10 années de création 14 sites lauréats 5 éditions du Prix
1 regard critique 14 textes d’auteurs 141 réalisations sélectionnées
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Conception et réalisation : CAUE de Loire-Atlantique Christophe BOUCHER, architecte - Nicolas BAUD, graphiste sous la direction de Vincent DEGROTTE, Directeur du CAUE de Loire-Atlantique © CAUE de Loire-Atlantique Décembre 2010 - n° ISBN : 2-9518697-7-0
Œuvre créée par Francine TOULEMONDE pour les lauréats du Prix départemental d’architecture et d’aménagement de Loire-Atlantique 2002
Œuvre créée par Eric FONTENEAU pour les lauréats du Prix départemental d’architecture et d’aménagement de Loire-Atlantique 2006
Œuvre créée par Alain DOUILLARD pour les lauréats du Prix départemental d’architecture et d’aménagement de Loire-Atlantique 2004
Œuvre créée par Philippe SZECHTER pour les lauréats du Prix départemental d’architecture et d’aménagement de Loire-Atlantique 2008
Œuvre (esquisse) créée par Alexandre BARTH pour les lauréats du Prix départemental d’architecture et d’aménagement de Loire-Atlantique 2010
2002, 2004, 2006, 2008, 2010... Après cinq éditions, le Prix départemental d’architecture et d’aménagement de Loire-Atlantique s’impose désormais comme un classique.
Et des concepteurs créatifs, notre département n’en manque pas. Les 141 projets récompensés ou nominés par le CAUE depuis la mise en place de ce Prix en attestent. Tout comme ils prouvent d’ailleurs qu’esthétisme et fonctionnalité ne sont absolument pas antinomiques. Avec les années, l’action continue du CAUE en faveur d’une architecture et d’un aménagement de qualité et respectueux de l’environnement a porté ses fruits. Grâce aux précieux conseils qu’il apporte au quotidien, aux collectivités ainsi qu’aux particuliers, le développement départemental, que nous avons souhaité placer sous le signe des solidarités, est aujourd’hui plus raisonné et plus respectueux de l’environnement et de la qualité de vie.
Patrick MARESCHAL Président du Conseil général de Loire-Atlantique
Préface 3
Il n’en a pour le moins pas perdu son originalité : prouver que l’architecture comme l’aménagement peuvent parfaitement se mettre au service de l’humain en récompensant les meilleures initiatives des concepteurs et maîtres d’ouvrage présents sur notre territoire.
Le CAUE de Loire-Atlantique a conçu et réalisé cet ouvrage consacré aux cinq éditions du Prix départemental d’architecture et d’aménagement portant sur la période 2000 - 2010. Il tient à remercier : - le Conseil général de Loire-Atlantique pour son soutien sans faille depuis la mise en place du Prix départemental en 2002, - les maîtres d’ouvrage et les maîtres d’œuvre, récompensés ou non, qui ont fait acte de candidature au cours de ces cinq éditions du Prix, - les membres des jurys (élus, professionnels, experts, représentants d’organismes ou de structures publiques…) qui se sont succédés pour débattre et proposer les sélections de projets et les palmarès, - les artistes sollicités pour créer les œuvres remises aux maîtres d’ouvrage et aux concepteurs lauréats de chaque édition biennale, - et les auteurs qui ont accepté d’apporter leur contribution écrite au présent ouvrage.
2000-2010 : dix années de création
Ainsi est né le Prix départemental d’architecture et d’aménagement, pour récompenser les concepteurs talentueux et leurs maîtres d’ouvrage non moins méritants d’avoir su, à travers leurs créations, rappeler l’actualité des trois grands principes vitruviens2 : firmitas (solidité), utilitas (utilité) et venustas (esthétique). Art supérieur pour Platon, « l’architecture est une expression de la culture » pour le législateur de 1977 qui crée les CAUE.
Car l’art d’édifier et d’aménager requiert et témoigne d’une culture. Non seulement la culture du bâti mais la culture comme système dynamique, vivant et évolutif de représentations, de signes et de codes caractéristiques d’une collectivité à un moment donné de son histoire. Ainsi peut-on lire une société à travers ses œuvres architecturales autant que littéraires, tant les arts se fondent et se confondent pour dire l’humaine diversité. Claude NAUD Conseiller général Président du CAUE de Loire-Atlantique
1 - Roland Martin, archéologue de l’Ecole française d’Athènes in L’architecture, art ou technique ? 2 - Vitruve, architecte romain du 1er siècle avant J.-C., auteur du traité De Architectura.
Préface 5
Reprenant à son compte la réflexion de Roland Martin1, « Faire utile et le mieux possible, c’est là le but, et n’est-ce pas aussi la meilleure façon de faire beau ? », le CAUE a entrepris, au tournant de ce siècle-millénaire, de rendre compte de la richesse et de la diversité des réalisations architecturales et paysagères de la Loire-Atlantique.
Dominique Amouroux est critique d’architecture. Outre des contributions à l’ouvrage André Malraux et l’architecture (Le Moniteur) et au catalogue de l’exposition inaugurale Chefs d’œuvre ? (Centre PompidouMetz), il a récemment coordonné Le Livre de l’école d’architecture de Nantes (In Folio, 2009) et signé la première monographie sur l’architecte Louis Arretche (Éditions du Patrimoine/In Folio, 2010). Il travaille actuellement à l’édition d’une monographie sur l’immeuble nantais Manny (éditions Joca Seria), d’un ouvrage sur l’agence ARS (Gallimard/Parenthèses), d’un livre sur la Villa Savoye (Éditions du Patrimoine) et à la conception d’une exposition sur l’architecte Georges Évano. Il collabore régulièrement aux revues 303–Arts, Recherches et Créations, Place Publique, À Vivre, Archi-Créé.
les territoires d’une architecture début de siècle Esquisse d’une histoire
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Dominique AMOUROUX
2000-2010
1 regard critique :
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Introduction
Enivrées par leur fulgurant développement, accaparées par le bouclage de leur périphérique et la construction de quelques grands équipements indispensables à l’agglomération dont elles constituaient le cœur, les villes ont été prises au dépourvu par l’effondrement de leur centre au cours des années 1975 à 1985. Après une vingtaine d’années de cautérisation des plaies les plus purulentes puis de réflexions stratégiques, elles ont engagé une puissante redynamisation de leurs friches, de leurs délaissés et de leurs quartiers sous densifiés. De Lille à Lyon, de Dunkerque à Bordeaux et de Nantes à Saint-Nazaire, cette
reconquête est ainsi réellement devenue visible au cours de la première décennie du XXIe siècle. Néanmoins, l’activisme publicitaire qui a diffusé la connaissance de ces renaissances urbaines a masqué l’effort d’équipement et d’aménagement des « petites » communes dont celles de Loire-Atlantique et leur adhésion progressive à une expression architecturale contemporaine, leurs réalisations constituant la majorité des projets soumis au jury du Prix départemental conjointement mis en place par le CAUE de Loire-Atlantique et le Conseil général.
Photo de Gauche : Nantes, Chroma, logements, Reichen et Robert & Associés architectes, Paris, Platform Architectures architectes, Paris, TOA Architectes associés, Paris et Strasbourg, 2010. photo CAUE 44.
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Le Prix départemental d’architecture et d’aménagement de Loire-Atlantique met en valeur un ensemble de réalisations réparties entre la métropole Nantes - Saint-Nazaire et les communes du département. Qu’elles soient primées, mentionnées ou simplement nominées, toutes témoignent de la vitalité du vivier des architectes et des paysagistes, de l’évolution de la maîtrise d’ouvrage et d’une diffusion culturelle accrue de l’architecture et de l’aménagement.
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À Nantes, dont la ligne de ciel est constamment animée par une forêt de grues, deux réalisations marquent les années extrêmes de la période : le Palais de Justice (Jean Nouvel) et Manny, l’immeuble du Groupe Coupechoux (Tétrarc), respectivement entrés en fonction en 2000 et en 2010. À Saint-Nazaire, le musée des paquebots créé dans la base sous-marine reconvertie qui atteint sa vitesse de croisière en 2000 (François Seigneur et Sylvie de La Dure) et l’ensemble de logements Botanica par Barré-Lambot pour ADI, achevé en 2010, jouent un rôle identique de repères. Pour les communes rurales de Loire-Atlantique, les mairies de Besné et Herbignac mises en chantier au tournant du siècle, d’une part, et le groupe scolaire L’Odyssée de Corcouésur-Logne qui a vécu sa première année pleine de fonctionnement en 2010, d’autre part, jalonnent la décennie.
Et cependant, les trois architectures majeures de cette évocation ne figurent pas au palmarès du Prix, par simple applica-
tion de son règlement qui stipule que seules sont soumises au jury les réalisations présentées par le maître d’ouvrage et (ou) l’architecte. Ni les collaborateurs du CAUE ni les jurés ne peuvent donc y inclure les réalisations qu’ils ont remarquées sur le terrain. Ceci fait que le grand ministère constructeur, la vedette internationale
Page de Gauche : Nantes, Le lieu Unique, Patrick Bouchain et Loïc Julienne, architectes, 1999. Photo CAUE 44. Photo ci-dessus : Nantes, Palais de Justice, Ateliers Jean Nouvel architectes, Paris, 2000 et Passerelle Victor Schœlcher, Barto+Barto architectes, Paris, 2001. Photo CAUE 44.
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Seize repères, six cents candidatures
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ou le maître d’ouvrage affairé ignorent cette biennale ligérienne de l’architecture qui elle, cependant, connaît leur production… mais ne peut la prendre en compte. Le Prix reste en cela fidèle à sa vocation : valoriser les réalisations du quotidien et soutenir les élus dans leur démarche vers les formes actuelles de l’architecture et de l’aménagement, comme en témoignent les 141 réalisations remarquées au cours des cinq sessions, réunies dans les cinq livrets successivement publiés. Ainsi, le Prix a rythmé la vie professionnelle en remodelant le temps selon des périodes de deux ans, chacune marquée par une journée de sélection des projets nominés, deux journées de visite des réalisations et de rencontre avec leurs maîtres d’ouvrage, une matinée de délibérations finales, la soirée de proclamation du palmarès et de remise des prix1. 1 • Chaque lauréat (maîtres d’œuvre et maîtres d’ouvrage) reçoit une œuvre d’art originale, créée par les sculpteurs Francine Toulemonde (2002) et Alain Douillard (2004), les plasticiens Eric Fonteneau (2006), Philippe Szechter (2008) et Alexandre Barth (2010).
1 - Chaque lauréat reçoit une œuvre d’art originale, créée par les sculpteurs Francine Toulemonde (2002) et Alain Douillard (2004), les plasticiens Eric Fonteneau (2006), Philippe Szechter (2008) et Alexandre Barth (2010).
10 années de création - 1 regard critique 13 Ci-contre : Nantes, Amphithéâtre Kerneis, Eric Gouesnard et Jean-François Salmon architectes, Nantes, 1998. Photo CAUE 44. Page de gauche : Saint-Nazaire – Alvéoles 13 et 14 de la base sous-marine, Agence LIN (Finn Geipel – Giulia Andi) architectes, Berlin, Paris, 2007. Photo Stéphane Chalmeau.
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Une prodigieuse évolution
Ces deux édifices voisins symbolisent une décennie d’architecture, d’aménagements urbains et de traitements paysagers fertiles. Chaque jour en effet, nous avons sous les yeux ce que nous pensions avoir été réservé au XIXe siècle haussmannien ou aux années de la Reconstruction : des transformations urbaines considérables. Nous voyons des équipes se constituer et se renouveler, des professionnels s’aguerrir et
des jeunes pousses talentueuses accéder à la commande. Nous contemplons deux villes entrer en effervescence constructive, des quartiers entiers se créer tandis que d’autres adoptent une nouvelle personnalité. Nous constatons qu’une architecture de qualité se diffuse dans les petites communes où quelques exemples annoncent une évolution des principes d’urbanisation… Nous voyons des formes apparaître, des matériaux innover, des concepts se réfléchir et se matérialiser, des réglementations changer l’apparence des édifices. Nous parcourons un espace où la part réservée à la voiture se réduit. Nous nous promenons sur des chemins serpentant le long de côtes redevenues accueillantes. Et comme nous vivons dans une époque que ses contradictions ne tétanisent pas, nous nous préparons au fait que les avions décolleront demain sur les prairies d’hier et que pour accéder à leurs passerelles d’embarquement nous emprunterons des ponts et des routes traversant des zones humides et des réserves naturelles. Depuis peu, il
A gauche : Nantes, Immeuble Manny, rue La Noue Bras de Fer, Tétrarc architectes, Nantes 2009. Palais de Justice, Ateliers Jean Nouvel architectes, Paris, 2000. Photo CAUE 44.
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2000/2010 : du Palais de Justice à Manny, de l’exaltation de la stabilité institutionnelle à l’ode à l’esprit d’entreprise perpétuellement en mouvement, il n’y a certes que la largeur de la rue La Noue Bras de Fer mais assurément toute l’expression du parcours accompli par les deux métropoles et l’ensemble des communes du département. Et parce qu’elle fait don à la ville de sa vitalité créative, l’architecture fait parler d’elle : les remous provoqués par la noirceur du premier furent vifs, les étonnements générés par les volutes du second sont amusés et complices.
nous est même proposé que l’estuaire tout entier entre dans un processus d’urbanisation, c’est-à-dire de valorisation foncière.
Ci dessous : Corcoué-sur-Logne, Groupe scolaire L’Odyssée, Drodelot et associés architectes, Nantes, Zéphyr paysagistes, Nantes, 2009. Photo Philippe Ruault.
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Mais, l’Île de Nantes, Bottière-Chesnais, Madeleine-Champs de Mars à Nantes, La Boulleterie et, demain, La Vecquerie à Saint-Nazaire, et bien d’autres zones d’évolution promues, publiées, visitées ne doivent pas masquer le fait que tout le territoire départemental s’est transformé profondément, que rares sont les communes qui se tiennent à l’écart d’une architecture actuelle qui se veut plus avenante et plus économe en énergie.
Une belle moisson que le rêve peut soulever des montagnes mais surtout que la détermination d’une équipe municipale peut perforer les plus robustes des murailles de béton.
En 2010 à Nantes, Manny souffle sa première bougie, le musée Dobrée trouve son architecte en la personne de Dominique Perrault, la Fabrique élève ses coques de béton bientôt carrossées de métal pour étouffer les décibels de ses salles de musiques actuelles (Tétrarc), et Euronantes livre ses premières grandes séries d’immeubles entre lesquels serpente le collège du Pré Gauchet (Tétrarc) et se dresse la résidence Chroma (Reichen et Robert, Platform, Toa). Les ponts Senghor (Mimram) et Tabarly (Barani) se glissent sur les bras de Loire dans la partie amont de l’Île. Il est désormais de bon ton d’habiter les quais, de jogger sur les berges aménagées, de filer par les anciennes cales jusqu’au Hangar à Bananes reconverti en pompe à bière pour fins de soirées (Roulleau-Puaud), et on serait même en train de
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En 2000, outre le Palais de Justice, Nantes inaugure le Lieu Unique, cristallisation d’une redécouverte des lieux industriels abandonnés dans la véritable descente aux enfers que vient de connaître la société industrielle. Patrick Bouchain et Loïc Julienne y écornent voracement les quatre coins du Petit Beurre du bon goût XVIIIe des nantais : ils instillent un look de chantier permanent au restaurant, à l’accueil et à son bar, laissent la grande halle dans son « jus » XIXe et jettent des tapis africains aux murs d’une salle où les bancs remplacent les fauteuils. À quelques kilomètres de cette synthèse post-allumée, Saint-Nazaire engage également une reconversion pour inverser le cours de son histoire urbaine en transformant l’ex base sous-marine en espace culturel commémorant le savoirfaire des générations successives qui ont travaillé aux chantiers navals Escal’Atlantique, le musée des paquebots puis, à mi chemin de la première décennie, une salle de musique actuelle, un bar et un radôme coiffant l’ensemble. Ce faisant, elle confirme
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Ci-contre : Nantes, Le jardin des Fonderies, logements, GPAA architectes, Nantes, 2009. Photo Philippe Ruault. Page de droite : Nantes, Arboréa, logements, Tétrarc architectes, Nantes, 2007. Photo Stéphane Chalmeau.
construire une barge luxueuse qui squatterait le fleuve… En attendant l’intruse, de part et d’autre des immeubles de logements du premier arrivé (Nicolas Michelin) et du dernier venu (Lionel Dunet), se sont postées sur le quai François Mitterrand des silhouettes en chapelet. Chaque opération affiche sa morphologie singulière : gironde (Beaudouin et Engel), effilée (Fabrice Dusapin) structurée et bicéphale (LacatonVassal). Cette séquence est contenue entre les deux « serres livres architecturaux », que constituent en amont l’immeuble Ouest-France (J.Y. Barrier) et, en aval, le
siège des Mutuelles Harmonie Atlantiques, rafraîchi (Patrick Rubin) et agrémenté d’un zeste de néon coloré (François Morellet).
Ainsi, des architectes parisiens, rennais, quimpérois, niortais viennent dès 2000 construire à Nantes une sorte de revue des formes du logement collectif… Quelle place restait-il pour les professionnels locaux ? Était-ce le retour aux années d’après-guerre où des architectes parisiens viennent diriger la reconstruction de Nantes (Noël Le Maresquier), édifier l’hôpital (Michel Roux-Spitz), bâtir les grands ensembles (Marcel Favraud), affirmer la modernité
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d’une « Maison Radieuse » (Le Corbusier, André Wogenscky et Iannis Xenakis), créer les deux campus universitaires (Louis Arretche), dresser des logements sur un bras de Loire (Jean Faugeron) ou marquer d’un Tripode (Jean Dumont) les premières étapes de la déconcentration administrative ? Cette parade architecturale des bords de Loire fit grincer bien des dents locales mais Manny s’est depuis chargée de décrisper définitivement les mâchoires, déjà desserrées par Arborea (Tétrarc) et les Fonderies. Et, l’impulsion initiale donnée, les architectes locaux ont pris naturellement place sur les différents secteurs de l’île, puis près du fleuve et sur le fleuve… Car, à cette prise de possession des quais a succédé un fourmillement permanent de projets et de chantiers dans le grand territoire piloté par Alexandre Chemetoff. Fourmillement est un terme également approprié pour SaintNazaire, qui en dix ans a construit sa villeport, entamé la rénovation du Petit Maroc (logements Callao de Reichen et Robert associés à Platform Architectures), édifié son Ruban Bleu (Reichen et Robert), densifié ses différentes extensions urbaines, et il pourrait s’appliquer à l’ensemble des communes dont certaines ont multiplié les chantiers pour offrir à leur population un degré d’équipement satisfaisant.
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De gauche à droite : Nantes, Quais, logements,Fabrice Dusapin architecte mandataire, Paris, Quadra architectes associés, Nantes, 2009. Photo CAUE 44. Nantes, Habiter les quais 1, logements et commerces, Agence Nicolas Michelin et Associés (ANMA) architectes Paris, 2007. Photo Stéphane Chalmeau. Nantes, Habiter les quais 2, logements, Lionel Dunet architecte, associé à Agence Benoit Robert et Nicolas Sur, architectes, Saint-Brieuc, 2010. Photo CAUE 44.
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Ci-dessus : Nantes, le front de Loire de l’Île de Nantes avec l’immeuble Ouest-France, Jean-Yves Barrier architecte, Tours, 2005 ; l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Nantes, Lacaton et Vassal architectes, Paris, 2009 ; l’immeuble de logements DY-25-Rive gauche, Beaudouin-Engel architectes, Niort, 2007. Photo Philippe Ruault.
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Cinq prix, cinq constats de l’extension de l’architecture
2002 : DÉCOUVERTES ET AJUSTEMENTS Le premier palmarès du Prix départemental d’architecture joue le rôle d’un sismographe. À l’exception de la Maison des Syndicats et des Associations, un programme fétiche du Front Populaire devenu rarissime (Forma 6 et Atelier C), y figurent des équipements publics de taille moyenne représentatifs de l’évolution des bourgs. Ceux-ci modernisent leurs installations (mairies) et bâtissent des équipements (salles de sports, bibliothèques, espaces de loisirs, pôles d’animation…) pour accueillir les populations qui ne trouvent désormais plus place dans les grands centres urbains, compte tenu du coût des logements. De nouvelles formes d’habitat intermédiaire s’esquissent à la périphérie des agglomérations, tandis que la ville-centre nantaise se modernise (extension de la faculté des Scien-
ces, siège administratif du CHU), s’équipe et restructure ses transports (pôle d’interconnexion des transports et parking relais). Ce premier palmarès accorde par ailleurs une place au phénomène nantais naissant de la transformation (extension ou restructuration) des maisons de type pavillonnaire pour en faire un habitat moderne qualitatif.
Il illustre des modalités d’intervention (construction, rénovation, reconversion, extension), des techniques, des esthétiques, le résultat local de politiques nationales (Plan université 2000, par exemple).
Il aborde également la question de la rénovation des espaces publics des bourgs et bourgades, phénomène le plus visible dans le territoire départemental, notamment en raison de l’impulsion donnée par
Page de gauche : Nantes, Cité des Congrès, Yves Lion et Alan Levitt architectes, Paris, 1992. Photo CAUE 44.
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Hier cantonnés aux grandes agglomérations, l’architecture et l’aménagement de qualité sont maintenant présents dans de nombreuses communes. Réponse aux besoins des populations et évolution des élus se sont conjuguées pour provoquer ce changement manifeste.
le Conseil général dans le cadre du Fonds d’aménagement communal. Entre la difficulté d’appréhender l’image que des aménagements paysagers tout juste réalisés donneront, lorsqu’ils seront parvenus à leur réel développement cinq ou dix ans plus tard, la prédominance assez systématique du fonctionnel sur le qualitatif, ce thème provoquera débats et hésitations.
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Il oscillera constamment entre deux polarités. La première consiste à mettre l’accent sur des grandes réalisations marquantes telles que la végétalisation pionnière des voies du tramway nantais, le paysagement soigné des ZAC telle celle de Saint-Herblain, le retour de l’eau comme plaisir poétique au sein d’un centre–ville (La Chapelle-sur-Erdre) mais aussi le long des berges de la Loire (de la promenade à fleur d’eau créée dans l’Île de Nantes à l’aménagement paysager du site des anciens chantiers et de ses cales).
La seconde souhaiterait mettre en valeur la conception renouvelée des espaces plantés (La Chapelle des Marais), un aménagement des espaces publics recourant à des matériaux cohérents et en nombre limité (Le Croisic) et à des mobiliers non conventionnels (Casson), la reconquête paysagère de sites délaissés transformés en espaces de loisirs comme La Roche Ballue à Bouguenais (BLR).
2 • Cette dimension sera néanmoins prise en compte par le CAUE en 2006 lorsqu’il organisera la première grande exposition et la première publication conséquente sur le patrimoine architectural du XXe siècle en Loire-Atlantique.
Page de gauche : Saint-Nazaire, Centre République, Claude Vasconi architecte, Paris, 1989. Photo Dominique Macel. Page de droite de haut en bas : Carquefou, Fonds régional d’art contemporain (FRAC) des Pays de la Loire, Jean-Claude Pondevie architecte, La Roche-sur-Yon, 2000. Photo CAUE 44. Le Cellier, Usine Aplix, Dominique Perrault architecte, Paris, 1999. Photo Bernard Renoux.
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D’entrée de jeu aussi, le Prix cerne ses propres frontières. Ainsi, faute d’avoir candidaté, des agences importantes en sont absentes. Pour la même raison, les scénographies d’exposition et les interventions éphémères, représentatives du bouillonnement de la créativité nantaise et lieu d’une première expression publique de très jeunes talents, ne sont pas représentées. L’idée de célébrer la dimension patrimoniale de certains édifices du XXe siècle ou leurs créateurs est écartée2. Selon cette même logique, les édifices qui ont jalonné l’émergence de l’architecture contemporaine dans les métropoles, leurs agglomérations respectives et les communes rurales au cours des années 1990-1999 ne sont pas évoqués. À Nantes, il s’agissait par exemple du garage Goa (Barto et Barto), de la faculté de Sciences économiques (Odile Decq), des Archives diplomatiques (Thierry van de Wyngaert), de l’extension du lycée Carcouet (Tétrarc), de l’amphithéâtre de la faculté de Médecine
(Eric Gouesnard et Jean-François Salmon), du Palais des congrès (Yves Lion), du siège régional de Colas (Pierre Riboulet), de l’extension de l’Hôpital Saint Jacques (AIA), de l’hôtel La Pérouse (Barto et Barto), de l’Ecole régionale de design (DMT), du collège Aristide Briand (Tétrarc)… À Saint-Nazaire, l’attention s’est focalisée sur le centre commercial République (Claude Vasconi) ou le pôle psychiatrique de l’hôpital Henleix (Gaëlle Péneau).
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On a également remarqué l’apparition d’une architecture contemporaine dans leurs communes périphériques comme Rezé (mairie, Anselmi ; médiathèque Diderot, Fuksas), Bouguenais (Piano’cktail, Brochard et Beaudoin), Orvault (lycée Nicolas Appert, G. et D. Péneau), Carquefou (Fonds régional d’art contemporain, Pondevie), Saint-Herblain (bibliothèque Hermeland, DMT).
Mais on a surtout vécu l’éclosion de cette architecture contemporaine dans les communes rurales, telles que Gorges (mairie, Forma 6), Ancenis (médiathèque La Pléïade, Maurice-Louis Thomas), Châteaubriant (Théâtre de verre, Haumont-Rattier), Le Pallet (musée du vignoble, Pondevie), Malville (le centre Talweg, Roulleau-Puaud), Saint-Julien-de-Concelles (bibliothèque municipale, Forma 6), Guérande (collège, Lépinay-Chabenès), Saint-Etienne-de-Montluc (restaurant scolaire, Forma 6) et Le Cellier (usine Applix, Dominique Perrault).
2004 : ARCHITECTURE ET VIE QUOTIDIENNE La seconde session atteste la réalité de cette évolution : le Prix consacre Ancenis et un projet emblématique de l’ancrage de la vie quotidienne dans le territoire communal, le théâtre, baptisé ici « Quartier Libre » (Jean-Claude Pondevie). Les réalisations hors métropoles urbaines concentrent même l’attention au sein d’une session où le jury a fait preuve d’un éclectisme esthétique (du béton japonisant au lyrisme wrightien immaculé), technique (du système constructif industrialisé en acier à la poutre de bois écologique), programmatique (de 100 à 12 000 m2) et professionnel (de la première œuvre ou presque aux équipes confirmées dont un véritable focus sur l’agence Roulleau-Puaud). Les communes s’équipent : Châteaubriant relooke la place de sa mairie (Forma 6). Le Croisic offre une promenade panoramique et iodée à ses citoyens et visiteurs sur le mont Lénigo, créé par l’accumulation du lest dont se séparaient les bateaux (Le Bris, Estève-Boucheton). Trentemoult offre une école aux murs carrossés de cuivre et aux espaces intérieurs vivement colorés à ses plus jeunes citoyens (Parent-Rachdi). Pornic propose de nouveaux vestiaires à ses sportifs (Forma 6). Le Pallet (GastéBazantay) et Montbert (Béranger-Vincent)
production des marais salants (Roulleau-
laire (Debard) tandis que Couëron joue de
retraite (Barré-Lambot et Saintagnan). La
l’image de la maison individuelle. Fégréac
transforme le cadre de son restaurant scola symbolique et des teintes du lego pour
étendre l’école Léon-Blum (Atelier de la Maison Rouge). Guérande, par l’intermé-
diaire de l’association des paludiers, édifie un musée local consacré au sel qui est aussi un lieu de commercialisation de la
Puaud). Saint-Gildas-des-Bois se voit dé-
cerner une mention pour une maison de
Chapelle-sur-Erdre édifie un centre technique remarquable (Roulleau-Puaud). Le logement collectif est abordé dans les deux
grandes villes à travers la recherche d’un habitat dense comme les villas de Prégras à
Saint-Nazaire (Maurios), la reconstruction
Ci-dessus : Châteaubriant, aménagement de la place de l’Hôtel de Ville, Forma 6 architectes mandataires, Nantes, Benoit Garnier architecte associé, Nantes, Phytolab paysagistes, Nantes. 2003. Photo Stéphane Chalmeau.
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accueillent des expressions renouvelant
de la ville sur elle-même avec l’opération Longchamp-Lafont à Nantes (Quadra) ou la remise à niveau des ZUP par la construction des équipements leur faisant défaut, tel un centre social aux Dervallières (Murail).
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Se lisent également dans ce palmarès, la permanence d’un pôle industriel de l’aviation autour d’Airbus, concrétisé par la construction du hall « Comète II » (Bodreau), et la constitution d’un pôle d’excellence maritime autour d’un bassin d’essai des Carènes (Rocheteau-Saillard) créé sur le site de l’Ecole Centrale de Nantes. Avec Lumiplan, c’est le choix d’une architecture constituant une image de marque qui s’impose dans l’environnement tertiaire banalisé généralement offert aux PMEPMI (Roulleau-Puaud), environnement ingrat dont s’extrait également la Chambre des métiers édifiée à Sainte-Luce-sur-Loire (Lott). Enfin, un clin d’œil est adressé à une particularité des architectes nantais : réaliser leur agence. Après Forma 6 qui fut précurseur rue des Stocks, c’est Enet et Dolowy qui s’installent dans leurs murs face au musée Dobrée, au cœur de la ville de Nantes. Mais, de la Maison du Pallet exposant aux ardeurs du soleil ses zones tampon et aux bureaux de la société Lumiplan carrossés de métal et de panneaux colorés, c’est une nouvelle exigence qui marque le Prix : le développement durable.
2006 : DIVERSITÉS CRÉATIVES La troisième session du Prix départemental distingue une architecture radieuse de faire partager son bonheur d’exister, la médiathèque René Goscinny. L’agence Forma 6 y associe la permanence de l’empreinte d’Alvar Aalto sur l’architecture et une décennie de découverte in siTu de l’architecture du Vorarlberg… Un autre édifice prend possession avec gourmandise d’une vallée rurale : l’usine Egid établie à Vritz, puissamment façonnée par un jeune architecte rennais, Clément Gillet. Ce véritable monument contraste avec l’échelle habituelle des réalisations dans les communes rurales, représentées ici par les mairies de Saint-Gildas-des-Bois (Pondevie) et de Vigneux-de-Bretagne (Estève-Boucheton), une crèche à Haute-Goulaine (Murail), des écoles primaires à Pornichet (HaumontRattier et Atelier de la Maison Rouge) et à Savenay (DLW et Olivier), la gendarmerie de Savenay (DLW), un théâtre (EstèveBoucheton) et un gymnase (RocheteauSaillard) à Rezé. Plusieurs tendances de fond s’expriment à travers les choix du jury. La peau des édifices connaît de nouvelles approches : ainsi l’utilisation du métal rouillé en façade se développe à Nantes à partir de la maison Bohu (in siTu) tandis qu’apparaît un travail sur les transparences, les luminescences,
d’autres opportunités de création architecturale. L’habitat intermédiaire ne cesse de progresser comme l’illustre Terra Nova à Saint-Nazaire (Tétrarc) de même que l’attention portée à l’écologie qui fait évoluer vers une approche sensible l’aménagement des ZAC telle La Solvardière à SaintHerblain (in siTu). Enfin, le jury remarque la qualité du tramway nantais maintenue pour la seconde ligne (AUP) et des équipements qui lui sont associés tel le parking relais Morlière (Forma 6).
Ci-dessus : Pornichet, école du Pouligou, Haumont-Rattier architectes mandataires, Châteaubriant, Atelier de la Maison Rouge, architectes associés, Nantes (Ségolaine Lorang plasticienne), 2005. Photo Stéphane Chalmeau.
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les opalescences et les flous dont témoigne la résidence étudiante Alice Milliat (Rocheteau-Saillard). Les reconversions de locaux industriels ou artisanaux en logements s’amplifient, notamment à Nantes où se situent la Rizerie (BLR) et la Fabrique (Topos). Un terrain difficile, telles les rives d’un ancien étang pour les maisons de villes et immeubles intermédiaires constituant la Résidence du Clos de l’Erdre (in siTu) ou un programme de bureaux pour Nantes Métropole (Dusapin-Leclercq) constituent
Page de droite : Nantes, Le Jardin des Poupies, crèche, Topos Architecture, Nantes, 2007. Photo Stéphane Chalmeau.
2008 : L’ÉLOGE DE LA DIFFÉRENCE
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La quatrième session prime une architecture scolaire bigarrée et architecturalement soignée comme un musée d’art contemporain, le collège Lucie-Aubrac à Vertou (Forma 6) et un habitat siamois qui a su glisser ses structures et ses murs de bois dans un lopin pentu et délaissé du centre-ville de Nantes, les maisons KO 110 (Karine Olivier et Frédéric Péchereau). L’architecture peut constituer une pomme de discorde entre sensibilités rivales comme à Saint-Joachim où la bibliothèque Louise Michel (Yann Péron), bien que sage et sereine, fait débat : aimée puis répudiée, elle est cependant plébiscitée par les habitants de la commune qui s’y inscrivent en masse. Autre pomme de discorde, la maison LR à Bouguenais (Avignon-Clouet) devant laquelle défilent professionnels et visiteurs alertés par les articles qui attaquent ou défendent cette maison discrète qui ne serait pas strictement conforme à son permis de construire. Cette édition du Prix sélectionne les extrêmes, l’audace et le mimétisme : un garageatelier vêtu de paillasson en caoutchouc noir et aux murs intérieurs tendus de coupons de toile cirée aux motifs chatoyants (Avignon-Clouet), et une maison intégralement carrossée de bois glissée dans une pinède de la côte (Barré-Lambot). Deux
réalisations qui expriment l’esprit du moment : une « urbaine attitude » et une attention rurale portée à l’environnement de plus en plus sollicité… Un immeuble à Saint-Nazaire (Arlab) marque la densification de la ville en surgissant dans un environnement pavillonnaire, la juxtaposition des fonctions en combinant agence d’architecture, bureaux classiques et restauration rapide, la simplicité constructive. L’habitat, notamment collectif, se distingue avec les Hauts de Joalland (IDEA), des logements intermédiaires à Trignac (Drodelot), une grange transformée à Saint-Julien-deConcelles (Neau), des maisons en bandes à Nantes (Cube), mais surtout deux réalisations phares : Norkiouse (Barré-Lambot), tapie en bandes blanches sur les rives de la Loire à Rezé, Arboréa (Tétrarc) dressée à la sortie du pont Willy-Brandt, avançant de grandes loggias arborées vers le fleuve et la ville ancienne… L’habitat encore, mais avec les restes des années 1960 valorisés par leur transformation en locaux associatifs, avec une belle intelligence en dépit d’un manque criant de budget (Garo-Boixel).
Les édifices retenus traduisent bien la diffusion de l’architecture sur le territoire du département. Il peut s’agir d’un pieu planté pour signifier la prise de possession d’un territoire qui va changer d’affectation, telle la médiathèque Floresca-Guépin à Bottière-
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Chesnais (Forma 6) ou l’espace sportif du Souchais à Carquefou (Murail) ; d’une construction venant densifier des espaces urbanisés de longue date comme l’extension de la faculté de Droit (RocheteauSaillard), la crèche de la Maison des Poupies (Topos), la plateforme logistique de l’hôpital Saint-Jacques (AIA), le Centre d’incendie Gouzé à Nantes (BarréLambot) ; du réaménagement d’un cœur du village tel celui de Villepôt (HaumontRattier). Le Prix d’aménagement centre son attention sur les abords de la collégiale de Guérande où se mêlent histoire et temps présent, patrimoine et création contemporaine, contraintes en tous genres et fluidité de l’espace. Il célèbre la cicatrisation définitive des plaies ouvertes par l’Amoco Cadiz sur les côtes, nettoyées, végétalisées et équipées pour les ballades et la détente (Forma 6 et Phytolab). Il fait un clin d’œil à la redéfinition herculéenne (132 000 m2) de la route de Vannes (Tétrarc), début d’une opération de sept kilomètres destinée à recomposer le territoire d’une sortie de ville infestée par les boîtes à chaussures du commerce de masse.
Page de droite de haut en bas : Couëron, Espace culturel et associatif de la Tour à Plomb, Sophie Blanchet architecte, La Rochelle, Agence Magnum architectes, Nantes, Agence Zéphyr paysagistes, Nantes, 2009. Photo Philippe Ruault Puceul, hôtel d’entreprises, GLV architectes Nantes, 2009. Photo Philippe Ruault.
2010 : UNE ÉVOLUTION DURABLE ?
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Le cinquième Prix d’aménagement passe de la côte au fleuve. S’il n’a pas eu à « juger » les équipements réalisés dans la traversée de Nantes (Chemetoff), le jury examine et retient les aménagements avals, différents entre la rive nord (Indre, Forma 6 avec Phytolab) et sud (Le Pellerin, Phytolab avec Tétrarc) en raison de leur histoire même. Mais il prime aux Sorinières le plus délicat des programmes rencontrés par les communes, le cimetière (Madec), thème récurrent dans les préoccupations des architectes depuis Robert Auzelle. Cette session du Prix est surtout l’occasion de souligner quelques thématiques architecturales fortes. Le développement durable donne naissance à Corcoué-sur-Logne à un groupe scolaire entièrement réalisé en bois, jusqu’aux éléments de mobilier exécutés par un artisan local (Drodelot). Les locaux d’activité créés aux abords des bourgs ruraux constituent fréquemment des verrues, ce qui n’est pas une fatalité comme le démontre l’hôtel d’entreprise construit à Puceul : bardé de ganivelles de châtaignier, il se fond dans le paysage au point que les perdrix habitent ses abords (GLV). La reconversion d’édifices industriels se poursuit comme l’illustre l’installation de la Maison des Avocats dans un ancien hall
d’essais des moteurs Alstom (Forma 6) et atteint un rare niveau de cohérence des éléments d’aménagements intérieurs « rapportés » (structure d’exposition, rangements, tables, luminaires…) pour les anciennes usines Tréfimétaux de Couëron (Sophie Blanchet et Benoît Garnier). Un foyer-logement de jeunes travailleurs (Pellegrino), des résidences avec vues sur l’estuaire (Olivier Chaumont), un groupement compact renouvelant les relations entre pièces, les espaces intérieurs et extérieurs, le privé et le collectif, les modalités d’occupation de l’espace selon les périodes de la vie (Boskop) : d’Ancenis à Saint-Nazaire et à Bottière-Chesnais (La Sècherie), le logement décline sa diversité. La maison individuelle, toujours discrètement présente dans les sessions précédentes, confirme qu’elle constitue une commande régulière et que les jeunes architectes y excellent, comme l’attestent des maisons à Batz-sur-Mer et La Baule (Ken en So). En matière de logements, c’est sans doute Saint-Nazaire qui anticipe les solutions du futur en édifiant le Ruban Bleu (Reichen et Robert), un centre commercial urbain, irrigué par les rues anciennes de la ville, dont les vastes boutiques constituent le socle d’immeubles de logement. C’est dans un délaissé de cette dernière ville que s’érige
Horizinc à Bouvron, qui accole une salle polyvalente et une salle de théâtre (Roulleau-Puaud), et le Conservatoire intercommunal de musique, de danse et d’art dramatique à Châteaubriant (Pondevie) illustrent la maîtrise d’œuvre communale et intercommunale. Mais c’est à Vertou que se rejoignent les deux dernières éditions du Prix, puisque le gymnase des Echalonnières, mentionné en 2010, jouxte le collège Lucie-Aubrac, primé en 2008. BarréLambot et Forma 6 : l’emprise des actuels quinquagénaires sur la production architecturale de la décennie est confirmée.
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Botanica (Barré-Lambot), un ensemble associant un immeuble de logements sociaux, des immeubles de logements en accession et un ensemble de maisons en bande qui déterminent un cœur d’îlot où se sont glissées quelques « Folies », des maisonnées géométriques et colorées. Cette opération qui concrétise la politique municipale de reconquête des délaissés urbains, rallie également les suffrages du jury pour son aménagement paysager qui combine avec une égale élégance des plantations en pleine terre, la végétalisation de la couverture d’un parking, l’accompagnement des circulations piétonnes et la création de premiers plans végétaux pour les niveaux inférieurs des immeubles de logement (Florence Marty).
Un vivier d’architectes talentueux Ci-dessous : Saint-Herblain, Yris, siège de la Banque Populaire Atlantique, DMT architectes mandataires, Paris, Nantes et La Roche-sur-Yon, Tétrarc architectes associés, Nantes, 2005. Photo Philippe Ruault.
Professionnels confirmés et jeunes débutants, tous les talents sont sollicités : ils constituent un vivier bouillonnant que stimulent en permanence les concours permettant d’accéder aux commandes et la confrontation fréquente aux grands professionnels nationaux. Les cinq sessions du Prix reflètent la multiplicité des talents et des courants qui animent l’architecture locale et régionale mais
aussi, par capillarité, la contribution de ces professionnels aux chantiers de Bretagne, du Centre, de l’Île-de-France, de PACA, de Rhône-Alpes, de Languedoc-Roussillon, de Midi-Pyrénées…
En 2010, le paysage professionnel se constitue de plusieurs strates de concepteurs formant un milieu dense, animé par une complicité et une estime plutôt rarement rencontrées en France.
Deux grandes agences, Durand-MénardThibault et l’AIA, très actives dans les années 1970-1990 parce qu’elles ont su bousculer les pratiques professionnelles locales puis essaimer à Paris et dans d’autres métropoles, ont vu leur fondateurs respectifs décéder ou partir en retraite. L’agence Aura, issue de l’association Pellerin-Thabard qui avait elle-même succédé à l’agence Evano-Pellerin, les deux
Des professionnels cessent leur activité tels Barbier et Saunier, auteurs du très remarquable siège régional de Technip à Gavy (Saint-Nazaire) ou Jean-François Salmon et Paul Ferré qui ont signé des réalisations reconnues mais aussi facilité les débuts de nombreux jeunes.
Jean-Marie Lépinay, Louis Soullard, Yves Steff et Jean Lemoine (AUP), Xavier Ménard, Gérard Letertre (Quadra), Gaëlle Péneau (GPAA), Michel Roulleau (Roulleau-Puaud), Bernard Barto, Eric Gouesnard, ou Jean-Claude Pondevie ont contribué à l’émergence d’une architecture actuelle et constituent un groupe de professionnels toujours actifs et influents dans un milieu où l’on parvient à soixante ans à la maturité de son talent.
LES QUINQUAGÉNAIRES ACTUELS Cette génération a été formée à l’Ecole d’architecture de Nantes par deux des assistants d’Aldo Rossi à l’école d’architecture de Venise (Marino Narpozzi et Aldo de Poli) et quelques enseignants parisiens dont Jean-Jacques Treuttel et Philippe Duboy, aidés d’intervenants locaux. Ils ont fondé des agences dont la réputation et la solidité n’ont cessé de croître : Garo-Boixel (Nicole Garo et Marc Boixel), Barré-Lambot (Philippe Barré et Agnès Lambot), Forma 6 (Catherine Malleret, Xavier Bouanchaud, Catherine Daumas, Jean-Louis Garcia, Sylvie Hoyau, Jean-Christophe Rousseau), Haumont-Rattier (Jean-Charles Haumont et Yves Rattier), Claude Puaud (RoulleauPuaud), Topos (Thomas Bonnier), Déesse 23 (Jacques Arnoux). De même, ces enseignants ont fortifié l’opposition d’esprits créatifs tels ceux de Tétrarc (Michel Bertreux, Alain Boeffard, Claude Joly et Jean-Pierre Macé) ou de Rocheteau-Saillard (Evelyne Rocheteau et Eric Saillard). Dès les années 1990/2000 et tout au long de la décennie 2000/2010, ces structures seront associées au développement des équipements des communes, où leurs interventions prendront souvent valeur d’exemple tant auprès des élus locaux, peu habitués aux formes architecturales contemporaines, que des populations, toujours réti-
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architectes qui ont projeté l’architecture nantaise dans le XXe siècle en signant des édifices tels que l’Unité Pédagogique d’architecture et la Salle omnisports de Beaulieu, change également de pilotes. De 2000 à 2010, l’activité de ces agences reste importante mais centrée sur des grands édifices, qu’il s’agisse des sièges des grandes entreprises ou institutions tels celui de la Banque Populaire Atlantique à Saint-Herblain (DMT et Tétrarc, 2005), ou d’établissements hospitaliers tels que les Cliniques Nantaises à Rezé (AIA, 2003 et 2010).
Page de droite : Nantes, groupe scolaire Julien-Gracq, Block architectes mandataires, Nantes, GuinéePotin architectes associés, Nantes, 2009, photo Stéphane Chalmeau.
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centes a priori aux modifications de leur cadre de vie. Ces agences seront d’autant plus visibles qu’elles se trouveront placées à la pointe des évolutions successives de la commande publique : vague des équipements de proximité dans les communes, mise en valeur des monuments historiques au moyen de scénographies ludiques et créatives, rénovation et humanisation des lycées et collèges industrialisés des années 1960-1970, reconversion des bâtiments des friches urbaines, extension des équipements scolaires et universitaires, équipements collectifs structurant des grandes agglomérations, premiers immeubles de logements écologiques, établissements médicalisés accueillant les personnes âgées, nouvelles formes de l’habitat intermédiaire et éco-quartiers…
LES QUADRAGÉNAIRES Majoritairement, ils ont été formés au sein d’une école d’architecture nantaise qui a préféré les enseignants-praticiens disponibles aux stars surbookées et a respecté la pluralité des tendances qui animent la création contemporaine. Marquée par la diversité de ses attitudes créatives, cette génération est surtout la première qui exploitera véritablement les capacités des outils informatiques. Ainsi, les fondateurs de
l’agence Block (Denis Brillet, Benoît Fillon, Pascal Riffaud) s’inscrivent aux frontières de différentes pratiques artistiques et de l’incidence des outils de création numérique sur ces disciplines mises au service d’une démarche analytique rigoureuse, terrain où ils retrouvent Stéphane Lagré (DATA0.10). Inversement, Guinée-Potin, un moment associés à Duncan Lewis, pratiquent un métissage culturel et matériel généreux et poétique qui s’exprime par exemple pour l’extension du groupe scolaire Quéral à Pontchâteau, tout en croisant la démarche de Block pour un immeuble associé à un groupe scolaire dans le nouveau quartier Bottière-Chesnais. Quelques agences, dont Aldo et l’Atelier de la Maison Rouge, s’inscrivent dans la démarche néomoderne de la génération précédente, qui a soutenu leurs débuts professionnels. Les trois fondateurs de l’agence DLW (François Dussaux, Aurélien Lepoutre et Vincent Wattier) ont apporté un caractère plus ludique à cette démarche, notamment pour la gendarmerie de Savenay. Mais la tendance la plus bouillonnante sera celle des membres d’Oxymore, une association qui promeut la création d’une architecture douce, pensée et bâtie sur mesure pour des clients aspirant à un mode de vie alternatif et disposant le plus souvent d’un budget modeste. Ses membres produisent des maisons
singulières et conçoivent de petits équipements publics mais ils écrivent parallèlement les pages successives d’une interrogation professionnelle complexe d’où sont issues leurs structures actuelles : Mars 21 (Legros et Bazantay), Alter Smith (Biron, Gasté, Rousseau), IP–architectes (Gerno, Jaeger) et FAU (Fouquet).
« Créatifs et bidouilleurs », tels se définissent Benjamin Avignon et Saweta Clouet. Entre la rénovation d’appartements, la construction de maisons individuelles, la scénographie de manifestations pour le Mai du Livre d’Art au Lieu Unique, des interventions artistiques, un ensemble d’immeubles à Paris, leur notoriété croît sans qu’ils renoncent à détourner matières et matériaux, à bousculer les modèles culturels et les figures socialement imposées, à se montrer culottés et imaginatifs. Inversement, certains représentants de cette génération préfèrent dynamiser les agences de leurs aînés. Tel est par exemple le cas de Jean-Marie Beslou chez Roulleau-Puaud, de JeanFrançois Mauras chez Topos ou de Patrick Moreuil, Daniel Caud, Romain Cateloy et Olivier Perocheau chez Tétrarc. D’autres enfin, comme Freddy Bernard et Mathieu Lebott (Metalobil) entre architecture et construction, signalétique et design, assument un statut de créateurs, de réalisateurs et d’interface entre conception et mise en œuvre.
LA NOUVELLE GÉNÉRATION
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Les trentenaires se sont affutés pour entrer dans une société française en crise économique, sociale, environnementale et intellectuelle… Regroupant leurs forces, ils exercent en équipes et n’hésitent pas à effacer leurs individualités au profit d’un sigle : Fichtre, Raum, Ken enSo, Tica, Detroit, Nelobo… Ils fédèrent les énergies : polyvalents et transdisciplinaires, ils tissent des liens avec des photographes, des graphistes, des musiciens, des producteurs d’événements, des associations écologiques, sociales, culturelles. Europan et les bourses Erasmus leur ont donné l’Europe comme horizon. Pour se confronter au réel et étalonner leur créativité, ils ont répondu à chaque consultation ouverte aux étudiants. Ils complètent volontiers leurs études d’architecture par des doctorats de philosophie ou de sciences sociales, ce qui les conduit à intégrer des laboratoires de recherches ou à bénéficier de bourses internationales de recherche. Bien que plongés dans un monde virtuel, ils pensent volontiers auto-construction et interviennent concrètement sur leurs chantiers, qu’il s’agisse de scénographie ou d’habitat (extensions de maisons, reconversion de bâtiments agricoles, construction de maisons individuelles). Mais tous aspirent à concevoir de petits ensembles urbains pour des maîtres d’ouvrages sociaux ou de petits
équipements collectifs pour des communes. C’est la génération de l’ossature bois, de l’isolation par l’extérieur, de la toiture végétalisée, des espaces tampons, et des terrains physiquement ou réglementairement ingrats, mais aussi celle qui dialogue avec les particuliers et les réseaux associatifs qui entreprennent de faire évoluer la vie actuelle. Dans ce contexte, la maison individuelle constitue pour eux un véritable palier professionnel parce qu’elle ouvre l’accès aux revues « grand public ». Ainsi, Karine Olivier et Frédéric Péchereau (PO) ont été définitivement reconnus grâce à leur propre maison, jumelée avec celle d’un couple ami. C’est également le cas de Julien Perraud (atelier Raum avec Benjamin Boré), de David Juet (Ken en So) et de Berranger-Vincent comme ce devrait être celui de Boris Nauleau et de Detroit (Benoît Morera, Pierre-Yves Arcile, Jérome Archereau). Ossature bois ou système industrialisé en métal ? Qu’importe, il s’agit de construire vite et le moins cher possible. Heureusement, cet affrontement radical au réel est parfois battu en brèche par des commandes particulières : David Juet a reçu d’un couple de jeunes retraités la commande d’une maison « hédoniste », Tica (Marie Périn et Grégoire Barraud) va réaliser les chambres flottantes constituant l’une des composantes d’un éco-lodge, un complexe hôtelier durable qu’un couple
grandes nefs des anciens chantiers navals Dubigeon. Mais le social rejoint son travail actuel : associé à Mathieu Lebott (Métalobil), il installe une association fédérant les acteurs de l’économie sociale et solidaire, les Ecossolies, dans des hangars désaffectés, toujours sur l’Île de Nantes. Là, il combine une simple rénovation des volumes existants et l’adjonction de conteneurs où s’installeront des bureaux.
Ci-dessus : Batz-sur-Mer, maison « LA MW », Ken en So architectes, Nantes, 2009, photo Philippe Ruault.
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transpose en Vendée après l’avoir expérimenté au Sénégal et Olivier Boucheron aide Monte Laster dans son action d’animation de la Cité des 4 000 à La Courneuve (Paris) à partir du centre d’expérimentation artistique du Moulin Fayvon. Christophe Theilmann, avec Nicole Condorcet et Patrick Bouchain (Construire), a glissé les bureaux de l’association de François Delarosière et Pierre Oréfice, les Machines de l’Île, sous les
Une maîtrise d’ouvrage active sur tout le territoire départemental Des lois (ingénierie, décentralisation) et des phénomènes économiques ont bouleversé les conditions de la commande, conduisant les grands maîtres d’ouvrage à se professionnaliser. Simultanément, les communes en s’urbanisant et en se regroupant voient leur rôle se renforcer et leurs élus évoluer. Ces différents facteurs se conjuguent pour favoriser la dissémination d’une architecture intéressante sur l’ensemble du département. 40 10 années de création - 1 regard critique
« Pas de bonne architecture sans bon maître d‘ouvrage » est-il fréquent d’affirmer. Sans doute est-ce particulièrement vérifiable en Loire-Atlantique où se conjuguent notamment les effets de la décentralisation, de l’attractivité des territoires, d’une stabilité politique et de la professionnalisation des maîtres d’ouvrages.
DU DÉSASTRE À L’ÎLE DE NANTES C’est en 2000 que se dénoue une longue réflexion sur la façon de prendre possession de l’Île de Nantes, dont l’unité territoriale fut longtemps masquée par une triple diversité : les friches des chantiers navals, les faubourgs liés à la ligne de ponts,
l’aménagement des années 1970-1980. Alexandre Chemetoff engage l’application de la méthodologie qu’il a proposée pour construire le second centre-ville. Investir les friches, rajeunir les faubourgs et densifier les délaissés de la ZUP : ces trois objectifs se concrétisent par le tracé volontariste des espaces publics (mails, rues, venelles, quais, places, squares…) mais surtout par la perméabilité du projet initial aux évolutions qui ne manqueront pas de se produire aux cours des deux ou trois décennies nécessaires à la réalisation de l’ensemble du projet d’aménagement, et par une tentative d’exploiter les enseignements des théories urbaines qui ont émaillé le XXe siècle. Ce faisant, Alexandre Chemetoff
comme autant d’opportunités, de générer une pluralité de formes et une diversité végétale, d’avancer sur des territoires incertains des pions aussi marquants qu’Arboréa et Playtime, les nefs Dubigeon et la Fabrique. À l’été 2010, le contrat d’Alexandre Chemetoff prend fin sans que la profession lui organise le moindre hommage collectif significatif. Sensiblement au même moment, trois des personnes clés de la Samoa quittent cette société d’économie mixte en charge du pilotage de l’aménagement de l’île dans une discrétion similaire. Laurent Théry, Stéphanie Labatt et Nicolas Binet étaient venus de Saint-Nazaire pour mettre en œuvre l’aménagement de l’île, effectivement lancé en 2003.
L’ÉLAN COMMUNAL GÉNÉRALISÉ Les deux mairies de Nantes et de SaintNazaire, leurs agglomérations respectives, la Région et le Conseil général de Loire-Atlantique s’attachent à combattre les effets de la crise économique par une vigoureuse politique d’aménagement, d’équipement et de construction. L’élan des petites communes est accru par les élections municipales de 2001 et par celles de mars 2008, marquées par la réélection ou l’élection de maires-bâtisseurs, signe d’une modification des populations en-
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est porteur d’une véritable (r)évolution, puisqu’il ne donne pas à voir une vue racoleuse et tridimensionnelle de la « ville en l’état future d’achèvement » mais un substrat transmis par des couleurs austères, le Plan-Guide. Cet élément de référence est ouvert aux évolutions ponctuelles comme aux lames de fond, aux initiatives individuelles comme aux décisions institutionnelles lourdes. Son courage est aussi de modérer et de canaliser sans édicter de règles le nombrilisme exacerbé des architectes stars, de maintenir dans une sorte de tempérance nantaise des élans créatifs qui revendiquent les grands gestes, ces objets carrossés écolo, communicant à l’échelle de la planète. Durant dix ans, ce parti pris (et tenu) exposera Alexandre Chemetoff aux critiques croisées de ceux qui déplorent la coercition urbaine et le laxisme architectural, la modernité timorée et l’omniprésence des traces mémorielles, la sagesse nantaise au détriment de l’époustouflant international, le pas assez dense et le trop peu haut. Face à cela, bien timoré sera le soutien de ceux qui louent la souplesse d’une démarche permettant de passer du tertiaire au festif, du patrimonial au contemporain, d’un site désert à un CHU tout entier, de tisser progressivement les éléments du Quartier de la Création, de gérer les situations urbaines transitoires
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traînant celle du profil des élus. Certains équipements collectifs telles les crèches, les écoles, les bibliothèques/médiathèques ou les salles polyvalentes et les salles de sports deviennent, sauf exception notoire, des réalisations attendues et plébiscitées. Le Prix rend compte de cette évolution, de nombreuses communes étant présentes à plusieurs reprises parmi les réalisations remarquées ou primées. Si certaines, telle Anetz, apparaissent pour une réalisation unique (la bibliothèque), nombreuses sont celles qui sont représentées pour la construction qui a signifié le début de leur évolution architecturale, comme Besné (mairie), Oudon (office de tourisme), Riaillé (salle de loisirs), Vigneux-de-Bretagne (mairie) ou, à l’inverse, confirmé une commande architecturale récurrente comme Ancenis (le théâtre en 2004, la résidence service en 2010…). Souvent, la réalisation distinguée par le jury du Prix signale la présence de plusieurs édifices intéressants au sein de la commune. Tel est par exemple le cas de Montbert avec la maison B (BerrangerVincent) puisque cette commune possède une salle de danse (Murail) et d’autres habitations individuelles intéressantes, et projette une éco-résidence. Quelques communes sont même remarquées de façon récurrente comme Saint-Gildas-des-Bois (mairie, maison de retraite, maison de la communauté
de communes), Savenay, (groupe scolaire, gendarmerie) ou Sainte-Luce-sur-Loire (Chambre des métiers et médiathèque). D’autres le sont pour le développement d’une politique architecturale active, telle Vertou, primée pour le collège Lucie-Aubrac qu’édifie le Conseil général et mentionnée pour la salle omnisports des Echalonnières, mais qui aurait aussi pu l’être pour le stade voisin, une salle de sports (Déesse 23), un centre de secours (J.-C. Pondevie), une gendarmerie (in siTu)…
D’autres communes témoignent pour toutes celles qui combinent architecture et aménagement de l’espace public, comme Guérande (salle omnisports, musée du sel, aménagement des abords de la collégiale), La Chapelle-sur-Erdre (centre technique municipal, aménagement du centre-ville) ; Châteaubriant (halle de Béré, aménagement de la place de la mairie, conservatoire de musique)… D’autres sont distinguées pour une palette de réalisations comme Couëron (maison individuelle Thébaud, extension d’une école, reconversion du site Tréfimétaux) ou Rezé (gymnase, maison communautaire, théâtre). Certaines marquent leur capacité à accueillir des expressions contemporaines de la maison individuelle soit par tradition (La Baule) soit au cas par cas (Mesquer, Bouguenais, Batz-sur-Mer…).
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Ci-contre : Sainte-Luce-sur-Loire, Chambre régionale des Métiers, Jean-Pierre Lott architecte, Paris, 2002. Photo Stéphane Chalmeau.
UNE MAÎTRISE D’OUVRAGE FOISONNANTE
Page de droite : Saint-Nazaire, logement Ker Adélie, GaroBoixel architectes, Nantes, 2009. Photo Patrick Miara. Ci-dessous : Nantes, collège du Pré-Gauchet, Tétrarc, architectes, Nantes, 2010. Photo CAUE 44.
Cet élan constructeur, auquel participent également les communautés de communes, résulte des effets d’un faisceau de décisions et de processus mis en place dès le milieu des années 1960 : la longue action (depuis André Malraux et Max Querrien jusqu’à la loi de 1977) pour généraliser la pratique du concours afin de répartir la commande, les actions exemplaires de l’Etat en matière de promotion de la qualité architecturale qui précèdèrent la décentralisation, l’impulsion définitive donnée par les actions de déconcentration puis de décentralisation des responsabilités aux régions, l’accent
mis sur l’ouverture de la commande aux jeunes talents…
Mais, rénover des lycées, y construire de nouveaux équipements, créer des instituts d’enseignement supérieur et bâtir des lycées HQE, rénover des collèges, en construire, piloter l’aménagement de vaste zones, transformer les friches et reconvertir de vastes halles industrielles en équipements culturels, édifier les immeubles de bureaux où travailleront ses propres agents a nécessité la professionnalisation croissante des équipes du Conseil régional et du Conseil général, celles des agglomérations ainsi que celles des différentes sociétés d’économie mixte. Paradoxalement, le Prix accorde une reconnaissance très limitée à cette maîtrise d’ouvrage. Cette sous-représentation résulte d’une réalité historique : la première vague de rénovation et de construction des collèges et lycées s’est déroulée avant la création du Prix et les nouveaux établissements viennent soit d’être achevés (collèges Stendhal et du Pré Gauchet), soit mis en chantier (Lignon) soit attribué (lycée de Pornic) ou mis en compétition (lycée international de l’Île de Nantes). Mais le jury a sans doute sousestimé certaines réalisations telles que la Maison des lycéens au lycée de la Colinière (Forma 6) ou l’Institut des administrations des entreprises construit sur le campus du Tertre (Gaëlle Péneau et associés).
Ces initiatives sont complétées par celles des promoteurs privés, acteurs nationaux puissants ou solides groupes locaux, tels Legendre, actif notamment sur Carquefou et Euronantes (Unité et Pondevie) et Giboire qui vient de réaliser dans Euronantes les bureaux occupés par Cap Gémini, Axeo (AIA). Cette réalisation fait face à Kanopé, édifiée par un acteur souvent redouté des architectes en raison de ses exigences commerciales, Bouygues Immobilier (Chavanneset Aldo).
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Aux réalisations de cette maîtrise d’ouvrage hyperactive, s’ajoutent les actions régulières de grands organismes publics, tels les CHU de Nantes et de Saint-Nazaire ou le Rectorat. Elle se combinent aux initiatives privées, dont celles des congrégations religieuses, et aux commandes occasionnelles comme celles de l’Ordre des Avocats ou du Port autonome de Saint-Nazaire. Elles voisinent avec les actions individuelles inspirées (Manny) ou pragmatiques (Mariongaux) mais aussi avec les réponses diffuses à des désirs singuliers que représentent les maisons individuelles.
UNE DOMINANTE DE LOGEMENTS Mais l’évolution la plus manifeste est sans doute celle des acteurs du logement, qu’ils soient promoteurs privés ou organismes sociaux.
Ci-dessous : Nantes, Îlot Boucherie, logements en accession, logements sociaux, parking et commerces, Frédéric Borel architecte mandataire, Atelier Pellegrino architecte associé, Nantes, 2007. Photo Nicolas Borel.
Parmi les acteurs privés, de grands groupes engagent à Nantes et Saint-Nazaire des opérations visibles, à l’exemple du Bouwfonds Marignan qui édifie l’immeuble conçu par Frédéric Borel sur le cours des 50 otages à Nantes, ou Nexity qui comble (avec Axa par ailleurs engagé dans la reconversion de l’ancien Palais de Justice de Nantes en hôtel haut de gamme) le vide laissé par l’implosion du Tripode avec des immeubles signés Christian de Portzamparc… Deux structu-
res locales sont engagées dans de multiples opérations, tout en s’attachant à la qualité architecturale de leurs produits : le Groupe Brémond qui reconvertit actuellement le site Armor à Chantenay, et ADI présent à Nantes avec le Tourville et à Saint-Nazaire avec Botanica, deux opérations réalisées avec les architectes Barré-Lambot. Elles ont été rejointes par un acteur rennais, le groupe Lamotte qui s’est signalé par son installation dans l’îlot Magellan (Barto et Barto) et la réalisation d’Arborea (Tétrarc).
Les promoteurs sociaux sont particulièrement actifs. Silène, opérateur public de l’habitat à Saint-Nazaire, illustre la diversité des interventions actuelles : transformer l’habitat légué par les années ZUP (Tour 3 Ajoncs, Lacaton-Vassal), densifier ces mêmes opérations en occupant leurs délaissés (Ker Adélie à Kerdélé avec Garo-Boixel, l’Orée du Bois avec Rocheteau-Saillard), promouvoir des formes urbaines diversifiées (Callao face à l’estuaire avec Reichen et Robert, transformation du site de l’ancienne prison avec Jean de Guervilly…), faire évoluer la conception même de l’habitat (Aéris et Innova avec Lacaton-Vassal), apporter aux communes en expansion un habitat intermédiaire dense comme, par exemple, à La Chapelle-des-Marais (Arbora, Arlab), penser l’avenir sous forme d’éco-quartier (La Vecquerie, Madec).
placé à l’interface de ses trois missions : aider les particuliers désireux de faire construite leur habitation, accompagner la commande des petites communes de la définition de leurs besoins jusqu’à la mise en place des projets, participer à la diffusion culturelle de l’architecture.
Ci-dessous : Nantes, Le Tourville, logements et bureaux, Barré-Lambot architectes Nantes, 2005. Photo CAUE 44.
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La Nantaise d’Habitations suit également avec une acuité toute particulière l’évolution des formes de l’habitat et de leurs prestations comme le montre à travers le Prix ses opérations Norkiouse à Rezé (Barré-Lambot) et La Sècherie à Bottière-Chesnais (Boskop). Mais l’évolution la plus sensible concerne Habitat 44, qui contribue à l’évolution des Dervallières en construisant dans le vallon un ensemble de maisonnées (Tétrac) et accompagne l’urbanisation des communes de Loire-Atlantique avec des opérations projetées d’habitat dense et diversifié comme, notamment, au Pellerin (Les Tournesols, Roulleau-Puaud), à Saint-Lyphard (La Vallée, Arlab), à Couëron (Métairie, BerrangerVincent), à Bouvron (Les Courtils, GaroBoixel), Rezé (Rue Legendre, Alter Smith), Montbert (Le Ruisseau, Berranger-Vincent) ou La Chapelle-sur-Erdre (ZAC des Perrières, Liébard et Seigneurin). Cette voie de l’innovation semble partagée par Harmonie Habitat, qui prépare le remodelage du Sillon de Bretagne et a réalisé les logements du Val de l’Aubinière à Bottière-Chesnaie (Block et Guinée-Potin). La question de l’habitat occupe même une place tellement sensible au sein de la ville et de la vie contemporaines qu’en 2009 a été jugé le concours pour la réalisation sur l’Île de Nantes d’une Maison de l’Habitat qu’intégrera le CAUE de LoireAtlantique fin 2012 (Forma 6). Il sera ainsi
Diffuser l’architecture Livres, expositions, visites, conférences, cours : une palette de vecteurs est mobilisée pour informer les publics de l’actualité de l’aménagement des territoires, et de l’évolution de l’architecture et des paysages. Au delà, il s’agit bien d’installer une culture architecturale, urbaine et paysagère dans la collectivité des citoyens.
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En 2000, paraissent simultanément deux ouvrages consacrés à l’architecture contemporaine. Le premier, « Nantes, Architectures remarquables 1945-2000 », publié par Nantes Métropole, a été essentiellement conçu et rédigé par des membres d’Oxymore. Le second est un numéro thématique de la revue 303 - Arts, Recherches et Créations consacré à « 25 ans d’architecture contemporaine en Pays de la Loire ». Ces deux « bilans » préparent aussi les esprits et les regards aux richesses à venir. En septembre 2010 paraît une sélection de bâtiments intéressants réunis sous forme d’un guide Nantes/SaintNazaire, initiative collective qui éclaire la période 2000-2010 et comble une partie de l’immense lacune qui existe depuis le « Guide d’architecture » publié par l’Union régionale des CAUE en… 1983.
Deux grands types d’actions vont se superposer tout au long de la décennie pour faire parler de l’architecture : la communication des architectes sur leur propres réalisations à l’intention des maîtres d’ouvrage, et une diffusion culturelle de l’architecture sous forme d’actions protéiformes conçues par des professionnels à l’intention de publics élargis.
L’ARCHITECTURE, LE PAPIER ET L’IMAGE À la première, se rattachent l’édition de monographies centrées soit sur la présentation détaillée d’une réalisation comme « Yris », le siège de la Banque Populaire Atlantique à Saint-Herblain qui paraît aux Editions Joca Seria (DMT et Tétrac) soit sur la présentation de la production d’une agence. Seront ainsi publiées successive-
Pour ce faire, les professionnels sont aidés par la présence de deux photographes de talent, spécialisés en architecture, Philippe Ruault et Stéphane Chalmeau. Ils ont amplifié à une grande échelle et dynamisé le travail entrepris à la DRAC et poursuivi pour la Revue 303 par Bernard Renoux. Professionnels affûtés, ils sont aussi les ambassadeurs commerciaux des architectes auprès des revues spécialisées ou grand public, nationales et internationales. Ainsi, AMC-Le Moniteur, d’A, À Vivre ou Werk, parmi tant d’autres, peuvent – grâce à eux – valoriser la production architecturale ligérienne et les professionnels talentueux établis en Loire-Atlantique et des éditeurs les inclure dans des ouvrages internationaux de référence. Cette spirale est ponctuellement renforcée par des initiatives institutionnelles, tel l’exemple de communication particulièrement soignée, « Le livre de l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Nantes », qui associe à la présentation de l’histoire de
l’école de 1945 à 2009 les réalisations et les faits marquants de la profession, euxmêmes mis en relation avec les grands événements de la période. On y découvre surtout, à travers écrits, entretiens et illustrations les modalités de la constitution du vivier actuel des architectes locaux.
Le lien entre passé récent, présent et avenir, entre acteurs professionnels et milieux universitaires, entre sachants et citoyens désireux de savoir est au cœur du projet éditorial de la revue Place Publique, dirigée par Thierry Guidet, qui à travers dossiers de fonds, articles et chroniques, rend compte depuis 2007 des grandes évolutions urbaines et architecturales de la métropole Nantes-Saint-Nazaire et, au-delà, du territoire départemental.
À LA RENCONTRE DES ÉDIFICES La diffusion culturelle de l’architecture actuelle à l’intention de publics élargis réunit une foule d’actions et d’initiatives, souvent peu visibles mais quasiment permanentes. En effet, si la notoriété de l’association Nantes Renaissance, l’aura de la revue 303 – Arts, Recherches et Créations, telle que l’avait initiée et développée Jacques Cailleteau, la fréquentation des édifices ouverts lors des journées du Patrimoine et le succès du Château des Ducs de Bretagne et de
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ment celles de Gaëlle Péneau, de Forma 6, d’Avignon-Clouet, de Barré-Lambot, Roulleau-Puault et de Rocheteau-Saillard. Sous des formes éditoriales et graphiques accessibles, elles transposent au local les luxueux ouvrages autofinancés par les stars ou les grands noms de la profession à partir des années 1990.
Ci-dessus : Nantes, scénographie pour le festival Le livre et l’art, le Lieu Unique. AvignonClouet, architectes, Nantes, mai 2003.
l’Écomusée de Saint-Nazaire attestent d’un solide intérêt pour le patrimoine, les habitants de Loire-Atlantique et plus particulièrement ceux des deux grandes métropoles manifestent une curiosité croissante pour les formes contemporaines.
Pionnière en la matière, l’ARDEPA (qui vient de fêter son trentième anniversaire) a organisé des « Rencontres » avec les architectes pour permettre au public de découvrir in siTu des édifices marquants et leurs espaces intérieurs. Elle a initié des « Ballades urbaines » thématiques pour défricher le patrimoine des années 1930 à 1975 et le mettre en relation avec les réalisations actuelles. Avec la Ville
de Nantes, elle a créé des « Expéditions urbaines » pour suivre l’évolution des différents quartiers en mutation. Enfin, elle a produit trois éditions de « Révéler la Ville », manifestation qui convie de jeunes artistes à focaliser l’attention des citadins sur un thème habituellement peu présent à leur esprit : les passages, la présence de l’eau… L’Écomusée de Saint-Nazaire, puis la Maison de l’Architecture des Pays de la Loire, ont également proposé des visites spécifiques et des itinéraires thématiques, de même que le CAUE de Loire-Atlantique qui oriente également ce type d’action vers les élus. Nouvelle venue, l’association Plateforme L propose des randonnées inopinées de découverte des espaces urbains. Autre forme de découverte, dans le cadre des actions liées au label Ville d’Art et d’Histoire, Nantes a publié en 2005 un itinéraire de découverte de ses édifices du XXe siècle les plus remarquables à l’intention des nantais et des touristes, dépliant constituant un bon préalable à la visite d’édifices plus récents ou inversement à une plongée dans les témoignages subsistant des édifices industriels du XIXe siècle. Toutes ces publications, de même que quelques chroniques radio, pallient l’irrégularité de l’attention que la presse quotidienne régionale porte à l’urbanisme, à
L’ARCHITECTURE EN EXPOSITIONS Une meilleure connaissance de l’architecture, de ses productions et de ses acteurs passe aussi par les expositions. L’une est permanente mais évolutive, puisque le Hangar 32 a proposé au cours de la quasi totalité de cette première décennie de suivre l’actualité de l’aménagement de l’Île de Nantes.
Certaines sont retentissantes comme celle qui a investi les halles Alstom pour présenter en détail les projets de l’Île et de l’ensemble de l‘agglomération. D’autres sont plus discrètes comme « Extra-Muros, architecture de l’enchantement » née du regard convergent que Patrice Goulet, critique d’architecture et Philippe Ruault, photographe, ont porté sur un ensemble de constructions récentes. D’autres furent mobilisatrices, comme « Treize à table et seize autour » présentant de jeunes archi-
tectes nationaux et ligériens talentueux au Lieu Unique à l’initiative conjointe de l’ARDEPA et de l’École nationale supérieure d’architecture de Nantes. Certaines furent confidentielles comme celles présentant en divers lieux les travaux d’étudiants. D’autres ont été régulières bien que temporaires, comme celles qui se sont déroulées rue Paul Bellamy au siège du CAUE, dans le cadre notamment du cycle « Habiter autrement ». Cet organisme les a soit conçues (« Architecture bois et développement durable » en 2004 ; « D’André Wogenscky, une maison moderne dans les pins » en 2006 ; « Dans les 7%, architecture et maisons » en 2007) soit accueillies (« Les Petites Machines à Habiter » sur les thèmes des abris de jardins, des extensions de maisons et des habitats légers de loisirs en 2005, 2006 et 2007 ; « Habitants atypiques » et « Habiter en Somme » en 2009 ; « ça va barder » et « 30 manières d’habiter » en 2010). Et depuis quelques mois, des manifestations se déroulent dans la salle d’exposition de la nouvelle Ecole nationale supérieure d’architecture autour des thématiques de l’architecture (« Minimaousse 4 » et « Ne quittons pas le sol… 2000-2010, 141 réalisations architecturales et paysagères sélectionnées dans le cadre du Prix départemental d’architecture et d’aménagement de Loire-Atlantique »), de l’aménagement
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l’architecture et au paysage, son approche par l’événementiel immédiat n’ayant que rarement laissé place à l’impact de sa capacité d’appréhension et de transmission des intentions des commanditaires et des concepteurs, ce à quoi elle s’est montrée apte dans les suppléments Maisons (OuestFrance Dimanche) ou à l’occasion d’événements comme la démolition du Tripode.
A droite : Abbatiale de Saint-Philbert-de-Grandlieu, exposition Architectures et Patrimoines du XXe siècle en Loire-Atlantique, CAUE de Loire-Atlantique, 2009. Photo CAUE 44.
Le FRAC accueillait des artistes qui, tel Fabrice Hyber, entretiennent des rapports étroits au territoire et à l’espace, et le Lieu Unique installait dans son espace central des manifestations scénographiées par des architectes (le Mai du Livre d’art) ou des installations conçues par des artistes sensibles à l’espace (Piégut et Berdaguer) ou des architectes (Block).
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Mais dans la ville de Royal de Luxe et de l’Atelier des Machines, il faut savoir créer le spectacle qui attire la foule : le dimanche 25 février 2005 à 10 heures, la mise en scène du dynamitage du Tripode a brusquement fait entrer l’architecture dans le domaine du « Spectacle de rue ».
du territoire (« Nantes - Saint-Nazaire, petite planète ») et des disciplines connexes (« Design en Pays de la Loire »).
Le Musée des Beaux-Arts a ouvert la décennie avec « Les mondes inventés par les artistes » (dont des architectes) et a accompagné la célébration du cinquantenaire de la Maison Radieuse par une présentation de l’œuvre de Le Corbusier, prolongée par un catalogue et la parution du livre de Marilyne Monnier (« Le Corbu, 1955-2005 », auto-édition, 2005).
Et c’est dans l’espace public que la Maison de l’Architecture a disposé à deux reprises des images non sélectionnées de projets et de réalisations architecturales locales et régionales réunies sous le titre de « Nul n’est prophète… ». Ce qui est peut-être vite dit car Kostar, le Pariscope nantais, consacre au moins une page - vivante et cool - à l’architecture dans chacun de ses numéros.
ÉCOUTER L’ARCHITECTURE Voir, visiter, parcourir : l’architecture se ressent physiquement. Elle est aussi objet de connaissances auxquelles un accès a été proposé par les « Mardis de l’Architecture » dans le cadre de l’Université Pop du Lieu Unique. Alternant revue critique de l’actualité et interventions de grands noms, ces cours ont, année après année et thème après thème, solidifié une connaissance effective de l’architecture chez une centaine de participants. Le nouvel équipement de l’École nationale supérieure d’architecture de Nantes favorise également les interventions des professionnels réputés, qu’ils soient ou non acteurs de l’actualité ligérienne, tels Marc Barani et Marc Mimram venus présenter ensemble les deux nouveaux franchissements de la Loire qu’ils ont dessinés pour Nantes. Il permet aussi, à travers colloques internationaux (La Lumière) et rencontres (les Doctorants) de faire reconnaître le travail de recherche qui se déroule dans les différents laboratoires de l’école d’architecture.
Mais la perception de l’espace et de ses qualités est aussi affaire d’éducation. Les actions de sensibilisation telles que la « Semaine de l’Architecture » ou la présentation aux élèves des projets de réhabilita-
tion, d’extension ou de reconstruction des collèges, et la conception d’outils pédagogiques à destination spécifique des jeunes publics et des scolaires mobilisent de longue date les compétences des permanents de l’ARDEPA et du CAUE. Ils constituent un domaine qu’aborde également la Maison de l’Architecture. Nantes l’effervescente, Nantes l’attractive restitue ainsi à ses acteurs une part de l’intérêt qu’elle suscite, de l’a priori favorable qu’elle a su créer dans toutes les sphères de la population française, de l’attraction qu’elle exerce au delà des frontières.
Ci-dessous : Ancenis, Rencontres d’Architectures du CAUE de Loire-Atlantique en 2005, sur le site du quartier de Rohan, avec en fond le théâtre Quartier Libre, Jean-Claude Pondevie architecte, La Roche-sur-Yon, 2002. Photo CAUE 44.
Ceux-ci à leur tour provoquent une spirale de reconnaissance qu’accélère, le cas échéant, une nomination aux « Nouveaux albums des jeunes architectes et des paysagistes ». Après Block et Avignon-Clouet en 2002 puis Olivier Boucheron en 2008, Julien Perraud et Stéphanie Vincent ont été lauréats : leur désignation justifie le projet d’une exposition en 2011 des jeunes talents ligériens qui à leur tour feront parler de la région, du département et de la métropole Nantes –Saint-Nazaire de Chaillot à Venise… 54 10 années de création - 1 regard critique Page de droite : Nantes, Ecole nationale supérieure d’architecture, Lacaton & Vassal, architectes, Paris, 2009, photo Philippe Ruault.
Dans cette perspective, le Prix départemental constitue un ultime galop d’essai ou une mise sur orbite. Cela fut le cas pour Jérome Berranger et Stéphanie Vincent, c’est aujourd’hui celui de Karine Oliver et Frédérique Péchereau qui ont été retenus parmi les quatre équipes admises à présenter un projet pour l’ultime chantier phare du Quartier de la Création, la reconversion des Halles Alstom en École nationale supérieure des Beaux-Arts. Même si des talents effectuent toujours le détour relationnel par Paris (Christophe Murail, DLW) ou par une agence partagée entre Nantes et une capitale européenne, c’est bien sur les rives de l’estuaire que se joue leur carrière. Grâce à tous ces talents (et à ceux qu’elle mobilise temporairement, comme Boskop à Bottière-Chesnaie), se développent ici des
architectures « manifestes », visibles, discrètes, diffuses ou secrètes, promesses de belles sessions du Prix départemental au cours de la seconde décennie de ce siècle. Dominique AMOUROUX
N.B. : Les photographies illustrant ce texte privilégient les réalisations non sélectionnées dans le cadre du Prix d’architecture et d’aménagement de Loire-Atlantique, qui sont par ailleurs présentées dans cette publication.
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Écrivain
Bernard BRETONNIÈRE Écrivain
Denise LE DANTEC Écrivain
Jacques BOILÈVE Écrivain
J.-F. KIERZKOWSKI Écrivain
ROBERT-GUÉDON Écrivain
Thierry GUIDET Écrivain
Jacques CAILLETEAU Écrivain
M. Mouche Écrivain
Isabelle FAURE Écrivain
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2000-2010
Alexis GLOAGUEN
La Maison des Syndicats et des Associations...................................... p. 58 Un Voile d’eau et de pierre.......................................................................... p. 62 Petite collection d’emprunts, Éloge de l’architecte.......................... p. 66 Par un soir d’hiver sur la ligne 1 du tramway.................................... p. 70 Le jour de la transmission..................................................................................p. 74 L’été en pente douce..............................................................................................p. 78 Le Saviez-vous ?......................................................................................................p. 82 L’usine de Vritz................................................................................................. p. 86 Garder en son cœur un peu de ce qui fut au monde...............................p. 90 Ce que disait Lucie.................................................................................................p. 94 Poétique de l’espace..............................................................................................p. 98 Les abords de la collégiale Saint-Aubin.................................................... p. 102 XT110 - Botanica ............................................................................................... p. 106 On a pas senti le temps passé......................................................................... p. 108
Auteur :
Jacques CAILLETEAU Ancien conservateur régional de l’Inventaire général du patrimoine à la Direction régionale des affaires culturelles des Pays de la Loire, fondateur et rédacteur en chef de la revue 303 – Arts, recherches et créations de 1984 à 2006, président du festival de musique baroque et classique Le Printemps des Arts.
La maison des syndicats et des associations À NANTES Conception : FORMA 6, architectes mandataires, ATELIER C, architectes associés Bureau des Paysages Alexandre CHEMETOFF, paysagistes
1er Prix d’architecture 2002
La Maison des Syndicats et des Associations
L’état des bâtiments n’a pas changé quand, à la fin des années 1980, et les Chantiers de l’Atlantique fermant, la gare tombe en déshérence. Peu à peu squattérisée et vandalisée, elle est promise à la démolition avec la restructuration du quartier et des anciens ateliers de construction navale, dans un grand projet de cité des affaires qui ne verra pas le jour. C’était sans compter avec la conviction de l’intérêt patrimonial du lieu, de quelques-uns dont André Péron, ancien professeur de philosophie, qui motive quelques associations. Elles organisent une manifestation au début de l’année 1989 : la mairie achète la gare une semaine plus tard. Le changement de municipalité ne fera que renforcer la volonté de son sauvetage. La gare fait désormais partie d’un grand plan d’aménagement de l’ensemble de l’île – désormais affichée Île de Nantes – d’abord esquissé par l’architecte Dominique Perrault, puis confié à la suite d’un concours à Alexandre Chemetoff qui entendra, autant que faire se peut, ne pas effacer les traces de la mémoire industrielle de l’île. L’ancienne Gare de l’État va devenir la Maison des Syndicats et des Associations : la reconversion semble quasi évidente d’affecter ce lieu aux structures qui sont les symboles des conquêtes issues des luttes de la classe ouvrière. … /…
14 sites lauréats - 14 textes d’auteurs 59
Côté sud, « un bâtiment de 120 mètres de long, quais découverts, cabinets d’aisance, bouillote, lampisterie », côté nord « cour, conciergerie, renseignements, halles à messagerie avec bureaux », telle se présentait la gare d’Etat à Grande Vitesse depuis que les Chemins de fer de l’État absorbèrent en 1878 la Compagnie des chemins de fer nantais qui acheminait, depuis deux ans, les voyageurs et les marchandises vers Pornic, Paimbœuf et Machecoul. Une autre gare, dite à Petite Vitesse, à quelques centaines de mètres, comportait une halle à marchandises et des quais découverts à bestiaux1.
Le pari n’est pas simple de transformer en un lieu de bureaux et de salles de réunions un bâtiment sans grande originalité mais typique de la fin du siècle précédent, qui a été au cœur même de la puissance du rail et de l’industrie nantaise. Il est pourtant totalement gagné. L’agence FORMA6, qui à l’époque ne nous avait pas habitués à composer avec le passé, et l’agence Atelier C, ont parfaitement su ne pas dénigrer le bâtiment.
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Mais « révérence ne vaut pas allégeance », comme disent eux-mêmes les architectes. Ils ont su garder la gentille monumentalité du bâtiment central et le principe de sa cour d’accès en l’encadrant à angle droit de deux ailes, bien contemporaines, aux façades de verre abritées par deux larges auvents portés par de files colonnes qui monumentalisent le lieu et font oublier l’épaisseur des nouveaux bâtiments, à cour intérieure.
Un regard distrait s’arrêterait à cette création spectaculaire. Pourtant l’élégance de l’intervention ne s’arrête pas là. Le programme demandait une assez grande quantité de salles de réunions que devait accueillir l’ancienne gare, les bureaux des syndicats et des associations étant répartis dans les ailes modernes. La structure ne le permettant pas, force était d’agrandir. Les architectes eurent l’idée de remonter le toit des deux petites ailes et de les désolidariser du bâtiment central. Le nouveau toit se détache avec netteté des murs anciens, souligné par un mince bandeau de béton porteur qui rejoint très habilement l’auvent des portiques, dégageant les corniches anciennes qui se dessinent désormais sur l’immatérialité du verre des fenêtres, reliant heureusement la partie ancienne et la nouvelle. L’intervention est discrète, distinguée et l’esprit de l’architecture du XIXe siècle est respecté, quelque peu même magnifié par le trait contemporain. Cette élégance épurée se retrouve sur les murs extérieurs des nouveaux bâtiments dont les ouvertures, bien nettes, sont régulièrement coupées par de fines visières métalliques formant pare-soleil. C’est simple, peu bavard et parfaitement efficace.
La cour, préservée, filtre le bruit et l’agitation du boulevard qui, desservant la pointe de l’île, ne feront qu’empirer. D’aucuns regrettent une minéralité que l’ancienne affectation des bâtiments laissait attendre, rendant ainsi hommage à sa monumentalité centrée. Désormais, un grand carré de chênes verts cachera, à terme, le bâtiment central de l’ancienne gare. Du moins la végétalisation conçue par Alexandre Chemetoff s’accompagne-t-elle d’essences moins imposantes – herbes de la pampa, bambous nains, saule à feuilles de romarin – et dégage très agréablement les nouvelles ailes. Une astucieuse fosse, coffrée d’anciennes traverses de chemin de fer, permet de voir le niveau de la nappe phréatique, rappelant au passant que l’on est bien sur une île, en plein cœur de Nantes. Jacques CAILLETEAU
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1 - Renseignements extraits du dossier de l’Inventaire général du patrimoine culturel, établi par Françoise Lelièvre, chercheur au Service du Patrimoine de la Région des Pays de la Loire.
Auteur :
Alexis GLOAGUEN Écrivain, poète, enseignant en philosophie, auteur de recueils de poésie, de récits de voyages et d’écrits de nature, ainsi que d’essais sur l’art. Son œuvre s’imprègne de la Bretagne (La folie des saules, éditions Calligrammes, 1992) ou de terres lointaines, et traite des insectes comme de l’archéologie industrielle ou des métropoles nordaméricaines (Les veuves de verre, éditions Maurice Nadeau, 2010).
Mairie de Besné Conception : HAUMONT-RATTIER Architectes et Associés, architectes
2e Prix d’architecture 2002
La brique a toujours évoqué pour moi le mystère des lieux clos : entrepôts portuaires, abris des raquettes de morue séchée ou des caisses d’alcool. Dans ces bâtiments les pièces ont une logique de labyrinthe, familière des dénivelés et des décrochements intérieurs : passer d’une salle à l’autre revient souvent à traverser les murs d’autrefois, tellement le matériau est paradoxalement malléable, poreux à force d’articuler entre elles des cellules nouvelles. Ces constructions sont d’ordinaire ennemies de la fenêtre et du verre. Elles ont l’opacité de cloches rouges. Les plus grandes montrent parfois des cours intérieures où montent des arbres sauvés du vent, mais étranglés d’un manque de soleil. J’en aime le côté claustrophobe, la sécurité, la densité et la chaleur du matériau. On y passerait des jours dans la décadence des lumières artificielles. On y ferait du déséquilibre un art de vie. La mairie de Besné est étrangère à ces allures. Elle respire ouverte sur un pays qui, lui-même, se répand dans l’espace et la lumière. Ici la brique opère en menant vers la nouveauté d’une architecture Elle a servi à monter une double lame de quarante-six mètres, close par des verrières et flanquée sur deux étages par des volumes lisses de béton coulé en place. La longueur du bâtiment correspond à sa perspective intérieure, totalement aérée. Les ouvertures principales sont aux extrémités. L’une, sur la place de l’église, rappelle, par le partage d’un chemin dallé, la continuité entre religion et société civile, entre les époques d’une histoire. La seconde, à l’autre bout d’une galerie monumentale, ouvre sur un parvis d’ardoise et un square où les nouveaux mariés se font photographier parmi les genêts d’Espagne et les hortensias blancs.
Une toiture de verre court sur la longueur de la dorsale et accueille le bleu du ciel. Les gouttes de pluie s’accumulent sur la transparence en nébuleuses de lumière et leurs ombres déclinent sur les murs de plaques perforées. Une passerelle de bois, au premier étage, accompagne en symétrie cette ossature et joint la salle du Pilori – qui donne de plain-pied sur la hauteur de l’église Saint-Friard - à l’autre extrémité, en passant par le surplomb d’un jardin enclavé. La blancheur domine, soulignée de menuiseries noires et de murs d’escaliers dont la couleur évoque ce bleu pulvérulent
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Un Voile d’eau et de pierre
de certains abdomens de libellules. De l’intérieur, l’enrobage de briques est invisible et le contraste des couleurs donne l’impression de clarté intime de ces géodes dont la gangue rugueuse abrite le secret des cristaux. Cette perspective de lumière survit, le soir, dans un balisage de fanaux. Tout au long se succèdent une salle d’archives encore vives et des bureaux au luxe spartiate, au dépouillement géométrique. Dans ces cellules de calme on respire le silence. La voix peut s’atténuer, portée par une acoustique de vanille. La fatigue ignore les parasites et vient de la seule concentration de l’esprit.
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Au rez-de-chaussée, c’est le même jeu entre murs blancs et murs bleus, entre les encadrements noirs et l’orientation des lampes, les baies de lumière et un linoléum en matière naturelle qui se perd dans la distance des reflets. Ici la transparence mène au lien avec la terre. La salle du conseil est comme sise dans les arbres et borde une jungle première où murmurent bouleaux, rhododendrons, haies d’ifs et le déclin rosé d’un érable japonais sur lequel se dépose une autre verrière de gouttes. Au printemps, la courbe des tables, jalonnées de micros, est signée, de l’autre côté des vitres, par la blancheur étoilée d’un cornouiller à fleurs. Sur la rue, au-delà du vaste hall d’accueil où s’agrège un univers de bureaux, l’ombre de maisons anciennes se reporte sur les murs clairs au soleil rasant des soirs d’automne. Prise dans la végétation, la mairie inscrit la prise de parole dans la nature des marais de Donges. On y ressent, comme une émanation, le souffle des bords de Brière et la splendeur des campagnes alentour. Centre du bourg, elle est le noyau d’une quinzaine de hameaux. Par la magie des matériaux, elle est trait d’union entre l’aujourd’hui et les météores du passé. On retrouve les entablements d’ardoise sur le granite de la vieille fontaine, cette pyramide chrétienne à laquelle mène un sentier d’arbres en arceaux. On redécouvre la pierre dans le jardin de la chapelle Saint-Second où l’habitat se mêle aux mouvements de la Terre, le long de lignes de failles où poussent les églantiers. Le schiste et la brique ont toujours formé les cheminées et l’entourage des ouvertures : fenêtres, lucarnes et gerbières. L’artifice obéit aux lois de la nature, la matière du pays réunit dans les mêmes couleurs tradition et modernité.
La mairie, dans son architecture, réfléchit l’insularité même de la commune. Car Besné est une île intérieure, reliée à la terre par une multitude de ponts. C’est un triangle mordu par les eaux qui en réduisent et en indentent la superficie lorsqu’avec
les pluies elles montent jusqu’en vue des salles de réunion, lorsqu’en hiver elles étendent un lacis de givre sur les prairies. La rivière Brivet qui, à l’ouest, borde ce pays d’eau et de pierre se déverse dans une série de canaux – dont ceux de la Taillée, de l’Hirondelle, de la Joue et de la Chaussée - et l’isole ainsi en refermant une boucle de reflets moirés sur les archipels d’arbres et les affleurements de granite. Le nom de l’endroit évoque l’île du Tombeau –il en est de nombreux qui vont du gallo-romain au mérovingien et jusqu’aux sarcophages des patrons du lieu, couchés dans la crypte de l’église. Une autre étymologie rappelle le vent des Sorciers qui autrefois animait la roselière et rythmait la vie collective au même titre que l’agriculture – celle des céréales noires et du lin - et la pêche aux anguilles : en hiver ou lorsqu’au printemps sortaient des tourbières les pimpeneaux1 à la peau dorée. De la terre battue d’autrefois à la prospérité actuelle des agglomérations de la région nazairienne, la surprise d’une structure est apparue dans la continuité et le respect.
1 - Mot briéron désignant les jeunes anguilles.
L’auteur remercie Madame Sylvie Cauchie, maire de Besné, pour son accueil et le temps qu’elle a consacré à lui faire découvrir le bâtiment et la commune ; Monsieur Pierre Thoméré, premier adjoint, et Madame Valia Ligereau, secrétaire générale, pour maints renseignements précieux ; le personnel de la mairie pour son assistance ; Messieurs Jean-Charles Haumont et Yves Rattier pour leur éclairage sur la manière dont ils ont conçu cette architecture ; Monsieur Pierre Grelier pour des indications concernant son aménagement paysager ; et Monsieur Raphaël Russon pour des aperçus passionnants sur l’histoire de la commune et de ses environs.
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Alexis GLOAGUEN
Auteur :
Bernard BRETONNIÈRE Journaliste, créateur de magazine culturel, écrivain, bibliothécaire, organisateur d’expositions et de rencontres littéraires, traducteur de littérature hispanique, auteur de poésies, de contes, de nouvelles et d’essais, de recueils de citations. Attaché à Nantes ou à l’estuaire de la Loire, il s’intéresse aussi aux arts plastiques, à l’architecture ou au théâtre.
SALLE OMNISPORTS À GUÉRANDE Conception : DÉESSE 23 ARCHITECTURE, architectes
3e Prix d’architecture 2002
Petite collection d’emprunts L’architecte a toujours un singe sur le dos.
Max Beckmann
Michaël Davis
Malek Bennabi
L’architecture et la peinture sont pourtant, d’un point de vue plastique, une seule et même chose. La différence vient de ce que les architectes, bridés par les convenances et les règlements de la société, ont cent ans de retard sur les peintres et les sculpteurs.
*
La civilisation n’est pas un entassement, mais une construction, une architecture. *
Architecte n. Personne qui dessine les plans de votre maison et qui fait des desseins sur votre argent. Ambrose Bierce *
D’autres fois, il écrivait, debout, à une table d’architecte. Paul Bourget *
Il y a une architecture qui marche.
*
Olivier Debré *
L’architecture ne prend rien dans la nature directement, comme la sculpture ou la peinture ; en cela elle se rapproche de la musique. Eugène Delacroix *
Les temples érigés en faveur de la religion le sont, en vérité, en l’honneur de l’architecture. Ludwig Feuerbach *
ARCHITECTES — tous imbécilles. (sic) — oublient toujours l’escalier des maisons. ARCHITECTURE — il n’y a que quatre ordres d’architecture — bien entendu qu’on ne compte pas l’égyptien, le cyclopéen, l’assyrien, l’indien, le chinois, gothique, roman, etc. Gustave Flaubert *
Il suffit d’une araignée pour faire respirer le béton. Pierre Gascar *
Non pas pour être regardé seulement ou compris, mais pour que l’on vive dedans.
Celui qui taille les colonnes ou qui élève un côté d’un bâtiment n’est qu’un maçon ; mais celui qui a pensé tout l’édifice et qui en a toutes les proportions dans sa tête est le seul architecte.
L’architecture doit peindre les hommes en peignant les lieux ; il faut qu’un édifice annonce aux yeux celui qui l’habite. Les pierres, le marbre, le verre doivent parler et dire ce qu’ils cachent.
Paul Claudel
Fénelon
Joseph Joubert
L’architecte est celui qui a vocation par son art d’édifier quelque chose de nécessaire et de permanent.
*
*
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La ville, c’est le grand orchestre humain.
J’ai des souvenirs de ville comme on a des souvenirs d’amour. Valery Larbaud *
Le grand art naît de moyens pauvres. La première existence, c’est d’occuper l’espace. L’architecture est un jeu magnifique. L’architecture doit être charnelle, sustantielle autant que spirituelle et spéculative. L’architecture, c’est une tournure d’esprit et non un métier.
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Le Corbusier *
architecture — tactique et esthétique des arches, toitures, etc. Michel Leiris *
L’architecture, le plus incompris et le plus oublié des arts d’aujourd’hui, en est peut-être aussi le plus mystérieux et le plus nourri d’idées. Guy de Maupassant *
On fait parfois des pendaisons de crémaillères. Il vaudrait mieux, de temps en temps, pendre un architecte. Jean Mistler *
L’architecture est une sorte d’oratoire de la puissance au moyen des formes. Friedrich Nietzsche *
La débrouillardise est à l’action droite ce que l’art du squat est à l’architecture. Dominique Noguez *
L’architecture, c’est ce qui fait les belles ruines. Auguste Perret *
L’architecture d’aujourd’hui n’a pas de fleur à sa bétonnière. Jacques Prévert *
La ville, pour quelqu’un qui ne sait pas lire, c’est d’abord des pistes d’odeurs, un bruit de fond, des éclairs et des chatoiements.
Rappelle-toi que la ville est un drôle d’endroit
Jacques Meunier
Lou Reed
*
Quelque chose comme un cirque ou un égout. *
Les villes sont le gouffre de l’espèce humaine. Jean-Jacques Rousseau *
N’as-tu jamais observé, en te promenant dans cette ville, que d’entre les édifices dont elle est peuplée, les uns sont « muets » ; les autres « parlent » ; et d’autres enfin, qui sont plus rares, « chantent ». L’architecture est une ode de l’espace à lui-même. Elle doit faire voir des propriétés de l’espace et en partie son hétérogénéité quant à l’homme et son homogénéité quant à l’opération de l’esprit — aux mouvements virtuels. Paul Valéry *
La ville est le lieu privilégié du recouvrement de l’invisibilité de l’essentiel. Paule Monique Vernes *
Les physiciens peuvent enterrer leurs erreurs, les architectes seulement conseiller à leurs clients de planter des plantes grimpantes. Aussi devraient-ils aller le plus loin possible de chez eux pour édifier leurs premières constructions. Frank Lloyd Wright
Éloge de l’architecte Pour Myrto Vitart, Céline Bretonnière et Christian Petit. Il dit tout, ce dessin de Chaval où l’on découvre, entre deux immeubles parfaitement d’aplomb, de niveau et d’équerre, une maison aux lignes incertaines et vacillantes face à laquelle un commentateur tempère : « Il faut tenir compte que l’architecte n’a que quatre ans »…
L’architecture, on le sait, est, dans son rapport à l’espace — poétique de l’espace —, l’égale de la peinture, et l’architecte citera plus volontiers Mondrian que Gropius. Pourtant, il reste tenu la bride haute quand le peintre file au triple galop : l’architecture est art de la contrainte, de la soumission et, sans doute, de l’humilité (qui se laisse parfois piéger jusqu’à devenir métier de l’humiliation et des renoncements) ; écrasée par le poids et les caprices des matériaux, elle doit encore passer par les goulots d’étranglement de la commande, les parcours d’obstacles de la législation, les labyrinthes du négoce et les chausse-trappes de l’habitude. L’architecte n’a droit à aucune liberté ; pardon, à presque aucune liberté, car c’est dans ce presque — territoire minuscule, territoire borné — que se ruine son art ou se révèle son génie.
Ainsi l’artiste est-il jeté dans un interstice balisé, les coudes à l’étroit, sans cesse menacé — et de toutes parts —, ne s’exprimant que sous hautes surveillances, tenu de respecter mille réglementations, soumis à l’engeance des contrôleurs de tout poil. À ce jeu plus surveillé qu’aucun autre, gagner devient clairement magistral. Bernard BRETONNIÈRE
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Art d’exception que celui de l’architecte duquel on n’admet, au motif du fonctionnalisme, ni ingénuité, ni subversion, ni dérangement, sauf à apporter l’irréfutable preuve d’une raison nouvelle et supérieure, plutôt portée par la technique que par l’esthétique : l’architecte est cet artiste qui ne peut jamais faire passer des vessies pour des lanternes, moins encore des lumignons pour des fenêtres, du bleu Ripolin pour le bleu du ciel ou une lumière halogène pour la clarté du jour. Voilà dans quelle étroite marge se trouve tenu l’architecte, sur quel terrain miné.
Ce texte a paru dans une version précédente dans Onyx : L’État de lieux, avec des peintures de René Patron et des photographies de Philippe Ruault, Saint-Herblain, CID Éditions, 1988.
Auteur :
Denise LE DANTEC Ecrivain, poète et peintre, professeur de philosophie. Nombreux ouvrages, notamment consacrés à l’esthétique et à l’histoire des jardins, aux plantes ou à la Bretagne, parmi lesquels on peut citer par exemple Les fileuses d’étoupe, poésie, 1985 aux éditions Folle Avoine, Le roman des jardins de France, avec Jean-Pierre Le Dantec aux éditions Bartillat, 1998, ou L’homme et les herbes en 2010 aux éditions Apogée.
LIGNE 1 DU TRAMWAY NANTES SAINT-HERBLAIN Conception : AUP, architectes-urbanistes PHYTOLAB, paysagistes
1er Prix d’aMÉNAGEMENT 2002
Par un soir d’hiver sur la ligne 1 du tramway
C’était l’hiver. La ville m’était inconnue. J’y étais venue il y a bien longtemps, et mes souvenirs s’étaient perdus. Quand je sortis du Château où j’avais passé l’après-midi, un vent glacial s’était mis à souffler sur la ville. J’allais de place en place par les avenues désertes. Il devait se faire tard quand je trouvais le fameux café « La Cigale ». Dehors, la ténèbre régnait partout. Je me suis dirigée dans le silence de la nuit vers la station du Bouffay où le tramway venait d’arriver. Il y eut un pseudo brouhaha. Mais mon esprit était de plus en plus las et je ne sus pas quand nous partîmes, moi et les trois garçons que j’avais aperçus à la fin de l’aprèsmidi rôdant du côté de la pointe de l’île Gloriette. Une femme s’était endormie, le visage sur son sac. Nous roulions dans une étrange lumière blanche, plus claire que celle du jour. Par la fenêtre surgissaient des bosquets creusés de fourrés sombres. On eût dit que nous nous déplacions sur un chemin lunaire. Les jeunes, poussant des rires étouffés, s’échangeaient des images avec des gestes mystérieux. Je me laissais emporter.
… /…
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« Rendez-vous à Saint-Herblain sur le quai du tramway, ligne 1 », m’avait dit mon ami.
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Les réverbères éclairaient le trajet comme si nous traversions je ne sais quelle géographie céleste dans laquelle des continents, des océans, des forêts et des jardins fantastiques avaient été tracés par de puissants courants stellaires. La pelouse sur laquelle glissait le tramway semblait capable de nous faire aller au delà de toute réalité, hors du temps, dans un nirvana argenté où se dissolvait en miettes brillantes la lueur de la lune. Des ifs taillés donnaient sa mesure à la route infinie que le tramway, devenu pur roulis, suivait. Nous franchissions les boucles de rêve qui se faisaient et se défaisaient à mesure que nous avancions. Les garçons, devenus silencieux, avaient le front contre la vitre. La femme avait relevé la tête et regardait fixement devant elle. Je sortis en sursaut de mes rêveries qu’avec tous les fantasmes de sa pompe le tramway avait construites en moi au cours du trajet. J’avais le sentiment d’avoir pris du retard. Une autre lumière était apparue : nous étions en gare de Saint-Herblain. Je reconnus mon ami qui me hélait sur le quai verglacé.
Denise LE DANTEC
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Auteur :
Stéphane PAJOT Journaliste au quotidien Presse-Océan, acteur et chroniqueur de la vie culturelle nantaise, auteur de nombreux ouvrages, pour certains publiés sous le nom de James Fortune : écrits documentaires et essais (La mort de Jacques Vaché, 2002, éditions D’Orbestier), polars et romans (Tous ce temps perdu avant de grandir en 2000 ou Le livre est meilleur que le film en 2003, éditions D’Orbestier).
THÉÂTRE « QUARTIER LIBRE » À ANCENIS Conception : Jean-Claude PONDEVIE, architecte
1er Prix d’architecture 2004
L’histoire se trame en 2050. La commune d’Ancenis a été annexée à la ville de Nantes et transformée en arrondissement après la création d’un nouveau découpage administratif, dix ans plus tôt. L’autoroute, qui reliait les deux cités, ressemble à un boulevard interminable, avec, en son milieu, un long métro aérien lumineux et sans conducteur. Des bretelles, tous les deux kilomètres, desservent l’ancienne campagne disparue, aujourd’hui urbanisée. La Loire n’est plus un long fleuve sauvage tranquille mais a des allures de Bosphore aux heures de pointe. Cinq millions d’habitants vivent en Loire-Atlantique.
Un vieillard tapote nerveusement le pommeau de sa canne au cœur du Théâtre « Quartier Libre » d’Ancenis. Ce n’est plus un théâtre depuis des lustres. Seul le terme est resté. Le vieillard médite. C’est le jour de la transmission. Il doit révéler à son petitfils un secret qui lui permettra de mieux comprendre le monde. L’adolescent, assis en face de lui, les coudes sur un guéridon, se régale d’un hamburger bio. Il a les yeux fixés sur sa barquette de frites et un petit sachet de ketchup. Un panneau précise que l’espace surélevé où ils se trouvent a pour nom Les Planches. Autour d’eux, une famille de quatre Japonais, un couple avec un chien en peluche et un homme seul, sont attablés. Ils mangent des hamburgers. Des projecteurs croisent leurs feux sur cette cantine commune, desservie par de jeunes femmes en tablier blanc. Elles semblent sortir de nulle part, d’un trou noir au-dessus duquel étincelle ce mot Les Coulisses. Parfois, la lumière s’éteint sur la cantine et une poursuite fixe un convive, puis un autre. Cela fait sourire l’adolescent. Il vide le sachet de ketchup sur ses frites. L’autre partie du lieu, coupé en deux, se compose de treize rangées de fauteuils rouges. Deux à trois cents hommes et femmes aux cheveux blancs y sont disséminés, assis. Ils scrutent Les Planches. Ils sont surveillés. La loi autorise ces gens, ces gueux, à passer deux heures à observer le peuple de nantis qui se restaurent. Une barrière invisible, électromagnétique, sépare les deux secteurs, reliés par deux entrées et sorties distinctes. L’entrée de ceux qui mangent et
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Le jour de la transmission
l’entrée de ceux qui regardent les autres manger. Conçu par Jean-Claude Pondevie voilà un demi-siècle, ce bâtiment a été inscrit aux monuments historiques lors de l’annexion de la commune. Le verre y rayonne autant que les courbes intérieures, chutes de reins fantasmées, dolmen des temps modernes. L’adolescent ne prête guère attention au lieu ni à l’univers qui l’entoure. Il n’a jamais posé les questions essentielles à ses parents, sa vie à la maison se résume à des écrans, des images. On lui a juste appris qu’il y avait des pauvres, des riches, des bâtiments publics et privés et d’autres entre les deux, comme ici à Ancenis. Son grand-père l’entreprend alors qu’il termine une troisième bouchée de son hamburger. L’adolescent aime l’écouter. - Mon petit, que représente pour toi le théâtre « Quartier Libre » ?
- Le snack, papy. Le snack d’Ancenis, le roi des hamburgers du monde entier, le prince des goûts exotiques. 76 14 sites lauréats - 14 textes d’auteurs
- Si je te dis qu’avant d’être un snack, voilà bien longtemps déjà, tu n’étais pas né, ce lieu servait de salle de spectacle. - Comme dans les vieux documentaires ? Comme Molière ?
- Exactement. Il y avait des musiciens, des troubadours, des comédiens. On venait les voir sur les planches, on assistait à leurs représentations, leurs créations, on les applaudissait, on les encourageait. On faisait la queue avec un billet pour entrer au Théâtre « Quartier Libre ». On était heureux de partager des moments privilégiés ensemble. J’y suis souvent allé avec ta mamie. C’est même là que nous avons flirté la première fois. - ça n’existe plus papy ce que tu racontes. Qu’est-ce qui s’est passé ?
- Il existait un système pour que les artistes vivent. On appelait ça l’intermittence du spectacle. Les comédiens et les musiciens allaient ainsi de salles en salles, de théâtres en espaces culturels à travers les villes, la France, parfois à l’étranger. Un beau jour, ce système a été désintégré. Ce fut violent et sans retour. - Désintégré avec un rayon laser ?
- Presque. Dans la réalité, le gouvernement a durci sa politique culturelle et a supprimé les indemnités de survie pour les artistes. Et, comme si cela ne suffisait pas,
il a supprimé les subventions à ceux qui organisaient les spectacles. Le processus de disparition des musiciens et comédiens a alors commencé. Ils ne pouvaient plus vivre de leur art et donc ils ne pouvaient plus se produire dans les salles. D’ailleurs, on a arrêté de construire des salles de spectacles puisqu’elles ne servaient plus à rien. Le théâtre « Quartier Libre » est l’une des dernières à avoir vu le jour. Ses murs ont une belle mais trop courte histoire. - Les artistes ne pouvaient plus jouer au théâtre « Quartier Libre » ? - C’est ça, tu as compris.
- Et ils ne pouvaient plus manger ?
- Les planches ? - Oui.
- Comme les planches du théâtre « Quartier Libre » ? - Oui.
- Ce sont eux, ces gens pauvres, qui viennent tous les jours s’installer dans les sièges rouges et qui nous regardent manger nos hamburgers sur les planches ? - Ce sont eux, mon petit. Le gouvernement a fait rajouter dans chaque ancienne salle de spectacles une barrière électromagnétique pour éviter que les artistes ne remontent un jour sur la scène. Ils ont juste le droit de venir s’asseoir et d’observer. Parmi eux, un vieil architecte passe réguièrement sentir l’âme de son « bébé ».
L’adolescent pose son hamburger, fait tomber ses frites. Il se lève et se penche vers les fauteuils rouges et les cheveux blancs. Des applaudissements crépitent. Fin
Stéphane PAJOT
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- C’est ça. Certains se sont recyclés, ont changé de métier, beaucoup sont morts, les derniers en vie sont très vieux. Certains rêvent encore de remonter un jour sur les planches.
Auteur :
Jacques BOISLÈVE Journaliste et écrivain, auteur de recherches et de publications sur la littérature, la Loire et le bocage d’Anjou ou de Vendée. Directeur du numéro thématique de la revue 303 – Arts, recherches et créations consacré à l’écrivain Julien Gracq en novembre 2006. Auteur de Promenades littéraires en Pays de la Loire, éditions Siloë, 1991, de La Loire vue du ciel, avec des photographies de Yann ArthusBertrand, éditions du Chêne, 1992.
LE MONT LÉNIGO AU CROISIC Conception : Jacques LE BRIS, architecte-paysagiste, ESTÈVE-BOUCHETON, architectes
1er Prix d’aMÉNAGEMENT 2004
« N’en jetez plus ! » Des siècles et des siècles durant, jusqu’à ce que les habitants du Croisic disent « stop ! », les Petit Poucet de la mer ont vidé là leur trop-plein de cailloux. Il fallait se défaire du lest pour charger le sel qu’on remporterait dans toute l’Europe. C’est ainsi, pierre par pierre, de toutes provenances, schistes, calcaires, granites et laves volcaniques, que deux mamelons ont poussé, vraies curiosités architectoniques sur la planche à pain de la Presqu’île. Ils font, de part et d’autre de la ville et de son port, quand je prends le recul nécessaire en m’avançant sur la grande jetée, le plus beau des tableaux, avec, au milieu de la composition, l’église et son clocher, le plus repérable des amers, flottant au-dessus de la marée des toits jaunis par les lichens, eux-mêmes tout chaulés par les bruyants goélands. Ses deux tuteurs l’encadrent : Mont Esprit, côté terre, et Mont Lénigo, son jumeau, côté mer dont j’admire vu d’ici le bouquet végétal qui le couronne, haute voilure des pins, jaillissant d’un plus rustique bosquet de chênesverts. Impossible de les dissocier dans leur lente surrection, car les deux font la paire. Une fois pris acte de cette indiscutable gémellité, je dois convenir qu’il s’agit malgré tout, et je m’en félicite, de jumeaux non pareils.
J’aime sa double hélice, comme la Tour de Babel des peintres, qui fait tournoyer le Mont Esprit sur lui-même jusqu’à la lévitation, à deux pas d’une forme en creux que l’on pourrait prendre pour sa matrice - modeste demi-cercle de gradins et scène - faisant de cette reconstitution quasi archéologique le plus intime des théâtres de verdure. Vide à cette heure. Mais on entend des jeux d’enfants sur la pelouse attenante, les annonces de la gare toute proche et la rumeur de la ville étroitement liée ici à celle de son port de plaisance sur lequel la vue plonge aussi. Plus raide, plus austère, le Mont Esprit offre de son sommet une vue on ne peut plus panoramique sur les marais salants, la ville et toute la Presqu’île, leur apportant ce discret relief qui leur manquait. Changement complet de décor à l’autre bout du port et tout autre paysage sonore : place ici aux lourds bateaux de travail de retour vers le port, escortés par de criardes nuées de mouettes, trompe marine d’une vedette rameutant ses touristes pour la balade
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L’été en pente douce
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en mer et la visite des îles. Au pied et autour du Mont Esprit, cercle venant s’inscrire dans un plus vaste quadrilatère, c’est le parti - classique - d’un jardin public qui avait été pris. Avec le Mont Lénigo, qui d’ailleurs s’y prête bien par sa configuration tout en longueur, celui d’une promenade a été logiquement retenu. Ce n’est plus le terrain d’aventure que j’ai connu, enfant : il a été redessiné, reprofilé et, comme pour accentuer la différence avec le Mont Esprit, on a fait le choix ici, délibéré, de la modernité. Il me plaît ce réaménagement en forme de coup de peigne sur une coiffure d’herbes sèches. Avec une raie réaffirmée : cette allée épousant la ligne de crête. On ne peut résister à suivre ce chemin tout tracé. Une allée montante certes, mais sans raideur. S’il y a endroit où l’expression l’été en pente douce prend tout son sens, c’est bien là ! On atteint le sommet, sans peine et sans hâte, d’autant plus que des paliers ont été astucieusement ménagés, sous la forme de larges terrasses aériennes déployées comme des ailes dont l’une constitue un véritable balcon sur la mer. La pointe du mamelon, lovée ici dans le végétal, tient moins cette fois de la tour de guet que du parfait belvédère, avec le port de mouillage qui apparaît dans l’échancrure de la verdure, et juste après, c’est le large déjà. Visiblement, on a cherché à multiplier les points de vue ! Cette pente légèrement retravaillée, qui mène jusqu’à ce soudain abrupt, sitôt atteint le belvédère, génère une dynamique subtile, un élan qui vient en marchant, comme une invitation à l’envol. Si bien que je ne suis pas étonné, venu simplement me réjouir du ballet des voiliers sur les premières vagues océanes, de devoir lever la tête pour suivre au-dessus de moi la ronde colorée et bourdonnante de quelques ailes volantes. En contrebas, sur le flanc gauche du Mont Lénigo, à l’ombre des platanes, c’est la petite Provence des boulistes. Sur le flanc droit, on surplombe l’estacade. Elle fait, avec ses passerelles de métal qui l’amarrent au quai, partie intégrante de la promenade, ajoutant ici les plaisirs de la mer à ce petit bout de montagne. Comme au belvédère, là-haut, et comme sur les terrasses intermédiaires, on se pose là un moment, accoudé comme au bastingage d’un navire, pour sentir, écouter, regarder, respirer et ... farnienter. J’ai jeté en redescendant le Mont Lénigo un coup d’œil sur le grand cadran solaire. Il indiquait midi pile. C’était l’heure d’aller déguster sur le port le frais muscadet qui m’attendait. Jacques BOISLÈVE
14 sites laurÊats - 14 textes d’auteurs 81
Auteur :
Jean-François KIERZKOWSKI Enseignant en mathématiques et écrivain, auteur de romans (Le bibliomane, Vingt-et-un, Grande faim, aux éditions Les Perséides), d’un roman pour la jeunesse (Institut Klémentine, aux éditions Mangeclous) et de bandes dessinées (Escales – Blackburg, 1904 en 2005, Escales – Hong-Kong, 1926 en 2006 et Escales – New-York, 1955 en 2008 publiées par les éditions Paquet).
MÉDIATHÈQUE « RENÉGOSCINNY » ET ESPACE JEUNESSE LE PATIO À SAINTE-LUCE-SUR-LOIRE Conception : FORMA 6, architectes
1er Prix d’architecture 2006
14 sites laurÊats - 14 textes d’auteurs 83
84 14 sites laurÊats - 14 textes d’auteurs
14 sites laurÊats - 14 textes d’auteurs 85
Auteur :
Danielle ROBERT-GUÉDON Romancière, auteure de romans à dimension autobiographique (Le désespoir du singe en 1997, Le grand abattoir en 1999, et Je reçois en 2002 aux éditions Balland, Déposition en 2000 aux éditions Filigranes, Les vivants, les morts et les marins en 2005 aux éditions Joca Séria et La Rongère aux éditions Argol en 2009).
L’USINE ÉGID À VRITZ Conception : Clément GILLET, architecte
2e Prix d’architecture 2006
On me dit qu’il existe à Vritz une usine de fabrication d’enduits hydrauliques. Jamais je n’ai entendu le nom de cette commune, en lisière du Maine-et-Loire. En moi-même, je prononce Vritz comme je dirais Fritz, Ritz ou Biarritz, me remémorant en même temps une pelleteuse Frish que j’avais maniée, il y a des années de cela, dans une carrière jouxtant d’anciens fours à chaux, à la frontière entre Ille-et-Vilaine et Côtes d’Armor. Sur les photographies accompagnant le message, je vois un grand bâtiment surmonté d’une tour en son extrémité et planté dans un champ. Murs ocres, longues fenêtres horizontales, toiture plate, opalescente. Si l’une des parois de la tour, entièrement vitrée, ne laissait deviner des silos, on pourrait songer à un musée entouré de pelouses. Il suffirait de quelques parasols blancs au loin pour parfaire l’illusion. Bien sûr, je vais m’y rendre, j’aime les sollicitations autant que le hasard. Que l’on me donne un but. Etre l’obligée dans une histoire où une usine m’a été dévolue. Vritz n’est qu’à une soixantaine de kilomètres. Aujourd’hui, ciel changeant, loin du bleu estival des photographies. Nuages opulents tout au long de la route jamais empruntée et pourtant familière. J’ai, moi aussi, vécu dans des bourgs limitrophes comme celui-ci, ni rase campagne, ni petite ville. Je devine sans les avoir encore vus les sentiers, la place et la mairie, le linge séchant près d’un potager. Un lavoir, peut-être, ou un puits.
Ici, les hortensias sont bleus, révélateurs d’un sol schisteux. Des carrières d’ardoise ont été exploitées jusqu’au XXe siècle, m’apprend-on. On me reprend aussi : Vritz se prononce vri. Du latin veris (le printemps, l’espérance). D’autres privilégient la racine pré-latine vara qui désigne un marais, un fond humide. Pas de certitudes mais, pour les Vritziens, un penchant pour l’espérance.
Avec raison, car ils ont eu leur doyenne de l’humanité. Marie Brémont, née Mésange, a vécu à Vritz de 1936 à 1989. Elle finira ses jours dans une maison de retraite de Candé en 2001, à l’âge de 115 ans. La petite Mésange avait pourtant commencé à travailler à la ferme dès l’âge de 8 ans, l’âge moyen des enfants de l’école du Dauphin. Je n’y vois pas une référence au cétacé mais bien au successeur de la doyenne, celui ou celle qui,
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L’usine de Vritz
parmi les quarante-trois écoliers, verra l’année 2130. Celui ou celle qui se rappellera une journée d’été autour de l’étang du Bambou, les roses trémières contre les façades, les drapeaux plantés sur le monument aux morts pour le 14 juillet, une messe en l’église Saint-Gervais-et-Saint-Protais, les tracteurs faisant voler la paille. Le cimetière où il fallait se rendre avant la Toussaint pour nettoyer les tombes, remettre du verre pilé sur celles qui n’étaient pas couvertes de marbre afin d’empêcher l’herbe de pousser, les noms sur les croix – famille Barbelivien, Pierre Richard – qui donnaient un vague sentiment de célébrité et ne signifient plus rien. Le café-épicerie, les murets de pierre, la voisine qui offrait les salades de son jardin, les sablières où il était interdit d’aller traîner. Et l’usine. 88 14 sites lauréats - 14 textes d’auteurs
Située à deux kilomètres du village auquel elle tourne le dos, elle se dresse sur un vaste terrain sec et jauni par la chaleur de juillet. Le bâtiment fait songer à un appareil photographique : la version transparente d’un polaroïd surmonté d’un énorme flash. Un appareil résolument décidé à éviter la nostalgie, à n’imprimer que des images d’avenir et d’espace. Dans l’entrée, j’examine les échantillons de revêtements. Plus loin, trémies et tapis roulants autour desquels s’affairent quelques personnes. Téléphones et ordinateurs. Bourdonnement et poussière de sable qui rend les doigts rêches. Par les longues fenêtres, j’aperçois dehors des palettes, des sacs, des camions remontant de la carrière et, plus loin, des champs de maïs. Mais nul parasol blanc. Deux kilomètres séparent l’église et l’usine, cent-vingt années s’écoulent entre leurs constructions respectives. C’est finalement peu. Une simple vie de doyenne. Un gouffre. Danielle ROBERT-GUÉDON
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Auteur :
Thierry GUIDET Journaliste et écrivain, fondateur et directeur depuis 2006 de la revue Place Publique, lieu de réflexion et de débat sur les questions urbaines. Auteur d’ouvrages sur Nantes, la Loire, la culture ou le patrimoine de l’Ouest, mais aussi de romans (L’Allumée en 1995, Jonas en 1997, et Une affaire de cœur en 1999, tous trois aux éditions Joca Séria) racontant les aventures nantaises du détective Mareuil.
La ZAC DE LA SOLVARDIÈRE À SAINT-HERBLAIN Conception : in siTu Architecture et Environnement, architectes PHYTOLAB, paysagistes 1er Prix d’aMÉNAGEMENT 2006
Garder en son cœur un peu de ce qui fut au monde
Le silence des pierres. Les chemins creux. Les pluies mauvaises, et celles qu’on espère. Le givre le matin. Le feu, la fumée, les pommes qui se gâtent. Les bouquets de noisetiers. Puis le vert insensé de l’épeautre qui sort de terre et vous remue jusqu’en bas du ventre. Puis cet été qui n’en finissait pas, qui dura au-delà de toute raison, craquelant la terre, racornissant les feuilles avant l’heure. Et le tourment qu’infligeaient aux bêtes des nuées de taons.
Il faudrait être Noé pour garder en son cœur tout ce qui fut au monde. Pas par crainte de Dieu, des quarante jours et des quarante nuits de pluie déversée depuis les écluses des cieux, les fontaines de l’abîme, mais pour sauver de la voracité du temps tout ce qui fut au monde. Pas dans une arche emplie par couples de toutes les bêtes pures et de toutes les bêtes qui ne sont pas pures, de tous les oiseaux et de tout ce qui rampe sur le sol. Pas seulement. Les bêtes, mais aussi tout ce qui fut au monde, l’ourlet des nuages, le tracé des chemins, les feux d’herbes sèches, les enfants morts, les rêves juste avant le réveil, la terre où se défont vite les ossements. … /…
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Les taillis, les ronciers, les garennes, la mare aveugle au fond du bois. Le cercle que dessinent dans la nuit les cris des chiens à la chaîne. Vers la rivière de Loire, la pente du plateau, planté de vignes et de chanvre, une partie en jachère. Parfois je le devine, qui marche jusqu’au bout pour voir de loin la ville, les quais, les entrepôts où l’on serre les ballots de sucre et toutes les autres marchandises d’Amérique, pour suivre du regard les navires sous voile qui glissent vers la mer à bord desquels jamais, non, jamais, il ne poserait le pied.
Et puis aussi Solvard, ou bien Souvard, on ne sait plus. Celui qui habitait ici, qui a donné son nom à ce lieu, à un moment indistinct du marmonnement des siècles, comme Bourgon à la Bourgonnière, Bernard à la Bernardière, Maraud à la Maraudière, Rivaud à la Rivaudière, Derval aux Dervallières. Il faudrait être Noé, mais je ne suis pas Noé, pour garder en son cœur la lignée des Solvard, ou bien des Souvard. Incertaine succession d’hommes penchés sur ce sol, de femmes aux lèvres gercées, au ventre furtif de poissons de Loire juste le temps de quelques saisons. Vêtures grises comme la laine tachée de suint. Robes terreuses. Vies minuscules.
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Tout juste si lui, je le vois un peu moins flou, un peu plus singulier, le jeune Solvard, ou bien Souvard, quelque part aux alentours de 1750, quand il descendait le plateau vers la rivière et rêvait un instant sur les bateaux partis pour un voyage très long. Que savait-il, que devinait-il des nègres et des jungles, des fièvres, des fauves, des fers, des négresses d’Afrique si nues, des soleils, de la canne, du tabac, des plages, du café, des feuillages, des alcools d’Amérique ? Puis il s’en retournait, laissant à main gauche les rangs de vignes, les yeux posés sur le bleu du coteau, dans la splendeur du cantique des aubépines. Les autres Solvard (à moins qu’ils ne se fussent plutôt appelés Souvard) ? Tous les mêmes au fond. Vus d’aujourd’hui, tous la même existence, si tôt usée par la râpe de l’âge. Galets polis par la houle du temps. Celui qui se coupa deux doigts de la main droite pour fuir la conscription, mais qui fut pris quand même comme soldat, celui qui revint des Flandres les poumons en charpie et dont la photo resta longtemps sur le manteau de la cheminée, celui qui poussait une brouette sur le chantier de Bellevue après ses vingt-quatre mois d’Algérie, celle partie un dimanche à Paris par le train et qui là-bas coucha plusieurs nuits sur un banc avant de... Plus près de nous, ceux-là, mais tremblés, moins nets que celui qui allait à pied jusqu’en vue des navires en partance pour les mers très bleues, les pays très chauds où jamais il ne se perdrait. La Solvardière fait avec hier une rime, ni riche, ni pauvre, juste suffisante.
Thierry GUIDET
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Ils ont eu l’oreille à cette rime. Bocage ménagé, parcs aux semblants de tendres jachères, four à pain au cœur du hameau, vieux rosiers qui s’obstinent, pieux de bois plantés en terre. Îlot au cœur d’une ville qui peine à le devenir. Ils ont su modeler la terre des Solvard (ou bien des Souvard), avec la patience, la minutie de Noé construisant son arche sous les sarcasmes des impies. Ils ont su garder au cœur quelque chose de ce qui fut au monde. Pas tout bien sûr, pas tout car il faudrait être Noé dont le total des jours fut de neuf cent cinquante ans et qui eut trois fils par qui fut repeuplée la terre. Pas tout, mais les taillis, les ronciers, les garennes. Le chant des aubépines. Les bouquets de noisetiers. La ligne des chemins. Les pas d’un jeune homme – je lui vois maintenant une barbe naissante, des cheveux tirant au roux, des yeux bleu-vert, l’air encore étonné d’un enfant, un manteau de laine brune car le printemps fut aigre cette année-là. Les pas d’un jeune homme, autour de 1750, qui traversait à pied le plateau en pente vers le sud jusqu’à la rivière de Loire où glissaient les bateaux.
Auteur :
Thierry GUIDET Journaliste et écrivain, fondateur et directeur depuis 2006 de la revue Place Publique, lieu de réflexion et de débat sur les questions urbaines. Auteur d’ouvrages sur Nantes, la Loire, la culture ou le patrimoine de l’Ouest, mais aussi de romans (L’Allumée en 1995, Jonas en 1997, et Une affaire de cœur en 1999, tous trois aux éditions Joca Séria) racontant les aventures nantaises du détective Mareuil.
LE COLLÈGE « LUCIE-AUBRAC » À VERTOU Conception : FORMA 6, architectes
1er Prix d’architecture 2008 Ex æquo
Elle disait : « Le verbe résister doit toujours se conjuguer au présent. » Elle aurait dû devenir institutrice, elle faisait la plonge dans un restaurant du Quartier Latin au début des années trente, distribuait les tracts des Jeunesses communistes, fut reçue du premier coup à l’agrégation d’histoire et géographie en septembre 1938, un an avant la guerre. Elle s’appelait Lucie Samuel, nom de jeune fille : Bernard. Elle est entrée dans l’histoire sous le nom de guerre de son mari, Raymond Aubrac. D’autres s’appelaient Vercors, Cévennes, Argonne. L’Aubrac, ce haut plateau très nu, au flanc gauche de la France, où paissent de grandes vaches rousses. Ce vocable gaulois qui vous emplit la bouche, mot de passe, murmure de l’ombre, cri de guerre. Entre la proue sombre du collège de Vertou, trapu sur sa colline, guetteur d’on ne sait quels rivages à venir, et le mot Aubrac, une connivence, bien sûr. 20 % des jeunes États-Uniens de 17 ans ne savent pas contre qui combattait leur pays pendant la dernière guerre. Lu dans les journaux.
Et Lucie, son prénom, c’est un mot de lumière, tout simplement, descendu en droite ligne du latin. Il n’y en avait guère, de lucioles dans les nuits noires des années noires. Lucie avait aimé Raymond, qui était ingénieur, et juif. Ils avaient eu un fils. Elle enseignait dans un lycée de Lyon. Le dîner passé, elle collait des tracts sur les murs de la ville. Les réunions de la direction de Libération-Sud se déroulaient parfois chez elle. Souvent, elle prenait le train de Paris pour assurer la liaison avec les dirigeants de Libération-Nord. … /…
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Ce que disait Lucie
En novembre 1942, les Allemands envahissent la zone sud. Raymond se fait pincer. Lucie menace de mort le procureur chargé du dossier. « Elle n’est pas très pondérée », disaient ses supérieurs dans la Résistance. Mais Raymond est relâché. 23 % des jeunes Britanniques sont persuadés que Churchill est un personnage de fiction. Lu dans les journaux.
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Raymond retombe, entre les griffes de la Gestapo cette fois, lors de l’arrestation de Jean Moulin à Caluire. Lucie se fait passer pour une jeune fille de bonne famille, fiancée enceinte de Raymond. Elle demande à Barbie, le chef de la Gestapo lyonnaise, de permettre leur mariage en prison. « Elle est d’un courage étonnant », disaient ses supérieurs dans la Résistance. Pendant la visite, elle fait passer à Raymond les plans de l’évasion. Au cours d’un transfert, le 21 octobre 1943, à la tête d’un groupe franc, elle attaque le fourgon cellulaire. Les soldats allemands et les gardes sont tués, Raymond et treize autres résistants libérés, à deux pas du boulevard des Hirondelles. On se souvient de la scène dans le film de Claude Berri, Lucie Aubrac. Tractions avant, ciel de plomb, mitraillettes Sten, feuilles mortes jonchant le trottoir, bérets et canadiennes, et le visage lisse de Carole Bouquet qui, depuis, se superpose à celui de la vieille femme du début des années 2000. « Bonn était la capitale de la RDA. Hitler était le boss. Il a fait construire un mur », a déclaré un jeune chômeur de l’ex-Allemagne de l’Est au quotidien Bild Zeitung lors d’une enquête sur les connaissances historiques des jeunes Allemands. Lu sur Internet.
Plongée dans la totale clandestinité. Londres rejointe en février 1944 dans un petit avion après ce message codé de la BBC : « De carnaval à mardi gras, ils partiront dans l’ivresse. » Puis la naissance de Catherine – Lucie n’avait qu’à demi menti à Barbie. De Gaulle est son parrain. Deux ans plus tard, Ho Chi Minh sera celui d’Élizabeth, qui vit aujourd’hui à Nantes et enseigne aussi l’histoire. Après, c’est la Libération, la création du Mouvement de la Paix, la prise de distance avec les communistes, la vie à l’étranger, la prose de l’après-guerre.
L’histoire devient une option facultative de deux heures hebdomadaires dans les classes de terminale scientifique. Lu dans les journaux. Elle avait écrit un livre, La Résistance expliquée à mes petits-enfants. Elle disait : « Si on n’avait pas été fous, on n’aurait pas été résistants. » Thierry GUIDET
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Plus tard, le retour en France et sur la scène publique. Des livres. La télévision. Des débats douloureux avec les historiens. Des témoignages devant tant et tant d’écoliers. La mort, en 2007, à 94 ans. Les honneurs militaires aux Invalides. À Vertou, le verre, le béton, le cuivre d’un collège où le Centre de documentation et ses livres occupent une place de choix. Il y a des écoles, des collèges, des lycées LucieAubrac dans tout le pays. Litanie de la mémoire, insigne cousu sur la carte de France : Villetaneuse (Seine-Saint-Denis), Mouveaux (Nord), Pont-de-Buis (Finistère), SaintRémy (Saône-et-Loire), Nantes (Loire-Atlantique), Eyguières (Bouches-du-Rhône), Croix (Nord), Isneauville (Seine-Maritime), Gardanne (Bouches-du-Rhône), Luynes (Loiret), Paris, Bueil (Eure), Pantin (Seine-Saint-Denis), Bollène (Vaucluse), Argenteuil (Val-d’Oise)… Même le lycée viticole de Mâcon (Saône-et-Loire), puisque Louis Bernard, le père de Lucie, et Louise Vincent, sa mère, provenaient de lignées de petits vignerons de Bourgogne.
Auteur :
Jacques BOISLÈVE Journaliste et écrivain, auteur de recherches et de publications sur la littérature, la Loire et le bocage d’Anjou ou de Vendée. Directeur du numéro thématique de la revue 303 – Arts, recherches et créations consacré à l’écrivain Julien Gracq en novembre 2006. Auteur de Promenades littéraires en Pays de la Loire, éditions Siloë, 1991, de La Loire vue du ciel, avec des photographies de Yann ArthusBertrand, éditions du Chêne, 1992.
MAISONS 110 À NANTES Conception : PO (Karine OLIVIER/Frédéric PÉCHEREAU), architectes Thomas CANTIN (collectif FICHTRE)
1er Prix d’architecture 2008 Ex æquo
Les magiciens en administrent chaque soir la preuve sur scène, nous laissant à chaque fois ébahis : on peut faire plus d’un tour avec un simple mouchoir de poche ! Aussi, après avoir vu ce tout petit jardin perdu au cœur de la ville, dont le séparent seulement ses vieux murs moussus, ce coin de verdure enfoncé comme un cran d’arrêt entre les immeubles qui l’enserrent, ce bout de campagne noyé dans un océan d’urbanité dont un petit escalier de pierre accompagne plus qu’il ne souligne la déclivité, n’ai-je pas trop été étonné de voir s’y construire, non une seule, mais plus fort encore, deux vraies maisons. Tout cela aperçu d’abord sur un simple jeu de deux photos particulièrement démonstratives, l’une nous montrant ce terrain « avant » et l’autre « après », une fois que le charme a agi, qui a consisté, en passant du virtuel au concret, à donner à ce tout petit vide plein de vie et à bâtir, sur cette relique d’un assez lointain passé qui semblait inéluctablement promis à l’effacement, plus que la simple esquisse, le signe même de l’avenir, dans toute sa nouveauté. Car c’est l’extrême modernité, à tous égards, de la proposition architecturale qui retient d’abord ici l’attention, dans ce double contraste, voulu et revendiqué, avec l’ancienneté et la remarquable naturalité du lieu, qui, loin d’être renié ou sacrifié, sera le ressort même du défi, sa véritable matrice. Sourcier, sorcier, ou comment faire du grand avec du petit, du neuf avec du vieux, du plus avec du moins ? Comment faire de la liberté avec de la contrainte ? Comment pousser les murs avec pour seul levier la créativité, et tout cela, en dépit des bonnes âmes qui prétendent que le rêve n’a pas de prix, à un coût qui reste abordable ? Ce qui était, j’imagine, l’autre volet du défi. L’agence immobilière qui aurait vanté dans sa vitrine ce « bel espace arboré », modeste en surface mais offrant « un beau potentiel », la preuve est faite ici qu’elle n’aurait pas trompé le chaland. En espérant seulement que le cas auquel on se réfère, qui néanmoins demeure exemplaire, ne soit pas qu’une exception, on mesure combien la contrainte peut se révéler créatrice, car le plus dur restait à faire : transformer l’essai. Et là on peut dire « bravo » aux artistes ! Magiciens, en effet, les architectes capables de produire aujourd’hui dans un simple mouchoir de poche un tel effet. … /…
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Poétique de l’espace
100 14 sites lauréats - 14 textes d’auteurs
Dans une époque qui empile les conteneurs pour loger les étudiants, où l’on considère comme le pire chiendent ou plante invasive à éradiquer d’urgence toute nouvelle et fiévreuse poussée de bidonvilles, où le modèle japonais de l’espace vital minimal, susceptible de rendre le logement accessible à tous, interpelle sinon séduit, et où les revues traitant du renouveau urbain opposent non sans logique à l’étalement non maîtrisé des villes, et à Nantes tout particulièrement, l’impératif de la redensification, on voit là, sur ce tout petit exemple mais très beau cas d’école, qu’il est possible de sortir par le haut de tels dilemmes. Et c’est sans doute ainsi, dans le dépassement (et non la transgression) des règles habituelles, que s’invente le nouvel art de bâtir. Mais je ne pense pas, pour autant, que l’on soit ici dans la logique de la trop facile et assez fallacieuse formule : small is beautiful. Non, on s’inscrit dans un tout autre registre, autrement fondamental : celui de la poétique de l’espace. Ce sont les pages inspirées que Gaston Bachelard consacre, dans le beau livre qu’il a écrit sous ce titre, à la dynamique du rêve qui s’instaure dès qu’il est question de se loger – de se lover ? - qui me sont aussitôt revenues à l’esprit. J’ai rouvert son livre, dont le premier chapitre est consacré à la maison – la maison première, celle qui nous voit et nous fait naître - à sa cave, à son grenier, à l’art d’habiter plus important encore que l’art de bâtir. Peu importe que, dans les deux sœurs siamoises nantaises, il y ait ou qu’il n’y ait pas cave et grenier. Seule compte l’assurance qu’au cœur même de la ville, l’homme puisse prendre racine et faire son nid. Cadet Rousselle se plairait là, dans ces demeures archétypales, à michemin entre le carton et le béton (auxquels on a substitué là le bois qui accentue la valeur refuge associé au métal qui rajoute une note particulièrement bien venue de modernité). La maison n’est pas une simple coque comme celle d’un bateau, mais une coquille, souligne Bachelard le Bourguignon, qui, de ce fait, comme celle de l’escargot, nous colle à la peau. La maison, dit-il encore, est plus qu’un corps : elle a une âme aussi. Et elle nous parle, car, subtil et majeur distinguo, il ne s’agit pas de « la maison dont je rêve » mais de « la maison qui me fait rêver ». Dans le jardin de Nantes, deux maisons de ville où rêve et réalité se sont rejoints, en attestent : aujourd’hui, c’est déjà demain !
Jacques BOISLÈVE
14 sites laurÊats - 14 textes d’auteurs 101
Auteur :
Jacques CAILLETEAU Ancien conservateur régional de l’Inventaire général du patrimoine à la Direction régionale des affaires culturelles des Pays de la Loire, fondateur et rédacteur en chef de la revue 303 – Arts, recherches et créations de 1984 à 2006, président du festival de musique baroque et classique Le Printemps des Arts.
LES ABORDS DE LA COLLÉGIALE À GUÉRANDE Conception : Agence AUP, architectesurbanistes Nicolas FEDORENKO, artiste plasticien
1er Prix d’aMÉNAGEMENT 2008
Depuis plusieurs décennies, la plupart des villes en Europe se sont dotées de plans d’aménagement qui évacuent le plus possible les voitures de leurs centres, devenus à coup sûr des sites où l’espace, redonné aux piétons, retrouve le sens qu’il n’aurait jamais dû perdre. Facile à dire, mais beaucoup moins à réaliser, tant nos comportements sont conditionnés par la voiture. Qui n’a pas été tenté de stationner devant une boulangerie, une pharmacie ou un bureau de tabac, « juste quelques secondes », et pas forcément un jour de pluie ? Ces aménagements ont donné lieu au meilleur et au pire. Combien de places de villages ou de petites villes, qui n’auraient demandé qu’une modeste et peu coûteuse intervention, pour un résultat des plus harmonieux et convivial, se sont vues défigurées, encombrées de bancs inconfortables, de bacs à fleurs, à plantes ou à sable, éclairées d’une forêt de lampadaires souvent hors d’échelle, divisées par des allées bien léchées aboutissant à l’incontournable fontaine dont l’eau s’écoule d’une improbable statuaire. Depuis une décennie, il est aussi des aménagements très heureux, si réussis même qu’on les croirait avoir toujours été là, qu’on en oublie le soin extrême qui fut nécessaire pour aboutir à un tel équilibre. Le cœur de la ville de Guérande est de ceux-là. Du plus loin qu’il arrive, soit par la campagne, soit par les marais, le visiteur est appelé par la flèche de la collégiale Saint-Aubin, à se rendre au cœur de la ville, à franchir la lourde enceinte fortifiée et à s’attarder autour de l’imposante et apaisante masse de granite. Il y a peu encore, la voiture envahissait les abords de l’église, imposant aux piétons de se faufiler entre ses pare-chocs. Elle est désormais évacuée dans les rues adjacentes, voire au delà des remparts, rendant ainsi les espaces conviviaux à une cohabitation plutôt harmonieuse entre les piétons, les livraisons indispensables aux commerces et les stationnements ponctuels justifiés. … /…
14 sites lauréats - 14 textes d’auteurs 103
Les abords de la collégiale Saint-Aubin
104 14 sites lauréats - 14 textes d’auteurs
Les deux places nord et sud sont pavées de grandes dalles de granite en harmonie avec celui du bâtiment, et d’une ligne de vieux pavés bordant l’édifice ainsi que l’espace, côté nord, laissé accessible aux véhicules. Subtil raffinement, les évacuations d’eau, traditionnellement en fonte, ont été taillées dans le granite. La collégiale était autrefois bordée de vieux cimetières, remontant aux XI et XIIes siècles, et partiellement de l’époque mérovingienne1. En souvenir, Yves Steff et son équipe, à qui a été confié le projet, ont eu l’idée de percer ça et là le pavage de petits motifs trilobés en bronze, rappels de ceux du bénitier de la collégiale et qui, lumineux la nuit, sont du plus bel effet, silencieux hommage à toutes ces voix qui se sont tues. Côté nord, l’évocation est plus présente et prend la forme d’une procession de figurines creuses, perchées sur de potelets de fonte rouillée, lointains souvenirs des statuettes ornant les calvaires bretons2. Se succèdent ainsi, dans des gestes très stylisés et très réalistes, un pêcheur soulevant un poisson, un meunier portant un sac de farine, un accordéoniste, un homme criblé de balles – hommage aux suppliciés de tous les temps – un chevalier brandissant son étendard, un pêcheur à trident, un potier, un saunier tirant le sel et un couple malicieusement enlacé, toute une évocation de vies de gens de peu, comme le dit leur créateur, le sculpteur Nicolas Fedorenko, et qui fait naître chez le spectateur un irrésistible et bienveillant sourire. Enfin, sur la place sud, à mi-chemin du marché et du portail d’entrée de la collégiale, l’existence d’un puits a permis la création, non pas d’une fontaine mais, plus subtilement, d’un rocher de bronze, lui aussi percé de motifs trilobés, dans lequel est enfermé un jaillissement d’eau invisible et pourtant bien présent. La coloration musicale apaisante qu’il apporte à la place le soir, quand l’agitation touristique s’en est allée, amène le visiteur à une vraie contemplation silencieuse. Jacques CAILLETEAU
1 - L’aménagement a amené la réalisation d’un chantier de fouilles archéologiques dirigé par Christophe Devals (INRAP-UMR de l’Université de Tours). 2 - Cette procession était à l’origine conduite par saint Aubin, dont l’effigie a aujourd’hui disparu, tout comme certains instruments de travail, dont l’absence fait par exemple aujourd’hui du saunier un allègre danseur.
14 sites laurÊats - 14 textes d’auteurs 105
Auteur :
Monsieur MOUCH Architecte, slameur, conteur, auteur de spectacles, animateur d’ateliers d’écriture et de scènes slam. Parution en 2010, sous son nom de Pierre Combarnous, de l’ouvrage Architecture et Mondialisation, aux éditions de L’Harmattan.
logements XT 110 - BOTANICA À SAINT-NAZAIRE Conception : BARRÉ-LAMBOT, architectes Florence MARTY, paysagiste
1er Prix d’architecture 2010
XT110 - BOTANICA
Après le réveil de chacun et l’appel de tous, ils reprennent leurs esprits, sondent les lieux et évoquent ensemble différentes stratégies de survie. Les palabres vont bon train et très vite, deux camps s’opposent, ou se complètent. Selon que l’on pense que les opinions diffèrent ou divergent.
Les premiers n’ont en tête que l’idée de repartir et de construire une nouvelle embarcation pour prendre la mer, et les seconds se disent qu’ils vont probablement tous rester là un moment et qu’il faut organiser la vie ici. Dans les deux cas, il faut commencer par construire. Pour les uns un bateau, et pour les autres un abri. Juste derrière la plage, la végétation est dense et diverse, un vrai jardin d’Eden, bien plus beau que l’endroit d’où il viennent. Les partisans de la construction d’un abri explorent, ébahis, ce havre qui correspond à ce dont ils ont toujours rêvé pour commencer une nouvelle vie. Ils passent les pins et les palmiers et découvrent non loin : des genêts, des mimosas, des lauriers roses et bien d’autres choses. L’endroit est un délice de couleurs et un lieu parfait pour s’établir. … /…
14 sites lauréats - 14 textes d’auteurs 107
Les naufragés se réveillent, abasourdis, sur une plage inconnue. Il n’y a plus aucune trace de Nazarius, leur embarcation, enlevée par l’océan. Ce dernier les a laissés là, dans cette baie calme et accueillante, sur une terre fertile.
Ils trouvent, peu après, à moins de cinq cents mètres de la plage, une clairière idéale pour construire l’abri dont ils ont besoin. Là encore les avis divergent : il y a ceux qui veulent un abri pour tous, plus rapide à faire, et ceux qui veulent un abri par personne ou par couple, pour que chacun vive comme il l’entend. Ils discutent, ils échangent, et ensemble décident qu’ils ne doivent pas être trop loin les uns des autres et que même si leur séjour ici n’est finalement pas si long, il est hors de question de détruire la nature qui les a accueillis. Il ne faut pas traîner, car il pleut tout de même pas mal ici et l’hiver ne tardera pas à arriver. Passés quelques jours sous un abri de fortune, ils se lancent dans la construction de la première maison. Parmi eux, certains connaissent des techniques avancées, qu’ils n’hésitent pas à appliquer systématiquement pour la construction de chacune des maisons pendant l’année qui suit. 108 14 sites lauréats - 14 textes d’auteurs
La vie s’organise peu à peu dans la nouvelle cité que les naufragés nomment Botanica, en hommage à cette nature si diverse qu’ils habitent. Les années passent et ils sont de plus en plus nombreux à vivre là. Il y a leurs enfants qui grandissent et puis cette plage qui, comme un aimant, accueille régulièrement de nouveaux naufragés. Cette terre est si belle qu’ils ne veulent pas construire des maisons pour chacun, car cela risquerait de prendre toute la place, ne laissant plus un mètre carré aux arbres et aux plantes qui étaient là bien avant eux. Alors pour accueillir tout le monde, ils construisent un premier gros bâtiment avec la même technique. Il n’est d’ailleurs pas si gros et permet à chacun de ses habitants de profiter du soleil, du parc et du bon air de l’océan. La vie est douce dans cette nouvelle cité. Bien plus douce en tout cas que dans la ville où ils vivaient avant.
Les naufragés de Nazarius font leur vie à Botanica et les générations se succèdent. Elles agrandissent le village pour en faire une ville tout autour. Ils la nomment Saint-Nazaire, comme pour remercier le bateau qui a conduit ici les premiers habitants.
D’ailleurs, rappelez-vous : parmi ceux-là, il y avait le camp de ceux qui ne voulaient pas rester. Et bien, imaginez que finalement, ils ne sont jamais partis, même s’ils ont bien construit des bateaux. Et comme leurs bateaux étaient aussi beaux que les abris faits par ceux de l’autre camp, ils ont donné à Saint-Nazaire un chantier naval aussi incroyable que la cité de Botanica.
Cette histoire, mesdames et messieurs, est vraie puisque je vous la raconte. Et si vous pensez que les choses se sont faites dans un ordre différent, profitez d’un tour sur la côte pour longer la plage de Saint-Nazaire. Je suis sûr que vous trouverez le parc, et non loin derrière, la cité de Botanica, telle que je vous l’ai décrite.
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Monsieur MOUCH
Auteur :
Isabelle FAURE Philosophe associée à Dominique Vignault architecte – vignault x faure à Nantes – et intervenante par instants pour les architectes, maîtres d’ouvrage, écoles d’architecture et de design pour appliquer une philosophie pratique et joyeuse.
LE NOUVEAU CIMETIÈRE DES SORINIÈRES Conception : Agence Philippe MADEC, architectes
1er Prix d’AMÉNAGEMENT 2010
on a pas senti le temps passé. C’est si bizarre si inattendu. Voilà la réalité qui s’avance, brisée atteinte, mise à l’arrêt. C’était donc cela. Comment est-ce brutalité sans jamais arriver, même un instant, à toucher ce qu’elle est. Alors comment faire ? Comment ? Il ne faut pas « en parler » ; c’est une poursuite où les morceaux de vues, encadrées de vides, n’encadrent plus rien. Ça colle, ça accroche, ça agrippe. Ça emplit tout. C’est là, ici…….. il n’y a plus rien à saisir, qu’une place laissée au vide de la mort. C’est l’annonce d’un autre temps où nous descendons dans l’intraduisible. C’est le moment où la parole s’efface. Etat d’a-langage, diraient-ils. Comme le besoin de gommer des mots, de laisser des blancs. Comment faire ? Apprendre à se défaire du réel, jusqu’à ce qu’en nous tout s’ébranle. La blancheur du visage laissée à l’immobilité, les yeux fermés, baissés……. gravée, incisée. Surface fragile comme sortie de l’eau. Manière de répondre à un autre temps…….. Encore quelques instants…… l’annonce d’une méditation que nous déterminons, faute de mieux, du côté du léger, du fragile, du transparent, du frais, du rien….. du sacré, mais dont le vrai nom serait « l’interstice ». Quelque chose s’est passé……. Où est-on ? Qu’est-il arrivé ? .….. une rencontre, dans un geste, dans un lieu qui prend du temps ; des lieux faits en même temps pour se retirer dedans et pour voir dedans. C comme cimetière….. Beausoleil nous fait signe….. ni trop voyant ni trop sobre……. en marchant sur des pattes de velours…….. sans se faire remarquer. Le lieu s’enfonce et s’ouvre comme un embarquement ou un enterrement fluide. premières autopsies L’heure des retrouvailles a sonné. Beausoleil parle de plats, d’aplats, de plateaux, de surfaces. L’aplatissement fait partie de son langage, il n’y a qu’à se balader pour sentir ses forces qui nous poussent, nous tirent vers le haut. Un effet de résistance se déclenche. S’en suit une histoire de points de vue. Ici, là-bas, se dégage un puissant désir de marge, de démarque, de re-marque et
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on a pas senti le temps passé
surtout de visions. On voit de loin, une chose rare, aujourd’hui. Même qu’il apparaît comme «flottant», comme aspiré. D’où ce besoin de bords, de bordures, de moments figés, arrêtés. FIXE. Les Sorinières ou la passion fixe. 1er retournement = 1er contact = 1er échange= 1er frôlement Il se demande parfois pourquoi, ici, le spectacle est si infiniment, si éternellement agréable. Il répond en disant : c’est parce que le paysage offre l’immensité et le mouvement. ça pourrait continuer sans fin.
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la règle du jeu Extrême, il ne supporte pas les gestes timides, timorés, qui l’enracineraient dans une mémoire pesante, bruyante, épaisse. Il préfère accumuler du temps : on pressent d’autres choses, un extérieur peuplé qui pourrait s’ouvrir….. Savoir définir un lieu, c’est savoir l’ouvrir. On retrouve l’INFINI à Beausoleil.
C comme Cimetière est une affaire de DÉPLI. Chaque lieu est revêtu d’une matière seconde, une structure, un tissu organique. Plier, déplier, envelopper, développer sont les constantes. Un lieu rempli d’empreintes qui oblige à une immersion tactile par frottage. Le frottage est une technique archéologique qui capte les traces les plus anciennes et les moins visibles ; il met à jour des fossiles de gestes, temps brefs ou temps longs durcis comme dans un charbon.
dimanche 9 octobre 2010 Il est un capteur de regards, un lieu tendu, un espace de captations, à portée de mains, de gestes, de voix qui insiste, qui crée de « petits arrangements » et détourne du « droit chemin ». Il est un espace flexible, ouvert à la présence des autres. Il a une manière de déplier des « ralentissements », de compter le temps, de mettre en suspens le quotidien, d’inviter à vivre des rencontres. Il a un désir de confrontation, de mettre en rapport [ici, on capte, on réceptionne, on restitue, on fabrique des IMAGES]….. Ce cimetière c’est aussi des allures de fabrique, de dialoguiste. 1 présence / 1 absence Comment passer du site au lieu, du lieu au territoire ? 1 présence avec des instants de surprises [un jardin du souvenir, des chênes solitaires,
Il y a aussi l’objet panse/pense Beausoleil : poche ou chose enceinte ? Un jeu de forces entre l’envers résistant et l’endroit qui peu à peu, se révèle, ouvre ses formes. C’est une façon d’enkyster un temps. Pourquoi pas le matériau d’une texture sans âge [tellement repassé et ciré, brillant fin et compact]. Que son usure même l’apparente à un matériau jamais vu, un matériau futur comme ces voyages sans fin, infinis. Parce qu’il grave en sa chair les traits de sa croissance, de ses accidents, de ses excroissances et, même les circonstances de ses morts. Et puis, ICI, il y a l’air de la souche, c’est aussi une affaire d’épiderme. Un épiderme affecté, qui gaufre sa surface de multiples empreintes. de la surface à la parure Il est indispensable de s’en tenir à la surface, à la ride, à la pliure. Ivresse des surfaces où très vite il est question d’allure travestie, de parure : la parure que revêt Beausoleil à l’heure des saisons où l’on se glisse dans les replis de la peau, dans des rides devenues arborescentes. Légèreté et aérien sont les signes majeurs&mineurs de ce lieu. Il y a de l’AURA, ici, un signe de présence épaissie par l’étoffe des événements, par la perception de ce qui va arriver et le souvenir de ce qui vient à peine de se passer. Isabelle FAURE
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un pont] des éphémères, des installations [mise en lumière du site] à venir brancher sur un lieu rempli de possibles. Déjà surchargé de souvenirs, stratifié de passés et de mémoires. Bien sûr, il va falloir prendre sa place, ses marques, gérer des rapports de forces mais, c’est comme ça que l’on passe du site au lieu, du lieu au territoire. S’en tenir courageusement à la surface, à la ride, à l’épiderme, et peut-être que l’on devienne « superficiel….. à force de profondeur ».
2000-2010
5 ÉDITIONS DU PRIX DÉPARTEMENTAL 141 RÉALISATIONS 14 lauréatEs 19 mentionnéEs Édition 2002................................................................................................... p. 116 Édition 2004 ................................................................................................. p. 122 Édition 2006................................................................................................... p. 128 Édition 2008................................................................................................... p. 134 Édition 2010................................................................................................... p. 140
2002 1 - NANTES - Maison des Syndicats
1er Prix d’architecture Maîtrise d’ouvrage : Ville de Nantes - Conception : FORMA 6, architectes-urbanistes mandataires, Nantes, ATELIER C, architectes associés, Nantes. 2001
2 - BESNÉ - Mairie
116 2002 - 5 éditions du Prix - 141 réalisations sélectionnées
2e Prix d’architecture Maîtrise d’ouvrage : Commune de Besné Conception : HAUMONT-RATTIER, architectes, Châteaubriant. 2000
3 - GUÉRANDE - Salle omnisports
3e Prix d’architecture Maîtrise d’ouvrage : Syndicat intercommunal du C.E.S. de Guérande - Conception : DÉESSE 23, architectes, Nantes. 2000
4 - NANTES/ST-HERBLAIN Ligne 1 du tramway
1er Prix d’aménagement Maîtrise d’ouvrage : SEMITAN pour la Communauté Urbaine de Nantes - Conception : AUP, architectesurbanistes, Phytolab, paysagistes, Nantes. 2000
Photographies : Bernard RENOUX
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118 2002 - 5 éditions du Prix - 141 réalisations sélectionnées
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5 - BOUGUENAIS - Pôle d’accueil et d’animation de la Roche Ballue
Réalisation mentionnée Maîtrise d’ouvrage : Commune de Bouguenais Conception : B.L.R., architectes, Nantes. 2001
6 - NANTES - Maison L.A.
Réalisation mentionnée Maîtrise d’ouvrage : Privée - Conception : DÉESSE 23, architectes, Nantes. 2000
7 - SOUDAN - Vestiaires du terrain de football
Réalisation mentionnée Maîtrise d’ouvrage : Commune de Soudan Conception : AZIMUT, architectes, Nantes. 1999
8 - ANETZ - Bibliothèque municipale 8
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Maîtrise d’ouvrage : Commune d’Anetz Conception : Xavier MÉNARD, architecte, Châteaubriant. 2001
9 - LA CHAPELLE-SUR-ERDRE - Résidence de la Source
Maîtrise d’ouvrage : La Nantaise d’Habitations Conception : BARRÉ-LAMBOT, architectes, Nantes. 2001
10 - CHÂTEAUBRIANT - Halle de Béré
11 - NANTES - Eglise Saint-Bernard
Maîtrise d’ouvrage : Association diocésaine de Nantes - Conception : QUADRA, architectes, Nantes. 2000
12 - NANTES - Faculté des Sciences
Maîtrise d’ouvrage : Université de Nantes Conception : ROCHETEAU-SAILLARD, architectes, Nantes. 2000
13 - HERBIGNAC - Mairie 10
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12
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Maîtrise d’ouvrage : Commune d’Herbignac Conception : FORMA 6, architectes-urbanistes, Nantes. 1999
Photographies : Bernard RENOUX
5 éditions du Prix - 141 réalisations sélectionnées - 2002 119
Maîtrise d’ouvrage : Commune de Châteaubriant - Conception : Xavier MÉNARD, Thierry LE BORGNE, architectes, Châteaubriant. 2000
14 - NANTES - Hangar 32
Maîtrise d’ouvrage : Communauté Urbaine de Nantes - Conception : TOPOS, architectes, Nantes. 2000
15 - NANTES - Pôle Beauséjour
Maîtrise d’ouvrage : SEMITAN pour la Communauté Urbaine de Nantes - Conception : BARRÉ-LAMBOT, architectes, Nantes. 2000
16 - NANTES - Résidence Rieux
Maîtrise d’ouvrage : La Nantaise d’Habitations (logements) et CHU (crèche) - Conception : DLW, architectes, Nantes. 2001
17 - NANTES - Immeuble Deurbroucq du CHU Maîtrise d’ouvrage : Direction du CHU de Nantes - Conception : BARRÉ-LAMBOT, architectes, Nantes. 2001
18 - OUDON - Office du tourisme
Maîtrise d’ouvrage : S.I.V.U. du sentier ligérien Oudon-Champtoceaux - Conception : QUADRA, architectes, Nantes. 2001
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19 - RIAILLÉ - Salle de loisirs « La Riante Vallée »
Maîtrise d’ouvrage : Commune de Riaillé - Conception : ENET-DOLOWY, architectes, Nantes. 2001
20 - SAINT-ETIENNE-DE-MER-MORTE Moulin à eau
120 2002 - 5 éditions du Prix - 141 réalisations sélectionnées
Maîtrise d’ouvrage : Commune de Saint-Etiennede-Mer-Morte - Conception : ATELIER C, architectes, Nantes. 2000
21 - SAINT-GILDAS-DES-BOIS Maison de la Communauté de communes Maîtrise d’ouvrage : Communauté de communes du canton de St-Gildas-des-Bois - Conception : Xavier MÉNARD, Thierry MALLERET, architectes, Châteaubriant. 2001
22 - SAINT-NAZAIRE Résidence des Caraïbes
Maîtrise d’ouvrage : Saint-Nazaire Habitat Conception : David CRAS, Pascal DEBARD, architectes, Rennes. 2001
23 - SAINT-NAZAIRE - Village d’entreprises de Méan
Maîtrise d’ouvrage : Ville de Saint-Nazaire Conception : FORMA 6, architectes-urbanistes, Nantes. 2000
24 - LA CHAPELLE-SUR-ERDRE - Aménagement du centre-ville
Maîtrise d’ouvrage : Commune de La Chapelle-surErdre - Conception : ARCHIDÉE, architectes-urbanistes-paysagistes, Nantes. 2001
25 - LE CROISIC - Aménagement du centre-ville
Maîtrise d’ouvrage : Commune du Croisic Conception : AUP, architectes-urbanistes, Nantes. 2000
26 - LES SORINIÈRES Aménagement urbain
Maîtrise d’ouvrage : Commune des Sorinières Conception : FORMA 6, architectes-urbanistes, Nantes. 2000
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5 éditions du Prix - 141 réalisations sélectionnées - 2002 121
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2004 27 - ANCENIS - Théâtre « Quartier Libre » 1er Prix d’architecture Maîtrise d’ouvrage : Commune d’Ancenis - Conception : Jean-Claude PONDEVIE,
architecte, La Roche-sur-Yon. 2002 28 - LE CROISIC – Le Mont-Lénigo
122 2004 - 5 éditions du Prix - 141 réalisations sélectionnées
1er Prix d’aménagement Maîtrise d’ouvrage : Commune du Croisic - Conception : Jacques LE BRIS, architecte-
paysagiste, Nantes, ESTÈVE-BOUCHETON, architectes-urbanistes, Nantes. 2002
Photographies : Stéphane CHALMEAU
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5 éditions du Prix - 141 réalisations sélectionnées - 2004 123
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124 2004 - 5 éditions du Prix - 141 réalisations sélectionnées
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29 - GUÉRANDE - Terre de sel
Réalisation mentionnée Maîtrise d’ouvrage : Terre de sel - Conception : ROULLEAU-PUAUD, architectes-urbanistes, Nantes. 2002
30 - SAINT-GILDAS-DES-BOIS - Maison de retraite « La Sainte-Famille »
Réalisation mentionnée Maîtrise d’ouvrage : ASFAVI (mandataire : SELA) Conception : BARRÉ-LAMBOT, architectes, Nantes (mandataire : Daniel SAINTAGNAN, architecte associé, Le Mans). 2003
31 - CHÂTEAUBRIANT - La place de l’Hôtel de Ville
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Réalisation mentionnée Maîtrise d’ouvrage : Commune de Châteaubriant - Conception : FORMA 6, architectes-urbanistes, Nantes, Benoît GARNIER, architecte-urbaniste associé, Nantes, PHYTOLAB, paysagistes, Nantes. 2003
32 - MONTBERT - Maison B.
Réalisation mentionnée Maîtrise d’ouvrage : Privée - Conception : BERRANGER & VINCENT*, architectes, Nantes. 2003
33 - CARQUEFOU - Groupe scolaire du Souchais
34 - LA CHAPELLE-SUR-ERDRE - Centre technique municipal
Maîtrise d’ouvrage : Commune de La Chapellesur-Erdre - Conception : ROULLEAU-PUAUD, architectes-urbanistes, Nantes. 2002
35 - COUËRON - Extension de l’école Léon Blum
Maîtrise d’ouvrage : Commune de Couëron Conception : L’ATELIER DE LA MAISON ROUGE, architectes, Nantes. 2003 35
36
36 - COUËRON - Maison Thébaud
Maîtrise d’ouvrage : Privée - Conception : Karine OLIVIER, Frédéric PÉCHEREAU, Elodie DANO, Fany MONTAUFRAY, architectes, Nantes. 2002
37 - FÉGRÉAC - Restaurant scolaire
Maîtrise d’ouvrage : Commune de Fégréac Conception : Pascal DEBARD, architecte-urbaniste, Rennes. 2002
38 - LIGNÉ - Salle culturelle « Le Préambule » Maîtrise d’ouvrage : Commune de Ligné Conception : HAUMONT-RATTIER, architectes, Châteaubriant. 2003
37
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Photographies : Stéphane CHALMEAU
5 éditions du Prix - 141 réalisations sélectionnées - 2004 125
Maîtrise d’ouvrage : Commune de Carquefou Conception : DE COQUEREAUMONT-LEBRETON, architectes, Angers/Nantes. 2003
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126 2004 - 5 éditions du Prix - 141 réalisations sélectionnées
45 44 43
42 41 40
39 - NANTES - Bassin des Carènes
Maîtrise d’ouvrage : Ecole Centrale de Nantes Conception : ROCHETEAU-SAILLARD, architectes, Nantes. 2002
40 - MONTOIR-DE-BRETAGNE Hall « Comète II » AIRBUS
Maîtrise d’ouvrage : AIRBUS France - Conception : BODREAU, architectes, Nantes. 2003
41 - LE PALLET - Maison individuelle
Maîtrise d’ouvrage : Privée - Conception : GASTÉBAZANTAY, architectes, Nantes. 2002
42 - NANTES - Agence d’architecture
Maîtrise d’ouvrage : SCI ENDO - Conception : ENETDOLOWY, architectes, Nantes. 2003
43 - NANTES - Opération Longchamp-Lafont
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Maîtrise d’ouvrage : SNC Longchamp-Lafont et Samo - Conception : QUADRA, architectes, Nantes. 2003
44 - NANTES - Pôle social des Dervallières
Maîtrise d’ouvrage : Conseil général de LoireAtlantique - Conception : MURAIL Architectures, Nantes. 2002
45 - PORNIC - Vestiaires du terrain de football
46 - REZÉ - Ecole Jean-Jaurès de Trentemoult Maîtrise d’ouvrage : Commune de Rezé - Conception : PARENT-RACHDI, architectes, Nantes. 2003
47 - SAINT-HERBLAIN - Pôle tertiaire Lumiplan Maîtrise d’ouvrage : SARL Daniel Immobilier Conception : ROULLEAU-PUAUD, architectes-urbanistes, Nantes. 2003
48 - SAINT-NAZAIRE - Bureaux SONADEV 49
50
Maîtrise d’ouvrage : SONADEV - Conception : TOPOS, architectes, Nantes. 2003
49 - SAINTE-LUCE-SUR-LOIRE - Chambre des métiers
Maîtrise d’ouvrage : Chambre des métiers - Conception : Jean-Pierre LOTT, architecte, Paris. 2002
50 - SAINT-NAZAIRE - Les villas de Prégras Maîtrise d’ouvrage : Espace Domicile - Conception : Georges MAURIOS, architecte, Paris. 2003
51 - SAINT-NAZAIRE - Pôle de services et de logements
Maîtrise d’ouvrage : SCI Urbis Atlantique - Conception : QUADRA, architectes, Nantes. 2003
52 - SAINT-SÉBASTIEN-SUR-LOIRE - La route départementale 119
Maîtrise d’ouvrage : District de l’agglomération nantaise - Conception : FORMA 6, architectesurbanistes, Nantes, Jacques LE BRIS, architectepaysagiste, Nantes. 2003 51
52
Photographies : Stéphane CHALMEAU
5 éditions du Prix - 141 réalisations sélectionnées - 2004 127
Maîtrise d’ouvrage : Commune de Pornic - Conception : FORMA 6, architectes-urbanistes, Nantes. 2003
2006 53 - VRITZ - Usine EGID
2e Prix d’architecture Maîtrise d’ouvrage : EGID SAS - Conception : Clément GILLET, architecte, Rennes. 2004
54 - SAINT-HERBLAIN - ZAC de la Solvardière
128 2006 - 5 éditions du Prix - 141 réalisations sélectionnées
1er Prix d’aménagement Maîtrise d’ouvrage : Commune de SAINT-HERBLAIN (SELA mandataire) - Conception : in siTu Architecture et Environnement, Nantes, PHYTOLAB, paysagistes, Nantes. 2005
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55 - SAINTE-LUCE-SUR-LOIRE Médiathèque ludothèque René Goscinny
1er Prix d’architecture Maîtrise d’ouvrage : Commune de Sainte-Lucesur-Loire - Conception : FORMA 6, architectes-urbanistes, Nantes. 2005
Photographies : Stéphane CHALMEAU
54
55
5 éditions du Prix - 141 réalisations sélectionnées - 2006 129
56 - MONTOIR-DE-BRETAGNE - Centre administratif du Port Autonome
Réalisation mentionnée Maîtrise d’ouvrage : Port Autonome de Nantes Saint-Nazaire - Conception : Agence ROULLEAU, architectes-urbanistes, Nantes. 2004
57 - REZÉ ET BOUGUENAIS - Prolongement de la ligne 2 du tramway Réalisation mentionnée Maîtrise d’ouvrage : Nantes Métropole (SEMITAN mandataire) - Conception : AUP, architectes-urbanistes, Nantes, Nicolas FÉDORENKO, plasticien, Pont-Croix (29), PHYTOLAB, paysagistes, Nantes. 2005
58 - LA BAULE - Restructuration du stade François-André Maîtrise d’ouvrage : Commune de La Baule Conception : ESTÈVE-BOUCHETON, architectes, Nantes. 2004
59 - HAUTE-GOULAINE - Maison de l’enfance « Espace des Loriots »
Maîtrise d’ouvrage : Commune de Haute-Goulaine - Conception : MURAIL Architectures, Nantes, Laure PLANCHAIS, paysagiste, Paris. 2005
60 – LA CHAPELLE-DES-MARAIS - Médiathèque Gaston-Leroux
130 2006 - 5 éditions du Prix - 141 réalisations sélectionnées
Maîtrise d’ouvrage : Commune de La Chapelledes-Marais - Conception : ASA GIMBERT, architectes, Pornichet. 2005
56
61 - NANTES - Clos de l’Erdre
Maîtrise d’ouvrage : Privée - Conception : in siTu Architecture et Environnement, Nantes. 2004
62 - NANTES - Maison Belvédère
Maîtrise d’ouvrage : Privée - Conception : in siTu Architecture et Environnement, Nantes. 2004
63 - NANTES - Résidence universitaire Alice Milliat
Maîtrise d’ouvrage : SAMO (ICADE mandataire) Conception : ROCHETEAU-SAILLARD, architectes, Nantes. 2005
64 - NANTES - Réhabilitation de la Rizerie Maîtrise d’ouvrage : Privée - Conception : BLR, architectes, Nantes. 2004
65 - NANTES - Centre médico-psychologique de la Madeleine
Maîtrise d’ouvrage : Centre hospitalier spécialisé de Montbert - Conception : Atelier PELLEGRINO, architectes, Nantes. 2004
Photographies : Stéphane CHALMEAU
57
60
63 61
64 62
65
5 éditions du Prix - 141 réalisations sélectionnées - 2006 131
58 59
132 2006 - 5 éditions du Prix - 141 réalisations sélectionnées
73 72 71
70 69 68
67 66
66 - NANTES - Siège de Nantes Métropole Maîtrise d’ouvrage : Nantes Métropole (SEM Nantes Aménagement) - Conception : DUSAPINLECLERC, architectes, Paris. 2004
67 - NANTES - Réhabilitation-extension de la Fabrique
Maîtrise d’ouvrage : Privée - Conception : TOPOS, architectes, Nantes. 2005
68 - LE PALLET - Restructuration du moulin du Pé de Vignard
Maîtrise d’ouvrage : Commune du Pallet - Conception : Patrick KERMARREC, architecte, Nantes. 2005
69 - ORVAULT : Parc-relais Orvault-Morlière Maîtrise d’ouvrage : Nantes Métropole (SEMITAN mandataire) - Conception : FORMA 6, architectesurbanistes, Nantes. 2004
70 - PORNICHET - École du Pouligou 74
75
76
Maîtrise d’ouvrage : Commune de Pornichet - Conception : HAUMONT-RATTIER, architectes, Châteaubriant, L’ATELIER DE LA MAISON ROUGE, architectes associés, Nantes, ATELIER HORIZONS, paysagistes, Sermaise (49). 2005
71 - REZÉ - Réhabilitation du théâtre municipal Maîtrise d’ouvrage : Commune de Rezé - Conception : ESTÈVE-BOUCHETON, architectes, Nantes. 2005
72 - REZÉ - Gymnase Arthur-Dugast
Maîtrise d’ouvrage : Commune de Rezé - Conception : ROCHETEAU-SAILLARD, architectes, Nantes. 2004
Maîtrise d’ouvrage : Société des Missions Africaines Conception : HYBRIS, architectes, Nantes. 2005
74 - SAINT-GILDAS-DES-BOIS - Mairie
Maîtrise d’ouvrage : Commune de Saint-Gildasdes-Bois - Conception : Jean-Claude PONDEVIE, architecte, La Roche-sur-Yon. 2005
75 - SAINT-HERBLAIN : Entreprise de biotechnologie Vivalis
Maîtrise d’ouvrage : Vivalis - Conception : TOPOS, architectes, Nantes. 2005
76 - SAINT-NAZAIRE - Résidence Terra Nova 77
78
Maîtrise d’ouvrage : SILÈNE - Conception : TETRARC, architectes, Nantes. 2005
77 - SAVENAY - Extension du groupe scolaire Prince Bois
Maîtrise d’ouvrage : Commune de Savenay Conception : DLW, architectes, Nantes, Karine OLIVIER, architecte associée, Nantes. 2004
78 - SAVENAY - Gendarmerie
Maîtrise d’ouvrage : Commune de Savenay (SELA maîtrise d’ouvrage déléguée) - Conception : DLW, architectes, Nantes. 2005
79 - VALLET - Maison d’habitation et bureaux Maîtrise d’ouvrage : Privée - Conception : HAUMONT-RATTIER, architectes, Châteaubriant. 2004
80 - VIGNEUX-DE-BRETAGNE - Mairie et bureau de Poste
Maîtrise d’ouvrage : Commune de Vigneux-deBretagne - Conception : ESTÈVE-BOUCHETON, architectes, Nantes. 2004
81 - PRÉFAILLES - Restauration et aménagement du littoral 79
80
81
Maîtrise d’ouvrage : Commune de Préfailles Conception : PHYTOLAB, paysagistes, Nantes, FORMA 6, architectes, Nantes. 2004
5 éditions du Prix - 141 réalisations sélectionnées - 2006 133
73 - REZÉ - Réhabilitation-extension de la maison communautaire
82 - NANTES - Maisons 110
1er Prix d’architecture ex æquo Maîtrise d’ouvrage : Privée - Conception : PO, architectes, Nantes, Thomas CANTIN, collectif FICHTRE, Nantes. 2006
83 - GUÉRANDE - Aménagement des abords de la collégiale
134 2008 - 5 éditions du Prix - 141 réalisations sélectionnées
1er Prix d’aménagement Maîtrise d’ouvrage : Commune de Guérande Conception : AUP, architectes-urbanistes, Nantes, Nicolas FÉDORENKO, plasticien, Pont-Croix (29). 2007
82
84 - VERTOU - Collège Lucie Aubrac
1er Prix d’architecture ex æquo Maîtrise d’ouvrage : Conseil général de Loire-Atlantique - Conception : FORMA 6, architectes-urbanistes, Nantes. 2007
Photographies : Stéphane CHALMEAU
83
84
5 éditions du Prix - 141 réalisations sélectionnées - 2008 135
85
136 2008 - 5 éditions du Prix - 141 réalisations sélectionnées
86
88 87
85 - SAINT-JOACHIM - Bibliothèque Louise Michel Réalisation mentionnée Maîtrise d’ouvrage : Commune de Saint-Joachim et CARENE - Conception : Yann PÉRON, architecte, Nantes, ECCE TERRA, paysagistes, Tiercé (49). 2006
86 - NANTES - Atelier C Réalisation mentionnée
Maîtrise d’ouvrage : Privée - Conception : AVIGNONCLOUET, architectes, Nantes. 2007
87 - VILLEPÔT – Restructuration
de l’îlot Mairie Réalisation mentionnée Maîtrise d’ouvrage : Commune de Villepôt et CC du Castelbriantais - Conception : HAUMONT-RATTIER, architectes, Châteaubriant. 2007 88 - MESQUER - Villa F Réalisation mentionnée Maîtrise d’ouvrage : Privée - Conception : BARRÉLAMBOT, architectes, Nantes. 2007 89
90
89 - SAINT-NAZAIRE - Requalification de l’esplanade Villès-Sautron et kiosques de restauration rapide Réalisation mentionnée
Maîtrise d’ouvrage : Ville de Saint-Nazaire Conception : ATELIER DE L’ÎLE, paysagistes, Paris, TOPOS, architectes, Nantes. 2006-2007
91 - LA BERNERIE-EN-RETZ - SAINT-NAZAIRE - PORNICHET - LE POULIGUEN - PORNIC - PRÉFAILLES - LA TURBALLE - Aménagement du littoral Réalisation mentionnée
Maîtrise d’ouvrage : les communes et la CARENE Conception : PHYTOLAB, paysagistes, Nantes, FORMA 6, architectes-urbanistes, Nantes. 2006-2007
92 - BOUGUENAIS - Maison L-R 91
92
Maîtrise d’ouvrage : Privée - Conception : AVIGNONCLOUET, architectes, Nantes. 2006
93 - CARQUEFOU - Espace sportif « Le Souchais »
Maîtrise d’ouvrage : Commune de Carquefou Conception : MURAIL Architectures, Nantes, DUPEUX-PHILOUZE, architectes associés, Rennes, Jacques LE BRIS, paysagiste associé, Nantes. 2007
94 - NANTES : Crèche « Le jardin des poupies »
Maîtrise d’ouvrage : Association La Maison des Poupies - Conception : TOPOS, architectes, Nantes. 2007
95 - NANTES - Centre d’incendie et de secours « Gouzé »
Maîtrise d’ouvrage : EPDIS de Loire-Atlantique Conception : BARRÉ-LAMBOT, architectes, Nantes. 2006
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Photographies : Stéphane CHALMEAU
5 éditions du Prix - 141 réalisations sélectionnées - 2008 137
90 - BOUGUENAIS - Extension-rénovation du groupe scolaire Dolto-Le Verrier
Maîtrise d’ouvrage : Commune de Bouguenais Conception : Michel TAILLANDIER, architecte, Nantes. 2007
96 - NANTES - Plateforme logistique de l’hôpital St-Jacques
Maîtrise d’ouvrage : CHU de Nantes - Conception : AIA, architectes, Nantes, Atelier de la Rize, Nantes. 2007
97 - NANTES - Immeuble de la rue du DRAC Maîtrise d’ouvrage : Ville de Nantes - Conseil général de Loire-Atlantique - Conception : GAROBOIXEL, architectes, Nantes. 2007
98 - NANTES - Extension de l’UFR de Droit et de Sciences Politiques
Maîtrise d’ouvrage : Université de Nantes - Conception : ROCHETEAU-SAILLARD, architectes, Nantes. 2006
99 - NANTES - Médiathèque Floresca Guépin Maîtrise d’ouvrage : Ville de Nantes / Nantes Aménagement - Conception : FORMA 6, architectes-urbanistes, Nantes. 2007
100 - NANTES - La folle maison
Maîtrise d’ouvrage : Privée - Conception : Agence CUBE, architectes, Nantes. 2007
101 - NANTES - Réhabilitation d’une agence d’architecture
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Maîtrise d’ouvrage : Privée - Conception : Yann PÉRON, architecte, Nantes. 2006
102 - NANTES - Équipement associatif « Les Garennes »
Maîtrise d’ouvrage : Ville de Nantes - Conception : Agence DRODELOT, architectes, Nantes. 2006
103 - NANTES - Immeuble ARBORÉA
138 2008 - 5 éditions du Prix - 141 réalisations sélectionnées
Maîtrise d’ouvrage : Privée - Conception : TETRARC, architectes, Nantes, Jack TROUSSICOT, architecte asscocié, Les Sables-d’Olonne. 2006
104 - REZÉ - Norkiouse
Maîtrise d’ouvrage : La Nantaise d’Habitations - Conception : BARRÉ-LAMBOT, architectes, Nantes. 2006
105 - ST-JULIEN-DE-CONCELLES - La Grange
Maîtrise d’ouvrage : Privée - Conception : Stéphanie NEAU, architecte, St-Julien-de-Concelles. 2006
106 - SAINT-NAZAIRE - Alvéole 14
Maîtrise d’ouvrage : Ville de Saint-Nazaire / SONADEV - Conception : LIN, architectes, Berlin et Paris. 2007
107 - SAINT-NAZAIRE - Les Hauts de Joalland Maîtrise d’ouvrage : SILÈNE - Conception : I.D.E.A., architectes, Nantes. 2007
108 - SAINT-NAZAIRE - Agence d’architecture et restaurant
Maîtrise d’ouvrage : Privée - Conception : ARLAB, architectes, Paris et Saint-Nazaire. 2007
109 - TRIGNAC - Logements semi-collectifs
Maîtrise d’ouvrage : Logi Ouest - Conception : Agence DRODELOT, architectes, Nantes. 2006
110 - MESQUER - Place du port de Kercabellec
Maîtrise d’ouvrage : Commune de Mesquer - Conception : Anne MAGUERO, paysagiste, Nantes. 2004
111 - LA CHAPELLE-DES-MARAIS -Aménagement du secteur du Pré de la Cure Maîtrise d’ouvrage : Commune de La Chapelledes-Marais - Conception : Ronan DESORMEAUX, paysagiste, Rennes. 2007
112 - ST-HERBLAIN - La route de Vannes
Maîtrise d’ouvrage : Nantes Métropole - Conception : TETRARC, architectes, Nantes. 2006 Photographies : Stéphane CHALMEAU
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5 éditions du Prix - 141 réalisations sélectionnées - 2008 139
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113 - SAINT-NAZAIRE - Ensemble de logements XT 110 - Botanica
1er Prix d’architecture Maîtrise d’ouvrage : Atlantique Développement Immobilier - Conception : BARRÉ-LAMBOT, architectes, Nantes, Florence MARTY, paysagiste, Antibes. 2009
114 - LES SORINIÈRES - Nouveau cimetière Beausoleil
140 2010 - 5 éditions du Prix - 141 réalisations sélectionnées
1er Prix d’aménagement Maîtrise d’ouvrage : Nantes Métropole et commune des Sorinières - Conception : Atelier Philippe MADEC, architectes, Rennes. 2009
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115 - BOUVRON - Salle culturelle et festive « Horizinc » Réalisation mentionnée
Maîtrise d’ouvrage : Commune de Bouvron Conception : A+H Agence ROULLEAU, architectes, Nantes. 2009
116 - CORCOUÉ-SUR-LOGNE - Groupe scolaire « L’Odyssée » et ses abords
Réalisation mentionnée Maîtrise d’ouvrage : Commune de Corcoué-sur-Logne - Conception : Agence DRODELOT, architectes & associés, Nantes, ZÉPHYR, architectes-paysagistes, Nantes. 2009
117 - VERTOU - Parc des sports des Echa-
lonnières Réalisation mentionnée Maîtrise d’ouvrage : Commune de Vertou - Conception : BARRÉ-LAMBOT, architectes, Nantes. 2008 118 - INDRE - Reconquête des quais de Loire Réalisation mentionnée Maîtrise d’ouvrage : Nantes Métropole et commune d’Indre - Conception : FORMA 6, architectesurbanistes mandataires, Nantes, PHYTOLAB, paysagistes, Nantes. 2009
Photographies : Philippe RUAULT
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5 éditions du Prix - 141 réalisations sélectionnées - 2010 141
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119 - ANCENIS - Résidence et foyer de jeunes travailleurs « L’Escale Théophile Leroux »
Maîtrise d’ouvrage : Atlantique Habitations et Atrealis Résidences - Conception : Atelier PELLEGRINO, architectes, Nantes. 2008
120 - BATZ-SUR-MER - Maison « La MW »
Maîtrise d’ouvrage : Privée - Conception : KEN EN SO, architectes, Nantes. 2009
121 - CARQUEFOU - Bureaux « Logica »
Maîtrise d’ouvrage : Espace Performance, Saint-Grégoire (35) - Conception : Agence UNITÉ, architectes, Nantes, Jacques RAFFEGEAU, architecte, Rennes. 2009
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122 - CHÂTEAUBRIANT Conservatoire intercommunal
Maîtrise d’ouvrage : Communauté de communes du Castelbriantais - Conception : Jean-Claude PONDEVIE, architecte, La Roche-sur-Yon. 2008
123 - NANTES - EHPAD Sainte-Famille de Grillaud
120
Maîtrise d’ouvrage : La Nantaise d’Habitations - Conception : A+H ROULLEAU, architectes, Nantes. 2009
124 - COUËRON - Espace culturel et associatif de la Tour à Plomb et sa cour
142 2010 - 5 éditions du Prix - 141 réalisations sélectionnées
Maîtrise d’ouvrage : Commune de Couëron Conception : Sophie BLANCHET, architecte-urbaniste, La Rochelle, Agence MAGNUM, architecte, Nantes, ZÉPHYR, architectes-paysagistes, Nantes. 2009
125 - LA BAULE-ESCOUBLAC Maison « Cabrette »
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Maîtrise d’ouvrage : Privée - Conception : KEN EN SO, architectes, Nantes. 2009
126 - NANTES - Ecole nationale supérieure d’architecture
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Maîtrise d’ouvrage : Ministère de la Culture - DRAC des Pays de la Loire - Conception : LACATON & VASSAL, architectes, Paris. 2009
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Photographies : Philippe RUAULT
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127 - NANTES - Ensemble de logements « La Sécherie »
Maîtrise d’ouvrage : La Nantaise d’Habitations Conception : BOSKOP, architectes, Lille. 2008
128 - NANTES - Immeuble de bureaux « L’Atrium »
Maîtrise d’ouvrage : Cil Atlantique et la Nantaise d’Habitations - Conception : ALTER SMITH, architectes, Nantes. 2008
129 - NANTES - Maison de l’avocat
Maîtrise d’ouvrage : Ordre des avocats - Conception : FORMA 6, architectes-urbanistes, Nantes. 2009
130 - NANTES - Immeubles de logements « Habitat Delrue »
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Maîtrise d’ouvrage : Atlantique Habitations et Bâti Nantes - Conception : Agence UNITÉ, architectes, Nantes, Yannick BOHUON, architecte associé, Rezé. 2009
131 - NANTES - Multi-accueil « Les Ti ‘Canailloux »
Maîtrise d’ouvrage : Association « Les Ti’Canailloux » - Conception : TOPOS, architectes, Nantes. 2009 128
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132 - NANTES - Site du Tripode Îlot B
133 - PUCEUL - Hôtel d’entreprises
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Maîtrise d’ouvrage : Communauté de communes de la région de Nozay - Conception : GLV, architectes, Nantes. 2009
134 - SAINT-HERBLAIN Unité de thérapie génique
Maîtrise d’ouvrage : L’Etablissement français du sang - Conception : TOPOS, architectes, Nantes. 2009
135 - SAINT-MICHEL-CHEF-CHEF Médiathèque « Lettres de mon moulin »
Maîtrise d’ouvrage : Commune de Saint-Michel-ChefChef - Conception : (MÛRISSERIE) PARENT-RACHDI, architectes, Nantes. 2009
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Photographies : Philippe RUAULT
5 éditions du Prix - 141 réalisations sélectionnées - 2010 143
Maîtrise d’ouvrage : La Nantaise d’Habitations (logements) - ADIM (bureaux) - Conception : BARRÉ-LAMBOT, architectes mandataires, Nantes, BERRANGER & VINCENT, architectes associés, Nantes (logements), Florence MARTY, paysagiste, Antibes. 2009
136 - SAINT-NAZAIRE - Ensemble urbain « Le Ruban Bleu »
Maîtrise d’ouvrage : Ville de Saint-Nazaire Conception : REICHEN et ROBERT & associés, architectes-urbanistes, Paris, Platform architectures, architectes, Paris. 2008
137 - SAINT-NAZAIRE - Immeubles de logements « Nouvelle vague »
Maîtrise d’ouvrage : Atlantique Littoral Promotion (Crédit immobilier de Saint-Nazaire) - Conception : Olivia CHAUMONT, architecte, Paris. 2009
138 - LA PLANCHE - Le jardin de la mairie Maîtrise d’ouvrage : Commune de La Planche Conception : BOUCHETON, architecte-urbaniste mandataire, Nantes, PHYTOLAB, paysagistes, Nantes. 2006
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139 - SAINT-NAZAIRE - Immeuble de bureaux « Mariongaux »
Maîtrise d’ouvrage : SCI Mariongaux Conception : A+H Agence ROULLEAU, architectes, Nantes. 2009
140 - LE PELLERIN - Le quai Provost et le site Bikini
Maîtrise d’ouvrage : Nantes Métropole Conception : PHYTOLAB, paysagistes mandataires, Nantes, TETRARC, architectes, Nantes. 2009
144 2010 - 5 éditions du Prix - 141 réalisations sélectionnées
141 - PORNICHET et SAINT-NAZAIRE Le chemin piétonnier PREFAILLES - La Grande Plage
Maîtrise d’ouvrage : CARENE (chemin piétonnier) Commune de Préfailles (Grande Plage) Conception : PHYTOLAB, paysagistes mandataires, Nantes, FORMA 6, architectes-urbanistes, Nantes. 2009 (chemin piétonnier) - 2005 (Grande Plage)
Photographies : Philippe RUAULT
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