Dossier "Réseaux sociaux : faites-vous bien voir !"

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n°35 novembre 2010

RÉSEAUX SOCIAUX : faites-vous bien voir ! Laurent Clementz, directeur associé People Centric

8 INDUSTRIE Aérowatt a le vent en poupe

12 SERVICES Les Balnéades : encore plus de bien-être

13 DÉVELOPPEMENT DURABLE Lyovel Sema, entreprise écocitoyenne


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Rodolphe Champagne, responsable communication Groupe Mr.Bricolage

RÉSEAUX SOCIAUX : faites-vous bien voir ! INVESTIR SUR LE POTENTIEL DE L’INTERNET COLLABORATIF ET DES RÉSEAUX SOCIAUX EN LIGNE : NOMBREUX SONT LES DIRIGEANTS QUI N’Y CROIENT PAS ENCORE. POURTANT, LES POSSIBILITÉS DE DOPER LA COMPÉTITIVITÉ DE SON ENTREPRISE EN S’APPUYANT SUR CES VECTEURS SEMBLENT INFINIES. RETOMBÉES COMMERCIALES, CONQUÊTE ET FIDÉLISATION DE CLIENTS, IMPLICATION DES PARTENAIRES, DE SES COLLABORATEURS, RECRUTEMENT, CAPITALISATION DE SAVOIRS, ACTIONS DE LOBBYING… QU’ILS EN AIENT FAIT LEUR CŒUR DE MÉTIER OU QU’ILS EN PRÔNENT UNE UTILISATION BIEN CIBLÉE, LES INTERVIEWÉS DE CE DOSSIER SONT TOUS UNANIMES : LE WEB 2.0 EST INCONTOURNABLE !

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ublier les menus de son restaurant et des photos de ses plats sur une « page pro » Facebook, « twitter » les rendez-vous les plus intéressants de son agenda, partager son expertise en matière de valorisation des déchets en entreprise sur une plateforme collaborative ou encore organiser un recrutement de candidats efficace via Internet : ces quelques exemples illustrent, à des degrés différents,

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quelques usages professionnels possibles des réseaux sociaux numériques et de l’Internet collaboratif (ou web 2.0). En effet, grâce à eux, les entreprises peuvent communiquer, recruter, collaborer, partager l’information, les expériences, les bonnes pratiques, capitaliser le savoir, stimuler l’innovation, débrider la créativité et bien entendu, faire du business… Un potentiel si vaste que la question posée par

L’express.fr le 19 août dernier - « Faut-il interdire Internet dans les entreprises ? » - paraît pour le moins incongrue. Et même complètement révolue pour la génération Y, ces « enfants du Net » nés entre la fin des années 70 et le milieu des années 90, pour qui l’utilisation des réseaux sociaux, sur leur temps de travail, est aussi naturel (voire plus) que de décrocher le téléphone. Perçus comme un véritable outil de travail, 35 novembre 2010


les réseaux sociaux ont notamment pour ces salariés une double vocation : répondre à des problématiques professionnelles quotidiennes (une question à résoudre, de la veille…) et communiquer autour de la marque de leur entreprise. De plus en plus enclines à tolérer ces pratiques, les entreprises prônent toutes un usage raisonnable du web. Certaines le réglementent avec des chartes de « bonne utilisation », d’autres pas. À la CCI du Loiret, dont les 115 collaborateurs ont été incités à utiliser ces nouveaux outils, Bruno Jacquemin, son directeur général, a parié sur l’autorégulation. « Chacun les a expérimentés à des degrés divers, selon les générations, les pratiques et les expériences : l’entreprise est un microcosme de la société. Les collaborateurs se sont appropriés ces outils, comme l’Intranet, un accès libre à Internet… je me réjouis de voir que nous avons atteint une maturité et un savoir-vivre suffisants pour nous autoréguler, sans avoir à les revendiquer du bas ni à les imposer du haut ». Au regard d’une récente étude menée par l’Acfci (Assemblée française des chambres de commerce et d’industrie) auprès du réseau consulaire, la présence de la CCI du Loiret sur les réseaux sociaux numériques apparaît plutôt développée : une page, un profil et un groupe Facebook (à l’instar d’un quart des CCI), un hub Viadeo dédié et un compte Twitter (comme un cinquième des CCI), un blog du président, mais aussi une page Netvibes et de nombreuses productions publiées sous Issuu (des Pdf transformés en livres nu mériques) ou encore Slideshare (partage de documents professionnels). Une présence active que Bruno Jacquemin explique (lire encadré p. 22) par la nécessité pour une CCI, face à l’explosion des réseaux sociaux numériques et leurs répercussions sur les organisations et les individus, « d’essayer de comprendre le phénomène en s’y impliquant, puis en le décryptant et en partageant les expériences dans ce domaine ».

Les TPE et les PME, cibles prioritaires Si presque toutes les entreprises françaises d’au moins 10 salariés sont connectées à Internet, moins d’une entrenovembre 2010

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prise sur deux a par exemple informatisé la gestion de ses commandes, seule une sur trois l’a intégrée au sein d’un progiciel de gestion intégrée et seulement 14 % d’entre elles utilisent un progiciel de gestion de la relation client (1). Selon un rapport 2007 de la Commission européenne, les technologies de l’information et de la communication (TIC) ont contribué pour près de 50 % à la croissance de productivité de l’Union Européenne entre 2000 et 2004. La France, avec 5,6 % de son PIB

produit par ce secteur, ne se place qu’au 10 ème rang européen (en tête l’Irlande avec 12,4 % du PIB, puis la Finlande avec 10 % et la République tchèque 9,8 %). Et si l’économie numérique reste le principal facteur de gain de compétitivité des économies développées, la prise de conscience reste très… progressive. Selon une enquête menée par la CCI du Loiret en avril 2009 auprès d’un échantillon de 150 dirigeants du département, ils étaient près de 13 % à utiliser les réseaux sociaux

Mr.Bricolage, une stratégie web solide Lorsqu’il prend les rênes de la communication du Groupe Mr.Bricolage début 2009, Rodolphe Champagne se voit investi de plusieurs missions, dont le développement de la communication web du n° 3 français du bricolage. L’enjeu est de taille : coté en bourse, le Groupe dirigé par Jean-François Boucher (340 salariés au siège de La Chapelle-Saint-Mesmin, 12 000 pour l’ensemble du Groupe) affiche un CA de 2,2 Mds € et compte avec ses enseignes Briconautes et Catena 600 magasins en France, 51 à l’étranger. Autant de cibles multiples (actionnaires, investisseurs potentiels, clients, journalistes…) à nourrir d’informations. « Nous avons lancé simultanément en octobre 2009 un site Internet institutionnel, un blog et une page Facebook » énumère-t-il. Leur point commun ? Une très grande interactivité, des outils 3D, beaucoup de vidéos. « Nous sommes sans doute le seul groupe coté en bourse dans lequel les membres du comité exécutif s’expriment en vidéo » avance-t-il. Ouverture, transparence… des valeurs déclinées sur tous les supports web. Avec le blog, « monté en moins de six mois », l’enseigne fait son entrée dans l’univers de la vente en ligne (sélection de produits design, possibilité de vote des internautes, mais aussi des news…). Un blog que l’on retrouve sous forme de page Facebook, à côté de la page officielle Mr.Bricolage et celle d’« ElyseMrBricolage » (tenue par une salariée du service communication). L’ensemble des flux est relayé sur Twitter et sous Friendfeed. « Entre deux nous avons développé le site client, avec pour crédo le conseil et la proximité sur le terrain ». Un résultat très professionnel – une webtv avec journalistes et chroniqueurs renommés, comme Lætitia Nallet ou Philippe Colignon, 100 fiches conseil en vidéo… – pensé pour des « néobricoleurs(leuses) ». En attendant de déployer des écrans tactiles diffusant la webtv en magasin, Rodolphe Champagne souligne que si tout est « en constante amélioration », la démarche est englobée dans un plan à trois ans. Tout a donc été anticipé, de la dimension internationale (un système de gestion de contenu prévu en anglais dès le départ) aux compatibilités IPhone et IPads… www.mrbricolage.com www.mrbricolage.fr www.design.mr-bricolage.fr

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La valeur ajoutée des TIC ? Les réseaux sociaux !

Boîte@Media, créateur de visibilité « Il faut savoir à qui l’on parle, sur quel média et sur quel ton » prévient d’emblée David Bedouet, dirigeant de Boîte@Media et président de la Webschool Orléans. L’entreprise de Saint-Jean-de-la-Ruelle, spécialisée en communication web (création, administration et maintenance de sites, référencement naturel et indirect, conseil, formation) aide ses clients à optimiser leur présence sur le web y compris grâce aux réseaux sociaux. Ce qu’ils peuvent en attendre ? Une communication directe avec leurs partenaires, leurs salariés, leurs clients, leurs prestataires… Augmenter la visibilité des entreprises et générer du trafic vers leur site Internet, ce sont à ces priorités que Boîte@Media travaille. « Sur une page professionnelle Facebook, l’idée sera de diffuser son expertise et son savoir-faire auprès d’un maximum de personnes, qui pourront à leur tour relayer l’information auprès de leurs contacts ». Effet boule de neige garanti. Autre intérêt d’une présence sur Facebook ou Twitter, notamment pour les entreprises du e-commerce : générer du trafic indépendamment du système de référencement de Google et qui plus est, du trafic qualifié : « quand l’internaute n’arrive pas sur votre site par hasard, mais parce qu’il a volontairement cliqué sur le lien, alors vous augmentez votre potentiel de vente » explique-t-il. Dernière opération réussie : un relooking complet sur les plans visuel et éditorial, en collaboration avec l’agence SoolDesign, du CJF Fleury Handball. Site rénové, création d’un compte Twitter, présence accrue sur Facebook (+ 300 fans en un mois), interconnexion avec les acteurs locaux et nationaux. « On peut le dupliquer sur n’importe quel secteur » affirme le chef d’entreprise. Il combine luimême principalement plusieurs outils pour la promotion de son entreprise : un site Internet, un blog et deux profils professionnels sur Facebook, relayés sur un compte Twitter. Une démultiplication des supports pas forcément chronophage : « il est possible d’automatiser certaines actions pour qu’une seule et même publication soit dupliquée sur plusieurs vecteurs différents ». www.boite-a-media.fr http://blog.boite-a-media.fr

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David Bedouet, fondateur de Boîte@Media

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Pour accélérer l’intégration des TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) dans les entreprises, un plan national de développement de l’économie numérique a été lancé en 2008. Parmi les préconisations pour hisser le pays au rang de « puissance » numérique à l’horizon 2012 : poursuivre le déploiement du très haut débit, soutenir la création d’entreprises dans le secteur des TIC mais aussi diffuser ces technologies dans les TPE et PME. Plus d’obstacle désormais à l’informatisation et à la maîtrise du b.a-ba : le programme gouvernemental « Passeport pour l’économie numérique », relayé dans le département par la CCI du Loiret et reconduit jusqu’en 2011, permet aux dirigeants de TPE d’assister à des modules gratuits d’initiation aux fondamentaux et de bénéficier de conditions préférentielles pour l’achat de matériel et logiciels (près de 450 « passeports » délivrés dans le Loiret ce jour). Une fois ces freins -facilement- levés, le chef d’entreprise aura vite intégré quel peut être le premier bénéfice de l’informatisation : le gain de temps. Ainsi, après l’automatisation des tâches sans valeur ajoutée, l’informatisation de la gestion des opérations courantes, la dématérialisation des procédures administratives, il pourra s’atteler à ce qui fait la vraie valeur ajoutée des TIC : l’utilisation d’outils collaboratifs et l’investissement sur les réseaux sociaux.

type Facebook ou Viadeo, mais seulement 4 % dans un cadre professionnel. En revanche, la plateforme collaborative Loiret Ecobiz déployée par la CCI du Loiret fin 2008 dénombre aujourd’hui 6 800 adhésions autour de dix communautés thématiques (2) et huit commu nau tés hébergées (3). Un outil en ligne à l’attention des chefs d’entreprises et des acteurs économiques du département, destiné à stimuler le partage d’expériences, de 35 novembre 2010


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MonRéseauBusiness-Centre surfe sur la proximité Demander à Lucie Brasseur de s’exprimer sur les vertus des réseaux sociaux ? C’est avancer en terrain conquis chez cette jeune chef d’entreprise qui ne cesse de marteler qu’ils incarnent non pas l’avenir, mais le présent ! La webtv économique régionale créée il y a quatre ans et basée à Saint-Jean-de-Braye (un talk-show hebdomadaire diffusé en streaming) a trouvé sa déclinaison en mars 2010 dans la presse écrite avec le bimensuel Twideco news. La dirigeante a par ailleurs donné le coup d’envoi de la 2ème édition du concours Créador : ouvert aux créateurs et repreneurs de la Région Centre, ce sont les candidats eux-mêmes qui décuplent leurs chances de devenir lauréat en appelant leurs réseaux à voter pour eux en ligne. Début septembre, Lucie Brasseur a aussi lancé avec la société tourangelle Wom’up (lauréat du premier Créador) MonRéseauBusiness Centre. « Ce réseau cible tous ceux qui travaillent en Région Centre, l’ensemble du monde économique. Bien sûr il est orienté BtoB, mais il s’adresse aussi aux dircoms, aux DAF [directeurs administratifs et financiers], aux chargés d’affaires… aux multinationales comme aux TPE » décrypte-t-elle. Il a pour objectif de « développer des savoirs communs, partager des informations et créer des espaces d’échanges ». Si la plateforme compte déjà parmi ses membres le CJD Tours, Lucie Lucie Brasseur, fondatrice de Twideco Brasseur voudrait convaincre d’autres réseaux professionnels de venir y créer leur groupe de discussion. Ce qu’ils pourraient y faire ? « Chercher des locaux à louer, vérifier la date de la prochaine assemblée plénière, trouver un emploi pour un conjoint qui suit son époux muté… » énumère-t-elle. Avec une vingtaine de groupes dont le plus étoffé (Twideco) totalise à ce jour une soixantaine de membres, MonRéseauBusiness Centre parie sur « la proximité géographique et des centres d’intérêts communs ». Et vise le cap des 2 000 inscrits à la fin de l’année. www.twideco.tv www.monreseaubusiness.com www.creador.fr

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bonnes pratiques, à générer du business, avec des prolongements sous formes d’ateliers, de conférences, de visites, de rencontres. Cette propension croissante à utiliser Internet de manière interactive, David Bedouet, dirigeant et fondateur de Boite@Media (Saint-Jean-de-la-Ruelle), spécialisée dans la communication web, l’observe également. « À côté de la création de sites Internet traditionnels, j’enregistre des demandes de plus en plus fréquentes pour la création et l’administration de comptes Facebook professionnels ». Alors que sur Internet, les conseils aux néophytes pullulent (Les sept règles d’or pour animer une page de marque sur Facebook, Bâtir une stratégie de marque sur les réseaux sociaux, Comment évaluer la pertinence d’un blog professionnel ?...), il existe localement un moyen simple, gratuit, souple et ludique pour se mettre le pied à l’étrier : fréquenter la Webschool Orléans. Dans cet atelier du numérique précurseur (qui a inspiré la création de nombreuses Webschools en France), experts et passionnés transmettent bénévolement leur savoir tous les 3èmes mardi de chaque mois autour de thématiques en lien avec « les nouveaux usages et pratiques du web et du 2.0 ».

Une efficacité redoutable Rodolphe Champagne, responsable communication du Groupe Mr Bricolage l’affirme : « aujourd’hui, un simple site Internet ne suffit plus. Il faut créer un ensemble de planètes interconnectées sur le web, de façon à multiplier les portes d’entrées ». Ce qu’on peut conseiller aux chefs d’entreprises qui ont envie d’être présents sur les réseaux sociaux en ligne ? Lucie Brasseur, fondatrice de la webtv économique régionale Twideco, se veut encourageante : « Il faut être acteur, participer… bien sûr il est plus efficace de cibler ses réseaux, par exemple sur LinkedIn pour un développement à l’international ou Viadeo pour des perspectives de recrutement, mais on peut très bien commencer en allant sur Facebook pour prendre ses marques ». David Bedouet, lui, insiste sur la structuration de la démarche : « une présence professionnelle sur les réseaux sociaux passe par une stratégie, la mise à plat d’objectifs ainsi qu’une évaluation avec retours 35 novembre 2010


People Centric, le recrutement IT nouvelle génération La genèse de People Centric ? « Nous sommes une spin-off née de la volonté de la SSII orléanaise Pentalog de dupliquer ses propres process en matière de recrutement auprès de nouveaux clients » plante Laurent Clementz, directeur associé de la structure spécialisée dans le recrutement de compétences informatiques. Au total, au sein de People Centric Roumanie et de sa filiale française, ce sont 20 salariés « tous polyglottes et avec un background IT » qui recrutent des compétences informatiques majoritairement pour des SSII et dans une moindre proportion pour des éditeurs de logiciels et des plateformes d’e-commerce à des postes fonctionnels, commerciaux, de développement et de R&D. La carte maîtresse de People Centric, c’est indéniablement les outils innovants qu’elle a développés. « Nous sommes arrivés avec des idées nouvelles sur un marché mature en France - on dénombre des dizaines de cabinets de recrutement informatique pour environ 700 000 informaticiens – et encore assez archaïque » précise le dirigeant. Exit les échanges de mails froids et fastidieux, les appels téléphoniques aux assistants de DRH, auxquels le cabinet de recrutement a substitué des services novateurs. C’est ainsi tout le circuit de recrutement (recherche et évaluation de candidats, échanges d’informations sur les profils et compétences, interaction directe entre consultants et candidats…) que l’entreprise a repensé sous forme d’un extranet de gestion des compétences, accessible à ses clients et collaboratif. Autre idée révolutionnaire : une plateforme de tests gratuite en ligne. Si chaque poste à pourvoir est systématiquement relié au(x) test(s) correspondant(s), elle reste ouverte à tous. « 10 personnes s’y évaluent toutes les heures. Bien sûr la plateforme contribue à doper notre notoriété mais elle nous sert aussi à repérer de bons profils » confie Laurent Clementz. Présente sur Viadeo, LinkedIn, un peu moins sur Facebook et Twitter pour des raisons de cible, People Centric revendique deux sources de contacts principales pour faire du business, et rapidement : « la recommandation via les réseaux personnels, non numériques, et les réseaux sociaux ». Démarche payante : les prévisions de CA généré, pour l’instant confidentielles, se comptent déjà en plusieurs centaines de milliers d’euros. www.people-centric.fr blog.people-centric.fr Retrouvez-les aussi sur :

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sur investissement. Sans stratégie, pas de résultat ». En effet, lorsqu’on en maîtrise bien les codes et les rouages, l’efficacité des réseaux sociaux peut se révéler redoutable. Sollicité pour rendre service à une institution régionale dans le cadre d’un recrutement, Fabien Prêtre, dirigeant d’Oxyneo (régie marketing et communication web basée à Saint-Pryvé-Saint-Mesmin) a lancé en septembre via ses comptes Twitter et Facebook une annonce pour la recherche d’un Community Manager. Dans novembre 2010

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les minutes qui suivent, le chef d’entreprise reçoit cinq CV (« dont celui d’un community manager renommé »), puis une quinzaine en quelques jours, puis d’autres, l’information ayant été « retwittée » (traduisez : relayée à nouveau par d’autres comptes Twitter). « L’Estacom a aussi rebondi sur ce twitt en me téléphonant pour proposer les profils de ses élèves » souligne Fabien Prêtre, en pointant le côté fulgurant et qualitatif de cette opération de recrutement atypique. Des réseaux

Laurent Clementz, directeur associé People Centric

sociaux capables de générer du business, le cabinet People Centric, spécialisé dans le recrutement de compétences informatiques, le vérifie chaque jour. « C’est pour nous le nouveau moyen de faire des affaires, de signer des contrats de recrutement et d’entrer rapidement en contact avec des décideurs » constate son directeur associé, Laurent Clementz. Ces réseaux, il les dépeint comme « un moyen non intrusif de créer des liens, plus ou moins lâches, qui peuvent se renouer le moment opportun. 21


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Une CCI curieuse et pédagogue Comment appréhender l’irruption du web 2.0 et des réseaux sociaux en ligne, issus de la sphère privée, dans l’organisation des entreprises ? Cette question, la CCI du Loiret l’a prise à bras-le-corps dès 2005. « Le web 2.0, avec son cortège de nouveaux outils et nouvelles pratiques, a provoqué un bouleversement des comportements d’une telle ampleur qu’en tant que CCI, dans notre rôle de « vigie » des entreprises, nous nous devions d’essayer de comprendre ». Et pour comprendre, pas d’autre issue que de s’y plonger. « Non seulement la CCI du Loiret est curieuse, mais sa vocation est d’expliquer aux entreprises, de les sensibiliser, de partager, de valoriser les témoignages sur ce phénomène ». Accompagnement du dispositif gouvernemental « Passeport pour l’économie numérique », déploiement du réseau Ecobiz, soutien à la très interactive Webschool, accueil et organisation des Assises du numérique à Orléans en juin 2008 : la CCIL s’est fortement mobilisée pour la promotion des technologies numériques. Comme le rappelle le directeur général, la force de la plateforme Ecobiz « créée avant Facebook et Viadeo, c’est que nous ne l’avons pas pensée comme un seul réseau social virtuel, mais dans l’optique d’une démarche fédérant des personnes volontaires pour se connaître et partager sur un territoire dédié ». À la question de savoir comment un chef d’entreprise peut opérer un choix face à une offre de réseaux sociaux de plus en plus dense et diversifiée, Bruno Jacquemin répond simplement : « on sait que l’investissement dans les réseaux sociaux peut être chronophage et que la capacité d’attention de chacun n’est pas démultipliable à l’infini. Il faut donc s’orienter vers ceux qui leur conviennent le mieux ». En intégrant cette nouvelle tendance : une complémentarité croissante avec « plus d’interopérabilité et d’interconnexions ».

Bruno Jacquemin, directeur général de la CCI du Loiret

Et aussi sur : www.loiret.cci.fr http://www.netvibes.com/cci-du-loiret

Si j’entre en relation par Viadeo avec un fournisseur que j’ai repéré, ce n’est pas forcément pour signer l’affaire immédiatement. Je le fais entrer dans mon écosystème et je vais ainsi pouvoir me faire, à mon gré, une opinion sur l’entreprise et ses hommes, avant même qu’un deal ne soit fait ». Un exemple concret de signature de contrat facilitée grâce aux réseaux sociaux ? « Une affaire conclue en deux heures ! Le prospect, avec qui 22

j’avais échangé il y a six mois sur Internet, savait tout de People Centric ». Un succès que le chef d’entreprise a aussitôt salué sur son profil Facebook d’un « Je me régale. Merci les réseaux sociaux ». Car la transparence, c’est aussi la règle pour People Centric : un site web qui diffuse entre autres ses prix, le détail de ses process, la photo et le profil de ses collaborateurs, beaucoup de vidéos, et un blog très actif. Une transparence bien réelle :

Laurent Clementz s’est aussi fait l’écho, sur ce même profil, du mécontentement d’un développeur Senior après le mauvais score obtenu à son évaluation en ligne sur la plateforme People Centric, et annonçait que l’entreprise allait « enquêter ». Même souci de vérité dans la communication web du Groupe Mr Bricolage, dont les vidéos de « portraits métiers » en ligne sur le site institutionnel ont été tournées avec de vrais vendeurs du groupe, sans 35 novembre 2010


casting ni consigne préalable. « Quand on triche sur le web, qu’on essaye d’enjoliver la réalité, cela se voit. Les internautes ne sont pas dupes, ils ont les moyens de vérifier et de comparer » prévient Rodolphe Champagne. Qui plus est, les internautes ont désormais le moyen de s’exprimer et c’est justement le pouvoir que leur offre le web 2.0 : non plus réduits à de simples consommateurs, ils deviennent producteurs d’informations. Pour Laurent Clementz, les réseaux sociaux peuvent aussi influer sur les critères de choix d’un prestataire ou d’un partenaire. « Avant, on aurait davantage été vigilant sur l’assise financière d’une entreprise ou sur la qualité de ses plaquettes de communication… aujourd’hui, grâce aux réseaux sociaux, c’est le contenu qui prime ». Pour la prospection commerciale aussi, y compris à l’international, l’économie numérique fait ses preuves. C’est ainsi que People Centric a signé un contrat non prévu à Barcelone, « malgré la distance et malgré la langue », et sans commercial dédié la zone.

en moins de 30 minutes à la sollicitation de la CCI du Loiret. Sans compter l’impact favorable de cette connaissance virtuelle préalable sur la qualité de la rencontre « réelle ». Comme l’a déclaré un jour Alain Bosetti, président du Salon des microentreprises et de Place des réseaux, lors d’une manifestation Ecobiz, se priver de la dynamique des réseaux sociaux, c’est tout simplement « perdre du temps, des opportunités et le plaisir d’échanger avec des gens ». Maintenant, vous savez. (1) Insee Première N° 1184 - avril 2008 (2) Performance industrielle, Créateursrepreneurs, Nouveaux entrepreneurs, Prestataires de services, RH et Management, Environnement, Logistique, CommercialMarketing, Mobilité et déplacements, Innovation. (3) Grand Maillage, GEZI, GEP45, Réseau des entreprises MSP, ANDRH, Entreprendre et réussir45, Portes de Sologne, Portes d’Orléans Nord.

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Maîtriser son identité numérique Question concomitante à une présence professionnelle sur les réseaux sociaux, celle de la gestion de son identité numérique. Lucie Brasseur préconise la prudence : « On peut intégrer quelques éléments de sa vie personnelle pour « humaniser » son profil Facebook par exemple, mais il faut toujours mesurer les répercussions de ce que l’on va publier ». Même analyse pour David Bedouet, qui conseille une « nonchalance calculée » à ceux qui refuseraient une utilisation trop conformiste de Facebook. Rodolphe Champagne, dont le profil Facebook à son nom reste malgré tout exclusivement à vocation professionnelle, enseigne le principe suivant à ses étudiants en Master Finance Comptabilité Contrôle Audit et Master Marketing du Produit : « Lorsque vous publiez une information sur Facebook, gardez à l’esprit que c’est comme si vous l’affichiez en 4x3. Une fois qu’on sait cela, on peut ouvrir sa bulle comme on le souhaite ». Les médias sociaux jouent un formidable rôle d’accélérateur, y compris dans les relations avec la presse. Trois des interviewés de ce dossier (jamais rencontrés auparavant) contactés via Facebook, ont répondu par l’affirmative novembre 2010

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LEXIQUE Facebook : réseau social numérique créé en 2004 aux Etats-Unis destiné à mettre en relation des personnes proches ou inconnues (1/2 milliard d’utilisateurs actifs selon Facebook). www.facebook.com Viadeo : réseau social professionnel lancé initialement en France destiné à augmenter les opportunités de business et de carrière (plus de 30 millions de membres dans le monde selon Viadeo). www.viadeo.com Twitter : outil de réseau social et de microblogging qui permet à l’utilisateur d’envoyer gratuitement en temps réel des messages brefs, appelés tweets (« gazouillis »), par Internet, par messagerie instantanée ou par SMS. www.twitter.com

LinkedIn : service en ligne qui permet d’optimiser son réseau professionnel (nouvelles opportunités de carrière, de business, conseils d’experts) qui revendique plus de 80 millions de membres dans le monde. www.linkedin.com Friendfeed : service qui permet de partager en ligne un flux instantané et personnalisé, composé du contenu partagé par vos contacts. www.friendfeed.com Issuu : plateforme de numérisation de catalogues, magazines…. www.issuu.com Slideshare : outil de partage en ligne de présentations, documents et vidéos professionnels. www.slideshare.net

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