La Faculté de droit et des sciences politique à Nantes

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Louis Arretche, architecte François Deslaugiers, architecte collaborateur Jean Boquien, architecte d’opération

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Patrimoines du XXe siècle en Loire-Atlantique

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LA FACULTÉ DE DROIT ET des SCIENCES POLITIQUES NANTES - 1970


Carnet de visite édité à l’occasion des 30es Journées européennes du patrimoine,14-15 septembre 2013 Conception et réalisation CAUE de Loire-Atlantique, septembre 2013 Direction de la publication Vincent Degrotte, directeur du CAUE Conception éditoriale Dominique Amouroux, historien de l’architecture du XXe siècle Christophe Boucher, architecte chargé de missions au CAUE Dany Cartron, plasticien chargé de la communication visuelle du CAUE

Textes Dominique Amouroux Maquette et édition Dany Cartron Photographies © Fonds Louis Arretche. Académie d’architecture/Cité de l’architecture et du patrimoine/ Archives d’architecture du XXe siècle ; CAUE de Loire-Atlantique/CB-DC. ; Stéphane Chalmeau (p56) ; DR. Impression AMD, Cholet ISSN : 2264-9441

Remerciements Centre d’archives de l’architecture du XXe siècle / IFA / Cité de l’architecture et du Patrimoine David Peycéré, directeur Alexandre Ragois, chargé de recherches Université de Nantes Olivier Laboux, président Jean-Louis Kerouanton, vice-président en charge du patrimoine immobilier Faculté de Droit et des Sciences politiques Véronique Nicolas, doyen Anne Le Moing, responsable administrative


LA FACULTÉ DE DROIT ET des SCIENCES POLITIQUES Louis Arretche, architecte François Deslaugiers, architecte collaborateur Jean Boquien, architecte d’opération 1


Remarquable de rigueur et de dépouillement, la façade principale de la faculté peu après son achèvement. © Fonds Louis Arretche. Académie d’architecture/Cité de l’architecture et du patrimoine/Archives d’architecture du XXe siècle.

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PRÉAMBULE « Le relief se caractérise par une succession très agréable de mamelons magnifiquement plantés d’arbres séculaires. » Louis Arretche

Comme surgie d’une butte de terre, une longue façade de béton, rythmée par de fins poteaux, s’étire jusqu’à une rupture de pente. Cet imposant volume de forme singulière masque une seconde construction qui s’organise autour d’un espace central paysagé. Ainsi se présente au sein du campus du Tertre la faculté de Droit, la construction la plus monumentale des ensembles universitaires érigés en périphérie de Nantes. Conçu au milieu des années 1960 par l’architecte Louis Arretche, aidé par un jeune collaborateur, François Deslaugiers, et par son confrère local Jean Boquien, cet édifice retient notamment l’attention par ses formes symboliques, par la répartition de ses fonctions et par la lisibilité des flux qui l’irriguent. Il suggère au visiteur actuel une réflexion sur l’espace et les signes de la monumentalité, la façon de prendre possession d’un site, les références utilisées par les architectes et la conception des extensions indispensables pour répondre à l’accroissement des effectifs et à l’évolution des usages. Ainsi, cette réalisation s’observe comme jalon dans l’œuvre d’un grand professionnel, comme élément du patrimoine du XXe siècle et comme support de réflexion pour le public et les créateurs actuels.

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Plan masse des campus : la faculté des Sciences (1), la faculté de Droit (2) et la faculté des Lettres (3) ont, à quelques détails près, trouvé leur forme définitive, comme l’Ifremer (4) glissé au bord de l’Erdre avant l’École supérieure de Mécanique (5) dont la forme n’est qu’esquissée. Déjà très limité par rapport aux études précédentes, l’aménagement du Cens en plan d’eau ne sera pas réalisé. Dossier de présentation du projet - Archives Faculté de Droit.

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BÉTONS RYTHMIQUES POUR LE DROIT « À l’Américaine ! » lance à la cantonnade le facteur du film de Jacques Tati en accélérant le rythme de sa tournée quotidienne. « À l’Américaine » décident les responsables politiques qui orientent la réalisation des universités sous forme de « campus ». Pour accueillir un nombre exponentiel d’étudiants, les universités quittent alors le centre des métropoles régionales telles que Reims, Poitiers, Marseille, Caen, Toulouse ou Nantes et gagnent leur périphérie. Lieux d’une vie vouée aux études supérieures et généralement dédiés à une discipline exclusive, ces campus comprennent, outre les locaux d’administration (bureaux, logements de fonction) et d’enseignement (salles de cours, laboratoires, amphithéâtres…), des restaurants, des logements, des terrains de sports avec gymnase et piscine mais aussi – idéalement – des commerces, un espace

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culturel et un lieu de culte comme à la Faculté des Sciences de Rennes. Nantes présente la particularité de mettre en relation de proximité ses deux campus, l’un scientifique, l’autre littéraire, implantés au nord-est de l’agglomération, sur deux vastes terrains vallonnés que longe l’Erdre et que sépare son affluent, le Cens. Les témoins d’une reconquête Le 15 juillet 1967, Louis Arretche et Jean Boquien présentent leur projet de faculté de Droit et de Sciences économiques alors que la faculté des Sciences est en service et que le chantier de la faculté des Lettres est bien engagé. Ainsi se concrétise la renaissance des universités nantaises, créées dès le milieu du XVe siècle mais transférées à Rennes en 1735 sur décision de Louis XV. →

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Esquisses : au sein d’une forme générale qui se précise, l’architecte et ses collaborateurs recherchent - par approches successives à disposer les amphithéâtres et les circulations, chacun doté d’une couleur.

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© Fonds Louis Arretche. Académie d’architecture/Cité de l’architecture et du patrimoine/Archives d’architecture du XXe siècle.

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Nantes patiente plus de deux siècles puis parvient à les reconquérir, au seuil des années 1960, à la faveur de la dynamique de la Reconstruction et de la politique d’aménagement du territoire. À la demande du ministère de l’Éducation nationale, Louis Arretche entreprend dès 1959 d’étudier l’implantation des nouvelles facultés nantaises (à l’exception de celle de Médecine qui demeure en centre-ville) sur deux domaines totalisant 130 hectares, la Lombarderie et le Tertre. Acquis par la ville qui les remettra à l’État, ils doivent accueillir un ambitieux programme qui, outre la faculté de Droit et des Sciences économiques, inclut des bureaux (Rectorat, Inspection académique, CRDP, CROUS), la faculté des Sciences à La Lombarderie (2 500 étudiants, 30 000 m2), la faculté des Lettres et des Sciences humaines au Tertre (2 500 étudiants, 10 000 m2) et leurs bibliothèques respectives. S’y ajoutent l’école des Beaux-Arts, l’école d’Architecture, le conservatoire régional de Musique, des IUT, l’école nationale supérieure de Mécanique, des instituts et des laboratoires, trois résidences universitaires (1 500 chambres) trois restaurants universitaires (2 000 places) ainsi que des équipements sportifs, dont un gymnase et une piscine. Une réponse à la croissance démographique D’une part, ce programme traduit l’accroissement prévisible de la population résultant de la désignation de l’ensemble Nantes - Saint-Nazaire comme métropole de l’Ouest : de 330 000 habitants en 1962, elle passerait à 450 000 en 1985 et dépasserait les 600 000 en 2000. D’autre part, il matérialise la volonté des pouvoirs publics d’accueillir les étudiants dans des locaux modernes où serait dispensée une large →

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Parallèlement aux recherches fonctionnelles s’étudie la construction : de grands poteaux pleins portent des coques de béton. Sur cette façade, les architectes cherchent différentes façons de marquer l’entrée, dont l’une annonce le traitement retenu pour l’ensemble de la façade. © Fonds Louis Arretche. Académie d’architecture/Cité de l’architecture et du patrimoine/Archives d’architecture du XXe siècle.

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gamme d’enseignements. S’y ajoute la stratégie locale de développer la recherche en matière de construction mécanique, de construction civile et de nutrition. Une création dans l’urgence et la complexité La faculté de Droit et de Sciences économiques, qui résulte de la transformation en établissement universitaire de l’école municipale de Droit (par décret du 25 mars 1967), doit accueillir 2 500 étudiants sur 10 000 m2. Elle est mise en chantier en 1969 et inaugurée en 1970, alors que la faculté des Sciences est ouverte depuis mars 1965 et la faculté des Lettres depuis octobre 1967. Cette chronologie révèle que les études de plan de masse des deux campus ont débuté cinq ans avant que l’État ne devienne propriétaire des terrains que lui cède la ville. Le programme de chaque campus a été modifié à plusieurs reprises, notamment en raison de la résistance de certains établissements à quitter le centre-ville. L’implantation des bâtiments a également évolué du fait de l’abandon de l’idée de créer un vaste plan d’eau à la confluence du Cens avec l’Erdre, afin de constituer la convergence des deux campus vers un espace attractif. Les délais de réalisation sont extrêmement tendus puisqu’un an seulement s’écoule entre le lancement des travaux de chaque faculté et l’accueil de ses premiers étudiants. La mise en chantier de la faculté de Droit est toutefois retardée par une vive résistance rennaise puis par le désir d’Angers d’accueillir cette discipline. →

Un simple trait permet de valider l’emplacement des bâtiments sur le terrain existant et d’apprécier leur impact. Dossier de présentation du projet - Archives Faculté de Droit.

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Une architecture de la maîtrise des dépenses publiques Confronté au nombre et au coût des chantiers qu’il doit conduire simultanément dans tous les domaines (infrastructures, administration, énergie, santé, éducation…), l’État cherche à fiabiliser les délais pour respecter sa planification budgétaire et les coûts prévisionnels et donc sa capacité à réaliser ce qui est prévu. Or, dans une société en évolution accélérée, les programmes sont difficiles à figer, les architectes encore peu habitués à de telles exigences, les entreprises mal équipées pour y faire face et les instances gouvernementales fluctuantes. Ainsi, neuf ministres et secrétaires d’État seront en charge de l’Éducation nationale entre le début des études du campus (1959) et l’inauguration de la faculté de Droit (1970) : André Boulloch, Michel Debré, Louis Joxe, Pierre Guillaumat, Lucien Paye, Pierre Sudreau, Christian Fouchet, Maurice Herzog, Michel Habib-Deloncle, Alain Peyrefitte, François-Xavier Ortoli, Marie-Madeleine Dienesch, Edgar Faure, Jacques Trorial et Olivier Guichard. Tout ceci oriente la façon dont Louis Arretche élabore son projet. Le programme des amphithéâtres étant fixé mais celui des salles de cours et des bureaux d’enseignants se modifiant au fur et à mesure que les disciplines enseignées se définissent et que le nombre d’enseignants se précise, il fractionne la faculté en deux bâtiments. Il réunit les premiers dans un édifice très visible dont il fige la forme et le niveau de qualité architecturale. Il choisit une solution constructive très évolutive pour le bâtiment qu’il dédie aux seconds afin de minimiser les incidences sur les délais et les coûts des évolutions successives, quels que soient leur nombre, les emplacements et les surfaces qu’ils concernent. →

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La maquette met en évidence la volumétrie de chaque bâtiment et leur façon respective de prendre possession de la pente. À noter : la couverture de l’atrium du bâtiment des amphithéâtres sera simplifiée lors de la réalisation. Dossier de présentation du projet - Archives Faculté de Droit.

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Plan du niveau inférieur montrant la relation de l’amphithéâtre 500 au hall et la circulation continue ouest-est ménagée à travers les deux bâtiments. Dossier de présentation du projet - Archives Faculté de Droit.

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Apparaissent les escaliers extérieurs prévus pour rapprocher les quatre amphithéâtres (disposés deux à deux dans chaque bâtiment) et le traitement paysagé en gradins initialement envisagé pour le patio du bâtiment enseignement/administration. Dossier de présentation du projet - Archives Faculté de Droit.

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De la poupe (à gauche) à la proue (à droite), un écorché de l’organisation des espaces du bâtiment des amphithéâtres. Dossier de présentation du projet - Archives Faculté de Droit.

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Une relation forte au site Outre cette gestion avisée des éléments du programme, Louis Arretche est connu pour sa capacité à inscrire ses réalisations sur des sites en pente. Le Tertre, « qui présente l’aspect d’un grand mamelon à la crête plantée d’arbres magnifiques et dont la pente est largement ouverte du sud-ouest à l’est, à la confluence du Cens et de l’Erdre », lui donne l’occasion d’exprimer cet attrait. Il exploite deux modes de relation au terrain. L’alliance caractérise celui du bâtiment des amphithéâtres qui, en dépit de sa monumentalité, épouse la pente depuis la terrasse circulaire servant d’entrée haute au grand amphithéâtre jusqu’au belvédère que forme son extrémité, qui tutoie les arbres tapissant le vallon du Cens. La confrontation marque celui des salles de cours et des bureaux qui y encastre sans ménagement l’un de ses quatre angles. Cette partition permet de disposer le long de la voirie principale du campus les locaux abritant les usages collectifs les plus bruyants (le hall, les amphithéâtres, la salle du conseil) et de placer en retrait ceux qui accueillent les enseignements délivrés à de petits groupes et les bureaux des professeurs et de l’administration. Ainsi le premier protège de toute sa masse le second, discrètement installé au calme. Deux constructions dans un espace vert Sensible au caractère du site, Louis Arretche respecte ses allées et bosquets et crée des jardins étagés, des rampes, des emmarchements épaulés de murs, notamment pour donner un caractère sensible à l’espace central du bâtiment de l’administration ou pour offrir des vues latérales reposantes aux professeurs et aux étudiants réunis dans le grand amphithéâtre. Le traitement de ces 7 000 m2 et le respect des espaces boisés contribuent à l’image de cette réalisation. →

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Élévations projetées - Dossier de présentation du projet - Archives Faculté de Droit.

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Un paquebot dont le port est un tertre Barrant majestueusement le site, le bâtiment des amphithéâtres traduit le prestige qui s’attache au Droit. Mais il en modernise l’image institutionnelle en transformant la façade latérale en façade noble, dépourvue de tout signe conventionnel d’identification d’une l’institution juridique ou universitaire. Et cette masse de béton n’est qu’apparence : ce bâtiment est un vaste corps creux, composé autour de deux notions : les flux importants (le hall montant de fond sur trois niveaux, l’escalier à double révolution, les circulations horizontales) et les temps de réunion en grand nombre (les amphithéâtres de 800, 200 et 500 places). L’ensemble est simplement couvert par des voiles de béton reposant sur une file de poteaux de béton disposée à l’avant des vitrages. Cette fine colonnade compose une façade changeante, assimilable à l’art cinétique : selon son angle de vue, l’observateur contemple un bâtiment comme dématérialisé par sa transparence ou un édifice hermétiquement protégé par une façade en béton. Cette dynamique visuelle se double de l’image symbolique du paquebot résultant du traitement en proue de la façade avant, en poupe de l‘entrée haute du grand amphithéâtre et en passerelle de commandement de la salle du conseil. Les aménagements reflètent un réel souci d’économie : les gradins des deux grands amphithéâtres suivent strictement la pente, le plafond reste visible, la longue chaire est en béton, les mobiliers en bois et de vastes rideaux permettent de plonger la salle dans l’obscurité, certains murs reçoivent un parement de briques creuses pour régler l’acoustique. Seul luxe : un rideau acoustique mobile permet d’utiliser séparément les amphithéâtres 800 et 200 ou de les réunir pour les cérémonies protocolaires ou, dans l’optique d’une polyvalence alors très prisée, pour des spectacles. →

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Lovée dans les arbres, la proue, façade sud de l’amphithéâtre 500.

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Un cloître tertiaire fiché dans la colline Un plan carré déterminant une couronne de locaux libérant un espace central organisé en jardin : l’image du cloître est fortement suggérée par la forme donnée au bâtiment des enseignements et de l’administration. Il est construit sur un module de 1,50 m, à partir d’un procédé simple, aux éléments répétitifs en béton préfabriqué. Celui-ci est choisi par l’architecte pour « permettre une circulation aussi libre que possible, une grande liberté de modification de la distribution des locaux aux différents niveaux, l’utilisation maximale de la surface construite, une libre distribution des fluides à partir des façades porteuses, une bonne protection contre l’incendie et un entretien aisé. » La stratégie de Louis Arretche est la bonne : alors que le bâtiment des amphithéâtres est déterminé, il ne doit cesser de travailler sur ce second bâtiment pour en modifier la disposition intérieure et en réduire le coût du fait de l’inflation et des rigueurs budgétaires qui en résultent. Cette économie ne l’empêche pas d’instiller un plaisir spatial : les couloirs nord regardent le bois voisin, les couloirs sud révèlent l’ampleur du patio et la succession des montants verticaux confirme la référence au cloître. Inversement, les deux autres circulations constituent des moments de déplacement dans une pénombre relative, puisqu’elles sont simplement éclairées par les impostes des salles de cours et des bureaux qui les bordent, temporairement baignées de lumière par un escalier qui y ouvre et l’horizon des baies de la façade qui en marque l’extrémité.

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En belvédère sur le site, la façade Est du bâtiment enseignement/administration après rénovation.

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CHRONOLOGIE 1956 Premier signe d’un retour de l’université à Nantes : création de la faculté mixte de médecine et de pharmacie.

1958 L’idée d’installer les futures facultés sur l’île Beaulieu est abandonnée. • La ville acquiert le domaine de La Lombarderie pour y implanter la faculté des Sciences. • Juillet : Décret créant la faculté des Sciences. 1959 La ville acquiert par expropriation le château du Tertre et son parc à l’anglaise pour y installer les facultés des Lettres et de Droit. • Louis Arretche entreprend d’étudier les plans de masse des campus de La Lombarderie et du Tertre.

1961 Mai : Michel Debré, Premier ministre, pose la première pierre de la faculté des Sciences en présence du maire de la ville, Henry Orrion. • Juin : Célébration du 500e anniversaire de l’université de Nantes. Lucien Paye annonce la renaissance de l’université de Nantes. • Décembre : Décret créant l’Académie réunissant les départements de

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Loire-Atlantique, du Maine-et-Loire et de la Vendée. • 29 décembre : Décret instituant une université à Nantes.

1962 1er janvier : Prise d’effet de l’existence de l’université de Nantes réunissant la faculté mixte de Médecine et de Pharmacie, la faculté des Sciences, l’école nationale supérieure de Mécanique, le Collège universitaire des lettres et l’Institut de droit et de sciences économiques. • Rivalité entre Angers et Nantes pour l’obtention de la future faculté de Droit. 1963 Janvier : Louis Arretche est nommé architecte coordonnateur du Tertre. • La revue l’Architecture d’Aujourd’hui publie un article sur l’ensemble du domaine universitaire nantais. 1964 Juillet : Le site du Tertre (21 ha) est cédé gratuitement par la Ville à l’État.

1966 Janvier : Soumission de l’entreprise Edmond Coignet, mandataire d’un groupement comprenant 8 autres sociétés locales, régionales ou nationales. Montant de l’offre: 5 385 466 F HT. • Mars : L’Institut de droit et de sciences

économiques est transformé en faculté de Droit. • Juin : L’Université de Nantes établit le programme pédagogique de la faculté de Droit. • Juin : Louis Arretche est confirmé comme architecte coordonnateur. • Juillet : Par délégation du ministre de l’Éducation nationale, le directeur des enseignements supérieurs, P. Aigrain approuve le programme de la faculté de Droit. • Novembre : Louis Arretche et Jean Boquien sont nommés architectes d’opération conjoints de la faculté de Droit.

1967 Février : Signature du contrat des architectes et de celui du BET Simecsol par le Rectorat. Celui des architectes stipule que les études préliminaires seront établies pour mars, l’avant-projet pour le 1er avril et le dossier d’exécution 4 mois après l’approbation de l’avantprojet. Leurs honoraires sur le montant de la construction (7,7 MF) sont de 3,3%. Ils sont répartis par moitié entre les deux architectes d’opération. • Mars : Transformation en établissement universitaire de l’école municipale de Droit. • Juin : Louis Arretche établit les plans


de la faculté de Droit et des Sciences économiques. • Juillet : Présentation du projet architectural. Le budget correspondant s’établit à 8 977 093 F. • Le service urbanisme de la ville approuve le projet sous réserve d’une dérogation de hauteur. • La Ville demande de veiller aux capacités de stationnement. • Les services incendie demandent d’encloisonner les escaliers. • Septembre : Rapport de présentation du projet par la DDE, service constructeur : demande d’une étude complémentaire des grandes baies vitrées, « tant pour la protection solaire que pour l’aération des bureaux ». • Dépôt du permis de construire par Max Schmitt, recteur de l’Académie.

1968 Mars : Publication au Moniteur du BTP de l’avis d’appel d’offres à prix global forfaitaire. • Avril : Rédaction du cahier des charges techniques générales. Rédaction du cahier des prescriptions spéciales. • Juillet : Première modification du cahier des prescriptions spéciales. • Décembre : Établissement des plans définitifs.

1969 Janvier : Modification du cahier des charges techniques générales. Seconde modification du cahier des prescriptions spéciales. Passation du marché Éducation

nationale/Coignet. Il stipule que l’entreprise doit réaliser le chantier en 17 mois (y compris 4 mois de préparation du site, 20 jours d’intempéries et les congés payés), doit faire prendre une photo aérienne mensuelle pour suivre l’avancement du chantier, ne devra pas employer plus de 10% d‘ouvriers étrangers manœuvres, 20% d‘ouvriers étrangers spécialisés et 10% d’ouvriers de capacité physique limitée. • Avril : Approbation du marché Éducation nationale/Coignet. Montant : 8 282 616 F TTC (7 041 183 F HT) dont 3,6 MF pour le lot gros-œuvre, 0,7 MF pour le lot menuiseries, 0,7 MF pour le lot chauffage, 0,3 MF pour le lot vitrerie. Signature conjointe du cahier des charges techniques générales par le recteur Max Schmitt représentant le Ministère de l’Éducation nationale et l’entreprise Coignet. • Mise en chantier des deux bâtiments. • Novembre : La Loi Edgard Faure supprime les facultés et institue des unités d’enseignement et de recherche au sein des nouveaux établissements publics universitaires désormais autonomes.

1970 La faculté de droit et des sciences économiques est transformée en UER de droit, UER de sciences économiques et UER de gestion des entreprises. • Avril : Derniers ordres de service aux entreprises suite à la visite de la commission de sécurité.

• Achèvement de la construction des bâtiments A et B.

1971 Septembre : La DDE signe la déclaration d’achèvement des travaux. • Décembre : Le décompte définitif établit le coût total de la faculté de Droit et de Sciences économiques à 9 252 784 F TTC. 1972 Août : Les architectes facturent le solde de leur honoraires dont le montant total s’élève à 278 846 F. 1973 Mars : Le BET Simecsol facture le solde de ses honoraires.

1976 Fin de la mission de Louis Arretche sur les campus nantais.

1993 Choix du projet Benoit Cornette et Odile Decq pour la construction le l’UFR de Sciences économiques (locaux d’enseignement et bibliothèque).

1998 Inauguration de l’UFR de Sciences économiques.

2003 Concours pour l’extension de la faculté de Droit. L’agence nantaise Rocheteau-Saillard est lauréate. 2006 Lancement du chantier de l’extension.

2007 Mise en service de l’extension.

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L’ART DE JOUER AVEC LES PENTES Sur le campus des Sciences et sur celui des Lettres et du Droit, Louis Arretche implante les constructions sur les lignes de force de deux sites en pente plutôt que de constituer de vastes plateformes en arasant mottes et mamelons et en coupant les arbres, comme cela se pratique encore souvent aujourd’hui. Il suit les courbes de niveaux pour étager à flanc de colline les longs bâtiments d’enseignement et les laboratoires de la faculté des Sciences à La Lombarderie. Il dispose les amphithéâtres perpendiculairement à ces lignes bâties, tout en prenant soin de les étager dans la pente par degrés successifs de façon à atténuer la perception de leurs volumes. Inversement, les amphithéâtres de la faculté de Droit sont réunis dans un volume unique qui affirme sa puissance tout

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en suivant la ligne de pente sur plus de 90 m, et notamment en y posant les gradins du plus grand de ses trois amphithéâtres. En revanche, le bâtiment des enseignements et de l’administration surgit du sol où il fiche l’un de ses angles. Ce jeu complice avec les particularités du terrain marque l’architecture nantaise, notamment en raison de la présence des roches du Sillon de Bretagne. Ainsi, de nombreuses maisons individuelles des quartiers centraux ont intégré à leurs murs le rocher préexistant sur leur parcelle, mariant ainsi de façon intime naturel et artificiel. À une toute autre échelle, les immeubles HBM de l’Hermitage à Chantenay se campent sur les lignes de la crête rocheuse de la butte Sainte-Anne pour manifester leur présence. Plus récemment, c’est une référence transculturelle, l’image des casbahs, qui est utilisée par l’agence Boskop pour édifier un habitat social dense sur l’inclinaison de l’un des terrains dominant le ruisseau de Bottière-Chesnais. Louis Arretche lui-même a profité des pentes pour donner toute leur personnalité aux facultés de Rennes, élever le centre des télécommunications de Bruz ou définir les zones d’urbanisation de la presqu’île de Ramatuelle.

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Au cœur de la faculté, le vis-à-vis des deux bâtiments : l’un descend la pente de verticale en verticale, l’autre en jaillit par grandes horizontales.

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Les gradins de l’amphithéâtre 800 s’étagent en suivant strictement la ligne de pente visible à travers la façade vitrée.

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MÉNAGER D’AMPLES RESPIRATIONS INTÉRIEURES Louis Arretche a donné au hall d’entrée une triple signification. Il rétablit par son ampleur spatiale l’image de la monumentalité attachée aux institutions que n’avaient signifiées ni la façade, dépourvue de tout signe manifeste, ni la porte d’entrée traitée comme une simple découpe au sein de la file des poteaux. Il illustre les flux qui irriguent par instant le bâtiment lorsque les 1 500 étudiants regagnent ou quittent les trois amphithéâtres. Il instaure une forme de mise en scène de ces mouvements traversants et ascendants en monumentalisant l’escalier et en élargissant les circulations périphériques. Dans les premiers plans, cette affirmation des mouvements au sein de la faculté concernait également la relation entre les deux bâtiments : au rez-de-chaussée, une galerie les traversait et, à l’étage, une

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batterie d’escaliers extérieurs permettait de se rendre directement du grand amphithéâtre aux salles de cours (voir les plans p 16 et 17). Plus d’une dizaine d’années après, l’agence DMT met en scène de façon similaire l’accès à l’hémicycle où se réunissent les élus au sein de l’Hôtel de Région. Trente ans plus tard, en 2000, Jean Nouvel modernise l’archétype de la salle des pas perdus pour le nouveau Palais de Justice. Quelques années après, Lacaton et Vassal transposent cette respiration en une place située au premier étage de l’École nationale supérieure d’architecture qui ouvre sur l’île de Nantes. Sur le campus, l’extension de la faculté des Lettres exploite elle aussi ce que les architectes désignent comme un « corps creux » ou un « atrium ». Celui de la Chambre régionale des Métiers à Sainte-Luce-sur-Loire, inspirée de l’atrium du Musée d’art moderne de New York, s’enroule sur lui-même dans une blancheur poétique. Loin de constituer une place perdue, ces espaces marquent la convergence des êtres dans un espace, mettent en scène leurs mouvements, facilitent leur orientation, et permettent d’organiser des parcours surprenants, riches de sensations spatiales successives.

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Détaché des trois façades qui le bordent et déporté sur le côté sud du grand hall d’entrée, l’escalier constitue une prouesse technique. Sa perception est contrariée par une mise en couleur masquant la sobriété initiale du bois brun et des éléments de métal noir et par la peinture apposée sur les murs et les gardes-corps des coursives.

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Les dix volées droites du grand escalier de béton relient les coursives du hall à deux paliers centraux suspendus dans le vide,et à deux paliers bas extérieurs placés en porte-à-faux. L’ensemble repose sur deux poutres décollées du sol, simplement encastrées dans deux paires de poteaux.

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Un travail partiel de restauration a permis de retrouver l’état d’origine des escaliers. Il reste à le généraliser y compris par le décapage des murs.

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Les circulations sont généreusement éclairées par la lumière zénithale dans l’atrium ou par les façades vitrées des escaliers secondaires.

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SIMPLIFIER LES AMÉNAGEMENTS INTÉRIEURS Réduite à l’extérieur à un simple jeu de poteaux et de panneaux de béton précédant le vitrage (amphithéâtres) ou s’établissant en retrait des façades (enseignement et administration), l’architecture se dépouille de tout superflu pour aménager ses espaces intérieurs. Un tel parti-pris permet de respecter des budgets serrés et des délais tendus en limitant l’essentiel du travail à la préparation et à la mise en place des éléments préfabriqués. Avant qu’il ne soit abusivement peint, le hall transmettait ce choix radical avec ses poteaux, ses escaliers de béton brut, ses rampes en bois simplement verni et ses panneaux de béton brut constituant les gardes-corps des circulations périphériques. La matière même du gros-œuvre, jusque dans ses défauts mais

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souvent avec un soin aussi discret qu’extrême de sa mise en œuvre, dispensait de l’emploi du plâtre ou du flocage, et de la peinture. Dans les amphithéâtres, le mouvement spectaculaire donné aux coques de béton constituant le plafond « rabattait » les sons vers les gradins où se tenaient les étudiants. Des compléments de correction acoustique pouvaient être apportés, comme les murs en briques alvéolaires de l’amphithéâtre 500 piégeant les sons, les dalles de liège apposées sur les murs empêchant leur réverbération. Dans les couloirs, les sols en dalles plastique amortissaient le bruit des pas et les poutrelles des plafonds, disposées perpendiculairement aux couloirs tous les 1,80 m, constituaient des pièges à son et les points d’accroche des points lumineux, ce qui permettait de se dispenser des faux-plafonds suspendus. Les dimensions des vitrages, le positionnement des circulations, les files d’impostes apportant la lumière naturelle dans les couloirs aveugles car bordés de salles de cours, simplifiaient l’installation et limitaient les coûts d’exploitation du bâtiment.

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Sol plastique, brique perforée pour l’acoustique, béton brut pour les murs et la chaire, bois pour les sièges, les tables et les portes : les seuls matériaux de l’amphithéâtre 500. Page suivante : Un travail de ferronnerie que pourrait avoir signé un sculpteur, des planches de bois et des marches de béton composent des escaliers graphiques.

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Des grandes coques plissées des plafonds des amphithéâtres aux panneaux des façades, le béton décline discrètement des textures souvent composées de façon savante.

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DIRE SON DÛ : LE JEU DES RÉFÉRENCES Observer, analyser, réinterpréter : le travail des architectes intègre l’assimilation des œuvres classiques, modernes et contemporaines et leur reformulation. La figure de référence peut être religieuse - le cloître - et être transposée au monde tertiaire contemporain, en composant ici le bâtiment des salles d’enseignement et des bureaux des professeurs de Droit et de l’administration de la faculté. Elle peut procéder du détournement d’un objet d’un autre domaine d’activité - le paquebot - figure recevable dans la ville portuaire d’une région maritime pour constituer le bâtiment des amphithéâtres. Henri Gaudin utilisera trente ans plus tard une citation identique pour concevoir les bureaux attenant au stade Charletty à Paris. Entre-temps, deux architectes nantais auront édifié à Gavy le siège

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de Technip (actuel pôle universitaire de Saint-Nazaire) et deux architectes aquitains implanté un Village Vacances Famille (VVF) sous la falaise de la Chambre d’Amour à Biarritz en utilisant cette même figure. La source d’inspiration peut aussi puiser dans un élément majeur d’un territoire, tels les chantiers navals du XXe siècle ou le commerce maritime actuel. Aux premiers, Nantes doit la floraison récente de maisons individuelles et d’immeubles de logement revêtus de plaques de tôle rouillée ; au second, la référence aux conteneurs que Tetrarc a hissé sur l’immeuble dit de l’Ex-TG, place de Bretagne à Nantes, pour constituer quelques appartements de luxe. La faculté de Droit illustre également un hommage au couvent de La Tourette de Le Corbusier. Les façades principales du bâtiment des amphithéâtres semblent dériver « des pans de verre ondulatoires » mis au point dès 1955 par Iannis Xenakis, qui a transposé à l’architecture les rythmes « musicaux » intégrés dans les concepts mathématiques du Modulor. Le bâtiment des bureaux et des enseignements, par sa forme générale et par sa façon de se ficher dans la pente comme pour mieux s’en extraire en affirmant le naturel et l’artificiel, s’y rapporte également. Supprimés lors de la réalisation, de véritables canons à lumière devaient diriger la lumière naturelle vers différents points du hall. Cette référence semble légitimée par la présence de la Maison Radieuse de Rezé et sans doute aussi par le retentissant succès de l’hommage à Le Corbusier organisé, passage Pommeraye, par un groupe d’étudiants de l’école d’architecture de Nantes l’année même où Louis Arretche concevait les plans de la faculté.

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L’entrée haute du grand amphithéâtre : entre citation de l’architecture japonaise traditionnelle et évocation du Palais de l’Assemblée de Chandigarh de Le Corbusier et Pierre Jeanneret.

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Les poteaux de la façade entre création sérielle et art cinétique : de l’opacité à la transparence.

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La référence au cloître permet de créer un vaste patio autour duquel alternent couloirs et pièces (bureaux et salles de cours).

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STRATÉGIES POUR UNE EXTENSION « Les présentes constructions doivent être conçues et réalisées pour une période d’au moins 50 ans » stipule le ministère de l’Education nationale à l’ensemble des architectes qui construisent ses établissements via un décret d’octobre 1955. Cette louable intention s’exprime toutefois dans une société des Trente Glorieuses qui tente de construire dans l’urgence, bien que soumise aux dictatures conjuguées des nouveaux champs disciplinaires, des rapports de pouvoirs et des prévisions statistiques. Au début des années 1990, le développement des Sciences économiques, conduit à séparer leurs locaux des UFR de Droit. Benoît Cornette et Odile Decq – deux jeunes architectes auréolés par la réalisation du siège de la Banque populaire de l’Ouest et

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d’Armorique près de Rennes, inauguré trois ans plus tôt, sont désignés en 1993 pour en construire les locaux et la bibliothèque sur un terrain jouxtant la faculté de Droit. Toutefois, l’allègement des effectifs qui en résulte ne prend effet que cinq ans plus tard, lorsque le nouvel UFR est inauguré. Puis, la dynamique confirmée de l’agglomération nantaise conduit la faculté de Droit à organiser un concours pour la création d’une entrée générale et de deux amphithéâtres de 250 et de 300 places. Après avoir été envisagée dans l’espace central du bâtiment des enseignements et de l’administration, l’extension est programmée sur la façade ouest, ce qui induit que les architectes se confronteront par la force à la puissance de l’édifice, ou s’enfouiront dans la grande butte dominée par l’entrée haute de l’amphithéâtre principal. Evelyne Rocheteau et Éric Saillard (ARS) proposent une solution intermédiaire : étirer une entrée généreusement vitrée se glissant à la rencontre des arrivants jusqu’aux limites du parvis,et soulever un coin de pelouse pour y glisser les amphithéâtres. Ainsi, la présence de l’extension se limite à des lignes de béton, droites ou doucement incurvées, et à des pans de verre. Sans être déférents, les architectes (qui étaient déjà intervenus entre les bâtiments linéaires de la faculté des Sciences) se placent ainsi dans une courtoise relation à l’existant, qui se manifeste jusque dans l’aspect donné aux rives des toitures et les points de vue ménagés sur le bâtiment dans les nouveaux amphithéâtres.

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« La main qui soulève le carré de gazon défini par quatre coups de bêche », telle est l’image donnant naissance à l’extension.

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Béton et verre, transparence et modénatures, légèreté et masse : la relation entre les deux constructions s’établit sur de multiples correspondances.

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Les concepteurs Louis Arretche (1905 -1991) Après avoir mené à bien la reconstruction de Saint-Malo en démontrant sa capacité à instiller de la modernité (l’École nationale de la marine marchande, le casino…) dans l’architecture traditionnelle, à apaiser les tensions et à piloter les entreprises, Louis Arretche est associé aux grands chantiers des Trente Glorieuses. Pragmatique et travailleur acharné, il cosigne l’usine marémotrice de la Rance, collabore à l’autoroute électronique bretonne (centre des transmissions militaires de Bruz, école nationale des transmissions de Cesson-Sévigné…), dessine les universités rennaises, rénove des quartiers (Le Colombier à Rennes) et jette les base de la ville nouvelle d’Orléans-la-Source. Il est un acteur majeur des transformations de Paris en rénovant le

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Marais, participant aux projets de rénovation du quartier des Halles, étudiant la reconversion des entrepôts de Bercy et en étant présent à Maine-Montparnasse. Il associe souvent à la conception de ses projets de jeunes professionnels qui ont été ses élèves au sein du plus fréquenté des Ateliers de l’École nationale des Beaux-Arts de Paris et qui deviendront des architectes réputés. À Nantes, outre la conception générale des deux campus et d’un grand nombre des constructions qui y sont implantées, il édifie un sobre centre mécanographique

Usine marémotrice de la Rance à La Richardais (35)

Église Sainte-Jeanne d’Arc de Rouen (76)

Ensemble urbain du Colombier à Rennes (35)


des impôts et conçoit le plan masse du Marché d’intérêt national dont il réalise la grande halle avec Charles Friésé. Il participe, vainement, aux concours pour la conception de l’Hôtel de Région puis de l’école vétérinaire. François Deslaugiers (1934 – 2009) Élève (19641966) et collaborateur (1965 -1971) de Louis Arretche, il contribue aux études et à la mise au point de la faculté de Droit. Au sein de l’agence, il fait évoluer la conception des centres mécanographiques régionaux des impôts commandés par le ministère des Finances, passant du béton préfabriqué (Nantes, Angers, Rouen) au métal (Orléans, Amiens) puis à un procédé hautement industrialisé entièrement transformable (Nemours) dont il étudiera l’application à un habitat social économique. Après avoir fondé son agence, il travaille sur l’Arche de la Défense,

et murs) en béton, produits en usine et assemblés sur site. Grâce à son réseau d’usines et à son puissant service de recherche, elle est étroitement associée à la politique d’industrialisation mise en œuvre par l’État pour la réalisation de logements et d’équipements collectifs, dont les établissements scolaires et universitaires. La faculJean Boquien (1915 – 2010) Architecte nantais, il est associé à té des Lettres et des Sciences hutrois des opérations de logement maines est également construite social qui marquèrent la ville lors avec ce procédé. de la Reconstruction (Les Hauts Pavés) puis des Trente Glorieuses (la Max Schmitt (1902 -1973) Diplômé de ZUP des Dervallières et l’immeuble la faculté des du Sillon de Bretagne). Il signe Sciences de également des immeubles de Rennes, puis bureaux dont celui de l’administradocteur en tion nantaise sur l’île Beaulieu. Sur le campus, il réalise également, Sciences physiques, il devient toujours avec Louis Arretche, les enseignant-chercheur. Il partage bâtiments de la faculté des Lettres. sa carrière entre Rennes (université puis laboratoire municipal) et Nantes où il est nommé direcConstructions Coignet Issue de l’entreprise d’Edmond teur de l’Institut polytechnique de Coignet (1856-1915) l’ingénieur l’Ouest en 1951 (future ENSM). En qui énonça la formulation du 1962, il devient le premier Recteur béton armé, cette société évolue de l’université de Nantes, poste à partir de 1952 vers la conception qu’il occupera jusqu’en 1970. d’éléments constructifs (planchers signe les nouvelles stations du funiculaire de Montmartre, le Palais de Justice de Nanterre et des ouvrages d’art à Lille et Rennes. À Nantes, il participe au concours pour la conception de la passerelle franchissant la Loire face au nouveau Palais de Justice.

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1963-1970 Les acteurs Maître d’ouvrage : Ministère de l’Éducation nationale Direction de l’équipement scolaire, universitaire et sportif Académie de Nantes Service constructeur : DDE de Loire-Atlantique

Architecte du campus : Louis Arretche

Bureau d’études techniques : Simecsol

Architecte coordonnateur de la faculté de Droit : Louis Arretche

Entreprise mandataire : Coignet

Architecte collaborateur : François Deslaugiers Architectes d’opération conjoints : Louis Arretche Jean Boquien

Charpente métallique : Ateliers de construction de Paimbœuf Étanchéité : Reymond Menuiseries et serrurerie : Ridoret Fermetures, protection solaire : Nantaise de voilerie Cloisons : Pernyero Sols : Cottin Jonneaux Peintures, vitrerie, miroiterie : Ouest Peinture

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Bibliographie Sur l’ÉDIFICE Guide d’architecture contemporaine en Pays de Loire, Union Régionale des CAUE des Pays de la Loire, 1984 Un commentaire valorise les qualités des deux constructions remarquablement bien cernées. Nantes, architectures remarquables, 1945/2000, Ouvrage collectif, Nantes Aménagement, 2000 Une auscultation brillante de la façade, vécue comme un objet franc, signifiant. Architectures et patrimoines du XXe siècle en Loire-Atlantique, Christophe Boucher et Jean-Louis Kerouanton (dir) - CAUE de LoireAtlantique ; Ed. Coiffard, 2006 Une promenade découverte sensible et avisée.

Sur la faculté au sein des Sur Louis Arretche campus nantais Université de Nantes L’Architecture d’Aujourd’hui (revue) n°107, avril-mai 1963, p. 2 Une exception dans cette publication peu ouverte aux travaux de Louis Arretche. Réalisations récentes et projets immédiats de l’Université de Nantes, René Leroux, Le Moniteur des Travaux publics et du Bâtiment (revue), n°14, 6 avril 1968 Un article foisonnant et précis pour saisir toute l’ampleur du travail accompli dans la nouvelle Académie, de Nantes à Angers.

Louis Arretche, Dominique Amouroux ; Éd. Infolio / Éd. du Patrimoine, 2010, Coll. Carnets d’Architectes Initiée par la Maison de l’architecture de Bretagne, la première monographie publiée sur l’architecte est intégrée à la collection créée par le ministère de la Culture.

Histoire de l’université de Nantes, 1460-1993, Gérard Emptoz, (dir) ; Nantes-Rennes : Université de Nantes, PUR, 2002

Conseil d’Architecture d’Urbanisme et de l’Environnement de Loire-Atlantique 25 rue Paul Bellamy 44000 Nantes tél : 02 40 35 45 10 - mail : contact@caue44.com site : www.caue44.com


Le siècle de protection que célèbrent les Journées européennes du patrimoine 2013 en France permet de mesurer l’ampleur de ce qui est accompli mais aussi l’immensité de ce qui reste à recenser et à situer dans l’histoire moderne des typologies, des techniques, des matériaux, des écoles successives, des créateurs, des maîtres d’ouvrage et des étapes de la pensée collective. Tels sont les prismes qui déterminent le regard posé sur ce bâtiment où interfèrent l’histoire d’une université, une politique nationale d’aménagement du territoire, un modèle dominant importé des Etats-Unis, un contexte économique de la commande d’État, la démarche conceptuelle d’un architecte solide, l’évolution d’une technique et d’une entreprise qui la privilégie, l’implication des architectes et des entrepreneurs locaux dans de tels chantiers et, naturellement, la politique d’aménagement d’une capitale régionale, Nantes, promue métropole d’équilibre avec sa voisine, Saint-Nazaire. Ce regard sur le tournant des années 1960/1970 est aussi une observation de réponses apportées à nos propres problématiques : Comment inscrire un bâtiment dans un site en pente ? L’ouvrir sur l’extérieur ? L’adapter à des flux temporaires importants ? De quelles références nourrir sa conception ? Et comment l’adapter à l’évolution des usages en prenant en compte sa personnalité pour éviter de le défigurer ? L’ouverture de l’édifice à la visite les 14 et 15 septembre 2013 et sa présentation dans cette publication prolongent l’action d’identification et de valorisation des patrimoines du XXe siècle, entreprise par le CAUE de Loire-Atlantique depuis 2002 au moyen d’expositions et de publications, et poursuivent la mise en confrontation de leurs enseignements esthétiques et techniques avec les problématiques architecturales, urbaines et environnementales actuelles.

C on s e i l d ' Arc hi t e ctu re d ' U r b a ni s m e e t d e l ' E nv i ro nne m e n t


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