territoires
tourisme &
Dossier :
La côte sauvage au Pouliguen
édito
Document Phytolab
La lettre d’information du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de Loire-Atlantique 1
février 2006
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° n
Le département de Loire-Atlantique se caractérise par la variété de ses paysages. Qu’ils soient urbains ou ruraux, ces paysages résultent d’une longue histoire entre l’homme et le milieu. Espaces transformés, construits, habités, ils sont autant de territoires intimes dont il faut comprendre le sens pour en devenir l’hôte privilégié.
Comment guider le touriste dans son cheminement pour qu’il se reconnaisse finalement dans ces traces d’humanité ? Le tourisme est non seulement la découverte d’un territoire, il en est aussi l’expression. Il est un aspect de son existence, de son identité. Et cette identité s’exprime par des signes visibles (monuments, paysages) et moins visibles (art d’y vivre) et de partage (hospitalité). Ainsi le département de Loire-Atlantique constitue-t-il un territoire dont la richesse touristique repose d’abord sur la mise en cohérence de ses multiples expressions patrimoniales. Claude NAUD Conseiller général Président du CAUE
Édito ................................. p. 1 Dossier : Tourisme & territoires
Le tourisme en Loire-Atlantique .. p. 2 Le tourisme et l’aménagement des espaces côtiers ................. p. 4 Les campings et le paysage littoral p. 6 Gîtes ruraux et création architecturale ....................... p. 7 Du voyage au tourisme culturel .... p. 8 Les arts plastiques à la campagne . p. 9
Point de vue : Le commandant Fargin-Fayolle au bord de la mer ..................p. 10
Actualité du CAUE / Documentation / Agenda .... p.12
Sommaire
Car le territoire ne s’offre pas immédiatement au regard, ni totalement. Il faut le deviner, l’approcher, l’interroger, lentement le dévoiler. Il faut également le rendre compréhensible. Tel monument a un sens pour l’amateur d’art qui en reconnaît le style et l’époque, mais que signifie-t-il pour le touriste non initié ? Celuici aura besoin qu’on l’accompagne, qu’on l’initie pour qu’il en décode les signes et en comprenne l’histoire. Tel sentier, telle rue, telle place… sont autant de traces imprimées dans l’espace par des communautés humaines qui s’y sont succédées et y ont déposé leurs joies et leurs deuils.
tourisme & territoires
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Source : Conseil général de Loire-Atlantique
tourisme & territoires
DOSSIER :
L’itinéraire Vélocéan (160 km) relie entre eux les circuits locaux du littoral de Loire-Atlantique, en connexion avec le Morbihan et la Vendée.
le tourisme en Loire-Atlantique
L’offre touristique en Loire-Atlantique est un volet important de l’activité économique départementale. La fidélisation d’une clientèle de plus en plus versatile passe par la prise en compte du coût, d’une offre de service performante et diversifiée ainsi que d’un environnement de qualité. Gilles ALLARD, directeur du Comité du Tourisme (CDT) de LoireAtlantique, répond à nos questions à propos de cette quadrature et nous explique le rôle joué par le CDT dans l’accompagnement des politiques touristiques du département.
Où se situe aujourd’hui la LoireAtlantique sur le plan touristique ? La Loire-Atlantique est actuellement positionnée comme le 10e département touristique de France en nombre de nuitées, avec un taux de 15% de fréquentation étrangère. La fréquentation touristique dans le département est désormais de 6 mois sur 12, ce qui est très important pour la continuité du dynamisme économique local et départemental. L’effet « 35 heures » y est certainement pour beaucoup. Quel en est l’impact direct sur le développement des territoires ? En ce qui concerne l’aménagement des territoires à forte fréquentation, notamment le littoral, nous
pouvons constater que les collectivités locales font de gros efforts pour l’évolution qualitative de leur image, et aussi sur la prise en compte de l’accès et des déplacements aux stations. La voiture, bien sûr, les transports en commun, mais aussi et surtout les parcours pédestres et cheminements vélos, qui répondent à une demande grandissante de la clientèle (parcours « Loire à vélo » ou « Vélocéan », reconversion d’anciennes voies ferrées désaffectées en cheminements…). Le Littoral demeure-t-il toujours la destination préférée des touristes ? L’attrait du littoral reste un atout majeur manifeste, mais le CDT essaye d’être présent également au niveau des zones rurales grâce
à la mise en place des « Pays touristiques », où animation locale et patrimoine de proximité sont souvent des éléments moteurs. Le souci du renforcement de la qualité se décline d’ailleurs à toutes les échelles et dans tous les domaines d’activités touristiques. Le CDT, avec le Conseil général et les partenaires associés (Gîtes de France…) essaye donc, aux côtés des collectivités et des porteurs de projets touristiques, d’améliorer l’accueil des estivants. L’exemple des « gîtes de caractère », au label évocateur, illustre bien une des initiatives départementales qui associe qualité des réalisations, développement diversifié de l’économie locale et formation des professionnels du tourisme.
INITIATIVE La Journée du Patrimoine de Pays et le patrimoine des sites touristiques
La Meilleraie à Varades
Canal de Nantes à Brest.
Les labels sont-ils des facteurs dynamisants ? Sans aucun doute. Au delà des Gîtes de caractère, d’autres labels comme « Hôtellerie gourmande », « Restaurateurs de métier » ou « Clés Vacances » viennent compléter une gamme d’offres où le cadre de l’accueil et la compétence des personnels permanents et saisonniers sont désormais des facteurs essentiels, au regard de l’offre concurrentielle au plan national et international. J’évoquerai enfin le label « Villes et Pays d’Art et d’Histoire », attribué par le ministère de la Culture aux villes de Nantes et de Guérande, qui leur permet de revendiquer un accueil et une animation autour de la découverte du patrimoine architectural, urbain et paysager. C’est, à mon sens, avec peut-être le site du Parc naturel de Brière, la démonstration du lien direct qui peut exister en Loire-Atlantique entre les patrimoines naturels et construits de nos territoires et l’activité touristique. Qu’en est-il de l’hôtellerie de plein air ? L’hôtellerie de plein air n’est pas absente de notre réflexion sur la qualité des hébergements en LoireAtlantique. Les « habitations légères de loisirs » bénéficient en effet d’un label national au sein des campings, reconnu par le ministère du Tourisme. Une réflexion a également été menée avec les stations pour mieux appréhender les aménagements en faveur de l’accueil des campingscars, activité touristique grandissante d’année en année. Et l’offre des gîtes ruraux ? En ce qui concerne les gîtes, nous sommes confrontés à une pénurie de renouvellement de l’offre. En effet, les bâtiments ruraux de grande qualité architecturale que nous pouvons trouver du Pays d’Ancenis au Pays de Redon, en passant par le Castelbriantais, sont souvent achetés par une clientèle étrangère qui l’utilise en résidence principale ou secondaire, ou bien encore commercialise un accueil touristique dont la logistique nous échappe totalement. Des réflexions sont donc en cours entre le CDT et Gîtes de France, pour endiguer ce phénomène et envisager, par ailleurs, une offre d’hébergement touristique par le biais de constructions neuves.
Toujours sur ce chapitre de l’hébergement en milieu rural (gîtes, chambres d’hôtes), le CDT et le Conseil général, à l’appui de partenaires dont fait partie le CAUE, essayent de dynamiser les projets et l’information des porteurs de projets sur tous les domaines concernant la commercialisation des offres, mais aussi sur la qualité des réhabilitations et de l’aménagement paysager des structures d’accueil. Et l’hôtellerie traditionnelle ? L’hôtellerie dite « traditionnelle » nous pose également interrogation, dans la mesure où cette activité nécessite de gros investissements, tant financiers qu’humains, et où l’on constate un détournement de la clientèle vers d’autres structures d’accueil. Le Conseil général est en réflexion sur ce sujet afin d’inciter, à l’appui d’aides financières, à la reprise de ces établissements pour maintenir une offre de chambres suffisantes sur le littoral, et essayer aussi de préserver des bâtiments souvent intéressants sur le plan urbain et architectural, et qui sont de plus en plus l’objet de convoitise de la part des promoteurs immobiliers. D’autres formes de tourisme sontelles appelées à se développer ? Bien sûr. C’est le cas du tourisme dit « industriel » qui rencontre un très vif succès (Chantiers navals, Airbus) et dont l’organisation incombe plutôt à nos collègues de la Chambre de Commerce et d’Industrie. Le projet du Lieu Unique à propos de la découverte de l’estuaire avec les œuvres plastiques monumentales se profile déjà comme un facteur de dynamisation du tourisme en Loire-Atlantique. Pour conclure, je dirai qu’aujourd’hui les collectivités ont bien compris tout l’intérêt du développement de l’économie touristique par la mise en valeur des paysages et du patrimoine. Fidéliser la clientèle existante et en accrocher de nouvelles sont des objectifs que se fixe la Loire-Atlantique pour les années à venir. L’authenticité et l’innovation, conjuguées à une qualité de service, seront, à n’en pas douter, les gages d’une réussite que nous nous efforçons d’impulser et d’accompagner. Propos recueillis par Vincent DEGROTTE
Le 18 juin prochain aura lieu la Journée du Patrimoine de Pays, manifestation annuelle ayant pour but de faire connaître le patrimoine, les paysages et les savoir-faire traditionnels. Le thème retenu pour 2006 est « le patrimoine au bord de l’eau ». Il représente une belle opportunité pour la Loire-Atlantique, dont le territoire et l’histoire sont marqués par la Loire, les rivières, les zones humides, et évidemment le littoral maritime. Un patrimoine d’une grande richesse y est présent, qui n’est pas toujours réellement perçu à sa vraie valeur : un patrimoine touristique, un patrimoine balnéaire, un patrimoine maritime ou de rivière. En témoignent nombre de villas, d’hôtels ou de casinos, de cabines de plage, mais aussi des greniers à sels, des entrepôts portuaires, des bateaux anciens, des cales et des quais, des ponts, des grues, des pêcheries, des marais salants, etc. L’année 2006 est donc l’occasion pour nombre de sites touristiques de faire découvrir leur patrimoine bâti ou naturel. Les associations, les collectivités locales, les propriétaires publics ou privés peuvent participer à cette manifestation annuelle, en organisant ce 18 juin des visites commentées, des circuits de découverte, des expositions, des démonstra- 3 tions de savoir-faire, des fêtes, etc. La Journée du Patrimoine de Pays est organisée au plan national par la FNASSEM (fédération nationale des associations du patrimoine), en partenariat avec Maisons Paysannes de France, la CAPEB (artisans), les Architectes du Patrimoine, les Offices du Tourisme, les ministères de l’Agriculture et de l’Ecologie. En Loire-Atlantique, le CAUE réalise chaque année, avec les acteurs départementaux du patrimoine et le Conseil général, une affiche-programme présentant les actions organisées dans le département. Il recense pour cela, jusqu’au 15 mars, l’ensemble des manifestations locales. Renseignements sur la Journée du Patrimoine de Pays sur le site de la FNASSEM (www.associationspatrimoine.org/fnassem/461/775.asp) et inscriptions auprès du CAUE de Loire-Atlantique (www. caue44.com et contact@caue44.com).
Un patrimoine architectural hôtelier
L’hôtel de la Duchesse Anne
L’édifice avant l’incendie De nombreux nantais ont assisté avec tristesse, le 17 juin 2004, à l’incendie qui a détruit les étages supérieurs de l’Hôtel de la Duchesse Anne, face au château de Nantes. Le sinistre n’a heureusement causé que des dégâts matériels, mais ceux-ci pourraient compromettre la préservation d’un remarquable patrimoine architectural. Les belles façades Art Déco de cet hôtel ont été dessinées en 1930 par l’architecte nantais Ferdinand Ménard, concepteur de plusieurs hôtels baulois, dont le fameux Hermitage, construit en 1926 selon une typologie régionaliste inspirée de celle des grands hôtels normands du début du siècle.
tourisme & territoires DOSSIER :
le tourisme
et l’aménag
La gestion des circulations est une des conditions de la restauration écologique de sites très fréquentés.
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Le naufrage de l’Erika et les violentes tempêtes de la fin 1999 ont atteint l’ensemble du rivage des Pays de la Loire. Ces dégradations se sont ajoutées à celles provoquées par la forte fréquentation touristique. En février 2000, dans ce contexte particulier, un plan d’ensemble pour le littoral Atlantique, de Brest à Hendaye, a été défini par le Comité Interministériel d’Aménagement du Territoire (CIADT). L’ensemble des mesures qui constituent ce plan vise un objectif : la restauration écologique des sites et du patrimoine naturel. Un avenant au contrat de plan État-Région 2000/2006 a accordé plus de 9 000 000 Euros pour financer les différentes opérations (études préalables et travaux). À l’échelle régionale et à partir des orientations définies par le CIADT, l’État (DIREN) a initié une étude globale sur l’état des espaces côtiers. Cette étude établit un diagnostic des dégradations et des dysfonctionnements, précise les enjeux de la restauration, propose des actions et évalue les coûts des travaux. Des documents plus précis ont ensuite été réalisés, par secteur, et mis à la disposition des collectivités locales. Si celles-ci restent libres dans le choix des interventions à effectuer, elles ont par ailleurs l’obligation de respecter le cadre défini par les études environnementales. Aujourd’hui, des aménagements sont en cours d’élaboration, et d’autres voient le jour, comme par exemple au Pouliguen où la restauration et la mise en valeur de la côte sauvage sont aujourd’hui achevées. Delphine LAINÉ-DELAUNAY
Restauration et mise en valeur Le site et le cadre de l’opération Le Pouliguen, commune littorale au Nord de La Baule, se place à l’articulation du chenal du Nord et de la baie du Pouliguen. Ce territoire, formé d’un plateau peu vallonné et en pente vers le marais, a été le support d’un développement important lié au tourisme depuis le XIXe siècle. La côte sauvage présente une façade d’environ 3 km, et est essentiellement composée de falaises d’environ 10 m de hauteur, se développant au-dessus du plateau rocheux. Ces falaises sont interrompues par un vallon perpendiculaire à la côte, débouchant dans la baie sablonneuse du Scall, et par de multiples criques d’origine érosive. La forte exposition aux vents, l’intensification non maîtrisée de la fréquentation, et l’urbanisation ont progressivement modifié et dégradé la bande côtière qui constitue pourtant un site de grande valeur. Cette évolution a été accentuée et aggravée par le naufrage de l’Erika et les travaux de nettoyage qui ont suivi. Ce site bénéficie de plusieurs protections réglementaires (site inscrit, classé, ZPPAUP, etc.). Aussi, grâce aux possibilités de financements offertes dans le cadre de l’avenant au contrat de Plan ÉtatRégion, la commune et la communauté d’agglomération (Cap Atlantique) ont décidé d’engager une opération volontaire de restauration portant sur les aspects écologiques, paysagers, touristiques et de circulation. Sur ce dernier point, la commune a profité de cette opportunité pour rema-
nier fortement la circulation automobile dans ce secteur, au profit d’un réseau important de circulations douces.
Les objectifs L’opération se situe dans le cadre d’une démarche de développement durable, avec la volonté d’intégrer l’ensemble des paramètres sur un site de grande complexité. Les principaux objectifs et interventions sont les suivants : - Restauration écologique : • Assurer la canalisation des flux (piéton, auto, vélo), forte source de dégradation, • Restaurer la végétation par des techniques innovantes et expérimentales, • Mettre en place un système de gestion des eaux pluviales (récupération et traitement). - Intervention sur les circulations : • Mettre en place un sens unique pour créer une piste cyclable bidirectionnelle, • Supprimer tous les stationnements (environ 1 hectare) entre route et mer, • Rendre le site aux modes doux de déplacement. - Valorisation paysagère : • Proposer des interventions discrètes et mettre en valeur les qualités intrinsèques du site, • Rendre compatible la fréquentation forte du site avec sa préservation sur le long terme.
Observatoire CAUE de l’architecture,
gement des espaces côtiers
de l’urbanisme et du paysage
Nous vous invitons à consulter l’Observatoire du CAUE 44 sur notre site internet :
http://www.caue44.com
Source : Phytolab
Dans le cadre de leurs missions de conseil et d’accompagnement des maîtres d’ouvrage, les CAUE sont quotidiennement confrontés aux réalités de terrain et à l’évolution de la production architecturale, urbaine ou paysagère. Forts de leur ancrage territorial, les CAUE peuvent jouer un rôle de veille dans les domaines qui contribuent à la qualité du cadre de vie, ils sont en mesure de proposer des exemples de réalisations qui souvent ne sont pas mentionnés dans la presse spécialisée.
de la côte sauvage au Pouliguen
Pour répondre au mieux aux attentes des différents acteurs de l’aménagement, maîtres d’ouvrage, maîtres d’oeuvre, partenaires institutionnels départementaux, 7 CAUE (44, 45, 49, 58, 59, 72, 95) ont souhaité se doter d’un outil commun de recensement et d’analyse de la production architecturale, urbaine et paysagère, appelé : Observatoire CAUE de l’architecture, de l’urbanisme et du paysage. L’Observatoire CAUE est accessible sur chacun des sites Internet des 7 CAUE partenaires et permet d’effectuer des recherches à partir de différents critères (type de réalisation, département ou région, maître d’oeuvre, maître d’ouvrage, année de réalisation…).
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La réalisation de l’opération
L’Observatoire est aujourd’hui proposé à l’ensemble des CAUE désireux de rejoindre cette initiative et de contribuer au développement du réseau. Une charte est mise à disposition des CAUE intéressés. Les CAUE du Calvados, du Bas-Rhin, de Seine-SaintDenis et de Saône-et-Loire nous ont dernièrement rejoint et plusieurs autres ont manifesté leur vif intérêt pour cet outil.
Le travail en commun de la Ville, de Cap Atlantique, de tous les partenaires associés (État, Conseil régional, Conseil général et leurs services) ainsi que de la maîtrise d’œuvre, a permis le déroulement de l’opération dans une large concertation et dans le respect du planning et du budget (1,52 M€ H.T.).
Source : Phytolab
Texte Phytolab, paysagistes
Toutes les réalisations présentées dans l’observatoire du CAUE de Loire-Atlantique sont diffusées avec les accords des maîtres d’œuvre et maîtres d’ouvrage. Ces réalisations sont portées à la connaissance du CAUE qui, à partir d’un comité interne de sélection, décide de les intégrer à l’Observatoire.
Contact au CAUE 44 : Emmanuelle BOMME, documentaliste Autres contacts :
Source : Phytolab
La qualité et la discrétion des aménagements participent à la valorisation du paysage.
www.caue45.fr / Contact : Chantal Rebout www.caue49.com / Contact : Clarisse Bodinier www.archi.fr/CAUE58 / Contact : Virginie Jules www.caue59.asso.fr / Contact : Vianney Haeuw www.caue-sarthe.com / Contact : Lynda Jean-Marie www.caue95.org / Contact : Odile Drouilly
tourisme & territoires DOSSIER :
les campings et le paysage littoral
« parcs de tourisme » refermés sur eux-mêmes, et proposant une uniformité de service et d’apparences. Le traditionnel camping saisonnier, accueillant des touristes voyageurs, se transforme en parc résidentiel de loisirs, occupé à l’année. Le besoin d’exotisme, de découverte de nouveaux horizons, s’exprime par l’usage systématique de palmiers associés aux piscines, aux toboggans, aux cascades et aux saynètes paysagères artificielles. Ces camps de tourisme, devenus « hors-sol », ne sont plus en relation avec le territoire qui les environne. Année 50, camping de tentes dans le centre-bourg de La Bernerie-en-Retz
Le tourisme littoral
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Pendant longtemps, la mer a semblé pour ses riverains un monde étrange, et le plus souvent hostile. Mais la perception de ce « territoire » particulier a évolué au fil des siècles. Le milieu marin est ainsi d’abord apparu le lieu de vertus médicales. Au XIXe siècle, les stations thermales de l’Europe se transforment. Grâce à l’attrait exercé outre-Manche par les côtes françaises, les stations connaissent une mutation : de centres de cure, elles deviennent des lieux de plaisirs et de jeux (Dinard, Arcachon, Biarritz, Nice, Cannes…). L’espace côtier devient alors un paysage à part entière. Au XXe siècle, le perfectionnement des transports (chemin de fer, automobile) d’une part, l’apparition des congés payés en 1936, et la croissance économique des Trente Glorieuses avec ses implications sociales d’autre part, permettent la démocratisation du tourisme, qui s’exprime principalement au travers du phénomène du camping. Attirés par la découverte de ces nouveaux horizons et de leurs bienfaits sanitaires, les vacanciers se concentrent dans les régions côtières. Il semble en effet possible de dire que le tourisme moderne est né sur le littoral. L’attirance de la mer, symbole de la conquête des vacances, est une constante majeure.
Les campings CAMPING : n. m. XXe siècle. Emprunté de l’anglais camping, de to camp, « camper, s’installer ». Activité à caractère sportif ou touristique, manière de voyager, de séjourner en campant qui consiste à vivre en plein air, sous la tente ou dans une caravane, avec un matériel approprié. Les joies du camping, un terrain de camping, faire du camping...
C’est ainsi que le dictionnaire définit ce mot apparu en France en 1903. Mais, depuis les premiers congés payés, le camping a beaucoup évolué et, au fil des années, de nouvelles exigences se sont fait jour : remplacement des tentes par des caravanes et des «mobil homes», nécessité de fournir de l’électricité, de l’eau chaude, un assainissement, des équipements de loisirs. Tout ceci réclamé par de nouvelles couches sociales et par l’arrivée de nombreux étrangers, auprès desquels la France et son littoral ont toujours exercé un attrait particulier.
Les responsables des campings ont dû s’adapter, avec plus ou moins de bonheur, à l’exercice d’une profession nouvelle : l’hôtellerie de plein air. Quelle ressemblance y a-t-il entre les premiers campings et ceux d’aujourd’hui ? Plus grand chose. Les établissements se sont étendus. La toile de tente a souvent laissé la place aux structures d’hébergement en dur. Les équipements se sont modernisés. Il peut alors s’agir de véritables petites villes, autonomes et fermées, et posant des problèmes d’intégration, particulièrement sur le territoire littoral. Cette évolution présente de nombreux revers, par la création de
La Loire-Atlantique ne déroge pas à cette évolution commerciale, et aux impacts négatifs dans le paysage des agglomérats de mobil homes. Mais, en comparaison avec d’autres départements littoraux, les surfaces des «campings» y sont beaucoup moins importantes. Ces unités plus petites s’intègrent plus facilement dans des paysages par ailleurs plus variés qu’ailleurs. L’évolution actuelle de la demande pousse aussi au développement de thématiques d’aménagements en relation avec le site, et avec une ouverture vers les spécificités du « terroir », de l’environnement et des paysages. Ces campings particuliers proposent une nouvelle approche : on y arrive « quelque part », et parfois « chez quelqu’un ». En ce temps-là, il y a quelque trente ans, le camping, comme on dit, c’est-à-dire, en français, le campement, en auto surtout, était presque inconnu, du moins en France. Je ne suis pas bien sûr de ne pas avoir provoqué en partie, parce que j’en ai dit dans mes écrits, ce nouveau snobisme, après ceux des « bains de soleil » et des « relais gastronomiques… » (T’SERSTEVENS, L’itinéraire espagnol, 1933, p. 15) Denis PORTIER
gîtes ruraux et création architecturale
L’architecture comme moyen de valorisation d’un patrimoine rural spécifique, comme plusvalue à l’offre d’hébergement touristique, comme expression valorisante d’un territoire.
Gîte et habitation, Pannecé(44) - architectes : A2 Architecture
tion d’une image plébiscitée, celle de l’archétype du gîte « authentique » : celui où la vie s’égrène à la pendule, au coin d’un âtre, sous une belle poutraison de chêne massif, dans un mobilier qui rappelle le bahut d’antan. Quel que soit le lieu, quelle que soit la construction, c’est seulement à la condition du cumul de ces signes que l’on obtient ses lettres de noblesse.
La construction existante, dans son site, ce qu’elle est et ce qu’elle évoque, constituent un potentiel commercialisable. Sa transformation nécessaire a évolué au travers des décennies. Mais quelle est la part réelle accordée à l’architecture dans ces évolutions ?
Quelques constructions résistent à ces assauts d’une modernité qui habille trop souvent, et trop mal, d’un même costume conventionnel, nos masures et leurs jardins.
Par la suite, d’autres bâtiments (étables, écuries, granges) feront l’objet de la même mutation, tandis que l’ensemble commencera à obtenir quelques lettres de noblesses sous l’appellation « patrimoine rural ». Cette première génération, celle du logement de vacances situé dans un espace rural recherché à divers titres, sera suivie de celle de l’excellence du confort demandée par le vacancier devenu consommateur. Il faudra, pour atteindre ce but, que l’architecture du bâtiment subisse quand même parfois quelques outrages : une division fonctionnelle et normative des espaces et des formes, la standardisation des matériaux mis en œuvre, l’apparition de menuiseries bien isolantes en PVC qui minimiseront l’entretien, etc. Le confort, celui de l’équipement sanitaire et ménager maximum, doit s’accommoder de la produc-
Aujourd’hui, les efforts de valorisation de l’ensemble des bâtiments ruraux, à condition qu’ils ne gênent pas, par leur proximité, l’activité agricole, sont multiples et conséquents : micro-gîte, gîte « authentique », de « charme », « de caractère », « écogîte »…
L’architecture, en tant que telle, n’aurait-elle pas le droit de cité dans, et bien au-delà, cette offre commerciale. Le vacancier « zappeur » pourrait-il s’offrir de passer quelques jours, quelques semaines, hors des sentiers battus de son quotidien, dans le confort, dans des espaces particuliers, authentiques, où la place est faite à l’innovation, à la création. Ces interventions ponctuelles ne seraient-elles pas une petite carte à jouer contre la banalisation et l’appauvrissement de nos paysages ruraux, pour la contribution au patrimoine à venir ? Monique LE CORRE
Chambres d’hôtes, Sermaise (49) architectes : J.C. Haumont-Y. Rattier
Source : CAUE 72
Le gîte rural des années 60-70 n’est-il pas né à la faveur de la désaffection de l’habitation de la ferme, remplacée par « la maison neuve » posée à l’écart de l’exploitation : d’un bâtiment souvent architecturalement déconsidéré, on fera ainsi un bien commercialisable, en lui apportant un peu d’isolation et de confort.
Quelques restaurations subtiles, ou quelques audaces architecturales, nous lèguent heureusement des lieux parfois magiques, surprenants, dont les ambiances mettent notre sensibilité à l’épreuve et nous font rêver, autant que ce que pouvait être un passé en ces lieux, ce que pourrait être un avenir proche avec un brin de création.
Pour toutes ces architectures, quelle est la place réellement accordée à l’architecture ?
Source privée
La demande en hébergement touristique constitue une chance indéniable de préservation et de valorisation de notre patrimoine architectural rural, si modeste soitil, et donc de nos paysages. Depuis plusieurs décennies, les collectivités locales se sont attachées à soutenir cette offre, ce qui a certainement permis de sauver de nombreux édifices voués à la ruine.
Gîtes des Tropies, Jupilles (72). Architectes : F. Roche et D. Lewis
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tourisme & territoires DOSSIER :
du voyage au tourisme culturel Avant le tourisme, le voyage Le voyage culturel est une réalité dans l’Antiquité grecque : on édite des guides, on dénomme « 7 merveilles du monde » les plus grands monuments connus (statues, architectures, jardins). Au Moyen Âge, les voyages sont religieux, mais aussi commerciaux ou diplomatiques. La Renaissance développe les itinéraires de découverte, puis l’attrait pour les ruines antiques. Dès lors, et jusqu’au XIXe siècle, le voyage culturel est réservé à quelques individus fortunés, à des artistes, des architectes, des écrivains, qui rapportent des récits, des références esthétiques, des relevés scientifiques, plus tard des photographies. Ainsi se forme le goût pour l’ancien, pour l’exotique, et la connaissance des « autres mondes ».
L’invention du patrimoine
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En France, le « monument historique » apparaît au début du XIXe siècle. On recense, classe, puis restaure des édifices choisis pour leurs qualités architecturales ou testimoniales : abbayes, cathédrales, châteaux royaux, fresques et fortifications médiévales. Le Moyen Âge et les héros nationaux, comme Jeanne d’Arc, sont à la mode. La fin du siècle verra naître l’attrait pour les sites naturels : les montagnes, les forêts, les cascades, puis les littoraux rocheux. L’imaginaire romantique n’est pas étranger au choix de sites démesurés, inquiétants, devant lesquels l’homme mesure la relativité de son destin. Pourtant, la nature est parfois une alliée, grâce aux cures thermales, au bon air, au soleil.
Au XXe siècle, le tourisme Le chemin de fer, puis l’automobile, permettent à une élite d’admirer les sites bâtis ou naturels valorisés au siècle précédent. Les « circuits touristiques » sont nés. Des guides sont édités, des hôtels et restaurants construits, des « souvenirs » commercialisés. Les « congés payés » donneront à un public de plus en plus grand l’occasion de profiter des espaces ruraux ou littoraux, avec d’abord une préférence pour les activités sportives ou relaxantes. Les voyages en autocar, au milieu du siècle, développeront les circuits touristiques à dominante culturelle. Puis le tourisme de masse, avec l’afflux des vacanciers étrangers, provoquera l’essor des « stations » touristiques, balnéaires et montagnardes.
Le tourisme de « l’authentique » Dans les années 80 apparaissent de nouvelles pratiques touristi-
ques. On découvre des sites plus proches du cadre de vie quotidien, des « lieux de mémoire » plus intimes (maisons d’artistes), des patrimoines locaux, ruraux mais aussi industriels et techniques (écomusées, moulins). On campe à la ferme, on randonne, on s’intéresse à « l’environnement ». Cette nouvelle approche du territoire, non dénuée de nostalgie, rejette les grands aménagements touristiques. De nouveaux guides prônent une recherche de l’authentique, en France ou dans le reste du monde.
Le tourisme culturel et le territoire Cette diversification des offres et des attentes intègre progressivement une donnée nouvelle, qui fait se rencontrer des sites, patrimoniaux ou naturels, et des moments culturels : festivals de théâtre ou de musique, spectacles « historiques », expositions. L’art investit, de manière événementielle ou plus pérenne, des sites désaffectés où tout paraît possible (anciennes usines) ou des lieux d’intérêt architectural ou patrimonial. La création contemporaine et la notion de sauvegarde semblent parfois se « renvoyer la balle », chacun légitimant l’autre dans le regard du public. On voit ainsi des lieux « devenir » patrimoniaux, dès lors qu’un artiste y conçoit une œuvre et guide les regards sur eux. Le port et la base sousmarine de Saint-Nazaire offrent un exemple de ce processus, avec l’installation lumineuse « La Nuit des Docks » (Yann Kersalé, 1991) en préalable à la valorisation touristique du site. Dans l’île de Nantes, la manifestation « Les Allumées », qui a conduit de 1990 à 1995 des publics dans des lieux qui leur étaient inconnus, a généré un nouveau regard sur un territoire devenu majeur dans le projet urbain nantais. On voit, à l’inverse, des créations rencontrer de nouveaux publics, hors des musées ou des galeries d’art. La présentation d’œuvres dans le château d’Oiron, dans les Deux-Sèvres, en est un exemple frappant, qui reste pourtant une alliance rare entre la restauration d’un monument ancien et l’aide à la création artistique. Le projet « Estuaire », avec l’installation dans des sites naturels, industriels ou urbains, d’œuvres conçues en dialogue avec leur environnement, illustre cette démarche nouvelle, à l’échelle d’un vaste territoire. Ce site est un ensemble patrimonial, mais il est peu vécu comme tel, et aujourd’hui peu considéré comme un espace touristique. Sa découverte, notamment depuis la Loire, par un grand nombre de « touristes culturels » venus de LoireAtlantique ou d’ailleurs, est de
nature, au-delà de l’événement artistique, à générer de nouveaux regards portés sur ce territoire et donc, à l’avenir, à susciter de nouvelles appropriations. L’expérience, à l’échelle plus modeste du patrimoine de pays, a été tentée avec succès en Bourgogne, à l’initiative du Consortium, centre d’art contemporain de Dijon (article ci-contre).
Le tourisme architectural L’estime nouvelle portée aux architectures du XXe siècle conduit à intégrer au patrimoine des sites ou des édifices qui témoignent des mutations artistiques, sociales et techniques de cette période. Les missions du réseau des Villes et Pays d’Art et d’Histoire s’étendent ainsi aujourd’hui à leur valorisation touristique. La Ville de Nantes a réalisé un dépliant-guide consacré à ce patrimoine, depuis l’Art Nouveau jusqu’aux créations les plus récentes. L’inscription en juillet 2005, dans la liste du Patrimoine Mondial établie par l’UNESCO, du centreville du Havre, reconstruit dans les années 50 par Auguste Perret, permettra peut-être à cette ville de profiter de cette reconnaissance internationale pour créer de nouvelles offres touristiques, inimaginables il y a peu, quand cette cité souffrait d’une réputation de laideur liée au rejet du béton et de l’architecture moderne.
Conclusion Depuis les 7 Merveilles du monde antique jusqu’à celles du Patrimoine Mondial de l’UNESCO, l’histoire du tourisme culturel montre combien les évolutions sociétales induisent des pratiques touristiques en perpétuelle mutation et en constante diversification. En la matière, la création artistique et le patrimoine architectural, ancien ou récent, peuvent aujourd’hui être des catalyseurs de projets. Et ceci à des échelles variées, du simple lavoir au territoire d’un fleuve, du moulin-àvent à un centre-ville tout entier. Certains territoires, s’ils réfléchissent à ce qui fait réellement leur identité, et s’ils mettent en place de véritables projets pour leur cadre de vie, alliant création et préservation, possèdent peutêtre des ressources touristiques aujourd’hui ignorées, susceptibles de favoriser un jour leur développement et la qualité de leurs paysages. Christophe BOUCHER
arts plastiques à la campagne
Document de Michel VERJUX
les
Le long du canal de Bourgogne, « Onze verticales pour un horizon », Michel VERJUX, 1994.
L’inscription de l’art contemporain dans l’espace public est souvent déterminée par des enjeux extérieurs à l’art. Pour resserrer les liens entre les réalités de la société et l’art, à la fin des années 70, le Consortium, centre d’art contemporain de Dijon, et la Fondation de France ont mis en place « les Nouveaux Commanditaires ». Cette procédure a pour objectif la création d’oeuvres d’art dans l’espace public, souvent rural, hors du cadre habituel des expositions. Un art in situ, qui se laisse « imposer » les contraintes du lieu. Le principe associe 3 partenaires : un commanditaire (collectivité locale, institution, personne privée…), un médiateur (Fondation de France, CAUE, …) et un artiste. Ce dernier est choisi à partir d’un cahier des charges rédigé par le médiateur et le commanditaire. Chaque commande naît d’un contexte particulier, abstrait ou concret, associé à un lieu, qui permet de trouver des financements jusqu’alors inaccessibles à l’art : « … pour tous, la commande apporte une précieuse sortie des habitudes et la possibilité de participer à la transformation de son environnement » (Xavier Douroux, médiateur pour la Fondation de France). Cette politique volontariste a permis d’investir des lieux aussi variés que des monuments anciens, le canal de Bourgogne, une ZUP suburbaine, un paysage agricole (avec la création d’un gîte rural contemporain par l’artiste Gloria Friedman). Des circuits de découvertes, comme le circuit des Lumières ou le circuit des Lavoirs, donnent à de simples sites du patrimoine de proximité le statut de lieux touristiques voués à la création contemporaine.
Le circuit des Lumières La mise en valeur d’un monument par un éclairage nocturne est une pratique courante, toujours appréciée des habitants et des visiteurs. Certaines villes, comme Lyon chaque décembre, développent leur stratégie de communication autour d’événements majeurs, la mise en lumière d’édifices exprimant ici une volonté d’animation culturelle. Mais l’éclairage peut aussi être conçu comme une œuvre en soi, comme l’apport d’un artiste à un lieu extérieur, à un paysage. La procédure des Nouveaux Commanditaires a permis et initié une approche différente de la simple opposition jour-nuit, sans « spectacularisation du réel ». L’œuvre faisant partie intégrante du lieu, s’inscrivant dans le projet d’aménagement du site, devenant « éclairage public ».
Onze verticales pour un horizon, 1994, Michel Verjux C’est à Clamerey, le long du canal de Bourgogne, lors de la renaissance de la halte fluviale au tourisme, que cette oeuvre a été initiée. Michel Verjux a conçu une œuvre lumineuse qui s’est inscrite dans le projet de requalification de la berge, avec les artistes-paysagistes Olivier Marty et Elisabeth Ferron, et dans le cadre d’un partenariat de recherche avec Philips Eclairage. Les commanditaires étant les riverains et les élus communaux, le médiateur le CAUE de Côte d’Or. «L’éclairage ne fonctionne que le soir et la nuit, il est indiciel, et n’arrose pas le site de façon globale ». Il est constitué d’une succession de onze colonnes de lumière, des tubes transparents qui contiennent la lumière. Fixé aux façades du bâti, cet éclairage révèle le site comme halte au bord du plan d’eau. Du sol au faîtage,
il reconstruit le front bâti. « La verticalité et la répétition de ces onze fûts de lumière, en s’opposant à l’unité du canal, en l’interrompant, scandent ce paysage dans un rythme en rapport avec la structure globale du site (…) La nuit, le sol et le ciel disparaissent visuellement, laissant apparaître les lignes des toits, la planéité des façades éclairées en lumière rasante, et le plan d’eau du canal sur lequel les lignes de lumière se réfléchissent. Nous sommes d’emblée en plein air, devant et dans un dispositif d’éclairage. » Cet éclairage, par son contexte, son processus et son concept, devient « œuvre d’art visuel », à la fois exposition et parcours. « Voir des réalisations comme celles-là en rase campagne, cela fait quelque chose, j’ai l’impression même que ça marque plus les gens qu’en ville. En ville les gens sont plus indifférents. Et puis ici les gens vont venir en vacances, ils auront le temps de regarder. On est vraiment très contents. Le jour où on a vu tout fini, il y avait vraiment beaucoup d’émotion.» (extrait d’un entretien avec un commanditaire) Nathalie KOPP
Michel Verjux, artiste, maître de conférences en Arts Plastiques à l’Université Paris 1, réalise depuis 1983 des « éclairages », expositions temporaires et réalisations permanentes. ( les citations sont issues de « Voir, agir, comprendre : revisiter ... la caverne », par Michel Verjux)
Le Consortium de Dijon présente l’opération « Nouveaux Commanditaires », dans le cadre de son département Art et Société, sur le site www.leconsortium.com
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Vue POINT DE
le commandant
fargin-fayolle au bord de la mer
En 1900 paraît à Montluçon un ouvrage intitulé « De Montluçon à la mer : 20 jours à Sainte-Marguerite, près de Pornichet (Loire-Inférieure) ». Le commandant Fargin-Fayolle y raconte son aventure de l’année passée. Son récit méticuleux nous renseigne aujourd’hui sur l’état d’esprit des premiers touristes balnéaires et sur les conditions de séjour sur la côte atlantique avant l’arrivée de l’automobile, et nous fait mesurer l’importante évolution des usages de ce territoire littoral en un peu plus d’un siècle. La famille Fargin-Fayolle part de Montluçon (Allier) le 25 août à 6 heures 30 du matin. L’omnibus arrive à Tours à 14 heures. Un train express (départ à 14 heures 50) les emmènera jusqu’à Pornichet (arrivée prévue à 21 heures et 10 minutes).
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« À Sainte-Marguerite pas de gêne ni d’étiquette, mais bien au contraire une liberté, une tranquillité complètes. L’Hôtel SainteMarguerite est au centre de la plage, à cent mètres de la mer, que l’on a constamment sous les yeux, de la terrasse, de la salle à manger, du salon et des chambres ; deux pavillons, un corps de bâtiment, en tout vingt-cinq mètres de façade, trois étages, cinquante lits, une terrasse vitrée fort agréable en tout temps. Les touristes trouvent dans cet hôtel tout le confortable et le bienêtre qu’ils peuvent désirer et à des prix très convenables : 12, 10 et 8 fr. tout compris, suivant les étages. (…) La clientèle se compose en majorité d’Anglais et d’Américains ; la vie n’est pas désagréable avec eux : ils ne s’occupent pas de vous, et naturellement on leur offre la réciproque ; on vit les uns près des autres sans chercher à se connaître, comme à Paris ; on est plus libre de ses mouvements. Derrière l’hôtel, un bois de pins traversé par la route de Saint-Nazaire à Pornichet. De très jolies villas, presque toutes habitées par des familles, sont bâties dans le bois et sur la route, avec vue sur la mer, les approvisionnements y sont faciles, grâce à la proximité de Saint-Nazaire (11 k.) et de Pornichet (4 k.), les fournisseurs viennent tous les jours, avec leurs voitures, apporter les provisions. Notre explorateur ne laisse pas passer une seule journée sans excursion : « Encore une belle journée ; nous passons notre matinée sur la plage et après déjeuner nous allons visiter Pornichet ; nous faisons la route à pied en suivant la plage de Bonne-Source (3k.) ; de jolies villas tout le long ; des sœurs de je ne sais plus quel ordre, - il y en a tant - tiennent là un véritable hôtel, où elles ne reçoivent que des femmes, bien entendu, et pas pour rien. Nous voilà au vieux Pornichet, qui n’est pas commune et dépend de SaintNazaire (14 kilom.) ; trois hôtels, celui des Princes, des Etrangers et de Pornichet, quelques cafés, des épiciers, des bouchers, le bureau de poste et la gendarmerie, tout
cela en bordure sur l’étier qui servait à amener la mer dans les marais salants. Presque toujours à sec, pendant la belle saison, ce ruisseau était le réceptacle de toutes les immondices et de toutes les ordures, un véritable foyer pestilentiel de maladies ; l’an dernier il a été couvert et les marais salants desséchés, c’est une belle réparation qui assainit Pornichet et fait le plus grand honneur à ceux qui ont entrepris et mené à bien ce travail. À l’extrémité de la plage, devant l’hôtel de Pornichet, le garage de Decauville ; c’est de là que part toutes les heures (de 7 h. du matin à 7 h. du soir) le tramway qui va au Pouliguen en suivant la plage (14 kilomètres). La gare de Pornichet est à 1 kilomètre environ du vieux Pornichet ; elle est située dans ce qu’on appelle le nouveau Pornichet, lequel n’est pas commune non plus et fait partie de la commune d’Escoublac, (…). Le nouveau Pornichet ou Pornichet-les-Pins se compose de l’Hôtel du Casino, immense caravansérail de 140 chambres, avec une salle de spectacle, des jeux et des petits chevaux, de l’Hôtel de la Plage, d’une chapelle et d’un bois parsemé de villas louées aux baigneurs. La plage de Pornichet est une des plus belles de France ; on aperçoit la Baule, le Pouliguen et la pointe de Penchâteau situés dans la baie splendide dont Pornichet forme l’extrême pointe sud. Nous faisons quelques emplettes et nous rentrons à Sainte-Marguerite pour le bain. Quand nous arrivons, une douzaine de baigneurs de tout âge et de tout sexe s’ébattent au milieu des vagues ; nous nous empressons d’aller les rejoindre ; on éprouve un bien-être indéfinissable après un bain de quelques minutes. » Outre cette révélation, le commandant Fargin-Fayolle a pris conscience des bienfaits du bon air lors d’une promenade à SaintMarc : « Nous revenons par la route qui date de l’an dernier ; elle descend en pente douce jusqu’à la mer, à travers le bois de SainteMarguerite, bois de pins précieux, car, en raison de la proximité de l’Océan, on pourrait s’attendre à ne trouver aucune végétation. Nous admirons cette situation exceptionnelle de Sainte-Marguerite, adossée à ce bois de pins ; il est évident que l’air fortifiant et salé de la mer, mélangé aux
exhalaisons saines des pins, fait de Sainte-Marguerite un endroit des plus salubres, en même temps que la bienfaisante influence des courants chauds la gratifie en hiver d’un climat doux et tempéré. Nous trouvons le tennis très animé ; une famille anglaise l’occupe jusqu’à l’heure du bain, c’est un plaisir de les voir jouer. » Les déplacements sont longs et complexes, à pied, en voiture à cheval, en bateau, en tramway ou en train. Le commandant et sa famille visitent tout de même le golfe du Morbihan, non sans déconvenues, comme à Sarzeau : « Nous sommes d’accord pour convenir que le séjour manque de gaieté, l’ensemble est sérieux, pas de plage et une falaise dangereuse, la mer sauvage dans toute sa beauté ; pour moi ça ne suffit pas. » Heureusement, partout, des bateaux animent le spectacle de la mer : les bateaux de pêche « toutes voiles déployées », les paquebots à vapeur, les cuirassés et les navires en construction de Saint-Nazaire, les petites barques à voiles blanches des régates du Pouliguen. L’auteur observe avec étonnement les autochtones, qu’il s’agisse des habitants des îles d’Houat et d’Hédic « tous parents les uns des autres et ne connaissant rien de notre vie moderne. Les hommes sont tous pêcheurs, les femmes travaillent aux champs ; bien peu parlent le français, ils ont conservé leur jargon breton. » ou de ceux du village de Saillé près de Guérande « 800 habitants, tous paludiers. Les mariages s’y font encore dans le costume traditionnel ». Mais la véritable découverte du commandant Fargin-Fayolle est rappelée dans l’hommage qui conclut son ouvrage : « Ces vingt jours ont passé comme un rêve, ils nous laisseront à tous un souvenir sain, agréable, et un désir de retourner là-bas, sur cette jolie plage de Sainte-Marguerite. En terminant, je tiens à remercier Madame Simon et M. Simon, Ingénieur à l’usine Saint-Jacques, qui les premiers ont découvert la plage Sainte-Marguerite et nous l’ont fait connaître, c’était en 1895, l’hôtel venait de s’ouvrir, il était donc peu fréquenté. »
La baie de Pornichet
La navette faisant le Service entre le Pouliguen et La Baule
Marais Salants du Bourg à Saillé
L’hôtel des étrangers à Pornichet
La nouvelle place de Pornichet
Port du Pouliguen
11 La Route de Bonne-Source à Sainte-Marguerite
Entre Pornichet et Sainte-Marguerite
leBoulevard boulevardde deSainte-Marguerite Sainte-Marguerite
Port de Saint-Nazaire
Plage de Sainte-Marguerite
le jeu de tennis du Grand Hôtel de Sainte-Marguerite
Le jeu de tennis du Grand Hôtel de Sainte-Marguerite
caue Actualités du
concours Prix Départemental d’Architecture et d’Aménagement 2006 Organisé depuis 2002 par le CAUE et le Conseil général de Loire-Atlantique, ce prix concerne les projets publics ou privés dont les concepteurs sont architectes, paysagistes, urbanistes, et qui ont été achevés en 2004 ou 2005 en Loire-Atlantique. Renseignements au 02 40 35 45 10. Mail : contact@caue44.com ou sur le site www.caue44.com. Dépôt des dossiers avant le 1er mars 2006.
manifestation Journée du patrimoine de pays le 18 juin 2006
La documentation
Fiche de participation à demander au 02.40.35.45.10 ou à n.bizeul@caue44.com ou à télécharger sur www.caue44.com
manifestation
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Exposition « L’extension de la maison de ville »
du 3 au 7 avril 2006
Du 13 février au 11 avril 2006 au CAUE de Loire-Atlantique
Organisée dans l’Académie de Nantes par le Centre Régional de Documentation Pédagogique, les CAUE et les architectes, elle permet à des collégiens et lycéens de découvrir des réalisations contemporaines et de dialoguer avec leurs concepteurs et leurs utilisateurs. 12 réalisations ont été sélectionnées en Loire-Atlantique.
Exposition du CAUE de la Sarthe. Sélection des 130 projets remis pour la 2ème édition du concours « Petites machines à habiter ».
du 3 au 7 avril 2006 4ème édition d’une semaine de découverte de l’architecture pour les écoles primaires, en collaboration avec l’Inspection Académique. Le Théâtre d’Ancenis servira de support pédagogique.
Pass Classe « Nantes – Saint-Nazaire : deux villes pour un estuaire »
avril à juin 2006. Circuit de découverte organisé par le CAUE, dans le cadre de l’opération PassClasse du Conseil Régional des Pays de la Loire, à l’attention des lycéens.
documents Lettre d’Information du CAUE : anciens numéros téléchargeables sur www.caue44.com N° 1 : Dossier « Aménager-développer sa commune avec la loi SRU » N° 2 : Dossier « L’espace est un patrimoine » N° 3 : Dossier « Architecture contemporaine » N° 4 : Dossier « Dimension(s) paysagère(s) » N° 5 : Dossier « Le patrimoine de pays » N° 6 : Dossier « Urbanité(s) »
quelques acquisitions du centre de documentation architecture et habitat
ESSEVAZ ROULET Michel. La mise en œuvre d’un SIG dans les collectivités territoriales. Techni-Cités, 2005. 277 p.
DA COSTA GONCALVES Michel, GALAND Geoffrey. Habiter en ville. Paris : Autrement, 2004. 58 p. Coll. Autrement Junior, Ville,1.
L’annuaire illustré et sélectif des architectes 2005-2006 : maisons contemporaines, appartements et lofts, habitat environnemental. Architectures à vivre, 2005. 497 p.
LESORT Christophe (dir.). Atlas des territoires du Val de Loire. AURA, IAAT, Mission Val de Loire, 2005. 61 p.
IFA, Cité de l’architecture et du patrimoine, Hôpital Armand Trousseau. La maison de mon doudou : une action de sensibilisation à l’architecture pour les enfants hospitalisés. IFA, Fondation Cognacq-Jay, 2004.
BRAGHIERI Nicola. Maisons en bois. Actes Sud, Motta, 2004. 371 p. CASAMONTI Marco, PAVAN Vincenzo. Caves : architectures du vin 1990-2005. Actes Sud, Motta, 2004. 277 p. JODIDIO Philip. Mario Botta. Taschen, 2003. 192 p. LAHTI Louna. Alvar Aalto, 1898-1976 : le paradis pour les petites gens. Taschen, 2004. 96 p. Le grand livre des lofts. Taschen, 2005.382 p. MONNIER Gérard. Le Corbusier : les unités d’habitation en France. Belin Herscher, 2002. 239 p. MONNIER Marilyne. Le Corbu 1955-2005 : Rezéles-Nantes. Marilyne Monnier, 2005. 160 p. Oïkos. Les clés de la maison écologique. Terre Vivante, 2004. 157 p. SBRIGLIO Jacques. Le Corbusier : l’Unité d’habitation de Marseille et les autres unités d’habitation à Rezé-les-Nantes, Berlin, Briey en Forêt et Firminy. Birkhäuser, Fondation Le Corbusier, 2004. 244 p.
paysage Conservatoire régional des rives de la Loire et de ses affluents, LE NEVEZ Nicole. Portraits de Loire : iconographie du XVIIe siècle à nos jours. Coiffard, 2004. 89 p.
Agenda
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Rencontres d’architectures
« Connaître et aimer le patrimoine, les paysages et les savoir-faire traditionnels » avec pour thème annuel « le patrimoine au bord de l’eau ». Les informations relatives aux actions locales (organisées par les collectivités, les associations, les particuliers) sont à communiquer au CAUE avant le 15 mars 2006.
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manifestations
Parc naturel régional de Brière. Charte paysagère : Parc naturel régional de Brière. Hengoun, 2005. 95 p.
urbanisme ALLAIN Rémy. Morphologie urbaine : géographie, aménagement et architecture de la ville. Armand Colin, 2004, 254 p. BOUTET Didier. Pour un urbanisme rural. L’Harmattan, 2004. 226 p. Groupe de recherche Interfaces rural/urbain. Les communes périurbaines et le développement local : quels enjeux ? Maison des sciences de l’homme Villes et territoires, CNRSUMS 1835 ; Université de Tours, 1999. 135 p. La carte communale : « document d’urbanisme simple pour les communes rurales ». Ministère des transports, de l’équipement, du tourisme et de la mer ; AMF, 2005. 16 p. LAHOUGUE Jean. Lettre au maire de mon village. Champ Vallon, 2004. 157 p.
sensibilisation
MONNIER Gérard. L’architecture du XXe siècle, un patrimoine. SCEREN, CRDP de l’académie de Créteil, 2004. 234 p.
Loire-Atlantique ABED Loïc. Le canal de la Martinière. Ed. CMD, 1999. 72 p. Les Amis de Saint-Sébastien. Mémoires, la revue des amis de Saint-Sébastien. 2000 à 2005, n°1 à 6. BENFERHAT Kader, AUBERT Sandra, NOURRY Richard. Le canal de Nantes à Brest. Ed. Ouest-France, 1999. 127 p. BERGERAT Alain. Histoire de Basse-Goulaine : un village entre Loire et Goulaine. Ville de Basse-Goulaine, 1994. 449 p. BOUCAUD Yannick. Savenay. Ed. Alan Sutton, 2004. 128 p. (Coll. Mémoire en images). DELAVAL Alain. Le théâtre Graslin à Nantes. Ed. Joca Seria, 2004. 179 p. Société d’histoire des hôpitaux de l’ouest. L’Hôpital Saint-Jacques. Ed. CMD, 1999. 108 p.
DUNNETT Nigel, KINGSBURY Noël. Toits et murs végétaux. Ed. du Rouergue, 2005. 254 p.
CARTIER Claudine, DELEPLANCQUE Rémi, TAINTURIER Laurent. L’héritage industriel, un patrimoine. CRDP de Franche-Comté, 2002. 195 p.
exposition
exposition
programme
« Quatorze à table … » Les nouveaux albums de la jeune architecture (NAJA) 2003-2004 « … et seize autour » Sélection de jeunes architectes ligériens 2005-2006
« Dialogue(s), architecture et paysage ».
Programme d’actions 2006 de Nantes Renaissance
Du 11 février au 27 mars 2006 au Lieu Unique à Nantes, du mardi au samedi de 13h à 19h et le dimanche de 15h à 19h La 1ère partie de l’exposition présente les 14 lauréats de la seconde session des NAJA. Elle a servi de prétexte à promouvoir 16 jeunes architectes ligériens sélectionnés par l’ARDEPA et l’Ecole d’Architecture de Nantes.
TESSIER Franck (dir.de publ.). Pays de Châteaubriant, histoire et patrimoine. 2004, n°3. 95 p.
Du 12 avril au 16 mai 2006 à la Manufacture des Tabacs à Nantes Exposition de l’URCAUE des Pays de la Loire. Photos et vidéos de 36 réalisations contemporaines des 5 départements de la région.
exposition Arbres remarquables en Loire-Atlantique Septembre et Octobre 2006 à la Maison de l’Erdre Exposition itinérante du CAUE de Loire-Atlantique, en juillet et août à la Maison de l’Erdre, Ile de Versailles à Nantes.
3 février 2006 : visite du Musée Jules Verne. 17 février 2006 : circuit « Le bestiaire dans l’architecture ». 24 Mars 2006 : circuit « Le quartier Saint-Similien ». Avril 2006 : circuit « L’ancienne paroisse Saint-Denis ». Mai 2006 : cycle découverte « Trentemoult ». Juin 2006 : voyage à Ancenis.
Renseignements Nantes Renaissance 02.40.48.23.87
n°7 - février 2006 - Publication du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de Loire-Atlantique 25 rue Paul Bellamy - 44000 NANTES - Tél. 02 40 35 45 10 - E-mail : contact@caue44.com Directeur de publication : Vincent DEGROTTE - Rédacteur en chef : Christophe BOUCHER Comité de rédaction : Nadine BIZEUL, Emmanuelle BOMMÉ, Nathalie KOPP, Delphine LAÎNÉ-DELAUNAY, Monique LE CORRE, Denis PORTIER Conception graphique : Nicolas BAUD Crédit photo : CAUE 44 (sauf mention contraire) Dépôt légal : Juin 2002 - Imprimerie : Val Production Graphique - N° ISSN : 1637-4452