AGRICULTURES & PAYSAGES
lundi 8 juillet 2013
Dessine-moi un paysage BIO
soirée ciné-débat-dégustation cinéma Grand-Ecran à Libourne
RETOUR SUR LE DÉBAT... "le paysage, (...) un outil de conception de l’espace agricole, qui peut permettre de l’améliorer en terme agronomique." - Rémi Janin Dans le documentaire "Dessine-moi un paysage bio", la Bergerie Nationale de Rambouillet revient sur des politiques, pratiques et initiatives d’agriculteurs qui invitent à agir différement... L’auteure réalisatrice, Lamia Otthoffer, s’applique à défendre une vision prometteuse en faveur d’une agriculture de qualité. Ici, il ne s’agit pas d’évoquer les dérives de l’agriculture Bio, mais bel et bien de relayer des expériences de qualité en lien avec un territoire, en relation avec un paysage.
L’innovation par l’expérience individuelle
Le film souhaite aborder la question du territoire au delà du cadre limité du projet agricole individuel. Paradoxallement les démarches d’innovations restent bien souvent isolées : un agriculteur décide d’expérimenter une manière de cultiver, à un moment donné, encouragé par un environnement ou une géographie favorable. Il convient donc de s’interroger sur le portage réel des politiques pour soutenir une agriculture différente ? Seules les expériences agricoles "reliées" peuvent constituer une pression pour faire évoluer les choix politiques.
Des territoires engagés
Les territoires présentés illustrent déjà des volontés politiques, des choix affirmés en matière d’agriculture biologique. Ici, les politiques ont pris en compte les réalités du terrain, pour les traduire en politiques publiques (soutien à l’agriculture Bio, financement, mise en place de réseaux...). Ces dynamiques divergent en fonction des contextes territoriaux. Ainsi, les régions qui ont souffert d’une déprise agricole defendent plus volontier une agriculture de qualité. Elles y voient un outil pour redynamiser les populations et les territoires. A contrario, dans de grandes régions céréalières ou viticoles le Bio reste une démarche marginale.
Et le paysage dans tout ça ?
La gestion d’une structure agricole en Bio ne peut être dissociée des dynamiques paysagères. Toutefois, les agriculteurs pensent tout d’abord à contrôler leur système, en s’attachant à leurs préocupations économiques. Si l’amélioration de leurs pratiques se répercute plus tard sur le paysage et l’agrosystème, il est important de s’appuyer directement sur le paysage bien avant la restructuration de la ferme dans un système adapté au passage en bio.
Le paysage, fondement d’une agriculture
Pour certains agriculteurs, le paysage dicte la pratique ! En permaculture, le paysage est la base de l’aménagement spatial de la ferme. Pendant un an, les permaculteurs observent leur environnement avant d’envisager les cultures et pâturages les mieux adaptés suceptibles d’être associés. Pour assurer la qualité de leurs cultures, ils s’attachent à travailler avec les lisières, les formes et les liens entre les différents éléments du paysage (haies et eau, parcelles et sol...). En biodynamie, les agriculeurs ont aussi ce rapport au paysage et à leur territoire. Ils s’approprient les différentes structures paysagères pour développer au mieux leurs cultures. Le paysage devient, de fait, un outil pour améliorer leur système de production.
Un outil agronomique
En agriculture, le paysage n’est pas seulement une vision esthétique ou culturelle d’une étendue, c’est aussi une question d’agronomie. Dès le XVe siècle, Olivier de Serres in "Théâtre d’agriculture et mesnages des champs" parle de projet agricole spatial et intègre la notion de paysage comme outil de gestion agronomique de la ferme.
"La forme de la parcelle et la nature du sol sont plus importantes que sa taille"
Bio ou Conventionnelle, écart de production ?
En général, la productivité est plus faible de 10 à 30 %, cela varie en fonction du système et du territoire. La réduction de la production ne peut être perçue à court terme mais plutôt dans la durée. Le système Bio résiste mieux aux intempéries climatiques et aux maladies. Puisqu’en Bio, on est censé utiliser des variétés plus rustiques, favoriser les combinaisons de culture qui vont s’équilibrer les unes aux autres... Finalement une saison agricole conventionnelle sera plus productive qu’en Bio, mais le Bio aura un gain de qualité et son système sera plus résistant sur la durée.