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où en est le chantier ? n
JULIE MEUNIER « LES FRANJYNES, POUR MOI C'EST BIEN PLUS QU'UNE ENTREPRISE »
n RENCONTRE. LA JEUNE FONDATRICE DE LA MARQUE NIÇOISE A REMPORTÉ LE TROPHÉE FEMME DE L’ÉCONOMIE 2020 DANS LA CATÉGORIE INNOVATION SOCIALE. FOCUS SUR UNE RÉUSSITE 100 % AZURÉENNE.
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© DR Elle a déjà douze magnifiques trophées récompensant son parcours d'entrepreneuse sur son étagère. Une impressionnante moisson de succès qui n'est pas le fruit du hasard. Depuis la création de son entreprise - il y aura quatre ans en mars prochain – Julie Meunier a gagné presque tous les concours qu’elle a présenté. Douze donc, sur quinze pour être précis. Les derniers en date ? En septembre, elle est lauréate nationale dans la catégorie "Santé" du concours La Tribune Events, #10000 startups pour changer le monde. Puis en octobre, elle remporte le trophée Femme de l’Economie dans la catégorie Innovation Sociale. Julie a donc de quoi être fière. « Il faut bien le dire, je suis hyper heureuse à chaque fois que je reçois un trophée ! Cela prouve que d'autres croient en mon projet autant que moi : ça donne des ailes et envie d’aller toujours plus loin. Mais de toutes façons, je suis pugnace et je ne lâche jamais l’affaire. » Pugnace, Julie l’est d’autant plus depuis ce jour où lui a été diagnostiqué un cancer très agressif. Il y a presque cinq ans : « J’avais vingt-sept ans. Ce cancer m’a valu dix-huit mois de traitement, vingt-quatre chimiothérapies, deux opérations, quarante séances de radiothérapie, cinq ans d’hormonothérapie…»
Faire d'un coup dur un déclic positif... Mais loin de l’abattre, cette maladie va être pour Julie Meunier l'opportunité de se donner de nouveaux horizons professionnels. « Pourquoi ? Parce qu'elle m’a fait réaliser que la vie pouvait s’arrêter du jour au lendemain. D'un coup, j’ai compris qu’il était temps que je vive la vie que je rêvais d’avoir. » Elle se lance dans l’entreprenariat : « À l’époque j’étais juriste en droit immobilier, salariée. Pour moi, partir dans l’aventure de l’entreprise était soit réservé à une élite... Soit à des fous furieux ! » Elle fonce bille en tête, suit une formation dans un organisme spécialisé, « parce qu’on ne naît pas chef d’entreprise, on le devient » précise t-elle. Et reste fidèle à son mantra, une phrase de Philippe Croizon : "L’impossible n’existe pas, car dans impossible il y a le mot possible."
À la base de son projet, une idée simple. Ou plutôt, un accessoire... « Durant mon traitement, comme je ne supportais pas les perruques, j’ai commencé à porter un turban autour de la tête, comme beaucoup de femmes dans le même cas. Mais j’ai trouvé que mettre des turbans quand il n’y a pas de cheveux qui dépassent... C’est stigmatisant. On identifie de suite un problème médical grave. J’ai donc bidouillé un système de fausses franges, pour qu’elles tiennent sur ma tête. » Les Franjynes venaient de naître. Son concept ? « Proposer une alternative à la perruque pour les femmes, mais aussi les petites filles ou les hommes touchés par une perte totale des cheveux, dûe à un accident de la vie ou une maladie comme un cancer. J'ai voulu les aider à s’approprier une identité qui leur corresponde, qui leur plait et leur permet de sortir la tête haute et aussi, d'affronter les traitements avec un supplément de sérénité». Pour financer son projet, elle aura recours au crowdfunding, faute de banques confiantes en son business model. « J’ai monté mon projet pendant l’été 2016 et lancé le crowdfunding à l’automne. En quarante-cinq jours, nous avons récolté trente-cinq mille euros avec mille contributeurs ». Et le 22 juin 2017 ouvrait officiellement le site internet de vente en ligne : « Parce que le digital était la solution la plus efficace pour toucher le maximum de femmes, où qu’elles se trouvent. »
Le beau parcours des Franjynes commence. Et le succès est instantané : « Depuis le lancement, nous avons aidé plus de 9 000 femmes en France, dans les DOMTOM et au Canada. » Ce qui en termes de ventes pour la jeune entreprise se traduit par 18 000 produits commercialisés. Coté chiffre d’affaires, les indicateurs sont au beau fixe : « Nous avons réalisé un chiffre près des objectifs du business plan, qui prévoyait d‘atteindre 350 000 € de CA au troisième d’exercice. » Aujourd’hui, l’entreprise a grandi et emploie une salariée à temps plein, une à temps partiel, deux commerciales et aussi deux apprentis.
Un produit 100% made in Côte d'Azur. Julie Meunier conserve la main sur le stylisme, le choix des tissus, des matières et des coupes ainsi que la création des prototypes. La production est confiée à un atelier niçois, pour rester 100 % local et valoriser le travail traditionnel fait main. Côté approvisionnement là aussi, l'entreprise innove : « Pour éviter le gaspillage et apporter une touche distinctive à nos produits, nous rachetons des stocks dormants de grandes maisons de coutures ». Autre point différenciant qui permet à Julie Meunier d’inscrire encore plus son entreprise dans une "boucle vertueuse" : « Nous reversons une partie de nos bénéfices à Unicancer, la fédération nationale des centres de lutte contre le cancer, pour soutenir ses projets de recherche. Pour moi, une évidence : j’ai été portée par beaucoup de générosité dès le lancement de mon projet et je tiens à perpétuer cette valeur dans mon parcours d’entrepreneuse. »
Ses projets ? Étoffer la gamme de produits. Sa dernière création, " Frange reverse " a nécessité deux ans de développement : « C'est une frange de cheveux synthétiques haut de gamme, que l'on peut chauffer jusqu'à 190 degrés ! Conçue pour l'arrière de la tête, elle est montée à la main sur un tour de tête en coton biologique extensible. » Julie Meunier a aussi écrit un livre, sorti en janvier dernier. Son titre : " À mes sœurs de combat ". « C'est un recueil de conseils dédiés à toutes celles qui, comme moi, ont du mener le combat de leur vie pour survivre. Il s'adresse aussi aux accompagnants, aux soignants et à tous ceux qui parfois s’interrogent sur la vision des patients et sur le parcours de soins. Pour moi, l’avenir de l’être humain réside dans la solidarité qu’il est capable d’avoir vis-à-vis de son prochain. » n
> en savoir plus : lesfranjynes.com