Reve bleu

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rêve bleu


LOCAL NLY


présente la collection de Design «rêve bleu» par Arthur Lenglin et Cedric Breisacher


CEDRIC

BREISACHER Attiré par le dessin et la photo depuis 22 ans, c’est tout naturellement que je me suis dirigé vers la filière de la création industrielle. Passionné par la matière, mais bien malgré moi éloigné d’elle depuis quatre ans, j’ai toujours essayé de prototyper mes projets, afin de garder un lien matériel avec mon produit. Cette retrouvaille, est pour moi ce qu’est la boue à un enfant, un terrain de jeu.


Après avoir étudié 3 ans l’ingénierie, je me suis dirigé vers le design industriel, pont entre le technique, mon bagage scolaire et la création, mon bagage personnel. En effet, j’entreprends depuis très jeune des démarches créatives variées. À l’âge de 24 ans, j’ai acquis des compétences dans le design, la vidéo, la musique et le travail du bois. J’essaye aujourd’hui de mélanger ses savoir-faire pour donner naissance à des projets riches et complets.

ARTHUR

LENGLIN


Lille

Saint-Potan

Nous étudions le design industriel dans la même classe depuis deux ans mais c’est en travaillant, cette année, sur un projet d’école que nous avons commencé à former un duo. Notre passion commune pour l’artisanat nous a poussés à mettre en place un atelier modest qui nous permettait, après les cours, de travailler la matière sur des projets indépendants. L’année s’est achevée, nous laissant du temps devant nous pour

concrétiser nos ambitions et un besoin terrible d’évasion. Vacances ou atelier? L’idée d’aller installer cet atelier en Bretagne, dans la maison de vacances d’Arthur, a germé naturellement puisqu'elle couvre l’ensemble de nos envies. Nous avons donc chargé la voiture et la remorque et filé jusqu’à Saint Potan, un petit village dans la campagne de Saint-malo.



«Profiter


de ce qui nous entoure» Le but de ce voyage était donc autant de profiter des richesses de cette région que de travailler sur notre projet de design inspiré par cette ambiance. Fortement impliqués pour une production respectueuse de l’homme et de son environnement, ce voyage était l’occasion de s’essayer à un mode de vie exemplaire, du moins selon nous. En fait, ce mode de vie consiste simplement à profiter de ce qui nous entoure. Ce n’est pas facile aujourd’hui dans le contexte societal, de profiter des choses simples ou d’avoir un comportement logique. Cela demande du temps, de l’argent et surtout la soif de liberté. Noyée dans le marketing, notre consommation suit une logique absurde et nous détourne de l’essentiel, du simple et bon. Durant ces quelques jours en pleine cambrousse, nous voulions en sortir.

C’est à travers des petits gestes du quotidien que nous avons retrouvé des plaisirs perdus et pourtant si accessible. Aller en vélo chercher des fraises à la ferme d’à côté, admirer le coucher de soleil sur un ballot de paille, cuisiner un festin de produits frais et locaux, débattre pendant des heures au coin du feu, boire une eau-de-vie traditionnellement distillée et pourtant illégale à la vente, se promener au bord des falaises et se gaver d’air marin, s’enrichir de l’histoire et de la culture de la région, et puis surtout ne pas en faire trop, acheter ce dont nous avons besoin en privilégiant la qualité à la quantité ou l’image de marque... Cette hygiène de vie permet de se sentir bien et nous pouvions donc travailler dans les meilleures conditions.


«Un projet local aux influences globales» Notre idée, pour coller avec le thème «tuning», était de récupérer des vieux meubles puis de les retravailler, les personnaliser. On a donc commencé par aller chiner chez Emmaüs des meubles et objet en tous genres qui nous inspiraient. Ce qui est intéressant chez Emmaüs, c’est que l’on trouve toutes sortes d’objets venant de n’importe où dans le monde et de n’importe quelle époque ou courant artistique. C’est presque une métaphore de notre société et c’est pour ça qu’il était important pour nous d’aller faire les courses la bas. Nous voulions produire une collection fabriquée localement et artisanalement tout en représentant notre réalité actuelle. Les objets que l’on trouve à Emmaüs ont des origines complètement différentes et pourtant ayant déjà vécu sur ce territoire, ils ne sont plus des produits d’ailleurs mais viennent d’ici. C’est le même principe que pour l’émigration. Il y a, en France, des personnes d’origine africaine, asiatique ou européenne, et toutes ces personnes sont Françaises, vivent ensemble et partagent le même territoire. Notre collection cherche à représenter cela: un projet local aux influences globales. On cherchait également d’autres caractéristiques pour définir le projet et donner un leitmotiv à la collection. C’est venue très naturellement! L’environnement dans lequel nous étions nous offrait beaucoup. La nature débordante, la mer, les rochers, l’architecture des villages moyenâgeux, la population... Tout cela nous donnait de l’inspiration mais aussi de la matière première. En effet, en se promenant dans les alentours, nous avons récupéré des ardoises, des tuiles en terre cuite et des boots marins destinés à l’oubli

et nous leur avons donné une deuxième chance à travers notre projet de design. Le recyclage, enjeu crucial pour notre société moderne, se devait d’être mis en valeur dans notre travail. C’était aussi un moyen de donner une histoire, un passé aux nouveaux objets que nous allions créer. Et ainsi en faire les personnages de notre design-adventure, allégories de nous-mêmes, tiraillés entre notre réalité naturelle et la réalité que l’homme a créée. Cette dualité est soulignée, dans notre travail, par l’alliance fantasque de matières naturelles et d’autres plus industrielles comme l’association de la terre cuite et du métal. Le contraste de matière est renforcé par le contraste de couleur. Les couleurs sont celles que nous avons rencontrées dans la nature: le bleu marine de la mer, le bleu clair du ciel, l'orange du soleil et de la terre cuite, et la couleur naturelle du bois clair qui est aussi celle du sable. Cette opposition se retrouve ainsi dans chaque pièce de la collection poussant l’observateur au questionnement. Nous avons abordé ce projet de design un peu comme on écrit et le résultat peut se lire comme un conte où les objets, acteurs, avec leur histoire et leur présent, se battent pour avoir leur place dans la salle et bien que tous différents, ils créent finalement une belle harmonie. Comme si l’ordre naturel avait bien fait son travail. La collection comporte dix pièces uniques issus de cette methode de travail «durable». Ils permettent de composer un interieur chaleureux et poétique, à la fois moderne et atemporel.





Présentoire à souvenir L’étagère ou la bibliothèque est un mobilier ancré dans notre intérieur, elle nous permet d’entreposer à la vue de tous notre histoire, nos souvenirs. Fragile, à l’image de l’ardoise, nos souvenirs font de nous ce que nous sommes et nous façonnent tout au long de notre vie. Les ardoises plates, encore utilisées aujourd’hui pour la toiture des maisons, s’effacent dans une architecture en pin jeune et robuste afin de laisser un maximum d’espace à la contemplation.




Etagère composée d’une structure en pin et des plaques d’ardoise. Le contraste évoqué par l’architecture grossière du cadre et la finesse des plateaux fait image à ce duo souvent stéréotypé

dans les cours d’école : la brute et le malin. Ce sont les cinq tuiles d’ardoise alignées qui dictent les dimensions de l’étagère. La structure en bois clair, simple et résistante, s’oppose à l’ardoise fine et fragile.


Coquillages


Vases conçus à partir du mariage, inattendu, entre le plastique et la terre cuite, symboliquement entre l’industrie et la nature. L’assemblage de ces deux mondes opposés est renforcé par l’opposition de couleur et montre ainsi, qu’en cohabitant, l’harmonie est possible. Une fois de plus la différence fait la force.


Culot de plafonnier et pot en terre cuite. Cette trilogie de vases synthétise notre pensée: production industrielle et respect de l’environnement peuvent aller de pair. Assemblés à la colle forte, c’est ce lien, trop faible aujourd’hui, qui nous manque pour réussir ce défi. Garni de quelques fleurs ou feuilles, le trio devient une composition florale originale ou les vases, aux formes étranges rappelant les coquillages, s’illuminent comme s'ils devenaient une partie de la fleur.



Amar Exhumées de la terre, comme le font les archéologues, ces deux tuiles sont les vestiges d’une histoire passée, oubliée. Trésor que l’on redécouvre sous son plus beau jour. À moitié peinte d’un bleu lisse à l’effet nuageux, côte à côte, elles forment un abat-jour suspendu telle une bouée d’amarrage. Portées par la mer et bien accrochées à la Terre, ce luminaire trouve sa dimension poétique.




Les tuiles flottent dans la pièce. Pourtant lourdes, elles apparaissent légères pendues au boot. Cette impression est renforcée par leur formes rondes et nuageuses. Une est peinte en bleu et symbolise la mer alors que l’autre est

naturellement à la couleur de la terre. La lumière jaillie par en haut et par en bas éclairant le ciel et la terre. Cette dualité trouve son équilibre.


Fenêtre La table basse a attiré notre regard dans l’entrepôt d’Emmaüs. Sa structure en bois, simple et minimale, la rend légère. La grande surface vitrée lui donne cet aspect de transparence qui nous a fait penser à une fenêtre. La fenêtre, symbole d’ouverture, devient une table basse, lieu central d’échange et de rencontre. Dirigée vers la terre elle semblerait inviter ses convives à la réflexion sur nos origines et notre place sur la planète bleue.



La table basse avait sur le dessus un maillage en osier sur lequel reposait la vitre. Dénudée de cet élément superflu, l’architecture de la table est plus claire et transparente. Le liseré de bois, qui contourne la partie supérieure, maintient le verre en place et donne une identité au mobilier. Il ajoute également un léger contraste.



Escale Escale est une invitation à la pause entre mer et ciel. La couleur des deux housses est là pour le rappeler. Confortable, le canapé se veut être un lieu de détente, d’évasion et de réflexion.



trouvée chez Emmaüs, la structure du canapé en rondins vernis tressés nous a vite intéressé. L’idée de voyage s’en dégageait et la forme inspirait le confort. Durement poncée, l’essence du bois s'est révélée douce et naturelle. Les boots marins remplacent les liens en jonc d’origine. Ies boots semblent lier les poutres en bois, mais leur réelle utilité est plus décorative que fonctionnelle. Les coussins sont en mousse récupérée d'un matelas et les housses sont cousues dans des rideaux également chinés.



Oeil de poisson regardant le monde


L’oeil du poisson emprisonné dans les cordes des pêcheurs regarde, impuissant, le monde. Comme il le nourrit, il l’éclaire. Il éclaire aussi à l’opposé, cherchant désespérément un autre horizon, une issue. Le monde lié au poisson par la corde, s’est arrêté de tourner. Cette métaphore qui invite clairement à se questioner sur notre façon de consommer prend finalement la forme d’un luminaire.


La corde qui soutient la mappemonde, peinte sur une bouée en terre, s’échappe puis s’enroule en formant un pied à l’oeil de poisson qu’elle encercle finalement. L’oeil est le résultat de l’assemblage de deux abat-jours bleus. La corde et la bouée ont etait récuperés sur le port.



Attrapeur de rêve L’attrapeur de rêve est un élément decorative qui révéle la dimension spirituelle de notre travail. Censé chasser les mauvais rêves, il protége le dormeur des pensées négatives et l’aide à profiter de la liberté qu’il trouve dans le sommeil. Cette liberté, c’est ce que l’on cherche au reveil, c’est ce que l’on cherche dans notre travail. L’attrapeur symbolise cette quête infini, grande et belle.



Les tresses de laine sur lesquelles pendent des poids et des leurres semblent être les vestiges d’un filet de pêche. La palette de couleurs est celle de la collection, à l’image de la nature bretonne.



Soleil couchant Le jeu de couleurs est essentiel dans cet objet. Respectant la règle des tiers, il lui donne les proportions visuelles recherchées. le bleu occupe un tiers de la bouteille tandis que le blanc partage avec quatre tours d’orange les deux tiers restant, créant ainsi ce paysage abstrait où l’on y voit le soleil se coucher sur la mer. Soleil couchant n’est pas un hasard pour un bougeoir car c’est lui qui prend la fonction du soleil une fois la nuit tombée.




Ces deux bougeoirs sont en fait des bouteilles en verre, une de 75 cl et l’autre de 33 cl, recouvertes de boots marins enroulés. Cette technique très simple et réalisable par tous peut faire penser à de l’artisanat africain. La couleur des cordes appuie cette idée. Les bougies standard s’inscèrent parfaitement dans le

goulot donnant à l’objet une forme élégante. En se consumant, la cire coule et sèche sur les bougeoirs formant des stalactites aux allures ancestrales. Voilà la démonstration que le design est un jeu ouvert dans lequel la créativité est chef d’orchestre.


Table du penseur C’est en voyant les ardoises plates que la table du penseur s'est dessinée. Les ardoises nous rappelaient celle que l’on avait à l’école, alors on a décidé de s’en servir de la même manière mais pour faire un bureau d’adulte, peut être un peu nostalgique… La simplicité et la finesse du bureau laissent place à l’inspiration alors que les ardoises permettent de figer toutes pensées avant qu’elles ne s’envolent.



La structure du bureau est en pin mais les deux pieds en inox créent une oxymore. Inox que l’on retrouve sur le côté avec le porte-document, détournement d’un porte-serviette, et le tabouret. L'orange vient donner une touche de couleur au bureau et souligne les éléments fonctionnels. Le porte-document, le tabouret, le pot a craies et l’effaceur. Puis il reste les ardoises, au nombre de 5, rangées dans le casier ou mises en avant sur le dessus. En effet une fente traverse l’arrière du plateau et permet d’afficher ses notes devant soi, laissant le choix sur la disposition graphique des ardoises.


Ardoises

Effaceur

Porte documents

Pot Ă craie


Cycle du voyageur Retrouvé chez Emmaüs. Le vélo, synonyme de découverte et de liberté, est un moyen de transport encore peu utilisé aujourd’hui. Souvent juger trop solitaire ou peu pratique, nous le délaissons pour à nos véhicules à quatre roues plus accommodants.



Nous avons rajouté un coussin amovible à l’arrière afin de briser la monotonie du voyage. Une fois arrivé, il se range dans sa sacoche. Le guidon a été travaillé comme le manche d’un couteau pour donner douceur et confort au conducteur. Pièce artisanale, elle marque le lien entre l’utilisateur et le fabricant. Le cadre avec les mousquetons attachés à l’aide de boots ressemble au mât d’un bateau où la sacoche en serait la grand-voile hissée au départ.














Design, textes et photographie par Arthur Lenglin et Cedric Breisacher remerciements à Charlotte, Fafa et Phiphi, JP et Nadine, Le réparateur de vélo, Emmaus côte d’Armor contacts: arthurlenglin.tumblr.com / cedric.breisacher@gmail.com


rĂŠveil


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