par le biais de nombreux concours à l’échelle nationale ou régionale, de développer un habitat écologique innovant, mais qu’en est-il de la réflexion urbaine
et architecturale, de l’insertion dans le site, s’il ne s’agit que de poser un modèle sur une parcelle ? Les projets urbains, les projets d’architecture vont devoir prendre en compte un grand nombre de données, environnementales, économiques, sociales. Les réponses seront multiples, et devront être le fruit de réflexions croisées entre urbanistes, paysagistes, architectes et environnementalistes. C’est avec cette diversité de cultures et de pratiques que les nouveaux quartiers s’inséreront dans les paysages avec « bon sens ». Nathalie KOPP
maison ancienne et le la
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développement
durable
La volonté de réduire les consommations d’énergie liées au chauffage, à l’eau chaude et au refroidissement entraîne, dans le cas de l’habitat ancien, des interrogations sur les éventuelles contradictions entre la recherche d’une isolation maximale (avec notamment le changement des menuiseries et la pose d’isolation par l’extérieur) et la préservation des caractéristiques architecturales d’origine (éventuellement patrimoniales) du bâti ancien. Dans un premier temps, les performances thermiques de l’habitat ancien (d’avant les réglementations de 1975) ont été globalement mises en cause, s’appuyant notamment sur les DPE (diagnostics de performance énergétique). Or une première évaluation, menée de 2004 à 2007 par le Centre d’Études Techniques de l’Équipement de l’Est, le Laboratoire des Sciences de l’Habitat (ENTPE) et l’association Maisons Paysannes de France, a démontré l’incapacité totale de ces DPE à rendre compte des comportements thermiques réels des maisons anciennes. A la fois parce qu’on ne connaissait pas le comportement réel des matériaux utilisés (pierres, briques, bois, mortier de chaux, etc.) et qu’on ne prenait pas en compte les effets dus à l’inertie de ces bâtiments et à leur équilibre hygrothermique. Cette première étude a notamment montré qu’on ne pouvait considérer les constructions d’avant 1975 comme un tout homogène, mais qu’une très grande différence de comportement thermique devait conduire à séparer les édifices d’avant 1948, globalement construits
en pierre avec des murs épais, et les constructions érigées entre 1948 et 1974 en murs minces de parpaings ou de béton non isolés. Afin de pouvoir, tout simplement, savoir de quoi on parle, une étude plus vaste est actuellement menée : le programme BATAN (pour « bâti ancien ») va permettre d’étudier in situ les phénomènes physiques qui caractérisent le bâti ancien, d’élaborer un nouveau modèle de calcul apte à mesurer les déperditions thermiques réelles, et donc d’identifier les enjeux en termes de réhabilitation énergétique du bâti ancien. Ce travail est conduit, sous la maîtrise d’ouvrage de l’ADEME et du Ministère du Développement Durable, en partenariat avec le ministère de l’Équipement (CETE de l’Est et de l’Ouest), l’École nationale des travaux publics de l’État, le CNRS, Maisons Paysannes de France et l’INSA (Institut national des sciences appliquées). À partir d’une typologie thermique du bâti ancien, à l’échelle de la France, un panel de constructions et de groupements de constructions ont été instrumentés et leur comportement analysé pendant un an. Un nouveau modèle de calcul est en cours de validation, qui permettra de donner des chiffres fiables, et aidera les maîtres d’œuvre à proposer des solutions réalistes.
Les premiers résultats enregistrés montrent que, dans le cas de constructions d’avant 1948 ayant conservé leurs caractéristiques d’origine, et notamment une bonne inertie et un bon équilibre hygrothermique, les consommations d’énergies sont beaucoup moins importantes qu’on ne le croyait, et que les solutions généralement préconisées (menuiseries étanches en PVC et isolation par l’extérieur) sont la plupart du temps inutiles, et presque toujours dommageables au maintien des qualités techniques et esthétiques des édifices. Avant de décider à l’aveugle d’interventions coûteuses et inesthétiques, il est donc prudent pour les propriétaires de maisons anciennes, et pour leurs maîtres d’œuvre, d’attendre les résultats du programme BATAN (fin 2010), et pour le moment de ne pas faire confiance totale aux marchands de matériaux, de techniques et de diagnostics inadaptés. Pour suivre l’actualité de ce sujet, le site de l’Association nationale des Villes et Pays d’Art et d’Histoire et des Villes à secteurs sauvegardés et protégés met en ligne les contributions de son atelier de formation « Patrimoine bâti et développement durable » à l’adresse www. an-patrimoine.org Christophe BOUCHER
DOSSIER :
1979-2009: Des maisons solaires au développement durable…
Bibliographie Cette bibliographie présente une sélection d’ouvrages sur l’architecture solaire et écologique, des années 1970 à nos jours. Consultables au centre de documentation du CAUE 44, ils ont été choisis parmi un fonds plus important. Leur classement par ordre chronologique montre bien deux « vagues » de parutions, l’une entre 1978 et 1985, l’autre essentiellement à partir des années 2000. Pendant une quinzaine d’années, les préoccupations environnementales n’ont plus été « porteuses » en matière d’architecture de la maison. OUVRAGES DES ANNÉES 80
OUVRAGES DES ANNÉES 2000
L’homme, l’architecture et le climat. GIVONI B. Le Moniteur Ed., 1978. 460 p. Ouvrage de référence sur l’architecture climatique, ce livre aide à assurer cette démarche grâce aux nombreuses études et recommandations qu’il contient portant sur la forme, les orientations, les percements, la structure, les matériaux de construction et les dispositifs.
Maisons solaires, maisons d’aujourd’hui : à la recherche des ambiances. LIEBARD Alain, CIVEL Yves-Bruno, MENARD JeanPierre. Comité d’action pour le solaire, 1992. 36 p. Présentation de quelques réalisations françaises exemplaires pour leur ambiance (formes, lumières, serres, matériaux, etc).
Histoire mondiale de l’architecture et de l’urbanisme modernes. Tome 3 : prospective et futurologie. RAGON Michel. Casterman, 1978. 437 p. Cet ouvrage restitue l’architecture et l’urbanisme modernes dans leur environnement économique, politique et culturel des années 1960-1970 : nouveaux matériaux, nouvelles techniques, nouvelles structures, urbanisme spatial, architecture et urbanisme souterrain, architecture en bord de mer (sur ou sous la mer), énergies nouvelles, architecture et biologie, architecture mobile, miniaturisée, éphémère, tournante, ...
L’architecture écologique : 29 exemples européens. GAUZIN-MULLER Dominique. Le Moniteur Ed., 2001. 287 p. Cet ouvrage analyse la démarche environnementale appliquée à l’architecture et à l’urbanisme en Europe, illustrée par 29 exemples.
Archi bio. IZARD Jean-Louis, GUYOT Alain. Parenthèses, 1979. 131 p. Analyse de l’architecture bioclimatique à travers ses outils et méthodes, illustrée par des exemples empruntés - pour divers climats - à l’architecture et à l’urbanisme vernaculaire à travers l’histoire et les civilisations. Soleil, nature, architecture. WRIGHT David. Parenthèses, 1979. 246 p. Coll. Perspectives. Présentation de quelques principes de base de l’architecture solaire passive. Au sommaire : architecture et éthique, architecture et microclimat, les outils naturels du projet, utilisation des outils, regards sur l’avenir.
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Les possibilités de l’énergie solaire en Europe. DECAMPS Edmond-Antoine. Ed. Ouest-France, 1980. 218 p. Coll. Université. Bilan sur l’énergie solaire en Europe. Maisons solaires : premiers bilans. MENARD Jean-Pierre. Le Moniteur Ed., 1980. 207 p. Coll. Architecture, Les bâtiments. Présentation de 31 maisons solaires françaises représentatives par leur qualité architecturale et les techniques employées. L’indépendance énergétique de la maison. MAILLARDET Thierry, VIEILLARD Jean-Michel. Eyrolles, 1980. 185 p. Cet ouvrage est le résultat d’une recherche réalisée par l’association d’études et d’aide pour le développement rural (ADR). Elle est le résultat de réflexions sur le coût global de l’approvisionnement énergétique en zone rurale, sur les économies d’énergie et sur une meilleure valorisation de l’énergie solaire directe et indirecte (vent, eau, biomasse). Projets pour 1000 maisons solaires. Ministère de l’environnement et du cadre de vie, Commissariat à l’énergie solaire, Plan construction. Le Moniteur Ed., 1981. 191 p. Présentation des 29 projets sélectionnés suite aux concours «5000 maisons solaires» lancé en janvier 1980 par le Ministère de l’environnement et du cadre de vie. A partir de ces modèles, un financement particulier devait permettre de construire 1000 maisons solaires en France. Constructions solaires passives. AUGIER Hélène. Apogée, 1982. 111 p. Présentation de 50 réalisations françaises solaires passives, chaque exemple est illustré par des photographies, plans, élévations et coupes. Parmi ces projets, on trouve un immeuble collectif à SaintNazaire (architecte : Christian COCHY). Architecture climatique en Bretagne : données et réflexions 1982. DIACON Claude, LE VELLY Jean, RAVILLY Anaïck. Agence française pour la maîtrise de l’énergie, 1982. 63 p. Ce document a été réalisé dans le cadre du concours «Architecture solaire en Bretagne» afin de sensibiliser et faire le point sur l’architecture climatique. Au sommaire : la Bretagne et l’habitat, l’architecture traditionnelle, le climat breton, architecture et bioclimatisme. Habitat solaire en Loire-Atlantique. CAUE de Loire-Atlantique, 1982. 33 p. Plaquette de sensibilisation pour l’habitat solaire en Loire-Atlantique, illustrée par des exemples dans le département. Des conseils sont apportés sur la conception, la réalisation, le confort et le budget. Guide de la France solaire. Action solaire, 1983. 269 p. Hors série de la revue «Action solaire», ce numéro se compose de 3 parties : le solaire (conseils, définitions, subventions, politique) ; la présentation de 100 réalisations françaises ; les contacts et adresses d’utilisateurs, de partenaires et d’artisans. L’habitat bioclimatique dans les Pays de la Loire. Recensement. LAUMONIER Chantal. Centre scientifique et technique du bâtiment ; Agence française pour la maîtrise de l’énergie, 1985. n.p. Rapport présentant un recensement, par voie d’enquête postale, des habitations bioclimatiques dans les cinq départements des Pays de la Loire.
Maisons écologiques d’aujourd’hui. OLIVA Jean-Pierre, BOSSE-PLATIERE Antoine, AUBERT Claude. Terre vivante ; Fondation Simon I. Patino, 2002. 144 p. Présentation d’une trentaine de maisons écologiques. Pour chaque réalisation, les famillesmaîtres d’ouvrage font part de leurs questions et démarches sur la construction, l’architecture, les matériaux, l’aménagement ou le prix. Génération solaire : d’ici 2020 1 milliard d’êtres humains alimentés en électricité, 2 millions d’emplois créés. Hespul ; Greenpeace ; Association europénne de l’industrie photovoltaïque, 2003. 47 p. Cette publication analyse les problèmes et enjeux liés au développement du photovoltaïque : les bases du solaire, le marché de l’énergie solaire, la course au soleil, l’avenir soleil, les gagnants et les perdants de la génération solaire. Qualité environnementale des bâtiments : manuel à l’usage de la maîtrise d’ouvrage et des acteurs du bâtiment. Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie des Pays de la Loire, 2003. 294 p. Coll. Connaître pour agir. Destiné aux maîtres d’ouvrage et professionnels du bâtiment, ce guide leur apporte conseils et techniques pour pratiquer une démarche de haute qualité environnementale (HQE) dans les bâtiments. La première partie analyse la démarche en 3 points (enjeux et préoccupations, phases opérationnelles, stratégies de conception), la seconde partie présente 50 fiches thématiques (site, matériaux, énergie, pollution, etc.). Le guide de l’habitat sain : habitat qualité santé pour bâtir une «santé durable». DEOUX Suzanne, DEOUX Pierre. Medieco, 2004. 537 p. Ce guide analyse l’influence de chaque élément de l’habitat sur la santé : l’implantation, l’environnement, la conception, les matériaux, l’équipement (électricité, chauffage, eau, climatisation) et la décoration (revêtement, couleur, peinture, éclairage, aménagement). 25 maisons écologiques. GAUZIN-MULLER Dominique. Le Moniteur Ed., 2005. 159 p. Coll. 25 réalisations. Présentation de 25 maisons écologiques récentes réalisées dans le monde à travers un panorama des tendances actuelles. 4 thématiques au sommaire : habitat et écologie, intégration au territoire, confort thermique, choix des matériaux. Traité d’architecture et d’urbanisme bioclimatiques : concevoir, édifier et aménager avec le développement durable. LIEBARD Alain, DE HERDE André. Oberv’Er, 2005. 776 p. Encyclopédie d’architecture et d’urbanisme bioclimatiques composée de 368 fiches didactiques répertoriées en 6 chapitres : connaître les bases, construire avec le climat, construire en climats chauds, construire avec le développement durable, construire avec l’éclairage naturel et artificiel, aménagement urbain et développement durable en Europe. Architecture écologique : une histoire critique. STEELE James, BELS JONES Emmanuelle. Actes Sud, 2005. 269 p. Après avoir défini l’architecture écologique et ses nombreux champs d’application, l’auteur recense les thèmes clés de l’architecture écologique et étudie les rapports qui se nouent entre les savoir-faire traditionnels et les technologies les plus modernes. Il retrace l’histoire des principaux architectes et mouvements qui ont conduit à cette révolution écologique et en étudie les réalisations majeures, puis il analyse les changements d’attitude à l’égard de la tradition, de la technologie et de l’urbanisme en soulignant le rôle présent et à venir de l’architecture écologique dans l’urbanisation mondiale. La conception bioclimatique des maisons confortables et économes : en neuf et en réhabilitation. COURGEY Samuel, OLIVA Jean-Pierre. Terre vivante, 2006. 239 p. Cet ouvrage fait le point sur les stratégies bioclimatiques actuelles pour obtenir des bâtiments à très faible consommation énergétique, en construction neuve comme en réhabilitation de l’ancien.
sommaire et solaire
HQE. RICCIOTTI Rudy. Transbordeurs, 2006. 40 p. Dans ce pamphlet, l’architecte Rudy RICCIOTTI part en guerre contre le syndrome HQE : trois lettres pour signifier aux élus et aux maîtres d’œuvre le label Haute Qualité Environnementale. En engageant une polémique, il défend le béton et le rude, face à la norme environnementale et dénonce la «prise en otage de la légitimité démocratique» par la technocratie. HQE, les renards du temple. RICCIOTTI Rudy. Al Dante, 2009. 80 p. Après un premier ouvrage intitulé «HQE» publié en 2006, l’architecte Rudy RICCIOTTI continue sa critique de la norme environnementale avec ce second pamphlet. Construire sain et naturel : le guide des matériaux écologiques. VINCENT FOURRIER Monique. Ed. Ouest-France, 2006. 254 p. Coll. Ecologie. Ce guide apporte de nombreux conseils pour connaître les matériaux polluants et savoir les remplacer par des produits naturels, pour utiliser les énergies renouvelables, pour découvrir la géobiologie et le feng shui. 230 adresses de professionnels sont proposées en fin d’ouvrage. Habiter écologique : quelles architectures pour une ville durable ? Actes Sud, 2009. 416 p. Coll. Nature. Catalogue de l’exposition du même nom organisée du 13 mai eu 1er nov. 2009 à la Cité de l’architecture et du patrimoine à Paris. L’architecture écologique est une réalité en devenir dont certaines démarches sont déjà très abouties, en France comme à l’étranger. Après avoir été pionnière du bioclimatique dans les années 1970, la France tend à rejoindre aujourd’hui ce puissant flux mondial. La qualité et la diversité des réalisations présentées dans cet ouvrage témoignent qu’une voie «française» est d’ores et déjà à l’oeuvre.
ARTICLES L’innovation climatique. Techniques et architecture, 10/1981, n°338. p. 97-113. Consacré à l’habitat individuel, ce numéro présente un dossier sur l’innovation climatique : il dresse un état des lieux et présente quelques réalisations françaises dont une de l’architecte Philippe VION (Ville-Joie à La Baule). Actes environnement. Techniques et architecture, 04/2003, n°465. p. 20-101. Analyse de la notion d’«environnement» en architecture : comment la définir, quels engagements implique-t-elle, avec quels matériaux, à quel coût, selon quelles nouvelles pratiques ? Ce sont autant de questions qui sont traitées à travers divers types de réalisations (hôtel, maison, abbaye, maison, etc.) et complétée d’une réflexion sur les limites de la HQE. Limites de la HQE. BORNAREL Alain, PIRON Olivier. Techniques et architecture, 04/2003, n°465. p. 68-73. Dossier élaborant un bilan sur la haute qualité environnementale après quelques années d’expérience : un premier article énumère et analyse les 14 points de la HQE, un second retrace son histoire et rappelle ses ambitions. Pour en finir avec la «HQE» ? : il n’y a pas d’architecture sans démarche environnementale. GAUZIN-MULLER Dominique. D’Architectures, 11/2003, n°133. p. 19-33. Ce dossier dresse un bilan sur la HQE et les pratiques avec quelques références en illustration. EcoCités : gadget ou nouveau modèle ? Place publique, nov.-déc. 2009, n°18. p. 2-40. Dans ce dossier, les auteurs s’interrogent sur la démarche de développement durable affichée par de nombreuses villes et par la métropole Nantes/Saint-Nazaire : simple outil de communication ou réelle conviction ? Maisons solaires en compétition. Architectures à vivre, janv.-fév. 2010, n°52. p.112-115. Résultats du concours Solar Decathlon 2010 (concours américain de construction de maisons solaires mettant en compétition 20 établissements d’enseignement supérieur). Emmanuelle BOMMÉ
Le rêve héliotropique REGARD SUR :
Dès 1904, le docteur Pellegrin et l’architecte Petit présentent le projet d’une maison « assainissante », posée sur une plaque tournante, dont la mobilité est assurée par des roulements à billes posés sur un double rail métallique. L’escalier central s’enroule autour d’un pivot fixe abritant les canalisations d’eau, de gaz et d’électricité. Un petit moteur à pétrole ou à gaz, éventuellement relié à un système d’horlogerie, doit entraîner la rotation. La maison, constituée de matériaux légers comme la brique creuse, le liège, le métal et le ciment armé, reçoit le nom de maison tournesol. Elle ne semble pas avoir été jamais réalisée, et son « style moderne » sera jugé « peu heureux » dans un article de la revue « La Nature » du 3 septembre 1904. 1
2 De 1929 à 1935, l’ingénieur italien Angelo Invernizzi, avec le concours de l’architecte Ettore Fagioli et du décorateur Fausto Saccorotti, conçoit et réalise près de Vérone la Villa Girasole (« tournesol »), vaste villa en L de deux niveaux habitables, aux façades recouvertes de plaques d’aluminium. La maison est posée sur des roues de locomotive, qui suivent les rails courant sur un socle cylindrique fixe de 44 mètres de diamètre. Deux moteurs diesel assurent la rotation des 1 500 tonnes de la structure, qui peut s’effectuer sur 360° en 9 heures et 20 minutes. L’ancienne villégiature de campagne, après la restauration complète de sa lourde machinerie, doit devenir un centre de recherche sur l’utilisation des énergies écologiquement compatibles. 3 C’est à Wavre, en Belgique, que l’autodidacte François Massau (19042002) réalise en 1958 une maison tournante pour sa femme convalescente. Le séjour, la cuisine et les 4 chambres pivotent autour d’un volume fixe abritant la salle de bains et l’escalier menant au sous-sol en dur. La rotation complète s’effectue en 1 heure et demie. La toiture, supportée par le pivot central et par des piliers extérieurs, reste immobile. La « maison de l’an 2000 » connaît un grand succès public lors de l’Exposition de Bruxelles de 1958. Sans chauffage, sa température intérieure atteint 22° lorsque l’extérieur est à -7°. Son constructeur, persuadé que le « dynamisme contrôlable » de sa maison représente l’avenir d’une architecture « répondant enfin à notre mode de vie », mourra déçu de n’avoir été ni suivi ni aidé par les autorités de son pays. 4 C’est en Bretagne, en 1988, que Patrick et Catherine Marsilli réalisent leur prototype de maison tournante en bois. Une structure en dôme, en lamellé-collé, recouverte d’épicéa à l’intérieur et de bardeaux de Red Cedar à l’extérieur, est isolée par du liège. L’ensemble pivote sur un grand roulement à billes circulaire posé sur une dalle de béton. La rotation, télécommandée, peut aussi être assistée par ordinateur et suivre la course du soleil. Déclinés en plusieurs modèles de 44 à 500 m2, ces Domespaces sont construits « tous corps d’état » ou vendus en kit pour les autoconstructeurs. Plus de 130 modèles ont été implantés en France depuis 20 ans, dont celui implanté à Plessé en LoireAtlantique. Sur les terrains en pente, on conseille de vérifier le niveau du sol extérieur avant de sortir de sa maison.
à l’épreuve des faits
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19 2
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5 L’architecte allemand Rolf DISCH a construit sa maison Heliotrope à Fribourg en 1994. Cette maison cylindrique, dont les trois niveaux habitables reposent sur un piètement en colonne évasée, est entourée de balcons dont les garde-corps jouent le rôle de chauffe-eau solaires. Le côté ouvert présente ses vitrages au soleil d’hiver, et se positionne à l’ombre lors des chaleurs d’été. La toiture terrasse est surmontée d’une vaste structure mobile, recouverte de panneaux photovoltaïques, et dont la rotation est indépendante de celle de la maison. L’ensemble génère de 4 à 6 fois l’énergie consommée par la maison.
Christophe BOUCHER
5
4
caue Actualités du
concours
expositions
manifestations
Prix Départemental d’Architecture et d’Aménagement 2010
«Ca va barder ! Ou comment rhabiller sa maison pour l’hiver ?»
Vieillissement et handicap, du projet de vie au projet architectural
1er au 30 avril 2010 dans le hall du CAUE.
le 25 janvier 2010
Lancé en 2002 par le CAUE et le Conseil général de Loire-Atlantique, ce prix concerne les projets publics ou privés exprimant toutes les facettes de la création contemporaine, dont les concepteurs sont architectes, paysagistes, urbanistes. L’édition 2010 concerne les réalisations des années 2008 et 2009 pour l’architecture, 2005 à 2009 pour l’aménagement. Le jury sélectionnera en juin les opérations qui seront publiées dans une plaquette et une exposition itinérante. Il définira en septembre les prix et les mentions décernées en décembre 2010. Renseignements CAUE 44 : 02 40 35 45 10 ou contact@caue44.com. Dossier téléchargeable sur le site www.caue44.com. Dépôt des candidatures avant le 31 mars 2010.
visites
101 propositions architecturales pour rhabiller sa maison, sous forme de maquettes issues du concours organisé par le CAUE de la Sarthe, dans le cadre du festival d’architecture « Petites Machines à Habiter.»
« 30 manières d’habiter » 3 mai au 7 juin 2010
Semaine de l’Architecture 2010
Journée d’échanges à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes, organisée par le Conseil général, le CODERPA et le CAUE de Loire-Atlantique.
Journée du Patrimoine de Pays 2010
du 29 mars au 2 avril
le 20 juin 2010
Exposition photographique du CAUE de la Sarthe. Vivant en ville ou à la campagne, seuls ou en famille, les habitants d’une ferme, d’un manoir, d’une gare reconvertie en logement social, d’une colocation, d’un loft, d’un monastère, d’une maison en paille, d’un moulin, d’un logement de fonction, ont accepté de dévoiler leur mode d’habiter.
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La 13e édition de la Semaine de l’Architecture se déroulera du 29 mars au 2 avril 2010 dans l’ensemble de l’Académie de Nantes, en partenariat avec le Centre Régional de Documentation Pédagogique. Elle donne l’occasion à des élèves de collèges et de lycées de découvrir des réalisations architecturales contemporaines et d’engager un dialogue avec leurs concepteurs et leurs utilisateurs. Une douzaine de réalisations ont été sélectionnées en LoireAtlantique.
Aperçus, palmarès 2008 du Prix départemental d’architecture et d’aménagement de Loire-Atlantique 3 mai au 2 juillet 2010 à la Maison du Département de Châteaubriant
Programme sur le site : www.caue44.com. Inscriptions des classes auprès du CRDP : 02 51 86 85 00.
Depuis 1998, à l’initiative de la Fédération nationale des associations de sauvegarde des sites et ensembles monumentaux (FNASSEM) et de plusieurs partenaires nationaux, la Journée du Patrimoine de Pays fédère en juin de chaque année les énergies des acteurs locaux engagés dans l’étude, la préservation et l’animation du patrimoine non protégé. Cette année, cette journée portera sur le thème de «l’histoire et le patrimoine, les dates et les personnages»
Journée Environnement 2010 Date et lieu à déterminer Journée organisée en partenariat avec le Conseil général de Loire-Atlantique et le CODELA 44, sur le thème de «la qualité paysagère des zones d’activités»
documents La lettre d’information du CAUE de loire-atlantique Toutes les éditions précédentes sont désormais téléchargeables sur le site du CAUE de Loire-Atlantique : www.caue44.com
Rencontres d’architectures du 22 au 26 mars 2010
Arbres remarquables en Loire-Atlantique 5 au 22 mars 2010 à Pont-Saint-Martin
7e édition d’une semaine de découverte de l’architecture pour les écoles primaires, en liaison avec l’Inspection Académique. Le Théâtre de Verre à Châteaubriant servira de support pédagogique.
N° 1 : Dossier « Aménager-développer sa commune avec la loi SRU » N° 2 : Dossier « L’espace est un patrimoine » N° 3 : Dossier « Architecture contemporaine » N° 4 : Dossier « Dimension(s) paysagère(s) » N° 5 : Dossier « Le patrimoine de pays » N° 6 : Dossier « Urbanité(s) » N° 7 – Dossier « Tourisme et territoires » N°8 : Dossier « Nouveaux quartiers »
n°9 - décembre 2009 - Publication du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de Loire-Atlantique 25 rue Paul Bellamy - 44000 NANTES - Tél. 02 40 35 45 10 - E-mail : contact@caue44.com Directeur de publication : Vincent DEGROTTE - Rédacteurs en chef : Christophe BOUCHER - Nathalie KOPP Comité de rédaction : Nadine BIZEUL, Emmanuelle BOMMÉ, Delphine LAÎNÉ-DELAUNAY Conception graphique : Nicolas BAUD Crédit photo : CAUE 44 (sauf mention contraire) Dépôt légal : Juin 2002 - Imprimerie : Val Production Graphique - N° ISSN : 1637-4452