Elevage bovin et ovin en France : quel équilibre écologique ? André Le Gall∆
L’élevage herbivore en France est encore caractérisé par une production des aliments du bétail (herbe, maïs…) à 90 % par les cultures de la ferme, elles-mêmes fertilisées par les engrais naturels que sont les déjections animales. Ce « lien au sol » garantit le respect d’un certain nombre d’équilibres écologiques même si des marges de progrès sont réalisables dans les différents systèmes. Pour rappel, la viande bovine consommée en France est principalement d’origine française dans la mesure où 75 % vient de France, 22 % d’Europe et 3 % d’autres pays. Elle est essentiellement produite dans des exploitations herbagères et de polyculture-élevage où les bovins et ovins consomment en majorité des fourrages produits sur la ferme dont 2/3 d’herbe. Ration moyenne d’un bovin élevé en France
Aliments achetés 4% Céréales produites sur l’exploitation 10 %
Autres fourrages, vitamines et minéraux 2% Herbe fraîche, foin, ensilage 64 %
Maïs fourrage 20 % Source : Institut de l'Elevage, 2011
Les ruminants valorisent ainsi en pâturant des surfaces non labourables (les prairies permanentes). En France, on dispose de 13 millions d’hectares de prairies et de parcours (maquis, sous-bois, etc.). Dans toutes les régions d’élevage où de l’herbe est produite, les teneurs en nitrates sont faibles. En revanche, dans les régions de polyculture et d’élevage où les teneurs en nitrates sont plus élevées, des processus d’optimisation de la gestion de l’azote sont mis en place dans les fermes d’élevage. L’optimisation se fait tout d’abord au niveau de l’alimentation, puis par l’épandage (au plus près des besoins des plantes), et enfin par le stockage et la gestion des effluents d’élevage. L’essentiel des besoins en engrais est ainsi couvert par le lisier et le fumier de la ferme.
∆ André Le Gall, Chef du département Technique d’Elevage et Qualité – Institut de l’Elevage
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Au niveau des gaz à effet de serre, notamment le méthane, le stockage du carbone dans les sols des prairies permet de compenser globalement le carbone émis par les vaches. Au niveau de l’exploitation d’élevage, la compensation des gaz à effet de serre est de 25 à 50 %. En parallèle, l’Institut de l’Elevage, par ses études, explore les leviers disponibles pour réduire les émissions dans les exploitations. Emissions et stockage du carbone
Source : Institut de l'Elevage, 2011
Le système d’élevage des ruminants basé en France, sur le pâturage dans les prairies favorise aussi la biodiversité (augmentation de la microfaune du sol et/ou de la flore, oiseaux, insectes, etc.) et contribue à la production de paysages de qualité, en interaction avec le milieu naturel. Au final, l’élevage de ruminants présente des avantages environnementaux mais aussi des marges de progrès, variables selon les systèmes et les régions, pour diminuer son impact écologique. Les éleveurs en sont conscients et y travaillent. L’important est de considérer l’ensemble des impacts écologiques, positifs et négatifs, d’une exploitation pour ne pas agir seulement sur un levier et déséquilibrer tout le reste.
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