Diagnostic productivo-résidentiel des territoires de la région Centre

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Diagnostic « productivo-résidentiel » des territoires de la région Centre Laurent Davezies – Oeil-Université Paris 12 Juillet 2007

Les périmètres d’étude : 1- Le volet urbain a- L’analyse des 19 aires urbaines(ou fractions d’aires urbaines) du Centre: :

2- Dix pays choisis du Centre

3- Cinq pays du Cher (avec décomposition en deux parties du Pays Sancerre-Sologne)

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4- L’Axe ligérien Les Zones d’Emploi du Centre ...

et les quatre qui constituent l’Axe Ligérien

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En préalable d’un diagnostic de « développement territorial », il convient d’avoir une définition de ce qu’est ce développement territorial en tant que tel, et, pour les acteurs locaux, de se doter d’un objectif clair et cohérent sur ce qu’ils entendent que soit le futur de leur territoire. La littérature académique ou politico-administrative n’offre aucune définition explicite et établie du contenu de ce qu’est de développement local ou régional. Les facteurs du développement productif (la compétitivité productive, le PIB par emploi ou habitant,…) ont fini par occuper l’ensemble du champ du développement et sont généralement confondus avec ses effets attendus (l’amélioration durable du bien-être de la population). Le développement comme processus fait l’objet d’une abondante littérature (des fonctions de production des économistes aux analyses sociologiques de la « gouvernance »), mais on ne trouve rien d’articulé sur le contenu du développement. D’où le désarroi analytique et politique face à des situations locales associant système productif brillant et crise sociale et démographique ou, à l’inverse, sous-développement productif et bonne santé sociale… Ce qui apparaît aujourd’hui comme la seule approche analytique rendant compte de la nature et des facteurs du développement d’un territoire est l’ancienne « théorie de la base économique », datant de plus d’un siècle et généralement oubliée (mais maintenue et transmise par quelques auteurs comme Loeiz Laurent, l’ancien directeur de l’Insee Bretagne). Dans cette approche, le développement d’un territoire repose sur deux facteurs : (i) sa capacité à maximiser les flux de revenus –appelé « base économique »- en provenance du reste du monde (y compris de la France) et (ii) l’intensité de la circulation monétaire interne (i.e. la propension des ménages du territoire à consommer localement). Le développement , en tant que résultat, est exprimé en termes d’emplois, de revenus et de croissance démographique du territoire. Cette approche par les revenus permet de rendre compte de ce qu’est la réalité du développement de la population locale et de ses enjeux1. Le "secteur basique" est celui qui apporte toutes sortes de revenus captés hors de la ville. L’autre secteur de la ville est le "secteur domestique" dont le développement est induit par la base économique par des mécanismes multiplicateurs d'emploi et de revenu. Il s'agit de secteurs d'activité produisant des biens et des services vendus localement (boulangers, médecins, commerçants, aides ménagères…). Ces secteurs, et la population qu'ils font vivre, dépendent de la demande locale et du revenu local eux-mêmes déterminés par la base et par la propension à consommer localement de la population . Il y a donc deux secteurs économiques locaux : l’un exposé à la concurrence avec les autres territoires et le reste du monde, l’autre protégé de la concurrence et qui permet aux actifs les plus vulnérables d’être employés , inclus dans la société locale, par le biais d’activité à faible productivité et à ajustement structurel lent. L’excellence et la vulnérabilité peuvent ainsi cohabiter d’autant plus positivement (et par des mécanismes de solidarité d’abord marchands) que les flux de revenus basiques et leur propension à stimuler les dépenses locales sont élevées. Une des leçons d’un exercice d’évaluation des bases économiques des villes françaises (carte 1a) réside dans le fait que la part des revenus basiques directement issus d’une activité productive marchande locale est partout largement inférieure à ce que constituent la somme

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Pour des développements conceptuels et méthodologiques, voir : Davezies L. (2004) "Temps de la production et temps de la consommation: les nouveaux aménageurs du territoire?" n° 295 Futuribles. Mars 2004. Davezies Laurent (2000) "Revenu et territoires" in Le développement local, Rapport du Conseil d'Analyse Economique n°31 ,Paris. La Documentation Française. 15 pages

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des revenus publics (salaires publics) et des revenus résidentiels (retraites, touristes et salaires d’actifs employés ailleurs).

Carte 1 a: La structure des bases économiques des grandes villes françaises (aires urbaines) en 1999.

Le « tout-productif », ne garantit donc pas une maximisation du revenu basique (tout en ayant, on l’a dit, une forte propension à exclure les actifs peu ou pas qualifiés). Le « toutrésidentiel » a ses limites également : il se traduit par la consommation d’une rente résidentielle non-renouvelable et qui peut un jour s’épuiser, quand le résidentiel n’est pas utilisé comme levier du développement productif, comme on l’observe actuellement par exemple sur la Côte d’Azur. Le modèle qui apparaît, à l’examen2, le plus dynamique, par comparaison entre les territoires français est celui de l’ équilibre, associant créations de richesses par la production et revenus résidentiels et publics . C’est ce que l’on trouve par exemple à Annecy ou à Nantes. Qu’en est-il des territoires de la région Centre ?

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Davezies (2003), déjà cité 4


Volet 1 : Les territoires urbains de la région Centre : les 19 aires urbaines Sur les 2,44 millions habitants de la région Centre en 1999, 1,66 million vivent dans 19 aires urbaines et , si l’on ajoute les communes multipolarisées, 1,8 millions vivent dans un espace urbain, soit 74% de la population régionale. Pour arriver à ce total de 19 aires urbaines à étudier, il a fallu : -

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négliger les aires urbaines qui ne font qu’effleurer la région Centre : celle de Nevers qui n’a que deux communes dans le Cher et celle de Châtellerault qui n’en a que deux dans l’Indre et Loire ; à la demande de la maîtrise d’ouvrage, intégrer à l’AU de Montargis les communes de Corbeilles , Le Bignon-Mirabeau, Chevannes , Chevry-Sous-Le-Bignon, Courtempierre , Dordives, Ferrieres , Fontenay-Sur-Loing, Griselles , Nargis, Préfontaines et Sceaux du gâtinais ; intégrer, également, à l’AU d’Orléans les communes de Beaugency , ChateauneufSur-Loire, Tavers et Artenay ; ne tenir compte que de la partie des aires urbaines bi-régionales se trouvant dans la région Centre. C’est le cas pour :

l’aire urbaine de Paris dont 83 000 habitants (soit 0,7%) se trouvent dans des communes de la région Centre ; l’aire urbaine de Dreux dont six communes se trouvent dans le département de l’Eure, en Haute Normandie. La partie étudiée est donc l’AU de Dreux tronquée des 4 500 habitants de ces six communes (soit 8% de la population de l’AU ). L’aire urbaine de Nogent le Rotrou, dont huit communes se trouvent dans le département de l’Orne, en Basse Normandie. La partie étudiée est donc l’AU de Nogent le Rotrou tronquée des 5 000 habitants de ces huit communes (soit 24,5% de la population de l’AU).

On arrive ainsi à 19 aires urbaines, « ajustées » pour certaines d’entre elles.

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L’analyse des moteurs du développement des villes de la région Centre Avant de procéder à la décomposition et à l’analyse des moteurs du développement des aires urbaines de la région Centre, il convient d’apprécier les quelques indicateurs de leur développement, aux premiers rangs desquels la démographie, l’emploi et le revenu. La dynamique de peuplement des aires urbaines du Centre Comme le montre le tableau 1, globalement les 19 aires urbaines ont vu leur population augmenter plus rapidement que celle de la Province. Beaucoup plus rapidement dans la période 1975-1990, un petit peu plus dans la dernière période intercensitaire 1990-19993. De façon générale, la croissance démographique dans la région est une affaire urbaine, les autres communes de la région n’ayant progressé que faiblement entre 1990 et 1999 : 1% contre 4% pour le total des aires urbaines. Tableau 1 : évolution démographique des aires urbaines de la région Centre AU Tours AU Orléans AU Chartres AU Bourges AU Blois AU Chateauroux AU Paris (Centre) AU Montargis AU Dreux AU Vierzon AU Vendome AU Romorantin AU Chateaudun AU Gien AU Amboise AU St Amand AU Issoudun AU Pithiviers AU Nogent le R. Total 19 AU Province Ile de France France

population population population population 1975-1999 1990-1999 1975 1982 1990 1999 308 448 331 959 353 790 376 374 22,0% 6,4% 284 385 314 054 346 052 373 109 31,2% 7,8% 101 706 112 437 125 760 130 681 28,5% 3,9% 114 230 120 257 125 365 123 584 8,2% -1,4% 97 048 104 050 112 093 116 544 20,1% 4,0% 87 468 90 227 91 895 91 020 4,1% -1,0% 52 014 62 692 75 157 83 283 60,1% 10,8% 66 873 71 318 75 274 78 454 17,3% 4,2% 47 960 52 019 56 760 53 524 11,6% -5,7% 41 827 41 863 41 114 38 525 -7,9% -6,3% 30 095 31 786 33 094 34 159 13,5% 3,2% 23 783 25 999 27 286 28 295 19,0% 3,7% 23 261 23 970 23 687 23 728 2,0% 0,2% 19 669 22 144 23 458 22 575 14,8% -3,8% 18 435 19 598 20 642 21 725 17,8% 5,2% 19 864 20 002 20 100 19 787 -0,4% -1,6% 19 692 18 709 18 381 18 388 -6,6% 0,0% 15 195 15 352 16 050 16 612 9,3% 3,5% 15 732 15 926 15 474 15 447 -1,8% -0,2% 1 387 685 1 494 362 1 601 432 1 665 814 20,0% 4,0% 42 713 019 44 261 812 45 954 601 47 566 384 11,4% 3,5% 9 878 565 10 073 059 10 660 554 10 952 011 10,9% 2,7% 52 591 584 54 334 871 56 615 155 58 518 395 11,3% 3,4%

Source : d’après Insee Note : trame verte si>Province, rouge si <0

Cette croissance démographique n’est pas, et loin de là, le fait de toutes les aires urbaines de la région. Si certaines aires urbaines connaissent une progression rapide, comme Orléans, Tours ou Amboise, d’autres enregistrent un déclin marqué : Vierzon et Dreux perdent pratiquement 6% de leur population entre 1990 et 1999. Ce n’est que la continuation d’un déclin antérieur à Vierzon, mais c’est plus nouveau à Dreux qui avait connu une forte croissance entre 1975 et 1990. La partie régionale de l’aire urbaine de Paris, qui se situe pour l’essentiel en Eure et Loire, est le territoire urbain qui connaît, et de loin, la plus forte progression. De façon générale, on observe (graphe 2) une relation taille-dynamique démographique dans la période passée : sur la période 1975-1999, big is beautiful, on note que plus une ville de la région est peuplée, plus nette est sa croissance démographique. En revanche, si cette loi reste à peu près vérifiée sur la période 1990-1999, c’est de façon beaucoup moins nette, avec le 3

On ne présente pas ici d’analyse de l’évolution 1999-2004, dans la mesure où les données posent des problèmes de comparaison entre un comptage exhaustif en 1999 et un sondage en 2004... 6


décrochage de villes comme Dreux, Gien et dans une moindre mesure de Vendôme ou Châteauroux. Graphe 2 : Relation entre taille des aires urbaines du Centre et croissance de leur population. 1975-1999 et 1990-1999 1990-1999

1975-1999 70,0%

12,0%

60,0%

10,0% 8,0%

50,0%

6,0% 40,0%

4,0% 30,0%

2,0% 20,0%

0,0% 10 000

10,0% 0,0% 10 000

100 000

1 000 000

-2,0%

100 000

-4,0%

1 000 000

-10,0%

-6,0%

-20,0%

-8,0%

Source : d’après Insee Note : en abscisse, population en logarithme

En termes de départements, là encore des écarts marqués, avec d’un côté, au Sud, le Cher dont les trois aires urbaines, Bourges, Vierzon et St Amand, enregistrent un recul de leur population entre 1990 et 1999, ou l’Indre avec le recul de Châteauroux et la stagnation d’Issoudun. Au Nord, l’Indre et Loire bénéficie du fort dynamisme de Tours et d’Amboise, le Loiret de celui d’abord d’Orléans, mais aussi, dans une moindre mesure de Montargis et de Pithiviers, en dépit du recul de l’aire urbaine de Gien. Les trois aires urbaines du Loir et Cher, Blois, Romorantin et Vendôme connaissent une croissance moyenne Le département de l’Eure et Loir enregistre des performances urbaines contrastées, avec le recul de Dreux et de Nogent le Rotrou, la stagnation de Châteaudun, la croissance moyenne de Chartres ... et la très forte progression de sa part dans l’aire urbaine de Paris. En bref, on observe de fort contrastes d’évolution urbaine entre d’une part un Y penché comprenant un axe ligérien auquel se rajoutent les deux branches vers Paris et vers Montargis et d’autre part, le reste du système urbain de la région dans lequel la plupart des villes connaissent une certaine stagnation voire un repli . Si 7 des 19 aires urbaines considérées voient leur population reculer entre 1990 et 1999, ce sont 9 d’entre elles qui enregistrent un solde migratoire négatif (tableau 4). De façon générale, ce sont les mêmes villes dont la population recule qui ont des soldes migratoires négatifs, et vice-versa. Mais on voit plusieurs exceptions apparaître : des petites aires urbaines comme Issoudun ou St Amand conservent un solde migratoire positif alors que leur population recule ! Leur recul procède d’un déficit naturel lié à un fort vieillissement de la population . Les plus de 60 ans y représentent respectivement 26,3% et 28,7% de la population, en 1999, contre 21,3% en moyenne en France ! Leur solde migratoire positif s’explique en large partie par leur capacité à attirer des retraités (ils expliquent 60% du solde migratoire d’Issoudun et l’intégralité de celui de St Amand). On observe le cas inverse, d’aires urbaines dont le solde migratoire est négatif tout en conservant une croissance significative de leur population. C’est

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le cas, de façon générale de la région parisienne, qui ne progresse que par le jeu des mécanismes naturels. Dans la région Centre, c’est le cas de Pithiviers et de Chartres. Il s’agit d’aires urbaines dotées d’une population jeune (les moins de 19 ans y représentent respectivement 26,3% et 26,9% de la population, contre 24,6% pour la moyenne nationale) dont la natalité permet de compenser les effets migratoires négatifs. L’aire urbaine de Dreux, dont la population diminue, se trouve être la championne des 19 aires urbaines à la fois pour la part des jeunes dans la population (31%) et pour le plus mauvais solde migratoire 1990-99 (-14%). Carte 3 : Variation 1990 – 1999 de la population des communes des aires urbaines de la région Centre

Source : d’après Insee

Tableau 4 : Soldes naturel et migratoire des aires urbaines de la région Centre. 1982 – 1990 et 1990 - 1999 AU Tours AU Orléans AU Bourges AU Chartres AU Blois AU Chateauroux AU Montargis AU Paris (Centre) AU Dreux AU Vierzon AU Vendome AU Romorantin AU Chateaudun AU St Amand AU Issoudun AU Gien AU Amboise AU Nogent le R. AU Pithiviers Total 19 AU Province Ile de France France

solde solde solde naturel solde naturel migratoire migratoire 1982-90 1990-99 1982-90 1990-99 4,7% 4,1% 1,9% 2,3% 6,3% 5,9% 3,9% 1,9% 3,8% 3,2% 0,4% -4,6% 6,6% 5,8% 5,2% -1,9% 4,0% 3,8% 3,8% 0,2% 2,5% 2,3% -0,6% -3,2% 1,7% 1,8% 3,8% 2,4% 3,4% 3,6% 16,5% 7,2% 10,7% 8,0% -1,5% -13,7% 0,9% -0,8% -2,7% -5,5% 1,9% 1,2% 2,2% 2,0% 0,6% 1,3% 4,4% 2,4% 3,2% 2,2% -4,4% -2,0% -1,6% -1,9% 2,1% 0,4% -1,6% -1,3% -0,1% 1,3% 4,2% 2,2% 1,8% -6,0% 1,3% 1,3% 4,1% 3,9% 2,1% 0,8% -4,9% -1,0% 3,5% 4,1% 1,1% -0,6% 4,4% 3,9% 2,8% 0,1% 2,7% 2,3% 2,3% 1,2% 6,3% 7,4% -5,4% -4,6% 3,4% 3,3% 0,9% 0,1%

Source : d’après Insee Note : trame verte si>Province, rouge si <0

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Cartes 5 : Soldes naturel et migratoire des communes des aires urbaines de la région Centre. 1982 – 1990 et 1990 - 1999

Source : d’après Insee

L’emploi dans les aires urbaines de la région Centre Le milieu urbain de la région Centre enregistre, au total, des performances d’évolution de l’emploi moins bonnes que ce que suggérait son dynamisme démographique. L’emploi total des 19 aires urbaines a progressé au même rythme, 4,3%, entre 1990 et 1999, que celui de la Province (urbain et rural compris), et l’emploi salarié privé a augmenté moins rapidement, avec +17,6%, que celui de la Province (19,4%). Là encore, comme le montre le tableau 6 des contrastes importants entre les aires urbaines. La première chose frappante est le décrochage de l’aire de Tours par rapport à celle d’Orléans. Voilà une paire d’aires urbaines de peuplement pratiquement égal (Orléans 373 000 et Tours 376 000 en 1999), dont la plus peuplée (Tours) dispose de moins d’emplois qu’Orléans (11 000 de moins en 1999) et de nettement moins d’emplois salariés privés (20 000 de moins en 2003). En dynamique, c’est plus net encore : Orléans, avec un taux de croissance de sa population 20% supérieur à celui de Tours (7,8% contre 6,4%) enregistre un taux de croissance de son emploi deux fois plus rapide (9% contre 4,5%) et de son emploi salarié privé 1,6 fois plus rapide. Ces données classent l’aire urbaine d’Orléans dans la division des grandes villes françaises dynamiques, avec des Nantes, des Rennes ou des Toulouse, pas celle de Tours.

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Tableau 6 : Variation de l’emploi total et de l’emploi salarié privé des aires urbaines de la région Centre. 1990 – 1999 et 1993 - 2003

AU Orléans AU Tours AU Chateauroux AU Bourges AU Amboise AU Vierzon AU Vendome AU St Amand AU Romorantin AU Pithiviers AU Paris (Centre) AU Nogent le R. AU Montargis AU Issoudun AU Gien AU Dreux AU Chateaudun AU Chartres AU Blois Total 19 AU Province Ile de France France

1990-99 1990-99 emploi total emploi total 13 550 9,0% 6 560 4,5% 1 644 4,1% 88 0,2% 811 9,1% -1 865 -12,0% -87 -0,6% -269 -3,3% 1 070 8,9% 583 7,8% 423 2,0% 14 0,2% 627 2,3% -159 -2,0% 486 5,0% -1 365 -5,7% 671 6,7% 3 801 7,6% 2 072 4,3% 28 655 4,3% 737 226 4,3% -33 250 -0,7% 703 976 3,2%

1993-2003 1993-2003 emplois emplois salariés salariés privés privés 25 388 26,1% 14 045 15,8% 3 679 15,1% 4 759 15,6% 868 15,7% 396 4,6% 1 476 17,3% -28 -0,6% 1 176 15,5% 558 11,4% 1 012 7,0% 1 242 26,1% 3 600 21,1% 649 12,0% 725 11,1% 222 1,4% 972 19,3% 6 852 21,6% 4 866 15,3% 72 457 17,6% 1 905 296 19,4% 439 461 12,4% 2 344 757 17,5%

Source : d’après Insee et Unedic Note : trame verte si>Province, rouge si <0

Globalement, il n’y a que 8 des 19 aires urbaines de la région qui fassent mieux, en progression de l’emploi total, que la moyenne de la Province française et cinq d’entre elles enregistrent même un recul absolu entre 1990 et 1999 : Vierzon, Dreux, St Amand, Issoudun et Vendôme. Du point de vue de l’emploi salarié privé, la situation est plus inquiétante encore : seules 5 des 19 aires urbaines ont une progression plus rapide entre 1993 et 2003 que le total de la Province : Orléans, Nogent le Rotrou, Montargis, Châteaudun et Chartres. Une seule, St Amand, voit son emploi salarié privé régresser entre 1993 et 2003. De façon générale, les évolutions démographiques et des deux types d’emplois sont liées, mais selon des modalités (ou une équation) particulières (voir le graphe 8) . En effet, on peut calculer, par régression sur ces 19 aires urbaines, que l’emploi total ne se met à régresser qu’à partir du moment où la croissance démographique d’une ville est inférieure à –1,5%. L’emploi salarié privé, qui augmente partout beaucoup plus vite, est encore plus amical : la droite de régression montre qu’il faudrait que la population recule de 10% -ce qui n’est le cas d’aucune ville de la région- pour que son évolution soit négative. On observe globalement, dans la région, deux « lois » : la croissance de l’emploi des villes est liée (i) à leur taille et (ii) à leur dynamique démographique. Ces deux lois ne s’appliquent pas mécaniquement et on observe des écarts : à taille égale, l’aire urbaine d’Orléans fait nettement mieux que celle de Tours. Comme le montre le graphe 7, avec le taux de croissance d’Orléans, Tours aurait enregistré une croissance supplémentaire de 6 600 emplois (soit un doublement des créations nettes). A taille égale, Chartres fait beaucoup mieux que Bourges, avec une création nette de 3 800 emplois contre une centaine dans cette dernière... Romorantin4 et Vierzon, de tailles comparables, sont dans des situations opposées la première engrange une croissance de 9% de son emploi entre 1990 et 1999 quand la seconde en perd

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l’évolution ultérieure de l’aire urbaine de Romorantin sera nettement moins favorable, avec une perte nette de 2 800 emplois salariés privés entre 2003 et 2004... 10


12%5. Dans les petites aires urbaines de la région se constitue deux groupes distincts : le premier, dont les performances de créations nettes d’emploi sont les meilleures : Amboise, Romorantin, Pithiviers, Châteaudun ou Gien en font partie. Le second groupe enregistre une stagnation ou un repli de son emploi. On y retrouve Nogent le Rotrou, Vendôme, Issoudun, Saint Amand et Vierzon. La relation entre la croissance de l’emploi total ou l’emploi salarié privé et la croissance démographique est plus nette encore (graphe 8). La plupart des villes « sont dans le modèle », ce qui montre bien que dynamique démographique et de l’emploi sont très liées. La question étant de savoir, et on y reviendra plus bas si c’est l’emploi qui conditionne la démographie ou si c’est l’inverse... On observe cependant une exception marquée au modèle, avec Nogent le Rotrou, une aire urbaine qui connaît en même temps une stagnation de sa population et une croissance vive de son emploi salarié privé. Il convient cependant de rappeler que l’aire urbaine de Nogent le Rotrou étudiée dans ce rapport n’est que la partie de cette aire urbaine appartenant à la région Centre et se trouve donc tronquée de quelque chose comme un quart de sa population. L’aire urbaine totale de Nogent se trouve globalement dans une situation plus proche du modèle, avec 1% de croissance démographique (contre –0,2% pour sa partie située dans la région Centre) et 21% de croissance de l’emploi salarié privée (contre 26% pour la partie étudiée). En termes de croissance de l’emploi salarié privé, seules 5 des 19 aires urbaines de la région ont de meilleures performances de création d’emplois salariés privés que la moyenne de Province ; elles sont toutes situées dans le Loiret ou l’Eure et Loire (Orléans, Montargis, Nogent, Châteaudun, Chartres). .

Graphe 7 : Relation entre nombre d’emplois dans les aires urbaines du Centre et croissance de leur emploi. 1990-1999 1990-99 emplois 15,0% 10,0%

Amboise Pithiviers

5,0%

Chartres Châteaudun Gien Chatrx

Blois Tours Montargis

AU Paris 0,0% 1 000 -5,0%

Orléans

Romorantin

Nogent vendome Issoudun 10 000 St Amand

Bourges 100 000

1 000 000

Dreux -10,0% Vierzon -15,0%

5

Pour répondre tout de suite à une question qui a été posée lors de réunions, le succès de Romorantin ne constitue pas, actuellement, une option d’emploi significative pour les actifs de la zone « sinistrée » de Vierzon :Le nombre des actifs de l’aire urbaine allant travailler à Vierzon est passé de 170 en 1990 à 230 en 1999... soit une augmentation de 50 unités, dans un contexte dans lequel l’AU de Vierzon a perdu de l’ordre de 1 100 emplois ! 11


Source : d’après Insee Note : en abscisse, emploi en logarithme

Graphe 8 : Relation entre la variation de la population et la variation de l’emploi total et de l’emploi salarié privé dans les aires urbaines du Centre. 1990-1999, 1990-1999 et 1993-2003 30,0% 25,0% 20,0% 15,0% 10,0% 5,0%

-8,0%

-6,0%

-4,0%

0,0% -2,0% 0,0% -5,0%

2,0%

4,0%

6,0%

8,0%

10,0%

pop 1990-99

-10,0% 1990-99 emploi total -15,0% 1993-2003 emplois salariés privés Linéaire ( 1990-99 emploi total) Linéaire ( 1993-2003 emplois salariés privés)

Source : d’après Insee et Unedic

Le revenu de la population des aires urbaines de la région Centre Le revenu des habitants constitue un troisième indicateur synthétique du développement territorial, avec le peuplement et l’emploi. Les écarts de revenu moyen des habitants des 19 aires urbaines sont assez faibles, avec un coefficient de variation6 de l’ordre de 7%. Les inégalités de revenu entre les aires urbaines ont peu évolué entre 1990 et 1999. Le coefficient de variation a certes progressé pour l’ensemble des 19 aires étudiées, de 6,6% en 1990 à 7,3% en 2000, ce qui constitue quand même une augmentation de 10% des inégalités de revenu par habitant entre les aires urbaines de la région. Mais cette évolution inquiétante pour la cohésion régionale tient en fait largement à un « effet-Dreux ». Si l’on recalcule les coefficients de variation sur les 18 autres aires urbaines, on observe même une légère réduction des inégalités sur la période : de 5,8% à 5,7%, soit un recul de 1% des inégalités. Les habitants urbains en moyenne les plus riches de la région ne sont pas à Orléans ou à Tours, mais dans la partie de l’aire urbaine de Paris située dans la région Centre. Ils ont en moyenne, en 1990, un revenu par habitant supérieur de 9% à la moyenne des aires urbaines de la région et en 2000, de 8%. Ce territoire parisien n’est pas un détail dans la région : 85 000 habitants y vivent. Il apparaît doté d’une dynamique propre, qui renvoie moins à la nature du développement territorial de sa région d’appartenance, le Centre, qu’à celle que connaît globalement la frange de l’aire urbaine de Paris débordant sur les régions limitrophes de l’Ile 6

Le coefficient de variation est le rapport écart-type / moyenne des revenus par habitant des aires urbaines, non pondéré par les populations. 12


de France : il est par exemple frappant de constater que le revenu par habitant, en 2000, des 85 000 habitants de la part de l’aire urbaine de Paris située dans la région Centre est pratiquement le même (99%) que celui du total des 333 000 habitants vivant dans l’aire urbaine de Paris hors Ile de France ! Idem pour la dynamique démographique : +11% dans la frange parisienne de la région Centre, entre 1990 et 1999, 9,5% pour l’ensemble de la frange non Ile de France de l’aire urbaine de Paris... Pour les autres aires urbaines de la région, il est frappant de constater une inversion entre Orléans et Tours. On a vu plus haut que le dynamisme économique d’Orléans notamment en termes d’emplois déclassait nettement celui de Tours. En termes de croissance du revenu des habitants, c’est l’inverse. Quand celui des habitants de l’aire urbaine d’Orléans progresse de 11% entre 1990 et 2000, celui de Tours augmente de 13%. Cette inversion, on y reviendra plus bas plus systématiquement, illustre bien la complexité des phénomènes de développement territorial et le non-chaînage systématique entre les grands fondamentaux du développement local: ce n’est, notamment, pas forcément les villes dans lesquelles l’emploi progresse le plus vite que le revenu progresse également le plus vite ! Un autre exemple de résultat peu intuitif concerne l’aire urbaine de Vierzon. Elle est, avec Dreux dans les deux seules aires urbaines de la région dont le niveau de revenu par habitant était en 1990 inférieur à la moyenne de la Province. On a vu plus haut que, comme et même plus encore que Dreux, l’aire urbaine de Vierzon est la championne régionale du recul de l’emploi. Pourtant le revenu de ses habitants progresse entre 1990 et 1999 de 13%, ce qui la place en 6ème position parmi les 19 aires urbaines étudiées ! L’aire urbaine de Dreux , qui enregistrait pourtant des performances de création d’emploi (total ou salarié privé) plutôt moins mauvaises que Vierzon se retrouve bonne dernière pour la progression de son revenu/habitant, avec une progression presque trois fois inférieure (+5%). On peut ainsi multiplier les exemples de progression inattendue du revenu de ces villes au regard de leur dynamique de peuplement ou d’emploi. Graphe 9 : Variation du revenu par habitant 1990-2000 des ménages des aires urbaines de la région Centre en fonction du niveau de revenu en 1990. 18%

rev/hab. 1990-2000

16%

Amboise

Vendôme

Chateauroux

Chartres Gien Romorantin Bourges Tours Châteaudun

14% Vierzon 12%

Pithiviers 10% St Amand

AU Paris

Orléans

Nogent

Blois Montargis

8% 6%

Issoudun Dreux

4% 6 000

6 500

7 000

7 500

AU du Centre

8 000 8 500 Rev/hab 1990

Province

Source : d’après DGI

Le tableau 10 constitue un essai de classement synthétique des dynamiques de développement des 19 aires urbaines. On constate un déchaînage systématique entre les cinq indicateurs

13


retenus : revenu par habitant 2000, variation 1990-2000 du revenu par habitant variation 1990-1999 de la population, variation 1990-1999 de l’emploi, variation 1993-2003 de l’emploi salarié privé. Si on note chaque aire urbaine, pour chacun de ces indicateurs, selon trois modalités : mauvais (inférieur à 90% de la moyenne des 19 aires urbaines), moyen (entre 90% et 110%) et bon (plus de 110%), on constate qu’il y a beaucoup plus d’aires urbaines qui combinent bonnes et mauvaises notes que celles qui sont globalement « dans le vert » ou « dans le rouge ». Onze des 19 aires urbaines associent bonnes et mauvaises performances, sans que ce soit dans les mêmes domaines. Par exemple, Châteauroux est « bonne » sur la variation du revenu et « mauvaise » dans la création nette d’emplois salariés privés, alors que l’on constate l’inverse à Nogent le Rotrou (pour sa partie Centre) , qui tout en faisant des merveilles en création d’emplois salariés privés voit son revenu n’augmenter que faiblement. Idem, dans une moindre mesure dans l’aire urbaine de Montargis ! Ce type de classement permet d’illustrer l’idée que le développement territorial est complexe, divers et ne répond pas à un seul modèle mécanique chaîné (emploi, peuplement et revenu se tenant par la main). On voit que le chaînage le plus clair est celui observé dans les villes en panne de développement : quatre aires urbaines de la région, dont trois dans le Sud de la région, cumulent les difficultés dans ces différents domaines : Dreux, Vierzon, St Amand et Issoudun. Tableau 10 : Diversité des dynamiques des villes de la région Centre- Essai de notation

AU Chartres AU Orléans AU Amboise AU Tours AU Chateaudun AU Gien AU Romorantin AU Chateauroux AU Montargis AU Paris (Centre) AU Vendome AU Blois AU Nogent le R. AU Pithiviers AU Bourges AU Issoudun AU St Amand AU Vierzon AU Dreux 19 AU de la région

Rev/hab 1990 (Euros constants 2000) 7 489 7 815 6 867 7 303 6 808 6 988 6 898 6 826 7 260 8 005 6 924 7 558 7 090 7 129 7 190 7 250 6 645 6 312 6 082 7 327

rev/hab population 1990- 2000 1990-99 16% 3,9% 11% 7,8% 16% 5,2% 13% 6,4% 13% 0,2% 13% -3,8% 13% 3,7% 16% -1,0% 9% 4,2% 11% 10,8% 17% 3,2% 9% 4,0% 10% -0,2% 10% 3,5% 13% -1,4% 6% 0,0% 9% -1,6% 13% -6,3% 5% -5,7% 12,0% 4,02%

1993-2003 Unedic 22% 26% 16% 16% 19% 11% 16% 15% 21% 7% 17% 15% 26% 11% 16% 12% -1% 5% 1% 17,6%

Note (nbre 1990-99 bleus - nbre emplois rouge) 8% 3 9% 3 9% 2 4% 1 7% 0 5% 0 9% 0 4% -1 2% -1 2% -1 -1% -1 4% -2 0% -2 8% -2 0% -3 -2% -4 -3% -4 -12% -4 -6% -5 4%

Source : d’après Insee, Unedic, DGI. Note : trame verte >110% total des AU – trame rouge<90% total des AU ; Calcul de la note : rouge = -1 ; vert = +1

Seules deux aires urbaines de la région paraissent associer une évolution positive de la plupart des fondamentaux : Chartres et Orléans, deux villes, on y reviendra, entretenant de forts liens avec la région parisienne. Amboise paraît en troisième position de ce classement, avec une panne relative de la croissance de son emploi salarié privé, alors que les autres indicateurs sont très positifs.

14


La plus grande aire urbaine de la région, Tours, même si elle se trouve en quatrième position, n’émerge que sur le plan de la dynamique démographique, sans que cela lui permette des performances de croissance de l’emploi et du revenu supérieur à la moyenne des aires urbaines de la région. Si la dynamique de développement territorial a à voir avec la taille des villes, ce que suggèrent les analyses présentées plus haut sur la région Centre, l’aire urbaine de Tours semble un peu à l’écart de ce mécanisme... La plupart des aires urbaines de la région associent , sur ces indicateurs, bonnes, médiocres et mauvaises performances, et selon des combinaisons, on l’a vu, qui semblent presque aléatoires... Dernière observation sur ce tableau synthétique : le niveau de revenu des habitants des aires urbaines de la région est assez homogène –on a vu plus haut que le coefficient de variation est de l’ordre de 7%- et si inégalité il y a , c’est moins du fait de la présence d’aires urbaines « riches » que de deux aires urbaines plus pauvres que sont Vierzon et Dreux. Il n’y a pas de loi forte qui fasse que le développement territorial soit plus ou moins amical avec des aires urbaines selon qu’elles sont riches ou pauvres. Le tableau 10 suggère bien une certaine corrélation entre niveau de revenu des habitants et dynamique de développement territorial (coefficient de corrélation revenu/habitant vs notation = 0,27, ce qui est significatif), mais qui est presque exclusivement le reflet de la situation des trois aires urbaines à la fois pauvres et en panne : Dreux, Vierzon et St Amand. Si on les retire de l’analyse, le coefficient de corrélation s’effondre à 0,02... ce qui signifie l’absence d’une telle loi pour les 16 autres aires urbaines. Graphe 11 : Notation du développement territorial 1990-2003 des aires urbaines en fonction du revenu par habitant en début de période 4

R2 = 0,2678

Note synth. territorial

Chartres

3

Orléans

Amboise 2 Tours 1 Romorantin 0

Châteaudun 6 500

6 000 -1

Chateauroux

-2

Revenu/hab. 1990

Gien 7 000 vendôme Nogent

7 500

Pithiviers

8 000

8 500

AU paris

montargis Blois

Bourges

-3 -4 Vierzon

St Amand

Issoudun

-5 Dreux -6

Source : d’après Insee, Unedic, DGI. Note : La notation traite cinq variables : revenu par habitant 2000, variation 1990-2000 du revenu par habitant variation 1990-1999 de la population, variation 1990-1999 de l’emploi, variation 1993-2003 de l’emploi salarié privé. Pour chacune de ces variables et pour chaque aire urbaine : >110% de la moyenne des 19 aires traitées = + 1 point <90% de la moyenne des 19 aires traitées = -1 point

Si l’on compare la dispersion des indicateurs , on observe que le plus homogène est le revenu par habitant, mais également que la variation du revenu par habitant entre 1990 et 2000 (0,27)

15


est beaucoup moins dispersée que ne laisserait imaginer la dispersion pratiquement dix fois plus élevée des taux de variation de l’emploi (coefficient de variation = 2,22) ou de la population (2,60). Les taux de variation de l’emploi salarié privé 1993-2003 sont beaucoup plus concentrés, avec un coefficient de variation de 0,52. cela signifie plusieurs choses : la progression du revenu local est assez insensible à la variation de l’emploi total et de la population. En revanche, l’emploi salarié privé progresse de façon beaucoup plus homogène, ce qui suggère un déchaînage emploi total –> revenu mais plutôt un lien revenu - emploi salarié privé dont il conviendra d’analyser le sens. La question étant : est ce que c’est la progression assez homogène de l’emploi salarié privé dans les aires urbaines qui génère une augmentation du revenu encore plus homogène, ou, au contraire, est-ce la progression des revenus, largement indépendants de l’emploi qui , par des effets de demande/consommation, permettent la progression assez équilibrée de l’emploi salarié privé ? La suite de l’analyse essaie de donner des éléments de réponse à cette question. On est donc face à des situations et des modèles de développement territorial qui semblent très différents d’une aire urbaine à une autre et d’un indicateur à l’autre. Il semble impossible de tirer une loi générale, en matière de développement territorial, de l’observation des aires urbaines de la région. L’approche développée par l’OEIL à l’université Paris XII vise à éclairer de façon systématique les mécanismes du développement territorial et à sortir par le haut du dilemme de l’analyse territoriale dont les territoires de la région Centre constituent une illustration : soit appliquer aveuglément le modèle unique de la « nouvelle économie géographique » et considérer que, qu’ils le veuillent ou non, les fondementaux du développement local doivent être liés (production – emploi – revenu - population,...), soit considérer que , au vu de la diversité chaotique des évolutions locales, il n’y a pas de modèle du tout. Entre un seul et aucun modèle, l’application de la théorie de la base économique permet de faire émerger une représentation composite mais simple des facteurs expliquant le développement territorial. Le lecteur intéressé par les aspects théoriques de la question trouvera en annexe un article développant les aspects conceptuels et méthodologiques de cette approche. En bref, l’approche par la base consiste à analyser les différents types de revenu entrant dans les territoires étudiés, afin de distinguer ceux qui sont le résultat de la production marchande locale, ceux qui proviennent du secteur public ou qui procèdent de transferts monétaires privés. L’idée que l’économie d’un territoire ne dépend que de sa capacité à produire des biens et des services vendus dans le reste du Monde est séduisante (et largement colportée par les experts en développement économique local ou régional), fondée si l’on parle des nations, mais naïve dès lors que l’on se penche sur les territoires subnationaux de pays dans lesquels existent de puissants mécanismes de répartition spatiale du revenu, mécanismes publics (budget de l’Etat et de la Sécurité Sociale) et privés (dissociation lieu de résidence- lieu de travail- lieu de tourisme/loisirs, choix des lieux de retraite,...). A force de parler de « mondialisation ultra-libérale », on finit par oublier que ce qui a marqué nos pays industriels depuis trente ans est moins la progression de la compétition productive internationale que l’augmentation beaucoup plus rapide de ces mécanismes intranationaux de transferts publics et privés entre les territoires. Pour les seuls mécanismes publics, quand le « taux d’ouverture » de l’économie française (mesuré par le rapport de la somme des importations et exportations au PIB multiplié par deux) progressait de 13 points entre 1960 et

16


aujourd’hui, le poids des prélèvements obligatoires dans le PIB progressait de 26 points ! En 2003, le taux d’ouverture du pays est de l’ordre de 26%, son taux de dépense publique de 56% , soit trente point d’écart de poids entre les parts « libérale » et publique de l’économie française... Il est plus difficile de proposer un chiffrage de l’évolution des transferts privés de revenus du fait de leur caractère composite et de l’insuffisante disponibilité des données. La base économique des aires urbaines de la région Centre On a procédé à une évaluation des flux de revenus entrant dans les aires urbaines de la région. Ce sont ces revenus -qui sont appelés « base économique »- qui sont le facteur clef, au sens de la « théorie de la base » du développement territorial. La base économique, autrement appelée le « revenu basique » n’est pas le revenu des ménages d’un territoire, mais, répétons-le, les seuls flux de revenus entrant une année donnée dans le territoire. Le revenu final de la population considérée étant d’un montant différent et dépendant largement de la circulation monétaire (la consommation) de ces flux de revenu à l’intérieur du territoire. Le lecteur trouvera en annexe les choix méthodologiques adoptés pour mener un tel calcul. Il convient de souligner qu’un tel exercice se heurte à d’importants problèmes conceptuels et statistiques et oblige à adopter des conventions parfois discutables (et améliorables si l’appareil statistique fournissait de nouvelles données). Les chiffres produits ne sont pas le résultat d’un rigoureux travail comptable –impossible à mener- mais d’estimations statisticoéconomiques à partir d’un considérable corpus de données locales7. Les résultats sont donc analytiquement robustes, notamment en ce qui concerne l’indication sur la structure de la base économique des villes, en ce sens qu’ils offrent des indicateurs d’analyse renouvelés et utiles, mais ne peuvent être considérés comme de véritables comptes de villes (formulés en euros par habitant ou en millions d’euros). La principale limite actuelle de cette analyse tient au fait qu’elle porte nécessairement sur la période 1999-2000, du fait de l’absence de nouvelles données réactualisant celles du RGP de 1999. On dispose certes de données plus récentes, par exemple de revenu (DGI) ou d’emplois salariés privés (Unedic), mais en nombre insuffisant pour actualiser les estimations sur une année plus récente. On peut cependant considérer que l’inertie des phénomènes économiques nous permet, à partir d’analyses structurelles des économies locales de la fin des années 1990 de penser leurs problématiques de développement actuelles. Le tableau 12 présente le poids des divers éléments de la base économique –c’est-à-dire des moteurs de leur développement- des villes de la région Centre, le tableau 13 présente les mêmes données, en indice par rapport au poids moyen des bases économiques dans l’ensemble des aires urbaines françaises. La première chose frappante est le faible poids de la base productive par rapport aux autres formes de revenus venant irriguer l’économie des villes de la région. Ce n’est pas une spécificité régionale, au contraire, comme le montre le tableau 13 : le poids des bases productives privées des villes de la région est en moyenne plutôt supérieur à ce que l’on observe dans l’ensemble des aires urbaines françaises. (moyenne arithmétique des indice des 19 aires urbaines =103 pour une moyenne des aires urbaines françaises de 100).

7

Ce corpus étant développé, maintenu et traité par le service SIRIUS de l’Institut d’Urbanisme de Paris de l’université Paris XII-Val de Marne. 17


De la ville la plus productive, Nogent le Rotrou, avec 29% de sa base provenant des revenus que tirent ses habitants de la production de biens et services vendus à l’extérieur, à 16% dans la partie de l’aire urbaine se trouvant dans la région Centre, on ainsi un écart pratiquement de 1 à 2 en ce qui concerne l’exposition des villes du Centre à la concurrence productive. Tableau 12 : Les bases économiques des villes de la région Centre – en pourcentage

en % de base locale AU AU AU AU AU AU AU AU AU AU AU AU AU AU AU AU AU AU AU

Nogent le Rotrou Romorantin Issoudun Vendome Pithiviers Blois Chateauroux Dreux Gien Chateaudun Amboise Orléans St Amand Chartres Bourges Montargis Tours Vierzon Paris

Total basique productif privé 29% 28% 28% 27% 26% 26% 26% 26% 25% 25% 25% 24% 24% 23% 23% 22% 21% 20% 16%

Total Salaires base basiques résidenti publics elle 11% 13% 12% 12% 10% 18% 21% 13% 13% 16% 10% 25% 14% 18% 21% 13% 23% 14% 7%

Dont salaires résidentiels importés d'autres lieux d'emploi 17% 14% 14% 13% 22% 10% 8% 22% 18% 16% 20% 7% 12% 19% 10% 14% 8% 13% 37%

50% 47% 48% 50% 53% 43% 40% 46% 50% 49% 55% 38% 51% 47% 43% 53% 42% 52% 66%

Dont revenu des retraites

Dont dépenses touristes

26% 26% 27% 29% 25% 24% 25% 19% 26% 26% 26% 24% 30% 21% 25% 30% 26% 32% 21%

Total base sociale

6% 8% 7% 7% 5% 9% 8% 5% 6% 7% 9% 8% 9% 8% 8% 9% 8% 7% 8%

Base Totale

10% 11% 11% 11% 12% 13% 13% 16% 12% 11% 11% 13% 12% 12% 13% 12% 14% 14% 11%

100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100%

Tableau 13 : Les bases économiques des villes de la région Centre En indice (100 = part moyenne en Province)

AU Nogent le Rotrou AU Romorantin AU Issoudun AU Vendome AU Pithiviers AU Blois AU Chateauroux AU Dreux AU Gien AU Chateaudun AU Amboise AU Orléans AU St Amand AU Chartres AU Bourges AU Montargis AU Tours AU Vierzon AU Paris écart max/min Corrélation avec note

Dont salaires Total Total résidentiels basique Salaires base importés Dont Total productif basiques résidenti d'autres lieux Dont revenu dépenses base Base privé publics elle d'emploi sociale Totale Note des retraites touristes 122 53 118 202 103 75 79 100 -2 120 63 111 160 100 93 88 100 0 119 58 114 163 107 82 90 100 -4 113 59 116 154 113 86 90 100 -1 111 45 123 253 100 60 93 100 -2 110 86 102 119 95 105 99 100 -2 109 101 94 91 97 89 101 100 -1 108 60 107 253 75 55 127 100 -5 105 64 118 209 101 76 91 100 0 105 75 114 179 102 87 84 100 0 104 47 128 228 100 111 84 100 2 101 118 90 85 92 89 101 100 3 100 67 119 134 119 103 91 100 -4 98 85 110 215 81 90 95 100 3 97 98 101 118 98 94 105 100 -3 93 61 124 161 118 103 97 100 -1 88 110 99 91 103 98 108 100 1 85 66 122 155 124 79 112 100 -4 68 32 154 424 83 91 90 100 -1 1,8 -0,10

3,6 0,34

1,7 -0,14

5,0 -0,06

18

1,7 -0,27

2,0 0,38

1,6 -0,34

1,0


Il convient ici de rappeler, et on y reviendra de façon plus détaillée plus bas, que la base productive privée n’est pas constituée de la valeur des exportations locales vers le reste du monde, ni même des revenus (du travail et du capital) que génèrent ces activités locales. Il s’agit strictement d’une évaluation de la part de ces revenus qui reviennent à des habitants du territoire considéré, au titre de la rémunération du travail ou du capital. Sur l’ensemble des villes étudiées, en 1999, 112 000 de leurs 690 000 emplois sont occupés par des actifs résidants hors des aires urbaines considérées et rapatrient leur revenu vers d’autres territoires... Par ailleurs, rappelons qu’un fort poids de la base productive ne dit rien de la qualité du système productif local mais renseigne plutôt sur la faiblesse des autres bases, pour l’essentiel résidentielles et publiques. Comme le montre le tableau 13, les bases les plus discriminantes, celles qui « font la différence » entre les économies des 19 villes sont moins les bases productive et « résidentielle totale » que les bases publiques. Le rapport maximum/minimum dans les villes étudiée est de 1,8 pour les bases productives, de 1,7 pour les bases résidentielles totales et de 3,6 pour les bases publiques. On est pas surpris de retrouver un net effet-chef-lieu sur l’économie des plus grandes villes de la région. Plusieurs des (grandes) villes de la région sont ainsi fortement dépendantes des activités publiques : Orléans et Tours en dépendent, pour près 25% de leur base économique. Châteauroux et Bourges, l’une plus productive et l’autre plus résidentielle, ont un niveau moyen de « dépendance » à l’activité publique, de l’ordre de 20% de leur base économique. Chartres, le cinquième chef-lieu, du fait du fort poids de sa base résidentielle (les actifs qui y vivent ont une forte propension à sortir de l’aire urbaine pour travailler) connaît une relativement faible dépendance aux revenus du secteur public avec un poids de 18% dans sa base. Si la part résidentielle globale est assez homogène dans la base économique de nos villes (rapport maximum sur minimum de 1,7), ses différents éléments sont au contraire très diversement représentés. La place qu’occupent dans la base des villes les revenus rapatriés par leurs actifs travaillant à l’extérieur de leur périmètre est la part la plus variable des éléments de base économique des villes. Elle oscille de 1 à 5, de 7 ou 8% (Orléans, Tours, Châteauroux) à 37% (AU de Paris). Plusieurs villes dépendent pour plus de 20% de leurs bases économiques de ce type de revenu : Pithiviers, Dreux ou Amboise. Chartres, qui est un chef-lieu et se trouve donc doté de nombreux emplois publics voit sa base publique relativement réduite par la place qu’occupe ces revenus d’actifs employés ailleurs (19%). Les dépenses touristiques (liées aux pratiques de tourisme marchand et non marchand) occupent une place variant de 1 à 2 dans les différentes villes, entre 5% et 9% de leur base économique. Les plus dépendantes sont Blois, Amboise, Montargis et St Amand. Les revenus des retraites constituent une ressource d’un montant globalement voisin de celui des revenus productifs privés. Là encore, en structure, on observe une certaine homogénéité : leur poids varie entre 1 et 1,7 selon les villes, comme on l’a vu pour les bases productives privées. Les championnes ont autour de 30% de leur base économique tirée des pensions : Vierzon, Montargis, St Amand, villes en difficulté sur le plan productif et qui connaissent un fort effet de compensation par le biais de ces revenus de retraite. Mais même les villes dans lesquelles les retraites pèsent le moins lourd enregistrent un poids de l’ordre de 20% de leur

19


base : Dreux, Chartres ou l’AU de Paris. Les plus grandes aires urbaines de la région, Tours et Orléans dépendent pour un quart de leur base de ces revenus. Le bas du tableau 13 présente des coefficients de corrélation entre le niveau de présence de chaque type de base économique dans les villes et leur notation (voir plus haut, tableau 10) en matière de développement. Ces calculs sont propres à la région Centre. Une analyse du même type sur l’ensemble des villes françaises, dont la diversité est nettement plus marquée (des villes industrielles du Nord à celles résidentielles du Sud ou de l’Ouest), donnerait des résultats différents. On peut tirer quatre premières leçons –prudentes, corrélation ne signifiant pas forcément causalité- de la lecture de ces coefficients : (i)

il n’y a pas de relation systématique entre la part de revenus des actifs employés ailleurs et la performance de développement : on retrouve parmi les villes dépendant le plus de ces revenus des villes dotées de mauvaises notes (Dreux, Nogent, Pithiviers), de notes médiocres ( AU de Paris, Gien, Châteauroux) ou de très bonnes notes (Chartres, Amboise)... et inversement, des villes peu dépendantes de ce type de revenu basique et ayant de très bonnes notes, comme Orléans...

(ii)

Il y a une relation positive et significative entre la part de deux types de bases et la notation : les revenus publics et les dépenses touristiques, respectivement, présentent une corrélation positive, ce qui signifie que les chefs-lieux se portent plutôt mieux grâce à l’emploi public ainsi que les territoires attractifs sur le plan touristique (le tourisme est ici à prendre comme un marqueur de l’attractivité résidentielle générale du territoire).

(iii)

Il y a une corrélation négative entre le poids de la base productive privée ou celui des retraites et la note de développement territorial. Ce résultat est surprenant, en première analyse, mais peut s’expliquer : dans la région Centre comme pour la plupart des villes françaises, le fort poids de la base productive s’explique d’abord par la faible présence des bases publiques et résidentielles. Il s’agit de villes qui n’ont l’avantage ni des transferts publics ni des transferts privés de revenu. Le modèle archétypal français étant Cholet, Oyonnax, Montbéliard ou Vitré. Orléans dispose d’un appareil productif dynamique, on y reviendra, mais voit son économie boostée par la présence des administrations, entreprises publiques et revenus résidentiels. En revanche, Dreux ne peut s’appuyer sur un matelas public, de retraités ou du tourisme... La forte part de la base productive à Nogent, Issoudun, Vendôme , Pithiviers ou Blois ne leur assure pas une position économique forte dans la région.

(iv)

Contrairement à ce que l’on observe sur l’ensemble des villes françaises (avec des exemples comme Nice, Digne, La Baule,...), les villes du Centre « spécialisés » dans les retraités ne sont pas celles qui sont les plus touristiques. Ces deux types de base ne sont pas corrélées dans les aires urbaines de la région Centre. Comme le montre le graphique 14, à partir des données du tableau 13.

20


Graphe 14 : Relation entre part des retraites et part du tourisme dans les bases économiques des villes de la région Centre. indice présence base 120 Touristes R2 = 0,0727

110 100 90 80 70 60 50 indice présence base Retraites 40 70

80

90

100

110

120

130

En bref, on voit donc que la spécialisation publique ou touristique semble constituer un meilleur garant de développement local qu’une spécialisation dans le seul secteur productif ou dans la rétention/captation de retraités. Il faut considérer ici les revenus publics et les caractéristiques touristiques, au delà de leur capacité à générer des revenus basiques, comme des marqueurs d’attractivité territoriale à l’égard des ménages : il s’agit de territoires bien équipés en services (éducation, santé,...) et agréables à vivre (d’où leur attractivité touristique). Rappelons qu’il s’agit d’un raisonnement à la marge : le cas d’une ville qui n’aurait que des emplois publics et des activités touristiques, et pas d’activité productives ou de retraités, n’existe pas. Même les aires urbaines de Tours et Orléans, qui ont le poids le plus élevé de leur base tiré des salaires publics et des dépenses touristiques (32% contre 22% pour la moyenne des 19 aires urbaines étudiées) tirent quand même, respectivement, 26% et 24% de leur base économique des pensions de retraites ! Par ailleurs, la décomposition des bases économiques permet de distinguer la nature des différentes aires urbaines. On peut opposer deux groupes de revenus basiques de propriétés fort différentes : le premier, constitué de l’ensemble salaires publics – retraites et le second agrégeant base productive privée et tourisme. Le premier groupe dépend plutôt de décisions publiques (encore que le lieu où sont versées les pensions de retraites dépende de choix privés de localisation des ménages, au moins pour les plus riches d’entre eux). Le second groupe dépend plutôt de décisions privées (entreprises et touristes). Ce qui distingue plus encore ces deux groupes de revenus basiques est leur caractère plus ou moins volatil. Les bases privées varient d’une année sur l’autre plus brutalement que les salaires et pensions qui sont très largement insensibles à la conjoncture et ont donc une évolution beaucoup moins heurtée. On dispose de séries annuelles de l’emploi salarié privé (Unedic, 1993-2003). On peut pour chaque ville dessiner une courbe de tendance (avec une régression linéaire) de l’évolution de son emploi salarié privé et calculer un coefficient de corrélation de cette courbe (tableau 16). Une aire urbaine connaissant de très fortes turbulences de son emploi salarié privé aura un taux de corrélation proche de zéro, et même négatif quand l’évolution sur la période a été négative (ce qui est le cas de Vierzon, Dreux et St Amand). Pour les autres aires urbaines qui ont connu une variation positive de leur emploi salarié privé sur 1993-2003, celle qui a enregistré les plus forts écart annuels autour de la tendance est l’aire urbaine de Châteaudun. En revanche, les aires urbaines qui ont connu la progression la plus régulière de leur emploi salarié privé ont un coefficient de corrélation proche de 1. C’est le cas d’Orléans (0,99), Tours

21


(0,97) ou Bourges (0,97). On peut donc utiliser ce coefficient de corrélation de la courbe de tendance de l’emploi salarié privé8 comme un indicateur de la stabilité économique des territoires. Le graphe 15 montre ainsi, sur l’exemple de trois villes, les différences de turbulences qu’elles connaissent dans la variation de leur emploi salarié privé. Graphe 15 : Variation , tendance et turbulences de l’emploi salarié dans trois aires urbaines choisies : Orléans, Châteaudun et Vierzon. 130

Emploi salarié privé en indice (100=1993)

125 120 115 110 105 100 95 90 1993

1995

1997

1999

AU Orléans AU Vierzon Linéaire (AU Chateaudun)

2001

2003

AU Chateaudun Linéaire (AU Orléans) Linéaire (AU Vierzon)

Source : Unedic

Les économistes ont depuis longtemps montré que la croissance économique aime la stabilité et que les turbulences – succession de périodes de croissance et de récession- ont tendance à freiner le développement de long terme. On peut, de la même façon, mesurer la forte corrélation entre stabilité et la croissance de l’emploi salarié privé des villes de la région (coefficient de corrélation de 0,76). Dit autrement, moins la variation de l’emploi salarié est heurtée, plus forte est, et cela systématiquement, la croissance de l’emploi dans nos villes d’étude. Plus généralement, le coefficient de stabilité est également corrélé à la notation du développement des villes (voir tableau 10) : 0,65 pour l’ensemble des aires urbaines et 0,21, ce qui reste significatif, si l’on exclut les trois aires urbaines ayant une réduction de leur emploi salarié privé et donc un coefficient négatif. Cela signifie clairement que les à coups ou les turbulences ne sont pas les amies du développement urbain dans le Centre. Enfin, pour revenir à ce lien « base publique – stabilité », on observe une relation significative entre le poids des bases publiques et le coefficient de stabilité dans les villes de la région (graphe 17). Tout cela signifie qu’il existe, dans les villes de la région, un net lien ressource publique- stabilité-croissance, au profit notamment des plus grandes d’entre elles.

8

Il s’agit de l’emploi salarié privé total et non de la seule part travaillant dans les activités basiques productives. 22


Tableau 16 : Notation du développement territorial (cf. table 10), coefficient de stabilité de l’emploi salarié privé et poids des bases publiques dans les aires urbaines de la région Centre. (classées par ordre décroissant de stabilité) Poids des bases publiques

coef. De stabilité

Notation AU Orléans

3

0,99

48%

AU Tours

1

0,97

49%

AU Bourges

-3

0,97

46%

AU Chateauroux

-1

0,96

46%

AU Montargis

-1

0,95

43%

AU Vendome

-1

0,87

41%

0

0,87

39%

AU Chartres

3

0,87

39%

AU Pithiviers

-2

0,87

35%

AU Amboise

2

0,82

36%

AU Nogent le Rotrou

-2

0,78

37%

AU Blois

-2

0,73

42%

AU Paris

-1

0,73

28%

AU Issoudun

-4

0,70

39%

AU Chateaudun

0

0,59

42%

AU Romorantin

0

0,59

39%

AU St Amand

-4

-0,02

45%

AU Dreux

-5

-0,02

32%

AU Vierzon

-4

-0,04

46%

AU Gien

Source : d’après Insee, Unedic, DGI Note 1 : le coefficient de stabilité est le coefficient de corrélation de la régression linéaire permettant de calculer la tendance de l’évolution de l’emploi entre 1993 et 2003 dans chacune des aires urbaines étudiées ; Note 2 : Le poids des bases publiques est constitué de la somme « salaires publics » et « retraites » en % de la base économique totale .

Graphe 17 : relation entre la présence des bases publiques et la stabilité du développement économique des villes. 1,10

Coefficient de stabilité de l'emploi salarié privé

Orléans

1,00

Bourges

Tours

Montargis 0,90

Chateauroux

Chartres

Gien Vendome

Pithiviers

2

R = 0,2631

Amboise

0,80

Nogent

AU Paris

Blois

0,70

Issoudun Romorantin

0,60

Chateaudun

0,50 25%

30%

35%

40%

45%

50%

Poids des fonds publics dans la base

55%

Source : d’après Insee, Unedic, DGI Note 1 : le coefficient de stabilité est le coefficient de corrélation de la régression linéaire permettant de calculer la tendance de l’évolution de l’emploi entre 1993 et 2003 dans chacune des aires urbaines étudiées ; Ont été exclues de l’analyse les trois aires urbaines « atypiques » dans lesquelles le coefficient de stabilité est négatif : Vierzon, Dreux et St Amand. Note 2 : Le poids des bases publiques est constitué de la somme « bases publiques » et « retraites » en % de la base économique totale .

23


Analyse des moteurs du développement des villes de la région Centre Après avoir montré l’hétérogénéité de la structure des bases économiques des aires urbaines de la région et mis en lumière quelques relations synthétiques entre certains types de structure et le développement territorial, on peut examiner et évaluer plus analytiquement les différentes bases économiques de nos villes. On approchera successivement (i) les bases productives, (ii) les bases publiques, (iii) les bases résidentielles constituées (a) des revenus des actifs employés ailleurs, (b) des pensions de retraite et (c) des revenus basiques liés au tourisme.

Les bases productives des aires urbaines de la région Centre On peut approcher les spécialisations productives privées des aires urbaines de la région Centre à partir des données d’emploi salarié (Unedic), détaillées en 300 secteurs. Certaines de ces spécialisations sont communes aux villes de la région, d’autres sont plus spécifiques à certaines d’entre elles. L’analyse porte, pour chaque ville, sur (i) les 25 secteurs (sur 300) qui sont leurs plus gros employeurs, (ii) les 25 qui sont les plus spécialisés9, (iii) les 25 qui ont créé le plus d’emploi entre 1993 et 2003 et (iv) les 25 qui ont détruit le plus d’emploi. Il ne s’agit donc pas d’une analyse exhaustive des secteurs d’activités, parmi les 300, qui sont présents dans les villes. Le tableau 18 montre que globalement, les plus gros secteurs productifs des villes de la région Centre ont connu une progression très médiocre: ils représentent 10% de l’activité salariée privée totale des aires urbaines en 2003 et n’y ont contribué qu’à 8% de la progression de l’emploi salarié total. Comme le montre le tableau 18, même si les activités de services aux entreprises (« activités juridiques, comptables et de conseil de gestion » et « services aux entreprises », « architecture et ingénierie ») ont connu une forte croissance (7 000 emplois salariés entre 1993 et 2003), soit les deux tiers de la croissance globale de l’emploi de ces « gros » secteurs, les « gros » secteurs basiques des villes de la région manquent de dynamisme. Des secteurs majeurs de l’industrie des villes de la région déclinent globalement : équipement automobiles, savons et parfums, mécanique, électronique, imprimerie, aéronautique et industries alimentaires perdent au total près de 5 000 emplois salariés privés (il convient de rappeler que la date de 2003 ne permet pas de rendre compte du choc dans la construction automobile qui va se produire en 2004 à Romorantin). Les seuls secteurs industriels « lourds » qui connaissent une progression globale dans les 19 aires urbaines sont dans les domaines de la pharmacie, des plastiques, de l’armement et de la fabrication d’appareils de transmission (encore peut-on avoir des doutes sur le sens à donner à une progression de l’emploi privé dans le secteur de l’armement, du fait du changement statutaire d’entreprises publiques...) La manutention/entreposage, activité logistique à faible niveau de qualification progresse également fortement.

9

La spécialisation est mesurée par un coefficient de localisation : poids du secteur dans l’emploi de la ville / poids du secteur dans l’emploi de Province. 24


Tableau 18 : les 20 secteurs basiques productifs qui sont les plus gros secteurs d’emploi des aires urbaines de la région Centre.

Les 20 plus gros secteurs Activités juridiques, comptables et de conseil de gesti Industrie pharmaceutique Industrie du caoutchouc Services divers fournis principalement aux entreprises Fabrication d'équipements automobiles Fabrication de savons, de parfums et de produits d'en Transformation des matières plastiques Manutention et entreposage Fabrication d'équipements mécaniques Fabrication de composants électroniques Autres industries alimentaires Fabrication d'armes et de munitions Construction de véhicules automobiles Activités d'architecture et d'ingénierie Fabrication de machines d'usage général Forge, emboutissage, estampage ; métallurgie des po Construction aéronautique et spatiale Fabrication d'instruments de mesure et de contrôle Fonderie Imprimerie Fabrication d'appareils d'émission et de transmission Total plus gros secteurs Total unedic plus gros en % total

Variation 2003 1993-2003 12 306 3 679 7 877 1 895 7 333 38 5 965 2 095 5 547 -598 4 301 -320 4 159 1 245 3 948 3 365 3 494 -318 3 458 -322 3 281 -473 2 488 1 677 2 271 7 2 119 1 289 1 857 69 1 638 693 1 600 -964 1 564 7 1 442 -17 1 412 -892 1 353 1 033 79 413 13 188 812 745 166 702 9,8% 7,9%

Source : d’après Unedic

Les tableaux 19 et 20 rendent certes compte de certaines différences d’évolution entre les aires urbaines, mais on peut voir que la plupart de ces secteurs ont une évolution comparable dans les villes où ils sont représentés : Les activités de juridiques, de comptables et de conseil de gestion progressent dans la plupart des villes (sauf à Gien et Pithiviers où ils reculent) ; les activités de services aux entreprises progressent partout où ils sont déjà importants (et reculent dans les villes où ils pèsent moins lourd : Amboise, Issoudun, Pithiviers, Romorantin et Vendôme). L’industrie pharmaceutique progresse partout où elle a une forte implantation, sauf à Montargis. Idem pour la transformation des plastiques. En revanche, les secteurs qui vont mal vont mal presque partout, comme l’imprimerie, l’alimentaire ou l’équipement automobile. D’autres secteurs encore vont mal dans certaines villes et mieux dans d’autres (caoutchouc, parfumerie, mécanique...). Le tableau 20 constitue une synthèse des évolutions de ces grands secteurs basiques des villes de la région. On y classe les villes selon le nombre de ces secteurs qui ont progressé, reculé ou sont restés stables en emploi. La première observation qu’appelle ce tableau porte sur la présence des ces « gros » secteurs productifs basiques régionaux. Les aires urbaines qui en comptent le plus dans leur économie ne sont pas les plus grandes villes de la région, mais au contraire des petites aires urbaines à la périphérie de la région Ile de France : à commencer par la partie de l’aire urbaine de Paris se trouvant dans la région Centre (15 de ces secteurs représentés), puis par Montargis (12), Dreux (11) et Vendôme (10). Orléans et Tours n’en disposent, respectivement que de 10 et 9. Des petites aires urbaines comme Pithiviers, Châteaudun ou Vierzon en ont également 9. On voit bien là que la géographie du secteur basique productif urbain de la région n’est pas calquée sur la hiérarchie de peuplement urbain. Au bas de l’échelle, l’aire urbaine de St Amand a la plus faible présence de ces secteurs (5).

25


Tableau 19 : les secteurs basiques productifs qui sont les plus gros secteurs d’emploi salarié privé des aires urbaines de la région Centre. Présence 2003 et évolution 1993-2003 dans les aires urbaines de la région. Lecture du tableau : On trouve en colonne chacun des secteurs productifs basiques qui sont les plus gros employeurs sur l’ensemble des 25 aires urbaines. La partie supérieure du tableau indique les aires urbaines dans lesquelles ces secteurs sont également dans les plus gros secteurs d’emploi. La partie inférieure indique les aires urbaines dans lesquelles ces secteurs ne sont pas dans les 25 plus gros employeurs mais ont été à l’origine des plus grosses créations ou pertes d’emplois entre 1993 et 2003. La trame verte indique que l’emploi a augmenté, jaune, qu’il a reculé. L’absence de trame indique une stabilité. Activités juridiques, comptables et de conseil de gestion 12 306 2003 3 679 1993-2003 Amboise Blois Bourges Dans les Chartres 25 plus Chateaudun gros secteurs Châteauroux d'emploi Dreux salarié Gien privé des Issoudun AU Montargis Nogent Orléans Paris Pithiviers Romorantin St Amand Tours Vendôme Vierzon Pas dans les 25 plus gros

Fabrication de composants électroniques 3 458 2003 -322 1993-2003 Chateaudun Dreux Montargis Dans les Nogent 25 plus Romorantin gros secteurs Tours d'emploi salarié privé des AU

Pas dans les 25 plus gros

Blois Orléans Pithiviers Vendôme

Services divers fournis principalemen Industrie pharmaceutiq Industrie du t aux entreprises ue caoutchouc 7 877 7 333 5 965 1 895 38 2 095 Dreux Bourges Blois Gien Chartres Bourges Montargis Chateaudun Chartres Orléans Montargis Chateaudun Paris Paris Gien Pithiviers Tours Montargis Tours Vierzon Orléans Paris Tours

Amboise Blois Chartres Nogent Vierzon

Autres industries alimentaires 3 281 -473 Amboise Blois Châteauroux Gien Montargis Paris Pithiviers Romorantin

Bourges Chateaudun Dreux Vierzon

Châteauroux Amboise Issoudun Dreux Issoudun Nogent Pithiviers Romorantin Vendôme

Fabrication d'armes et de munitions 2 488 1 677 Bourges

Construction de véhicules automobiles 2 271 7 Romorantin*

Orléans

Activités d'architecture et d'ingénierie 2 119 1 289 Chartres Dreux Orléans

Amboise Blois Nogent Paris St Amand *: données 200Tours

Fabrication d'équipement s automobiles 5 547 -598 Blois Dreux Montargis Nogent Romorantin Vendôme

Chartres Chateaudun Gien Tours

Fabrication de savons, de parfums et de produits d'entretien 4 301 -320 Chartres Gien Orléans Paris

Blois Chateaudun Châteauroux Dreux Montargis Nogent Pithiviers Vendôme

Fabrication Forge, emboutissage de , estampage machines métallurgie d'usage des poudres général 1 857 1 638 69 693 ChâteaurouxMontargis Dreux Paris Gien Vendôme Pithiviers Romorantin St Amand Vendôme

Amboise Issoudun Montargis Nogent Orléans Vierzon

Chateaudun Dreux Issoudun Tours Vierzon

Source : d’après Unedic

26

Construction aéronautique et spatiale 1 600 -964 Issoudun Vendôme

Transformatio n des matières plastiques 4 159 1 245 Amboise Châteauroux Dreux Nogent Paris Pithiviers Romorantin Vendôme

Blois Issoudun Orléans Vierzon Chartres Gien

Fabrication d'instruments de mesure et de contrôle 1 564 7 Bourges Chartres Issoudun Paris Vendôme

Bourges Dreux Chateaudun Montargis Paris Romorantin Tours

Manutention et entreposage 3 948 3 365 Bourges Châteauroux Issoudun Montargis Orléans Paris Pithiviers

Fabrication d'équipement s mécaniques 3 494 -318 Amboise Chartres Chateaudun Issoudun Tours Vierzon

Blois Chartres

Blois Dreux Gien Montargis Orléans

Fabrication d'appareils d'émission et de transmission Fonderie Imprimerie 1 442 1 412 1 353 -17 -892 1 033 Châteaurou Amboise Chateaudun Vendôme Issoudun Paris St Amand Nogent Paris Pithiviers Romorantin St Amand Vendôme

Bourges Dreux Orléans Paris Pithiviers Vierzon

Blois Chartres Dreux Montargis Vierzon

Nogent Vierzon


Tableau 20 : les secteurs basiques productifs qui sont les plus gros secteurs d’emploi salarié privé des aires urbaines de la région Centre. Bilan des aires urbaines Lecture du tableau : Pour chaque aire urbaine, on compte le nombre de « gros » secteurs basiques productifs qui perdent de l’emploi entre 1993 et 2003, qui en gagnent et ceux qui sont stables. On attribue les notes –1, +1 et +0,5 pour chaque secteur selon ces trois modalités. Le bilan fait la somme des notes obtenues.

Paris Chartres Châteauroux Issoudun Nogent Chateaudun Amboise Vendôme St Amand Orléans Tours Bourges Dreux Gien Montargis Pithiviers Vierzon Romorantin Blois

"Gros" secteurs d'emploi pertes gains stable 4 9 2 6 1 5 2 5 2 5 3 6 2 4 3 4 1 2 4 5 3 3 4 5 5 5 3 3 6 6 4 3 4 3 4 2 4 2

présence 2

1 1 1 3 2 1 3 1

2 2 2

bilan 15 8 6 8 8 9 7 10 5 10 9 9 11 6 12 9 9 8 6

6 4 4 3,5 3,5 3 2,5 2,5 2 1,5 1,5 1 0,5 0 0 0 0 -1 -2

Si l’on note le bilan des différentes aires urbaines, du point de vue de la dynamique de ces secteurs productifs stratégiques, on ne retrouve pas non plus une hiérarchie « métropolitaine » classique. Les meilleures notes vont à deux zones proches de l’Ile de France : l’AU de Paris (in Centre) et celle de Chartres, dans lesquelles ces secteurs stratégiques sont plus nombreux à se développer qu’à perdre de l’emploi. Orléans et Tours sont, en situation médiane, ex-aequo à cet égard (même si, comme on le verra plus loin qu’en nombre d’emplois considérés, elles enregistrent des dynamiques différentes). Des petites villes très industrieuses comme Issoudun, Nogent ou Amboise ont un bilan plutôt positif, paraissant capable de mettre en valeur et d’adapter leurs avantages productifs quand d’autres comme Vierzon, Blois ou Romorantin (déjà en 2003) sont face à d’importantes difficultés d’ajustement. Les notes de ce bilan n’ont pas grand-chose à voir avec la notation globale du développement territorial proposée plus haut. On l’a vu, les grands secteurs basiques productifs des villes de la région ne représentent que 10% de leur emploi salarié privé et globalement, les revenus basiques productifs ne représentent que de l’ordre du quart des bases économiques des villes françaises. Mais ce type d’analyse permet d’offrir une représentation synthétique des tendances de leurs bases productives privées. Le graphe 21 met en relation la part du productif privé dans les bases économiques des villes et leur bilan sectoriel à l’égard des « gros » secteurs basiques. Plusieurs paquets de villes se détachent : -

-

des villes à faible base productive basique qui ont un bon bilan parce qu’elles sont tirées par la proximité à l’Ile de France : l’aire urbaine de Paris (in Centre) et celle de Chartres ; des villes à forte base productive, industrieuses, qui présentent un bon bilan, ce qui rend compte d’une capacité d’ajustement/adaptation significative : Nogent, Issoudun, Châteauroux, Vendôme, Amboise, Châteaudun... ;

27


-

-

des villes à forte base productive mais en crise d’ajustement (d’où leur mauvais bilan sectoriel) : Romorantin, Blois, Pithiviers, Dreux, Gien,... Vierzon constitue un cas à part, dont la base productive s’est érodée au fil des années passées pour voir son poids réduit au niveau des villes les moins productives de la région, et dont le bilan est mauvais ; enfin, des villes à bases productives moyennes –pour plusieurs, chef lieux, du fait du poids de la base publique- et bilan également moyen : Tours, Orléans , Bourges.

Graphe 21 : Poids des bases productives et bilan sectoriel des aires urbaines de la région Centre. Bilan grands secteurs basiques 7 Paris 6

5 Châteauroux

Chartres 4

Issoudun

Nogent

Châteaudun

3

Amboise St Amand

2

Vendôme

Tours Orléans Bourges

1 Vierzon

Dreux Pithiviers

Gien

Montargis

0 60

70

80

90

100

110

120

130

-1 Romorantin -2

-3

Blois Indice de base productive privée

Source : d’après Insee, Unedic, DGI,... Note : le bilan sectoriel compte pour chaque ville le nombre des grands secteurs basiques productifs des villes de la région qui ont gagné (+1), perdu (-1) ou maintenu (+0,5) de l’emploi salarié privé. Voir tableau 20 .

La capacité d’ajustement des systèmes productifs des villes de la région Centre n’est pas sans lien avec la structure de qualification de leurs emplois. Comme le montre le tableau 22, globalement, nos villes sont caractérisées par une forte présence ouvrière. Toutes les villes ont un niveau de présence d’emploi d’ouvriers qualifiés proche ou supérieur, voire très supérieur, à la moyenne de Province. Amboise, Romorantin ou Issoudun, par exemple, ont pratiquement 50% de présence d’ouvriers qualifiés de plus que le moyenne de Province. Même les « métropoles » de la région comme Orléans ou Tours ont un indice de présence proche de celui de la moyenne de Province. Du côté des ouvriers non qualifiés –dont la présence constitue un marqueur de vulnérabilité plus significatif encore que celui des ouvriers qualifiés-, cinq de nos villes ont un indice supérieur à 140 : Nogent , Romorantin, Paris (part Centre de l’AU), Pithiviers, Dreux. La plupart de ces villes sont celles qui présentaient un bilan sectoriel défavorable. Orléans, Tours et Bourges sont les seules aires urbaines qui aient une faible présence (inférieure à l’indice 90) d’ouvriers non qualifiés.

28


Les emplois de contremaîtres et agents de maîtrise sont présents de façon moyenne dans nos villes, ceux de techniciens plus abondants. Les emplois de cadres d’entreprise sont faiblement représentés (<90) dans 11 des 19 villes. Tout cela suggère un faible taux d’encadrement d’un emploi massivement peu qualifié. Seules Orléans, Tours, Bourges, Chartres et Blois ont un taux de cadre nettement supérieur à la moyenne de Province. Tableau 22: Les qualifications dans les secteurs productifs des aires urbaines de la région Centre en 1999. Indice de présence (100= poids moyen de la qualification dans l’emploi de Province) Emplois

AU Orléans AU Tours AU Chateauroux AU Bourges AU Amboise AU Vierzon AU Vendome AU St Amand AU Romorantin AU Pithiviers AU Paris (Centre) AU Nogent le R. AU Montargis AU Issoudun AU Gien AU Dreux AU Chateaudun AU Chartres AU Blois Province Ile de France France

chefs d'entreprise 10 salariés ou plus Indice spec 1999 (% Province) 87 92 82 100 79 98 105 87 90 72 119 63 107 107 80 95 82 107 81 100 116 104

Emplois Emplois Emplois Emplois Emplois contremaître employés ouvriers ouvriers non cadres Emplois s, agents de administratifs qualifiés qualifiés d'entreprise techniciens d'entreprise maîtrise Indice spec Indice spec Indice spec Indice spec Indice spec Indice spec 1999 (% 1999 (% 1999 (% 1999 (% 1999 (% 1999 (% Province) Province) Province) Province) Province) Province) 149 132 104 125 97 87 114 112 100 116 98 83 75 85 109 115 109 135 114 143 93 122 104 81 106 138 103 75 145 115 78 88 120 96 133 108 86 117 104 95 129 128 48 50 97 87 119 133 49 97 117 64 143 183 112 123 116 97 121 153 110 99 141 81 133 160 76 102 86 85 124 197 86 99 135 116 112 131 58 74 117 84 144 172 83 127 119 99 134 123 82 133 107 89 138 140 76 136 104 83 103 124 115 110 109 127 100 106 121 116 94 129 103 94 100 100 100 100 100 100 314 119 88 138 67 55 147 104 97 108 93 90

Source : d’après Insee Note : trame verte si > indice 110 et rouge si <indice 90

La présence des chefs d’entreprises de plus de 10 salariés nous renseigne sur la présence des PME, la source principale de création d’emploi en France aujourd’hui, et qui constituent un facteur majeur de résilience de l’emploi local (les chocs sont moins durement ressentis et plus faciles à « étaler » dans un environnement de multiples PME plutôt que du fait de grands établissements). La seule zone qui apparaisse avec une forte présence d’entrepreneurs est l’AU de Paris. Dix des villes de la région sont en dessous de l’indice 90 ! En termes d’évolution, comme le montre le tableau 23, les différentes villes, qualification par qualification font plutôt moins bien que la Province : Sur les 133 croisements qualification villes du tableau, 76, soit 57% d’entre eux, rendent compte d’une performance inférieure à celle de la Province. De façon générale, comme on l’a vu plus haut, les villes de la région sont plutôt spécialisées dans les emplois les plus vulnérables en France : ouvriers et employés administratifs, qui reculent massivement dans le pays. En revanche, les qualifications qui progressent, les cadres et les chefs d’entreprise sont plutôt moins présents dans la région. La seule qualification qui progresse en France et qui soit bien représentée dans les villes de la région est celle des techniciens. A la lecture du tableau 23, on voit que les villes qui ont globalement une progression de la plupart des qualifications supérieures à celle de la Province sont, à peu d’exceptions, celles qui présentaient le meilleur bilan sectoriel basique (tableau 20):

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-

-

-

-

pour les villes à base productive moyennement présente et bilan médiocre : Orléans (5 qualifications sur 7 progressent plus vite que la Province) mais pas Tours (1/7) ni Bourges (3/7) ; pour les villes à forte base productive et qui ont un bon bilan sectoriel : Châteauroux (5/7), Nogent (4/7), Amboise (4/7), Châteaudun (4/7), mais pas Issoudun (2/7) ni Vendôme (2/7), ce qui suggère chez les premières un ajustement plus heureux que pour les secondes pour lesquelles il semble plus douloureux en termes d’emplois; pour les villes à forte base productive en difficulté d’ajustement (médiocre ou mauvais bilan) : mais pas Blois (2/7), Pithiviers (3/7), Gien (2/7), Dreux (0/7). Vierzon, dont le poids de la base productive a « fondu » n’a qu’une des sept qualifications qui progresse plus rapidement : les cadres d’entreprises ; Les deux aires urbaines proches de Paris, Chartres et AU Paris sont celles qui ont les meilleurs scores (et le meilleur bilan sectoriel) avec 5/7 et 4/7.

Tableau 23: Les qualifications dans les secteurs productifs des aires urbaines de la région Centre. Evolution 1990-1999

AU Orléans AU Tours AU Chateauroux AU Bourges AU Amboise AU Vierzon AU Vendome AU St Amand AU Romorantin AU Pithiviers AU Paris (Centre) AU Nogent le R. AU Montargis AU Issoudun AU Gien AU Dreux AU Chateaudun AU Chartres AU Blois Province Ile de France France

Emplois Emplois Emplois chefs Emplois contremaître employés d'entreprise cadres Emplois s, agents de administratifs 10 salariés d'entreprise techniciens maîtrise d'entreprise ou plus 1990-99 1990-99 1990-99 1990-99 1990-99 -4,9% 13,4% 32,9% 6,5% -4,5% 5,3% 10,4% 25,8% 6,4% -6,8% 10,0% 6,7% 35,4% 9,8% -11,8% 62,7% 30,2% 6,7% -19,0% -2,0% -18,8% 57,8% 79,6% 13,7% -14,6% -25,0% 22,3% 15,1% -18,4% -15,7% -3,7% 43,0% 29,6% -5,9% -12,7% -14,3% 8,1% 17,5% 5,2% -16,7% 16,7% 15,0% 63,7% 10,7% -12,7% -6,8% 8,2% 109,3% -0,4% -6,8% -12,0% 5,4% 42,0% 7,6% -20,6% 12,5% 52,9% 37,3% -8,2% -7,8% -1,4% 4,0% 45,8% 16,1% -5,4% 25,0% -25,8% 18,3% -3,4% -10,7% 29,5% 7,9% 26,1% -3,7% -8,5% 5,6% 3,7% 21,9% -30,6% -13,7% 40,9% -5,2% 39,5% -1,8% -14,7% 17,3% 16,5% 63,6% -1,4% -6,1% -3,3% 18,7% 25,9% 7,5% -10,8% 6,0% 12,5% 27,7% 0,7% -5,0% -16,4% 8,4% 4,2% -7,8% -17,8% -0,6% 10,6% 20,8% -1,1% -9,0%

Source : d’après Insee Note : trame verte si > indice 110 et rouge si <indice 90

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Emplois Emplois ouvriers non ouvriers qualifiés qualifiés 1990-99 1990-99 -3,2% -9,8% -6,0% -19,5% 0,4% -12,4% -16,2% -21,7% 10,3% -15,9% -27,1% -40,4% -6,0% -33,5% -10,7% -28,0% 20,1% -10,3% 12,5% -0,9% 0,2% -10,3% -7,7% -14,2% -11,0% -8,0% 5,6% -20,9% -3,9% -9,8% -9,8% -29,3% -2,0% 3,9% -2,3% -9,4% -6,5% -23,5% -3,0% -15,1% -21,9% -23,0% -6,6% -16,3%


Tableau 24: Les secteurs de services supérieurs professionnels, en pourcentage de l’emploi salarié privé. 1993 -2003 1993 2,9% 3,2% 3,0% 2,7% 2,6% 1,6% 2,1% 2,2% 1,8% 1,9% 1,5% 1,9% 2,0% 1,6% 1,8% 1,5% 0,9% 2,0% 1,9% 2,7% 6,6% 3,8%

AU Chartres AU Orléans AU Montargis AU Tours AU Bourges AU Paris (Centre) AU Blois AU Chateauroux AU Chateaudun AU St Amand AU Romorantin AU Vierzon AU Vendome AU Amboise AU Nogent le R. AU Dreux AU Issoudun AU Pithiviers AU Gien Province Ile de France France

2002 points 93-02 4,5% 1,6% 4,4% 1,2% 4,4% 1,4% 3,0% 0,3% 2,9% 0,3% 2,2% 0,6% 2,1% 0,0% 2,1% -0,1% 2,0% 0,2% 1,9% 0,0% 1,8% 0,4% 1,8% -0,1% 1,8% -0,2% 1,8% 0,1% 1,7% -0,2% 1,6% 0,1% 1,5% 0,5% 1,4% -0,6% 1,1% -0,8% 3,1% 0,4% 7,8% 1,3% 4,3% 0,5%

Nbre: 1993-02 1993-02 811 88,8% 2255 71,5% 411 80,7% 742 31,1% 247 30,9% 99 43,6% 118 17,9% 69 13,0% 29 32,6% 2 2,4% 24 21,6% -11 -6,8% 2 1,2% 40 44,4% 17 19,5% 22 9,5% 34 66,7% -18 -18,4% -38 -30,9% 97 872 36,4% 78 411 33,6% 176 283 35,1%

Source : Unedic Note : les secteurs sont : Conseil en systèmes informatiques ,Réalisation de logiciels ,Traitement de données ,Activités de banques de données ,Entretien et réparation de machines de bureau et de matériel informatique ,Autres activités rattachées à l'informatique ,Recherche-développement en sciences physiques et naturelles ,Activités de contrôle et analyses techniques.

Tableau 25 : La spécialisation dans les secteurs basiques productifs privés « métropolitains »

Services divers fournis principalemen t aux entreprises

Traitement de données nbre d'AU spécialisées AU spécialisées

Autres AU

5

Recherchedéveloppeme nt en Construction sciences physiques et aéronautique naturelles et spatiale

4

2

RechercheFabrication développeme de machines nt en sciences de bureau et Conseil en humaines et Réalisation de de matériel systèmes sociales logiciels informatique informatiques

2

Blois Dreux Orléans Tours Vendôme

Bourges Chateaudun Gien Paris

Orléans Paris

Issoudun Vendôme

Bourges Montargis

Amboise Blois Chartres Dreux Issoudun Montargis Nogent Orléans Pithiviers Romorantin Vendôme

Chateaudun Montargis

Bourges Chateaudun Paris

1 Pithiviers

1

1

Activités juridiques, comptables et de conseil de gestion

1

1

Vendôme

Romorantin

Orléans

Chartres

Blois Bourges Chartres Orléans Romorantin Tours

Issoudun

Blois St Amand Tours

Amboise Blois Bourges Chateaudun Châteauroux Gien Issoudun Montargis Nogent Orléans Paris Pithiviers Romorantin Tours

Source : d’après Unedic

Les bases publiques des aires urbaines de la région Centre On l’a vu plus haut (tableau 13), la base publique –c’est à dire les salaires des emplois publics- constitue l’un des moteurs de développement le plus inégalement répartis entre nos villes : sa présence passe de 1 (AU Paris, avec 7% de sa base économique) à 3,6 (Orléans avec 25%). Les revenus publics constituent un enjeu majeur des villes chef lieux : 25% de la base économique d’Orléans, 23% de celle de Tours, 21% à Châteauroux et à Bourges et

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–seulement- 18% à Chartres. Il ne faut pas interpréter ce dernier chiffre comme le signe qu’il y aurait relativement moins d’emplois publics à Chartres que chez ses homologues –on le verra plus bas- mais plutôt comme le fait que Chartres dispose d’autres bases économiques que ses homologues n’ont pas (notamment résidentielles avec les revenus de ses actifs travaillant hors de son périmètre). L’analyse de l’emploi public se heurte à d’importantes difficultés conceptuelles et statistiques. Il n’existe pas de définition établie, nationale ou internationale, de l’emploi public. Est-ce un emploi payé par les fonds publics ? est-ce un emploi commandé par le secteur public ? est-ce une affaire de statut ou de fonction ? Les appareils statistiques n’ont pas encore adopté de convention commune répondant à ces questions. L’analyse des bases a été menée à partir du recensement de l’Insee de 1999, qui fournit, à la commune, une donnée (ESP 1999) regroupant les emplois non privés, mais mélangeant aussi bien les emplois d’administration publique, les emplois de service publics et les emplois des entreprises publiques. Il est dès lors très difficile d’analyser les variations de cette donnée entre 1990 et 1999. Globalement, cet agrégat a connu une diminution en France entre 1990 et 1999 , passant de 6,43 à 6,12 millions d’emplois. C’est le cas aussi dans les 19 aires urbaines étudiées : selon cette donnée « ESP », l’emploi public serait passé de 201 000 à 198 500 dans la période, soit une réduction de 2 500 emplois. Le tableau 26 détaille la présence et l’évolution de l’emploi public dans les aires urbaines de la région. Six d’entre elles, dont quatre chefs-lieux, ont plus de 30% de leur emploi dépendant du secteur public. L’aire urbaine de Chartres, dont on a vu qu’elle dépendait moins que ses homologues des bases publiques est juste derrière avec 29%. Châteaudun et Vierzon , sans être chefs-lieux et du fait de la forte présence d’établissements publics, sont dans le club des 30%. Tableau 26: L’emploi public dans les aires urbaines de la région Centre. Evolution 1990-1999 – poids dans l’emploi 1999

Total emplois salariés du public RP90 AU Chateaudun 3 088 AU Chateauroux 13 028 AU Tours 47 464 AU Bourges 21 032 AU Orléans 49 984 AU Vierzon 4 096 AU Chartres 14 580 AU St Amand 2 156 AU Blois 13 556 AU Dreux 7 064 AU Romorantin 2 988 AU Gien 2 876 AU Montargis 6 636 AU Nogent le R. 1 704 AU Pithiviers 1 672 AU Issoudun 1 752 AU Vendome 3 248 AU Amboise 1 820 AU Paris (Centre) 2 288 Province 4 878 841 Ile de France 1 553 714 France 6 432 555

Total emplois détenus par des salariés du public RP99 3 584 13 242 47 420 16 458 49 469 4 116 15 916 2 233 13 953 6 026 3 395 2 499 6 693 1 922 1 796 1 752 3 045 2 059 2 911 4 739 065 1 385 748 6 124 813

1990-99 emplois salariés du secteur public 496 214 -44 -4 574 -515 20 1 336 77 397 -1 038 407 -377 57 218 124 0 -203 239 623 -139 776 -167 966 -307 742

Source : d’après Insee

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1990-99 emplois salariés du secteur public 16,1% 1,6% -0,1% -21,7% -1,0% 0,5% 9,2% 3,6% 2,9% -14,7% 13,6% -13,1% 0,9% 12,8% 7,4% 0,0% -6,3% 13,1% 27,2% -2,9% -10,8% -4,8%

poids de l'emploi public dans l'emploi total 1999 34% 32% 31% 30% 30% 30% 29% 28% 28% 27% 26% 24% 24% 24% 22% 22% 21% 21% 13% 27% 27% 27%


Quatre des 19 AU voient l’emploi public se réduire significativement: Bourges, Dreux, Gien et Vendôme. La cause de cette évolution réside dans des changements concernant des établissements publics productifs et non dans des emplois de service public au service de la population. De façon générale, les emplois publics progressent dans la plupart des autres aires urbaines. La seule source permettant de distinguer les différents types d’emplois publics (« ou publicoïdes ») est constituée par les estimations départementales de l’emploi de l’Insee, à l’échelle départementale. Le tableau 27 nous montre l’évolution de trois types d’emplois que sont (i) les emplois d’administration publique » , (ii) les emplois de santé et d’action sociale » et (iii) ceux d’éducation. Tous ces emplois ne sont pas « publics » au sens strict (pour autant qu’il y ait une définition du sens du mot « public), mais ils le sont pour la plupart, directement (fonctionnaires) ou indirectement (enseignants conventionnés, travailleurs sociaux d’associations dépendantes de subventions publiques ou personnels soignants payés, finalement, par la sécurité sociale). Tableau 27: L’emploi « publicoïde » (1990-2002) dans les départements de la région Centre. Administration publique

18 - Cher 28 - Eure-et-Loir 36 - Indre 37 - Indre-et-Loire 41 - Loir-et-Cher 45 - Loiret Total France métropolitaine

Santé, action sociale

Education

TOTAL 3 secteurs

pop. 31-12-2002 31-12-2002 90-02 31-12-2002 90-02 31-12-2002 90-02 1990-99 90-02 13 673 11 410 7 542 19% 29% 6% 32 625 19% -2% 13 705 14 043 10 607 13% 31% 20% 38 355 21% 3% 10 173 8 612 5 833 12% 35% 6% 24 618 18% -3% 21 243 23 663 16 927 17% 15% 13% 61 833 15% 5% 11 315 12 075 7 578 27% 40% 11% 30 968 27% 3% 27 538 20 226 17 762 18% 25% 22% 65 526 21% 6% 2 438 888 2 251 097 1 706 136 22% 23% 11% 6 396 121 19% 3%

Source : d’après Insee Note : l’emploi publicoïde est constitué des emplois d’administration publique, de santé, d’action sociale et d’éducation.

Tableau 28: L’emploi « publicoïde » (1990-2002) et l’emploi total (1990-1999) dans les départements de la région Centre.

18 - Cher 28 - Eure-et-Loir 36 - Indre 37 - Indre-et-Loire 41 - Loir-et-Cher 45 - Loiret Total France métropolitaine

Total 3 secteurs Emploi total 1990-2002 1990-99 5 174 -3 205 6 595 2 385 3 671 -1 692 8 132 6 225 6 619 247 11 417 16 120 1 034 273 703 971

Source : d’après Insee Note : l’emploi publicoïde est constitué des emplois d’administration publique, de santé, d’action sociale et d’éducation

Au total, entre 1990 et 2002, le nombre de ces emplois a progressé, dans la région Centre, de près de 42 000 (ce qui est différent de la réduction des « emplois publics » du recensement). De façon générale, ces emplois sont au service de la population locale (départementale ou régionale pour les emplois d’administration publique de chefs-lieux) et devraient évoluer avec la population des territoires.

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C’est bien ce que l’on observe pour les emplois d’administration publique et d’éducation : le Cher et surtout l’Indre dont la population se réduit ont de mauvaises performances de créations nettes d’emplois dans ces secteurs. Le Loiret, dont la croissance démographique est la plus forte des cinq départements, est le deuxième pour la croissance de l’emploi des trois secteurs considérés. Pour autant, cette loi n’est pas systématique et connaît des exceptions: l’Eure et Loir, avec une croissance démographique moyenne observe une évolution presque deux fois moins rapide que la moyenne nationale de son emploi d’administration publique... alors que le Loir et Cher, pour une même croissance démographique est le champion de la croissance de l’emploi dans ces trois secteurs. Ce qui est frappant, à la lecture du tableau 28, c’est l’importance de l’enjeu de ces emplois « publicoïdes » dans l’évolution de l’emploi total des territoires considérés. Si en masse, les emplois des trois secteurs représentent en gros 28% du total des emplois français, en variation, ils constituent une part majeure de son évolution. Pour autant que l’on accepte de rapporter des évolutions 1990-2002 de cet emploi à l’évolution 1990-1999 de l’emploi total, on voit que la création nette dans ces secteurs ( 704 000) doit contribuer plutôt pour de l’ordre des deux tiers de la variation de l’emploi total français (1 million). Dans les départements de la région Centre, on est, au total, loin de ce ratio : quand les trois secteurs enregistrent une variation nette de 42 000 emplois entre 1990 et 2002, l’emploi total se réduit de 20 000 entre 1990 et 1999... en d’autres termes, pour chaque emploi perdu, les secteurs publics en ont créé 2. Comme le montre le tableau 28, ce sont les départements du Sud de la région, le Cher et l’Indre, dans lesquels ces effets de compensation ont joué le plus fort : l’emploi total, dans ces deux départements, régresse au total de 4 000 unités et l’emploi « publicoîde » progresse de 9 000, en dépit de leur dépression démographique, mais probablement du fait de la montée de la demande sanitaire et sociale liée au vieillissement de leurs populations. Avec respectivement 26% et 29% de leur population âgée de plus de 60 ans, le Cher et l’Indre sont , avec le Loir et Cher (26%) dans les plus âgés des départements de la région Centre (Loiret : 21%, Eure et Loir :21%, Indre et Loire : 22%) ils enregistrent une forte progression des emplois du secteur sanitaire et social. Le Loiret est le seul département de la région dans lequel l’emploi total a progressé en plus grand nombre que l’emploi publicoïde (ce qui signifie, comme pour la moyenne nationale, que l’emploi des trois secteurs n’y a représenté « que » de l’ordre des 2/3 de la croissance de l’emploi total !). Il s’en faut de peu que l’Indre et Loire soit dans la même situation. On voit donc que l’évolution de l’emploi de tous les départements, et en leur sein de leurs villes, de la région dépend, beaucoup pour les uns ou extrêmement pour les autres, de l’évolution de l’emploi public. Les bases résidentielles des aires urbaines de la région Centre : les salaires des actifs employés ailleurs. Une part importante des bases économiques des villes de la région est constituée des revenus que les actifs qui y résident apportent depuis des lieux d’emploi extérieurs. On l’a vu dans le tableau 12, ces revenus constituent la part la plus variable des bases économiques des villes de la région. Ils pèsent de 1 (Orléans : 7%) à 5 (AU Paris : 37%) dans leurs bases économiques. Le tableau 29 fournit les données des entrées-sorties (domicile-travail) des actifs occupés des aires urbaines.

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Tableau 29: Les actifs entrant et sortant quotidiennement des aires urbaines dans le cadre des navettes domicile-travail. 1990-1999

AU Paris (Centre) AU Pithiviers AU Amboise AU Dreux AU Gien AU Nogent le R. AU Montargis AU Vierzon AU Chartres AU Chateaudun AU Issoudun AU Vendome AU Romorantin AU St Amand AU Bourges AU Blois AU Chateauroux AU Tours AU Orléans

sortants en % sortants sortent sortants sortants act. Occupés entrants 1990-99 1990-99 1999 1999 1999 24 020 6 519 37% 64% 15 598 2 175 609 39% 32% -1 151 2 532 954 60% 30% -1 285 5 205 593 13% 27% -3 601 2 345 173 8% 26% -1 419 1 437 301 26% 23% -1 929 6 752 1 648 32% 23% 1 527 3 065 549 22% 23% -84 13 020 2 598 25% 22% 3 834 2 070 521 34% 22% -1 283 1 600 476 42% 22% -605 2 811 922 49% 21% -471 2 265 506 29% 20% -1 812 1 464 337 30% 19% -288 6 645 1 485 29% 13% -3 291 6 275 1 579 34% 13% -1 722 3 819 543 17% 10% -3 324 14 964 4 611 45% 10% -1 139 13 790 3 731 37% 9% -1 320

sortants entrants en % pop. Act. Occ. 1990 34,0% -11,2% -10,9% -10,2% -4,7% -17,3% 5,7% -1,5% 7,7% -4,7% -6,2% -2,0% -12,1% -2,5% -5,1% -1,9% -4,3% -1,1% -0,4%

sortants entrants en % pop. Act. Occ. 1999 41,3% -16,7% -15,2% -19,0% -15,9% -30,7% 5,1% -0,6% 6,6% -13,8% -8,2% -3,4% -16,1% -3,8% -6,5% -3,5% -8,7% -0,8% -0,8%

Source : d’après Insee .

L’aire urbaine de Paris (c’est-à-dire la partie de l’AU de Paris se trouvant dans la région Centre) est un cas à part. Par définition, un grand nombre d’actifs qui y résident vont travailler dans d’autres parties, franciliennes, de l’aire urbaine de Paris. En revanche, pour les Pithiviers, Amboise, Dreux, Gien, c’est plus de 25% de leurs actifs occupés qui n’y travaillent pas. Il n’y a que 6 des 19 aires urbaines dans lesquelles ils ne sont que moins de 20%. Et ce mécanisme généralisé d’interpénétration ou d’étalement des marchés de l’emploi a fortement progressé entre 1990 et 1999, de plus de 30% dans la plupart des aires urbaines de la région. Font exception Dreux et Gien dont la progression du nombre d’actifs sortants a été , comparativement, très faible. Amboise est la championne, avec une progression de 60% , suivie, de loin, par Vendôme (49%) et Tours (45%). Les analyses territoriales traditionnelles considèrent comme « bon signe » le fait que des actifs viennent, même de loin, travailler sur un territoire. Et comme un mauvais signe , voire une spoliation, le fait que les actifs d’un territoire n’y soit pas employés. La balance « stratégique » est, pour ces analyses, la différence entrants – sortants. Une balance positive réjouit et négative inquiète. Dans le cadre d’analyses comme celle de la « base économique », qui s’appuie sur la prise en compte de la formation du revenu local, la perspective est inverse. Tout actif allant travailler ailleurs n’est pas « perdu », au contraire, mais constitue une source de revenu pour le territoire dans lequel il réside. En revanche, un emploi occupé par un actif résidant ailleurs constitue une fuite de revenu et de consommation locale (si le centre du bassin de vie dans lequel il vit est différent du territoire dans lequel il est employé). A cet égard, pour la plupart des aires urbaines de la région, 16 sur 19, le solde sortantsentrants est négatif et se creuse nettement entre 1990 et 1999 (tableau 29). Les seules gagnantes sont l’AU de Paris, de Chartres et de Montargis, où les entrants sont moins nombreux que les sortants. Toutes les autres sont des pôles d’emploi et donc de revenu du

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travail au profit d’autres territoires. Sept d’entre elles ont un déficit sortant –entrants de plus de 10% de leur population active occupée, avec une situation extrême dans le cas de Nogent où le déficit est de l’ordre de 30% ! On comprend mieux qu’il y ait une déconnexion entre dynamiques d’emploi et dynamique de développement des villes quand le revenu que génère leurs activités ne vient pas leur alimenter des effets multiplicateurs de revenu et d’emploi mais profite à d’autres territoires. Le tableau 30 donne un ordre de grandeur de ce que représente la « manne » des emplois des aires urbaines pour les autres territoires de leurs départements. En moyenne, 23% des actifs non urbains de la région Centre travaillent dans une de ses aires urbaines, ce pourcentage variant entre 16% en Indre et 28% en Eure et Loire. 66 000 des 122 000, soit en gros la moitié des actifs qui entrent dans une aire urbaine de la région pour y travailler viennent de ces territoires non urbains. Pour avoir un ordre de grandeur de ce transfert de revenu urbain-non urbain dans la région, et en considèrant que le revenu moyen de ces actifs est de l’ordre de 20 000 euros par an, il s’agit d’un transfert de l’ordre de 1,3 milliards d’euros. Tableau 30: Part des actifs résidants dans les territoires non urbains des départements de la région Centre et travaillant dans ses aires urbaines

18 non urbain 28 non urbain 36 non urbain 37 non urbain 41 non urbain 45 non urbain non urbain Centre

Population active occ. totale RP99 48 010 40 447 43 290 58 512 51 026 48 494 289 779

Actifs employés dans les aires urbaines de la région 10 195 11 443 7 102 11 528 13 252 12 429 65 949

Actifs employés dans les aires urbaines de la région (en %) 21% 28% 16% 20% 26% 26% 23%

Source : d’après Insee

Même si la plupart des rares urbaines considérées ont un déficit sortant – entrant (aux quatre exceptions signalées), il n’en reste pas moins que n’entre dans le calcul de leur base économique que les revenus apportés par les sortants. Le statut de ces actifs, au regard de leur ville de résidence est strictement « résidentiel », quel que soit leur qualification ou leur secteur d’activité. S’ils sont là, c’est pour y vivre et y consommer, pas pour y produire. Ce sont des revenus locaux non issus de la production locale (au même titre que les retraites et les dépenses touristiques). Et ces revenus constituent pour plusieurs des villes un enjeu comparable à ceux de leur base productive privée : le tableau 31 montre qu’une analyse de la base économique des villes de la région qui ne s’attacherait qu’aux activités productives privées basiques –ce qui a longtemps été le cas pour de telles analyses- ne tiendrait pas compte de revenus « résidentiels » captés qui représentent au minimum 30% (Châteauroux) des revenus de la base productive privée ! Le cas extrême est évidemment celui de l’aire urbaine de Paris où les revenus des navetteurs apportent plus de 2 fois plus de revenu que la production basique privée locale. Dit autrement, la simple question des fonctions résidentielles d’actifs y est deux fois plus importante que celle de ses fonctions productives basiques privées.

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A Dreux, Pithiviers, Amboise et Chartres, ces revenus pèsent plus de 80% de la base productive privée ! On comprend, sur ces cas et avant même de parler des autres revenus résidentiels que sont les retraites ou les dépenses touristiques, qu’un diagnostic économique se cantonnant à leur seul système productif a peu de chance de saisir les mécanismes de leur développement. Les trois villes pour lesquelles ce flux de revenu n’est qu’un appoint (de l’ordre de 30 à 40% de la base productive) sont Tours, Orléans et Châteauroux, villes dont on a vu plus haut qu’elles étaient les grandes bénéficiaires de la base publique des villes de la région... Chartres, et dans une moindre mesure Bourges ajoutent à leur statut de chef-lieu , avec la base publique correspondante, des apports significatifs de revenus résidentiels de navetteurs. Tableau 31: Comparaison entre base productive et base résidentielle liée aux revenus des actifs employés ailleurs.

en % de base locale AU AU AU AU AU AU AU AU AU AU AU AU AU AU AU AU AU AU AU

Paris Dreux Pithiviers Amboise Chartres Gien Vierzon Montargis Chateaudun Nogent le Rotrou Issoudun Vendome St Amand Romorantin Bourges Blois Tours Orléans Chateauroux

(i)

(ii)

Total basique productif privé

salaires résidentiels importés d'autres lieux d'emploi

16% 26% 26% 25% 23% 25% 20% 22% 25% 29% 28% 27% 24% 28% 23% 26% 21% 24% 26%

(i) / (ii)

37% 22% 22% 20% 19% 18% 13% 14% 16% 17% 14% 13% 12% 14% 10% 10% 8% 7% 8%

228% 86% 84% 80% 80% 73% 67% 64% 63% 61% 50% 50% 49% 49% 45% 40% 38% 31% 31%

Source : calculs de l’auteur (voir tableau 12)

Les navettes domicile-travail entre les aires urbaines représentent une faible part des sorties d’actifs hors des aires urbaines de la région. Sur les 116 000 actifs qui quittent leur aire urbaine pour travailler, seuls 33 000 se rendent dans une autre aire urbaine de la région. Dit autrement, les 116 000 actifs sortant des aires urbaines étudiées représentent 17% des 690 000 actifs occupés des aires urbaines étudiées, et les 33 000 qui se rendent dans une autre aire urbaine de la région seulement 5%. Les tableaux 32 et 33 permettent de mesurer les flux d’actifs entre les aires urbaines de la région. Ils sont en général assez faibles, avec six couples actifs sur les 342 possibles entre 19 villes.

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Tableau 32: Principale aire urbaine d’emploi (en ligne) des actifs vivant dans les aires urbaines (en colonne) de la région. En % des sortants.1999 Où vont ils travailler? Amboise Blois Bourges Chartres Châteaudun Châteauroux Dreux Gien Issoudun Montargis Nogent-le-Rotrou Orléans Paris Pithiviers Romorantin-Lanthenay Saint-Amand-Montrond Tours Vendôme Vierzon

Amboise Nogent Paris Blois Bourges Chartres Chateaudun Paris Tours Blois Orléans Vendome RomorantinChateauroux 51% 10% 2% 0% 0% 0% 0% Orléans Vendome Tours Romorantin Amboise Chateaudun Bourges 13% 8% 8% 5% 3% 1% 0% Vierzon St Amand Orléans Issoudun Chateauroux Tours Romorantin 10% 4% 2% 2% 2% 1% 0% Nogent Tours Blois Paris Dreux Chateaudun Orléans 26% 6% 2% 1% 1% 0% 0% Chartres Orléans Vendome Paris Blois Nogent Tours 14% 11% 2% 1% 1% 1% 1% Issoudun Bourges Orléans Tours Vierzon Blois Romorantin 19% 4% 2% 1% 1% 1% 1% Tours Chateauroux Paris Chartres Orléans Nogent Chateaudun 15% 8% 0% 0% 0% 0% 0% Montargis Orléans Bourges Chateaudun Tours Chateauroux Pithiviers 7% 5% 1% 1% 0% 0% 0% Chateauroux Bourges Vierzon Romorantin Tours St Amand Orléans 43% 14% 3% 2% 1% 1% 1% Orléans Gien Pithiviers Vierzon St Amand Blois Bourges 5% 3% 1% 1% 0% 0% 0% Paris Orléans Pithiviers Montargis Chartres Dreux Chateaudun 13% 3% 1% 1% 0% 0% 0% Pithiviers Blois Montargis Chateaudun Tours Gien Chartres 5% 4% 3% 2% 2% 2% 2% Chartres Dreux Orléans Pithiviers Nogent Chateaudun Montargis 9% 7% 0% 0% 0% 0% 0% Orléans Paris Montargis Chartres Gien Tours Bourges 13% 3% 1% 0% 0% 0% 0% Bourges Vendome Blois Orléans Vierzon Chateauroux Tours 13% 4% 4% 1% 1% 1% 0% Bourges Chateauroux Orléans Vierzon Tours Issoudun Amboise 31% 1% 1% 1% 1% 0% 0% Amboise Blois Orléans Vendome Chateauroux Chartres Bourges 12% 5% 3% 1% 1% 0% 0% Blois Tours Chateaudun Orléans Romorantin Chartres Amboise 27% 4% 3% 3% 1% 0% 0% Issoudun Tours Blois Bourges Romorantin Chateauroux Orléans 29% 8% 3% 3% 2% 1% 0%

Total sortants 2 532 6 275 6 645 13 020 2 070 3 819 5 205 2 345 1 600 6 752 1 437 13 790 24 020 2 175 2 265 1 464 14 964 2 811 3 065

Tableau 33: Principale aire urbaine d’emploi (en ligne) des actifs vivant dans les aires urbaines (en colonne) de la région. En % des actifs occupés. 1999 Où vont ils travailler? Amboise Blois Bourges Chartres Châteaudun Châteauroux Dreux Gien Issoudun Montargis Nogent-le-Rotrou Orléans Paris Pithiviers Romorantin-Lanthenay Saint-Amand-Montrond Tours Vendôme Vierzon

Amboise Nogent Paris Blois Bourges Chartres Chateaudun Tours Blois Orléans Vendome RomorantinChateauroux Paris 15% 3% 0% 0% 0% 0% 0% Orléans Vendome Tours Romorantin Amboise Chateaudun Bourges 2% 1% 1% 1% 0% 0% 0% Romorantin Vierzon St Amand Orléans Issoudun Chateauroux Tours 1% 0% 0% 0% 0% 0% 0% Nogent Tours Blois Paris Dreux Chateaudun Orléans 6% 1% 0% 0% 0% 0% 0% Chartres Orléans Vendome Paris Blois Nogent Tours 3% 2% 0% 0% 0% 0% 0% Issoudun Bourges Orléans Tours Vierzon Blois Romorantin 2% 0% 0% 0% 0% 0% 0% Tours Chateauroux Paris Chartres Orléans Nogent Chateaudun 4% 2% 0% 0% 0% 0% 0% Tours Chateauroux Pithiviers Montargis Orléans Bourges Chateaudun 2% 1% 0% 0% 0% 0% 0% Chateauroux Bourges Vierzon Romorantin Tours St Amand Orléans 9% 3% 1% 0% 0% 0% 0% Orléans Gien Pithiviers Vierzon St Amand Blois Bourges 1% 1% 0% 0% 0% 0% 0% Chartres Dreux Chateaudun Paris Orléans Pithiviers Montargis 3% 1% 0% 0% 0% 0% 0% Pithiviers Blois Montargis Chateaudun Tours Gien Chartres 0% 0% 0% 0% 0% 0% 0% Chartres Dreux Orléans Pithiviers Nogent Chateaudun Montargis 6% 5% 0% 0% 0% 0% 0% Orléans Paris Montargis Chartres Gien Tours Bourges 4% 1% 0% 0% 0% 0% 0% Blois Orléans Vierzon Chateauroux Tours Bourges Vendome 3% 1% 1% 0% 0% 0% 0% Bourges Chateauroux Orléans Vierzon Tours Issoudun Amboise 6% 0% 0% 0% 0% 0% 0% Amboise Blois Orléans Vendome Chateauroux Chartres Bourges 1% 1% 0% 0% 0% 0% 0% Blois Tours Chateaudun Orléans Romorantin Chartres Amboise 6% 1% 1% 1% 0% 0% 0% Bourges Romorantin Chateauroux Orléans Issoudun Tours Blois 7% 2% 1% 1% 1% 0% 0%

Source : d’après Insee

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Total actifs occupés 1999 8 438 48 752 50 882 58 054 9 325 38 136 18 997 8 897 7 352 29 677 6 284 161 512 37 767 6 891 11 278 7 662 151 272 13 688 13 517


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Le couple Amboise – Tours : Amboise semble vivre largement au crochet des emplois de Tours : 15% de ses actifs vont travailler dans l’aire urbaine de Tours (et seulement 1% en sens inverse). C’est vrai en poids relatif de ces relations dans leurs bases économiques. En valeur absolue, c’est moins évident : quand 1 300 actifs occupés de l’AU d’Amboise vont travailler dans celle de Tours, ils croisent 1 800 qui font le chemin inverse. Le Couple Issoudun – Châteauroux : 9% des actifs de la première vont travailler dans la seconde. Et seulement 2% de la seconde dans la première. Là encore, en valeur absolue, la relation est plus équilibrée, même si la dépendance d’Issoudun à Châteauroux apparaît près de quatre fois supérieure à celle de Châteauroux vis-à-vis d’elle : 700 actifs de chacune des villes va travailler dans l’autre. Le couple Vierzon – Bourges : 7% des actifs occupés de la première vont travailler dans le seconde, et 1% des actifs occupés de Bourges vont travailler à Vierzon. Dans ce cas, il y a plus d’actifs allant de Vierzon à Bourges (900) que l’inverse (650). Le couple St Amand-Monrond – Bourges, avec 6% des actifs de la première (460 actifs) qui croisent 0,5% des actifs de la seconde (240 actifs). Le couple Vendôme – Blois , qui implique 6% des actifs de la première (800 actifs) et 1% de ceux de Blois (550 actifs). Le couple Aire urbaine de Paris (in Centre) – Chartres : chacune envoie 6% de ses actifs travailler dans l’autre zone. En nombre, les actifs de Chartres travaillant dans l’AU Paris (in Centre) sont beaucoup plus nombreux, 3 400, que les 2 250 faisant le trajet inverse...

De façon générale, on voit que les petites aires urbaines « satellites » de plus grandes (Vierzon et St Amand vs Bourges, Amboise vs Tours, Issoudun vs Châteauroux,...) ont une dépendance significative en termes de captation de base résidentielle. Les échanges entre les grandes villes sont très faibles, ce qui est compréhensible, du fait des distances entre elles. Tours n’envoie que 500 actifs à Orléans qui ne lui en retourne que 321. Au total, Bourges, Châteauroux et Chartres, les trois capitales de la région après Tours et Orléans, ne leur envoient, respectivement, que 114 et 410 actifs. L’économie locale est un jeu dont les règles sont voisines de celles du rugby alors qu’on les croit souvent proches de celles du football : créer un emploi ferait marquer un but. Non, créer un emploi permet de marquer un essai, du reste peu payant en tant que tel (un peu de TP), mais qui doit être transformé par la résidence de l’actif concerné –et de son revenu- sur le territoire. Comme le montre le tableau 34, la plupart des aires urbaines étudiées peinent à transformer cet essai. 15 sur les 19 ont un déficit de transformation d’activités nouvelles en revenus d’actifs résidants. La zone, très particulière il est vrai, de l’aire urbaine de Paris tire son épingle du jeu : entre 1990 et 1999, pour 400 emplois créés, elle engrange près de 5 000 nouveaux actifs occupés ! Châteauroux est la grande perdante : alors que cette aire urbaine crée 1 650 emplois, elle perd 300 actifs occupés (le terme « perdant » doit être relativisé, on le verra plus bas, si les actifs occupant ces nouveaux emplois vivent proches de l’aire urbaine de Châteauroux et viennent y dépenser leur revenu). Le tableau 34 suggère que Tours « s’en sort bien », car ses actifs occupés augmentent plus vite que ses emplois. C’est vrai en première analyse, mais ce n’est que le lot de consolation d’une très faible dynamique de création d’emplois et faible dynamique d’attraction d’actifs occupés, comparé à l’aire urbaine de poids comparable qu’est Orléans.

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Tableau 34: Comparaison entre la variation des emplois et celle des actifs occupés dans les aires urbaines de la région Centre. 1990 - 1999

AU Orléans AU Tours AU Chateauroux AU Bourges AU Amboise AU Vierzon AU Vendome AU St Amand AU Romorantin AU Pithiviers AU Paris (Centre) AU Nogent le R. AU Montargis AU Issoudun AU Gien AU Dreux AU Chateaudun AU Chartres AU Blois Province Ile de France France

1990-99 1990-99 actifs emplois occupés actifs - emplois 13 550 12 213 -1 337 6 560 7 058 498 1 644 -284 -1 928 88 -394 -482 811 441 -370 -1 865 -1 748 117 -87 -276 -189 -269 -167 102 1 070 510 -560 583 191 -392 423 4 914 4 491 14 -456 -470 627 130 -497 -159 -408 -249 486 -455 -941 -1 365 -2 935 -1 570 671 -352 -1 023 3 801 3 324 -477 2 072 1 179 -893 737 226 804 566 67 340 -33 250 -24 218 9 032 703 976 780 348 76 372

Source : d’après Insee

Les bases résidentielles des aires urbaines de la région Centre : les retraites Comme le montrait le tableau 12, les revenus des retraites constituent à la fois une des sources de revenu basique les plus importantes et la mieux répartie entre les territoires. Elles pèsent de 1 (19% à Dreux) à 1,7 (32% à Vierzon) selon les aires urbaines. Dans 10 des 19 aires urbaines, ces revenus basiques sont d’un montant supérieur à ceux procurés par les activités basiques privées. De façon générale, le poids des retraites par rapport aux actifs occupés a tendance à s’accroître en France. Comme le montre le tableau 35, leur nombre représentait en France en 1990 41% de celui des actifs occupés et 46% en 1999. Douze des 19 aires urbaines du Centre sont au-dessus de ces 46%, avec des records, autour de 60% ou plus, dans 6 d’entre elles : Vierzon, St Amand, Montargis, Nogent, Issoudun et Vendôme. La situation de ces villes tient moins au fait que le nombre de retraités y augmenté plus vite que dans les autres –le tableau 33 montre que c’est plutôt l’inverse- qu’à la réduction de leur population active occupée. Les retraités y jouent un rôle de matelas ou d’amortisseur garantissant un revenu que l’activité permet moins qu’avant d’assurer. L’aire urbaine de Dreux n’a pas cette « chance », avec une forte réduction du nombre de ses actifs et un faible poids des retraités (ce qui suggère, on y reviendra plus bas, que les retraites sont dans une certaine mesure elles aussi « délocalisables »). Si le nombre d’actifs occupés recule entre 1990 et 1999 dans 10 des 19 aires urbaines, le nombre de retraités progresse dans toutes. De façon un peu inattendue, on observe une certaine corrélation (0,26) entre la progression des actifs et celle des retraités dans les villes. On aurait pu imaginer que là où le nombre d’actifs se réduisait, le nombre de retraités aurait augmenté plus rapidement (population active vieillie et basculant dans les systèmes de préretraites). Ce n’est pas le cas. L’augmentation du nombre de retraités est beaucoup plus rapide

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dans les aires urbaines dynamiques dans lesquelles l’augmentation des actifs est forte (Orléans, Chartres, Amboise, Tours,...), c’est-à-dire dans des villes dans lesquelles le nombre des retraitées est une fraction plus faible de celui des actifs (sauf Amboise, qui a beaucoup de retraités en étant active et dynamique). Tout cela signifie que l’on observe moins une concentration qu’un « étalement » des retraites entre les villes de la région (cette observation se retrouve à l’échelle nationale). Tableau 35: Comparaison entre la variation des retraités et celle des actifs occupés dans les aires urbaines de la région Centre. 1990 – 1999. en %.

AU Orléans AU Tours AU Chateauroux AU Bourges AU Amboise AU Vierzon AU Vendome AU St Amand AU Romorantin AU Pithiviers AU Paris (Centre) AU Nogent le R. AU Montargis AU Issoudun AU Gien AU Dreux AU Chateaudun AU Chartres AU Blois Province Ile de France France

RA99AOT Population active occ. totale RP99 retraités en (ex % actifs complémenta RA99RET occupés ire) Total retraités 1990 161 512 60 389 33% 151 272 65 907 37% 38 136 18 059 42% 50 882 23 128 37% 8 438 4 853 55% 13 517 9 229 56% 13 688 8 148 48% 7 662 5 028 60% 11 278 6 334 53% 6 891 3 253 41% 37 767 13 114 34% 6 284 3 764 45% 29 677 17 972 51% 7 352 4 380 54% 8 897 4 760 47% 18 997 7 566 29% 9 325 5 135 42% 58 054 21 048 32% 48 752 22 272 40% 9 090 749 18 205 132 45% 1 543 694 4 845 434 28% 10 634 443 23 050 566 41%

retraités en actifs % actifs variation en occupés retraités occupés point 1990-99 1990-1999 1990-1999 1999 37% 5% 8% 24% 44% 7% 5% 25% 47% 5% -1% 12% 45% 8% -1% 22% 58% 2% 6% 10% 68% 12% -11% 8% 60% 12% -2% 22% 66% 5% -2% 7% 56% 4% 5% 12% 47% 6% 3% 18% 35% 1% 15% 19% 60% 15% -7% 24% 61% 9% 0% 18% 60% 6% -5% 4% 54% 7% -5% 9% 40% 10% -13% 17% 55% 13% -4% 26% 36% 4% 6% 19% 46% 6% 2% 17% 50% 5% 5% 16% 32% 4% 0% 14% 46% 5% 4% 15%

Source : d’après Insee

Tableau 36: Comparaison entre la variation des retraités et celle des actifs occupés dans les aires urbaines de la région Centre. 1990 – 1999. En nombre.

AU Paris (Centre) AU Orléans AU Amboise AU Chartres AU Romorantin AU Pithiviers AU St Amand AU Issoudun AU Gien AU Nogent le R. AU Chateaudun AU Vendome AU Blois AU Chateauroux AU Vierzon AU Montargis AU Dreux AU Bourges AU Tours Province Ile de France France

Différence 90-99 pop 90-99 entre actifs active occupée retraités et retraités 4 914 2 086 2 828 12 213 11 521 692 441 425 16 3 324 3 428 -104 510 678 -168 191 505 -314 -167 316 -483 -408 184 -592 -455 404 -859 -456 740 -1 196 -352 1 047 -1 399 -276 1 472 -1 748 1 179 3 292 -2 113 -284 1 955 -2 239 -1 748 665 -2 413 130 2 768 -2 638 -2 935 1 110 -4 045 -394 4 096 -4 490 7 058 12 979 -5 921 804 566 1 221 578 -417 012 -24 218 191 733 -215 951 780 348 1 413 311 -632 963

Source : d’après Insee

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Comme le montre le tableau 36, qui fournit les évolutions respectives, en nombre, des actifs occupés et des retraités, ces derniers fournissent le plus gros de la croissance des titulaires de revenu dans les villes de la région : quand le nombre d’actifs occupés augmente de 22 500, celui des retraités progresse de 50 000 ! La croissance du nombre de revenus des habitants de nos villes tient donc pour plus des 2/3 aux retraités. Cette moyenne dissimule d’importants écarts entre les villes : il n’y en que trois, Paris (AU in Centre), Orléans et Amboise, dans lesquelles les actifs occupés ont une contribution plus importante que celle des retraités à la croissance du nombre de titulaires de revenus. Tours doit à la croissance des retraités (+13 000) le plus gros de la croissance de ses titulaires de revenus (avec seulement + 7 000 actifs occupés), ce qui la différencie nettement de l’aire urbaine d’Orléans dans laquelle les actifs ont augmenté en plus grand nombre (+12 000) que les retraités (+ 11 500). On voit là encore, et on y reviendra à propos de l’analyse de l’Axe Ligérien, que ce qui différencie les deux aires urbaines, au peuplement égal, c’est moins la variation de leur nombre de retraités, sensiblement voisine, que la variation du nombre des actifs occupés, beaucoup moins importante à Tours. Pour plusieurs villes, les retraités constituent une compensation importante de leurs pertes d’actifs occupés. Compensation d’autant plus nette que de façon générale, le revenu des retraités est légèrement supérieur à au revenu moyen des actifs occupés. Dans les AU de Châteaudun, Vendôme, Châteauroux et Bourges, on est bien au-delà de la compensation : quand elles perdent respectivement 350, 275, 285 et 395 actifs employés, elles comptent 1 050, 1 470, 1 955 et 4 100 retraités supplémentaires. Compte non tenu des trois villes dans lesquelles les actifs progressent en plus grand nombre que les retraités, AU Paris, Orléans et Amboise, le bilan des 16 autres est plus frappant encore : pour 5 000 actifs occupés supplémentaires, on compte + 35 600 retraités supplémentaires ! Cet « appoint » pour les revenus locaux est relativement le plus fort (un écart de plus de 2 000 entre variation des actifs et variations des retraités), par ordre décroissant, à Tours, Bourges, Dreux, Montargis, Vierzon, Châteauroux et Blois. Il n’y a que trois villes dans lesquelles les retraités supplémentaires ne compensent pas entièrement les actifs occupés disparus : Dreux, Vierzon et Issoudun. Une part de la croissance des retraités dans les villes de la région tient à des phénomènes migratoires. Globalement, nos villes attirent plus qu’elles ne « rejettent » les retraités, mais de justesse. Entre 1990 et 1999, 30 000 retraités ont migré vers les aires urbaines de la région alors que 26 000 les quittaient. Le solde est positif pour la plupart des aires urbaines. Seules les aires urbaines de Châteauroux et de Dreux perdent finalement des retraités au jeu des migrations. Comme le montre le tableau 37, les migrations de retraités constituent un échange entre nos aires urbaines et le reste du Monde. Echange quantitativement gagnant – il y en a 4 000 de plus qui y entrent que ceux qui en sortent -, même si on peut penser qu’il est monétairement perdant. Les travaux récents de Sophie Gonnard10 (2006), au sein de l’Oeil, montrent en effet que la région Centre est caractérisée, globalement, par une captation de retraités (pour beaucoup originaires de l’Ile de France) de PCS plus modeste que ceux qui quittent la région pour d’autres, généralement plus littorales et/ou méridionales.

10

Sophie Gonnard (2006) 42


Tableau 37 : Balance migratoire des retraités dans les aires urbaines de la région Centre. 1990 – 1999. Amboise Romorantin ST Amand Pithiviers Vendome Montargis Nogent Issoudun Chateaudun Blois Vierzon Gien AU Paris Chartres Orléans Bourges Tours Chateauroux Dreux Total

Sortants 400 462 405 228 666 1 441 387 278 477 1 703 566 444 1 941 2 166 4 704 1 864 5 126 1 462 1 263 25 983

Entrants 805 902 788 416 1 168 2 451 536 368 619 2 168 718 496 2 156 2 328 4 851 1 916 5 202 1 143 663 29 694

Solde 405 440 383 188 502 1 010 149 90 142 465 152 52 215 162 147 52 76 -319 -600 3 711

Entrants en % sortants 201 195 195 182 175 170 139 132 130 127 127 112 111 107 103 103 101 78 52 114

Pour les seuls entrants, on note que dans la plupart des aires urbaines considérées, la première origine des retraités qui arrivent n’est pas dans la proximité, au sein de leur département ou de la région Centre, mais l’Ile de France. Ils représentent 49% des retraités arrivant dans l’aire urbaine de Montargis, 49% à Amboise et Vendôme, 48% à Gien,.... Les aires urbaines qui bénéficient relativement le moins de cet apport sont les deux chefs-lieux du Sud : Châteauroux (31%) et moins encore Bourges (17%). De façon générale, plus les retraités franciliens viennent s’installer dans les villes de la région, plus leur poids dans la population retraitée résidente s’alourdit (graphe 39) : à Amboise, les entrants (pour moitié depuis l’Ile de France) représentent 17% de la population retraitée 1999. A Bourges, seulement 8%. Ces éléments suggèrent que l’apport francilien de retraité constitue un élément additionnel, déterminant du niveau de la présence de cette population , et de ses revenus, dans les villes de la région. Tableau 38: Principales origines des retraités qui ont migré vers les aires urbaines de la région Centre entre 1990 et 1999.

Amboise AU Paris St Amand Vendome Romorantin Nogent Montargis Pithiviers Chateaudun Chartres Gien Blois Dreux Issoudun Bourges Orléans Tours Vierzon Chateauroux

département de provenance des retraités arrivant entre 1990 et 1999. En % des entrants Retraités entrant Entrants 1990-99 en % entrants retraités IdF 36 18 10 61 28 36 41 37 45 03 72,00 27 60 89 805 17% 49% 3% 5% 24% 2 156 16% 71% 10% 1% 2% 788 16% 36% 32% 5% 1 168 14% 49% 29% 2% 2% 902 14% 46% 5% 21% 3% 536 14% 33% 28% 25% 2% 2 451 14% 63% 2% 14% 2% 416 13% 40% 42% 619 12% 41% 32% 2 328 11% 41% 35% 2% 1% 496 10% 48% 4% 2% 31% 2 168 10% 44% 22% 4% 2% 663 9% 38% 31% 10% 2% 368 8% 33% 26% 13% 2% 1 916 8% 17% 44% 3% 3% 4 851 8% 44% 4% 5% 12% 5 202 8% 32% 4% 18% 3% 718 8% 39% 21% 6% 10% 1 143 6% 31% 31% 5% 3%

Source : d’après Insee

43


Graphe 39: Le poids des arrivants dans les retraités des villes de la région Centre varie avec la part provenant de la région Ile de France. 1990-1999 Part des origines IdF dans retraités 80% entrants 70% 60% 50% 40% 30% 20%

Retraités entrants 1990-99 en % retraités 1999 10% 5%

10%

15%

20%

Source : d’après Insee

L’attractivité des villes de la région Centre, approchée par les flux migratoires 1990-1999, est constituée de facettes différentes, selon le type de population concernée. Le tableau 40 isole les soldes migratoires (mesurés par le rapport des entrants sur les sortants) pour les populations de cadres et celles de retraités. Globalement, la plupart des villes sont attractives pour les retraités (sauf, on l’a vu, Bourges et Châteauroux), alors que seules 9 des 19 aires urbaines ont un solde positif pour la population totale. Huit des 10 villes ayant un solde migratoire total négatif se « rattrapent » sur les retraités. Tableau 40 : Mobilité résidentielle : les entrants et les sortants des aires urbaines de la région Centre – 1990 - 1999 AU Paris (Centre) AU Amboise AU Montargis AU Orléans AU Tours AU Vendome AU Romorantin AU St Amand AU Issoudun AU Blois AU Chartres AU Pithiviers AU Nogent le R. AU Bourges AU Chateaudun AU Chateauroux AU Gien AU Vierzon AU Dreux

Entrants en % des sortants Population Cadres Retraités 144% 176% 111% 124% 179% 201% 119% 106% 170% 111% 111% 103% 110% 77% 101% 110% 142% 175% 109% 86% 195% 107% 106% 195% 104% 129% 132% 99% 121% 127% 96% 118% 107% 94% 92% 182% 90% 92% 139% 87% 97% 103% 87% 95% 130% 85% 83% 78% 79% 98% 112% 73% 56% 127% 52% 56% 52%

Source : d’après Insee

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Le tableau 40 montre que l’attractivité des villes peut être très différente selon le type de population. Il n’y a que 7 villes sur 19 qui soient attractives tout à la fois globalement, pour les cadres et pour les retraités. Blois et Chartres, avec un solde migratoire total négatif11 réussissent à capter plus de cadres et de retraités qu’elles n’en voient partir. L’aire urbaine de Tours est dans unes situation particulière (et singulière si on l’a compare à celle d’Orléans) : elle a un solde négatif pour les cadres et à peine positif pour les retraités (101%) alors que son solde total est fortement positif. On voit donc bien combien l’attractivité des villes du centre vis à vis des populations retraitées, particulièrement franciliennes, constitue un apport de revenu pour la plupart de ces villes. Les bases résidentielles des aires urbaines de la région Centre : les dépenses de tourisme Le tourisme constitue un enjeu de développement aussi crucial que négligé par les économistes. Pourtant, comme en témoignent les chiffres-clés du ministère du Tourisme12, on a affaire là à des flux de revenu (et de consommation) de l’ordre de 110 milliards d’euros en 2006, soit 6,5% du PIB français. Le tourisme, c’est 1,5 milliard de nuitées passées en France hors de son domicile principal, 1/3 par des étrangers, 2/3 par des Français, soit en équivalent homme-années, une population de 4, 1 millions d’habitants. Les deux grandes composantes du tourisme sont (i) marchande et (ii) non marchande. La première catégorie concerne le tourisme en hôtel, camping, gîtes,... la seconde les séjours dans la famille et les amis dans des résidences principales ou secondaires. En France, la capacité d’accueil, en nombre de lits, se partage là encore à 1/3 – 2/3 entre les 5,5 millions de lits de l’hébergement marchand et les 12 millions de lits des résidences secondaires. Les nuitées effectives se partagent entre ces modes d’hébergement avec 36,5% pour les premiers et 63,5% pour les seconds. La région Centre, avec 40 millions de nuitées ( équivalant à 111 000 hommes années) est peu bénéficiaire de ces apports de revenu touristique : pesant 4,2% de la population française, sur 7,2% de la surface du territoire de la France métropolitaine, elle n’accueille que 2,7% des nuitées touristiques (et 4,8% des retraités français). Ces données sur la région suggèrent que si l’économie résidentielle (revenus privés captés par les territoires sans y être générés) des villes de la région Centre est importante, c’est plutôt du côté des navettes d’actifs et des retraités que de l’attractivité touristique. Le tourisme marchand De façon générale, le tourisme marchand connaît des difficultés dans la région. Si l’on prend la fréquentation par les touristes étrangers, comme le montre le graphe 41, on voit qu’elle a connu des turbulences fortes, avec un décrochage par rapport à la tendance nationale et finalement une réduction entre 1990 et 2004. Le tableau 42 montre la présence de l’hébergement marchand dans les aires urbaines de la région. Globalement, l’offre est très 11

Blois , dans le tableau 4, plus haut, est crédité d’un solde légèrement positif (+0,2%). Cette différence tient au fait que les soldes migratoires du tableau 4 sont calculés sur l’ensemble de la population (par différence entre la variation de la population et le solde naissances moins décès), alors que la décomposition des flux (entrants et sortants par catégories de population) dont rend compte le tableau 40 procède d’une sorte de chaînage des RGP ne permettant pas d’intégrer les populations présentes en 1990 qui sont à l’étranger en 1999 (et donc non recensées quand elles sont étrangères). 12 Voir notamment le site « partagé » des acteurs du tourisme : http://www.veilleinfotourisme.fr 45


faible, en hôtellerie et plus encore en camping. Cinq villes sur 19 ont un indice de présence de chambres d’hôtel supérieur à celui de la Province. Et seules 3 pour les chambres d’hôtel de trois étoiles ou plus : Amboise, Tours et Blois. Globalement, avec 3 600 chambres de trois étoiles ou plus pour 1,7 million d’habitants, les villes de la région ont un indice de présence de 77, ce qui est faible pour des villes comparées à la Province dans son ensemble (urbain et non urbain). Le produit « France » est et sera plus encore à l’avenir très demandé sur le marché mondial du tourisme. L’enrichissement rapide des nouveaux pays capitalistes (Europe de l’Est et Orient) permet au Ministère du Tourisme de prévoir que la fréquentation touristique va fortement progresser dans les années à venir. Nos « têtes de gondoles » ou nos produits d’appel sont surtout Paris et la Côte d’Azur, dont la capacité d’accueil n’est pas extensible à l’infini. Graphe 41 : La fréquentation de la région par les touristes étrangers 1990-2004

Source : Eurostat

Tableau 42 : L’offre touristique marchande dans les villes de la région Centre. Nombre de places de camping et de chambres d’hôtel et indice de présence (100= nombre pour 1000 habitants en Province)

AU Amboise AU Tours AU Blois AU Nogent AU Orléans AU Chartres AU Chateauroux AU Bourges AU Vendôme AU Vierzon AU Gien AU Issoudun AU Paris AU Montargis AU Romorantin AU Chateaudun AU Dreux AU Pithiviers AU St Amand Province

nbre places nbre places camping>3étoiles camping 1999 1999 (en indice de (en indice de présence par présence par habitant. 100 = habitant. 100 = Province) Province) 659 75 1 721 1 197 1 815 1 188 130 30 1 784 180 261 97 234 219 186 116 278 245 130 95 530 460 88 0 928 700 573 228 157 103 171 0 70 0 209 0 159 120 882 299 454 108

Nbre Nbre de chambres plus chambres de 3 étoiles hotel 1999 1999 (en (en indice de indice de présence par présence par nbre places habitant. 100 habitant. 100 nbre places camping>3éto = Province) = Province) camping 1999 iles 1999 526 218 164 36 4 372 1 429 25 33 1 662 419 84 107 86 42 45 20 3 383 728 26 5 1 024 197 11 8 684 135 14 25 1 251 183 8 10 148 35 44 75 338 36 18 26 225 19 127 213 130 14 26 0 130 53 60 88 435 47 39 30 196 16 30 38 158 0 39 0 326 0 7 0 95 0 68 0 137 0 43 64 450 138 132 352 100 100

Source : Insee

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Nbre chambres plus Nbre de de 3 étoiles chambres 1999 hotel 1999 256 361 123 136 151 129 59 98 96 70 83 54 79 53 107 53 46 37 93 34 105 30 75 27 16 23 59 22 73 20 70 0 64 0 60 0 73 0 100 100


Une opportunité majeure pour les territoires qui ont des atouts touristiques de second rang –et ils sont nombreux dans la région Centre- sera dans un proche avenir de capter une part de cette demande. On se souvient de la façon dont le conseil général de la Vienne a mis en oeuvre une politique visant à capter les touristes grâce au produit d’appel qu’est le Futuroscope pour ensuite mener une politique très active visant à retenir les touristes une ou deux nuits supplémentaires dans d’autres espaces du département (qui sans le Futuroscope n’auraient pas eu le potentiel d’attractivité minimal). C’est le même enjeu, à l’échelle nationale, que l’on observera dans les années à venir, entre des territoires-phares comme Paris et ceux de la région Centre.

Le tourisme non marchand L’hébergement non marchand ne se cantonne pas aux seules résidences secondaires. Les enquêtes disponibles dans de nombreux territoires montrent en effet que l’hébergement touristique dans des résidences principales des familles ou amis est souvent aussi important que celui en résidence secondaire. Mais les résidences secondaires sont un bon marqueur géographique de ce que sont les nuitées touristiques non marchandes en général (on va plus facilement en vacances chez sa grand-mère au Cap-Ferret qu’à Longwy...). Le tableau 43 montre qu’aucune des aires urbaines concernées n’a une part de résidences secondaires supérieure à la moyenne de Province. Cela n’a rien d’étonnant dans la mesure où les résidences secondaires sont plutôt une affaire de milieu rural. On trouve cependant plusieurs villes qui ont des taux significatifs, bien supérieurs, par exemple, à celui de l’Ile de France (3,2%) : la part régionale de l’aire urbaine de Paris, qui avant de devenir une zone de peuplement d’actif était encore hier un espace de résidences secondaires (en 1990, 15,5% des logements), mais aussi des aires urbaines touristiques comme Montargis, St Amand, Romorantin, Châteaudun ou Vendôme qui sont toutes au-dessus de 6%. Dans nos aires urbaines, comme ailleurs en France, on observe un recul du nombre des résidences secondaires. Alors qu’il y avait, pour le total des 19 villes, 42 000 résidences secondaires en 1990, il y en a 8 200 de moins en 1999, soit une réduction de 20% de leur nombre (alors que leur nombre augmente de 5% en province). Il s’agit là d’une des facettes de la périurbanisation qui fait qu’un grand nombre de résidences secondaires au sein des aires urbaines françaises deviennent (et généralement redeviennent) des résidences principales d’actifs ou de retraités. Et ce mécanisme est d’autant plus fort que le poids des résidences s secondaires est élevé dans les AU (voir la corrélation dans le graphe 44). Il faut cependant signaler ici un biais, dont il est difficile de mesurer l’ampleur. Une part des retraités, et particulièrement ceux qui sont comptés comme migrants depuis l’Ile de France, sont en fait des bi-résidents, disposant de deux logements. Un en Ile de France, généralement leur ancienne résidence principale officielle, un autre en Province, généralement leur résidence secondaire. Dès lors que ces ménages sont à la retraite, et s’ils ont des incertitudes sur leur avenir (ou celui de leurs enfants), ils envisagent d’avoir à vendre un jour l’un de leurs deux biens immobiliers, généralement leur résidence secondaire, à laquelle ils sont moins attachés que leur résidence principale. Pour éviter l’impôt sur les plus-value en cas de vente de ce bien, ils le déclarent comme résidence principale ! Il y aurait donc un élément d’illusion statistique dans les données portant sur les retraités, qui seraient ainsi surévalués ici et sousévalués là.

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Tableau 43 : Les résidences secondaires dans les villes de la région Centre. 1990-1999

AU Paris (Centre) AU Montargis AU St Amand AU Romorantin AU Chateaudun AU Vendome AU Amboise AU Gien AU Nogent le R. AU Pithiviers AU Blois AU Issoudun AU Vierzon AU Chartres AU Chateauroux AU Orléans AU Dreux AU Bourges AU Tours Province Ile de France France

Résidences secondaires et logements occasionnels 1999 Logements 1999 4 155 36 934 3 291 38 348 756 10 335 974 13 572 696 10 917 995 16 233 584 9 984 614 10 724 400 7 500 373 7 353 2 618 53 727 427 9 139 793 18 879 2 184 56 323 1 640 43 142 5 702 164 166 714 22 053 1 738 57 330 5 191 175 941 2 739 298 23 619 357 162 795 5 082 655 2 902 093 28 702 012

1990-99 logements 3 826 2 848 454 1 268 544 1 411 822 253 321 547 4 884 549 -136 4 910 2 891 21 602 783 3 884 23 195 2 119 542 336 875 2 456 417

1990-99 Rés. Second Rés. Second 1990-99 résidences en % en % résidences secondaires, logements logements 1990-99 en secondaires en % 1990 1999 points -989 -19,2% 15,5% 11,2% -4,3% -681 -17,1% 11,2% 8,6% -2,6% -90 -10,6% 8,6% 7,3% -1,2% -164 -14,4% 9,2% 7,2% -2,1% -78 -10,1% 7,5% 6,4% -1,1% -146 -12,8% 7,7% 6,1% -1,6% -209 -26,4% 8,7% 5,8% -2,8% -177 -22,4% 7,6% 5,7% -1,8% -77 -16,1% 6,6% 5,3% -1,3% -80 -17,7% 6,7% 5,1% -1,6% -678 -20,6% 6,7% 4,9% -1,9% -126 -22,8% 6,4% 4,7% -1,8% -90 -10,2% 4,6% 4,2% -0,4% -546 -20,0% 5,3% 3,9% -1,4% -324 -16,5% 4,9% 3,8% -1,1% -786 -12,1% 4,6% 3,5% -1,1% -287 -28,7% 4,7% 3,2% -1,5% -363 -17,3% 3,9% 3,0% -0,9% -2 299 -30,7% 4,9% 3,0% -2,0% 126 602 4,8% 12,2% 11,6% -0,6% -38 800 -19,2% 4,2% 3,2% -1,0% 87 802 3,1% 10,7% 10,1% -0,6%

Source : Insee

Tableau 44 : La relation entre la part des résidences secondaires dans les logements en 1990 et la réduction de cette part entre 1990 et 1999 dans les aires urbaines de la région Centre. Rés. Second en % logements 1990 0,0% 0,0%

5,0%

10,0%

15,0%

20,0%

-0,5% -1,0% -1,5% -2,0% -2,5% -3,0% -3,5% -4,0% -4,5% -5,0%

1990-99 en points

Source : Insee

Une dimension importante, et croissante partout en France, du tourisme non marchand tient aux acquisitions de résidences par des étrangers. On dispose, via la Direction Générale des Impôts, d’informations sur ces acquisitions. Comme le montrent les cartes 45 à 47, la région Centre, dans son ensemble, est à l’écart d’un mouvement concernant pratiquement toute la France. Ses départements, avec deux autres de Champagne-Ardenne, sont ceux qui enregistrent le moins de ventes de ce type. La double caractéristique de ces ventes, rares et à bon marché, à des Anglais, des Suisses ou des Hollandais, signe la faible attractivité « récréative » d’une région dont l’économie résidentielle, contrairement à ce que l’on observe dans beaucoup d’autres territoires ne s’appuie principalement que sur les navettes d’actifs et les apports de retraités et peu sur l’attractivité touristique. Le modèle national de l’économie

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résidentielle, tel qu’on l’a étudié sur les aires urbaines ou les zones d’emploi françaises, associe solde migratoire positif des retraités, des touristes et... finalement des actifs. Ce n’est que peu ou pas le cas dans la région Centre. Carte 45 : Les acquisitions de résidences par des étrangers non résidants dans les départements français durant la période 1994 - 2000

Source : DGI

Carte 46 : Les acquisitions de résidences par des étrangers non résidants dans les départements français durant la période 1994 – 2000. Prix et quantité

Source : DGI

Carte 47 : (Source : DGI)

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La question pour l’avenir est celle de savoir si les territoires de la région sont à l’écart ou en retard dans un processus d’européanisation de l’usage du territoire français. On peut penser que nous sommes actuellement dans un contexte durable de demande croissante des étrangers –actifs ou retraités- pour le territoire et les modes de vie français (et ses prix immobiliers). La France est, à son échelle, le pays du monde –et donc d’Europe- qui assure le mieux un équilibre entre équipement des territoires et maintien de ses avantages naturels. Sa faible densité de peuplement sur des territoires immenses associée à une relative préservation de sa culture rurale (du fait du retard dans sa révolution industrielle opérée beaucoup plus tard que les autres pays d’Europe du Nord) et de son patrimoine architectural ainsi qu’à un équipement très complet en infrastructures modernes, tout cela suggère que l’offre résidentielle française suscitera à l’avenir une demande croissante.

Les territoires aujourd’hui les moins avancés dans ce processus de « résidentialisation » des territoires sont ceux qui n’ont ni littoral ni montagne et qui sont les moins bien desservis par les grands réseaux de transport modernes (TGV, autoroute, aéroports) : le Centre et l’Auvergne. Pour autant, on peut penser qu’à infrastructure constante, l’offre résidentielle des territoires de la région Centre trouvera une demande croissante (par contagion/saturation des territoires limitrophes comme la Nièvre ou la Vienne) et plus encore si l’infrastructure s’enrichit dans les années à venir (Low Cost à Châteauroux ?).

L’économie domestique des villes de la région Centre

Après avoir examiné les moteurs du développement des 19 aires urbaines –leurs bases productives, publiques et résidentielles-, il faut examiner le second mécanisme du développement territorial : la circulation monétaire interne. On l’a dit plus haut, le niveau des bases économiques constitue, comme au rugby, un « essai » permettant d’irriguer les économies locales par des revenus captés de l’extérieur. La « transformation » de cet essai consiste à ce que ces revenus circulent dans le territoire, ou en termes plus clairs, qu’une part importante de ces revenus soient dépensés sur le territoire en stimulant les activités locales répondant à la demande locale. Il s’agit là de s’intéresser à la « propension à consommer localement » des populations et sur son impact sur l’emploi de ces secteurs. Ces emplois ont pour caractéristiques d’être protégés de la concurrence mondiale et non délocalisables, souvent peu qualifiés et à faible gains de productivité, donc à restructuration lente. Ces dans ces emplois que se situent le plus gros des opportunités d’emploi pour les actifs les plus vulnérabilisés par les restructurations du système productif « basique » exposé à la concurrence. En d’autres termes, c’est moins dans l’industrie que dans la consommation locale que se situe le plus gros de l’enjeu de la cohésion sociale et spatiale dans les pays industriels. Aussi important que soit cet enjeu –et la politique actuelle du gouvernement , notamment sur les services à la personne, lui prête une grande attention- , son analyse se heurte cependant à d’importantes difficultés conceptuelles et statistiques jusqu’à maintenant mal résolues. On compte par milliers les études sur les systèmes productifs locaux, par dizaines les analyses de l’économie publique locale et on ne trouve pratiquement rien sur l’analyse de « l’économie

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géographique de la consommation ». La question de la consommation locale n’apparaît pas suffisamment importante pour justifier la production et la publication de données statistiques. Ce type de données reste largement cantonné aux bureaux d’études spécialisés dans le commerce et n’est accessible qu’à un coût extrêmement élevé alors qu’elles ne sont que partielles : la consommation des ménages ne sollicite pas, localement, que le secteur du commerce mais aussi des secteurs comme la santé, le BTP, le sport, les services à la personne,... On est donc amené à ne travailler qu’à partir d’éléments partiels mais significatifs permettant d’apprécier (i) la propension à consommer localement, (ii) son impact sur l’emploi des secteurs tournés vers la demande locale et (iii) sur les situations d’exclusion sociale (par la création d’emplois peu ou pas qualifiés). La propension à consommer localement dans les villes de la région Centre : l’économie « présentielle » Le ministère du Tourisme et l’Insee ont récemment produit une donnée permettant de se faire une idée de la propension des ménages à consommer sur les territoires. Cette donnée, dite de « présence » mesure, sur 2003, la présence réelle et moyenne des populations sur un département donné. La population présente se calcule comme la somme des habitants recensés et des hommes années de touristes venus sur le territoire de laquelle on retranche les hommes années d’absence des habitants recensés. Le taux de « présence » est le rapport de la population présente à la population recensée. La carte 48 permet de voir que ce taux varie fortement selon les départements. L’Ile de France, par exemple, avec un taux global de l’ordre de 95 (qui tient au fait que ses habitants sont plus nombreux à être absents que les touristes présents) se trouve dans une situation de « sous-consommation » du fait de l’absence moyenne de l’ordre de 5% de sa population. Carte 48 : Estimation des taux de présence des départements français. 2003.

Source : Terrier Ch. et alii. Insee Première n°1050 - Novembre 2005.

51


Sachant que les absents -ceux qui se déplacent- ont en moyenne un niveau de revenu et de consommation double de la population française moyenne, c’est donc un déficit équivalant à de l’ordre de 1 million de consommateurs que connaît l’Ile de France... ce déficit se retrouvant dans le manque à gagner en termes d’effets de multiplication d’emploi et de revenu liés à la consommation et finalement dans le taux de chômage de la région. Ces données de présence, à l’aide d’un modèle économétrique, ont été désagrégées à l’échelle locale et estimées pour l’année 1999. La carte 49 montre le résultat pour la région Centre. Carte 49 : Estimation des taux de présence communaux des départements du Centre. 2003.

Source : Calculé à partir de Terrier (2005)

On voit, en restant prudent sur le degré de précision de données communales générées par un modèle, que la question de la présence différencie fortement les territoires de la région. Globalement, les aires urbaines , comme ailleurs en France, ont un taux de présence négatif, avec des communes urbaines en dessous de 95% alors que certains territoires ruraux dépassent les 200%. Par ailleurs, on voit –et on y reviendra plus bas dans l’analyse de la dynamique d’emploi des secteurs domestiques- que les niveaux de présence dans les territoires ruraux périphériques des aires urbaines sont également très variables : Dreux est adossé à un territoire à très forte présence. Idem pour Chartres, Gien, Bourges et St Amand qui sont entourés d’un rural très « présentiel ». Châteauroux dispose également au sud et à l’Ouest de tels territoires. C’est beaucoup moins le cas pour Tours, Blois, Issoudun, Amboise et dans une certaine mesure Orléans. Cela signifie que le déficit de demande/consommation locale de certaines aires urbaines doit être en partie compensé par la proximité de territoires à forte présence, ce qui se traduit par un gain de consommation dans nos villes : les « présents » du rural proche effectuant une partie de leur consommation dans les aires urbaines voisines. Le tableau 49 offre une estimation des indices de présence (ii) dans les villes de la région et (ii) dans les territoires hors aires urbaines des départements de la région. Certaines aires urbaines comme celles de Blois ou d’Amboise ont une présence supérieure à 100% et aucune ne descend en dessous de 97%. Les écarts ne sont donc pas trop marqués. En revanche, on voit que l’indice de présence des espaces hors aire urbaine du Loir et Cher (106) sont beaucoup plus élevés que

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ceux du département de l’Indre et Loire, ce qui constitue une bonne nouvelle pour l’économie domestique de certaines villes (Amboise, Romorantin) et une mauvaise pour d’autres (Tours). Tableau 49 : Estimation des taux de présence dans les aires urbaines de la région Centre. 2003.

nom AU Bourges AU St Amand AU Vierzon AU Chartres AU Chateaudun AU Dreux AU Nogent le R AU Orléans AU Paris AU Chateauroux AU Issoudun AU Amboise AU Tours AU Blois AU Romorantin AU Vendome AU Gien AU Montargis AU Pithiviers Total

presence 120 682 19 747 37 873 127 474 23 443 52 140 15 171 364 033 84 265 89 392 18 127 22 026 367 005 117 338 28 513 34 078 22 368 78 650 16 333 1 638 659

pop99 123 767 19 787 38 525 130 681 23 728 53 524 15 447 373 109 83 283 91 020 18 388 21 725 376 374 116 544 28 295 34 159 22 575 78 454 16 612 1 665 997

Indice de présence département 98 18 100 18 98 18 98 28 99 28 97 28 98 28 98 28 101 28 (et 10 en 45) 98 36 99 36 101 37 98 37 101 41 101 41 100 41 99 45 100 45 98 45 98

Indice de présence dans communes hors AU du département 104 104 104 105 105 105 105 105 105 106 106 102 102 106 106 106 105 105 105 105

Source : Calculé à partir de Terrier (2005)

La dynamique d’emploi dans les secteurs « domestiques » des aires urbaines Contrairement à ce qu’indiquent la plupart des manuels d’économie urbaine, il est très difficile de faire, dans l’emploi d’une ville, la part entre les emplois répondant à la demande extérieure et ceux répondant à la demande locale. Si une « photographie » peut raisonnablement être faite, sur une année, à l’aide coefficients de localisation13, en revanche une telle méthode ne permet pas une analyse dynamique de ces types d’emploi14. C’est la raison pour laquelle on ne travaille que sur un échantillon des activités domestiques locales, en isolant l’emploi salarié privé des secteurs « domestiques purs » dont l’évolution dépend à l’évidence et pour l’essentiel de la seule demande locale. Ces secteurs domestiques purs ne sont donc qu’un indicateur de la présence et de l’évolution de la totalité des secteurs domestiques locaux, mais ils doivent refléter leur tendance générale. Le tableau 50 présente une évaluation de la couverture et de l’évolution de ces emplois domestiques purs dans les villes de la région Centre. 13

On considère tout emploi sur-représenté d’un secteur d’activité dans une ville , par rapport à la présence moyenne (ou chez certains auteurs minimale) de ce type d’emploi dans l’ensemble des villes françaises, comme un emploi tourné vers la demande extérieure. Une ville qui aurait deux fois plus de boulangers que la moyenne des villes françaises sera ainsi considérée comme exportant la moitié de sa production de pain, avec un emploi de boulanger sur deux considéré comme basique... 14 Comme on l’a montré antérieurement, avec Patrick Tanguy, du club Eco-Fnau, il y a plusieurs façons conventionnelles également pertinentes de calculer ce partage sur plusieurs années. En « verrouillant » l’emploi moyen urbain sur la première année, la deuxième, année par année ou en utilisant une moyenne harmonique. Chacune de ces conventions est pertinente et rationnelle... mais chacune donne un chiffrage totalement différent, en valeur en sens, de l’évolution des types d’emploi...( Tanguy P & Davezies L. (2004) Economie productive – économie résidentielle : quelles réflexions stratégiques. L’exemple de la base économique du Finistère. Actes du Colloque Attractivité Territoriale. Université de Bretagne Occidentale –Brest- Avril 2003). 53


Tableau 50 : l’emploi salarié privé « domestique pur » dans les villes de la région Centre.

1995 106 102 101 101 100 93 103 104 103 102 106 48 104 102 102 106 99 97 99 103 100 102

AU Gien AU Nogent le R. AU Pithiviers AU Chateauroux AU Blois AU Dreux AU Chartres AU Tours AU Orléans AU Bourges AU St Amand AU Amboise AU Romorantin AU Montargis AU Vendome AU Chateaudun AU Issoudun AU Vierzon AU Paris (Centre) Province Ile de France France

1997 109 106 102 104 103 103 103 104 104 90 111 102 101 115 100 108 73 91 109 106 101 105

2000 111 109 103 108 109 117 110 110 109 104 118 111 113 117 109 115 53 93 123 115 107 113

2002 124 115 120 116 116 126 116 110 112 100 124 117 113 118 109 121 55 93 129 120 112 118

Emploi Emploi "domestique "domestique pur" pour 100 pur" pour 100 habitants habitants taux pour 1993 2002 100 habitant 5,4 6,9 28% 5,8 6,7 15% 5,5 6,4 17% 5,4 6,4 17% 5,5 6,2 12% 4,7 6,2 32% 5,0 5,6 13% 5,3 5,5 5% 5,2 5,5 6% 5,3 5,4 2% 4,2 5,2 26% 4,6 5,1 13% 4,5 5,0 10% 4,3 4,9 15% 4,5 4,8 6% 4,0 4,8 20% 8,1 4,4 4,3 4,2 -2% 1,8 2,2 19% 4,2 5,0 17% 5,2 5,7 10% 4,4 5,1 15%

Source : Calculé à partir de données Unedic Note : les données sur Issoudun ne sont pas traitées du fait d’un biais dans les données Unedic

Graphe 51: l’emploi salarié privé « domestique pur » : présence 1993 et évolution 19932002 dans les aires urbaines de la région Centre Emploi "domestique pur" pour 100 habitants 1993 7,0

6,0

5,0

4,0 R2 = 0,1011 3,0

2,0 variation Unedic domestique pur 1993-2002

1,0 80

90

100

110

120

130

140

Source : Calculé à partir de données Unedic Note : les données Unedic sont données en indice. 100= nbre1993

Les données du tableau 50 et du graphe 51 rendent compte du fait que ces emplois ont progressé pratiquement partout et de façon « stabilisante » si on les compare aux emplois productifs. Les emplois liés à la demande locale (eux-mêmes liés aux revenus) constituent un stabilisateur important du développement territorial. Comme le montre le graphe 51, les

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emplois domestiques purs ont généralement progressé plus rapidement dans les aires urbaines qui en étaient les moins dotées. On l’a vu plus haut, de tous les indicateurs, c’est le revenu par habitant qui est le moins inégal entre les aires urbaines (du fait des différents mécanismes de formation du revenu étudiés plus haut) . La variation de l’emploi « domestique pur » est elle aussi relativement sinon équilibrée, du moins équilibrante. Si l’on excepte le cas de l’aire urbaine de Vierzon –dont on sait qu’elle est très pénalisée par la proximité et la concurrence de Bourges du point de vue du commerce et des services aux ménages, les taux de variations 1993-2002 de ces secteurs varient de 9% (Vendôme) à +29% (AU de Paris), mais en favorisant plutôt les aires urbaines les plus pénalisées. L’économie « domestique » constitue donc un mécanisme d’équilibre territorial largement indépendant, voire contraire, aux forces de la concurrence productive territoriale. L’aire urbaine de Dreux est ainsi un exemple extrême d’un territoire en déclin productif et démographique (solde migratoire négatif) mais qui bénéficie d’un amortisseur important, en termes d’emplois tournés vers les ménages, du fait de la très forte présentialité dans sa proche proximité. Saint Amand, Gien, Châteaudun sont autant d’aires urbaines pénalisées sur le plan productif mais qui ont de belles performances de croissance de leur emploi domestique.

Graphe 52: La variation de l’emploi domestique dépend du taux de présence dans les aires urbaines de la région Centre. 135

Variation emplois domestiques purs 1993-2002

AU Paris (Centre)

130 Dreux Gien

125

St Amand

Pithiviers 120

Châteaudun Chartres

115 110

Amboise

Châteauroux Blois

Nogent Orléans

Romorantin

Tours

Vendôme

105 100

Bourges

95 Vierzon

Taux de présence 1999

90 97,0

98,0

99,0

100,0

101,0

102,0

Source : Calculé à partir de données Unedic Note : les données Unedic sont données en indice. 100= nbre1993

Le graphe 52 montre la relation significative globale entre taux de présence des aires urbaines et variation de l’emploi domestique. On observe qu’à présence moyenne, cependant, il y a de forts écarts de variation de l’emploi domestique, par exemple entre Dreux et Tours ou Bourges. L’explication tient à ce que l’on vient de souligner : la demande locale dépend aussi de la présence dans la périphérie de l’aire urbaine, dont on a vu qu’elle était forte à Dreux et beaucoup plus faible à Tours et à Bourges. Une analyse économétrique plus poussée des lois régissant l’évolution de la demande locale des ménages et donc des emplois domestique 55


locaux reste cependant largement à faire. La littérature mondiale est muette sur ces questions. Il conviendrait soit de mener des enquêtes plus précises sur le terrain, soit de travailler avec un beaucoup plus grand nombre de villes afin d’ajuster un modèle économétrique intégrant d’autres variables explicatives comme la concurrence territoriale d’offre en services aux ménages, la variation de la population, l’emploi dans les secteurs productifs (même si la « présence » liée à l’économie résidentielle est majeure pour comprendre la demande ; le déclin des industries locales a évidemment aussi un impact sur le revenu et la demande des ménages). Il en est de même pour la question de l’impact de la demande, via les emplois peu ou pas qualifiés de l’économie domestique, sur la pauvreté. On sait, à l’échelle nationale, qu’il y a une relation étroite entre résidentialité, emploi domestique et contrôle de la pauvreté15. Le modèle qui permet de l’affirmer est fondé sur le traitement de centaines de territoires français. Dans le cas des villes de la région Centre, la relation entre la variation de l’emploi domestique et celle de la pauvreté (nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté) n’apparaît pas clairement. Trop de facteurs, et notamment ceux évoqués plus haut, viennent perturber un « modèle » assis sur trop peu de villes étudiées. On peut cependant constater que, contrairement à ce que l’état de développement souvent médiocre et parfois inquiétant des villes de la région pourrait suggérer, le nombre de personnes pauvres a reculé, entre 1996 et 2000 dans presque toutes (14 sur 19) les aires urbaines de la région. Graphe 52: La relation entre la variation de la pauvreté (nombre de personnes de moins de 65 ans vivant sous le seuil de pauvreté) 1996-2000 et la progression des emplois domestiques 1993-2002. Variation emplois domestiques purs 1993-2002

135 130

AU Paris (Centre) Dreux

125 Gien

St Amand

Nogent

Châteaudun 120 Pithiviers Amboise Montargis Châteauroux Chartres Blois 115 Orléans

110 Tours

Romorantin Vendôme

105 Bourges

100 95 Vierzon

pauvreté 1996-2000 -20,0%

-15,0%

90

-10,0%

-5,0%

0,0%

5,0%

Source : Calculé à partir de données Unedic et Cnaf Note : les données Unedic sont données en indice. 100= nbre1993

Si certaines aires urbaines très pénalisées comme Dreux ou St Amand ont enregistré à la fois une forte croissance de l’emploi domestique en même temps qu’une augmentation de la pauvreté, on peut se demander ce qu’aurait été l’évolution de la pauvreté si l’amortisseur de l’économie domestique n’avait pas joué ou moins bien joué son rôle. Les aires urbaines ayant 15

Davezies L. (2003) « Formes de développement des territoires et pauvreté » – in Travaux de l'Observatoire National de la pauvreté et de l'Exclusion 2003-2004.- Documentation Française – 2004 56


la moins bonne note de développement territorial (tableau 12) n’inversent pas la tendance à la dégradation sociale mais l’atténuent. Vierzon voit sa pauvreté reculer, mais probablement plus par un effet d’émigration que de réinsertion dans l’économie domestique. D’autres villes aux performances très médiocres comme Bourges, Nogent ou Blois voient quand même leur pauvreté se réduire. D’un autre côté, les aires urbaines les plus dynamiques et bénéficiant d’une économie résidentielle bénéficient d’une sorte d’effet de « sur compresseur » grâce aux emplois domestiques. Pour aller plus loin, et pour mieux comprendre comment se jouent les relations complexes entre des mécanismes de développement territorial, on l’a vu, très hétérogènes et des situations économiques et sociales parfois inattendues, pour comprendre comment les effets de discrimination productive et de stabilisation « résidentielle » et « présentielle » se combinent, et cela de façon différente entre les territoires, il conviendrait que soit ouvert un véritable chantier analytique.

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Volet 2 : Les zones d’étude du Cher Carte 1 : Les zones d’études

Tableau 2 : Les « fondamentaux » du développement des zones d’étude. Notation

Bassin d'Aubigny Bassin de Sancerre Berry-StAmandois Bourges Issoudun & Champ. Berr. Val d'Aubois Vierzon Province Ile de France France

1993-2003 solde 1990-99 1990-1999 migratoire Pop. Act. 1990-99 Emploi population 1990-99 Occupée emplois Unedic -1,1% 2,8% -1,2% -2,4% 19,5% -0,8% 2,9% -2,9% -1,2% 9,8% -3,4% 1,5% -1,0% -2,8% -2,0% -1,3% -4,1% 0,0% 0,7% 13,3% -1,6% 1,0% -3,6% -4,9% 5,4% -0,4% 5,2% -0,2% -13,1% -7,0% -5,3% -4,1% -8,8% -11,0% -5,9% 3,5% 1,2% 4,6% 4,3% 16,1% 2,7% -4,6% -0,5% -0,7% 10,6% 3,4% 0,1% 3,5% 3,2% 14,6%

Rev/hab 2000 (En indice. Province 1990-2000 =100) rev/ habitant Note 98 17,6% 0 111 12,7% -1 89 16,4% -3 104 12,3% -3 99 10,2% -5 89 10,8% -4 93 12,9% -4 100 15,0% 152 9,6% 110 11,0%

Source : d’après Insee, Unedic, DGI. Note : trame verte >110% valeur Province – trame rouge<90% ; Calcul de la note : rouge = -1 ; vert = +1

Comme on l’a vu précédemment sur le cas des aires urbaines de la région Centre, les zones d’étude du Cher enregistrent également des évolutions contrastées voire inattendues selon les indicateurs. Chacune des sept zones enregistre un recul de sa population entre 1990 et 1999 et également de sa population active occupée et de ses emplois (sauf la zone de Bourges qui stagne), alors que cinq d’entre elles ont un solde migratoire positif et que le revenu de leurs habitants a progressé plus vite que la moyenne nationale dans cinq d’entre elles (les deux restantes enregistrant une évolution à peine inférieure à celle du revenu par habitant national). En bref, le déclin démographique, économique et social serait sanctionné par de l’attractivité et d’assez bonnes performances de croissance du revenu !

58


Le tableau 3 permet d’emblée de lever une part de ce qui peut sembler énigmatique dans cette évolution. Dans cinq des zones, les apports de retraités constituent le plus gros des apports migratoires. Tableau 3 : La contribution des migrations de retraités aux soldes migratoires des zones d’étude. (i) Solde migratoire 1990-1999 Bourges -6 184 Vierzon -2 055 338 Issoudun & Champ. Berr Bassin de Sancerre 462 Bassin d'Aubigny 731 Berry-StAmandois 731 Val d'Aubois 1 396

(ii) Solde entrées sorties retraités 19901999 252 300 326 448 539 766 386

(ii) / (i) 96% 97% 74% 105% 28%

Source : d’après Insee

Dans les cas d’Issoudun & Champagne Berrichonne, du Bassin de Sancerre, de celui d’Aubigny et du Berry-StAmandois, l’essentiel du solde migratoire positif est expliqué par les retraités. C’est moins vrai du Val d’Aubois, dans lequel seulement un quart du solde migratoire s’explique de cette façon, du fait d’un fort desserrement de la population nivernaise de Nevers sur le département du Cher (entre 1990 et 1999, 1 760 habitants de la Nièvre viennent s’installer dans le Val d’Aubois). A Bourges et Vierzon, les migrations de retraités ne compensent qu’à la marge le solde migratoire négatif des populations. Comme le montre le tableau 4, si l’emploi total s’est réduit partout, l’emploi salarié privé n’a reculé que dans deux zones (Berry et Vierzon) et a progressé dans les autres, presque aussi rapidement qu’en Province, pour Bourges, et beaucoup plus rapidement dans le Bassin d’Aubigny. Tableau 4 : l’évolution 1993 – 2004 de l’emploi salarié privé. En indice (100= nombre 1993) Bourges Vierzon Issoudun & Champ. B Bassin de Sancerre Bassin d'Aubigny Berry-StAmandois Province Ile de France France

1993 100 100 100 100 100 100 100 100 100

1996 102 98 97 108 104 99 104 100 103

2000 111 98 109 116 115 101 117 111 116

2004 113 94 105 110 119 98 116 111 115

Source : d’après Unedic

Le tableau 5 rend compte de la structure de la base économique des zones d’études. Deux seulement, Bourges et Issoudun, sont plus dépendantes de leurs bases productives que la moyenne des aires urbaines françaises. Les cinq autres étant beaucoup plus dépendantes de leur « économie résidentielle ». A partir du tableau 5, on peut dire que : 59


Bourges est une économie productivo-publique, avec une part importante de revenus sociaux. Son statut de chef-lieu lui permet de capter beaucoup plus de revenus des publics que les autres zones ; Issoudun & Champ. Berr. Est une économie « productivo-résidentielle », avec une forte dépendance à ses bases productives et d’importants revenus d’actifs employés dans d’autres zones, une certaine dépendance aux revenus de retraites et un peu de tourisme. Le Bassin d’Aubigny est également productivo-résidentiel, avec une base productive fortement abondée –et plus qu’à Issoudun- par les revenus résidentiels, notamment touristiques. Val d’Aubois est une économie résidentielle d’actifs travaillant ailleurs, de retraités et de touristes. Les 2/3 de sa base économique dépend des revenus résidentiels. Le Berry-St Amandois est dans une situation comparable, avec plutôt moins d’actifs employés ailleurs. Le Bassin de Sancerre est également dans ce profil, de façon plus marquée encore, en étant le champion pour le poids des revenus d’actifs employés ailleurs et pour les dépenses touristiques. C’est des sept pays, l’économie la plus résidentielle. Vierzon est dans un cas singulier, avec une base productive qui a été fortement ébranlée dans les décennies passées, à tel point que cette zone est devenue une économie résidentielle, (pourtant peu touristique) dépendant fortement des revenus de retraites et des emplois que ses actifs occupent dans d’autres zones. Tableau 5 : Les moteurs du développement des zones d’étude. Décomposition de leurs bases économiques. En pourcentage de leur base et en indice (100= poids de la base considérée dans la moyenne des aires urbaines françaises)

en % Total basique productif privé Salaires basiques publics Total base résidentielle

Salaires importés d'autres lieux d'emploi retraites Dépenses touristes Total base sociale Base Totale

Issoudun et Champagne Berrichonne

Bourges

Val d'Aubois

Berry-St Amandois

Bassin Aubigny

Bassin Sancerre

Vierzon

24,1% 11,6% 52,9%

25,2% 21,5% 39,9%

15,9% 7,6% 64,2%

21,0% 12,5% 55,1%

21,9% 7,4% 60,3%

17,4% 4,2% 68,8%

20,2% 12,9% 53,0%

13,2% 30,4% 9,3%

6,5% 25,9% 7,4%

15,7% 34,4% 14,0%

9,6% 33,2% 12,3%

12,1% 32,5% 15,8%

24,4% 28,0% 16,4%

13,7% 31,9% 7,4%

11,4% 100,0%

13,4% 100,0%

12,3% 100,0%

11,4% 100,0%

10,4% 100,0%

9,5% 100,0%

13,9% 100,0%

en indice, 100 = moyenne AU Issoudun et Champagne Berrichonne

Bourges

Val d'Aubois

Berry-St Amandois

Bassin Aubigny

Bassin Sancerre

Vierzon

Total basique productif privé Salaires basiques publics Total base résidentielle

102 55 124

107 102 93

67 36 151

89 59 129

93 35 142

74 20 161

86 61 124

Salaires importés d'autres lieux d'emploi retraites Dépenses touristes

152 119 110

75 102 88

182 135 166

111 130 145

139 127 187

282 110 194

159 125 87

Total base sociale Base Totale

90 100

106 100

96 100

90 100

82 100

75 100

109 100

60


Les activités productives Le Cher est traditionnellement un département industriel. Mais c’est aussi un département agricole, avec notamment les revenus basiques importants du bassin de Sancerre (le bénéfice agricole y représente 6,3% de la base économique de la zone), du Bassin d’Aubigny (4,9%), du Berry (4,8%) et du Val d’Aubois (4,7%). La crise de l’emploi agricole est encore plus forte que celle de l’industrie : le Cher perd 30% de ses exploitants agricoles (- 2 200) entre 1990 et 1999 et « seulement » 20% de son emploi ouvrier (- 8 000). On peut penser que la contribution de l’agriculture à la base économique du département , aujourd’hui déjà faible, ne connaîtra pas d’évolution positive remarquable dans les années à venir...

Tableau 6 : l’activité agricole dans les zones d’étude. Principaux indicateurs

Bassin d'Aubigny Bassin de Sancerre Berry-StAmandois Bourges Issoudun & Champ. Berr. Val d'Aubois Vierzon

Emplois Emplois agriculteurs agriculteurs exploitants exploitants 1990-99 RP99 780 -344 672 -196 1 417 -759 970 -262 585 -479 713 -259 365 -315

Emplois Emplois Emplois agricoles en Bénéf Emplois ouvriers ouvriers agricole en % agricoles en % titulaires agricoles agricoles de revenus base % emplois 1990-99 RP99 1999 économique 1999 296 -60 4,9% 13% 6% 613 177 6,3% 21% 12% 400 -4 4,8% 12% 6% 613 -39 1,3% 2% 2% 187 -81 2,2% 7% 4% 282 18 4,7% 16% 6% 160 20 1,5% 3% 2%

Source : d’après Insee et DGI

Le tableau 7 rend compte des principales pertes d’emploi des zones d’études dans la période 1993-2003. Il s’agit, pour chaque zone d’étude des 25 secteurs ayant enregistré les plus fortes pertes d’emplois salariés privés. Le tableau 8 présente symétriquement les secteurs ayant le plus contribué à la création nette d’emplois salariés privés. Ces données sont synthétisées dans le tableau 9 et le graphe 10. Le plus gros des pertes d’emplois dans les zones d’études est le fait de l’industrie, aussi bien dans l’aéronautique que les textiles ou le savons/parfumerie, la fabrication d’appareils ou l’industrie du caoutchouc. Pour autant, les gains d’emplois ne sont pas systématiquement le fait des services : l’aéronautique progresse fortement à Issoudun, le traitement des métaux dans plusieurs zones, etc. Au total, sur les 25 secteurs qui ont le plus créé d’emplois salariés privés dans les zones d’études, une bonne moitié sont industriels. Du point de vue territorial, comme le montre le graphe 10, on observe des différences importantes de comportement des zones d’études. On a calculé des indices de gains et de pertes pour chaque zone (la part de gain rapportée à la part de l’emploi de chaque zone dans le total, multipliée par 100) Bourges renforce sa position, avec un indice de gains (100) d’emploi supérieur à son indice de pertes (92). Les Bassins de Sancerre et d’Aubigny sont aussi dans une situation favorable, avec des gains (indices 110 et 122) supérieurs aux pertes (indices de perte 85 et 80).

61


Tableau 7 : Evolution des secteurs d’emploi salarié privé. Les 25 secteurs qui ont perdu le plus d’emploi dans chacune des sept zones d’ étude. Issoudun Berry Val Champ. les 25 secteurs qui ont le plus perdu d'emploi entre 1993 Bassin Bassin St Ber. d'Aubois Vierzon Total et 2003 dans les zones d'études Aubigny Sancerre Amand Bourges Construction aéronautique et spatiale -2039 -2039 Fabrication de vêtements en textile -60 -135 -325 -359 -38 -198 -1115 Autres commerces de détail en magasin spécialisé -2 -777 -83 -862 Autres organisations associatives -18 -57 -305 -12 -30 -422 Intermédiaires du commerce de gros -395 -11 -11 -417 Fabrication de savons, de parfums et de produits d'entretien -348 -348 Fabrication d'appareils domestiques -291 -16 -307 Industrie du caoutchouc -252 -252 Fabrication d'autres machines d'usage spécifique -245 -245 Fabrication d'accumulateurs et de piles électriques -224 -224 Fabrication de réservoirs métalliques et de chaudières pour -55 -153 -208 Fabrication de produits céramiques -10 -58 -120 -188 Imprimerie -110 -28 -26 -21 -185 Cantines et traiteurs -24 -132 -16 -12 -184 Fabrication de chaussures -184 -184 Commerce de détail en magasin non spécialisé -171 -171 Bijouterie -13 -154 -167 Fonderie -164 -164 Forge, emboutissage, estampage ; métallurgie des poudres -114 -46 -160 Activités pour la santé humaine -37 -9 -13 -96 -155 Fabrication de lampes et d'appareils d'éclairage -154 -154 Fabrication d'autres ouvrages en métaux -6 -131 -137 Fabrication de matériel médico-chirurgical et d'orthopédie -7 -94 -30 -131 -62 -6 -55 -123 Commerce de gros de biens de consommation non alimenta Transports urbains et routiers -13 -106 -119 Action sociale -114 -114 Traitement de données -103 -103 Fabrication d'articles en papier ou en carton -83 -19 -102

Industrie Services professionnels

Source : d’après Unedic

Tableau 8 : Evolution des secteurs d’emploi salarié privé. Les 25 secteurs qui ont gagné le plus d’emploi dans chacune des sept zones d’ étude. Les 25 secteurs qui ont créé le plus d'emploi entre 1993 et 2003 dans les zones d'études Sélection et fourniture de personnel Fabrication d'armes et de munitions Manutention et entreposage Action sociale Activités de nettoyage Traitement des métaux ; mécanique générale Construction aéronautique et spatiale Restaurants Autres commerces de détail en magasin spécialisé Activités juridiques, comptables et de conseil de gestion Organisation du transport de fret Commerce de détail en magasin non spécialisé Enquêtes et sécurité Télécommunications Commerce de gros d'équipements industriels Services divers fournis principalement aux entreprises Fabrication de coutellerie, d'outillage et de quincaillerie Transports urbains et routiers Fabrication d'instruments de mesure et de contrôle Industrie laitière Fabrication d'éléments en métal pour la construction Construction d'ouvrages de bâtiment ou de génie civil Fabrication de carrosseries et remorques Industrie du caoutchouc Autres industries textiles Formation permanente et autres activités d'enseignement Chaudronnerie Travaux d'installation Réalisation de logiciels Commerce de gros de produits alimentaires Autres industries diverses Autres organisations associatives Fabrication de meubles

Bassin Aubigny

Bassin Berry St Sancerre Amand Bourges 57 64 1169 1677 688 113 61 58 678 60 63 512 308 18 135 49

8

43 56

17 26

5

101 175 307 191 257 218

20 14 43

57

25 150

74

15

10

20

12

22

39 27 111 31

Source : d’après Unedic

62

351 30 114

Vierzon 882

94 8 81

660 76

133 24

52

9 38

55

33

47

137 176 41

27 39 67

69

27 16

238 218 188

24 26

344 435 344 359

Issoudun Champ. Val Ber. d'Aubois 291

125 92 94 145 92

94 80

55 58 33 94

57

46

8

132

12 41

29 8

Créations nettes 2463 1677 1039 1034 757 675 660 544 500 451 359 357 351 307 299 298 284 252 238 218 212 209 208 173 168 167 162 151 145 131 121 111 111


Issoudun et Champagne Berrichonne enregistre une évolution singulière, marquée par un certain bouleversement, avec un indice de pertes très élevé (149) mais compensé par un indice de gain qui l’est presqu’autant (145). Trois zones sont plus « spécialisées » dans les pertes que les gains : Vierzon, Val d’Aubois et surtout Berry-StAmandois. Tableau 9 : Les 25 secteurs ayant perdu et gagné le plus d’emplois salariés privés dans les zones d’étude. 1993-2003 Issoudun & Bassin Bassin de BerryChamp. Val d'Aubigny Sancerre StAmandois Bourges Berr. d'Aubois Vierzon Total 4 009 1 918 6 916 36 828 6 594 2 939 9 305 68 509 6% 3% 10% 54% 10% 4% 14% 100% 1 180 507 948 8 911 2 309 614 2 036 16 505 7% 3% 6% 54% 14% 4% 12% 100% 122 110 57 100 145 87 91 100 -526 -268 -1 135 -5 538 -1 615 -535 -1 609 -11 226 5% 2% 10% 49% 14% 5% 14% 100% 80 85 100 92 149 111 106 100

Emploi salarié privé 1993 Part dans l'emploi 1993 Gains dans les 25 plus gros créateurs d'emploi Part dans les gains d'emploi 1993-2003 Indice de gain Pertes dans les 25 plus gros desctructeurs d'emploi Part dans les pertes d'emploi 1993-2003 Indice de perte

Source : d’après Unedic

Graphe 10 : Les 25 secteurs ayant perdu et gagné le plus d’emplois salariés privés dans les zones d’étude. 1993-2003 . En indice (100= poids du gain ou de la perte dans le total sur poids de l’emploi dans le total) Indice de perte 160 150

Issoudun & Champ. Berr.

140 130 120 110

Val d'Aubois Vierzon

100 Berry-StAmandois 90

Bourges Bassin de Sancerre

80

Bassin d'Aubigny

70 60 Indice de gain 50 50

60

70

80

90

100

110

120

130

140

150

160

Source : d’après Unedic

En termes de secteurs, les emplois salariés privés dans les services techniques professionnels, qui marquent la modernisation d’une économie industrielle locale, restent peu abondants. Le Val d’Aubois, Bourges et le Bassin de Sancerre sont à peu près au niveau moyen de présence (en % des salariés privés) de la Province. Les quatre autres zones en sont très loin. On assiste cependant une forte croissance du nombre de ces emplois à Bourges, comparée à la variation moyenne de leur nombre en Province, et plus encore en Val d’Aubois. Issoudun & Ch. Berr. , qui garde une faible présence de ces emplois a cependant opéré un fort rattrapage dans les années passées, ce qui suggère un effort d’adaptation de son appareil productif. 63


Tableau 11 : Les services techniques supérieurs aux entreprises. Présence et évolution 1993 - 2002 Services techniques privés supérieurs aux entreprises 1993 en % 2002 en % 1993-2002 1993-2002 salariés salariés nombre de nombre de privés privés salariés salariés Loire-Val d'Aubois 1,9% 3,3% 41 74,5% Bourges 2,3% 3,0% 407 47,1% Bassin de Sancerre 2,5% 2,9% 15 31,3% Berry-StAmandois 1,6% 1,9% 15 13,3% Vierzon 1,9% 1,7% -18 -10,4% 1,0% 1,6% 55 87,3% Issoudun & Champ. Ber Bassin d'Aubigny 1,1% 1,0% 4 8,9% Province 2,7% 3,1% 97 872 36,4% Ile de France 6,6% 7,8% 78 411 33,6% France 3,8% 4,3% 176 283 35,1% Secteurs concernés: Conseil en systèmes informatiques Réalisation de logiciels Traitement de données Activités de banques de données Entretien et réparation de machines de bureau et de matériel informatique Autres activités rattachées à l'informatique Recherche-développement en sciences physiques et naturelles Activités d'architecture et d'ingénierie Activités de contrôle et analyses techniques

Source : d’après Unedic

Le tableau 12 rend compte du fait que, à part Bourges, les autres zones ont une structure de qualification déséquilibrée, avec peu de cadres et de techniciens et beaucoup d’ouvriers. On observe cependant une tendance marquée au rééquilibrage dans les sept zones, avec une variation du nombre des cadres et/ou des techniciens plus rapide qu’en Province. On voit bien, là encore que les zones d’études, qui sont vulnérabilisées par leur caractère industriel traditionnel et pénalisées par de fortes pertes d’emplois ouvriers dans ces secteurs, opèrent actuellement un ajustement par une élévation du contenu en qualifications de leurs activités. Tableau 12 : Les qualifications de l’emploi des secteurs productifs Présence et évolution – 1990 - 1999

Bourges Vierzon Issoudun & Champ. Berr. Bassin de Sancerre Bassin d'Aubigny Berry-StAmandois Val d'Aubois Province Ile de France France

Bourges Vierzon Issoudun & Champ. Berr. Bassin de Sancerre Bassin d'Aubigny Berry-StAmandois Val d'Aubois Province Ile de France France

Emplois Emplois contremaîtres Emplois Emplois ouvriers Emplois , agents de cadres ouvriers non qualifiés maîtrise d'entreprise techniciens qualifiés Indice spec Indice spec Indice spec Indice spec Indice spec 1999 (% 1999 (% 1999 (% 1999 (% 1999 (% Province) Province) Province) Province) Province) 105 135 95 109 93 73 80 114 131 109 48 67 113 130 155 68 94 268 75 80 52 67 87 112 147 36 36 78 101 111 37 78 97 100 111 100 100 100 100 100 314 119 88 67 55 147 104 97 93 90 Emplois Emplois contremaîtres Emplois cadres , agents de d'entreprise techniciens maîtrise 1990-99 1990-99 1990-99 27,0% 8,7% -18,1% 26,9% 13,5% -18,1% -21,3% 25,4% -4,6% -1,1% 31,4% 9,0% 19,9% 55,3% 46,7% 14,7% 12,5% 2,9% 9,8% 40,6% -15,3% 12,5% 27,7% 0,7% 8,4% 4,2% -7,8% 10,6% 20,8% -1,1%

Source : d’après Insee

64

Emplois Emplois ouvriers ouvriers non qualifiés qualifiés 1990-99 1990-99 -13,3% -24,8% -24,9% -38,3% -5,7% -23,3% -14,1% -27,2% 3,4% -12,7% -9,5% -26,0% -14,6% -37,8% -3,0% -15,1% -21,9% -23,0% -6,6% -16,3%


Les revenus publics Mis à part le Bassin d’Aubigny et le Val d’Aubois, qui ont une faible part de l’emploi qui soit public, tel que défini par l’Insee (et avec les doutes, déjà évoqués, qu’il faut avoir sur l’interprétation de ces données), les quatre autres zones ont entre 30% et 37% de leur emploi occupé par le secteur public, avec des taux supérieurs pour Bourges (34%) et le Bassin de Sancerre (37%). Il est difficile de tirer des conclusions fortes des évolutions qui peuvent être liées aussi bien à des variations d’emplois au service de la population locale qu’à des évolutions, voire des changements de statuts juridiques d’entreprises productives publiques. En revanche, les données globales du tableau 14, qui renseignent moins sur le statut que sur la fonction sociale des emplois de service public, rendent compte du fait que, globalement, dans le département du Cher, l’emploi d’administration publique progresse à peine moins vite (19%) qu’au niveau national (22%), celui consacré à l’éducation ne progresse que très peu (+6% contre +11% au niveau national), alors que l’emploi sanitaire et social connaît une forte progression (+29% contre +23% au niveau national). Le fait que chacune des sept zones ait une faible part de la population âgée de 19 ans et moins (tableau 15) permet de comprendre le ralentissement des dépenses d’éducation. À l’inverse le fort vieillissement (sauf à Bourges) des zones semble à l’origine du fort développement des emplois de santé et d’action sociale. Globalement, sur la période 1990 à 1999, l’emploi des ces services publics augmente aussi rapidement qu’en Province, et cela en dépit de la réduction de la population. C’est ce qui permet à ces emplois de service public de progresser de 5 200 unités quand l’emploi total se réduit de 3 200 ! Tableau 13 : L’emploi public selon le RGP de l’Insee. 1990-1999

Total emplois salariés du public RP90 Bourges 23 688 Vierzon 4 304 Issoudun & Champ. Berr. 3 084 Bassin de Sancerre 1 756 Bassin d'Aubigny 1 200 Berry-StAmandois 3 376 Val d'Aubois 1 052 Province 4 878 841 Ile de France 1 553 714 France 6 432 555

Total emplois détenus par des salariés du public RP99 20 101 4 394 3 046 1 779 1 247 4 069 1 200 4 739 065 1 385 748 6 124 813

1990-99 emplois salariés du secteur public -3 587 90 -38 23 47 693 148 -139 776 -167 966 -307 742

1990-99 emplois salariés du Part du public secteur dans les public salariés 1999 -15,1% 34,0% 2,1% 32,9% -1,2% 30,2% 1,3% 37,0% 3,9% 19,4% 20,5% 33,7% 14,1% 25,8% -2,9% 30,9% -10,8% 30,2% -4,8% 30,7%

Source : d’après Insee

Tableau 14 : Les secteurs d’emploi de service public. Administration publique

18 - Cher 28 - Eure-et-Loir 36 - Indre 37 - Indre-et-Loire 41 - Loir-et-Cher 45 - Loiret Total France métropolitaine

Santé, action sociale

Education

TOTAL 3 secteurs

pop. 31-12-2002 31-12-2002 90-02 31-12-2002 90-02 31-12-2002 90-02 1990-99 90-02 13 673 11 410 7 542 19% 29% 6% 32 625 19% -2% 13 705 14 043 10 607 13% 31% 20% 38 355 21% 3% 10 173 8 612 5 833 12% 35% 6% 24 618 18% -3% 21 243 23 663 16 927 17% 15% 13% 61 833 15% 5% 11 315 12 075 7 578 27% 40% 11% 30 968 27% 3% 27 538 20 226 17 762 18% 25% 22% 65 526 21% 6% 2 438 888 2 251 097 1 706 136 22% 23% 11% 6 396 121 19% 3%

Source : d’après Insee

65


Tableau 15 : les populations jeunes et âgées dans les zones d’étude. 1999, en % de la population

Bourges Vierzon Issoudun & Champ. Berr. Bassin de Sancerre Bassin d'Aubigny Berry-StAmandois Val d'Aubois Province Ile de France France

part de la pop part de la pop de moins de plus de 60 19 ans 1999 ans 1999 24,0% 21,4% 22,2% 26,9% 20,6% 28,6% 22,4% 30,2% 20,8% 31,4% 19,7% 31,8% 21,3% 31,4% 24,4% 22,4% 25,2% 16,6% 24,6% 21,3%

Source : d’après Insee

Les revenus résidentiels : les actifs travaillant dans une autre zone On l’a vu dans le tableau des bases économiques (tableau 5), cinq des sept zones voient leur base économique très dépendante des revenus de leurs actifs travaillant dans une autre zone. Ce n’est pas le cas de Bourges, qui est, comme on le verra un pôle de fourniture d’emploi aux zones qui l’environnent, et moins celui de la zone Berry-StAmandois dont les résidants sont relativement un peu moins nombreux à sortir travailler dans une autre zone. La zone championne est Val d’Aubois dont 45% des actifs occupés (plus de 4 000 en 1999) qui y résident n’y travaillent pas. Cette part est de 25% à 30% dans les autres zones. Ces taux classent la plupart de ces zones dans la catégorie des « économies résidentielles », qui sont meilleures pour loger les actifs que pour les employer ! Cette ressource occupe un poids croissant dans les zones d’étude. Le nombre de « sortants » ayant fortement augmenté entre 1990 et 1999 (de 27% à Vierzon à 39% dans le Val d’Aubois). Ce mécanisme constitue un apport croissant pour le revenu des différentes zones, mais signe plus encore un effet d’intégration territoriale des marchés de l’emploi qu’une ressource brute supplémentaire : sur les 120 000 actifs occupés du Cher, il n’y en a « que » 11 000 qui sorte du département pour aller travailler ailleurs. Tableau 16 : Les navettes domicile-travail dans les zones d’études. 1990 et 1999 Bourges Berry-StAmandois Issoudun & Champ. Berr. Vierzon Bassin de Sancerre Bassin d'Aubigny Val d'Aubois

Sortants Sortants pop actice Sortants 1990 en % Sortants 1999 en % sortants sortants occupée 1990 pop act occ 1999 pop act occ 1990-1999 1990-1999 1990-1999 3 759 6% 5 151 8% 37% 1 392 -2 3 075 18% 3 767 22% 23% 692 -164 2 287 18% 3 120 25% 36% 833 -458 3 300 18% 4 202 25% 27% 902 -1 612 3 183 21% 3 986 26% 25% 803 -174 2 135 22% 2 727 29% 28% 592 -118 2 920 32% 4 062 45% 39% 1 142 -17

Source : d’après Insee

Tableau 17 : Taux d’emploi dans les zones d’étude. 1999 - 1999 Bourges Bassin de Sancerre Bassin d'Aubigny Berry-StAmandois Issoudun & Champ. Berr. Val d'Aubois Vierzon

Emplois / Emplois / actifs occ. actifs occ. 1990 1999 106% 107% 102% 103% 89% 88% 91% 89% 97% 95% 78% 68% 94% 92%

Source : d’après Insee

66

1990-99 1990-99 emplois actifs occ. 438 -2 -73 -174 -207 -118 -434 -164 -607 -458 -936 -17 -1 893 -1 612


Cartes 18 : Où vont travailler les actifs des zones d’études (1999)

Source : d’après Insee

67


Cartes 19 : Où habitent les actifs employés dans la zone de Bourges ? (1999)

Source : d’après Insee

Les revenus résidentiels : les pensions de retraite Les pensions de retraite constituent une source majeure du revenu basique des zones d’études. Comme on l’a vu dans le tableau 5, les retraites représentent entre 26% et 35% de la base économique des zones d’études. Ces revenus sont surreprésentés dans ces zones, comparés à la moyenne des aires urbaines françaises, sauf dans le cas de Bourges qui est à peine audessus de la moyenne avec 25,9%. Les zones les plus dépendantes des revenus des retraites, c’est-à-dire celles dans les quelle ils pèsent le plus lourd dans la base économique sont celles de Val d’Aubois et Berry-StAmandois. Comme le montre le tableau 20, à l’exception de la zone de Bourges, la croissance des retraités a partout compensé totalement (Bassins de Sancerre et d’Aubigny, Berry –StA. et Val d’Aubois) ou partiellement (Vierzon et Issoudun&CB) la réduction du nombre d’actifs occupés. Tableau 20 : Les retraités dans les zones d’étude . 1990 - 1999 90-99 retraités Bourges Vierzon Issoudun & Champ. Berr. Bassin de Sancerre Bassin d'Aubigny Berry-StAmandois Val d'Aubois Province Ile de France France

4 572 697 196 304 604 632 385 1 221 578 191 733 1 413 311

90-99 pop active occupée -2 -1 612 -458 -174 -118 -164 -17 804 566 -24 218 780 348

Retraités en % Retraités en % pop. pop. Act. Occ. 1990-99 Act. Occ. 1990 1999 retraités 39% 47% 19% 59% 69% 7% 62% 66% 2% 63% 70% 8% 68% 76% 9% 72% 76% 5% 76% 80% 6% 45% 50% 16% 28% 32% 14% 41% 46% 15%

Source : d’après Insee

68


À part dans la zone de Bourges, le nombre des retraités s’approche de celui des actifs occupés : ce nombre va jusqu’à 80% de celui des actifs occupés dans le cas du Val d’Aubois (tableau 20). L’appoint de revenu pour ces territoires est considérable, et cela d’autant plus que, comme le montre le graphe 21, le revenu moyen des foyers de retraités dans le Cher est supérieur à celui des ménages de non retraités. Graphe 21 : Le revenu des foyers (ff) de retraités comparé à celui des foyers de non retraités dans les départements français en 2000. 30 000

26 000

22 000

18 000

14 000

Rev/ff non retraité 10 000 10 000

14 000

18 000

22 000

26 000

30 000

Rev/foyer fiscal retraité Cher Linéaire (Rev/foyer fiscal retraité)

Source : d’après DGI

Une part importante de ces revenus de retraités provient de ménages qui sont venus se retirer dans le département, en provenance d’autres territoires et particulièrement de l’Ile de France16 (carte 23). Ces nouveaux venus représentent un apport significatif à l’économie des zones d’études. Ils représentent entre 10% (à Bourges et Vierzon) et 19% (Bassin de Sancerre) des retraités présents en 1990. On observe cependant aussi d’importants départs de retraités qui quittent le Cher, et plus encore certaines zones comme Bourges, pour aller s’installer dans d’autres régions plus méridionales ou littorales (carte 24), si bien que la contribution du solde des entrées-sorties à la variation de leur nombre est très différente selon les territoires. A Bourges, la croissance du nombre de retraités doit peu aux migrations, dans la mesure où les sorties (2 100) sont presque aussi importantes que les entrées (2 300). En revanche, dans les autres zones, ces flux migratoires de retraités constituent un facteur majeur de leur présence. À Vierzon et dans le Bassin d’Aubigny, le solde migratoire des retraités explique respectivement 43% et 89% de la variation du nombre de retraités entre 1990 et 1999, ce qui est déjà beaucoup. Mais c’est beaucoup plus encore dans les zones d’Issoudun, Sancerre, Berry et Val d’Aubois dans lesquelles, avec des contributions de 166%, 147%, 121 % et 100%, sans les apports migratoires, le nombre de retraités aurait reculé !

16

Le Cher ne représente que 0,7% de la population française et « récupère » 1,5% des retraités quittant l’Ile de France entre 1990 et 1999 ! 69


Tableau 22: Les entrées-sorties de retraités entre 1990 et 1999 dans les zones d’étude.

Bourges Vierzon Issoudun & Champ. Berr. Bassin de Sancerre Bassin d'Aubigny Berry-StAmandois Val d'Aubois

retraités retraités pop. Act. entrants en retraités % retraités entrants 1990- sortants 1990- Occ. 19901999 1999 1999 1990 2335 2083 -2 10% 1034 734 -1 612 10% 852 526 -458 11% 724 276 -174 19% 1032 493 -118 16% 1792 1026 -164 15% 1272 886 -17 18%

Solde entrées sorties retraités 1990- retraités 1999 1990-99 252 4 572 300 697 326 196 448 304 539 604 766 632 386 385

Contribution du solde migratoire des retraités à variation 19901999 nbre de retraités 6% 43% 166% 147% 89% 121% 100%

Source : d’après Insee

Carte 23 : origine des retraités qui sont venus s’installer dans le Cher entre 1990 et 1999.

Source : d’après Insee

Carte 24 : destination des retraités qui ont quitté le Cher entre 1990 et 1999.

Source : d’après Insee

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Les revenus résidentiels : les dépenses de tourisme On l’a déjà évoqué plus haut (graphe 41, cartes 46 et 47 dans le rapport sur les aires urbaines), les territoires de la région Centre et peut être plus encore les départements du Sud de la région ne bénéficient que d’un faible apport de revenus basiques liés aux tourismes marchand et non marchand. Le Cher est en retard sur une évolution résidentielle qui a marqué de nombreux départements français et qui s’est traduit par une croissance des acquisitions de résidences par les étrangers. On l’a vu, le nombre de transactions y reste très faible pour des biens vendus rares et bon marchés … Le tableau 25 rend compte d’une présence significative de résidences secondaires que dans trois des sept zones d’études : le Bassin de Sancerre (20% des logements), celui d’Aubigny (20%) et le Val d’Aubois. C’est-à-dire la partie orientale du département, bénéficiant à la fois du capital paysager constitué par la Loire, la présence de la Sologne et la proximité de l’ensemble naturel constitué par la Nièvre (où en moyenne, Nevers compris, 17% de logements sont des résidences secondaires contre moins de 10% dans le Cher et 12% en moyenne en Province)). Dans les autres zones, le niveau des résidences secondaires est très bas, et pas seulement à Bourges ou à Vierzon… Partout on observe qu’entre 1990 et 1999 le nombre de ces résidences a décru, suggérant un retour au statut de résidence principale pour des actifs ou des retraités. Tableau 25 : les résidences secondaires dans les zones d’étude du Cher Rés. Second Rés. Second en 1990-99 en % % logements 1990-99 en résidences logements 1999 secondaires 1990 points Bourges 4,2% 3,3% -0,9% -428 Vierzon 6,5% 6,3% -0,2% -62 10,5% 8,7% -1,9% -226 Issoudun & Champ. Ber Bassin de Sancerre 22,5% 20,4% -2,1% -202 Bassin d'Aubigny 20,6% 19,6% -1,0% -112 Berry-StAmandois 15,6% 14,5% -1,2% -238 Val d'Aubois 18,0% 17,0% -1,0% -114 Province 12,2% 11,6% -0,6% 126 602 Ile de France 4,2% 3,2% -1,0% -38 800 France 10,7% 10,1% -0,6% 87 802

Source : d’après Insee

Du côté du tourisme marchand, comme le montre le tableau 26, l’offre reste très faible. Les seuls indices de présence d’hébergements qui soient supérieurs à ceux de la province sont le fait des bassins de Sancerre et d’Aubigny pour les places de camping. Du côté des hôtels, quelle soit leur catégorie, et à part une offre tout juste moyenne du Bassin de Sancerre pour les hôtels de moins de trois étoiles, l’ensemble des zones présente un fort sous-équipement faisant lui même écho à ce qui doit être une sous-demande de fréquentation des paysages du Cher.

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Tableau 26 : l’offre d’hébergement marchand dans les zones d’étude du Cher en nombre places nom camping 99 Bourges 279 Loire-Val d'Aubois 169 Vierzon 269 Bassin Habitat Aubigny 564 Issoudun et Champagne Ber 246 Berry-St Amandois 488 Bassin Habitat Sancerre 317 Province 882 299 Ile de France 17 554 France 899 853

en indice (100= nbre par habitant de Province) chambres chambres places places camping>3ét de chambres plus de 3 camping>3ét de chambres plus de 3 places étoiles 99 étoiles 99 oiles 99 hotel 99 oiles 99 hotel 99 camping 99 153 1 282 183 10 11 91 44 33 99 37 34 13 39 50 95 338 36 31 21 76 28 100 123 18 120 41 51 25 0 177 14 42 0 59 16 150 194 13 56 33 43 10 265 155 0 107 174 103 0 454 108 450 138 132 352 100 100 100 100 7 459 125 210 61 632 9 7 121 202 461 567 575 348 193 984 83 83 104 119

Source : d’après Insee

L’économie présentielle : les emplois domestiques Comme on l’a vu dans le rapport sur les aires urbaines (carte 48), l’ensemble des revenus basiques des zones d’études, pour assurer le développement territorial, doivent se traduire par une circulation monétaire locale, via la consommation, afin de produire des effets de multiplication du revenu et des emplois de la population. L’enjeu n’est pas ici qu’économique ou territorial mais aussi social. Dans un monde de compétition productive mondialisée dans lequel sont de plus en plus menacés les actifs les moins qualifiés, les activités locales produisant et vendant des biens et des services répondant à la demande locale ont la caractéristique d’offrir des emplois à des actifs peu ou pas qualifiés tout en étant non délocalisables. Il n’est actuellement pas possible de mesurer précisément l’évolution des emplois tournés vers la demande locale. On procède donc à l’analyse d’un échantillon significatif de tels emplois, en ne tenant compte que des secteurs dont il est le plus clair que leur activité ne varie qu’en fonction de la demande locale. Cet échantillon regroupe les emplois salariés privés que nous appelons « domestiques purs ». Comme le montre le tableau 27, leur présence et leur évolution dans les zones d’études rendent compte d’un déficit et d’un ralentissement de ces activités. Avec un revenu par habitant proche ou même supérieur (dans le Bassin de Sancerre et à Bourges) de celui de la Province, les territoires du Cher disposent d’une couverture relativement faible en emplois « domestiques purs », comparée à la province. La zone la mieux dotée, Bourges, n’a un taux de tels emplois pour 100 habitants que tout juste égal à celui de la province ! Tableau 27 : les emplois « domestiques purs » dans les zones d’étude du Cher

dompur/habitant Bassin d'Aubigny Bassin de Sancerre Berry-StAmandois Bourges Issoudun & Champ. Berr. Val d'Aubois Vierzon

pour 100 habitants 1993 1,9 2,2 2,6 4,9 nd 1,6 3,7

pour 100 habitants 2002 2,2 2,2 3,1 5,0 nd 1,7 3,6

Source : d’après Unedic

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Variation 1993-2002 16,8% -0,6% 16,2% 1,1% nd 2,9% -6,8%


Vierzon, pourtant très urbanisé n’atteint qu’un niveau de couverture un tiers inférieur (peut être du fait d’effets de concurrence avec l’offre en commerce et services de Bourges). La faiblesse du secteur domestique que suggèrent ces données est d’autant plus surprenante que les indices de présence des territoires sont globalement corrects (moyenne 101 pour le Cher) et ne sont inférieurs à 100 qu’à Bourges et Vierzon. En termes d’évolution, la situation apparaît encore plus critique, avec une variation de ces emplois bien inférieure à ce qu’elle est en moyenne en Province. Seule la zone BerryStAmand, dont on a vu qu’elle s’était fortement résidentialisée ces dernières années, parvient à un taux de variation de 16% (contre 20% en moyenne en province). Vierzon, mais aussi le Bassin de Sancerre enregistrent même une réduction de ce type d’emplois !

Carte 28 : Les indices de présence dans les communes du Cher- Tableau des taux de présence par zone.

Taux de présence Bassin Habitat Aubigny Bassin Habitat Sancerre Berry-St Amandois Bourges Issoudun et Champagne Berrichonne Loire-Val d'Aubois Vierzon

107 108 104 97 101 105 99

Source : d’après Insee

Ces données, mises bout à bout, sont assez difficiles à comprendre. Certes le choc démographique et économique de la zone permet d’expliquer une baisse de son offre domestique. Mais le fait que la plupart des zones du département aient engrangé des revenus de substitution, notamment avec l’arrivée de retraités solvables, et que finalement le revenu moyen du département n’ait que faiblement décroché par rapport à la moyenne de Province suggèrerait au contraire de forts effets d’amortisseurs, lisibles notamment dans la présence et l’évolution des secteurs domestiques. Deux pistes, complémentaires, d’explication pourraient être explorées : (i) des effets de concurrence –sur le modèle Vierzon vs Bourges- de l’offre domestique avec d’autres territoires hors du département (notamment avec Gien, Cosne et surtout Nevers). (ii) Plus grave pour l’analyse, on peut se demander si, comme cela a été observé sur la Côte d’Azur, une partie des retraités, notamment ceux d’origine francilienne dont on a vu qu’ils étaient particulièrement nombreux, ne seraient pas finalement qu’une illusion statistique. En effet, on sait que ceux qui disposent de deux résidences, une principale et une autre secondaire, anticipant un choc pouvant les obliger à réaliser une partie de leur patrimoine, ont tendance à se déclarer en résidence principale dans leur résidence secondaire ! Ainsi, s’ils doivent vendre un de leur deux biens, comme ils préfèrent vendre cette dernière ,

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ils éviteront de payer un impôt sur les plus-values en y établissant administrativement leur domiciliation principale… Au final, comme le montre le tableau 29, on ne retrouve pas de loi claire, comme on l’avait évoqué à propos des aires urbaines, entre évolution de la pauvreté et variation de l’emploi domestique pur. On observe bien que dans les zones dans lesquelles l’emploi domestique pur a le plus augmenté (Aubigny et Berry – St Amand), le nombre de pauvres à reculé, mais sans qu’il apparaisse une corrélation très claire. On se encore à un biais, marginal quand on travaille sur les aires urbaines mais qui devient majeur quand on procède à des découpages territoriaux fins : les échanges domicile-travail sont tellement nombreux dans ce cas que l’on ne sait pas où habitent les actifs employés dans les secteurs domestiques d’une zone donnée. Il peut arriver que la demande dans la zone A stimule le développement d’emplois domestiques dans la zone B, bénéficiant finalement aux « pauvres » de la zone C… Les trois zones A, B et C pouvant être indifféremment dans le département ou dans un autre voisin… Tableau 29 : Variation des emplois domestiques purs (1993-2003) et variation du nombre de pauvres (1996-2000) dans les zones d’études.

Bassin d'Aubigny Bassin de Sancerre Berry-StAmandois Bourges Issoudun & Champ. Berr. Val d'Aubois Vierzon

Variation 1993-2002 pauvres "dom. pur" 1996-2000 16,8% -1,2% -0,6% 0,0% 16,2% -7,4% 1,1% -11,0% nd -4,3% 2,9% 4,3% -6,8% -3,5%

Sources : d’après Unedic et Cnaf

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Volet 3 : Les dix pays de la région Centre Carte 1 : Les dix pays choisis dans la région Centre

Tableau 2 : Les « fondamentaux » du développement des pays choisis de la région

Orléans LoirNature Pays ABC Beauce-Gatinais Montargis Pays Agglo Chinonais Giennois Perche Touraine Sud Province Ile de France France

90-99 population 7,8% 7,6% 5,0% 6,1% 4,2% 5,8% 1,2% -1,1% 1,2% 0,0% 3,5% 2,7% 3,4%

1993-2004 solde migratoire pop act. 1990-99 emplois salariés 1990-99 Occ 1990-99 emplois privés (Unedic) 1,9% 8,2% 9,1% 25% 6,1% 10,9% -2,5% 23% 4,4% 7,8% 3,9% 21% 4,7% 5,9% 3,8% 11% 2,4% 0,4% 2,3% 23% 1,7% 3,3% 4,6% 17% 1,2% 1,6% 1,4% 19% -1,2% -0,5% 4,9% 17% 1,8% -3,8% -1,9% 11% 2,5% 0,9% -5,8% 16% 1,2% 4,6% 4,3% 19% -4,6% -0,5% -0,7% 12% 0,1% 3,5% 3,2% 18%

Rev/hab 2000 (En indice. Province =100) 114 92 101 104 104 109 91 101 97 88 100 152 110

rev/hab 1990-2000 11,2% 20,1% 19,0% 8,7% 9,1% 12,1% 16,8% 14,0% 14,9% 16,4% 15,0% 12,2% 14,2%

Note 5 4 4 0 0 -1 -1 -3 -3 -4

Centre. Notation Source : d’après Insee, Unedic, DGI. Note : trame verte >110% valeur Province – trame rouge<90% ; Calcul de la note : rouge = -1 ; vert = +1

On retrouve sur les dix pays du Centre, comme on l’a vu antérieurement sur d’autres territorialisations de la région, des écarts mais également des paradoxes nombreux au regard des principaux indicateurs du développement territorial. On observe aucune situation « pure » et cohérente : le pays d’Orléans, riche, premier de la classe avec la meilleure notation de développement territorial (5), qui cumule les succès en termes de peuplement, de solde migratoire et d’emploi, n’enregistre qu’une très médiocre augmentation du revenu de ses habitants (11%, ce qui le classe en 8ème position sur 10), inférieure à celle de la Province. À l’inverse, la Touraine-Sud ou le Perche, qui cumulent les difficultés en termes démographiques et d’emploi caracolent en 4ème et 5ème positions pour la croissance du revenu de leurs habitants, avec une croissance égale ou supérieure à celle de la Province.

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Dans les autres pays, on retrouve un déchaînage des principaux indicateurs, associant ici baisse de la population et augmentation de l’emploi (Giennois), forte augmentation de la population et faible croissance de l’emploi total et salarié privé (Beauce-Gâtinais), faible croissance de la population active et forte augmentation du nombre d’emplois salariés privés, un recul de l’emploi total et une progression parfois forte des emplois salariés privés (LoirNature, Perche, Touraine-Sud)... etc. Là encore une partie de ces paradoxes peut être immédiatement levé (tableau 3) , vu l’apport important en revenu (et effets multiplicateurs d’emploi et de revenus) des retraités venus de l’extérieur et qui constituent le plus gros du solde migratoire de pays comme Chinonais (109% du solde), Touraine Sud (75%), Perche (72%) et Montargis (56%). Tableau 3 : La contribution des migrations de retraités aux soldes migratoires des pays. (i)

Beauce-Gatinais Chinonais Giennois LoirNature Montargis Orléans Pays ABC Pays Agglo Perche Touraine Sud

solde migratoire 1990-99 2 793 831 -511 2 043 1 806 6 540 2 359 5 346 946 1 235

(ii) Solde Entrants sortants des retraités. 1990-1999 (ii) / (i) 823 29% 906 109% 417 123 6% 1 010 56% 147 2% 747 32% -14 685 72% 924 75%

Source : d’après Insee

De façon générale, l’emploi salarié privé a augmenté dans tous les pays, et pour 7 d’entre eux à un rythme supérieur à celui de la Province entre 1993 et 2004. LoirNature est , après Orléans, le deuxième pour la croissance de ce type d’emploi (23%), alors que ce pays enregistre un recul de son emploi total entre 1990 et 1999 (-2,5%). Ces données suggèrent une forte mutation d’une économie productive de petits professionnels (agriculture, artisanat, manufactures ouvrières) se modernisant et se « résidentialisant » : on le verra plus bas, ce pays est celui dans lequel les salaires d’actifs résidants importés d’autres lieux d’emploi est le plus important, ce qui permet de compenser les pertes d’emplois par exemple dans le secteur de la chaudronnerie, et celles encore plus importantes dans l’agriculture. Tableau 4 : l’évolution 1993 – 2004 de l’emploi salarié privé. En indice (100= nombre 1993) Beauce-Gatinais Chinonais Giennois LoirNature Montargis Orléans Pays ABC Pays Agglo Perche Touraine Sud Province Ile de France France

1993 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100

1996 106 107 104 104 104 106 104 102 109 100 104 100 103

Source : d’après Unedic

76

2000 114 117 109 116 123 122 123 113 120 108 117 111 116

2004 111 119 117 123 123 125 121 117 111 116 116 111 115


Le tableau 5 présente la structure des bases économiques des pays, en indice rapporté au poids moyen des différentes composantes dans les bases économiques des aires urbaines françaises. A cette aune, seules quatre des dix pays apparaissent comme dépendant fortement de leurs bases productives : Beauce-Gâtinais, Perche, Orléans et Giennois. Parmi elles, ils faut distinguer le cas d’Orléans, productivo-public, qui se spécialise encore plus dans les bases publiques que dans les bases productives et dont les bases résidentielles sont faible, du fait de son statut de chef-lieu de département et de région. Les trois autres pays ont un indice élevé de base productive lié à l’importance des bénéfices agricoles, complété de bases résidentielles fortes. Beauce-Gâtinais, Perche et Giennois sont des économies productivo-résidentielles. Les six autres pays, moins tournés vers la production basique, se décomposent en un pays dont la principale spécialisation est le secteur public, PaysAgglo, du fait du statut de chef-lieu de Tours, et qui ne dispose pas de ressources particulièrement élevées dans le domaine résidentiel et , d’autre part, cinq pays dont l’économie est d’abord résidentielle : Pays ABC, Montargis, Chinonais, Touraine Sud et LoirNature. Dans la plupart des pays dotés de fortes ressources résidentielles, c’est d’abord la présence d’actifs travaillant ailleurs qui est caractéristique, secondairement l’accueil de retraités et enfin les dépenses touristiques. Le pays dans lequel les apports touristiques sont les plus importants, relativement à l’économie locale, est non pas le pays ABC, très spécialisé dans le tourisme marchand, mais le Perche du fait du tourisme non marchand (c’est le pays dans lequel la part des résidences secondaires dans les logements est la plus importante : 17%) Tableau 5 : Les moteurs du développement des pays. Décomposition de leurs bases économiques. En indice (100 = poids de la base considérée dans la moyenne des aires urbaines françaises) Total basique productif privé

BeauceGatinais Perche Orléans Giennois paysABC Montargis paysAgglo Chinonais TouraineSud LoirNature

109 102 101 100 94 93 89 84 83 67

Salaires basiques publics 46 41 118 61 52 61 110 62 47 44

Total base résidentielle 126 134 90 121 130 124 99 129 137 146

dont, salaires dont, résidentiels dont, dépenses Total base Base sociale Totale importés touristes retraites 191 111 104 87 100 185 115 140 80 100 85 92 89 101 100 137 118 117 93 100 217 109 106 90 100 161 118 103 97 100 98 101 98 107 100 154 125 115 97 100 150 140 117 94 100 275 117 100 102 100

Les activités productives On l’a dit plus haut, plusieurs des pays étudiés ont une économie relativement dépendante de l’agriculture. On voit dans le tableau 6 que dans cinq d’entre eux, les bénéfices agricoles représentent plus de 3% de leur base économique : Perche, Touraine-Sud, Beauce-Gâtinais, Chinonais, LoirNature. Dans trois d’entre eux, l’emploi agricole (exploitants et salariés) représente plus de 12% de l’emploi total du pays.

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De façon générale, tous ces pays ont perdu un nombre très important d’emplois agricoles. Quand en moyenne, en Province, le nombre d’exploitants s’est réduit entre 1990 et 1999 de 38%, cela a été encore plus rapide dans trois de ces pays agricoles : Perche (-40%), BeauceGâtinais (-45%), LoirNature (-48%). Seuls les pays de Touraine-Sud et du Chinonais sont en gros dans la moyenne de Province (ce qui n’est pas en soi une bonne nouvelle !). Au total, dans les dix pays, ce sont plus de 7 000 emplois d’exploitants et 600 d’ouvriers agricoles qui disparaissent. On notera que ce déclin structurel de l’agriculture n’empêche pas, comme l’a montré le tableau 2, des pays comme LoirNature ou Beauce-Gâtinais de présenter des indicateurs de développement plutôt flatteurs. Ce n’est pas le cas pour le Perche et TouraineSud, dont la reconversion économique est beaucoup moins bien réussie. Tableau 6 : l’activité agricole dans les pays . Principaux indicateurs

Beauce-Gatinais Chinonais Giennois LoirNature Montargis Orléans Pays ABC Pays Agglo Perche Touraine Sud

Emplois Emplois agriculteurs agriculteurs exploitants exploitants 1990-99 RP99 1 356 -1 116 1 935 -1 009 549 -215 812 -752 585 -275 1 693 -879 840 -560 893 -635 1 230 -826 1 751 -817

Emplois Emplois Emplois agricoles en Emplois Bénef. ouvriers ouvriers Agricole en agricoles en % titulaires agricoles % emplois de revenus agricoles % base RP99 1999 1999 1990-99 économique 359 19 3,4% 7,4% 4,1% 1 027 243 3,3% 12,6% 6,2% 168 -64 1,9% 4,4% 2,4% 462 -146 3,0% 12,8% 5,4% 190 -22 1,2% 2,8% 1,5% 1 139 -341 0,9% 1,7% 1,2% 368 0 1,7% 6,0% 3,2% 736 -72 0,4% 1,1% 0,8% 319 -17 4,3% 8,0% 4,2% 364 -184 4,2% 13,6% 6,1%

Source : d’après Insee et DGI

Les tableaux 7 et 8 rendent compte de l’évolution de l’emploi salarié privé dans les différents secteurs. Il s’agit, là encore du traitement des secteurs qui sont dans les 25 plus gros créateurs et destructeurs d’emploi dans les pays. Les principales pertes, entre 1993 et 2003, sont le fait des industries : textiles (-1 700), travail des métaux (-1 000), caoutchouc (-700), mécanique, fabrication de meubles, chaudronnerie,... Les pays qui ont le plus souffert de ces destructions, relativement à leur poids dans l’ensemble des 10 pays (tableau 9) sont les huit pays plus ruraux et beaucoup moins Tours et Orléans, dont la contribution aux pertes a été beaucoup moins importante que ce que pèse leur emploi dans l’ensemble des 10 pays. Deux pays occupent une place dans ces pertes entre 1993 et 2003 deux fois plus importante que leur poids dans l’emploi 1993 : Touraine-Sud et Chinonais. Le pays Giennois, BeauceGâtinais et ABC ont des pertes 1,5 fois plus importante. Montargis, LoirNature et Perche s’en sortent un petit peu moins mal (graphe 10). Les principaux gains nets d’emplois salariés privés sont le fait de secteurs, pour l’essentiel, de services professionnels et secondairement à la personne (tableau 8). Dans l’industrie, ne se développe significativement (+ 1 700 emplois) que la pharmacie, dans 5 des pays, la mécanique générale (+955 emplois), dans 7 des pays, les matières plastiques (+830 emplois) dans quatre pays , l’imprimerie, les équipement automobiles et la forge avec des gains entre 650 et 700 emplois.

78


Les principaux services professionnels17, dans le mĂŞme temps engrangent, 15 500 crĂŠations nettes, compte non tenu du travail temporaire.

17

il s’agit des secteurs qui ont une croissance nette de plus de 500 emplois sur le total des 10 pays. 79


Tableau 7 : Evolution des secteurs d’emploi salarié privé. Les secteurs qui ont perdu le plus d’emploi dans les pays (et plus de 200 sur la période 1993-2003 pour le total des pays). BeauceGatinais

Chinon Giennoi LoirNat Montar Pays Pays Tourain ais s ure gis Orléans ABC Agglo Perche e Sud Total Fabrication de vêtements en textile -246 -20 -156 -492 -63 -498 -149 -62 -1 686 Fabrication d'éléments en métal pour la c -32 -41 -32 -460 -55 -345 -43 -1 008 Sécurité sociale obligatoire -718 -718 Industrie du caoutchouc -19 -77 -35 -547 -13 -691 Fabrication d'équipements mécaniques -248 -344 -36 -628 Construction d'ouvrages de bâtiment ou -88 -63 -61 -368 -11 -591 Fabrication de machines d'usage général -144 -161 -206 -24 -535 Fabrication de produits minéraux divers -96 -71 -311 -478 Fabrication de meubles -109 -166 -195 -470 Chaudronnerie -277 -159 -436 Fabrication de composants électroniques -28 -32 -348 -408 Fabrication de matériel de distribution et -36 -88 -104 -147 -375 Fabrication d'articles en papier ou en car -176 -61 -94 -16 -24 -371 -18 -20 -244 -87 -369 Fabrication d'autres ouvrages en métaux Fabrication d'accumulateurs et de piles é -366 -366 -75 -177 -3 -88 -17 -360 Commerce de gros de produits alimentai Recherche-développement en sciences physiques et naturelles -18 -296 -314 Industrie des viandes -61 -31 -8 -80 -99 -13 -292 Fabrication d'instruments de mesure et de contrôle -5 -13 -9 -87 -127 -13 -16 -270 Autres activités rattachées à l'informatique -261 -261 Intermédiation monétaire -33 -228 -261 Autres industries textiles -24 -12 -224 -260 Forge, emboutissage, estampage ; métallurgie des poudres -254 -254 Autres industries diverses -24 -3 -188 -38 -253 Services domestiques -228 -228 Travaux d'installation -66 -126 -35 -227 Transformation des matières plastiques -220 -220 Enseignement secondaire -19 -14 -12 -25 -147 -217 Commerce de gros de produits intermédiaires non agricoles -68 -139 -9 -216 Location d'autres matériels de transport -215 -215 Industrie pharmaceutique -185 -25 -210

Industrie Services professionnels

Tableau 8 : Evolution des secteurs d’emploi salarié privé. Les secteurs qui ont gagné le plus d’emploi dans les pays. (et plus de 500 sur la période 1993-2003 pour le total des pays). Touraine Beauce- Chinon Gienn LoirNat Montar Pays Pays Perche Sud Total Gatinais ais ois ure gis Orléans ABC Agglo Sélection et fourniture de personnel 428 381 601 131 954 5 782 487 3 810 892 202 13 668 Action sociale 83 184 37 52 246 1 882 297 2 180 215 5 176 Activités juridiques, comptables et de conseil de gestion 119 31 353 1 722 69 328 26 63 2 711 Commerce de détail en magasin non spécialisé 50 156 40 86 764 164 622 107 145 2 134 Autres commerces de détail en magasin spécialisé 36 17 432 604 36 518 48 1 691 Restaurants 35 47 22 104 554 79 713 83 1 637 Industrie pharmaceutique 248 172 545 331 332 1 628 Activités de nettoyage 132 14 1 003 455 1 604 Commerce de gros d'équipements industriels 103 61 893 53 253 40 107 1 510 Organisation du transport de fret 58 917 448 1 423 Manutention et entreposage 146 194 100 945 1 385 Conseil en systèmes informatiques 29 802 357 188 1 376 Services divers fournis principalement aux entreprises 32 324 178 739 95 1 368 Transports urbains et routiers 49 162 91 239 66 395 93 125 1 220 Assainissement, voirie et gestion des déchets 55 265 110 47 411 55 182 63 1 188 Publicité 58 533 376 967 Traitement des métaux ; mécanique générale 71 244 38 64 440 64 34 955 Activités d'architecture et d'ingénierie 629 267 52 948 Autres organisations associatives 83 637 48 85 853 Transformation des matières plastiques 40 112 601 75 828 Commerce de gros de produits intermédiaires non agricoles 40 101 627 51 819 Enquêtes et sécurité 78 130 512 720 Télécommunications 405 299 704 Imprimerie 576 34 47 41 698 Fabrication d'équipements automobiles 185 20 359 111 675 Forge, emboutissage, estampage ; métallurgie des poudres 112 505 25 24 666 Activités pour la santé humaine 37 55 94 14 108 345 653 Travaux d'installation 62 62 420 104 648 Réalisation de logiciels 359 279 638 Activités liées au sport 48 304 248 600 Intermédiation monétaire 596 596 Commerce de gros de biens de consommation non alimentaire 257 32 188 85 562

Source : d’après Unedic

80


De façon générale, les secteurs ayant les meilleures performances de création nette d’emplois salariés privés sont le fait d’activités plutôt urbaines et bénéficient plutôt aux grandes villes de la région, par une sorte d’effet métropolitain. Le graphe 9 montre que les pays qui ont le plus subi les pertes d’emploi ne sont pas ceux qui ont bénéficié des principales création. Les perdants, en termes relatif18, sont ceux indiqués dans le bas de la colonne « Ratio Gains / Pertes » du tableau 9 : Touraine Sud, Giennois, Beauce-Gâtinais, LoirNature, ... Tableau 9 : Les pertes et les gains d’emplois salariés privés des plus gros créateurs (>500) et destructeurs (>200) d’emploi dans le total des pays. 1993-2003

Orléans Pays Agglo Montargis Beauce-Gatinais Pays ABC Perche Giennois Chinonais Touraine Sud LoirNature Total

Pertes Gains Ratio Unedic 199319931993 en Gains en Pertes en Gains/per Unedic 2003 2003 tes % total 1993 % total % total 97 377 48 465 -4 917 36% 44% 26% 170 85 935 26 554 -4 474 32% 24% 23% 102 17 048 8 332 -1 693 6% 8% 9% 85 14 094 4 875 -1 623 5% 4% 9% 52 10 949 5 212 -1 168 4% 5% 6% 77 10 719 4 366 -841 4% 4% 4% 90 9 738 3 656 -1 243 4% 3% 7% 51 9 550 4 589 -1 493 4% 4% 8% 53 7 222 2 582 -1 177 3% 2% 6% 38 4 589 1 848 -446 2% 2% 2% 72 267 221 110 479 -19 075 100% 100% 100% 100

Source : d’après Unedic

Graphe 10 : Les 25 secteurs ayant perdu et gagné le plus d’emplois salariés privés dans les pays. 1993-2003 . En indice (100= poids du gain ou de la perte dans le total sur poids de l’emploi dans le total)

Source : d’après Unedic 18

Il s’agit là d’une analyse comparée des parts de pertes et de gains de chaque pays, faisant apparaître des perdants et des gagnant relatifs. En valeur absolue, dans la mesure où les créations ont été plus nombreuses que les destructions, tous les pays ont vu progresser leur emploi salarié privé. 81


Au final, le seul grand gagnant est le pays d’Orléans : avec 26% des pertes de l’ensemble et 44% des créations (alors que le pays pèse 36% du total des 10 pays). Si effet métropolitain il y a dans la région Centre, c’est à Orléans et pas à Tours d’une taille pourtant similaire. Le Pays Agglo sauve tout juste les meubles, avec 23% des pertes et 24% des gains (alors que son emploi salarié privé pèse 32% du total !). Tableau 11 : Les services techniques supérieurs aux entreprises. Présence et évolution 1993 - 2002 Beauce-Gatinais Chinonais Giennois LoirNature Montargis Orléans Pays ABC Pays Agglo Perche Touraine Sud Province Ile de France France

1993 en % salariés privés 1,2% 2,0% 1,7% 1,3% 3,0% 3,2% 1,7% 2,7% 1,6% 1,3% 2,7% 6,6% 3,8%

2002 en % points 93salariés 02 privés 1,3% 0,1% 2,8% 0,8% 1,7% -0,1% 1,1% -0,2% 4,4% 1,4% 4,4% 1,2% 1,9% 0,2% 3,0% 0,3% 1,6% -0,1% 2,0% 0,7% 3,1% 0,4% 7,8% 1,3% 4,3% 0,5%

1993-02 nombre de salariés 38 120 23 0 411 2 255 68 704 23 66 97 872 78 411 176 283

1993-02 nombre de salariés 22% 63% 14% 0% 81% 72% 37% 30% 13% 68% 36,4% 33,6% 35,1%

Source : d’après Unedic

L’analyse des services techniques supérieurs (tableau 11) rend compte que leur présence n’est supérieure à celle de la Province que dans les pays d’Orléans et de Montargis. Le Pays Agglo est loin derrière, avec un taux inférieur à la Province. En revanche la variation de ce type d’emploi rend compte d’un ajustement positif en cours dans la moitié des pays, avec des progressions supérieures à la Province... mais pas dans le Pays Agglo ! Le tableau 12 confirme cette évolution, avec un rééquilibrage des qualifications. Seuls deux des dix pays ont un coefficient de présence des cadres d’entreprises supérieur à 100 (Pays Agglo et surtout Orléans)... en revanche ils sont sept à enregistrer une croissance de ce type d’emploi, entre 1990 et 1999, plus rapide qu’en Province (sauf, là encore pays Agglo !). Idem pour les techniciens : cinq pays en sont relativement mieux dotés que la Province et leur nombre progresse plus rapidement dans huit d’entre eux. A l’inverse, sur les qualifications ouvrières, leur forte présence dans la plupart des pays est accompagnée d’une forte réduction de leur nombre , surtout pour les ouvriers non qualifiés, dans la plupart des pays. On assiste donc à une forte restructuration des activités productives dans les pays de la région, avec une élévation du niveau des qualifications bénéficiant certes d’abord à Orléans mais aussi, secondairement, à la plupart des pays étudiés. Globalement, cependant, on constate que c’est le Pays Agglo qui enregistre les résultats les moins satisfaisants à cet égard.

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Tableau 12 : Les qualifications de l’emploi des secteurs productifs Présence et évolution – 1990 – 1999

Beauce-Gatinais Chinonais Giennois LoirNature Montargis Orléans Pays ABC Pays Agglo Perche Touraine Sud Province Ile de France France

Beauce-Gatinais Chinonais Giennois LoirNature Montargis Orléans Pays ABC Pays Agglo Perche Touraine Sud Province Ile de France France

Emplois contremaîtres Emplois Emplois Emplois , agents de ouvriers non cadres Emplois ouvriers maîtrise d'entreprise techniciens qualifiés agricoles Indice spec Indice spec Indice spec Indice spec Indice spec 1999 (% 1999 (% 1999 (% 1999 (% 1999 (% Province) Province) Province) Province) Province) 91 103 126 163 116 64 67 186 104 324 71 108 118 138 78 47 57 80 127 354 86 99 135 131 51 149 132 104 86 52 83 113 92 137 136 118 113 102 82 38 71 86 104 164 124 50 54 82 126 176 100 100 100 100 100 314 119 88 55 10 147 104 97 90 80 Emplois Emplois contremaîtres cadres Emplois , agents de d'entreprise techniciens maîtrise 1990-99 1990-99 1990-99 16,9% 99,3% 11,9% 22,2% 1,0% 17,7% 13,9% 51,7% 7,7% 40,7% 36,5% -19,0% 4,0% 45,8% 16,1% 13,4% 32,9% 6,6% 53,4% 45,5% 24,7% 10,0% 27,0% 5,3% 35,0% 47,5% 11,2% 6,8% 38,2% -15,0% 12,5% 27,7% 0,7% 8,4% 4,2% -7,8% 10,6% 20,8% -1,1%

Emplois Emplois ouvriers ouvriers non qualifiés qualifiés 1990-99 1990-99 13,9% -11,4% -2,9% -19,5% 0,8% -16,0% 17,7% -22,5% -11,0% -8,0% -3,2% -9,9% 9,2% -18,0% -7,1% -20,7% -0,9% -21,1% -18,7% -21,4% -3,0% -15,1% -21,9% -23,0% -6,6% -16,3%

Source : d’après Insee

Les revenus publics On l’a vu dans le tableau des bases, sur les dix pays, seuls deux, Orléans et PaysAgglo, présentent une forte dépendance aux revenus des agents publics. Comme le montre le tableau 13, qui reprend les données du recensement de l’Insee (avec les doutes déjà exprimés sur le sens à donner à ces chiffres), le pays du Chinonais apparaît aussi comme ayant une part de ses salariés publics plus importante que la moyenne de Province (alors les salaires publics occupent une faible part dans sa base économique). Cela tient au fait que dans ce pays les emplois salariés occupent une place moins importante dans l’emploi (81% seulement des emplois y sont salariés contre 87% en moyenne en Province). En termes d’évolution du nombre de salariés publics , plusieurs pays ont de meilleures performances que la Province. Beauce-Gâtinais, Pays ABC et Perche ont un taux de variation de ces emplois supérieur à 10%. Ce sont aussi, comme le montre le tableau 15, pour deux d’entre eux des pays dans lesquels il y a un poids élevé et des moins de 20 ans et des plus de 60 (Beauce-Gâtinais et Pays ABC). Pour autant, LoirNature qui a des caractéristiques démographiques proches enregistrerait un recul de ses salariés publics. On retrouve ici la difficulté déjà évoquée à analyser les mécanismes de l’emploi public avec les données disponibles....

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Tableau 13 : L’emploi public selon le RGP de l’Insee. 1990-1999

Total emplois salariés du public RP90 3 276 6 504 3 732 2 012 6 636 49 984 3 796 45 568 3 276 3 516 4 878 841 1 553 714 6 432 555

Beauce-Gatinais Chinonais Giennois LoirNature Montargis Orléans Pays ABC Pays Agglo Perche Touraine Sud Province Ile de France France

Total emplois 1990-99 détenus par emplois des salariés salariés du du public secteur RP99 public 3 650 374 6 549 45 3 436 -296 1 901 -111 6 693 57 49 468 -516 4 468 672 45 350 -218 3 675 399 3 201 -315 4 739 065 -139 776 1 385 748 -167 966 6 124 813 -307 742

1990-99 emplois Part du salariés du secteur secteur public dans public salariés 1999 11,4% 18,6% 0,7% 34,5% -7,9% 24,1% -5,5% 23,7% 0,9% 26,7% -1,0% 32,9% 17,7% 25,7% -0,5% 34,6% 12,2% 22,8% -9,0% 26,9% -2,9% 30,9% -10,8% 30,2% -4,8% 30,7%

Source : d’après Insee

Tableau 14 : Les secteurs d’emploi de service public. Administration publique

18 - Cher 28 - Eure-et-Loir 36 - Indre 37 - Indre-et-Loire 41 - Loir-et-Cher 45 - Loiret Total France métropolitaine

Santé, action sociale

Education

TOTAL 3 secteurs

pop. 31-12-2002 31-12-2002 90-02 31-12-2002 90-02 31-12-2002 90-02 1990-99 90-02 13 673 11 410 7 542 19% 29% 6% 32 625 19% -2% 13 705 14 043 10 607 13% 31% 20% 38 355 21% 3% 10 173 8 612 5 833 12% 35% 6% 24 618 18% -3% 21 243 23 663 16 927 17% 15% 13% 61 833 15% 5% 11 315 12 075 7 578 27% 40% 11% 30 968 27% 3% 27 538 20 226 17 762 18% 25% 22% 65 526 21% 6% 2 438 888 2 251 097 1 706 136 22% 23% 11% 6 396 121 19% 3%

Source : d’après Insee

Tableau 15 : les populations jeunes et âgées dans les pays. 1999, en % de la population

Beauce-Gatinais Chinonais Giennois LoirNature Montargis Orléans Pays ABC Pays Agglo Perche Touraine Sud Province Ile de France France

part de la pop part de la pop de moins de plus de 60 19 ans 1999 ans 1999 25,4% 24,0% 24,0% 26,3% 24,0% 26,3% 25,6% 23,1% 24,4% 25,0% 25,9% 17,9% 24,5% 24,3% 23,6% 20,0% 23,0% 28,4% 22,2% 29,8% 24,4% 22,4% 25,2% 16,6% 24,6% 21,3%

Source : d’après Insee

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Les revenus résidentiels : les actifs travaillant dans une autre zone On l’a déjà évoqué, ce qui caractérise la principale spécialisation basique de huit des dix pays est leur dépendance aux revenus d’actifs navetteurs qui vivent dans ces pays sans y travailler. Orléans et Pays Agglo se trouvant dans la situation inverse, en position de fournir de l’emploi aux actifs des zones qui les entourent. Loir Nature (indice 275) le pays ABC (217) sont les champions des revenus résidentiels d’actifs, alors que des pays comme le Chinonais et le Giennois sont les moins dépendants, avec quand même des indices, respectivement, de 154 et 137. Cela signifie que dans la plupart des pays une part importante des actifs n’y sont pas employés : les « sortants » représentent jusqu’à 51% des actifs occupés du pays LoirNature, qui apparaît ainsi comme une économie résidentielle sous perfusion ne contrôlant pas la moitié des emplois de sa population ! dans les autres pays, hors Pays et Agglo, on est entre 25% et 30% des actifs occupés qui sortent travailler à l’extérieur et rapportent leur revenu dans le pays de résidence. Cette dépendance des pays aux emplois extérieurs s’est fortement accrue dans les années passées. Le tableau 16 rend compte du fait que l’augmentation des « sortants » a été très forte partout et plus encore dans les pays les plus dépendants : dans le Pays ABC, avec + 50%, LoirNature avec +47%. A l’inverse, le Chinonais et le Giennois, moins dépendants ont une augmentation des « sortants » dans les plus faibles (28% et 19%). De façon générale, encore, le nombre de nouveaux sortants a été plus importants que le nombre de nouveaux actifs occupés vivant dans les pays : dans le Pays ABC, par exemple, pour 1 650 nouveaux actifs occupés entre 1990 et 1999, on compte une augmentation de 2 500 sortants ! C’est le cas partout, sauf à Orléans et dans le Pays Agglo. Il convient de remarquer quand même une forte différence entre ces deux pays urbains : à Orléans, pour une augmentation de 12 000 actifs occupés, il n’y a que 3 700 nouveaux sortants. A Tours, où la population active occupée augmente beaucoup plus lentement (+ 4 300), on a une croissance presque équivalente du nombre de sortants (+ 4 200).

Tableau 16 : Les navettes domicile-travail dans les pays. 1990 et 1999

Beauce-Gatinais Chinonais Giennois LoirNature Montargis Orléans Pays ABC Pays Agglo Perche Touraine Sud

Sortent travailler 1990 5 307 5 993 2 902 4 988 5 104 10 038 5 044 9 804 4 638 4 198

Sortent en % actifs occupés 1990 22% 23% 17% 38% 17% 7% 24% 7% 23% 22%

Sortent travailler 1999 7 591 7 666 3 444 7 324 6 752 13 773 7 548 13 960 5 806 5 925

Sortent en % actifs occupés 1999 29% 29% 21% 51% 23% 9% 33% 10% 29% 32%

sortants 1990-99 43% 28% 19% 47% 32% 37% 50% 42% 25% 41%

sortants 1990-99 2 284 1 673 542 2 336 1 648 3 735 2 504 4 156 1 168 1 727

pop. Active occ. 19901999 1 459 431 -78 1 412 130 12 235 1 653 4 290 -803 167

Source : d’après Insee

On assiste donc à une forte intégration des marchés de l’emploi des différents pays. Cette intégration se joue sur le mode de la proximité géographique (cartes 17) et se traduit par le fait

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que certains pays jouent un rôle croissant de fournisseur d’emplois pour les autres qui, de leur côté voient leur dépendance économique à leurs voisins s’accroître. Cartes 17 : Où vont travailler, ailleurs dans la région Centre, les actifs des pays (1999)

Touraine Sud

Orléans

Perche

Montargis

Pays Agglo

Pays ABC

Beauce-Gâtinais

Chinonais

LoirNature

Giennois

Source : d’après Insee

Cette dissociation en deux groupes de pays , « fournisseurs d’emplois » et « logeurs d’actifs » est illustrée par le tableau 18 : cinq pays voient leur nombre d’actifs occupés augmenter plus rapidement que leurs emplois : Beauc-Gâtinais, Chinonais, LoirNature, pays ABC et Touraine Sud. Le Perche est dans une situation singulière et voit ses emplois diminuer moins vite que ses actifs occupés (ce qui le met en position relative de « fournisseur », avec un taux d’emploi augmentant). Le Giennois est dans le même type de situation, avec une augmentation de ses emplois et une réduction de ses actifs employés (dit autrement, les emplois qu’il développe profitent à d’autres pays plus attractifs pour les résidences d’actifs). Montargis crée près de cinq fois plus d’emplois que sa croissance du nombre d’actifs occupés. Pays Agglo et Orléans renforcent leur position de pôles fournisseurs d’emplois. Tableau 18 : Taux d’emploi dans les pays. 1999 – 1999 Taux d'emploi 1990 Beauce-Gatinais Chinonais Giennois LoirNature Montargis Orléans Pays ABC Pays Agglo Perche Touraine Sud

Taux d'emploi 1999

91% 88% 95% 79% 94% 100% 92% 105% 94% 89%

89% 88% 98% 70% 95% 101% 89% 107% 96% 83%

Source : d’après Insee

86

emplois 1990-1999 847 332 772 -257 627 13 570 766 6 349 -374 -965

pop. Active occ. 19901999 1 459 431 -78 1 412 130 12 235 1 653 4 290 -803 167


Les revenus résidentiels : les retraités Même si les retraites occupent une place majeure et croissante des bases économiques des territoires, en termes relatifs de spécialisation, elles occupent une place secondaire par rapport aux flux de revenus des actifs navetteurs. Les pensions de retraites pèsent moins lourd dans la base économique d’Orléans que dans la moyenne des aires urbaines françaises, à peine un peu plus dans Pays Agglo. Dans les autres pays, les indices de spécialisation oscillent entre 110 et 120. Seule la Touraine Sud apparaît significativement dépendante de ses retraités avec un indice de 140. Comme le montre le tableau 19, à part à Orléans et dans le Pays Agglo, le nombre de retraités en pourcentage du nombre d’actif occupé est partout supérieur (LoirNature, Pays ABC) ou très supérieur à ce que l’on observe en moyenne en province. Ce pourcentage atteint 71% dans la Touraine-Sud (d’où le poids des retraites dans ses bases économiques). Pour autant, l’augmentation du nombre de retraités, pour six des pays, n’a pas été plus rapide que ce que l’on observe sur la Province. Paradoxalement, les retraités ont augmenté plus rapidement dans les deux grandes villes de Pays Agglo et Orléans. Ce paradoxe est du reste général en France : les retraités ont augmenté plus rapidement, entre 1990 et 1999, là où il y en avait le moins, produisant une sorte d’étalement de leur présence sur les territoires. Cet apport de revenu est significatif pour les territoires français en général : entre 1990 et 1999, pour 800 000 nouveaux actifs occupés on compte 1,4 million de retraités supplémentaires. On retrouve également dans les pays étudiés un nombre beaucoup plus important de nouveaux retraités que de nouveaux actifs occupés, à l’exception notable de LoirNature, qui semble renforcer sa position d’économie résidentielle d’actifs employés ailleurs que de lieu de résidence des retraités. Globalement, pour les dix pays, pour 21 000 nouveaux actifs occupés on compte 36 000 nouveaux retraités. Ces chiffres deviennent respectivement 4 400 et 12 000 si l’on retranche les deux pays d’Orléans et de PaysAgglo. Dit autrement donc, la croissance du nombre de titulaires de revenu dans les huit pays a été pour les trois quarts le fait des retraités. Dans le Perche, la croissance de leur nombre (2 000) a beaucoup plus que compensé la perte d’actifs occupés (-800), idem dans le Gennois (+ 700 contre –80). On assiste donc là comme ailleurs, et plus encore dans certains des pays étudiés, à une déconnexion croissante entre la formation du revenu local et l’activité des habitants. Tableau 19 : Les retraités dans les pays. 1990 - 1999

Beauce-Gatinais Chinonais Giennois LoirNature Montargis Orléans Pays ABC Pays Agglo Perche Touraine Sud Province Ile de France France

90-99 retraités 1 429 2 092 701 644 2 768 11 493 1 241 12 443 2 070 1 144 1 221 578 191 733 1 413 311

90-99 pop Retraités en % Retraités en % active pop. Active occ. pop. Active occ. 1990-1999 nbre occupée 1990 1999 de retraités 1 459 50% 52% 12% 431 56% 62% 14% -78 57% 61% 7% 1 412 52% 51% 10% 130 51% 61% 18% 12 235 33% 37% 24% 1 653 53% 54% 11% 4 290 36% 44% 26% -803 55% 68% 18% 167 66% 71% 9% 804 566 45% 50% 16% -24 218 28% 32% 14% 780 348 41% 46% 15%

Source : d’après Insee

87


Une part importante des retraités présents dans les pays sont nouveaux arrivants. S’ils n’étaient pas venus, c’aurait été autant de revenu en moins pour ces territoires, sachant qu’un nombre significatif de retraités quittent ces pays pour se porter vers d’autres régions françaises, et cela parmi les plus solvables d’entre eux. Comme le montre le tableau 22, dans les huit pays concernés, les arrivants constituent une part significative de l’augmentation des retraités : de 20% (LoirNature) à 81% (Touraine-Sud). Dans sept des pays, les retraités nouveaux arrivants sont à eux seuls en nombre plus élevés que les nouveaux actifs occupés ! Globalement, sur les 36 000 nouveaux retraités des dix pays, 24 000 sont des nouveaux arrivants ! On assiste donc moins à un phénomène de vieillissement sur place de populations qu’à une orientation de l’offre territoriale de ces territoires vis-à-vis des retraités du reste de la France.

Tableau 22: Les entrées-sorties de retraités entre 1990 et 1999 dans les pays.

Beauce-Gatinais Chinonais Giennois LoirNature Montargis Orléans Pays ABC Pays Agglo Perche Touraine Sud

retraités retraités 90-99 pop entrants en Retraités en Solde Retraités entrants 1990- part des active % retraités sortants 1990- retraités 19901999 1999 1999 occupée entrants 1990 1 924 12% 1 101 823 1 459 16% 2 028 13% 1 122 906 431 14% 1 240 14% 823 417 -78 13% 888 8% 765 123 1 412 13% 2 451 14% 1 441 1 010 130 16% 4 851 7% 4 704 147 12 235 10% 1 765 12% 1 018 747 1 653 16% 4 807 6% 4 821 -14 4 290 10% 1 915 15% 1 230 685 -803 16% 1 816 17% 892 924 167 15%

retraités 1990-1999 1 429 2 092 701 644 2 768 11 493 1 241 12 443 2 070 1 144

Contribution du solde des retraités à la variation de leur nbre 1990-99 58% 43% 59% 19% 36% 1% 60% 0% 33% 81%

Source : d’après Insee

Les cartes 23 montrent l’origine départementale des retraités entrés dans les dix pays entre 1990 et 1999. Il est frappant de constater une géographie assez typée des zones de captation des pays, tous très dépendant des arrivées de retraités franciliens mais aussi des axes cardinaux, autour de Paris, dans lesquels ils se situent : LoirNature, à l’ouest de Paris, « recrute » sur l’axe Paris-Bretagne, le Giennois, au sud de Paris, sur un axe Nord-Sud...

88


Carte 23 : origine des retraités qui sont venus s’installer dans les pays du Centre entre 1990 et 1999.

Beauce-Gâtinais

LoirNature

Pays ABC

Chinonais

Giennois

Montargis

Orléans

pays Agglo

Perche

Touraine-Sud Source : d’après Insee

89


Les revenus résidentiels : les dépenses de tourisme On l’a déjà dit pour les retraites, la spécialisation résidentielle première de 8 des 10 pays est plutôt dans l’accueil d’actifs travaillant à l’extérieur de leur pays de résidence. Le tourisme, marchand et non marchand, ne constitue pas, à l’exception déjà signalée du Perche, une spécialisation forte des pays étudiés, mais plutôt un appoint de revenu, avec des indices de présence de base oscillant entre 100 (LoirNature) et 117 (Giennois et Touraine-Sud). Pays Agglo et Orléans étant très en dessous (indices respectivement de 98 et 85). Le tableau 24 rend compte que la plupart des pays étudiés ne sont pas particulièrement des lieux de résidences secondaires. Ils attirent les retraités franciliens mais peu les résidents secondaires. Beauce-Gâtinais et Touraine-Sud sont à peine au-dessus de la moyenne de Province pour la part des logements en résidences secondaires. Seul le Perche, avec 17% est nettement spécialisé dans ce type d’économie résidentielle. Partout le nombre de résidences secondaires décline, au total de 6 000 unités –alors qu’il augmente en Province de 126 000-, ce qui signe la transformation de ces résidences en résidences principales pour des actifs préférant la grande périurbanisation (d’où l’explosion des navettes domicile-travail évoquée plus haut, dans les 8 pays et plus fortement encore dans certains comme LoirNature) ou pour des retraités. Tableau 24 : les résidences secondaires dans les pays du Centre.

Beauce-Gatinais Chinonais Giennois LoirNature Montargis Orléans Pays ABC Pays Agglo Perche Touraine Sud Province Ile de France France

Rés. Second Rés. Second en % en % 1990-99 logements 1990-99 en résidences logements 1999 points 1990 secondaires 15,8% 12,9% -2,9% -611 11,8% 10,3% -1,5% -301 12,7% 10,6% -2,1% -383 10,8% 9,2% -1,6% -120 11,2% 8,6% -2,6% -681 4,5% 3,5% -1,1% -785 10,6% 7,8% -2,8% -512 4,3% 2,4% -1,8% -2 037 18,8% 16,7% -2,1% -409 13,9% 12,8% -1,1% -174 12,2% 11,6% -0,6% 126 602 4,2% 3,2% -1,0% -38 800 10,7% 10,1% -0,6% 87 802

Source : d’après Insee

Le tourisme marchand, on l’a déjà évoqué, n’est pas le fort de la région Centre, à l’exception de quelques rares territoires très attractifs. Du point de vue de l’offre, n’émerge nettement que le Pays ABC, avec une couverture (en indice de présence par habitant rapporté à la moyenne de Province) de 194 pour les chambres d’hôtels de trois étoiles ou plus et également le Pays Agglo avec un indice de 148. Pour le reste, les seuls pays ayant une offre significative de places de camping de trois étoiles ou plus sont le Chinonais et le Giennois. On retrouve là les éléments déjà évoqués d’un déficit (et même d’une inflexion, comme on l’a évoqué plus haut et comme le montrent les données de résidences secondaires) de demande touristique pour des territoires qui pensent trop souvent que l’image de « douce France » des bords de Loire suffit à attirer les touristes français et étrangers...

90


Tableau 25 : l’offre d’hébergement marchand dans les pays en nombre

nbre places camping 99 BeauceGatinai 825 Chinonais 1 637 Giennois 1 037 LoirNature 347 Montargis 573 Orléans 1 784 paysABC 1 458 paysAgglo 1 272 Perche 685 TouraineSud 798 Province 882 299

en indice nbre places Nbre de camping>3ét chambres oiles 99 hotel 99 478 150 913 624 460 353 184 181 228 435 180 3 383 482 777 877 4 290 230 149 126 242 454 108 450 138

Nbre chambres plus de 3 étoiles 99 0 163 49 64 47 728 307 1 393 42 37 132352

nbre places camping 99 70 123 128 52 39 26 138 20 70 86 100

Nbre nbre places Nbre de chambres camping>3ét chambres plus de 3 oiles 99 hotel 99 étoiles 99 79 25 0 134 92 82 110 85 40 53 53 64 30 59 22 5 96 70 89 144 194 27 134 148 46 30 29 26 51 26 100 100 100

Source : d’après Insee

L’économie présentielle : les emplois domestiques Sans surprise, et comme on l’a déjà vu plus haut, les effets d’entraînement des revenus basiques sur l’économie domestique ne se traduit que rarement –dans deux pays sur dix- par une augmentation significative des emplois tournés vers la demande locale. Tableau 26 : les emplois « domestiques purs » dans les zones d’étude du Cher

Beauce-Gatinais Chinonais Giennois LoirNature Montargis Orléans Pays ABC Pays Agglo Perche Touraine Sud Province Ile de France France

Pour 100 habitants 1993 2,7 2,7 4,1 1,7 4,3 5,2 2,9 5,7 3,6 3,4 4,2 5,2 4,4

Pour 100 habitants Variation 2002 1993-2002 3,0 16% 3,2 22% 4,9 19% 2,1 37% 4,9 18% 5,5 12% 3,3 17% 6,0 9% 4,0 13% 3,5 5% 5,0 20% 5,7 12% 5,1 18%

Source : d’après Unedic

Le tableau 26 rend compte d’une croissance forte des emplois « domestiques purs » dans le pays de LoirNature (dédié, on l’a vu, à l’accueil d’actifs travaillant ailleurs), avec +37% et d’une croissance significative dans le Chinonais. En revanche, dans tous les autres pays étudiés, on est en dessous du rythme de croissance de la moyenne de Province. Certes, le taux de couverture de la population par ces emplois est élevé à Orléans et plus encore dans le Pays Agglo (5,5 et 6 pour 100 habitant pour une moyenne de Province de 5), ce qui suggère qu’une bonne partie de la consommation des ménages des cinq autres pays se reporte vers ces deux pays urbains, mais au total, le compte n’y est pas , avec une augmentation globale de 12% seulement, sur les dix pays. Au total, la population des dix pays s’est accrue de 5,3% sur la période 1990-1999 (contre 3,5% pour le Province), sept d’entre eux ont vu leur revenu augmenter plus vite que le revenu/habitant moyen de Province... et la croissance de l’emploi domestique a été beaucoup plus lente qu’en Province. L’explication par le déficit de présence ne suffit pas : certes l’indice de présence du total des dix zones est de 99 (ce qui rend compte d’un déficit de consommation de l’ordre de 1%), certes les indices de présence des deux pays urbains, où se trouvent les plus gros consommateurs, sont nettement plus bas (98 pour Orléans 91


et 97 pour Pays Agglo), mais cela ne suffit pas à expliquer la « perte en ligne » que l’on peut observer. Tableau 27 : Les indices de présence dans les pays. indice de présence 102 102 102 101 100 98 101 97 105 103

BeauceGatinais chinonais Giennois LoirNature Montargis Orléans paysABC paysAgglo Perche TouraineSud

Source : d’après Insee

92


Volet 4 - L’axe ligérien : un territoire « métropolitain » en devenir ? Laurent Davezies Oeil – Université Paris XII Février 2007 Rapport à la DRE centre

L’Axe Ligérien, tel qu’il a été défini dans les termes de référence, est constitué de quatre zones d’emploi (selon la définition Insee de 1994) : ZE d’Orléans, de Blois, d’Amboise et de Tours. Au total, l’Axe Ligérien (AL) atteint le million d’habitant en 1999, ce qui le place, en tant que territoire, dans la catégorie de la « Métropole Nantes-St Nazaire », ou des aires urbaines de Toulouse, Nice ou Bordeaux. Le plus gros de la population (88%) de l’A.L. appartient à une de ses quatre aires urbaines ou à une commune « multipolarisée », les 120 000 autres habitant en milieu rural. Deux grandes aires urbaines de poids pratiquement égal dominent : Tours (20ème aire urbaine française avec 376 000 habitants) et Orléans (22ème avec 356 000 habitants). Les deux autres aires urbaines ont un poids largement inférieur, avec Blois (66ème avec 117 000 habitants) et surtout Amboise (249ème avec seulement 22 000 habitants). Dans l’ensemble, le territoire de l’A.L. a connu depuis 25 ans une forte progression démographique , avec globalement un taux de croissance deux fois plus rapide, pratiquement à chaque recensement depuis 1975, que la moyenne de Province. Cette performance tient à un solde naturel élevé, plus encore à Orléans qu’à Tours –les deux autres zones étant plutôt en dessous de la moyenne de Province- et à des soldes migratoires positifs (et élevé dans la ZE d’Amboise). Tableau 1 : Evolution de la population de l’Axe Ligérien. 1975-1999 solde solde solde solde naturel naturel migratoire migratoire population 1999 75-82 82-90 90-99 75-99 1982-90 1990-99 1982-90 1990-99 ZE Orléans 382 314 10,5% 10,1% 7,9% 31,3% 6,1% 5,8% 4,0% 2,1% ZE Blois 177 282 5,8% 5,3% 3,4% 15,1% 1,9% 1,5% 3,4% 1,9% ZE Amboise 67 683 9,5% 9,1% 6,1% 26,8% 1,4% 0,9% 7,7% 5,2% ZE Tours 379 742 6,6% 5,4% 5,7% 18,8% 4,3% 3,8% 1,0% 1,9% Axe ligérien 1 007 021 8,0% 7,3% 6,1% 23,1% 4,3% 4,0% 3,0% 2,2% Loiret 618 126 9,3% 8,4% 6,5% 26,1% 4,1% 3,9% 4,3% 2,6% Province 47 566 384 3,6% 3,8% 3,5% 11,4% 2,7% 2,3% 2,3% 1,2% Ile de France 10 952 011 2,0% 5,8% 2,7% 10,9% 6,3% 7,4% -5,4% -4,6% France 58 518 395 3,3% 4,2% 3,4% 11,3% 3,4% 3,3% 0,9% 0,1% S

Source : Insee

Carte 2 : Evolution de la population des communes de l’Axe Ligérien. 1975-1999

Source : Insee

93


De façon générale, sur l’ensemble de la période, l’aire urbaine d’Orléans a un taux de variation de sa population nettement supérieur à celui de l’aire urbaine de Tours. Dit autrement, le rang de l’aire urbaine d’Orléans s’améliore (passant de la 23ème à la 22ème place entre 1990 et 1999) alors que celui de Tours se dégrade, passant de la 17ème à la 20ème place. Entre 1975 et 1999, l’écart de l’augmentation de la population des deux aires urbaines (selon leur périmètre 1999) est de l’ordre de 20 000 habitants... Les moteurs de l’économie de l’Axe Ligérien Le tableau 3 fournit une estimation de la structure des bases économiques de l’Axe Ligérien et des zones d’emploi qui le composent. Comparé à la moyenne des aires urbaines françaises (indice 100), l’Axe apparaît comme plutôt plus spécialisé dans la production privée (indice 103) et plus encore dans l’emploi public (indice 108). En revanche les revenus « résidentiels » y pèsent nettement moins que dans la moyenne des aires urbaines françaises (indice 94). Le poids qu’occupent les revenus sociaux est légèrement plus élevé que dans la moyenne des aires urbaines (indice 103). Tableau 3 : Estimation de la structure des bases économiques de l’Axe Ligérien (1999)

Salaires basiques privés BIC BNC Bénéf agricole rev. Cap. Mob, Immob. & fonciers

en % Axe ligérien 12,9% 3,4% 3,6% 1,1% 3,3%

en indice, 100 = moyenne AU en indice (% à l'Axe Ligérien) Axe ligérien Axe ligérien ZE Orléans ZE Blois ZE Amboise ZE Tours 87 100 105 102 74 77 103 100 87 108 107 105 252 100 96 92 81 109 183 100 86 171 157 63 95 100 101 103 71 99

Total basique productif privé

24,3%

103

100

100

105

83

88

Salaires basiques publics

22,7%

108

100

108

71

49

100

5,4% 26,1% 8,5%

62 103 100

100 100 100

135 90 90

162 107 113

380 105 111

136 102 98

40,0%

94

100

96

116

143

106

1,8% 3,7% 0,2% 5,2% 0,5% 1,7%

80 99 108 101 92 192

100 100 100 100 100 100

88 103 96 98 88 96

93 90 93 94 114 93

87 92 72 91 104 72

115 99 110 103 101 110

13,1%

103

100

98

93

88

104

100,0%

100

100

100

100

100

100

Salaires résidentiels importés Pensions de retraites Dépenses touristes Total base résidentielle

Prestations de chomage Prestations familiales Aide sociale de l'Etat Remboursement soins de sante Minimum vieillesse RMI Total base sociale Base Totale

Source : calculs de l’auteur

Tableau 4 : Estimation de la structure des bases économiques de l’Axe Ligérien (1999 poids de la base: productive dont salariés privés publique résidentielle dont navettes dont retraites dont tourisme

Axe ligérien ZE Orléans assez élevée moyenne faible assez élevée élevée élevée faible faible très faible assez élevée moyenne faible moyenne faible

ZE Blois assez élevée assez élevée faible assez élevée élevée assez élevée assez élevée

Source : calculs de l’auteur

94

ZE Amboise faible faible très faible élevée très élevée assez élevée assez élevée

ZE Tours faible faible moyenne assez élevée élevée assez élevée moyenne


Comme le montre le tableau 4, la structure des bases des quatre territoires (zones d’emploi) composant l’A.L. est assez différenciée. Les bases productives sont plus fortes dans les deux zones de l’Est, à Orléans et surtout Blois. Tours et Amboise dépendant plus d’autres sources de revenu , publics et résidentiels/navetteurs pour la première et résidentiels pour la seconde (aussi bien liés aux navetteurs, aux touristes qu’aux retraités). Blois voit compensé son manque de revenus publics par des revenus résidentiels (surtout du fait des navetteurs) et Orléans , dispose à la fois de fortes bases publiques et résidentielles (ces dernières étant surtout le fait de navetteurs dont les revenus résidentiels compensent un certain déficit de revenus de retraite et de tourisme). On voit ainsi se profiler un certain clivage Est-Ouest au sein de l’Axe ligérien.

Une vive dynamique démographique ... mais territorialement déséquilibrée

On l’a dit, avec son million d’habitant, l’axe ligérien peut, sur le papier, rejoindre le club des villes millionnaires. Comme le montre le tableau 5, l’A.L. se situe, en poids démographique, dans la catégorie des six grandes métropoles de la France de province. Du point de vue du dynamisme démographique, elle enregistre entre 1990 et 1999 des performances honorables, mais inférieures à celles de Toulouse, de la métropole Nantes-St Nazaire ou de Lyon. Resitué dans le contexte de la Loire en aval d’Orléans, on voit que l’A.L. enregistre une croissance démographique moins rapide que l’aire urbaine d’Angers et surtout Nantes-St Nazaire. Comme le montre le graphique 6, on assiste à une sorte de rupture, à mi-chemin entre Orléans et Tours, qui divise l’axe ligérien en deux: d’un côté l’aire urbaine d’Orléans dont le dynamisme semble lié à son appartenance à l’espace urbain parisien. Puis, un fort décrochage à partir de l’aire urbaine de Blois. Plus en aval, de Blois à Nantes, plus on se rapproche du littoral, plus la dynamique démographique est vive. Le fait que l’A.L. soit ainsi partagé entre ce qui apparaît comme deux logiques territoriales distinctes autorise à s’interroger sur son unité...

Tableau 5 : Evolutions démographiques d’espaces urbains choisis comparables à l’Axe ligérien

AU Lyon AU Aix-Marseille AU Lille-R.-T. Métro NSN Axe ligérien AU Toulouse AU Nice AU d'Angers

population population population population 1975 1982 1990 1999 75-82 82-90 90-99 75-99 1 396 275 1 449 319 1 551 133 1 648 216 3,8% 7,0% 6,3% 18,0% 1 370 824 1 432 389 1 455 122 1 516 340 4,5% 1,6% 4,2% 10,6% 1 069 791 1 083 302 1 112 859 1 145 239 1,3% 2,7% 2,9% 7,1% 824 391 883 510 941 446 1 024 075 7,2% 6,6% 8,8% 24,2% 818 363 884 033 948 778 1 007 021 8,0% 7,3% 6,1% 23,1% 687 212 737 448 841 152 964 797 7,3% 14,1% 14,7% 40,4% 743 212 806 775 891 319 933 080 8,6% 10,5% 4,7% 25,5% 257 715

283 473

308 387

332 624

Source : Insee

95

10,0%

8,8%

7,9%

29,1%


Graphique 6 : Evolution 1990-1999 de la population Des aires urbaines/zones d’emploi des bords de Loire en aval d’Orléans 10,0% 8,0% 6,0%

AU ZE

4,0% 2,0%

ns rlé a O AU

AU

Bl oi s

is e AU

Am bo

ur s To AU

d' An ge rs AU

M

ét

ro

N

SN

0,0%

Source : Insee

Un rythme de créations d’emplois lent... sauf à Orléans On retrouve pour les emplois (emplois totaux et emplois salariés privés « Unedic ») le même genre de positionnement de l’axe ligérien, mais en plus prononcé. D’abord, en termes de rythme de création nette d’emplois, l’axe ligérien fait mieux que quatre des six métropoles de province, mais seulement qu’une seule, Lille, pour les emplois salariés privés. L’Axe ligérien fait à peine mieux que la province pour l’emploi total et moins bien pour l’emploi salarié privé. Dans les deux cas, c’est la zone d’Orléans qui « sauve » l’Axe d’un rang nettement inférieur. En effet, la zone de Tours et plus encore celle de Blois enregistrent des variations très modestes de leurs emplois, celle d’Amboise tirant son épingle du jeu.

Tableau 7 : Evolutions de l’emploi total (Insee, 1990-1999) et salarié privé (Unedic 19932002) d’espaces urbains choisis comparables à l’Axe ligérien

AU Toulouse Métro NSN AU Nice AU Aix-Marseille AU Lyon Axe ligérien AU Lille-R.-T. Province ZE Orléans ZE Blois ZE Amboise ZE Tours AU d'Angers

1990-99 emplois 50 249 48 755 3 940 16 743 35 626 21 334 16 744 737 226 13 432 948 945 6 009

1990-99 1993-2002 1993-2002 emplois Unedic Unedic 14,4% 87 237 41% 13,6% 79 940 35% 1,2% 49 288 24% 3,2% 72 742 22% 5,2% 98 309 20% 5,4% 47 830 20% 3,8% 53 085 17% 4,3% 2 027 393 21% 8,8% 24 633 25% 1,4% 6 211 15% 4,4% 2 593 22% 4,0% 14 393 16%

15 916

13,6%

Sources : Insee & Unedic

96

20 857

30%


De nouveau, et plus nettement encore que pour la démographie, une analyse « au fil de l’eau », telle que présentée dans le graphique 8, rend compte du véritable « trou d’air » , en termes de dynamique économique, entre les pôles dynamiques d’Orléans et à l’aval d’Angers. L’axe ligérien se trouve, là aussi, partagé entre deux dynamiques distinctes en amont et en aval de Blois. Alors que la dynamique démographique s’intensifiait en partant de Blois vers l’Ouest, on voit que Tours fait exception, avec une variation de son emploi bien plus faible que ce que l’on attendrait, au vu de sa situation géographique (plus proche de l’eldorado atlantique) et de sa taille démographique. A taille égale avec la zone d’Orléans, celle de Tours crée deux fois moins d’emplois entre 1990 et 1999 et 40% d’emplois salariés privés en moins entre 1993 et 2002. Graphique 8 : Evolution 1990-1999 de l’emploi et 1993-2002 de l’emploi salarié privé des aires urbaines/zones d’emploi des bords de Loire en aval d’Orléans 40,0% 35,0% 30,0% 25,0% 20,0% 15,0% 10,0% 5,0% 0,0% Métro NSN AU d'Angers

ZE Tours

emploi 90-9

ZE Amboise

ZE Blois

ZE Orléans

Unedic 1993-2002

Source : Insee et Unedic

Un encadrement dans l’Axe qui n’est « métropolitain » qu’à Orléans... L’analyse de la qualification des emplois de l’A.L., comparé aux métropoles françaises, rend compte d’un niveau de présence des emplois d’encadrement globalement très médiocre mais plutôt élevé dans la seule zone d’emploi d’Orléans. Globalement, le million d’habitant de l’A.L. ne le hisse pas dans la catégorie des métropoles à haute qualification de l’emploi. En revanche, la zone d’emploi d’Orléans, avec seulement 400 000 habitants, peut se comparer à plusieurs des métropoles millionnaires (pour les cadres publics et privés mais pas pour les professions libérales, étonnamment peu présentes). A l’inverse, celle de Tours, d’un poids démographique pourtant comparable se situe très en dessous et ressemble plus à une ville moyenne de province. Plus frappant, en termes d’évolution 1990-1999, est le fait que les emplois de cadres d’entreprise progressent beaucoup plus vite dans les zones de Blois (+21%) et surtout d’Amboise (+55%) que dans la zone d’Orléans (+13%) ou en province (+12%). Tours restant en queue de peloton (+11%). De nouveau, comme le montre le graphique 10, on note la zone de « creux » partageant l’A.L. entre la partie orientale, partie prenante du système parisien et la partie occidentale dont les

97


indicateurs semblent corrélés à la distance à l’océan. Dit autrement, et en première analyse, il semble que les deux faits géographiques structurants que sont la région parisienne et le littoral atlantique laissent peu de place au troisième qu’est le fleuve. Tableau 9 : La présence des emplois d’encadrement dans des espaces urbains choisis comparables à l’Axe ligérien. En indice (100= poids dans l’emploi de province)

AU Toulouse AU Lyon AU Lille-R.-T. AU Aix-Marseille AU Nice Métro NSN Axe ligérien Province ZE Orléans ZE Blois ZE Amboise ZE Tours AU d'Angers

Professions libérales 141 109 91 155 176 99 90 100 82 85 101 98 96

Cadres fonction pub., prof. Cadres intel.&artist. d'entreprise 155 214 119 201 120 165 141 155 110 148 110 133 115 125 100 100 129 148 85 109 80 80 119 113 124 109

Source : Insee

Graphique 10: La présence des emplois d’encadrement des aires urbaines/zones d’emploi des bords de Loire en aval d’Orléans. En indice (100= poids dans l’emploi de province) 160 140 120 100 80 60 40 20 0 Métro NSN AU d'Angers

ZE Tours

Professions libérales Cadres d'entreprise

ZE Amboise

ZE Blois

ZE Orléans

Cadres fonction pub., prof. intel.&artist.

Source : Insee

Un solde migratoire des cadres négatif ! Un élément assez alarmant –et difficile à comprendre- tient au fait que globalement, en dépit de son solde migratoire flatteur, celui des cadres est négatif dans la période 1990-1999. Si l’Axe est candidat au titre d’espace métropolitain, ce point est l’un des plus problématiques. Ce déficit migratoire tient exclusivement à la zone de Tours, qui voit partir 2 200 cadres de plus qu’elle n’en attire. Une analyse de l’aire urbaine de Tours, plus resserrée rend compte également de cette hémorragie. On trouve là un des éléments les plus frappants de ce qui fait la différence de nature entre ces deux villes, de tailles pourtant comparables, que sont Orléans et Tours.

98


Tableau 10 : Solde migratoire des cadres dans les zones de l’Axe ligérien. sortants 1990-entrants solde 19901999 1990-1999 1999 7 446 8 369 923 2 107 2 668 561 668 1 177 509 9 178 6 958 -2 220 17 384 17 157 -227

ZE Orléans ZE Blois ZE Amboise ZE Tours Axe ligérien

Source : Insee

Des activités de services techniques supérieures peu développées Du point de vue des emplois salariés privés travaillant dans les secteurs des services supérieurs techniques19 aux entreprises, la situation de l’Axe ligérien n’est pas non plus particulièrement flatteuse. Ils ne pèsent en 2002 que 3,4% de l’emploi salarié privé de l’Axe, soit à peine plus que les 3,1% du total de la province et ne progressent que légèrement plus vite qu’elle entre 1993 et 2002 (46,1% contre 36,4%). Il est frappant de constater, sur cet indicateur et contrairement à ce qui a été vu plus haut, que la présence de ce type d’emploi, qui inclut les secteurs particulièrement stratégiques liés à l’informatique, semble d’autant moins forte que les villes se situent à l’Ouest. Comme le montre le graphique 12 , le maximum est atteint à Orléans (4,4%), puis, après une baisse très forte à Blois et Amboise, la présence de ces activités reste très moyenne de Tours à Nantes-St Nazaire. Du point de vue de la variation de ce type d’emploi, la relation avec la longitude est encore plus nette : plus on va vers le littoral, moins elle est forte. On notera, du reste, que cet effet-Ouest se retrouve aussi dans les données médiocres de Toulouse et Bordeaux par comparaison avec ce que l’on voit dans les métropoles de l’Est, avec Lyon, Aix-Marseille et Lille (Nice connaissant, comme on le sait, une véritable panne économique depuis le début des années 1990). Tableau 11 : La présence des services supérieurs techniques dans des espaces urbains choisis comparables à l’Axe ligérien. En indice (100= poids dans l’emploi salarié privé de province) AU Lyon AU Aix-Marseille AU Lille-R.-T. AU Bordeaux Axe ligérien AU Toulouse Métro NSN AU Nice Province ZE Orléans ZE Blois ZE Amboise ZE Tours

1993 2,0% 1,9% 3,6% 3,1% 2,8% 4,1% 3,6% 4,8% 2,7% 3,2% 2,2% 1,7% 2,6%

2002 5,1% 4,1% 6,7% 4,3% 3,4% 4,1% 3,2% 4,6% 3,1% 4,4% 2,0% 1,9% 3,0%

3,1%

3,1%

AU d'Angers

points 9302 1993-02 3,1% 19 848 2,2% 10 168 3,1% 12 967 1,2% 5 106 0,6% 3 089 0,0% 3 505 -0,4% 1 720 -0,2% 1 866 0,4% 97 872 1,2% 2 245 -0,2% 41 0,2% 79 0,3% 724 0,0%

Source : Unedic 19

Les secteurs concernés sont les suivants :

72.1 72.2 72.3 72.4 72.5 72.6 73.1 74.2 74.3

Conseil en systèmes informatiques Réalisation de logiciels Traitement de données Activités de banques de données Entretien et réparation de machines de bureau et de matériel informatique Autres activités rattachées à l'informatique Recherche-développement en sciences physiques et naturelles Activités d'architecture et d'ingénierie Activités de contrôle et analyses techniques

99

652

1993-02 210,9% 158,2% 116,3% 78,8% 46,1% 39,8% 21,0% 19,2% 36,4% 70,5% 4,5% 38,5% 30,2% 29,6%


Graphique 12: La présence et la variation des services supérieurs techniques des aires urbaines/zones d’emploi des bords de Loire en aval d’Orléans. En indice (100= poids dans l’emploi de province) 250

200

150

100

50

0 ZE Orléans

ZE Blois

ZE Amboise en % 1993-02

ZE Tours

AU d'Angers

Métro NSN

Part de l'emploi 2002

Source : Unedic Note : indice 100 = présence province = 3,1% ; variation province = 36,4%

On retrouve donc, une nouvelle fois, un Axe ligérien dont les deux grands villes, apparemment de poids égal, se trouvent connaître en fait des situations et des évolutions très différentes, avec un Orléans doté des caractéristiques des « grandes » et un Tours restant dans un profil de « petite » (plus modeste encore que la moyenne de province à l’égard de cet indicateur) et deux maillons intermédiaires, Blois et Amboise introduisant plus de rupture, en termes de profil, que de continuité entre les deux grandes villes. Une faible dynamique de créations nettes d’emplois salariés privés Globalement, l’Axe ligérien enregistre une évolution de son emploi salarié privé plutôt décevante au regard de sa forte dynamique démographique. Voilà un territoire dans lequel la population augmente pratiquement deux fois plus vite qu’en général en province et dans lequel l’emploi salarié privé augmente pourtant moins vite (20% contre 21% en province). On est loin des 41% de croissance de l’aire urbaine de Toulouse ou des 35% de la zone Nantes-St Nazaire. Là encore l’aire urbaine d’Angers, dopée par la proximité du littoral, fait beaucoup mieux, avec + 30%. Deux points bas, pourrait-on dire, avec Blois (15%) et Tours (16%). Les deux zones qui s’en sortent le mieux sont, d’abord, celle d’Orléans (25%) , et plus modestement celle d’Amboise (22%). De nouveau, on observe que l’Axe ligérien contient le « point bas » entre Orléans et la mer. Tableau 13 : Evolution 1993 – 2002 de l’emploi salarié privé (Unedic) des espaces de l’Axe ligérien. En indice (indice 100= 1993) ZE Orléans ZE Blois ZE Amboise ZE Tours Axe ligérien Province

1993 100 100 100 100 100 100

1996 106 102 105 102 104 104

Source : Unedic

100

2000 122 109 123 114 117 117

2002 125 115 122 116 120 121


Graphique 14 : Evolution 1993 – 2002 de l’emploi salarié privé (Unedic) des espaces de l’Axe ligérien. En indice (indice 100= 1993) 130

125

120 ZE Orléans ZE Blois ZE Amboise ZE Tours Axe ligérien Province

115

110

105

100 1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

Source : Unedic

La base productive : des spécialisations productives assez banales ou peu partagées entre les quatre zones Le tableau 15 rend compte du fait que les principaux secteurs d’emplois de salariés privés qui soient communs aux quatre zones se situent dans des fonctions banales : action sociale, commerce de détail, BTP, transports routiers, activités de santé.... Ces emplois ont pour l’essentiel des fonctions « domestiques » et répondent à la demande locale. Comme on l’a vu plus haut pour les services supérieurs techniques, il y a peu de secteurs productifs « basiques » de taille significative qui soient partagés entre les zones de l’Axe. Le seul qui apparaisse est celui de l’industrie pharmaceutique que l’on retrouve dans les principaux secteurs d’Orléans, Tours et Amboise. Comme le montre le tableau 16, qui recense les secteurs qui ont le plus créé d’emplois salariés privés entre 1993 et 2003, ce secteur pharmaceutique est le seul qui soit également, dans chacune des zones –y compris celle de Blois- dans les plus gros secteurs créateurs d’emploi basiques productifs. De façon générale, les secteurs basiques productifs progressent plus rapidement à Orléans que dans le reste de l’Axe. Etonnamment, le secteur des services aux entreprises, un des plus dynamiques ces années-là dans les villes françaises, n’apparaît pas dans les 25 secteurs ayant le plus progressé dans la zone de Tours ! Pour le reste on observe une certaine dispersion, avec les matières plastiques à Orléans, l’outillage à Tours, les composants électroniques, la fonderie, la chaudronnerie, l’imprimerie à Amboise, la mécanique ou les forges à Blois... En bref, on a affaire à deux petits « métropoles » dont l’une (Tours) marque le pas sur l’autre (Orléans) et deux ZE moyennes, plus industrielles, dont l’une (Amboise) se révèle très dynamique et l’autre (Blois) connaît plus de difficulté.

101


Tableau 15 : les 25 secteurs de l’Axe ligérien employant le plus de salariés privés en 2003 Sélection et fourniture de personnel Action sociale Commerce de détail en magasin non spécialisé Autres commerces de détail en magasin spécialisé Construction d'ouvrages de bâtiment ou de génie civil Transports urbains et routiers Activités pour la santé humaine Activités juridiques, comptables et de conseil de gestion Travaux de finition Travaux d'installation Activités de nettoyage Commerce de gros d'équipements industriels Restaurants Autres organisations associatives Sécurité sociale obligatoire Industrie pharmaceutique Intermédiation monétaire Commerce de véhicules automobiles Commerce de gros de produits intermédiaires non agricoles Autres industries alimentaires Services divers fournis principalement aux entreprises Fabrication d'équipements automobiles Transformation des matières plastiques Fabrication d'équipements mécaniques Assurance Total Unedic 2001

Axe Orléans 17 295 8 059 15 521 5 203 11 203 4 402 10 865 4 256 9 765 3 446 8 517 3 428 8 241 2 698 7 646 4 314 6 924 2 540 6 836 2 990 6 567 3 177 6 115 3 209 5 856 2 252 5 358 2 526 5 289 2 825 4 950 2 107 4 663 2 397 4 316 1 616 4 108 2 069 3 867 3 793 1 689 3 560 3 500 3 418 3 278 1 497 289 429 124 440

Blois amboise 2 737 607 3 399 1 162 1 796 631 1 448 355 1 911 629 1 375 321 1 544 223 779 275 1 399 564 982 1 052 695 865 330 973 907 823 614 876 187 190 1 110 215 693 2 164 754 248

46 388

14 516

Tours 5 892 5 757 4 374 4 806 3 779 3 393 3 776 2 278 2 421 2 698 2 323 2 103 2 409 1 746 1 552 1 439 1 601 1 637

1 376 1 431 1 708 1 441 104 085

Source: Unedic

Tableau 16 : les 25 secteurs de l’Axe ligérien créant le plus d’emplois salariés privés entre 1993 et 2003 Action sociale Activités d'architecture et d'ingénierie Activités de nettoyage Activités juridiques, comptables et de conseil de gestio Activités liées au sport Activités pour la santé humaine Assainissement, voirie et gestion des déchets Autres commerces de détail en magasin spécialisé Autres organisations associatives Commerce de détail en magasin non spécialisé Commerce de gros d'équipements industriels Conseil en systèmes informatiques Enquêtes et sécurité Industrie pharmaceutique Manutention et entreposage Organisation du transport de fret Publicité Restaurants Sélection et fourniture de personnel Services divers fournis principalement aux entreprises Télécommunications Traitement des métaux ; mécanique générale Transformation des matières plastiques Transports urbains et routiers Travaux d'installation Total Unedic 1993-2003

Axe ligérien 5 339 1 021 1 750 2 175 639 672 743 1 221 887 2 111 1 374 1 280 641 1 299 1 046 1 365 914 1 648 11 941 1 014 698 863 1 006 1 155 885 46 684

Orléans 1 890 625 1 003 1 716 302

Source: Unedic

102

375 600 636 785 904 802 512 545 945 917 529 558 5 924 705 405 601

25 584

Blois 883 98 270

Amboise 320

79 93 56 40 268 430 125 116

Tours 2 246 279 465 349 227 370 234 519

202 57

694 288 362

331

332

253 1 587 196

98 487

453 375 739 3 943

236 336 334 127 5 365

431

91 116

293

78 2 481

534 477 13 254


La base publique : un secteur public très diversement représenté et qui se maintient. Il convient de manipuler et de commenter les données d’emploi public avec prudence. Le concept statistique n’étant pas clairement établi, il s’agit, dans les données du recensement, d’un « paquet » regroupant tout ce qui n’est pas privé , soit aussi bien des activités d’administration publique, sanitaires, sociales, pédagogiques ou des entreprises publiques.

Tableau 17 : les emplois publics dans l’Axe ligérien. 1990 - 1999

ZE Orléans ZE Blois ZE Amboise ZE Tours Axe ligérien Province Ile de France France

Total emplois détenus par des salariés du public RP99 49 871 18 144 4 970 47 339 120 324 4 739 065 1 385 748 6 124 813

1990-99 emplois salariés du secteur public -481 432 862 -401 412 -139 776 -167 966 -307 742

1990-99 Emplois emplois salariés du publics en % de l'emploi secteur 1999 public -1,0% 30,1% 2,4% 26,0% 21,0% 22,0% -0,8% 30,5% 0,3% 29,1% -2,9% 26,7% -10,8% 27,5% -4,8% 26,9%

Source: Insee

Sans surprise, ces emplois occupent une place plus importante, pratiquement égale, dans l’emploi des zones d’Orléans et de Tours, avec 30% de l’emploi total. Il s’agit là d’un niveau plutôt supérieur à ce que l’on trouve dans des aires urbaines comme celle de Lyon (24%), Toulouse (28%) , Lille (28%) et comparable à ce que l’on retrouve dans celles de MarseilleAix (31%) ou de Bordeaux (30%). En revanche, quand toutes ces métropoles voient leur emploi public se réduire entre 1990 et 1999, celui de l’Axe ligérien se maintient (largement grâce à la progression observée à Amboise). On observe qu’à taille démographique égale, la zone d’Orléans a un taux d’emplois publics inférieur à celui de la zone de Tours, alors qu’elle a de l’ordre de 2 000 emplois publics de plus ( elle est le siège de l’administration régionale). Cela tient au plus fort dynamisme de l’activité privée à Orléans qu’à Tours, ce qui explique la plus forte dépendance de Tours à l’égard de ce type d’emploi. Les deux zones de Blois et moins encore d’Amboise ont une moins forte présence d’emplois publics, n’étant pas dotées d’un statut de chef-lieu.

La base résidentielle : une présence moyenne et disparate de retraités La montée en puissance de la part des retraités dans les titulaires de revenus20 a commencé à fortement augmenter en France ces dernières années. Représentant 29% en 1990, ils progressent à 32% des titulaires de revenus français en 1999. En termes d’évolution, quand la France voit sa population active occupée progresser de 780 000 unités entre 1990 et 1999, le nombre de retraités augmente de 1,4 million. En 20

Les « titulaires de revenus » ici, regroupent les actifs occupés et les retraités. 103


d’autres termes, la variation des retraités explique 64% de la variation du nombre de titulaires de revenus. Dans le club des six métropoles millionnaires de Province, la variation est moins forte, avec une contribution des retraités à la variation du nombre de titulaires de revenus de l’ordre de 50%. Comme le montre le tableau 18, la situation de l’Axe est composite. Globalement, une fois n’est pas coutume, l’évolution actuelle ressemble à celle des métropoles de Province, avec une contribution des retraités à la variation des titulaires de revenus de « seulement » 49%, soit beaucoup moins que les 64% nationaux. En termes de présence également, l’Axe se conforme au profil des métropoles millionnaires : les retraités y passent de 28% à 30% des titulaires de revenus. Tableau 18 : La part des retraités dans les titulaires de revenus dans les zones de l’Axe ligérien. 1990 et 1999

ZE Orléans ZE Blois ZE Amboise ZE Tours Axe ligérien

Retraités en % Retraités en % 90-99 titulaires de titulaires de 90-99 pop active 90-99 titulaires de revenu 1990 revenu 1999 occupée retraités revenus 24,9% 27,3% 12 683 11 649 26 936 33,0% 35,6% 1 446 4 924 9 006 33,5% 34,1% 2 333 1 517 4 774 27,4% 31,1% 5 638 13 151 23 473 28,0% 30,7% 22 100 31 241 64 189

Contribution des retraités à titulaires de revenus 1990-1999 43% 55% 32% 56% 49%

Source: Insee

C’est dans le détail des zones que les choses se mettent à se diversifier. On observe en effet au sein de l’Axe une véritable divergence entre les deux principaux pôles : la zone d’Orléans d’une part, qui, comparée au reste de l’Axe et aux métropoles millionnaires se trouve à la fois « sous-dotée » en retraités (avec 27% de ses titulaires de revenus) et avec une plus faible contribution à la variation du nombre de titulaires de revenus (43%). Il convient de relativiser la portée de ces deux données : si la part des retraités est effectivement plus modeste dans les titulaires de revenus de la zone d’Orléans, avec ce que cela la prive de revenus garantis et stables, leur faible contribution à la croissance des titulaires de revenus tient au fait que les actifs occupés augmentent rapidement et plus encore que le nombre de retraités. Le nombre de ces derniers varie de 23% entre 1990 et 1999 et de seulement 16%, au total, dans les six villes millionnaires. La zone de Tours, de son côté, connaît une dépendance plus forte à ce type de revenu (les retraités y représentent 31% des titulaires de revenus en 1997 et contribuent à 56% de la variation du nombre de titulaires. On est ici, sur les deux variables, plus proche du modèle national moyen que de celui des métropoles de Province et moins encore de celui de la zone d’Orléans. Cette part importante des retraités dans la variation du nombre de titulaires de revenus tient à un double mécanisme, d’accélération du nombre de retraités (+ 24%) et de ralentissement du nombre d’actifs occupés (+4%). Les zones d’Amboise et de Blois sont, encore une fois dans des situations et des dynamiques très différentes : Blois cumule une faible croissance du nombre et de ses actifs occupés et de ses retraités. On est dans une logique arithmétique différente de celle de la zone de Tours, avec un plus fort poids encore des retraités dans les titulaires de revenus (36%) et une forte contribution à la variation des titulaires de revenus (55%) résultant moins de la progression du nombre de retraités, qui est faible (14%) que du taux, encore plus faible relativement, de variation de ses actifs occupés.

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Amboise constitue un quatrième modèle, marqué par un fort dynamisme démographique qui en fait la zone championne de l’Axe en termes de progression des actifs occupés. La progression du nombre de ses retraités, qui pèsent pourtant lourd dans ses titulaires de revenus (34%) est la plus faible de l’Axe, avec seulement 12%. Rien d’étonnant donc à ce que cette zone, enregistrant une sorte de rajeunissement relatif, ne doive aux retraités que 32% de la progression de ses titulaires de revenu. Tableau 19 : Variations du nombre des actifs occupés et des retraités dans l’Axe ligérien

ZE Orléans ZE Blois ZE Amboise ZE Tours Axe ligérien 6 métropoles Province

population retraités active occupée 1990 - 1999 1990 - 1999 23% 8% 14% 2% 12% 9% 24% 4% 20% 6% 16% 6% 16% 5%

Source: Insee

La base résidentielle : des revenus de navetteurs moyens sans intégration du marché de l’emploi de l’Axe On l’a vu plus haut, une part significative de la base économique des zones de l’Axe ligérien provient du revenu des navetteurs, c’est-à-dire de revenus d’actifs vivant dans ces zones et travaillant ailleurs. Ces revenus représentent entre 7 et 9% de la base économique des zones d’Orléans, Tours et Blois et 20% de celle d’Amboise. Comparées à la moyenne des aires urbaines françaises, dont les revenus de navetteurs représentent en moyenne de 9% de leur base économique, les trois zones de l’Axe sont plutôt dans la moyenne nationale. D’ores et déjà, et avant de détailler la géographie des navettes domicile-travail entre les zones de l’Axe, ces données moyennes - à l’exception de celles d’Amboise- suggèrent une faible intégration des marchés de l’emploi de l’Axe ligérien. Une des caractéristiques en même temps qu’un des avantages majeurs des territoires métropolitains tient à des effets d’intégration permettant, par un élargissement des champs de choix, un meilleur appariement des demandes et des offres d’emploi. Cela ne semble pas encore être le cas le long de la Loire. Avant d’analyser les échanges domicile travail entre ces zones, on peut observer une grande différence dans leurs taux d’emplois (tableau 20) . Tours et Orléans connaissent à cet égard des situations et des évolutions très différentes : dans la première, le nombre d’emploi excède largement le nombre d’actifs occupés, et cela de façon croissante entre 1990 et 1999. En bref, la zone de Tours constitue un pôle d’emploi pour des actifs qui n’y vivent pas (avec ce que cela comporte de « fuite » de leurs revenus). Dans celle d’Orléans, les évolutions sont équilibrées, avec un nombre égal d’emplois et d’actifs occupés ( à 9 près en 1999 !). Cela ne signifie pas que les actifs occupés de la zone d’Orléans y travaillent tous, comme on le verra plus bas, mais que la zone d’Orléans combine une capacité économique , comme on l’a vu plus haut, à créer de nouveaux emplois, tout en étant doté d’avantages résidentiels se traduisant par une croissance comparable des actifs y vivant. Les zones de Blois et plus encore d’Amboise sont dans la situation inverse de celle de Tours, avec une attraction encore plus forte vis-à-vis des actifs que des emplois. La différence entre

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les deux est que dans la zone de Blois, dont on a évoqué les difficultés économiques, l’emploi recule et la croissance des actifs occupés (ailleurs) permet une compensation forte en termes de revenu (dans les mêmes termes que la compensation par les retraités évoquée plus haut), alors que dans celle d’Amboise, beaucoup plus dynamique et attractive sur le plan résidentiel, ce sont à la fois les emplois et les actifs –et plus encore ces derniers- qui augmentent. Tableau 20 : Variation du nombre des emplois et des actifs occupés dans les zones de l’Axe ligérien. 1990-1999.

ZE Orléans ZE Blois ZE Amboise ZE Tours Axe ligérien

emplois 1990 153 006 69 869 21 873 149 508 394 256

emploi 1999 emplois 165 866 12 860 69 738 -131 22 585 712 155 451 5 943 413 640 19 384

actifs occ. 1990 153 232 70 740 25 304 145 774 395 050

emplois emplois actifs occ. actifs actifs 1990 actifs 1999 1999 occ. 165 857 12 625 -226 9 70 976 236 -871 -1 238 27 597 2 293 -3 431 -5 012 151 276 5 502 3 734 4 175 415 706 20 656 -794 -2 066

Source: Insee

On peut tirer plusieurs leçons de l’analyse des navettes domicile-travail. D’abord, globalement, l’Axe ligérien bénéficie d’un léger avantage, en termes de revenus résidentiels dans la mesure où le nombre de ses actifs occupés dépasse celui de ses emplois, et cela de façon plus nette en 1999 qu’en 1990 : quand 28 000 de ses 416 000 actifs occupés sortent travailler ailleurs (et pour beaucoup en Ile de France), 26 000 actifs vivant ailleurs viennent y travailler. Le solde, avantageux en termes de revenu pour l’Axe est donc de 2 000 actifs en 1999 (alors qu’il n’était que de 800 en 1990), mais reste relativement modeste (0,5% des actifs de l’Axe). De façon générale, l’analyse des flux confirme celle des taux d’emploi : l’Axe ligérien ne constitue pas un marché de l’emploi intégré ni même un marché en voie de le devenir. Les échanges entre les deux principaux pôles d’emploi, il est vrai géographiquement éloignés, sont faibles et progressent peu. Il n’y a, en 1999, que 479 actifs de la zone de Tours (0,3% de ses actifs) qui aillent travailler dans celle d’Orléans et en retour, il n’y a que 323 actifs d’Orléans faisant le chemin inverse (0,2% des actifs de la zone d’Orléans). Ces chiffres sont extrêmement bas, surtout si on les compare avec ce qu’il se passe avec la région parisienne : les actifs de la zone d’Orléans sont 5 200 à aller y travailler , ce qui est compréhensible vu la proximité géographique. Mais plus étonnamment, ce sont 2 500 actifs de la zone de Tours qui vont y travailler (contre 479 allant dans la zone d’Orléans). En gros, quand on travaille loin de chez soi, c’est plutôt pour aller travailler en Ile de France que dans une autre zone de l’Axe ligérien. Ces chiffres ne sont pas très différents de ceux de 1990. Cette année-là, c’était 300 navetteurs de la zone de Tours qui allaient travailler dans celle d’Orléans et 201 qui faisaient le chemin inverse. L’attractivité de l’Ile de France vis-à-vis des actifs de ces deux zones était légèrement inférieure, attirant 4 800 actifs de la zone d’Orléans et 2 000 de celle de Tours. Dit autrement, le nombre de navetteurs de ces deux zones vers l’Ile de France a augmenté de 850 actifs quand leurs échanges augmentaient de moins de 300... on ne peut donc pas dire qu’un mécanisme d’intégration du marché de l’emploi de l’Axe est en voie de mordre sur la relation à l’Ile de France, au contraire (et cela est d’autant plus étonnant qu’au même moment, entre 1990 et 1999, l’Ile de France enregistrait une diminution absolue du nombre de ses emplois !).

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Tableau 21 : Navettes domicile travail des zones d’emploi d’Orléans et de Tours. 1999 Zone d’emploi d’Orléans. 1999 D’où viennent-ils ? Où travaillent-ils ?

Zone d’emploi de Tours 1999 D’où viennent-ils ? Où travaillent-ils ?

Source: Insee

Si intégration il y a, elle se joue au sein des deux sous-ensemble constitués par les couples Orléans-Blois et plus encore Tours-Amboise. Par un même mécanisme, ces deux couples fonctionnent pourtant de façon opposée : Orléans offrant des emplois aux actifs de la zone relativement pénalisée qu’est Blois et Tours contribuant au succès économique de la zone d’Amboise en fournissant massivement des emplois à ses actifs. Blois envoie 2 500 actifs vers Orléans qui ne lui en retourne que 1200. Du point de vue de Blois, le flux est significatif, avec 3,5% de ses actifs employés dans la zone d’Orléans. Les relations entre Tours et Amboise sont beaucoup plus intenses : 7 000 actifs de cette dernière vont travailler à Tours, soit le quart de ses actifs ! Contrairement à Blois, on l’a vu, la zone d’Amboise a de très bonne performances de création d’emploi, ce qui fait qu’elle « gagne sur les deux tableaux » en bénéficiant et d’une forte dynamique économique et d’avantages résidentiels faisant qu’un nombre croissant d’emplois de la zone de Tours sont occupés par ses habitants ! 107


Les relations entre les zones de Blois et celle d’Amboise, pourtant limitrophes, restent modestes : quand 750 actifs de celle de Blois vont travailler dans celle d’Amboise, ce sont 1000 actifs qui font le chemin inverse. Le fait que les actifs d’Amboise soient plus nombreux à aller travailler dans la zone pourtant moins dynamique de Blois tient essentiellement à une affaire de poids, la première ayant trois fois moins d’emplois que la seconde. En termes de « modèle gravitaire », c’est à flux bien plus important d’Amboise vers Blois que l’on devrait assister, et c’est justement la relative crise de cette zone qui limite ce flux. L’économie résidentielle : le tourisme Le poids des revenus touristiques de l’Axe ligérien dans sa base économique, 8,5%, correspond à leur poids moyen dans les bases des aires urbaines françaises. N’émergent que les zones de Blois (9,6%) et d’Amboise (9,4%). De fait, comme le montrent les tableaux 22 et 23, la zone est faiblement –et de moins en moins- dotée en résidences secondaires, et son tourisme marchand (nuitées en hôtel et camping), ne suffit pas à compenser significativement ce déficit touristique. Tableau 22 : Le tourisme non-marchand dans l’Axe ligérien Les résidences secondaires

Source: Insee

Tableau 23 : Le tourisme marchand dans l’Axe ligérien L’hébergement marchand En indice : 100 = nombre/habitant en moyenne en province

nbre places camping 99 ZE Orléans 26 ZE Blois 104 ZE Amboise 121 ZE Tours 26 Axe ligérien 46 Province 100 Ile de France 9 France 83

Nbre nbre places chambres Nbre de nbre places nbre places Nbre de camping>3ét chambres plus de 3 camping camping>3ét chambres oiles 99 hotel 99 étoiles 99 2002 oiles 99 hotel 2002 5 96 71 20 6 94 127 130 121 97 109 144 75 121 163 117 72 127 36 128 140 25 34 123 43 116 112 42 39 116 100 100 100 100 100 100 7 121 202 8 7 137 83 104 119 83 83 107

Nbre chambres plus de 3 étoiles 2002 70 119 157 125 105 100 213 121

Source: d’après Insee Note : la trame jaune indique un déclin de l’indice entre 1999 et 2002

De façon frappante, les zones de l’Axe ligérien sont faiblement attractives pour les résidents secondaires. Même les zones de Blois et d’Amboise ont une part de résidences secondaires dans leurs logements inférieur à la moyenne nationale. Son dynamisme démographique, au

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contraire, qui amène de plus en plus de ménages à venir s’installer sur son territoire en résidence principale (retraités et actifs) fait que -la péri-urbanisation aidant- le nombre de ces résidences se réduit significativement du fait de leur transformation en résidences principales. Ce sont ainsi plus de 5 000 résidences secondaires qui deviennent résidences principales. Cela conduit bien sûr à limiter les recettes de la base touristique du territoire, et cela d’autant plus que les dépenses touristiques sur le territoire français sont pour 2/3 liées au tourisme nonmarchand. Il convient cependant d’être prudent dans l’analyse : par effet de vase communicant, ce manque à gagner touristique peut finalement être bénéfique à l’économie de la zone si ces résidences sont occupées –de façon encore plus intéressante- par des retraités (aisés) venus d’ailleurs ou des actifs travaillant hors de la zone. Le tourisme marchand semble en revanche plus développé. La densité de l’offre d’hébergement marchand est globalement très faible en camping (en dépit de leur assez forte présence dans les zones de Blois et d’Amboise) et plutôt forte en hôtel, sauf à Orléans, qui est sous-doté, particulièrement du point de vue des hôtels de trois étoiles et plus (proximité à Paris ?). Les trois autres zones, y compris celle de Tours, sont avantageusement dotées en offre hôtelière, particulièrement dans la zone d’Amboise, dont on a déjà vu le caractère très attractif. En revanche, en termes d’évolution, il semble y avoir un recul général des indicateurs d’offre d’hébergement marchand dans l’Axe. Sur une période aussi brève que 1999-2002, la plupart des indicateurs baissent significativement. Il n’y a que sur l’hôtellerie banale qu’Amboise renforce sa position. On l’a déjà évoqué dans les autres parties de ce rapport sur les territoires de la région Centre, la fréquentation touristique de la région Centre connaît, depuis le début du présent siècle, une inflexion tenant et à des variations conjoncturelles nationales et à un décrochage vis-à-vis des autres régions françaises.

La transformation des bases en économie domestique : la propension à consommer localement approchée par la « présence » Les différentes bases économiques des zones de l’Axe ligérien leur permet, de différentes façons, de capter des revenus venus de l’extérieur. Si le premier enjeu des territoires est de maximiser leur base économique, le second réside dans le fait que ces revenus se retrouvent dans la consommation locale et stimulent, sur le mode du multiplicateur keynésien, leur « emploi domestique ». C’est ce mécanisme de circulation monétaire que permet la consommation qui règle finalement le curseur de l’insertion dans l’emploi des actifs les moins qualifiés et par là le niveau de la pauvreté et de l’exclusion sur les territoires. En l’absence de données sur la consommation, il est possible d’approcher la « propension à consommer localement » sur les territoires par la notion de « présence ». Il s’agit d’une donnée récemment publiée par l’Insee qui, sur l’année 2003, permet de comptabiliser non pas la population recensée des départements mais celle réellement présente en moyenne dans l’année (compte tenu des absences des habitants et de la présence des touristes). Le tableau 24 rend compte de ces données. Un modèle économétrique a permis de désagréger ces données à l’échelle communale, comme le montre la carte 25. On serait donc face à un déficit en gros de 3% par rapport à une situation d’égalité entre présence et peuplement.

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Tableau 24 : la présence dans les zones de l’Axe ligérien

ZE Orléans ZE Blois ZE Amboise ZE Tours Axe ligérien

présence 1999 373 601 182 028 68 053 371 187 994 869

pop 1999 382 314 178 547 67 683 379 742 1 008 286

taux de présence 98% 102% 101% 98% 99%

déficit/excéde nt de présence -8 713 3 481 370 -8 555 -13 417

Source: d’après Insee

Carte 25 : la présence dans les communes de l’Axe ligérien

Orléans

Amboise Blois Tours

Source: d’après Insee

Globalement, l’Axe ligérien connaît un déficit de présence, ce qui signifie que ses habitants, en homme-journées- sont encore plus nombreux à le quitter dans l’année que ne viennent y séjourner des habitants venus d’ailleurs (de France et de l’étranger). Le déficit est cependant mineur et représente de l’ordre de 13 000 personnes, ce qui représente un manque-àconsommer de l’ordre de 26 000 personnes (les « mobiles » consommant en moyenne deux fois plus que les immobiles). Sur le papier, l’emploi « domestique » représentant en gros un tiers de l’emploi total, ces 3% de déficit représenteraient de l’ordre de 2 500 emplois en moins pour l’Axe. Cette estimation, grossière, ne tient pas compte, faute de données statistiques en France sur ces questions, du fait que les arrivées de touristes sont moins qu’ailleurs, on l’a vu, dans le tourisme non marchand et beaucoup plus dans le marchand. Ce déséquilibre doit influer fortement sur la structure de consommation des touristes, partant de l’idée que le tourisme non-marchand a un impact plus large sur les économies locales par des achats de biens et services banals, voire des investissements que celui des touristes marchands qui stimulent pour l’essentiel les seules activités purement touristiques (hôtels, restaurants,

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musées,...). On peut donc penser que ces 2 500 emplois manquants sont une estimation minimale. Les zones d’Orléans et Tours sont à égalité, avec un déficit de présence de l’ordre de 2%, alors que les deux autres zones d’Amboise et surtout de Blois enregistrent un taux supérieur à 100%. Comme la carte l’indique, une bonne part du succès présentiel de la zone de Blois tient à l’attractivité touristique du nord de la zone, probablement dans le secteur des résidences secondaires. En effet, l’effet-château de la Loire dans les villes d’Amboise et de Blois ne suffit pas à leur assurer une « présence » positive, dans la mesure où leurs populations résidentes sont plus souvent absentes que ne sont présents les touristes, même nombreux. Une couverture moyenne en emplois domestiques mais une évolution ralentie Il est possible d’approcher l’évolution des emplois domestiques dans les zones d’études en se fondant sur la notion d’emploi « domestique pur », qui constitue un échantillon des emplois salariés privés dont l’évolution répond purement à la demande locale. Comme le montrent le tableau 26 et le graphique 27, dans l’ensemble, la couverture en emplois domestiques purs pour 100 habitant apparaît intermédiaire entre celle de la province et celle de la région parisienne. Cela n’est pas pour autant le fait d’une forte couverture. En effet, la région parisienne, en dépit des revenus élevés de ses habitants, et du fait notamment de son faible taux de présence et des économies d’échelles dues à sa taille est plutôt sousdotée dans ce type d’emploi par rapport à ce que l’on trouve dans les métropoles de province. Les grandes aires urbaines ont toutes des taux de couverture plus élevés que les 5,3 de l’Axe : Lyon : 5,4, Nantes-St Nazaire : 5,6, Toulouse : 5,7, Marseille-Aix : 5,8, Bordeaux 6... et la championne de la « présence », Nice, 6,9 ! Ni la zone d’Orléans ni celle de Tours, un peu mieux dotée car bénéficiant en partie du sousencadrement de la zone d’Amboise (3,1), n’émergent nettement. La zone de Blois, en dépit de sa taille enregistre un taux de couverture comparable à celui des deux grandes villes. Tableau 26 : les emplois salariés privés domestiques purs dans l’Axe ligérien. 1993-2002 EDP/habitant ZE Orléans ZE Blois ZE Amboise ZE Tours Axe ligérien Province Ile de France France

1993 5,1 4,6 2,8 5,3 4,9 4,2 5,2 4,4

2002 EDP 5,4 5,2 3,1 5,6 5,3 5,0 5,7 5,1

12% 16% 17% 10% 12% 20% 12% 18%

Source: d’après Unedic

En termes d’évolution, la situation est plus préoccupante : on observe globalement un décrochage de l’évolution de ce type d’emploi, au fil des années, par rapport à ce que l’on observe en province en général (graphique 27). Ce décrochage s’affirme après 1998, au moment où la croissance macroéconomique revenue tend à légèrement accélérer la variation de ce type d’emploi au niveau national.

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Le taux de variation de l’emploi domestique pur de l’Axe est finalement le même, 12%, que celui de l’Ile de France, dont on sait qu’il constitue une préoccupation importante dans cette région... et cela dans le contexte d’un territoire, on l’a vu, à forte progression démographique ! Les deux seules zones qui enregistrent une meilleure performance sont celles de Blois et plus encore Amboise, qui, sans être celles dans lesquelles la population a le plus augmenté (c’est dans la zone d’emploi d’Orléans que la population a le plus cru entre 1990 et 1999) sont celles dont on a relevé les plus forts taux de présence. Pour autant, elles ne parviennent pas à égaler le taux de 20% enregistré globalement en province. Graphique 27 : les emplois salariés privés domestiques pur dans l’Axe ligérien. 1993-2002 Salariés domestique pur (en indice) 140 135 130 125

Axe ligérien Indre-et-Loire Province Ile de France France

120 115 110 105 100 95 90 1993

1995

1997

1999

2001

Source: d’après Unedic

On ne dispose, encore, que de peu d’éléments conceptuels et statistiques pour analyser et comprendre les jeux et les enjeux de la consommation sur les territoires. On peut cependant penser qu’ils recouvrent largement les enjeux de création d’emploi en faveur des populations actives les moins qualifiées. L’apparent et croissant déficit de consommation de l’ensemble de l’Axe –l’évasion des achats vers l’Ile de France ?- apparaît à l’observation de la trace qu’en serait la faible dynamique de création d’emplois domestiques. Il conviendrait d’étudier de façon plus approfondie ce phénomène, afin d’en vérifier la validité et surtout les impacts sur le développement social de ces territoires. Finalement... des disparités socio-spatiales de revenu se réduisant au sein d’un Axe ligérien moins riche La diversité des bases économiques permettent aux différents espaces de trouver des formes de développement différenciées au sein de l’Axe ligérien. On est revenu à plusieurs reprises sur la question que cela posait en termes de constitution d’un espace métropolitain. Une autre question est celle de la convergence ou de la divergence du « fondamental » du développement qu’est le revenu des ménages. Les différenciations tendent-elles à disperser ou rapprocher leurs profils sociaux ? Le fait qu’il y a de plus en plus de cadres ici et de plus en plus de retraités ou de navetteurs là soude-t-il ou fragmente-t-il l’Axe ligérien ? Le tableau 28 et le graphique 29 répondent à la question de façon ambiguë. En effet, comme le montre le graphique, la convergence des revenus par habitants, entre 1990 et 2000 a été rapide, les zones connaissant une croissance de leur revenu d’autant plus forte qu’il était bas

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en début de période... tout cela dans un contexte de déclin relatif du revenu par habitant de l’Axe. La première chose frappante tient à la réduction de l’indice de revenu des deux zones de Tours et plus encore d’Orléans. On assiste bien ici à une sorte de découplage entre performance économique et élévation du niveau de vie des habitants. La zone d’Orléans, plus industrieuse, plus jeune, plus métropolitaine que l’Axe dans son ensemble, attirant plus d’habitants que les autres se retrouve finalement à voir son indice de revenu –qui reste certes élevé- s’infléchir plus rapidement que celui de la zone de Tours –certes moins riche- qui connaît les problèmes économiques que l’on a soulevés plus haut, mais plus qui est « protégée » par le fait qu’elle est plus âgée et plus publique ! La zone de Blois, la deuxième plus riche au départ, paye ses difficultés économiques et se retrouve au troisième rang avec une perte de 6 points d’indice en 10 ans. La gagnante est évidemment la zone d’Amboise, dont on a vu qu’elle bénéficiait de bases « productivorésidentielles » différenciées et dynamiques, et qui passe la barre de l’indice 100 en gagnant trois points d’indice. Tableau 28 : Evolution du revenu par habitant des zones de l’Axe ligérien. 1990-2000

ZE Orléans ZE Blois ZE Amboise ZE Tours Axe ligérien Province Ile de France France

Rev/hab 1990 Rev/hab 1995 Rev/hab 1998 Rev/hab 2000 (En indice. (En indice. (En indice. (En indice. Province Province Province Province =100) =100) =100) =100) 118 117 116 114 112 110 108 106 99 102 101 102 109 110 108 107 112 112 110 109 100 100 100 100 154 147 147 151 110 109 109 109 Source : d’après DGI

Graphique 29 : La relation entre l’évolution du revenu par habitant des zones de l’Axe ligérien et ce revenu en début de période. 1990-2000 20%

18%

16% rev/hab 1990-2000 Axe Ligérien

14%

12%

10% Rev/hab 1990 8% 6 500

7 000

7 500

8 000

Source : d’après DGI

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On observe ainsi une forte convergence, une harmonisation sociale entre des zones dont on a vu plus haut que, sur la plupart des indicateurs, elles avaient tendance à diverger ou à se différencier. Pour autant le jeu n’est pas ici à somme positive. Globalement l’indice de revenu de l’Axe ligérien, comparé à la province, perd trois points sur la période. Le gâteau se partage mieux, mais grossit moins qu’ailleurs en France. Rien d’étonnant à cela, au vu des éléments analysés plus haut : « bout à bout », ces quatre zones qui n’en font pas encore une, enregistrent une performance globale médiocre : évolution moins favorable que la Province en ce qui concerne la création d’emplois salariés privés, une présence de cadres dans la population active inférieure à la moyenne nationale, une augmentation de leur nombre à peine égale à la moyenne nationale, un solde migratoire des cadres légèrement négatif (plus de cadres quittent l’Axe qu’il n’y en a qui y viennent s’installer), en dépit de l’offre résidentielle orléanaise pour les cadres employés en Ile de France. Un territoire, enfin, qui semble, globalement, cumuler les inconvénients de la métropolisation - faible part des retraites dans le revenu, faible fréquentation touristique, faible « présence » - sans en avoir ni les caractéristiques ni les avantages.

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