Géovisions 40 - partie 2

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Cristian Scapozza

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pouvant expliquer les résistivités apparentes mesurées. D’autre part, il existe probablement aussi un problème dans les algorithmes d’inversion des sondages géoélectriques, qui sont difficiles à mettre en œuvre avec ces résistivités très élevées. Ce problème a d’ailleurs été mis en évidence par SCAPOZZA et al. (2011b) dans l’inversion de tomographies de résistivités électriques VLF-R (Very Low Frequency Resistivity). Les effets latéraux dus à la position de la ligne d’acquisition sont visibles également sur les sondages géoélectriques LV-S8 et LV-S9 (voir leur position exacte dans LAMBIEL 2006 : 100). Dans le premier cas, les résistivités mesurées sont plus faibles parce qu’une bonne partie des branches du sondage se situaient en dehors du corps résistant (dans le replat à la base du lobe C et dans la partie supérieure de l’éboulis), ayant pour effet de projeter des résistivités plus faibles sur le centre du sondage. Dans le cas de LV-S9, au contraire, la position horizontale des branches du sondage a permis d’effectuer les mesures pratiquement toujours à l’intérieur du corps résistant du lobe C, ce qui a eu pour effet de mesurer des résistivités apparentes plus importantes. La réalisation de profils ERT perpendiculaires entre eux est donc particulièrement importante pour pouvoir discriminer des artefacts dus à des effets latéraux des structures réelles de la subsurface. Ces artefacts sont particulièrement importants dans les éboulis, où la répartition des résistivités électriques peut être très hétérogène. Il serait aussi intéressant de systématiser la comparaison entre des sondages géoélectriques et des profils ERT réalisés au même endroit. Cela permettrait de vérifier si la sous-estimation des profondeurs des interfaces entre les niveaux du sous-sol dans les sondages géoélectriques mise en évidence ici est un cas particulier ou si elle se produit de façon systématique. 5.2.2.3 Modélisation directe Des modèles synthétiques de la répartition des résistivités électriques dans les trois lobes de fluage profond du pergélisol ont été construits afin de vérifier l’interprétation de leur structure interne basée sur la modélisation inverse des données de terrain (fig. II.75). Dans les trois cas, afin de respecter le même dispositif d’acquisition utilisé sur le terrain, un modèle à 48 électrodes espacées de 4 m, mesurées à l’aide de la configuration de Wenner-Schlumberger, a été utilisé. Un bruit aléatoire de 5% a été ajouté aux données afin d’approcher les conditions de terrain. Dans les trois cas, probablement en raison des importants effets latéraux discutés dans le chapitre précédent, il a été relativement difficile de construire un modèle synthétique permettant d’obtenir une tomographie électrique des résistivités simulées semblable à celle obtenue avec les résistivités mesurées. En particulier, il a été très difficile d’obtenir un modèle respectant à la fois la géométrie des structures et leur résistivité. Dans le cas du lobe B, par exemple, afin d’obtenir des résistivités semblables à celles mesurées, le corps très résistant a dû être placé assez proche de la surface. En modifiant la profondeur de celui-ci, en effet, les résistivités modélisées étaient dix fois moins importantes que les résistivités mesurées.


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