Shuffling Cards Mouvement aléatoire des cartes
Sous le commissariat de Cécile Bourne-Farrell Galerie des grands Bains douches de la Plaine, Marseille
15 novembre 2012 – 30 janvier 2013 Lecture-performance de Karim Rafi le jeudi 15 novembre à 18h Visite commentée de la commissaire Cécile Bourne-Farrell les 30 novembre (en présence de l’artiste Catherine Poncin) et 30 janvier à 18h
art-cade* 35 bis rue de la Bibliothèque 13001 Marseille Chargées du projet : Aurélie BERTHAUT / Julia BUREAU 00(0)4 91 47 87 92 // aurelie@art-cade*.org //www.art-cade*.org
L’association art-cade * invite la commissaire d’exposition indépendante Cécile Bourne-Farrell pour la troisième édition de l’Autre bord, un rendez vous annuel consacré à la création contemporaine internationale et plus particulièrement méditerranéene. L’exposition Shuffling Cards fera l’ouverture de l’année de la capitale européenne de la culture Marseille 2013 à art-cade*. Shuffling Cards Mouvement aléatoire des cartes La relation que l’hexagone entretient avec le continent africain est souvent réduite à une dialectique simplificatrice qui exclut drastiquement la dimension de la mémoire comme vecteur de transmission de savoirs. Cette réduction engendre des simulacres culturels facilement exploités. Or, s’il fallait aujourd’hui envisager de parler de la création émergente sur le continent africain, ce serait impossible, tant la situation y est dense, vaste, précaire et complexe. Les choix de Cécile Bourne-Farrell pour cette exposition Shuffling Cards portent sur la façon dont certains artistes entretiennent et s’approprient la notion d’archive et de transmission. Comment adaptent-ils et restituent-ils celles-ci dans leurs travaux à partir de leur propre vécu plus ou moins lointain du continent africain et comment ces archives au sens large du terme sont constitutives de leurs œuvres ? Les situations instables de cette partie du monde et les désirs de changer le cours de l’histoire ont provoqué des changements de paradigmes dans les récentes révolutions du monde arabe, loin d’être achevées : les enjeux se déplacent et donc les cartes bougent ! L’historienne Erika Nimis parle d’un problème crucial en Afrique qui est celui des archives1. Erika Nimis dans sa Conférence donnée le 7 octobre 2011 au Musée du Quai Branly dans le cadre du colloque «Le Studio et le Monde» qui reprend son sujet de recherche «Archives et création photographique contemporaine en Afrique»2 tente d’éveiller les consciences sur ces documents qui sont souvent inexistants, hors du continent ou détériorés… Les professionnels en Afrique travaillent de plus en plus avec du matériel vétuste, ce qui engendre de mauvaises conditions pour la conservation et crée des obstacles à la transmission aux générations présentes et à venir et la raréfaction de l’oralité. Que font les artistes face à ces archives souvent conservées, accaparées ou négociées entre les forces en place, qu’ont-ils à nous dire sur ce sujet ? Si la photographie a été un des outils essentiels pour lutter contre une vision univoque imposée par l’Occident, ce médium participe au «décloisonnement» des regards, et aujourd’hui d’autres modes opératoires chez les artistes sont en cours. De nombreux artistes empruntent ainsi des méthodes propres à d’autres domaines d’investigation comme celui de l’anthropologie, de l’histoire ou de l’urbanisme en scrutant ainsi dans des archives familiales ou publiques des traces sonores, médiatiques, des documents ou des gestes significatifs. Pour les participants choisis pour cette exposition, il ne s’agit pas seulement de travailler à partir de traces papier ou d’images, de témoignages oraux, d’extraits de journaux ou d’images sur Youtube mais de procéder à la réactivation de tout ce qui sera propice à la narration et à l’imagination tout en maintenant une certaine mise à distance avec l’actualité. Cette nouvelle façon de faire réunir les artistes les distingue d’un certain exotisme ou paupérisme dans lequel ils sont souvent confinés, sur le continent et en dehors. Marseille n’échappe pas à cette dynamique. L’artiste soudanais Hassan Musa publiait en 2002, dans le numéro des Temps modernes consacré aux «Afriques du monde», un texte intitulé «Qui a inventé les Africains ?», où il conclut: «Peut-être que, pour nous rapprocher de la réalité que vivent les Africains aujourd’hui, il est temps de regarder cet autre art que les Européens ignorent : celui de la survie». Longue vie à la mémoire, c’est elle qui porte les fruits du présent à exposer. 1 Sujet également évoqué dans l’ouvrage: Le Choc des révolutions arabes, de l’Algérie au Yémen, 22 pays sous tension, Mathieu Guidère, éd. Autrement, 2012 2 http://www.quaibranly.fr/en/programmation/scientific-events/past-events/colloques-et-symposium/saison-2011/le-studio-etle-monde.html
Les artistes : Mohssin Harraki, Katia Kameli, Farah Khelil, Grace Ndiritu, Otobong Nkanga, Catherine Poncin, Karim Rafi, Andrea Stultiens, Achraf Touloub et James Webb
Partenaires et prêteurs : - L’Institut français, Afrique du Sud - Fondation Mondriaan - Ecole Supérieure d’art d’Aix en Provence - Fondazione Lettera27, Milan - L’appartement22, Rabat - La Non Maison, Aix en Provence - Association Chooseone, Saint-Ouen - Galerie Imane Fares, Paris - Galerie Les filles du calvaire, Paris - Galerie martinethibaultdelachâtre, Paris - Pitt Rivers Museum, Oxford - Gourmandise by nico, Marseille
art-cade* L’association art-cade*, fondée par Anne-Marie Pecheur et Jean-Baptiste Audat, en 1993, située au cœur de la ville est un espace associatif, un lieu de rencontres, d’échanges et d’expérimentations autour d’expositions et de manifestations culturelles diverses. Les anciens Bains Douches sont devenus un lieu reconnu d’exposition et accueillent chaque année sans interruption les projets d’artistes émergents ou confirmés. L’association art-cade* soutient et accompagne la professionalisation des artistes émergents du territoire de la région Paca depuis vingt ans. Découvreur de talents, l’association art-cade* rend visible la création des artistes de demain en leur donnant la possibilité d’exposer leurs travaux et en les accompagnant dans la production de leurs projets.
Cécile Bourne-Farrell Travaille à Saint-Ouen pour www.chooseone.org/. A travaillé sept ans à l’Arc/Musée d’Art Moderne, comme adjointe de conservation, elle organise depuis des projets culturels pour des collectivités publiques et privées. Elle participe à de nombreux jurys en France comme à l’étranger, invitée par des représentations culturelles étrangères comme Iaspis ou l’Institut Ramon LLul. Elle est lauréate de la bourse recherche de la fondation sino-Taïwanaise pour réaliser une exposition entre le Taïpei Museum et la Ferme du Buisson intitulée « You Talk/I Listen ». Elle écrit régulièrement sur des artistes dans des revues comme Art Papers ou de catalogues monographiques : Pilar Albarracín, Hermine Bourgadier, Baptist Coelho, Djamel Kokene, Chourouk Hriech, Huang Yong Ping, Younes Rahmoun, Sue Williamson ou Shen Yuen. Membre de l’Aica, Ikt, elle fait partie du CA de C-E-A (www.c-e-a.asso.fr) et de Mains d’œuvres. Rapportrice pour la Drac Ile de France et Conseiller pour la fondation Nmac/Montenmedio de 2001 à 2003. Elle a également été médiatrice mandatée par la Fondation de France pour la mise en place de la Méthode des nouveaux commanditaires en Espagne (www.newpatrons.eu). Cécile Bourne-Farell est invitée en tant que commissaire par le CPIF pour « Autres mesures », en 2009 et « This is now 1 & 2 », à la première Foire de l’Art contemporain de Johannesburg et à L’appartement22 à Rabat en 2012, ainsi que par la Maison des Arts Georges Pompidou à Cajarc pour « Histoires non encore racontées », avec José-Arnaud Bello, Santiago Borja, Jonathan Hernández, en 2011. « L’Inattendu du Tout Monde, un hommage à Goddy Leye » est présenté avec Joel Andrianomearisoa, Mohssin Harraki, Katia Kameli, Perrine Lacroix, Jesus Palomino, Otobong Nkanga et Younes Rahmoun, pour L’appartement22, et Art-O-Rama, à Marseille. Elles et également commissaire au Lavomatique Studio à Saint-Ouen en 2011 sur les projets inédits de Shaun Gladwell, Charlotte Moth et Sanna Marander. Diplômée de muséologie de l’École du Louvre, Cécile Bourne-Farrell a suivi la formation des médiateurs de l’École du Magasin de Grenoble. Elle a aussi été formée par différents artistes comme Juan Muñoz, Antonio Muntadas, Robert Gober ou Rodney Graham pour la production de leurs œuvres en Espagne et ailleurs avec Michelangelo Pistoletto (Ps1, NY), ou Fareed Armaly (SaintEtienne).
Mohssin Harraki
Né en 1980, France et Maroc www.mohssinharraki.com Généalogies, 2010-2012 Mohssin Harraki est diplômé de l’École nationale des beaux-arts de Dijon. Présent dans le programme vidéo de « High Atlas », Biennale de Marrakech, en 2012. Il a participé en 2010 à «Outre Mesures et programme Radio », à la Galerie de Noisy-Le-Sec, avec Ala Younis comme commissaire invitée. Il travaille autant avec la vidéo, la photographie ou la performance et porte une attention particulière sur notre monde où les repères sociaux et culturels ne sont pas ceux du Maroc où il est né et où il a fait une partie de ses études, à Tétouan, avant de les terminer en France, à Toulon. Sa première série de vidéos questionne certains enjeux sociaux d’une façon très modeste en interrogeant ses homologues, c’est-à-dire des artistes avec lesquels il a eu l’occasion de collaborer ou de travailler l’année passée. Les questions posées à ces artistes, plus ou moins connus, n’ont rien à voir à priori avec l’art, mais questionnent le racisme dans l’actualité comme à l’occasion de l’élection de Barack Obama ou celle du maire de Rotterdam. Ces changements vont-ils modifier quelque chose dans le monde ? Est-ce que le racisme existe au monde à cause du pouvoir religieux, politique ou de l’argent ? Dans ses oeuvres plus récentes, il travaille sur la notion de généalogies de familles royales du monde arabe et met en perspective la façon dont les femmes sont des éternelles absentes de ces transmissions.
Arbre généalogique/problème 5, 2011
Katia Kameli
Née en 1973, France Vit à Paris http://katiakameli.com
Katia Kameli est artiste, réalisatrice et productrice. Elle vit à Paris. Elle obtient son DNSEP à l’École nationale des beaux-arts de Bourges puis devient membre du Collège-Invisible, post-diplôme des Beaux-Arts de Marseille, dirigé par Paul Devautour. Son travail ne peut se dissocier de son identité plurielle. Protéiforme, il exprime l’entre-deux, l’intermédiaire où le signe d’appartenance est rejeté au profit de la multiplicité. Son positionnement est donc celui de l’hybridité, le « tiers-espace » qui rend possible l’émergence d’autres visions, de positions, de formes. Ce tiers-espace dérange les histoires qui le constituent, il les place en état critique, il permet donc une réécriture, d’allersretours entre « l’Histoire » et les « narrations ». Les formes hétérogènes que Katia Kameli manipule - vidéo, photographie, installation, dessin - participent aussi à ce déplacement. En 2006, elle dirige le projet Bledi in progess, une plate-forme de formation, de réalisation et de production audiovisuelle à Alger. En 2007-08, elle est lauréate du programme Paris-New York (CulturesFrance) et effectue une résidence à Location One à NYC. Son travail a trouvé une visibilité et une reconnaissance sur la scène artistique et cinématographique nationale et internationale comme entre autres : le Centre Georges Pompidou, la Cinémathèque Française, Manifesta 8 en Espagne, la Wallace Gallery à New York, le Center for Contemporary Art de Tel Aviv, la Galerie Anne de Villepoix à Paris, la Rotunda Gallery à New-York, la Biennale de Séville, Cornerhouse à Londres, Vidéochroniques à Marseille.
The story Teller, vidéo, Biennale de Marrakech, 2012
Farah Khelil
Née en 1980, Tunisie et France Vit à Paris http://farahkhelil.free.fr/ Farah Khelil a obtenu son master en Sciences et Techniques des Arts à l’Institut supérieur des beaux-arts de Tunis en 2007. Elle est depuis installée à Paris où elle poursuit une thèse de doctorat en Arts et Sciences de l’art, elle enseigne les arts plastiques depuis 2010 comme Attaché temporaire d’Enseignement et de Recherche (ATER) à Paris I Panthéon-Sorbonne. Farah a exposé en Tunisie, en Espagne et en France. Empruntant la posture du chercheur, Farah Khelil développe une pratique de la fouille et de l’exploitation des données, dans les archives, la médiation de l’œuvre ou encore les médias. Elle invente des dispositifs de lecture visant à expérimenter les formes esthétiques et poétiques ainsi que la traductibilité technique de sa base de données. « Le projet Technique mixte a débuté en 2009 avec la réalisation d’une liste de légendes d’œuvres d’art. Cette liste est collectée dans les archives des livres et des catalogues raisonnés que j’ai consultés à la bibliothèque du Centre Pompidou. Les légendes, détachées de leurs sources originales, génèrent un musée imaginaire personnel et individuel chez son lecteur. En 2010, ce document est publié par la Bibliothèque Fantastique en format livre. » Dans le but de donner d’autres formats de visibilité aux légendes, elle participe à une formation en programmation sur le logiciel Pure Data. « J’utilise un patch (programme informatique) qui permet de lire la liste de légendes et de générer un visuel, en traduisant les données textuelles en un graphique dynamique. J’ai choisi comme graphique des bulles qui s’entrechoquent comme attirées par une attraction gravitationnelle et cosmographique. Ces formes renvoient aux bulles médiatiques qui entourent l’œuvre d’art contemporaine. Adaptée sur un modèle de particules physiques et quantiques, la circulation des bulles de légendes est le résultat de leur cohabitation récurrente au sein de la liste. Enfin, leur diamètre varie en fonction de leur nombre d’occurrence dans le texte source. Ce programme constitue alors un dispositif de lecture permettant la traduction d’une source textuelle en rendu graphique. Ainsi, en modifiant les données de la source on change le résultat de la cible. »
Technique mixte II, projet multimédia, 2011
Grace Ndiritu
Vit et travaille à Londres www.luxonline.org.uk/artists/grace_ndiritu/index.html Vidéo : www.axisweb.org/artist/gracendiritu www.axisweb.org/artist/gracendiritu Photographie : http://www.re-title.com/artists/grace-ndiritu.asp Grace Ndiritu a étudié à la Winchester School of Art à Londres, à De Ateliers à Amsterdam et a réalisé une résidence à Delfina Studios à Londres de 2004 à 2006. Ses vidéos Hand-crafted et Video Paintings ont été difusées lors de récentes expositions monographiques à Artists Film Survey, ICA Londres (2011), Artprojx Presents au Prince Charles Cinema (2009), Chisenhale Galerie, Londres (2007), à la 51ème Biennale de Venise (2005) et à la Ikon Gallery, Birmingham (2005). Grace Ndiritru a également été présenté lors d’expositions collectives au Centre International de Photographie, New York (2009), au Studio Museum Harlem, New York (2008), et à la Biennale de Dakar ,Sénégal (2008). Elle a gagné le premier prix du Landscape Video and Photography, au Centre des arts et de la nature en Espagne en 2010. Son travail a fait l’objet d’une commande par la galerie Bluecoat à Liverpool (2010), la galerie Chisenhale à London (2007) et à la galerie Glynn Vivian à Wales (2006). Ses oeuvres font parties de la collection du Metropolitan Museum of Art à New York et dans la collection privée The Walter Collection en Allemagne et à New York, spécialisée dans la photographie contemporaine.
A week in the News : 7 places we think we know, 7 news stories we think we understand, 2010, 35 min, muet
Otobong Nkanga
Née en 1975 , Nigeria Vit à Anvers, Belgique www.otobongnkanga.com Souvent dans son travail, Otobong Nkanga choisit de désacraliser certaines coutumes ancestrales à partir de son histoire personnelle riche et opère des traversées dans le temps et les cultures en scrutant autant des horizons urbains (à BeloHorizonte au Brésil), que ruraux (Iles Canaries). Dans une certaine filiation de l’histoire de l’art liée à la performance, elle a réactivé un happening d’Allan Kaprow, «Baggage» (1972-2007/08) sur deux vidéos projetées et une performance live de 19:52 minutes, qui a fait l’objet de plusieurs présentations à la Fondation Ricard (Paris), à la Kunsthalle (Berne), au Festival Theaterformen (Braunschweig, Allemagne) et à De Appel (Amsterdam, Pays-Bas). Fattening Room propose de créer une distorsion entre l’idée de la femme et sa reconnaissance sociale. Cette performance a consisté à faire un portrait en pied de l’artiste recouverte de couches de terre rouge. Ce travail tient son origine de la tradition Mpobo du Nigeria (plus précisément de la tribue Ibibio) qui représente le passage de l’enfance à la vie de la femme. Une minuscule maison est construite pour la femme qui y restera de deux mois à trois ans. On lui apprendra ce qu’on attend d’une femme parfaite, comment toucher son futur mari et s’assurer de bien lui donner à manger... En un mot, on lui transmettra tout ce qu’un futur membre de la famille doit connaître, afin d’être entièrement transformée jusqu’au moment du mariage. L’artiste a choisi des vêtements représentatifs des temps coloniaux portugais et espagnols afin d’ajouter à ces coutumes ancestrales un niveau de plus d’éléments identitaires pour bien faire comprendre les abus que ces femmes ont dû subir autant par leurs pairs que par les colons qui imposaient aussi leurs coutumes. À l’aide de clichés pris à l’occasion de cette performance Fattening Room, l’artiste reconstruit cette image comme un puzzle photographiques qui montre en 18 éléments les différents éclairages qu’elle a voulu donner sur son histoire. Dans ce sens elle fait référence à la première partie de la Phénoménologie qui est explicitement
Fattening room, photographie, 2001
référencée autour du corps et à comment Merleau-Ponty articule la nature de l’image du corps, la distinguant de la spatialisation particulière et de la situation où il se trouve : « L’image-corps est une façon de montrer la place de mon corps dans le monde, clairement en action, comme le corps du danseurs qui se projette toujours au-delà de sa position présente, vers une nouvelle posture à venir2. » Maurice Merleau-Ponty, Phenomenology of perception, éd. Colin Smith, London Routledge and Kegan Paul, 1962, pp. 100-102)
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Catherine Poncin
Née en 1953, France Vit à Montreuil http://www.fillesducalvaire.com Catherine Poncin mène une quête photographique et plastique qu’elle nomme De l’Image, Par l’Image. Photographe, elle ne l’est pas au sens classique, car pour l’essentiel de sa démarche, elle rephotographie des images déjà existantes, les scanne et « les met en scène ». Elle trouve sur les marchés des photographies anonymes ; revisite des albums de famille ; révèle des fonds d’archives patrimoniaux de musées ou de presse : prises de vue, documents, gravures, peintures ; divulgue à partir de bases de données numériques des imageries médicales, des paysages etc. Ces matières iconographiques, Catherine Poncin se les approprie en les détournant de leur contenu initial. À l’aide d’outils numériques, elle scinde, fragmente et fouille des chairs, des terres, des signes et des cieux. Selon le sens qu’elle leur attribue, elle les associe, les conjugue parfois à des prises de vue qu’elle réalise de territoires lointains. Brodant entre passé et présent elle crée de nouveaux corps photographiques fictionnels. Ces pièces contemporaines sont pour la plupart réalisées sous la forme de séries séquentielles composées en diptyques ou triptyques. Livres d’artiste, vidéos, installations entrent également dans le champ de création de l’artiste. Mourad ou l’épopeade sfigurata3 Le récit de Mourad, jeune tunisien, pourrait être une épopée poétique au travers de laquelle il nous conterait ses exploits, faisant intervenir fables fabuleuses et antiques épopées italiennes. Cependant Mourad est sans voix. Emportée par l’empreinte de son regard terrifié, aspirée par le centre de sa pupille dilatée, Catherine Poncin nous entraîne à le suivre. La Gorgonne semble hanter les eaux profondes dont Mourad nous fait écho par son récit. Récit d’un naufragé, rescapé, en sursis, échos de voix des mères restées sur des rives lointaines… Cette pièce a été réalisée à Venise dans le cadre du Working for change sur une proposition d’Abdellah Karroum, à la 54° Biennale de Venise 2011.
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Catherine Poncin est représentée par la Galerie Les Filles du calvaire à Paris. Mourad ou l’épopeade sfigurata a été produite par l’Appartement 22 - Rabat (Maroc), éditions Hors-champs, et avec le soutien de Khiasma.
Karim Rafi
Né en 1975 Vit et travaille à Casablanca http://www.rafikarim.com 13 et le 14 novembre 2012 : workshop à l’École d’art d’Aix-en-Provence. 15 novembre 2012 à 18h et le vendredi 16 à 16h: lecture performative à la galerie des bains douches de la Plaine. Karim Rafi est actuellement en résidence (43.5) à la NON-MAISON (Aix en Provence), du 1er septembre au 16 décembre 2012 www.lanonmaison.fr Karim Rafi se définit comme artiste visuel et sonore qui questionne l’homme et son environnement, dans la relation qu’il entretient avec lui-même ainsi qu’avec ses prolongements, constitués par ses institutions, ses idées et son entourage. « Quand j’assemble mes dispositifs, je ne m’intéresse pas tant aux composants qu’à leurs interactions avec ce qui les entourent. Ce qui compte avant tout c’est leur comportement global et les différentes lectures qui en résultent. C’est ce principe d’interaction entre les différents éléments d’un système qui m’intéresse : synchronisation-désynchronisation, organisation-désorganisation, bruit-silence, fuite-présence, autonomie-indépendance, attraction-refoulement. Ce qui les relie est souvent invisible et me sert de révélateur de sens. C’est le silence et l’ambiguïté qui fait chaque objet ou système que j’emploie
In Attesa di, correspondance with inaccessible places, (détail), 2011-2012
Andrea Stultiens
Née en 1974, Pays Bas Vit à Rotterdam http://www.andreastultiens.nl
Andrea Stultiens a choisi de travailler sur des collections d’images familiales, que ce soit en Hollande ou ailleurs ,qui l’ont amenée à travailler sur un fond d’archives d’un révolutionnaire en Ouganda qui s’appelle Kaddu. Pour le Kaddu Wasswa Archive, elle a réalisé un livre en 2010 qui restitue la façon dont les archives de Kaddu ont été constituées durant les périodes de résistance. Ce qui l’intéresse est d’avoir d’autres points de vue sur les archives et comment « l’histoire nous parle de l’histoire, comment la photographie est aussi un travail de narration pour faire réagir et penser à l’histoire de l’Ouganda en particulier ». Pour cela elle entreprend une formidable aventure de digitalisation des images, ce qu’elle fait en lançant une grande campagne sur Facebook pour convier les gens à envoyer/commenter ces images historiques. History in progress, Uganda est le fruit d’une étroite collaboration avec l’artiste ugandais Rumanzi Canon et le cameraman Ssebuufu Ben.
History in Progress Uganda, Ongoing
Achraf Touloub Né en 1986, France Vit à Paris
Achraf Touloub est en dernière année de l’Ensba, Paris « Dans une partie de mes travaux de dessins, j’ai choisi d’utiliser et de me confronter au mode de la représentation de la Miniature Persane pour évoquer événements et scènes d’aujourd’hui. Cette approche traditionnelle de la représentation (du symbolique lié au sacré) m’est apparue comme pouvant mettre à distance la profusion d’imagerie médiatique et venir marquer ainsi mon désir de déplacer l’événement contemporain. J’envisage mon travail artistique comme un exercice ou une expérience liant des forces et des notions qui s’opposent. Car c’est dans ces espaces antinomiques (traditionnel/modernité, le fait divers/la légende ou le plein/le vide) que la réalité de mon époque peut se saisir, celle du monde globalisé, connecté et immédiat, en mettant des cultures et des temporalités hétérogènes en rapport. Mes images ne sont pas le résultat d’un raisonnement par l’absurde ou par opposition, mais sont plutôt des constructions élaborées à partir de paradoxes. C’est cette notion que je veux explorer et cerner dans ces miniatures. Je les considère comme un outil, une sorte de clé permettant de donner forme à mon époque et ainsi d’en décliner tous ses possibles. La mise en juxtaposition de contradictions me permet de proposer à celui qui regarde ces travaux de se mettre en perspective en dehors des séquences historiques pour mieux comprendre qu’il existe d’autres niveaux de temporalités et donc de se donner les moyens historiques, sociologiques, conceptuels de l’envisager de façon synchronique. J’ai l’impression d’être un témoin, d’une intense période d’idées, de temporalités et de formes contradictoires. Pour atteindre ce dessein, j’entre en négociation avec moi-même et les mediums que j’utilise. Pour cela, j’ai donc entamé depuis quelque temps des «pour-parlers» avec l’histoire réelle ou fantasmée sur le papier. »
Sans titre, 2012 suite de 3 dessins courtesy de l’artiste et galerie martinethibaultdelachâtre, Paris
James Webb
Né en 1975, Afrique du Sud Vit à Cape Town www.theotherjameswebb.com James Webb a étudié en Afrique du Sud à l’école de création Red & Yellow School et à l’université de Cape Town où il obtient un diplôme en dramaturgie et en religions comparées. James Webb a participé aux biennales de Lyon et de Marrakech . Fasciné par les pratiques chamaniques ou rituelles, il a réalisé plusieurs œuvres autour de la façon dont on vit le rapport entre les lieux et les personnes. James Webb est un artiste prolixe, qui travaille principalement sur des questions de diffusion visuelle et sonore. Pour cela il convie tous les médiums de la photographie à la vidéo en passant bien évidemment par le son et la lumière qui sont les médiums privilégiés de ses recherches. Grand organisateur, il convie parfois aussi ses collègues autour de rencontres musicales et performatives (Festival Fear of the Known , Cape Town et Johannesburg) qu’il mène avec ses contemporains. James Webb vient de réaliser une exposition personnelle à la Johannesburg Gallery, il émerge de ce grand continent par un langage qu’il veut étendre en résonnance avec son travail pluridisciplinaire.
There Is A Light That Never Goes Out, courtesy Galerie Imane Fares, Paris 2010 Production : www.neonlauro.it
AtWork/Lettera27
AtWork est un projet sous le commissariat de Katia Anguelova et conseils de Simon Njami qui démarre avec une collection de «carnets d’artistes», des œuvres uniques, réalisées par différents auteurs sur des carnets Moleskine afin de soutenir les activités de la fondation Lettera27. La collection reflète la variété, la richesse et la complexité de l’art contemporain et à partir d’une exposition en ligne (www.atwork27.org) se transforme en un instrument de travail. Pour l’exposition « Shuffling Cards », la commissaire Cécile Bourne-Farell a fait une sélection de neuf artistes dont les carnets sont en lien avec l’exposition. Les carnets peuvent être consultés directement sur www.atwork27.org et seront visibles sous vitrines. A l’occasion des visites prévues par la commissaire, ils seront sortis et montrés au public. Lettera27 est une fondation à but non lucratif, née en juillet 2006. Sa mission est de soutenir le droit à l’alphabétisation, à l’instruction et, de manière plus générale, de favoriser l’accès à la connaissance et à l’information. Lettera27 est la vingt-septième lettre, la lettre qui manque, celle qui n’a pas encore été écrite, la lettre hybride, l’espace à remplir, le lien entre l’écriture et l’oralité, la connexion avec le futur, l’intersection entre l’analogique et le numérique. (www.lettera27.org). En utilisant ce patrimoine de carnets, AtWork fait circuler des oeuvres d’art avec une nouvelle licence d’utilisation, libre et partagée (CC BY-SA) qui permet d’expérimenter de nouveaux formats d’expositions itinérants et promeut le débat critique avec tous les publics. AtWork devient ainsi un terrain de jeu et d’expérimentation dans lequel l’apprentissage et la connaissance sont une partie intégrante et constitutive du processus dans lequel l’œuvre se crée. Au-delà de l’exposition sur le web, AtWork a été conçu pour pouvoir s’adapter aux différentes réalités qui l’accueillent et pour agir dans plusieurs contextes sur le continent africain en se développant en différents chapitres. Une expérience in vivo qui se transforme d’après le narrateur et où chaque étape bénéficie des précédentes. Il s’agit d’un processus qui se modifie et se développe suivant l’expérience des personnes qui l’écrivent, en devenant ainsi un outil qui ne présente pas un récit fini mais qui propose des systèmes dynamiques d’interaction avec le public.
Artistes sélectionnés : Seamus Farrell, Mohssin Harraki, Goddy Leye, Audry Liseron-Monfils, Jabulani Maseko, Pascale Marthine Tayou, Enzo Umbaca, James Webb et Sue Williamson