Antoine découvre le chantier de la cathédrale

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ANTOINE DÉCOUVRE LE CHANTIER DE LA CATHÉDRALE


Ce livret a été réalisé pour les célébrations du Millénaire de la Cathédrale romane de Moûtiers par le Centre Culturel Marius Hudry. Décembre 2015 Reproduction interdite.


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1. L’évêque (le responsable des chrétiens) a décidé de faire reconstruire sa cathédrale (Une cathédrale est l’église de l’évêque. Elle est construite à côté du palais épiscopal où habite l’évêque et du cloître des chanoines qui sont les conseillers de l’évêque et qui se rassemblent pour la prière dans la cathédrale). 2. L’évêque a désigné l’un des chanoines pour le représenter sur le futur chantier. On l’appelle le « chanoine ouvrier ». 3. Le chanoine ouvrier a rencontré un maître architecte pour qu’il vienne diriger le chantier.


Le maître architecte explique à Antoine qu’il va d’abord imaginer dans son esprit la grande cathédrale qui sera construite. Il va, ensuite, en dessiner le plan sur un parchemin. Ce plan sera enfin reproduit, grandeur nature, sur le sol, à l’emplacement des murs qui devront être construits. Mais, avant cela, il faudra que l’architecte rassemble tous les maîtres artisans et les ouvriers et les manœuvres qui vont travailler sur le chantier.


Antoine remarque une grande baguette chez l’architecte. Celui-ci explique que cette baguette s’appelle « une pige ». Elle lui sert à mesurer sur le chantier. Il lui montre qu’il y a cinq parties sur la baguette. La plus petite s’appelle la paume car elle a la même taille que la paume de la main chez un adulte. Vient ensuite la palme qui correspond à la distance entre l'index et le petit doigt tendus. La troisième division est l'empan qui correspond à la distance entre l'auriculaire (petit doigt) et le pouce. Vient ensuite le pied, et enfin, la coudée c’est-à-dire la longueur de l'avant-bras. « Tu vois, dit-il à Antoine, simplement en se servant de notre corps, l’on peut mesurer beaucoup de choses ! ».

La mesure exacte de chaque par e est : la paume : 7,64 cm ; la palme : 12,36 cm ; l'empan : 20 cm ; le pied : 32,36 cm ; la coudée : 52,36 cm. Il est évident que les corps des adultes n’ont pas tous la même taille, c’est donc une moyenne.


Antoine découvre une corde bizarre chez le maître architecte. Les deux extrémités sont attachées et tout au long de la corde, à intervalles réguliers, il y a des nœuds. Antoine prend la corde et il compte les nœuds, il y en a 13. L’architecte lui explique : « C’est la corde à 13 nœuds. Elle a sans doute été inventé il y a des siècles et des siècles en Égypte. Avec cette corde, je peux tracer des figures sur le sol. Je peux aussi expliquer aux tailleurs de pierre certaines figures qu’ils devront reproduire ». L’architecte prend la corde et trois petits piquets, il dit « voici un triangle ». Il ajoute un petit piquet et dessine un carré avec sa corde. Il déplace les piquets et le carré devient un rectangle. Le maître architecte prend six grandes cordes et il dit à Antoine qui n’en croit pas ses yeux : « viens, on va faire une cathédrale ! »


Le chanoine ouvrier explique à Antoine qu’il est très préoccupé. Si l’on veut que le chantier débute rapidement et qu’il avance vite, il faut rassembler beaucoup d’argent. Il faut aussi que certains donnent des matériaux : du bois, du sable, de la chaux. Il faudra aussi que d’autres donnent des journées de travail, gratuitement, pour aider sur le chantier. Antoine est très surpris en voyant les sacs remplis de pièces que lui montre le chanoine ouvrier. Il lui explique que l’évêque qui veut une grande cathédrale a lui-même fait un don très important et, un peu partout, il y a des quêtes qui sont organisées pour récolter d’autres dons.


Le maître architecte explique à Antoine qu’il va falloir de nombreux maîtres artisans, des ouvriers et des manœuvres sur ce chantier. Il doit recruter des tailleurs, des maçons et des gâcheurs. Mais aussi des bûcherons et des charpentiers, des forgerons, des cordiers et des charretiers. Il faudra également de nombreux manœuvres pour tous les travaux qui ne demandent pas une formation particulière.


le chantier avec

De gros blocs de pierre sont extraits de la carrière, ils sont ensuite transportés jusqu’au chantier sur des charriots tirés par des bœufs. Les tailleurs de pierre sont au travail sur leurs marteaux qui ont différentes formes, leurs massettes, broches et ciseaux. Petit à petit l’on voit des formes apparaître. Chaque pierre, une fois taillée est marquée d’un chiffre qui permettra ensuite de les assembler.

Chaque tailleur grave également sa marque pour qu’à la fin de la journée l’on sache combien de pierres il a taillées ; son salaire sera calculé en fonction du nombre de pièces réalisées.


Antoine admire le travail d’un tailleur qui réalise un chapiteau qui sera placé au sommet d’un pilier. Le tailleur de pierre lui a dit qu’il s’appelait Claude, comme le saint patron de sa corporation. Antoine se demande comment il va faire pour réaliser un chapiteau qui soit à la bonne taille ? « Ce n’est pas très compliqué, lui dit Claude, le maitre architecte a tracé exactement le chapiteau qu’il souhaitait. On a alors réalisé, en bois, ce que nous appelons un gabarit, c’est-à-dire un modèle. Lorsque je travaille, j’ai mon gabarit que j’applique régulièrement sur ma pierre pour voir si je respecte le bon tracé et si les dimensions sont bonnes. Si un autre sculpteur doit réaliser un c h ap i te au identique, il prendra à son tour le gabarit qui est conservé dans notre local. »


Le chantier s’anime avec une véritable armée de manœuvres. Ils n’ont pas une tâche fixe, on les emploie en fonction des besoins. Chaque matin ils viennent au moment de l’embauche. Certains d’entre eux donnent gratuitement une journée de travail parce qu’ils sont heureux de contribuer à cette grande réalisation. D’autres, d’une grande pauvreté, sont venus car ils savent que chaque jour le chanoine ouvrier fait cuire un grand chaudron de soupe où chacun peut venir puiser. Pour transporter les pierres, ils travaillent souvent à deux en posant les blocs sur une civière. Mais l’engin qu’Antoine trouve le plus astucieux est la brouette.


Antoine souhaitait comprendre comment l’on peut ainsi assembler toutes ces pierres. Claude l’envoie auprès de maître Pietro. Celuici s’exprime avec un accent q u ’ A n t o i ne n’avait jamais entendu. Le maître maçon lui explique qu’il est Lombard. Comme la plupart de ses compagnons, il est né sur une petite île du lac de Côme en Italie, l’île Comacina. « Chez nous, les hommes, notre profession c’est « muratore » comme l’on dit dans notre langue, c’est-àdire maçon ». Il parle avec nostalgie de son île qu’il a quittée lorsqu’il était encore jeune. Depuis il n’a pas cessé de se déplacer d’un chantier à l’autre.


Pietro aime bien parler de son métier. Il est fier d’être devenu un maître. « L’important c’est de faire un bon mortier. Ce qui est encore plus difficile c’est de réussir un enduit ». Antoine découvre un nouveau monde auquel il ne connaît rien, même les mots employés par Pietro lui paraissent étranges. « Le mortier c’est un mélange de sable, de chaux et d’eau. On le place entre les pierres et il va durcir peu à peu. Alors, les pierres seront collées les unes aux autres ». Pietro explique que le mélange doit toujours respecter la même proportion : deux tiers de sable que l’on appelle la charge et un tiers de chaux que l’on appelle le liant. Ce sont « les gâcheurs » qui sur le chantier préparent le mortier. « L’enduit sert à recouvrir les pierres pour faire un beau mur bien lisse. C’est aussi un mélange de sable, de chaux et d’eau mais avec un sable très fin et de la chaux de la meilleure qualité ». Parmi tous ses outils, Pietro explique à Antoine que le plus précieux est sa truelle sans laquelle le bon maçon ne peut pas travailler. Mais Antoine a encore une question : « c’est quoi de la chaux ? ». « Demain il faut que j’aille aux fours, lui dit Pietro, tu viendras avec moi et tu comprendras ».


Pietro a donc amené Antoine au dehors de la cité, « voilà, c’est ici que travaillent les chaufourniers ». Voici encore un mot que Antoine ne connaît pas. Alors Pietro lui explique. Antoine voit des hommes qui alimente des foyers autour desquels il fait une chaleur intense. Antoine a souvent vu le four à pain de son village, il a également vu le four du potier. Mais ici, c’est différent. Sur le foyer il y a une grosse cheminée d’où la fumée s’échappe. Pietro conduit Antoine un peu plus loin ; des hommes sont affairés à remplir un four. Ils y entassent des pierres. « Faire cuire des pierres » se dit Antoine ? Pietro explique que c’est du calcaire et, lorsque celui-ci est soumis à une très forte température ( 800 à 1 000°), il se transforme en chaux. Un chaufournier explique à Antoine que ce qui sort du four c’est de la chaux vive. On va la faire réagir au contact de l'eau. Cela occasionne un fort dégagement de chaleur et elle se transforme en une poudre blanche appelée chaux éteinte. C’est cette chaux éteinte que l’on emploie pour fabriquer les mortiers et les enduits. « Si le travail est bien fait, dit Pietro avec un peu de fierté, un bon enduit à la chaux va permettre au mur de respirer, l’humidité ne restera pas en lui. En plus, le mortier à la chaux sèche très lentement. Il va donc donner au mur la souplesse nécessaire si il y a des tassements ».


Calcaire (1)

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+ combustion = chaux vive (2)

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+ réaction à l’eau (3) > chaux éteinte (4)

Chaux éteinte + sable + eau = mortier ou enduit (5)

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Une fois les fondations faites, Antoine voit s’affairer un autre corps de métier sur le grand chantier, ce sont les artisans du bois. L’un d’eux s’appelle Joseph ; lui aussi il dit « comme mon saint patron ! ». Avec une scie il coupe de grosses poutres qui sont posées sur des tréteaux.

Des bûcherons amènent de lourds billots de bois qui ont été coupés dans les forêts des différents villages. Ces bois sont donnés pour aider à la construction de la cathédrale. Des ouvriers commencent par les dégrossir avec de grandes haches, puis, ceux que l’on appelle les scieurs de long, les transforment en poutres. Les finitions se font avec la doloire ou avec l’herminette. Doloire et herminette.


Joseph explique à Antoine qu’il va falloir installer des échafaudages si l’on veut pouvoir monter les murs. Les échafaudages sont des constructions provisoires qui sont montées le long des murs pour permettre aux ouvriers de travailler. Joseph précise qu’il y a des échafaudages de pieds, ce sont ceux qui reposent sur le sol avec de grosses poutres verticales et des échafaudages à bascule ; ceux-ci sont les plus astucieux car on se sert du mur déjà construit pour les faire tenir. Antoine regarde cette forêt qui s’élève le long de la nouvelle construction avec ses poutres et ses plateaux reliés les uns aux autres par des échelles.


Échafaudages de pieds

Échafaudages en bascule

Des trous superposés dans le mur permettent de fixer deux poutres, une petite et une grande. Ces poutres s’appellent des « boulins ». Une troisième poutre est fixée en travers entre les deux autres, on l’appelle « une jambe de force » car elle va renforcer la stabilité de la plus grande. Ensuite, on pose des planches sur les plus grandes poutres ; cela forme un plateau que l’on appelle aussi un « hourd ». Les ouvriers vont pouvoir s’y installer pour travailler.



A proximité du chantier, le long d’un chemin, des cordiers se sont installés. Antoine en a déjà vus dans son village. Mais les cordes qu’ils fabriquent ici sont très longues et très épaisses. Ils expliquent à Antoine que ces cordes vont équiper les engins de levage.


Les engins de levage, ce sont les choses les plus extraordinaires qui puissent exister se dit Antoine. Comment les hommes ontils pu inventer des machines capables de faire monter vers le ciel de très lourds blocs de pierre ? Ces engins sont indispensables au chantier. Bien sûr les manœuvres grimpent sur les échelles avec des hottes emplies de matériaux ou des auges emplies de mortier que certains appellent des « gamates ». Mais un homme ne pourrait pas porter, en grimpant sur une échelle, un bloc de pierre qui fait plusieurs fois son poids ! L’engin le plus répandu, c’est « la chèvre ». Il y en a plusieurs sur le chantier. La chèvre est composée de deux poutres que l’on appelle des « hanches ». Elles sont maintenues par des cordes tendues, « les haubans ». A l’extrémité des hanches passe une corde ou élingue manœuvrée à l'aide d'un treuil. En enroulant la corde autour d’un axe, on fait monter la charge.


Différents engins de levage, plus complexes que la chèvre, mais fonctionnant sur le même principe.


L’engin le plus astucieux est le treuil à tambour ou tympan, que certains appellent « l’écureuil ». On dit que ces petits animaux mis dans une cage, si l’on y installe une roue, ils vont tourner à toute vitesse à l’intérieur de celle-ci. Le treuil à tambour, placé au sommet de la construction, est constitué de deux grandes roues montées sur le même axe. Elles sont reliées par un plancher. Un ou deux hommes rentrent à l’intérieur et ils marchent. La roue tourne. Autour de l’axe, il y a une corde qui va s’enrouler et qui tire donc la charge vers le haut. On dit que l’on peut facilement faire monter une charge de 10 quintaux* ! *Le quintal est une mesure ancienne de poids d’environ 50 kg


Le maître architecte dit à Antoine : « Maintenant que nous avons monté les murs, vient le travail le plus délicat, il va falloir réaliser les voûtes. Les plus belles voûtes sont la coupole et la voûte en cul de four ». Comme il voit qu’Antoine est perplexe, le maître architecte fouille dans la besace dans laquelle il y a le repas qu’il va prendre sur le chantier. Il en sort une pomme. « Cette pomme, c’est une sphère, dit-il, c’est-à-dire une boule bien ronde ». Il sort son couteau et coupe la pomme en deux. « Voilà une demi-sphère, c’est la coupole. Une coupole, c’est une pomme coupée en deux que l’on va poser bien à plat ». A nouveau, il coupe en deux : « voilà maintenant un quart de sphère, c’est la voûte en cul de four ». « Je comprends, dit Antoine, dans mon village il y a un four et lorsque l’on regarde à l’intérieur ça ressemble à la pomme coupée en quatre ! »


Mais Antoine reste pensif. Il comprend bien comment l’on peut faire tenir un mur : on pose les pierres les unes sur les autres et on met du mortier pour qu’elles collent bien les unes aux autres. Mais une voûte, ce sont des pierres qui sont dans le vide, il n’y a rien dessous. Comment peuvent-elles tenir ? Pour Antoine, ça semble du bon sens de penser qu’une pomme coupée en deux, si on la pose pas dans l’assiette, elle tombe !

« Va voir Claude, le tailleur de pierre que tu connais, il t’expliquera certaines choses ». Antoine va donc trouver l’artisan et lui fait part de ses interrogations. Claude sourit, sans doute, lui aussi, a-t-il eu les mêmes interrogations, il y a très longtemps.

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Claude grimpa sur un échafaudage suivi par Antoine. Il s’arrêta devant une ouverture en cours de réalisation. « Quand on construit un mur, le maçon a son marteau pointu avec lequel il peut toujours rectifier une pierre. Quand on fait un arc comme tu le vois au-dessus de cette fenêtre, c’est le même principe que pour une voûte bien que ce soit plus simple à réaliser, il faut impérativement que les pierres soient exactement taillées. On va faire un assemblage et, si une pierre n’a pas la bonne taille, c’est tout l’ensemble qui va tomber. L’arc que l’on va réaliser s’appelle un arc en plein cintre car on va se servir d’un cintre en bois qui a été réalisé par le menuisier. C’est un demicercle. On va le faire reposer sur les pieds-droits, si tu préfères les deux montants verticaux de mon ouverture. Au sommet de ceux-ci, on a disposé, de chaque côté, une pierre bien plate, appelée l’imposte. Elle déborde un peu à l’extérieur du pied-droit. C’est sur ces deux impostes que l’on va poser le cintre. Ensuite, on va poser sur le cintre les pierres qui ont été préparées. Chaque pierre s’appelle un claveau et elle a été taillée de manière à s’ajuster exactement avec celles qui sont de chaque côté ». « Oui mais, dit Antoine, lorsque l’on va enlever le cintre, bada boom, tout va tomber ! Tu mets une pomme dans une assiette, elle tient ; tu enlèves l’assiette, la pomme elle tombe ! » « Laisse moi terminer lui dit Claude. Tu es impatient et tu oublies l’essentiel. On va juxtaposer les claveaux des deux côtés et lorsque l’on est au sommet de l’arc, on dit aussi le faîte, il reste une pierre à mettre. On l’appelle la clef car c’est elle qui va fermer l’arc, qui va bloquer toutes les autres pierres ». Antoine venait enfin de comprendre et il se dit tout joyeux : « la clef d’arc, c’est la clef du mystère ! »



Lorsque l’on construit une voûte le principe est donc le même. Les menuisiers construisent de très grands cintres et c’est sur ceux-ci que l’on va disposer toutes les pierres et le mortier. Et c’est seulement lorsque tout cela sera bien solidaire que l’on retirera les cintres.


« Si je comprend bien, dit Antoine, tout cela repose sur les murs. Comment ceux-ci peuvent tenir avec une telle charge ? » « Très bonne remarque ! » lui dit Claude. « Ce que nous faisons aujourd’hui est déjà le fruit d’une longue expérience que l’on essaie toujours d’améliorer d’un chantier à l’autre. A l’intérieur de l’édifice, on va construire des piles. Ce sont des piliers mais collés contre le mur. Au sommet de chaque pile, il y aura un chapiteau sur lequel va être posé l’extrémité de l’arc doubleau. On l’appelle « doubleau » parce qu’il double la voûte, il vient la renforcer. Et comme il y a une forte poussée sur le mur, au même niveau que la pile, mais à l’extérieur, on va construire un contrefort. Avec cela le mur ne bougera pas malgré le poids. »


Du côté des menuisiers charpentiers, ça s’affaire vraiment. Ils sont là à tous les moments du chantier. Ils ont confectionné les poutres et les planchers pour les échafaudages? Ils ont fabriqué les engins de levage qui sont tous en bois. Ils ont fabriqué les multiples gabarits et surtout les cintres sans lesquels les arcs et les voûtes n’auraient pu exister. Il reste encore ce qui est leur domaine par excellence : réaliser la charpente de l’édifice puisque, au-dessus des voûtes, il y aura une véritable forêt avec la charpente qui va supporter la couverture de l’édifice avec un jeu très complexes de poutres solidaires les unes des autres.


Antoine a l’impression que le chantier ne va jamais s’arrêter. Dès qu’une partie est terminée, une autre commence et d’autres corps de métier arrivent. Maintenant ce sont les couvreurs qui peuvent s’affairer sur le toit. Pendant ce temps les maçons attaquent les enduits sur les murs extérieurs ; ce sont des enduits colorés car l’ensemble du bâtiment va se couvrir de couleurs. A l’intérieur, d’autres maçons préparent un enduit très fin pour que les peintres puisent réaliser de grands dessins représentant la vie de Jésus, de Marie et des saints. Des sculpteurs sont également arrivés. Avec leurs gouges, ciseaux et burins, ils tirent, de la pierre ou du bois, des personnages plus vrais que nature.

Et voilà qu’arrivent des fondeurs, on les appelle aussi des « saintiers ». Ils vont d’abord fabriquer de grands moules dans des fosses à proximité du chantier et l’on va couler le bronze en fusion. Ainsi naîtront les cloches qui annonceront les peines et les joies des hommes.


La cathédrale est terminée. Aujourd’hui c’est la grande fête de sa consécration. L’évêque va la bénir, avec tous les chanoines, les prêtres et tout le peuple. Dans la foule, Antoine reconnaît beaucoup des ouvriers qu’il a rencontrés sur le chantier.

De nombreux ouvriers savent déjà qu’ils vont reprendre la route, d’autres chantiers les attendent. On dit que des cathédrales encore plus grandes vont être construites dans les cités qui ne cessent de se développer. Pietro s’approche d’Antoine et il lui dit dans son parler à lui : « addio amico ! Moi, je suis vieux maintenant, je vais faire le chemin à l’envers. J’ai vraiment envie de revoir mon lac de Côme et ma chère Isola Comacina, c’est la petite île sur laquelle je suis né ». « Adieu l’ami, tu m’as appris énormément de choses ! »

Centre Culturel Marius Hudry - Moû ers


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