Okapi Les photos disent-elles toujours la vérité?

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LES

PHOTOS DISENT-ELLES TOUJOURS LA

VERITE? Et si tu regardais d’un peu plus près les photos qui t’entourent ? Okapi t’entraîne dans les coulisses des images. Tu vas avoir de drôles de surprises. Prêt(e) à ouvrir l’œil ? qu’elles sont plus parlantes que les discours. Spontanément, on fait confiance à ce qu’on voit. Pourtant, chacun sait que les images sont retouchées et parfois transformées sur ordinateur, particulièrement dans la publicité. Les retouches et photomontages étaient déjà possibles avant le développement de l’informatique : les professionnels de la photo sur papier savaient manipuler leurs négatifs et leurs tirages. Mais la photo numérique a rendu les manipulations si faciles qu’on peut même le faire soi-même avec un bon logiciel. Un coup de crayon sur Photoshop et hop, un bouton d’acné est supprimé, un pull change de couleur, un décor est remplacé… Et les images les plus réalistes sont parfois celles qui ont été les plus retouchées. Alors, méfiance !

Les petits trucs de la retouche On pourrait dire que le premier trucage d’un photographe consiste… à prendre une photo. Diriger son appareil dans telle direction, c’est montrer la réalité d’une certaine manière. On peut rendre quelques éléments flous et attirer le regard vers un point précis. Ensuite, recadrer l’image offre la possibilité de zoomer sur un détail en effaçant le reste ou de faire disparaître quelqu’un. En trichant, un ciel paisible peut devenir menaçant ou la peau pâle d’un personnage bronzée ! Et avec le photomontage numérique, on peut superposer plusieurs photos, ajouter des éléments qui n’existaient pas et créer une image fantaisiste.

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uoi de plus banal qu’une photo ? Dans les magazines, sur Internet, affichées en format géant dans la rue, les images sont partout. Un petit clic sur l’appareil photo numérique ou le téléphone portable et c’est dans la boîte, prêt à être envoyé, stocké, partagé ! Qu’il est difficile aujourd’hui d’imaginer à quel point ce simple petit geste a pu passer pour de la pure magie, lorsque la photo a été inventée. Pour l’homme du 19e siècle, capturer instantanément une image de la réalité et la voir imprimée (en noir et blanc) sur un morceau de papier relevait réellement du miracle. Mais bien qu’elles n’aient jamais été aussi nombreuses,les images conservent un immense pouvoir de séduction. On dit


kte Meslin Retouche : Bénédi © Photo : Isshogai.

Qui manipule les images ? Dans certains cas, la retouche a pour objectif de manipuler les gens. Mais pas toujours. Car tous les photographes pros aiment retoucher et améliorer leurs clichés.

Jeunes à la d érive

Commen t les aid er ? Thierry Le Ver, sociolog ue

Eh oui, l’image de la page précédente était trop belle pour être vraie ! Afin de montrer ce qu’on peut faire dire à une photo, Okapi s’est amusé avec ce cliché représentant deux jeunes auto-stoppeurs. En route pour un grand voyage… au pays des images !

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• Périph Co llection

Les chaussures en vedette

La retouche la plus visible de cette image, réalisée pour une publicité vantant une marque de chaussures, c’est le changement de couleur de la veste : le rouge attirait trop l’attention par rapport aux ballerines. Pour que la mannequin soit au maximum à son avantage, les plis de ses joues ont disparu, et le teint de sa peau a été unifié et éclairci. Côté décor : un petit coup de peinture sur le banc et un peu plus de lumière sur le rebord vert et les ballerines parmes ne pouvaient pas faire de mal.

Un amour de

vampire

© reuters

ils doivent restituer la réalité le plus fidèlement possible. Mais souvent, la limite entre réalisme et manipulation est floue. En effet, la lumière et les couleurs des images doivent toujours être un peu retouchées pour attirer le regard. Alors, si un photographe qui réalise un reportage sur la misère décide d’assombrir un peu la lumière pour exprimer la tristesse de son sujet, s’agit-il d’une manipulation ou au contraire d’une manière plus vraie de témoigner ? Il arrive aussi que

les magazines trichent un peu, pour illuminer le sourire d’une star ou effacer le bourrelet disgracieux d’un personnage public ! Encore plus malhonnête : le trucage des images est parfois utilisé par certains dirigeants politiques qui veulent faire de la propagande. En 2008, les autorités iraniennes ont diffusé une photo retouchée d’un essai militaire. Ils ont rajouté un missile, sans doute pour dissimuler le ratage de son lancement.

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La preuve par trois

Retouchée sous Photoshop, une même photo peut avoir des usages très divers. La preuve en images : nos auto-stoppeurs pourraient aussi bien être sur la couverture d’un catalogue de vente par correspondance, illustrer un livre sur les jeunes en difficulté ou à l’affiche d’un film d’horreur.

Le bourrelet de trop

Les mannequins ne sont pas les seuls à bénéficier de la retouche. En ouvrant un hebdomadaire, en août 2007, Nicolas Sarkozy a pu découvrir, sur une photo, son ventre débarrassé d’un bourrelet. Le magazine a pris l’initiative d’effacer ce défaut, sans doute pour ne pas vexer le Président ou pour le montrer sous son meilleur physique. Mais tout ceci a déclenché un scandale ! Car les journaux ne doivent pas modifier les images pour embellir la réalité.

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e sont sans doute les publicitaires qui retouchent le plus les photos. Car leurs images doivent faire rêver. Tous les coups sont permis : sourires blanchis, visages lissés, mannequins amincis… Chacun étant censé savoir que le monde de la pub véhicule un bonheur qui n’a pas grand-chose à voir avec la réalité. Les photojournalistes n’ont pas autant de liberté. Pour décrire le monde,


Manipulation

Et si toutes les photos pouvaient mentir ? Pour faire dire ce qu’on veut à une photo, on n’a pas forcément besoin de la retoucher. Modifier sa légende peut suffire. Illustrations en images !

Vive l’auto-stop !

sans argent, c’est la galère !

Depuis quelque temps, l’auto-s jeunes. Goût de l’aventure, pet top est à nouveau tendance chez les moyen de transport simple et it budget, tout est bon pour utiliser ce pas cher. Mais pas toujours san s risque…

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Mensonge

Cette jeune femme (photo en bas, à droite) est en train de lire un livre. Autour d’elle, un groupe de jeunes. La légende de l’image, publiée dans un magazine en 2007, précise : “La passagère, pas rassurée, se plonge dans sa lecture, et n’en sort pas.” C’est tout simplement faux : cette dame, prof en banlieue parisienne, emprunte les transports en commun tous les jours et elle n’est pas du tout effrayée. Elle lit, c’est tout ! Quand elle a découvert cette photo, et surtout sa légende mensongère, elle a porté plainte contre le magazine. Elle a gagné son procès.

Cette photo est parue en 2000 en couverture d’un quotidien français pour illustrer un regain de violence entre Arabes et Juifs d’Israël. Au premier plan, un jeune homme est blessé. Derrière lui, un policier israélien, armé d’une matraque, hurle. On imagine qu’il l’a frappé. Vérifications faites, le jeune homme blessé est en fait un étudiant israélien, et non arabe, qui vit aux États-Unis. Et le policier crie pour éloigner une foule de manifestants arabes. C’est exactement le contraire de ce que le titre de la photo suggérait.

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Riberep erectus. Eque

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ans légende, l’image n’est pas toujours compréhensible. Pour s’en convaincre, il suffirait de visionner les photos de vacances d’un(e) ami(e) sans commentaires ni explications. Ce serait ennuyeux et incompréhensible… Qui sont les personnages ? Où sont-ils ? Que font-ils ? Le contexte est essentiel pour donner du sens à une image. Au point que la manipulation la plus

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Double seelanrestouche qui change

Il n’y a pas qu o : ici, les deux le sens d’une phot ues mais utilisées images sont identiq propos différents. pour illustrer deux se donc face La prudence s’impo légende ou avec à une photo sans s e qu’on ne saisit pa une légende si vagu . le cliché a été pris dans quel contexte

courante consiste simplement à sortir la photo de son contexte. Un mauvais titre ou une fausse légende peuvent se révéler plus sournois encore qu’un trucage. Et c’est une erreur que les journaux font parfois par négligence, en choisissant mal une photo illustrant un article. Par exemple, en montrant une personne blessée dans un conflit ou un attentat alors qu’elle n’était pas sur les lieux ce jour-là ou qu’elle appartient au camp adverse. Ce genre de confusion devrait être évitée. Mais

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si elle est possible, c’est parce qu’une photo n’est rien d’autre qu’une représentation partielle de la réalité. Retouchée ou pas, une image n’est qu’une image ; elle exprime le point de vue d’un photographe, qui a décidé de diriger son appareil dans telle ou telle direction, de sélectionner un éclairage et un moment précis pour appuyer sur le bouton. Ce qu’on voit n’est donc pas toujours “vrai”. C’est pourquoi une photo, seule, n’est pas suffisante pour servir de preuve, même au tribunal.

L’envers du décor

Et voici… la photo de la photo ! Pour réaliser l’image de départ qu’Okapi a tripatouillée tout au long de ce dossier, une équipe de choc s’est mobilisée : du photographe à son assistante (que l’on voit tenir une “galette“, panneau servant à réorienter la lumière) en passant par la maquilleuse, il y en a, du monde, sur une prise de vues !

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De plus en plus de jeunes souffrent de la précarité aujourd’hui en France. Sans emploi, ils se rabattent sur le stop pour pouvoir s’offrir des vacances.


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