LE HAVRE ESCALE Tome 2
Architecture, villes, ressources . Célia Landry & Marion Vallat . ENSAG 2016 ~ 2017
LE HAVRE ESCALE Tome 2
Architecture, villes, ressources . Célia Landry & Marion Vallat . ENSAG 2016 ~ 2017
sommaire URBAINE 1 CLARIFICATION La stratégie de la municipalité à l’horizon 2022
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REDONNER DE LA COHÉRENCE À UN LINÉAIRE DISCONTINU
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LES BASSINS DU ROI, VESTIBULE DU CENTRE RECONSTRUIT
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AUX POISSONS 2 LAUneHALLE entrée de ville à la mesure du nouveau littoral
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LA HALLE AUX POISSONS, LE PENTAGONE COMME REPÈRE
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UNE HALTE AU HAVRE, FLUX ET REFLUX DES USAGERS
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ALTERNATIVE 3 ANTICHAMBRE La halle porteuse des temporalités de l’escale havraise CONCLUSION
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Vue du ciel, les quais de southampton et en second plan, le havre reconstruit 4
1 clarification urbaine LA STRATÉGIE DE LA MUNICIPALITÉ À L’HORIZON 2022
Flirtant avec ses différents visages, le Havre a décidé depuis quelques années de reconfigurer son littoral et de reconquérir le territoire de l’eau qui l’accompagne. Au fil de différents projets, un nouveau linéaire se profile et dessine les limites de la ville. S’étirant de l’ouest à l’est, ce linéaire s’étend depuis la plage jusqu’au quartier de l’Eure, à la frontière du port industriel. Ce littoral est la première façade de la ville qui se laisse percevoir depuis la mer. Ainsi son aménagement est un enjeu dans la lisibilité de la ville. Il est le témoin des va-et-vients des porte-conteneurs, des bateaux de croisières, des marins pêcheurs en expédition. Espace public d’agrément, ce linéaire témoigne des différentes temporalités.
L’été, la plage se voit colonisée par une multitude de cabines de plage. Véritable attracteur touristique l’été, l’hiver ce littoral devient une promenade le long de l’eau, qui laisse place à la flânerie. Ce littoral constitue une véritable identité pour les Havrais. Aujourd’hui en mutation, il s’agit pour la ville du Havre d’asseoir les qualités d’un littoral qui fait corps avec l’urbain autant qu’avec son visage portuaire. Ainsi, le territoire s’écrit au fil de l’eau et s’éclaire par le réaménagement d’un espace qui jusqu’alors semble flotter entre terre et mer.
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1.1
REDONNER DE LA COHÉRENCE À UN LINÉAIRE DISCONTINU
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UN TRACÉ UNIFIANT LE LITTORAL PORTUAIRE LE LINÉAIRE EN 3 ÉTAPES
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Dès les années 1830, sous la Monarchie de Juillet, le Havre devient une station balnéaire convoitée par les Parisiens. L’exploitation touristique de la façade maritime s’enclenche. Le Boulevard Maritime se dessine, devenant une promenade longeant la mer. A la suite de la Seconde Guerre Mondiale, la
epuis les années 2000, la ville du Havre entend s’affirmer comme station balnéaire. Aux portes de la Manche, un premier dialogue s’engage. Des falaises de Saint-Adresse jusqu’au centre-ville du Havre, la plage offre une première interface entre l’urbain et le marin. 8
4,6 KM
DE LITTORAL RECONQUIS
ville est sinistrée. Il faudra attendre les années 1980 pour que la politique de développement du territoire havrais s’axe à nouveau sur le devenir touristique de la station balnéaire. Avec le projet Port 2000, il s’agit tout d’abord d’étendre les ressources du Grand Port du Havre. Mais un tel projet vient conforter une
dynamique de reconquête de l’ensemble du littoral, à commencer par la requalification de la promenade maritime, abandonnée à la suite des grandes guerres.
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LA PLAGE
2000
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RENDRE À LA PLAGE SON CARACTÈRE D’ESPACE PUBLIC D’AGRÉMENT UNE FAÇADE ENTRE ATMOSPHÈRE MARITIME ET ÉTENDUE URBAINE
U
ne plage urbaine isolée de son centre ville situé à seulement quelques minutes à pied, telle était la définition du bord de mer du Havre avant son réaménagement. L’onde automobile importante s’étendant du centre ville jusqu’aux quartiers résidentiels des hauteurs de la ville avait transformé le littoral en une voie rapide congestionnée, créant une limite claire entre la ville et sa façade maritime. La plage attirait toujours de nombreuses personnes durant la période estivale, et ses cabanes de plage et autres restaurants temporaires assuraient le caractère attractif du bord de mer. Néanmoins, Le Havre avait perdu sa réputation de station balnéaire. Le Plan Général de Développement du Littoral de 1987 incluait le projet de réaménagement de la plage. Le but était alors clair: renouveler le paysage du bord de mer, développer les activités existantes et rétablir les liens perdus entre la ville et son littoral. Les premières interventions ont eu lieu en 1990. Elles avaient pour but de contenir le trafic et développer les voies piétonnes. C’est en 1994 que le projet de la plage dessiné par Alexandre Chemetoff vient réinventer Le Havre
balnéaire. L’intervention du paysagiste a permis de réveiller cet espace public négligé pour composer le lieu de flânerie le plus fréquenté de la ville que la plage est aujourd’hui. La rénovation du littoral touristique démontra la portée symbolique de l’ensemble du projet, la zone à requalifier étant l’une des plus pratiquées par les habitants du Havre. La stratégie de l’intervention fût de limiter les cabines de plage, la construction de nouveaux espaces publics d’agrément mais surtout d’introduire le végétal dans l’univers minéral que représentait alors la plage. Les jardins occupent une large étendue de cette dernière. Une voie piétonne de promenade les longe. Une bande intermédiaire sépare ces deux éléments, composée d’un ruisseau et de différentes plantes aquatiques. L’ensemble est surélevé quant au niveau de la plage, laissant ainsi l’espace nécessaire aux activités estivales. Cet aménagement fondateur fût prolongé en 2008 par le travail de l’Atelier Lion, venant étendre la promenade au sud de la plage. Une esplanade mêlant activités sportives et errances urbaines et maritimes ponctue ce nouveau littoral.
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portion de la promenade de la plage
porte océane
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le promenade de la plage rĂŠamĂŠnagĂŠe, avec ses cabanes estivales
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QUARTIER DE L’EURE
2005
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TRANSFORMER UN ANCIEN QUARTIER PORTUAIRE LE QUARTIER DE L’EURE COMME PILIER DE LA TRANSITION
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du Havre de créer un nouveau hub commercial et social au sein du quartier de l’Eure. A plus grande échelle, le port du Havre s’inscrit dans le projet commun aux villes de Rouen et Paris de fédérer les trois ports autours d’une même dynamique. L’axe de la Seine se présente comme un lien entre ces trois agglomérations qui se sont accordées pour proposer la mise en œuvre d’un schéma stratégique pour l’aménagement et le développement de la Vallée de Seine. Sur le modèle de «Réinventer Paris», ces trois villes se sont associées pour «Réinventer la Seine». Et c’est le quartier de l’Eure qui se retrouve mis en valeur dans le choix des sites stratégiques au renouvellement des alentours de la Seine. Démarré en 2013, le projet «Réinventer la Seine» a définit six sites dans l’agglomération Havraise dont cinq situés dans le quartier de l’Eure. On retrouve des appels à projets concernant des logements flottants ainsi qu’un stade nautique sur les bassins historiques de la zone, le réaménagement de friches industrielles ou encore la reconversion de hangars de stockage de marchandises. Plus qu’un élément nécessaire à la régénération des quartiers sud du Havre, le quartier de l’Eure incarne les enjeux de réappropriation du territoire portuaire qui compose la ville, renouant avec le tissu havrais et redessinant son littoral.
epuis le début des années 2000, la ville du Havre s’est engagée dans la reconversion de ses quartiers sud, en partenariat avec l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU). A la suite du grand projet Port 2000, l’empreinte du port s’est éloignée du centre ville, laissant ses anciens quartiers exsangues d’activités portuaires. Organisé autours des Bassins Vauban, ce dernier est créé au 19e siècle à la suite de la révolution industrielle, servant d’avant-port à la ville du Havre. Le quartier de l’Eure s’urbanise alors dans le but de pouvoir accueillir les ouvriers du port. Jusqu’à la moitié du 20e siècle, l’avant-port est des plus actif. Mais l’apparition des conteneurs sonne la fin de la prospérité de ce quartier. N’étant plus adapté à ce nouveau type de commerce, il se transforme en un ensemble de friches industrielles et portuaires. La dynamique du lieu se détériore et la zone et ses habitant sont délaissés. Dans un soucis de requalification du patrimoine lié au port, le quartier de l’Eure fait parti des enjeux majeurs de cette transformation. Composé majoritairement de logements sociaux, les grands axes de travaux se tournent autours de la réhabilitation de ces logements, la construction de nouveaux pour favoriser la mixité sociale et la création de services propices au développement du quartier de l’Eure et de son attractivité. Par le renouvellement de ce quartier, la ville du Havre dessine une nouvelle entrée de ville en transition entre son territoire portuaire et urbain. C’est entre 2006 et 2009 que deux projets significatifs de cette transformation viennent marquer cette requalification. Les Bains des Docks imaginés par Jean Nouvel voient le jour le long des Bassins Vauban. C’est le point de départ du réaménagement de l’ensemble des bâtiments en prise avec ces bassins. A proximité des bains, on retrouve les anciens docks abandonnés, utilisés pour entreposer les marchandises issues du commerce maritime. Symbole d’une gloire industrielle passée, ils sont transformés en 2009 en galeries marchandes et expriment la volonté de la ville 18
les Bains des Docks, 2009 les Docks Vauban, 2008 vue aérienne du quartier de l’eure
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QUAI DE SOUTHAMPTON
2022
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UN PROJET PHARE DANS LA PRATIQUE DU LITTORAL REQUALIFIER LE QUAI DE SOUTHAMPTON COMME VITRINE DE LA VILLE
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le quais de southampton aujourd’hui
& le projet de réaménagement de michel desvigne
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e front de mer au sud de la ville expose le Havre aux touristes débarquant sur la rive qui lui fait face. Le quai de Southampton met en scène la ville. Il est la première façade perçue depuis l’entrée de ville par voies maritime qu’empruntent chaque année plus de 800 000 visiteurs faisant escale au Havre, arrivant au terminal de croisières à la Pointe de Floride, au terminal des ferries dans cette même anse ou descendant à terre pour quelques heures plus loin dans le port depuis les navires de marchandises. Ce quai témoigne aujourd’hui de la fonction portuaire, fondement de la ville du Havre. Mais le port s’étendant de plus en
plus au sud-est de la ville, les activités liées au port ont finalement disparu. Lancé en février 2016, le projet du Grand Quai du Havre tend à réinvestir l’étendue de ce dernier. Il prolonge la promenade de la plage et lie Saint-Adresse au quartier Saint François en une ballade ininterrompue de quatre kilomètres, oscillant entre déambulation balnéaire et flânerie urbaine, découverte portuaire et exploration havraise. Ce nouveau linéaire tisse un lien entre les différentes échelles, de l’horizon maritime lointain à celle de l’urbain plus proche. Le quai de Southampton marque le lien
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© IGN 2016 www.geoportail.gouv.fr/mentionsleg
© IGN 2016 www.geoportail.gouv.fr/mentionslegales Longitude : Latitude :
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Longitude : Latitude :
0° 06′ 15″ E 49° 29′ 05″ N
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gales
0° 06′ 30″ E 9° 29′ 05″ N
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© IGN 2016 www.geoportail.gouv.fr/mentionslegales Longitude : Latitude :
0° 06′ 41″ E 49° 29′ 09″ N
qu’entretient la cité à l’univers maritime. Il s’agit pour le projet du Grand Quai de valoriser cette interface ville-port en dessinant un nouvel espace d’agrément liant la pratique urbaine à la contemplation portuaire. Le projet a été confié au paysagiste Michel Desvigne. Un linéaire de presque deux kilomètres recompose un paysage jusqu’alors minéral. L’ensemble s’articule du port de plaisance à l’ouest jusqu’au port de pêche à l’est. Il se compose de grandes surfaces végétales, alternant entre terrains de sport et lieu de pause. Le projet, dont la livraison est prévu en 2022, exprime la place importante
de l’usager pédestre dans le dessin de ce linéaire. La longue promenade est l’élément liminaire, le tracé automobile étant réduit au strict nécessaire pour permettre de dégager la façade maritime et d’en clarifier la lecture. Avec ce projet, le quai délaissé retrouve un rôle dans l’urbanisme de la ville du Havre et participe de ce nouveau linéaire reliant les falaises de Saint Adresse au nord-ouest au quartier de l’Eure au sud-est.
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UN CREUX DANS CE LINÉAIRE CAPTER LES FLUX POUR MIEUX LES DESSERVIR CENTRE VILLE RECONSTRUIT QUARTIER PERRET
VERS LA PLAGE
ST FRANÇOIS
AL TERMIN S IE R FER
TERMINAL CROISIÈRES ACCÉS CENTRE VILLE ET GARE
280 000 PASSAGERS / AN faisant escale au havre
200 000 MARINS / AN faisant escale au havre
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AG 015 E ET LA PL 6 D E ILL PAL RINCI E CENTRE V P E T SL ROU E VER É R T N E
GARE
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a nouvelle silhouette du littoral havrais unifie la relation de la ville à son port. Mais dans le tracé qui se profile, un élément manque à s’intégrer. La presqu’île de Saint François, cernée par les Bassins du Roi, se voit boudée par le projet de réaménagement, cristallisant ainsi les enjeux de liaison et d’appropriation du linéaire avec les quartiers qu’il cerne, notamment celui du Centre-Ville. Située à la pointe du quai de Southampton, ce creux dans le nouvel aménagement marque la césure entre la ville et le port. A l’échelle du Havre et de son plan de renouvellement, l’importance stratégique de ce rouage manquant s’affiche. Flux automobiles et piétons se croisent en ce point nodal. La route départementale D6015, un axe majeur de circulation permettant de contourner le centre ville et de rejoindre la côte, longe les bassins et le littoral. L’élément vide du linéaire se voit donc souligné par cet axe, accentuant son importance. Une seconde ligne vient participer de ce carrefour de flux. Une unique route, l’avenue Lucien Corbeau, permet de rejoindre directement le centre-ville depuis le port. C’est par cette dernière que les travailleurs du port y accèdent. En ce point du linéaire, on observe donc les évènements quotidiens que représentent les allers et retours des usagers
du port. Et c’est par cette même route que transitent les touristes du Havre. En effet, le long de cet axe se situent les terminaux de ferries et plus loin les terminaux de croisières. A pied ou par l’utilisation de navettes, les explorateurs débarquant au Havre empruntent l’avenue et arrivent, désorientés, à un croisement offrant différents choix de directions. Proche des Bassins du Roi, il représente l’entrée de ville de ces touristes débarquant des terminaux et se dirigeant vers le centre-ville, à pied principalement. L’avenue Lucien Corbeau devient au nord la rue du Général Faidherbe. Cette rue pénètre dans le centre-ville, longe les Bassins historiques du Roi et emporte avec elle les marées de touristes qui se déversent au Havre. Cet élément incomplet du linéaire dévoile les enjeux de sa requalification. C’est par ce point structurant du projet de réaménagement urbain du Havre qu’il va s’agir de lier l’histoire portuaire de la ville avec son centre-ville. Ce creux dans le linéaire devient un composant incontournable au dynamisme et à la pérennité du nouveau tracé, mêlant les enjeux touristiques et patrimoniaux de cette porte d’entrée à ceux d’une ville en renouveau.
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1.2
LES BASSINS DU ROI VESTIBULE DU CENTRE RECONSTRUIT
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les bassins du roi, occupés par les bateaux de l’association des pêcheurs et plaisanciers amateurs
LE HAVRE DU BORD DE L’EAU NÉGATIF
LE PATRIMOINE DES BASSINS DE LA VILLE INFILTRATION ET CONSTRUCTION AUTOUR DE LA MER
© pierre lenoire vaquero 32
CARTE SCANNéES
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PETIT PRÉCIS DES ESPACES PUBLICS D’AGRÉMENT DU CENTRE VILLE DU HAVRE SOULIGNER LE MANQUE D’EXPLOITATION DES BASSINS HISTORIQUES
les différents sites précisés
La place de l’Hôtel de Ville offre un parvis au bâtiment administratif qui la surplombe. Deux fois plus grande que la place de la République à Paris, elle sert de lieu de passage, hub de communication où la première ligne de tramway a laissé sa trace, la scindant en deux. L’espace monumental qu’elle dessine (273 mètres de long et 240 mètres de large) permet un répit face au flux de voitures qui définit le centre ville.
Le Volcan d’Oscar Niemeyer se base sur une place carrée faisant face aux Bassins du Commerce. Jouant avec une topographie minérale, l’espace qu’elle dessine en contre bas des avenues alentour marque un lieu plus intime et propice à l’arrêt. Autours de la Cathédrale Notre Dame, un creux, une respiration dans la trame d’Auguste Perret. Quelques arbres ponctuent une place finalement déserte, qui s’emplit lors d’événements tels que des vides greniers et autres marchés éphémères.
nslegales
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0° 07′ 02″ E 49° 29′ 34″ N
07′ 02″ E ° 29′ 34″ N
Potentiel inexploité, les Bassins du Commerces et du Roi offrent une promenade entre urbain et maritime au cœur du centre ville, mais échappent à la flânerie piétonne pour laisser place à l’automobile. Durant l’été, les bassins s’activent par les différentes pratiques nautiques qui les emplissent. L’intérieur des bassins est occupé mais les abords restent confisqués par l’offre de parking. La plage bordant le Centre Ville représente l’espace public d’agrément le plus important de la ville. Mais ici, sans nier son potentiel attractif, il s’agit de démontrer un manque de diversité des espaces publics dans le centre ville alors que nous sommes dans la zone la plus densément habitée.
L’ACTIVITÉ AUTOUR DES BASSINS LE SERVICE AVANT TOUT
L
e Centre-Ville est le quartier le plus dense des 25 que compte la ville du Havre. Il se compose à 98,9% de logements collectifs, héritage de la reconstruction où il aura fallut reloger rapidement une grande partie de la population havraise pour laquelle plus de 12 000 logements ont été construits. C’est un ensemble où la prégnance minérale ainsi que le nombre d’habitants présent révèle le caractère tertiaire de la zone. Une majorité des immeubles se compose d’un rez de chaussée offrant commerces et services, nécessaires en ville, et d’habitation aux niveaux supérieurs. La proximité de ce genre de services fait de ce quartier un point de convergence des besoins, où l’ensemble des havrais gravitent et utilisent
les rez de chaussée de la rue de paris
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le centre ville pour ces raisons de services plus que par déambulation spontanée et volontaire. La largeur des rues, la présence importante de la voiture et du béton, matériaux de la reconstruction, souligne l’inappropriation par les habitants de ces lieux. En effet, le centre ville témoigne finalement d’un caractère tertiaire difficilement abordable voire hostile. Les Bassins du Roi, situé en plein cœur de ce quartier, témoigne de ce manque de proximité entre la ville et ses habitants. Ils sont les éléments oubliés d’une requalification du littoral havrais pourtant indispensable lorsqu’il s’agit de pratiquer la ville depuis la mer jusqu’à l’intérieur du tissu urbain.
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AUX PORTES DE LA VILLE UNE ENTRÉE ATTRACTIVE AU FIL DE L’EAU Vers le centre-ville
L
es bassins historiques invitent le paysage portuaire à s’infiltrer au cœur du centre ville. L’eau irrigue le quartier reconstruit et dessine un dialogue entre le bâti et l’eau, l’artifice des bassins et la nature de l’eau qui les emplit. Au rythme des saisons ou des marées, les bassins transforment l’activité et intriguent par leur présence singulière, révélatrice de l’identité unique du Havre, entre ville et port. Mais le potentiel de ces bassins n’est que peu exploité. Sept bassins laissent leur empreinte dans la ville. Et deux de ces bassins se situent dans le quartier du centre ville. Contrairement aux autres, pour lesquels un traitement particulier libère les contours et les rend à la pratique piétonne, les bassins du Roi et du Commerce se voient enserrés par de nombreuses places de parking. Le rapport à l’eau au cœur du centre ville que laissent envisager ces bassins est finalement lointain pour le piéton, le stationnement en confisquant les abords. Les Bassins du Roi soulignent l’enjeu de porte d’entrée que représente le rouage manquant du linéaire. Ici, la trame de Perret se détend pour accompagner le bord de l’eau. Au travers de cette infiltration d’eau, il s’agit de rendre à ces bassins une qualité d’espace public praticable pour les usagers et habitants du centre ville. Suivant le chemin de l’eau, traiter les alentours des bassins permettrait d’offrir un espace qui guide la promenade, accompagnant le visiteur de la mer jusqu’au centre ville et reliant les différents visages du Havre. Les Bassins du Roi ne seraient plus une césure mais bien un point de jonction au cœur du centre ville du Havre.
Ancienne Halle aux Poissons
Bassins du Roi
Marché aux poissons Arrivée depuis les terminaux Port de pêche Quai de Southampton
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RUE
GÉN
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2 41
le marin de pierre et gilles, sur fond de havre nocturne
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2 la halle aux poissons UNE ENTRÉE DE VILLE À LA MESURE DU NOUVEAU LITTORAL
En pénétrant la ville depuis la mer, ou suivant le chemin que l’eau a tracé, différentes marques du territoire s’offrent aux usagers, voyageurs et habitants. La limite entre l’activité portuaire et celle plus tertiaire du Centre-Ville du Havre se brouille et se confond aux abords des Bassins du Roi. Entrée de ville touristique, ces bassins captent par leur présence l’intérêt de l’usager. Mais un autre objet singulier à la convergence de ses flux interroge. Une ancienne halle aux poissons s’élève plantureusement sur une parcelle limitée par les bassins. Elle se contourne mais ne se pratique pas, étant fermée depuis des années maintenant. Par son
étrangeté, elle marque l’entrée de la ville sans pour autant qu’elle est été conçue à cet égard. En lien avec le port de pêche, le port industriel et les terminaux de croisières et de ferries à proximité, la halle est le témoin des différents flux qui convergent vers le centre ville. Par notre proposition, nous allons exploiter cette capacité à unir les caractères de l’entrée de ville que présentent les Bassins du Roi et l’ancienne halle aux poissons jusqu’alors ignorée. Par la reconquête de cette halle, il s’agit de révéler le caractère attracteur des bassins et du centreville, véritable interface entre la ville et le port mais aussi entre les visiteurs et les habitants.
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2.1
LA HALLE AUX POISSONS LE PENTAGONE COMME REPÈRE
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vue aĂŠrienne des bassins du roi et de la halle aux poissons
Š office du tourisme du havre 46
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la halle, ĂŠlĂŠment opaque du paysage des bassins du roi
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49
L’ANCIENNE HALLE AUX POISSONS BÂTIMENT EMBLÉMATIQUE POUR UNE ENTRÉE DE VILLE ICONIQUE
Marc Bassins du Roi Cathédrale Notre Dame
Centre Ville
SECTEUR «5 MINUTES À PIED» 50
Quai de Southampton Ancienne Halle aux Poissons
ché aux Poissons
Grand Port du Havre Port de Pêche Terminal de Ferry
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ÉTAT DES LIEUX PATRIMOINE DÉLAISSÉ DE SAINT FRANÇOIS
E
n 1950, des travaux sont lancés pour l’édification de la halle aux poissons. De forme pentagonale, elle se trouve le long des Bassins du Roi, quai de l’île. Il s’agit de remplacer l’ancienne halle aux poissons détruite lors des bombardements de 1944. L’ouvrage est confié aux architectes Jean Le Soudier et Charles Fabre, architectes havrais de la reconstruction. Inaugurée en 1952, cette halle était destinée à accueillir les étals pour la vente directe de poissons du retour de pêche. Seulement, elle n’occupa jamais cette fonction du fait de son manque de porosité. La halle aux poissons est finalement fermée pour non conformité aux normes d’hygiène, les loyers perçus par la ville ne permettant pas de financer les travaux de mise aux normes sanitaires, selon la réglementation européenne. La ville lance le projet de construire 28 étals carrelés sur les quais de l’île en 1994, à proximité de la halle. Ce projet permet la vente
directe des prises des pêcheurs. Ces étals sont reliés à des conduits d’eau mais il n’y a pas d’électricité. Aucun des box n’est équipé de réfrigérateurs ou de congélateurs qui permettraient une meilleure conservation des poissons. Ces étals sont loués aux pêcheurs qui en ont la responsabilité. Pour faciliter l’arrivage de la pêche, en 1997 une rampe est érigée pour permettre le chargement et le déchargement des bateaux quelle que soit la marée. Le tout est complété par la construction d’une digue de protection. Avec ce nouveau projet, la halle aux poissons existante, désormais inoccupée, devient vacante pour d’autres projets. Elle est ouverte une fois par an au public lors des animations «Mer en fête». Certains regrettent que l’intérieur de la halle ne soit pas plus ouvert au public et qu’elle ne soit pas exploitée pour accueillir plus d’événements.
coupe paysagère de la halle et des bassins du roi
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PLAN DU RDC DE LA HALLE 1/250 ÈME N 8,76 M 2,75 M coupe sur la halle aux poissons, sur fond d’architecture de perret
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1/250 ème
PLAN DE LA RÉSILLE PORTEUSE DE LA TOITURE 1/250 ÈME
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© PHILIP HECKHAUSEN 56
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STRUCTURE DE LA HALLE MISE EN ŒUVRE DU BÉTON
L
e bâtiment de la halle aux poissons en béton est un pentagone de 20m de côté. L’ensemble de l’ouvrage repose sur des pieux préfabriqués sous les principaux points porteurs. En partie basse, la halle est composée de murs en moëllons de roches dures et mi-dures, ornement typique des années 50, reposant sur des semelles en béton. Seulement, ces murs sont opaques, et ne sont pas en accord avec la fonction d’une halle où les allers et venues des usagers sont freinés par ces façades denses et fermées. Ce fût une des raisons majeures pour laquelle les habitants, pêcheurs et acheteurs, n’ont pas exploité la halle. Toujours en partie basse, les menuiseries sont séparées entre elles par des potelets de béton formant des meneaux. La toiture basse qui ceinture les murs en moëllons a une valeur structurelle. Elle permet de cercler et de maintenir les poteaux qui constituent la partie haute de la halle. En partie haute, la toiture en béton est maintenue par des poteaux, 6 par côtés. Ces derniers sont de sections rectangulaires. Mais chaque angle est ponctué de poteaux pentagonaux dans des sections plus importantes car les charges sont plus importantes. Chacun d’eux sont bouchardés. Au cœur, une coupole est maintenue par cinq poteaux pentagonaux bouchardés également. Le plafond est composé de caissons. Le vitrage des façades est maintenu par des meneaux en béton avec des feuillures destinées à recevoir directement les vitreries.
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TOITURE dalle de 6 cm d’épaisseur
RÉSILLE système de poutres 60*30 cm 40*20 cm
MENEAUX en béton 5 POTEAUX CENTRAUX de forme pentagonale 20 cm de côté 25 POTEAUX PÉRIPHÉRIQUES 20*40 cm
TOITURE DU SOUBASSEMENT
MUR PÉRIPHÉRIQUE EN MOËLLONS
AXONOMÉTRIE ÉCLATÉE DE LA HALLE 59
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2.2
UNE HALTE AU HAVRE FLUX ET REFLUX DES USAGERS
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ESCA LE
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E R V A UH
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S
ituée en bordure du littoral havrais, la halle est aujourd’hui contournée, frôlée. À l’interface des terminaux de ferries et de croisières, c’est-à-dire à l’interface des flux entrants dans la ville, la halle n’est pas exploitée. C’est un objet obsolète au cœur de sa parcelle. En nous saisissant de son potentiel multidirectionnel et de sa position urbaine, il s’agirait de faire de cette halle une véritable entrée de ville et marquer une halte pour les différents touristes et usagers qui transitent par le site. Elle deviendrait le signal, le phare urbain de l’entrée du centre ville. En la transformant, la halle serait l’escale, l’antichambre du Havre captant les usagers qui gravitent autour d’elle et des Bassins du Roi qui permettrait cette transition de la terre à la mer avant de reprendre le large. Nous évoquerons dans les chapitres suivant comment nous allons faire de cette halle cette double escale. Mais nous expliquerons dans un premier temps pour qui et pourquoi cette transformation se révèle de plus nécessaire.
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QUI GRAVITE AUTOUR DE LA HALLE ? CAPTER LES USAGERS AU CŒUR DE L’ÉLÉMENT URBAIN
APPA
PÊCHEURS
Association de Pêcheurs et Plaisanciers Amateurs. Tout au long de l’année, les Bassins du Roi sont utilisés par l’APPA. Comptant 80 membres, l’association utilise les Bassins du Roi que la municipalité leur prête pour parquer leurs 57 bateaux en échange de l’entretient de ces derniers. Pêcheurs amateurs, ils n’ont pas de locaux disponibles pour entretenir leurs bateaux. Ils contribuent à animer et valoriser les bassins historiques.
Le marché aux poissons à proximité est fourni tout au long de la journée. Le passage des pêcheurs et de leurs bateaux génère un dynamisme autour de la halle. Bien que cette activité ne soit pas représentative de l’activité portuaire industrielle, principale source financière du Havre, les Havrais n’en restent pas moins fiers et demeurent attachés à leur identité de pêcheurs qu’ils souhaitent défendre et affirmer.
HABITANTS
Le quartier du centre ville est le plus dense du Havre. La Halle se situe dans le secteur de SaintFrançois, «quartier breton» de la ville. Emplie de bars et de restaurants, il s’agit de capter cette énergie et de recomposer avec ces éléments qui tendent à s’éteindre avec le temps. De plus, il s’agit de requalifier les abords des Bassins du Roi et de la parcelle de la halle pour créer un véritable espace public d’agrément.
TOURISTES
MARINS
Chaque année c’est plus de 800 000 croisiéristes et voyageurs Transmanche qui font escale au Havre depuis les terminaux de croisières et ferries à proximité. Ces voyageurs transitent à pied vers le centre ville et la halle est un passage obligé. Capter ces touristes en escale représentent une ressource financière pour l’agglomération havraise. Il s’agit de leur proposer une halte dans leur visite effrénée avant d’embarquer.
Par son statut de premier port français pour le commerce extérieur et le trafic de conteneurs, de nombreux marins internationaux transitent par le Havre. Il s’agit de proposer aux 200 000 marins qui font escale au Havre chaque année, un foyer pour quelques heures. Foyer anciennement situé dans le centre ville mais qui depuis cette année a perdu ses locaux. C’est leur offrir une connexion internet et un pied à terre. En effet, le seul moyen de se raccrocher à leur vie intime est de construire quelque chose de familial via Internet. C’est également l’occasion de retrouver un lieu calme qui n’existe pas sur le bateau. 64
e s u m a ’ s e r è i s i o r C La Cro
800
000
PASS es AGERS
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ESCALES
€
328 000
PASSAGERS
Dépenses moyennes 97 € PAR PASSAGER / ESCALES
" 4,8 MILLIONS AU PROFIT DE L’AGGLOMÉRATION HAVRAISE" Emplois 130 EMPLOIS DIRECTS Temps sur place 5 HEURES EN MOYENNE Age moyen des croisiéristes 46 ANS
OFFICE DE TOURISME DE L’AGGLOMÉRATION HAVRAISE, 20/02/17
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3 67
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3 antichambre alternative LA HALLE, PORTEUSE DES TEMPORALITÉS DE L’ESCALE HAVRAISE
Aux portes du Havre, la notion d’escale fonde le projet. L’ancienne halle aux poissons est le support de l’attente, d’un entre deux, qu’il s’agisse de se rendre vers la ville ou de reprendre la mer. La halle devient le lieu où nous proposons une nouvelle vision du Havre, où l’on en découvre ses secrets et une alternative aux circuits axés sur le centre-ville reconstruit de Perret. C’est le visage d’un Havre contemporain que nous convoquons, cette ville en connexion avec le monde, avec ses flux et reflux des porte-conteneurs. Mélangeant les usagers, captant des voyageurs éphémères comme des habitants engagés dans leur ville, les croisiéristes, les marins, il s’agit de créer ici un véritable phare urbain, servant les
attentes des différentes temporalités amenées par les usagers. Notre architecture se sert de la halle, la valorise et la réemploie. Le programme recompose un cœur actif dans le quartier du centre-ville, fédérateur et révélateur de l’entrée de ville qu’il constitue. Notre architecture révèle la dimension internationale du Havre, en captant les flux entrants de la ville. L’antichambre du Havre multiplie les configurations du pentagone pour répondre aux différentes activités.
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vue depuis la rue faisdherbe, arrivĂŠe depuis les terminaux
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QUELLE RÉSOLUTION ARCHITECTURALE FACE À LA FIGURE DU PENTAGONE EXPLORATION FORMELLE AUTOUR DE LA HALLE
L
a forme pentagonale de la halle existante s’est présentée à nous comme une figure forte et figée. Il s’est agit de travailler une réponse architecturale qui saurait dialoguer avec le pentagone tout en s’en détachant pour ne pas se laisser emprisonner par cette forme prégnante. L’enjeu architectural a été de comprendre cette halle et les logiques structurelles, formelles, et de trame qui lui sont propres. L’expression forte à laquelle nous nous sommes confrontées nous a permis de proposer différentes résolutions architecturales explorant les qualités multiples du pentagone. L’objectif étant d’éviter la réponse de la découpe de la forme par le «camembert», solution résultant d’un mimétisme intrinsèque du pentagone, une réponse qui ne semble pas à la mesure de l’élément existant. Face à une
figure aussi imposante, identique en chaque face, il a été question d’apporter une solution qui permettait d’exploiter chacune de ces faces pour leurs orientations précises. Un des principes phares qui a guidé notre recherche fût la centralité du pentagone qui se présente sans aucune symétrie, cinq face composant la halle. À partir de cette halle, nous avons exploré par la forme différentes propositions qui ont permis de comprendre qu’elle rapport entretenir avec l’élément existant, véritable sujet de notre recherche architecturale. Au travers des différentes propositions résultant d’approches tout autant multiples, nous avons finalement pu faire ressortir les caractères forts de la halle et leurs potentiels quant au projet architectural que nous avons développé.
La halle existante Avec et sans toiture 72
Première exploration formelle Découper la halle suivant la trame de sa toiture et extruder certains des volumes. La halle est projetée dans son environnement, elle se déploie.
Deuxième exploration formelle Les éléments extrudés s’éloignent et entrent en tension avec la halle existante. Mais ici cette dernière continue d’exister tel un élément solitaire et obsolète.
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troisième exploration formelle Il s’agit de venir ceinturer la halle et ainsi transformer ses faces. Elle est au cœur du processus. Par cette proposition, la halle porte un nouvel élément et se déploie là encore. Mais de manière uniforme, ce qui renforce finalement son caractère figé.
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quatrième exploration formelle La halle devient un socle, le support d’un nouvel élément architectural qui vient prolonger l’existant. Il s’agit d’exploiter la verticalité lorsque la halle, seule, s’étend horizontalement. Par cette dernière étape de notre exploration, nous définissons cette attitude comme celle exploitant le mieux la valeur structurelle de la halle existante. Elle est donc la base du projet, socle précieux qui porte la résolution architecturale.
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EXTRACTION DE VALEUR QUALITÉ STRUCTURELLE DE LA HALLE
L
a halle aux poissons ne se démarque pas par sa qualité patrimoniale ou formelle mais par sa capacité structurelle. Ne supportant que sa toiture, une dalle de béton de 6cm d’épaisseur, et un plafond en caisson, elle est capable d’accueillir une structure au-dessus. Nous avons donc fait un diagnostic de la structure existante pour savoir combien d’étages elle peut supporter. Pour se faire nous avons calculé la charge admissible de flambement des poteaux de la structure. Les sections sont suffisamment résistantes pour accepter une structure supplémentaire. Suivant notre posture, notre choix d’ajouter une structure légère en acier à 200kg/m2 nous permettrait de surélever la halle de 5 étages , contre 1 ou 2 étages dans le cas d’une structure béton. Ainsi, nous décidons de ne conserver de cette halle que son squelette porteur, les poteaux, la toiture, et le soubassement dégagé de ses murs en moëllons qui la rendent austère à l’activité du quartier du fait de son soubassement opaque et fermé. La halle devient le support du projet, un socle, une assise pour venir inscrire notre projet. Elle est donc la porte d’entrée vers notre escale, l’élément poreux qui capte les flux pour mieux les distribuer en s’élevant, tel un signal au cœur de la ville.
Surface du poteau x 45MPA/2 (0.40x0.25)x45 / 2 = 225 tonnes (0.60x0.30)x45 / 2 = 405 tonnes
vue depuis les bassins du roi, arrivée depuis le grand quai du havre
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UNE STRUCTURE RAYONNANTE UTILISER ET PROLONGER LES ÉLÉMENTS PORTEURS DE LA HALLE EXISTANTE
N
aux poteaux. Les planchers sont en béton composés d’une prédalle de 5cm et d’une dalle coulée sur place de 13cm. Ce choix de mise en œuvre du plancher s’adapte à la morphologie de notre projet, composée de nombreux angles aigus, tout en laissant lisible la structure rayonnante. Les 18cm de plancher permettent d’assurer l’isolation acoustique entre les différents niveaux. Ce choix de mise en œuvre du béton permet d’utiliser la prédalle en temps que coffrage perdu ce qui permet de ne pas utiliser des étais et coffrages lors du coulage de la dalle du plancher supérieur.
otre architecture prolonge la halle existante par une structure en acier rayonnante prenant appui sur les points porteurs existants. Les poteaux centraux conservent une forme pentagonale. Chacun supporte 7 poutres HEA 300. Ils sont ornés d’une bague en acier qui est directement soudée au poteau. Cette dernière, tel un corbeau, permet à chaque poutre de reposer son effort sur le poteau. En périphérie les poteaux sont circulaires, de 30cm de diamètre, et se détachent de la morphologie de la halle. Les poutres HEA sont découpées en sifflet ou directement soudées 23
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Plancher béton prédalle ep 5+13cm 12.20m brut
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N 1/330 ème
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plan de structure, r+1 depuis la halle existante
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L
a structure de notre architecture reprend la trame structurelle de la halle existante. Nous avons fait le choix de creuser deux faces. Ces creux permettent de déjouer la logique structurelle du pentagone et de créer une nouvelle règle du jeu. Les lignes de la trame se voient déplacées tout en respectant les point porteurs. Ainsi le pentagone se déconstruit. Chacun de ces nouveaux axes sont reliés aux points porteurs. Ces nouvelles orientations répondent à l’activité intérieure et l’environnement urbain. La façade creusée du côté de la rue Faidherbe, crée un appel et happe les passants vers l’intérieur de la halle. La seconde façade orientée vers les bassins confronte deux visages du Havre, urbain et maritime, le centre ville et le port. Ces creux dans les plans sclérosent le pentagone et viennent ajouter de nouveaux cadrages aux directions déjà présentes.
bague structurelle des poteaux centraux pentagonaux
PLANS DE STRUCTURE 1/1000 ÈME 23
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DP ep.6cm 8.76m brut
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Plancher béton prédalle ep 5+13cm 15.50m brut
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r+2 depuis la halle existante
toiture de la halle existante GSEduca
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Plancher béton prédalle ep 5+13cm 22m brut
18 Plancher béton prédalle ep 5+13cm 18.80m brut
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r+3 depuis la halle existante
r+4 depuis la halle existante GSEduca
GSEduca
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EMPILEMENT DE PROGRAMMES GRADUATION ET ÉLÉVATION DE L’ESCALE
L
e programme s’organise verticalement tel une étagère urbaine. Les activités se superposent mais une hiérarchie se lie dans l’ascension de l’escale. Plus nous nous élevons, plus le temps d’attente s’allonge. Le rez-de-chaussée accueille les élément les plus en lien avec la ville et le quartier par la présence de commerces et de l’atelier vélo. C’est une halte furtive de quelques minutes. Graduellement, les différentes escales se profilent. La toiture de la halle offre une terrasse couverte proposant une vue cadrée sur la ville. Véritable espace public, c’est l’occasion de déguster son pique-nique à l’abri des intempéries. Au premier niveau se situe l’office du tourisme, antenne de l’office du tourisme présent le long de la plage. La cantine surplombe l’espace. Elle
offre un service continu du matin au soir pour répondre aux rythmes des usagers qui gravitent autour de la halle. À l’étage, la salle des pas perdus, lieu d’attente prolongée, donne une nouvelle graduation à l’escale. Service public offert par l’agglomération havraise, c’est l’occasion de profiter d’un espace confortable et d’une connexion internet pour patienter. Enfin, comme point d’orgue et niveau plus confiné, l’auberge de jeunesse permet une halte plus longue, d’une nuit à quelques jours. En toiture, un belvédère offre un panorama complet sur la ville et son port. Le bâtiment prend la forme d’un espace public vertical accessible à tous les visiteurs, à tout temps de la journée et de la nuit.
temporalité et graduation des escales Escale furtive
24h et plus
2h et plus
AUBERGE DE JEUNESSE Les Pas Perdus
1h ou plus, le temps d’un repas et de glaner quelques informations
LA CANTINE
office du tourisme alternatif
Quelques minutes
Suivant l’activité choisie et proposée
COMMERCES - ATELIER VELOS 80
USAGERS ET GESTION UNE MAISON QUI ACTIVE LES ACTEURS LOCAUX ET MIXE LES USAGERS
L
’Escale est ouverte 7j/7 selon les rythmes des usagers. Les locaux appartiennent à l’agglomération havraise, la CODAH, et sont loués via un bail ou une Délégation de Service Public, DSP, à des exploitants. Les commerces sont loués à un exploitant sur le système d’un bail commercial de 3 ans, 6 ans ou 9 ans. L’atelier à vélos est géré par la ville pour s’inscrire dans le circuit «La Seine à vélo». L’antenne de l’office du tourisme est un service de l’agglomération havraise. Pour la cantine, l’exploitant est recruté par une DSP afin que l’offre de ce dernier réponde au cahier des charges soumis par la ville. La salle des pas perdus est un service public offert par la ville qui est entretenu et régi par la collectivité havraise. Pour l’auberge, il s’agit du même exploitant que la cantine.
L’univers maritime et l’afflux des touristes créent une diversité d’usagers au quotidien. Le partage d’un même espace favorise la rencontre et l’échange. Ainsi l’escale propose la cohabitation d’une diversité d’usagers dans un même espace. Notre programme s’organise verticalement par la superposition d’Équipement Recevant du Public. De part la valeur publique de notre programme, nous nous sommes renseignées et interrogées sur les normes de sécurité incendie relatives aux ERP. Nous avons catégorisé chaque type d’ERP et identifier leur catégorie selon leur capacité d’accueil. Puis, nous nous sommes intéressées au nombre d’Unité de Passage nécessaire pour chaque ERP.
GESTION ESCALIER MONUMENTAL
Maître d’ouvrage de l’opération : CODAH (Communauté de l’agglomération havraise) Commerces : bail commercial Antenne de l’Office du tourisme : service de l’agglomération havraise. Cantine : Délégation de Service Public (DSP) La salle des Pas Pardus : local géré et entretenu par l’agglomération havraise. Agit comme un service public prêté par la ville Auberge de jeunesse : Même propriétaire que la cantine.
AUBERGE TYPE O - 5e CATÉGORIE - 2UP LES PAS PERDUS TYPE S - 5e CATÉGORIE - 2UP CANTINE TYPE N - 3e CATÉGORIE - 2UP ACCUEIL TYPE W - 5e CATÉGORIE - 2UP
GSEduca
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UNE ASCENSION URBAINE CAPTER ET ORGANISER LES FLUX
L
architecturale que les flux sont régulés. Un vestibule présent à chaque niveau permet un seuil entre la rue et le bâtiment. Entre extérieur et intérieur, il permet d’appréhender l’espace avant d’y pénétrer. Autour de cette colonne vertébrale s’organise les services tels que les points d’eau et les escaliers de secours. Ce cœur concentre également la distribution des réseaux techniques. L’escalier monumental rend chacun des niveaux indépendants, rejoingnant notre propos précédent de permettre une ouverture des différents programmes suivant leur propre rythme.
ESCALIER MONUMENTAL
es activités sont connectées entre elles par un escalier monumental ouvert qui permet aux différentes activités de fonctionner de manière indépendante ou simultanée. Cet escalier central est conçu comme un véritable espace public, prolongement de la rue qui capte les flux. Il se déploie du rez-de-chaussée de la halle au point culminant de notre projet, le belvédère. Il s’enroule autour d’un ascenseur central. Cette colonne vertébrale permet de capter et réguler les flux. Elle permet de plus d’assurer la montée et descente des organes techniques. Considéré comme un véritable espace public vertical, c’est par notre proposition
Ascension des flux 82
détail de l’escalier central
coupe perspective
1/75 ème
1/250 ème 83
FILTRER LES AMBIANCES UNE FAÇADE UNIFORME QUI LAISSE TRANSPARAÎTRE L’ACTIVITÉ DE L’ESCALE
L
détail du treillis
Joint vertical
par chevauchement
Joint horizontal bout à bout
coupe terre ciel
1/130 ème 84
Joint vertical
plan
coupe
GSEduca
GSEduca
’ensemble de notre architecture est unifiée par une peau en treillis d’aluminium anodisé. Ce matériau permet de capter la lumière du Havre. La porosité de l’aluminium crée un jeu de transparence par la superposition de plans verticaux. Cette peau capte les reflets de la lumière qui diffère suivant les heures de la journée. L’enveloppe varie selon les usages. Elle peut être vitrée, filtrée ou pleine. Ce filtre laisse pénétrer la lumière à l’intérieur du bâtiment continuellement. La nuit, la vie de l’escale se devine. Cette peau se joue de la structure, l’enveloppant ou la révélant ce qui laisse percevoir un volume uniforme qui se déjoue de la logique structurelle du pentagone. Les angles sont entièrement vitrés offrant ainsi une plongée directe dans le paysage. Les meneaux qui maintiennent et contreventent la façade rythment les espaces intérieurs. Par ces ouvertures, situées principalement sur les façades les plus exposées au soleil, il s’agit de venir capter la lumière et la chaleur. La température moyenne du Havre étant de 10,7°c, le confort intérieur dépend de cet apport. Ces grandes façades vitrées offrent non seulement des cadrages mais participent au confort ambiant de l’escale.
façade sud ouest
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1/130 ème
élévation sud-ouest
élévation est
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élévation sud-est
élévation nord-est
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R+1
L’OFFICE DU TOURISME ALTERNATIF / 510m²
N 1/330 ème
L
e premier niveau, situé à 2.20m au-dessus de la halle accueille une antenne de l’office du tourisme. L’entrée se fait depuis un vestibule cadré sur l’urbain. Cet espace de transition permet d’appréhender l’espace intérieur avant d’y pénétrer. Une hiérarchie se lit dans l’organisation de l’espace avec un accès plus public qui concentre l’accueil et un espace plus privé qui renferme les bureaux et la salle de réunion. L’office du tourisme se compose d’une couronne périphérique en double hauteur qui laisse transparaître la structure rayonnante. La salle de réunion révèle l’activité de l’escale par ses parois vitrées. On retrouve également un local pour les greeters, regroupement
d’habitants proposant de faire visiter la ville gratuitement aux travers de leurs anecdotes et expériences. Comme nous l’avons évoqué précédemment dans le Tome 1 quand à l’inscription UNESCO du Havre, la labellisation ne fut pas portée par les associations locales d’habitants. Ici, il s’agit de redonner la parole aux habitants et de faire découvrir leur ville en dehors des sentiers battus. Les services tels que les points d’eau, les locaux techniques ainsi que les escaliers de secours s’organisent autour de la colonne vertébrale de circulation.
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R+2 LA CANTINE / 440m²
1/330 ème
E
n balcon sur l’office du tourisme, la cantine fonctionne en mezzanine au dessus de l’accueil. Elle est directement accessible depuis un escalier secondaire. Depuis l’escalier monumental, l’entrée se fait par un vestibule, qui cette fois-ci est orienté vers les bassins. C’est un lieu de vie dynamique évoluant à chaque heure de la journée, répondant au rythme des différents usagers : café le matin, restaurant le midi, café l’après-midi, restaurant et bar le soir. Le service est non-stop et assure une centaine de couverts par service. Avec son bar et sa salle de jeu, la cantine peut accueillir jusqu’à 200 personnes. Véritable lieu de vie dynamique, elle s’intègre dans le quartier
Saint-François, bastion des restaurants et des bars. Les tables de restaurations se retrouvent le long du plancher périphérique et permet d’avoir une vue en balcon sur l’activité de l’office du tourisme. La cuisine en comptoir, permet de ne pas fermer l’activité de la cuisine à l’ensemble de la salle de restauration. La structure en acier rayonnante est apparente dans l’ensemble de la cantine, ce qui renforce sa direction vers l’extérieur.
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R+1 OFFICE DU TOURISME LE CANTINE SE PROLONGE EN DOUBLE HAUTEUR 90
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R+3 LA SALLE DES PAS PERDUS / 590m²
N 1/330 ème
A
u troisième niveau s’organise la salle des pas perdus. C’est le lieu de l’attente et du repos. C’est un lieu ouvert où chacun peut venir patienter le temps de leur escale, véritable espace public offert par la ville. Un vestibule directement en interaction avec l’extérieur permet de hiérarchiser les accès. C’est ici que l’on retrouve les locaux de l’AHAM, Association Havraise de l’Accueil des Marins. Dépourvue de locaux depuis cette année, l’association œuvre pour la réception des 200 000 marins qui font escale au Havre chaque année. C’est ici qu’ils posent pied à terre pour profiter de quelques heures de repos avant d’embarquer pour de longs mois. C’est l’occasion pour eux de retrouver de l’intimité dans les boudoirs, espaces confinés et intimes qui leur permettent
de prendre contact avec leur famille via skype par exemple ou de s’isoler pour rompre avec la collectivité des navires. Mais il s’agit aussi pour les touristes et croisiéristes de faire une pause dans leurs visites effrénées avant d’embarquer. Propice à l’intimité et au calme, ce niveau s’organise autour d’une couronne périphérique, plus haute, où la structure est apparente. Un jeu de cloisonnement, qui s’intègre dans la structure rayonnante, permet de créer des espaces confinés par des alcôves et gradins voués à la contemplation. Une terrasse plonge directement dans le paysage, servant aussi de zone de refuge en cas d’incendie.
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R+4 L’AUBERGE DE JEUNESSE / 700 m²
1/330 ème
A
l’étage se trouve l’auberge de jeunesse. Elle propose une alternative moins onéreuse aux offres hôtelières havraises. L’entrée se fait par un vestibule qui s’ouvre directement sur l’accueil. L’auberge propose différentes offres d’hébergements, du dortoir à la suite privée, et des prix différenciés selon la typologie d’hébergement. Un jeu de cloisonnement se déjoue de la logique structurelle pour créer une configuration de chambres qui permet de préserver l’intimité de chaque usager par un décroché où se situe les lits. Les différentes organisations offre une circulation discontinue rythmée par des plongées sur la ville. Les poutres sont apparentes uniquement dans les circulations et les patios. Les douches communes s’organisent autour de la colonne
Capacité d’accueil : 36 couchages
Prix
Dortoir 4 personnes x 3 Dortoir 2 personnes x 1 Chambre double x 5 Chambre double avec SDB x 4 Dortoir 4 personnes avec SDB x1
11.30 € 14.80 € 18 € 30 € 20 €
vertébrale de circulation. Chiffre d’affaire de l’auberge : nombre de lits x 182 jours (50% de taux d’occupation)x 19 euros 36x182x19 = 125 000 euros Ce chiffre d’affaire correspond à un équivalent de temps plein de salaire/an pour une personne uniquement. Ainsi, en étant également l’exploitant de la cantine, cela permet au propriétaire de dégager plusieurs salaires afin de pouvoir employer 2 ou 3 autres salariés pour gérer et entretenir les locaux. L’équipement de l’auberge n’est pas à la charge de l’exploitant. C’est la ville qui investi dans l’aménagement de l’auberge. 93
R+2 LA CANTINE EN BALCON SUR LE NIVEAU INFERIEUR
R+3 LA SALLE DES PAS PERDUS DIFFÉRENCE DE HAUTEUR, DIFFÉRENCE D’USAGE
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R+3 LA SALLE DES PAS PERDUS PÉRIPHÉRIE ACTIVE
R+4 L’AUBERGE DE JEUNESSE VESTIBULE D’ENTRÉE, TRANSITION VERS LA LUMIÈRE
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ESPACES D’ENTRE DEUX DU REZ DE CHAUSSÉE AU BELVÉDÈRE
N 4m rez de chaussée
toiture de la halle
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belvédère
GSEduca
L
e rez-de-chassée occupe le soubassement de la halle existante et créer une interface entre le public et le privé. Il se compose de commerces de proximité pour renforcer l’attrait économique de l’escale. Un atelier à vélo occupe également ce rez-de-chaussée. Celui-ci s’intègre dans le parcours de la «Seine à Vélo» et en constitue le point de départ et d’arrivée. La «Seine à Valo» se déroule à travers 430km de randonnées, de Notre-Dame de Paris au port du Havre en longeant les abords de la Seine. Cette véloroute ouvrira en 2020. 47% du trajet est déjà réalisé et praticable. Pour les territoires traversés, ce vélotourisme constitue des retombées économiques non négligeables, un touriste à vélo dépensant en moyenne 65 euros par jour. C’est également l’occasion pour des touristes en escale de 5h au Havre par exemple, de louer un vélo et parcourir le Havre. L’intérieur de la halle est dégagé et devient place de marché couverte, permettant d’accueillir des festivités telles que
la fête du maquereau. Elle est dégagée pour valoriser la sous face de la toiture en caisson. La toiture de la halle est habitée. C’est une terrasse couverte qui fait office d’espace public et d’aire de pique nique pour grignoter à l’abri avec une vue cadrée sur la ville. Cette terrasse couverte avec une hauteur sous plafond de 2.20m est surplombée par un plancher technique. Enfin, le dernier niveau s’ouvre sur l’ensemble de la ville. Surplombant les immeubles de la ville, il offre une vue panoramique en retrait quant à l’épaisseur du garde-corps dans lequel se trouve les conduits techniques. Seul point haut de la ville qui n’est pas confisqué, ce point de vue représente un attrait touristique majeur dans la conception de l’escale. Un édicule permet d’être abrité par temps capricieux et permet d’appréhender l’ensemble de la ville et de programmer sa visite avec les greeters avant de l’arpenter.
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PARCOURS PAYSAGER LA HALLE COMME UNE HALTE AUTOUR DES BASSINS DU ROI
L
a halle devient la porte d’entrée depuis le port et le projet devient l’antichambre du Havre. Il s’inscrit dans un parcours qui revalorise les Bassins du Roi et requalifie cette entrée de ville. C’est une étape, une halte, une escale dans le nouveau linéaire reconquis du littoral. En pénétrant dans la ville, on retrouve une fois la halle traversée, un atelier nautique bordant les bassins. C’est un second pas vers le centre ville. Il offre un hangar d’activité aux pêcheurs et plaisanciers de l’association qui utilisent et entretiennent les bassins, pérennisant ainsi leur activité et leur présence dans le paysage. Enfin comme liaison avec les bassins du Commerce située au nord, une aire de jeu se lie avec la base nautique du centre ville. Les Bassins du Roi ne sont alors plus une césure dans le centre ville, entre le secteur Perret et la presqu’île de Saint François. Ils les lient et réaffirment une identité forte au cœur du Havre. La place qu’occupait la voiture est réduite au strict nécessaire. En effet, jusqu’à aujourd’hui, le stationnement confisquait les abords des bassins. Mais les places disponibles n’étaient que peu utilisées car trop nombreuses quant à leur véritable exploitation. De plus, le grand projet de réaménagement du quai de Southampton prévoit de nouveaux stationnements. En incluant cette évolution, il nous est donc possible de dégager en partie les bassins de l’occupation de la voiture. Une promenade piétonne longe ces derniers, composée de pavés qui expriment une échelle en rapport avec le piéton. Des stationnements pour les bateaux de l’association retrouve une place de choix, à proximité de l’atelier nautique, offrant ainsi un parking mais aussi une attraction touristique lors de festivités autour de la mer. Le sol est recomposé pour créer une unité dans la matérialité des abords des bassins. Au niveau de la halle, une place composée de larges dalles de béton à joint de dilatation apparents permet facilement l’évacuation des eaux et déchets. L’ensemble des Bassins du Roi est alors une étape dans le paysage havrais. L’escale en est le signal, le phare urbain d’un littoral reconquis.
L’AIRE DE JEUX
L’ATELIER NAUTIQUE
L’ESCALE
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10 m plan masse
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100
CONCLUSION
101
ÉGLISE ST JOSEPH 107 m
HÔTEL DE VILLE 74 m 102
PORTE OCÉANE 47,5 m
A
u travers de cette escale, la ville du Havre revendique un caractère international. L’Escale convoque le visage contemporain du Havre. Premier port de conteneurs de France, Le Havre est l’emblème de la mondialisation. Ces flux matériels et immatériels internationaux entrants dans la ville, posent la question de la réponse architecturale à adopter face à ce phénomène. C’est par une architecture située, reposant sur les acteurs locaux, que nous avons composé l’Escale. En nous inscrivant dans le quartier du centre ville, c’est toute la question du patrimoine et de son avenir que nous avons exploré. La halle, vestige obsolète de la reconstruction, soulève des problématiques d’appropriation qui s’étendent à l’ensemble de l’héritage d’Auguste Perret et de la lecture qu’en font les Havrais. Classé en 2005 au patrimoine mondial de l’UNESCO pour les qualités et la modernité de la résolution architecturale, il s’agit de reconnaître un legs fort qui devient la première étape d’un dynamisme reconquît pour la ville du Havre. Telle une stratification d’époque, le réinvestissement de la halle et son nouveau rôle offrent une autre lecture du Havre et de son histoire. La halle devient le symbole d’un renouveau, d’un Havre qui s’exporte par son port mais qui attire pour la ville et sa complexité. L’Escale participe au changement d’image du Havre. En effet, la ville œuvre à se créer une nouvelle carte de visite éloignée de celle véhiculée par le centre reconstruit Perret.
VIGIE 45 m
TOUR DE LOGEMENTS 45 m
L’ESCALE 25 m
En tant que futures architectes, nous nous questionnons sur la conservation de l’identité d’une ville, d’un quartier et sur le nouvel imaginaire que nous projetons. L’Escale, en captant la dualité voir l’antagonisme qui existe entre le gigantisme de la ville portuaire et la ville reconstruite, participe à révéler un autre visage du Havre. En prolongeant la halle, c’est son histoire que l’on étend, comme un second souffle actualisant les problématiques autour desquelles la ville du Havre se réinvente. Par notre position architecturale, nous avons conservé l’élément urbain fort et marqué ce que constituait la halle existante pour nous émanciper d’une potentielle contrainte que l’aspect conservateur d’un patrimoine bâti peut appeler à suivre. La mise en valeur de cette architecture existante passe par l’extraction de ses capacités structurelles, au-delà de son esthétique représentative du patrimoine dans lequel elle s’inclût. À partir de ce constat, notre architecture s’inscrit dans le prolongement de la halle et la révèle tout en étant complémentaire. Par la réinterprétation du plan et de la trame structurelle existante, la halle et l’escale entrent en mouvement. L’entrée de ville qui se dessine est à la mesure du futur touristique que la municipalité du Havre projette. L’Escale s’inscrit dans le paysage d’une ville qui renaît, après 500 ans d’histoire décousue.
LOGEMENTS 21 m 103
LE VOLCAN 21 m
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iconographie L’ensemble des documents ont été réalisés par nos soins, sauf précisé en légende.
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merci, À toute l’équipe enseignante du Master «Architecture, Villes, Ressources» pour nous avoir accompagné tout au long de cette ultime année. Florian Golay, notre directeur d’études, pour sa disponibilité et ses remarques pertinentes qui ont permis de faire aboutir notre projet. Cécile Léonardi pour son énergie et ses relectures appréciées et nécessaires de notre mémoire. Stéphanie David et Fred Guillaud pour leur suivi de projet tout au long du semestre. Jean-Christophe Grosso, indispensable pour ses précieux conseils constructifs.
De manière moins conventionnelle, merci à Virginie, Pauline, Hélène et Ivan pour nous avoir fait découvrir leur Havre de paix, et hébergé durant notre périple en terre normande. Merci à nos familles respectives pour nous avoir soutenu durant ces cinq années d’études, et tout particulièrement cette dernière, qui ne fût pas des plus simples. Et enfin, merci aux copains du studio pour cette année de franche camaraderie, parce qu’ensemble on va plus loin.
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lirtant avec ses différents visages, le Havre a décidé depuis quelques années de reconfigurer son littoral et de reconquérir le territoire de l’eau qui l’accompagne. Au fil de différents projets, un nouveau linéaire se profile et dessine les limites de la ville. Aujourd’hui en mutation, il s’agit pour le Havre d’asseoir les qualités d’un littoral qui fait corps avec l’urbain autant qu’avec son visage portuaire. En pénétrant la ville depuis la mer, ou suivant le chemin que l’eau a tracé, différentes marques du territoire s’offrent aux usagers, voyageurs et habitants. La limite entre l’activité portuaire et celle plus tertiaire du Centre-Ville du Havre se brouille et se confond aux abords des Bassins du Roi. Entrée de ville touristique, ces bassins captent par leur présence l’intérêt de l’usager. Mais un autre objet singulier à la convergence de ses flux interroge. Une ancienne halle aux poissons s’élève plantureusement sur une parcelle limitée par les bassins. Par la reconquête de cette halle, il va s’agir de révéler le caractère attracteur des bassins et du centre-ville, véritable interface entre la ville et le port mais aussi entre les visiteurs et les habitants.
Directeur d’études Florian Golay Responsable du master Stéphanie DAVID